« J’essaye de recycler un maximum », portrait de Charles Vergnolle, un artiste morlaisien dans l’air du temps

Son atelier, la Raviverie, ne laisse pas indifférents les passants de la rue Basse à Morlaix. Au numéro 34, à côté de l’église Saint Mathieu, on pouvait y voir une reproduction de la ville en maquette, réalisée en carton récupéré, à travers sa vitrine. De quoi susciter l’intérêt des promeneurs et des habitants du coin.

« Artiste-voyageur, j’essaye de représenter les endroits où je vis », philosophie de vie qui permet à Charles Vergnolle de bien remplir son petit mais détonnant atelier. Originaire de Pondichéry, de Martinique et de Bordeaux, il a eu la chance de « pas mal bourlinguer » depuis sa naissance. Pourtant, en regardant les premières lignes de son CV, peu de personnes pourraient deviner le parcours qui suit.

Après avoir « un peu arrêté l’école en Troisième », Charles fait un IUT horticulture avant de s’orienter vers l’événementiel. De quoi devenir « multi-techniques » avant de se lancer en tant qu’étalagiste et de s’inscrire aux Beaux Arts du Havre.

Charles le bourlingueur

« Quand t’es en école, tu n’as pas forcément beaucoup de moyens donc soit t’investis avec tes propres sous, soit t’es assez bricoleur », Charles s’ouvre alors au recyclage. « Mes œuvres, la plupart du temps, sont fabriquées en carton, sur du bois… j’essaye de recycler un maximum » raconte-t-il. Cette vocation, il l’avait déjà enfant : « je voulais être inventeur mais je n’avais pas les moyens de mes ambitions ! Donc les déchets c’était mon moyen »

Le Parisien de naissance a alors l’occasion de beaucoup voyager autour du monde. Une belle opportunité pour rencontrer et s’enrichir culturellement et artistiquement, de quoi assouvir sa soif de paysages aussi. À la sortie des Beaux Arts, il organise sa première exposition : Ça cartonne dans une ressourcerie en 2009. « C’est là où j’ai découvert comment fabriquer des meubles en carton… c’était un peu le début de l’aventure ! ». Charles Vergnolle est alors lancé dans le monde de l’Art.

Mais les débuts dans l’art sont rarement prospères et le jeune homme découvre « un peu la cuisine » et s’aventure alors dans un CAP Cuisine ! De quoi pouvoir enchaîner des jobs de cuistot et de pizzaïolo en parallèle des prémices de sa carrière dans la peinture. Un « voyage initiatique » en Martinique où il s’improvise « paint journaliste » (journaliste de peinture) lors du mouvement social du 5 février 2009, un atelier en bord de Seine où il esquisse des projets tel que La Transilienne et quelques aventures à Bordeaux plus tard, Charles débarque à Morlaix en 2018.

Charles Vergnolle et ses tableaux
©Enaïm Platon

Charles le Morlaisien

Son projet de « monter un lieu » prend alors forme grâce à la maison qu’il dégote au 34 rue Basse. « Le but c’était d’avoir un atelier ouvert au public où les gens pouvaient venir pour travailler » explique-t-il. Le tout autour d’une idée : « raviver des matériaux ». « Je me suis dit qu’on allait raviver les matériaux et en faire des produits un peu nobles… des œuvres d’art ».

Et le succès est au rendez-vous, les liens que Charles avait commencé à tisser en amont de son aménagement à Morlaix via Facebook croissent continuellement, à tel point qu’il vit aujourd’hui pleinement de son activité artistique. Sa toile de contacts compte actuellement plus de 900 « amis » sur Facebook et plus de 200 suiveurs. De quoi tisser de beaux liens en plus de s’assurer une belle exposition.

L’artiste crée aussi du lien social par les cours qu’il donne à la Maison des jeunes et de la culture de Morlaix. Il en profite pour transmettre ses bons gestes et bonnes habitudes aux jeunes : « on fait beaucoup de truc en carton » souligne-t-il, « j’essaye de respecter les matériaux, d’en prendre qui sont de bonne qualité » et « essayer de travailler avec des locaux ».

Charles l’engagé

Toutes ces bonnes pratiques, on les constate dans son atelier : boîtes de conserve recyclées en tiroirs de rangement, tubes assemblés pour faire des tabourets ou des portes crayons, sacs de bananes pour transporter les tableaux des clients… Charles fait tout pour « vivre avec son temps ». Son engagement écologique va même plus loin puisqu’il aspire à faire de sa demeure « une maison autonome qui respecterait le patrimoine et qui serait moderne ». Un beau défi quand on connaît l’état des habitations et la réglementation administrative complexe qui règne dans le quartier Saint Mathieu.

Bien évidemment cette volonté de respecter la planète s’est retrouvée aussi dans sa fameuse maquette de la ville de Morlaix. « Quand on est arrivé ici, on avait plein de cartons et au lieu de les jeter on a fabriqué une maquette » dévoile Charles. Une attraction très appréciée des passants de la rue Basse et de son fils, « c’est un jeu-œuvre d’art ! ».

©Enaïm Platon

Charles Vergnolle s’engage de même actuellement pour la cause de la Culture. Il offre actuellement une exposition à ciel ouvert en haut de la rue du Mur où on retrouve une série de tableaux sur la « vie en pays de Morlaix alliant architecture inventive, patrimoine et humour ». Une façon de lutter contre la dramatique situation que vit le secteur depuis plusieurs mois !




La grenouille à grande bouche, un projet qui rassemble

Rencontre avec Nathanaël Simon, coordinateur de la Grenouille à Grande Bouche, un projet rennais unique au coeur de la transition socio-écologique.

La Grenouille à Grande Bouche est un projet autour duquel restauration et écriture se lient. L’idée naît grâce à trois collaborateurs : Nathanaël Simon, Fanny Amand et Louise Katz.

La volonté de départ était de créer à la fois un restaurant (qui ouvre ses portes en Janvier 2020) et une revue trimestrielle (dont le premier numéro paraît en Mars 2019). Le restaurant se concentre essentiellement sur la bistronomie et mise sur une cuisine simple avec des produits de qualité.

En effet, La Grenouille à Grande Bouche s’approvisionne au maximum auprès des petits producteurs locaux du bassin rennais et utilise à 80 % des produits issus de l’agriculture biologique.

En ce qui concerne la revue, il s’agit d’un mook* d’une cent-trentaine de pages au sein duquel la littérature se met au service de l’alimentation. Y sont abordées des problématiques autour de la nourriture, de son évolution, de son impact sur l’environnement ou encore de sa provenance. Selon Nathanaël, l’objectif de la revue est avant tout « d’informer sans juger », de faire en sorte que le point de vue de l’équipe influe le moins possible sur l’information à transmettre.

Il est par ailleurs important de noter la dimension écologique de l’entreprise. Le restaurant, en prônant l’agriculture biologique, cherche à défendre une alimentation durable tandis que la revue appuie encore cette idée à la fois dans la forme (papier certifié, encre végétale certifiée PEFC) et dans le fond (avec par exemple un article sur la provenance du romarin ou du melon et l’impact de leur importation et de leur culture sur l’environnement ou en se questionnant, dans un autre numéro, sur la pollution qu’entraîne l’élevage de porc en Bretagne). Mais tout cela sans émettre de jugement ou de critique, simplement en énonçant des faits.

Les trois co-fondateurs ont opté pour le modèle économique de la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) dont la spécificité est de s’inscrire dans une dynamique territoriale d’utilité sociale. Ainsi, ce modèle permet de fournir à ceux qui y travaillent un emploi durable et de faire vivre sur le long terme l’entreprise. Le but de ce choix est qu’un maximum de personnes participe au projet en devenant sociétaire de ce-dernier. D’où la volonté de nos trois collaborateurs de créer un « projet qui rassemble ». Pour remplir cet objectif, Nathanaël, Fanny et Louise, on fait le choix d’agir sur deux leviers : la participation et la redistribution.

« Ce dont nous avions envie, c’était d’essayer de, modestement, mettre en adéquation nos valeurs avec la réalité, d’être à mi-chemin entre les idéaux et les actes concrets ». témoigne Nathanaël pour expliquer le choix original de l’équipe d’avoir fondé cette entreprise atypique.

La Grenouille à grande bouche peut être vue comme un projet qui rassemble tout d’abord puisqu’il s’agit d’un projet participatif.

En effet, l’équipe professionnelle accueille chaque jour à ses côtés toute personne motivée pour participer de façon bénévole à la vie du restaurant ou à l’écriture de la revue. Ces bénévoles peuvent, en ce qui concerne le restaurant, aider au service ou en cuisine, et, en ce qui concerne la revue, proposer des articles, poèmes ou tout autre travail d’écriture autour d’un sujet donné (par exemple pour la revue de juillet-septembre 2020, celui du casse-croûte). Les volontaires ont souvent connaissance du projet via le bouche-à-oreille ou via des organismes (centres sociaux, associations…). Aucune compétence particulière n’est requise pour participer à l’aventure et devenir bénévole. Il suffit juste d’avoir envie de donner un peu de son temps et de vouloir rejoindre un projet collectif. Pour Nathanaël Simon, il existe au sein de l’entreprise une réelle volonté d’inclure le plus de monde possible et ce, peu importent les parcours de vie de chacun. Et tant mieux si le projet peut contribuer à la réinsertion citoyenne et sociale de certains habitants. De plus, il s’agit bien d’un projet fédérateur dans la mesure où le restaurant est implanté à Rennes, dans le quartier du Blosne, un quartier d’une grande mixité sociale. Il était essentiel pour nos trois collaborateurs de s’installer dans ce quartier plutôt que dans l’hypercentre rennais.

La Grenouille à grande bouche est un projet qui rassemble puisque l’entreprise est aussi redistributive.

En effet, l’un des objectifs que se sont également fixés Nathanaël, Fanny et Louise est d’être en capacité de générer suffisamment de chiffre d’affaire pour pouvoir en redistribuer une partie une fois les salaires et les charges payés. Par redistribuer, la Grenouille entend : reverser une partie de ses bénéfices à des associations locales telles que « Au p’tit Blosneur », un incubateur de quartier qui créé du lien social entre les habitants du Blosne. A terme, l’objectif des sociétaires est de reverser environ 8000 euros de leurs bénéfices annuels à une association consacrée à l’aide alimentaire, ainsi qu’à une association assurant l’alphabétisation et l’accueil des migrants.

Nous l’aurons donc compris, La Grenouille à grande bouche, en plus de rassembler par son côté participatif en accueillant tous ceux désireux d’aider, rassemble aussi par son versant redistributif en soutenant ceux qui en ont besoin.

* Publication hybride à mi-chemin entre le magazine, la revue et le livre.

Lien vers le site de la Grenouille à Grande Bouche : https://www.lagrenouille.bzh/




Ce week-end à Sarzeau, LA P’ART BELLE est fête entre nature et culture !

La P’Art Belle est un festival écocitoyen d’expressions et de créations culturelles qui met en valeur des initiatives engagées et inspirantes dans un esprit convivial. Il se déroulera samedi 31 juillet et dimanche 1er août, en plein cœur du Parc Naturel du Golfe du Morbihan. Il s’agit là d’un véritable slow & micro festival, engagé dans une dynamique éco-responsable et circulaire avec une alimentation bio, de saison et locale, un recyclage circulaire, une billetterie éthique et solidaire, une énergie 100% renouvelable, une scénographie éco-conçue, une programmation égalitaire, des performances artistiques basse consommation, etc.

Louise Robr, la fondatrice du festival et toute la dynamique équipe accueilleront le public dans le cadre exceptionnel du domaine de Kerlevenanet, témoin du patrimoine local de Sarzeau : un château de style italien datant du XVIIIè siècle, une chapelle, un pavillon chinois, et parc de 30 hectares comprenant une grande diversité d’espèces d’arbres et d’arbustes (cèdre du Liban, chêne-vert, châtaigniers).

« Notre intention première repose sur l’idée de proposer une expérience inédite et respectueuse de l’environnement. Nous avons donc pensé notre événement comme un véritable laboratoire pour limiter au maximum notre empreinte écologique. La Culture est elle aussi concernée par la transition écologique », précisent Louise Robr et l’équipe organisatrice sur le site dédié à l’événement. « Notre équipe est convaincue que l’art est un très bel outil pour sensibiliser et transmettre. Alors, nous nous mobilisons pour proposer à nos festivalier.e.s une programmation inspirante et d-étonnante ! », poursuivent-elle. « Nous expérimentons de nouvelles façons de produire des événements afin de limiter au maximum leur empreinte écologique et ce, de façon circulaire (billetterie éthique, supports de communication responsables, suppression du plastique à usage unique, performances artistiques basse consommation, circuit-court, etc.). »

la part belle est ainsi donnée à des initiatives locales et à des personnalités qui développent des alternatives durables et positives. Avec une programmation pluridisciplinaire et intergénérationnelle : des ateliers – culinaires, artistiques, pour petits et grands, des rencontres inspirantes – des dédicaces d’auteur.e.s et une libairie éphémère, des tables-rondes participatives sur « Le monde dont nous rêvons pour demain » ou encore autour d’initiatives alimentaires concrètes sur le territoire, des concerts (Fredrika Stahl, Cyril Atef & Jean-Phi Dary « Systematic motion », EYÅL Naim, Lubiana), des performances artistiques, des projections visuelles, des expositions, etc.

Découvrez la belle programmation du festival : https://lapartbelle.bzh/#programme

Un beau week-end en perpsective, des plus réjouissants et nourrissants à bien des égards, pour le monde de demain qui s’élabore dès aujourd’hui.

https://lapartbelle.bzh/

https://www.facebook.com/lapArtbellefestival/




Portrait de femme n°6. Laëtitia Crnkovic, semeuse de transition joyeuse

Rencontre avec Laëitia Crnkovic, spécialiste du zéro déchet, installée près de Lannion (22). Elle anime des ateliers, des conférences, et est autrice de livres sur le sujet. Elle nous raconte son parcours et son changement de vie pour un quotidien sous le signe de la transition écologique et de la lutte contre les déchets.

L’enthousiasme, la joie, le positif, ce sont les moteurs de Laëitia Crnkovic. Installée en Bretagne près de Lannion depuis deux ans et demi, elle est fondatrice de « Zéro Déchet Trégor », anime des ateliers, des formations autour de l’éco-responsabilité et du zéro déchet, donne des conférences. Et est auteure de deux livres, « Faites l’autopsie de votre poubelle » et « L’éco-Almanach, chaque jour un éco-geste ». Depuis deux ans, elle est « à 350 % dans le zéro déchet ». Le point d’orgue d’un cheminement personnel qui démarre en 2012. A l’époque, Laëtitia est agent de voyage et vit en Suisse. « Je travaillais plus d’une cinquantaine d’heure par semaine, je gagnais bien ma vie, je vivais à 100 à l’heure », se souvient-elle. Durant six mois, elle part sac au dos découvrir l’Amérique latine. Elle arrive alors sur une île « complètement autonome » au Panama : « Les habitants faisaient tout avec ce que la nature leur offrait : ils s’habillaient avec ce qui était disponible sur place, ils construisaient leurs maisons, leurs ustensiles, leurs bateaux, ils avaient de quoi se nourrir et de quoi se soigner… ». Un premier choc pour la jeune femme : « Je me suis rendue compte que moi, je ne savais rien faire avec mes mains, et que si je me retrouvais à leur place, je serais incapable de survivre ». De retour chez elle, elle reprend sa vie quotidienne là où elle l’avait laissée et fait un burn-out. « La distorsion était trop grande entre ma quête de sens et la vie que j’avais ». Dans le même temps, Laëtitia découvre qu’elle est atteinte d’endométriose. « J’ai alors commencé à prendre un virage à 360 degrés », explique-t-elle. Place alors à « l’écologie profonde » et au « retour au calme », avec la découverte de la méditation, du yoga, des fleurs du Bach, des soins énergétiques… Bref, Laëtitia prend le temps de prendre soin d’elle, commence à suivre des formations en aromathérapie, réfléchit à la manière de se soigner naturellement pour sa maladie. Elle adopte une nourriture plus locale et bio, mange moins de viande. Peu après, elle rencontre les Incroyables Comestibles et les Colibris, et commence à s’investir dans ces mouvements. « Ca a été des moments très forts », confie-t-elle. Devenue maman quelques temps plus tard, elle continue son engagement dans la transition, à la fois « écologique » et « intérieure ». S’en suit de nouveau un voyage, durant 9 mois, dont 6 mois en Asie. L’occasion d’une « grosse claque » au sujet des déchets. « Ils étaient là, dehors, comme si la planète vomissait tout : il y en avait partout dans la rue, dans l’eau, sur les plages, dans les sites classés à l’Unesco… ». Avec « sa paille et sa gourde », Laetitia n’en mène pas large, se dit que « ça ne va pas suffire ». Mais opère en même temps une « vraie prise de conscience ». « En France, on a tout ce qu’il faut pour faire correctement. Là bas, ils n’ont pas encore les outils, peut-être que ça viendra, mais nous on les a ! ». Elle se fait alors une « promesse intérieure » : celle, une fois rentrée, se se lancer dans une démarche zéro déchet, à la fois pour elle et pour les autres.

Le zéro déchet sans pression ni culpabilisation

Animation d’ateliers ou de conférences, écriture, communication, accompagnement…toutes ces tâches qui font partie intégrante d’un travail d’auto-entrepreneuse dans l’écologie, rythment désormais la vie quotidienne de Laëtitia. Un sacré programme qu’elle mène tambour battant grâce à son énergie et à son « feu intérieur » comme elle aime le définir. Une vie sous le signe du zéro déchet, qu’elle essaie d’essaimer auprès du plus grand nombre. Mais sans culpabiliser et sans se mettre de pression. Si elle ne jette plus qu’un sac poubelle de tout venant par an et sort sa poubelle de recyclage deux fois dans l’année, elle invite chacun à aller à son rythme. « L’idée, c’est d’y aller petit à petit, progressivement. Il faut toujours un temps pour que toute la famille puisse prendre la démarche en mains ». Tout est une question d’équilibre. « Il ne faut pas qu’il y ait une pression qui devienne insoutenable, et qu’on se sente frustré.e.s, et qu’on se flagelle. Même si le sujet est sérieux et grave, il faut qu’il y ait du plaisir, un challenge, un côté ludique ». Loin d’elle l’idée d ‘une écologie punitive.

Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier »

Le zéro déchet fait partie chez Laëtitia d’une démarche plus globale qui la mène vers la transition écologique. Pour elle, celle-ci est à la fois « intérieure » et « extérieure ». « A chaque fois qu’on entame une transition écologique, ça vient perturber plein de choses à l’intérieur de soi, on réfléchi à ce qui est important ou pas. On retourne à des plaisirs plus simples, comme la reconnexion à la nature ». « Moi je me suis découverte, j’ai vraiment l’impression que la transition c’est un chemin, un voyage qui va durer toute la vie », poursuit-elle. D’une démarche plus individuelle, faite avant tout pour sa santé, elle est ensuite entrée en réflexion sur son mode de vie : végétarisme depuis trois ans et demi, zéro déchet, déplacement à vélo…font maintenant partie de son quotidien. « Je me découvre au fur et à mesure, je choisis ce qui m’anime et ce que j’ai envie de diffuser », souligne Laëtitia, qui ne prend plus l’avion et est en réflexion sur la manière de concilier sa passion du voyage et les valeurs écologiques. « L’année dernière, on est partis à vélo pendant une semaine. Je trouve d’autres moyens de découvrir et de m’émerveiller, tout en impactant le moins possible », le tout « sans frustration ou culpabilité, juste en voulant essayer autrement, en changeant ses habitudes ». Parmi les initiatives qui l’ont inspirées, on peut citer l’éco-centre du Trégor, son lieu coup de coeur, ou encore la Bascule de l’Argoat. Laëtitia admire aussi toutes les créatrices d’épicerie vrac : « C’est très courageux parce que ce sont des projets lourds à porter et qui ont un fort enjeu financier ». Ou encore, dans un registre plus connu, Julie Bernier, autrice du « Manuel de l’écologie quotidienne », qui, selon elle, « ose montrer sa vulnérabilité et sa sensibilité », et Rob Hopkins, chez qui « on sent une bienveillance et un optimiste, tout en restant réaliste ».

La bienveillance est justement une des valeurs que la jeune bretonne voudrait voir davantage mise en avant. « Le manque de tolérance et les jugements très hâtifs sur les gens, ça me révolte », affirme-t-elle. Ce qui l’enthousiasme ? « La vie », dit-elle en riant. « Je marche aux projets, j’aime les nouveaux challenges, sortir de ma zone de confort régulièrement. J’aime essayer de nouvelles choses, ce que me permet mon travail ». Même si, « Cela peut-être inconfortable », reconnaît-elle. « Il faut accepter l’échec. On ose alors beaucoup plus. Tout ne marche pas comme on voudrait, mais on rebondit ». Voir tout cela essaimer chez les autres la ravit aussi. « C’est agréable de voir tous les gens qui s’éveillent ». Ses projets de formations et les nouveaux livres qu’elle est en train d’écrire lui permettront sans aucun doute de continuer à semer les graines du zéro déchet et de la transition.





Encres végétales aux couleurs subtiles pour l’atelier Sérigraphie de Elise Hallab

Dans le cadre d’un atelier organisé à La Manu de Morlaix par Les Moyens du bord, en marge de son exposition RIAD, l’artiste Élise Hallab proposait une initiation à la sérigraphie avec des encres et couleurs naturelles. Notre reporter s’est glissée parmi les participantes.

Avant de démarrer l’atelier dans la Cour des artistes de la Manu, devant les locaux de l’association, Elise s’est livrée à une visite commentée de ses œuvres actuellement exposées aux Moyens du Bord jusqu’au 19 septembre prochain (voir notre article : Elise Hallab, ou quand l’art se mêle au végétal). Nous découvrons ainsi la délicatesse des couleurs de son nuancier, obtenues à partir de fleurs, d’écorces ou de légumes : sophora, pommier, ajonc, mahonia, rose, herbe à Robert, achillée jaune, genêt, lierre, fougère, noix de galle du chêne mais aussi chou rouge, oignon. Elise les trouve pour la plupart dans les lieux urbains qu’elle fréquente.

Sa découverte des plantes tinctoriales s’est faite par la sérigraphie qu’elle explore depuis plusieurs années. Ce procédé d’impression par pochoir est très accessible à expérimenter, aussi bien seul.e qu’à plusieurs, comme ont pu le constater les participantes qui ont eu un vrai plaisir à s’y livrer et à en découvrir les jeux de superpositions de motifs et de teintes très douces.

Pour Rozenn, c’est «Formidable de pouvoir partager ce moment graphique et floral » tandis qu’une autre participante indique que « la nature regorge de jolies couleurs, il y a juste à cueillir et à poser sur le papier ». Et puis la démarche d’Elise est très écologique, « utilisant des végétaux locaux dont nous recyclons des parties comme les pelures d’oignons ou les peaux d’avocats, le marc de café, le citron », indique Céline, émerveillée par « les jeux de transparence permettant de créer des motifs et les superpositions de nouvelles couleurs subtiles ». Le mot de la fin à Isabelle qui a apprécié « un atelier sensoriel, des couleurs, des odeurs, des textures. Et des œuvres collectives harmonieuses. » ainsi qu’à Véronique et sa « joie de jouer ! ».




Elise Hallab, ou quand l’art se mêle au végétal

Cet été, direction l’ancienne Manufacture des Tabacs à Morlaix pour visiter l’exposition « Riad » de Elise Hallab, dont les œuvres en sérigraphie sont réalisées à partir d’encre végétale.

C’est autour d’un délicieux thé hibiscus-pomme, sous l’ombre des agapanthes plantées dans la cour des Artistes de l’ancienne Manufacture des Tabacs de Morlaix, que nous rencontrons Elise Hallab. La jeune femme présente une exposition de ses œuvres dans les locaux de l’association Les Moyens du Bord durant tout l’été. Baptisée « Riad », c’est « sa première exposition personnelle », explique-t-elle. « Elle aurait du être présentée l’année dernière, mais n’a pas pu l’être à cause de la pandémie. Mais cela m’a laissé en fait plus de temps pour la préparer », sourit-elle. La rencontre avec Les Moyens du Bord, association artistique morlaisienne qui œuvre à la promotion de l’art contemporain, s’est faite par le biais du salon de la petite édition Multiples, auquel Elise a participé plusieurs fois, avec des projets étudiants réalisés lorsqu’elle était élève aux Beaux Arts de Brest. Dès 2015, elle découvre les encres végétales et séjourne notamment au Portugal. Elle participe à un stage avec plusieurs sérigraphistes à Porto, et travaille sur un premier projet à base d’encres végétales à Lisbonne, autour d’un livre de recettes destiné aux consommateurs de paniers proposés par une coopérative récupérant des fruits et légumes déclassés. « Depuis, je continue mes expériences, mes recherches », explique Elise, qui est aussi « depuis toujours fascinée par la sérigraphie, car on intervient à chaque étape de l’image ».

Pour réaliser ses encres, Elise part en collecte ou en cueillette. Pendant le premier confinement, elle découvre ainsi les potentialités de l’iris des jardins, d’un beau violet. Elle utilise volontiers les pétales, les feuilles et les écorces. Ses travaux questionnent la notion de saison, de paysage, de couleur… Dans son exposition « Riad », dont le nom est clin d’oeil à son grand-père, on pourra retrouver ce rapport à la nature. « Le riad, c’est aussi l’idée du jardin paradisiaque. J’aime à penser qu’on compose une étendue colorée comme on compose un jardin », souligne la jeune femme, qui participait également à une table-ronde sur la thématique « Art et jardins », en compagnie de l’architecte Sara Kamalvand, le mardi 20 juillet et dont nous vous rendrons compte ultérieurement. Le lendemain, Elise animait un atelier autour des encres végétales (voir l’article dédié). Une visite commentée de son exposition par Les Moyens du bord se déroulera le samedi14 août prochain.

Toutes les infos sont sur le site des Moyens du Bord

L’exposition « Riad » d’Elise Hallab est visible du 17 juillet au 19 septembre dans les locaux des Moyens du Bord, Cour des Artistes, ancienne Manufacture des Tabacs à Morlaix. Entrée libre.