Une application pour connaître la qualité de l’eau des rivières et des plages

L’application « Qualité rivière », proposée par l’Agence Française pour la Biodiversité et les Agences de l’Eau, permet d’avoir accès à la qualité des cours d’eau près de chez soi. Depuis 2016, on peut également savoir quels sont les poissons qui les peuplent. Et depuis peu, la qualité des eaux de baignade est disponible, ainsi que l’accès via un ordinateur.

Savoir quelle est la qualité des rivières près de chez soi et connaître quels sont les poissons qui les peuplent… Toutes ces informations sont disponibles désormais via l’application « Qualité Rivière », éditée l’Agence Française pour la Biodiversité et les Agences de l’Eau. Depuis 2013, cette application permet aux possesseurs de smartphones d’être informés de la santé et de la qualité des cours d’eau situés près de chez soi, sur trois années, grâce à des cartes détaillées interactives et un code couleur : bleu pour « très bon état », vert pour « bon état », et rouge pour « mauvais état ». Le tout grâce à 5000 stations de suivi des cours d’eau. L’application propose également un « quizz » avec 20 questions pour tester ses connaissances sur l’eau, ainsi qu’une rubrique « le saviez-vous ? ». En 2016, elle s’est enrichie de données sur les poissons qui peuplent les cours d’eau, avec une photo pour chaque espèce, et une fiche avec des informations sur sa répartition géographique, son habitat, sa nourriture, et son classement (« en danger critique d’extinction », « vulnérable », « en préoccupation mineure »). Les données ont été fournies par l’Onema (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques), remplacée depuis 2017 par l’AFB (Agence Française pour la Biodiversité).

Disponible sur tablette et smartphones, on peut utiliser l’application Qualité Rivière dès cet été sur ordinateur. Autre nouveauté, on peut aussi visualiser la qualité des eaux de baignades du littoral, classées selon un pictogramme et une couleur (bleu : qualité excellente, vert : bon, orange : suffisant, rouge : insuffisant). Les données proviennent du Ministère de la Santé.

Pour télécharger l’application sur téléphone, rendez-vous sur Google Play (pour les possesseurs d’un téléphone fonctionnant sous Android) ou sur App Store (pour les possesseurs d’un téléphone Apple). Pour consulter Qualité Rivière depuis un ordinateur, direction le site https://qualite-riviere.lesagencesdeleau.fr/app/tabs/viz-map

Eaux de baignade : Eau et Rivières de Bretagne s’interroge sur les données fournies par l’ARS

Dans la région, la plupart des eaux de baignades sont estimées en état au moins « satisfaisant » par l’Agence Régionale de Santé Bretagne. Mais l’association Eau et Rivières tire la sonnette d’alarme : elle s’interrroge sur le fait que «  les risques de pollution de diminuent pas (en témoignent le nombre élevé de fermetures préventives de plages) alors que les classements s’améliorent ». En cause selon elle : la fermeture préventive des plages en cas d’épisodes pluvieux, qui souvent donnent lieu à des épisodes de pollution, et le fait de fait de supprimer du classement des prélèvements réalisés lors de pollution ponctuelle (ce qui est autorisé par une directive européenne). Selon Eau et Rivières de Bretagne, on ne peut cependant pas qualifier ce type de pollution de « ponctuelle », car ils sont « systématiques. Chaque fois qu’il pleut ou presque, il y a pollution , et elles concernent plusieurs plages simultanément». En outre, ces épisodes sont le reflet de « problèmes systémiques » de gestion, « et donc dans ce cas là la directive interdit explicitement l’élimination de ces analyses », poursuit l’association dans son communiqué. L’association a porté plainte auprès de la Commission Européenne à l’été 2020, ce qui a entrainé la fin de cette pratique. Elle a aussi demandé en mai 2021 à l’ARS de corriger rétroactivement les classements. (car ceux-ci portent sur les quatre dernières années). Faute de réponse de l’ARS, Eau et Rivières a enfin décidé de saisir le tribunal administratif afin de rétablir « les véritables classements des plages bretonnes ».

Plus d’infos : Le site de l’association Eau et Rivières de Bretagne

Consultation sur l’eau, tous concernés !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat, qui se déroule jusqu’au 1er septembre. Pour cela, direction le site : https://sdage-sage.eau-loire-bretagne.fr/home/consultation-eau/donnez-son-avis—questionnaire.html




Des prés à nos palais, elle est la reine !

Dans son « Livre des bonnes herbes » (Actes Sud – 1996), l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi nous la présente ainsi : « Au bord des ruisseaux, des rivières, dans les lieux marécageux où la fauvette des joncs tourne dès l’aube sa crécelle, les reines des prés balancent leurs bouquets candides et parfumés en l’honneur du dieu des Eaux. Ce sont de grandes plantes à tiges dressées, atteignant 1,50m, portant des feuilles découpées dont les folioles, très inégales, espacées, sont disposées sur deux rangs, la terminale étant nettement plus grande ; ces feuilles sont souvent soyeuses-argentées en dessous. Les très nombreuses petites fleurs blanc crème, à 5 pétales séparés, sont groupées en panicules dressées. Les petits fruits secs sont contournés en spirale les uns autour des autres. Elle fleurit de juin à septembre.

Comme beaucoup de ses consœurs, la reine des prés (Filipendula ulmaria) est généreuse avec nous. Côté médicinal, nous lui connaissons des propriétés anti-rhumatismales, souvent associée au cassis ou au curcuma. Grâce à l’acide salicylique qu’elle contient – auquel on doit l’aspirine – elle est aussi anti-inflammatoire. On l’utilise principalement contre les douleurs urinaires, les spasmes, la goutte.

Côté douceurs gustatives, son nom allemand « Mädessüss » qui signifie prairie sucrée, nous met sur une piste prometteuse. Elle était jadis utilisée pour sucrer la bière et le vin. Aujourd’hui encore, elle régale subtilement nos palais, pour peu que nous l’associions aux ingrédients de nos petits sablés, madeleines, crèmes, gelées, sirops et vins. Démonstration en 3 recettes : biscuit, gelée, thé.

Biscuit à la Reine des prés

Mélanger 2 jaunes d’oeufs et 100 gr de sucre roux ou du miel en fouettant. Ajouter en saupoudrant au fur et à mesure 100g de poudre d’amande et 100gr de farine de votre choix (blé ou un mélange riz/châtaigne pour les sans gluten), avec du lait de soja ou de riz à la vanille pour obtenir une pâte homogène. Ajouter 1 pincée de sel et 25 gr de fleurs de reine des prés, fraîches de préférence. Monter les blancs en neige et les incorporer à la pâte ensuite versée dans un moule avec du papier sulfurisé. Enfourner. Temps de cuisson : environ 30 minutes.

Gelée à la Reine des prés

Ingrédients : Eau, reine des prés, sucre, jus de citron, agar-agar.

Faire chauffer de l’eau dans une casserole, y faire infuser une grosse poignée de fleurs de reine des prés. Filtrer et peser le liquide pour ensuite ajouter le sucre, environ à 2/3 du poids du liquide. Faire chauffer tout doucement pour arriver à ébullition pendant 20 minutes et ajouter 2 minutes avant la fin de la cuisson le jus de citron et de l’agar-agar (quantité à ajuster à celle de l’eau : 2 gr pour ½ litre). Mettre la gelée dans des pots propres et fermer bien. Sur des tartines, en fond de tartes, dans des tisanes : un vrai délice !

Thé de la Reine

Ingrédients : 50 g de fleurs de reine des prés, 25 g de feuilles de frêne, 50 g de feuilles de cassis, citron.

Faire sécher les fleurs et feuilles dans un endroit aéré, à l’ombre, 5 à 6 jours. Quand elles sont sèches, détacher les fleurs de reine des prés, frotter les feuilles de frêne et de cassis pour les briser grossièrement. Mélanger les fleurs et feuilles séchées. Le Thé de la Reine se conservera plus longtemps dans un sachet de papier. Faire infuser 1 cuillerée à café de Thé de la Reine dans un demi-litre d’eau bouillante pendant 5 minutes. A servir chaud, avec une rondelle de citron et du sucre.

Cette dernière recette est extraite du livre « La cuisine de la reine des prés » de Lionel Hignard et Alain Niels Pontoppidan (éd Actes Sud Junior – 2004). Comme son titre pourrait le laisser supposer, la reine des prés ne renvoie pas à la fleur-même mais à la jeune personne lectrice, invitée à découvrir et cuisiner les plantes sauvages communes.




L’AlterTour actuellement en Bretagne

Depuis le 12 juillet jusqu’au 27 août, de Fontaine en Bray (76) à Brest (29), l’AlterTour 2021 rend visite aux alternatives de Normandie et de Bretagne. Les cyclistes visitent des éco-lieux, des ateliers d’auto-réparation de vélos, participent à des chantiers collectifs, des manifs à vélo, proposent des conférences gesticulées, des concerts… 3 heures de vélo en moyenne par jour, des rencontres, des chantiers collectifs, des concerts, de la joie et de la bonne humeur !

A la recherche de l’essentiel

Dans un petit recueil stimulant, supplément au N°500 de S!lence de juin 2021 (https://www.altercampagne.net/wp-content/uploads/2021/06/Recueil-2021-V02.pdf), est présentée une partie des alternatives qui accueillent actuellement l’AlterTour. A chacun.e, a été posée la question : qu’est-ce que la recherche de l’essentiel ?

« Déterminer ce qui est essentiel ou non a été très médiatisé en ces temps covidés. Malheureusement la question s’est bien trop souvent limitée aux biens marchands et non à la question ô combien plus importante : “qu’est-ce que l’essentiel ?”Et si rechercher l’essentiel n’était pas déjà une partie de la réponse ? Ne pas se satisfaire des modèles suggérés, proposés et imposés par la publicité. C’est un peu ce qu’essaye de faire l’AlterTour, non ? La recherche de l’essentiel est peut-être l’essence même de notre association. Partir à vélo pour rencontrer celleux qu’on appelle les « Alternatives ». Des personnes, qui par leurs simples existences, remettent en cause notre société consumériste. Elles suivent une autre voie, loin de la compétition, de l’exploitation et de la croissance. Nous essayons sobrement et simplement de mettre en avant d’autres valeurs, ou pourrait-on dire de chercher du sens ? Sur nos vélos, on avance sans essence et la recherche de l’essentiel nous fera cheminer. »

Les prochaines étapes bretonnes

Dimanche 8 août : Dol-de-Bretagne (0 km) Des idées plein la Terre – Étape complète

Lundi 9 août : Dol-de-Bretagne – Pleurtuit (39 km) La Maillette – Étape complète

Mardi 10 août : Pleurtuit – Saint André des Eaux (37 km) Hameaux Légers – Étape complète

Mercredi 11 août : Saint André des Eaux – Plemy (60 km) La Prairie Éducative et la Pâture Es Chène – Étape complète

Jeudi 12 août : Plémy – Saint-Brieuc (30 km) Haltes aux marées vertes, Vélo utile et Vert le Jardin 22 – Étape complète

Vendredi 13 août : Saint-Brieuc – Saint-Mayeux (40 km) Association Boquen – Étape complète

Samedi 14 août : Saint-Mayeux – Mellionnec (37 km) Eco-Domaine Le Bois Du Barde – Étape complète

Dimanche 15 août : Mellionnec (0 km) Eco-Domaine Le Bois Du Barde – Étape complète

Lundi 16 août : Mellionnec -Priziac (20 km) Ecolieu du Bel Air – Étape complète

Mardi 17 août : Priziac – Le Saint (15 km) Moulin Coz – Étape complète

Mercredi 18 août : Le Saint – Pluguffan (67 km) Kernavélo et Al’Terre Breizh – Étape complète

Jeudi 19 août : Pluguffan – Plonéis (16 km) Autour du feu – Étape complète

Vendredi 20 août : Plonéis – Sizun (60 km) Kad’Hangar – Étape complète

Samedi 21 août : Sizun (0 km) Kad’Hangar – Étape complète

Dimanche 22 août : Sizun – Cloître-Saint-Thégonnec (34 km) École alternative des monts d’Arrée – Étape complète

Lundi 23 août : Cloître-Saint-Thégonnec – Roscoff (45 km) Maison des semences paysannes de Kaol Kozh – Étape complète

Mardi 24 août : Roscoff (0 km) Maison des semences paysannes de Kaolkozh – Étape complète

Mercredi 25 août : Roscoff – Plouider (44 km) Brasserie D’Istribilh – Étape complète

Jeudi 26 août : Plouider – Brest (37 km) Le Maquis et Vert le jardin 29 – Étape complète

Vendredi 27 août : Brest (0 km) Le Maquis et Vert le jardin 29 – Il reste quelques places

http://www.altercampagne.net/

https://www.facebook.com/AlterTour/




Tantinotte, les produits ménagers naturels made in Plouguerneau

La Finistérienne Elsa Maurel-Lebrun propose avec « Tantinotte » des produits ménagers à base d’ingrédients naturels, qu’elle fabrique elle-même dans son atelier de Plouguerneau (29).

Tantinotte, en hommage à sa grand-tante. C’est ainsi qu’Elsa a baptisé sa marque de produits ménagers naturels. Celle qui se définit comme « Fabricante-artisane » a commencé, il y a quelques années, par réaliser elle-même occasionnellement ses produits à partir de recettes glanées ici et là, notamment sur internet. A la faveur d’un déménagement de la région parisienne vers la haute montagne, « la fabrication est devenue plus intense ». « Lorsque je suis tombée enceinte, j’ai voulu bannir de chez moi un maximum de produits chimiques, de perturbateurs endocriniens », explique-t-elle. De fil en aiguille, on la sollicite de plus en plus pour avoir ses produits, notamment en plus grosse quantité. « J’avais de moins en moins de temps disponible pour le faire. Finalement, mon mari m’a suggéré de m’installer et de créer mon activité ». Ce qu’Elsa va faire en se lançant dans l’aventure Tantinotte, à Plouguerneau dans le Finistère Nord.

Elle propose aujourd’hui plusieurs produits, uniquement ménagers : lessive naturelle à faire soi-même, pain solide pour la vaisselle, tablettes pour lave-vaisselle, pastilles WC effervescentes, lessive en poudre, nettoyant multi-usages, poudre pour aspirateur, éponges naturelles en lufa ou fibre de sparte…Tous sont réalisés par Elsa elle-même, chez elle, dans son atelier, à partir d’ingrédients naturels, à 98 % d’origine française. « J’utilise du bicarbonate, du savon noir ou de Marseille, de l’acide citrique…ce sont des recettes basiques », précise-t-elle. Le tout dans une démarche qui se veut aussi économe en énergie et zéro déchet : utilisation de quelques gouttes d’eau de pluie afin de fabriquer la pâte pour les pastilles pour le lave-vaisselle, séchage des produits à l’air libre, système de consigne, de recharge en poche kraft biodégradable avec de l’encre à base d’eau…

On peut trouver les produits de Tantinotte directement en ligne, mais aussi dans certaines épicerie vrac en Bretagne (Les Bocaux d’Ana à Brest, Epicerie de Jeannettes à Morlaix, Epicerie En Vrac à Auray…) et dans d’autres régions de France. Par la suite, Elsa envisage de lancer un financement participatif, afin de lui permettre d’agrandir son atelier, où, au vu du succès de ses produits, elle commence à être à l’étroit.

Pour en savoir plus : https://www.tantinotte.bio




Kokozenn, les vêtements engagés pour les océans à Trébeurden (22)

Créée par Valentin Renon et Marion Creignou, la marque Kokozenn propose des vêtements en textile 100% recyclés. Le duo recycle également les déchets marins qu’ils ramassent sur les plages en bracelets, grâce à des machines fabriquées par leur soin en matériaux de récupération.

C’est à Trébeurden, au bord de mer, dans les Côtes-d’Armor, qu’est ancré désormais l’atelier de Kokozenn La marque de vêtements écologique et engagée a d’abord pris naissance au Relecq-Kerhuon, près de Brest, en 2018, sur une idée de Valentin Renon. « J’avais passé 10 ans dans la Marine Nationale, et j’avais envie de changer de voie et de créer une marque qui soit tournée vers l’océan » explique-t-il. Le projet Kokozenn (qui signifie « cocotier » en breton) est alors lancé, et Marion Creignou, compagne de Valentin, rejoint l’aventure de la marque de vêtements « surfwear ».

Au départ, les premiers t-shirts et sweats sont réalisés en coton bio certifié GOTS, provenant du Bangladesh. « On avait un fournisseur dans le Gard qui gérait toute la fabrication », précise le couple. De fil en aiguille, ils décident d’aller plus loin dans la démarche en proposant des vêtements fabriqués à base de textile à 100% recyclés, plus conformes à leur idée de départ. Après un an de recherche, ils découvrent une fibre espagnole, composée « pour moitié de coton recyclé, et pour moitié de PET (le plastique des bouteilles) recyclé », détaille Valentin. Le tissage et la fabrication des vêtements est réalisé au Portugal, et l’impression des logo dans l’atelier de Trébeurden. Afin de pouvoir lancer cette gamme, un financement participatif a été lancé, qui a permis de récolter plus de 29 000 euros pour 700 pré-commandes !

La boutique en ligne de Kokozenn (capture d’écran)

Des déchets marins valorisés

En parallèle de leur ligne de vêtements, Valentin et Marion s’engagent dans la protection des océans, en mettant en place un partenariat, dès les débuts du projet, avec l’association Surfrider Foundation, et en lui reversant une partie de leur chiffre d’affaire. Rapidement ils organisent également des opérations de ramassage de déchets sur les plages. Ils ont alors un déclic, lorsqu’ils apprennent, au détour d’une émission du journaliste Hugo Clément, qu’il est difficile de savoir où part tout ce plastique par la suite. En effet, il est souvent revendu dans des pays étrangers, comme par exemple en Malaisie. Ils décident alors de monter leur propre filière de recyclage, et créent leur propres machines, afin de valoriser ces déchets marin, « Les machines ont elle même été créée à partir de matériaux de récupération, grâce à des plans en open source », souligne Valentin. Des bracelets, à base de cordage notamment, voient ainsi le jour en 2019.

On peut retrouver ces bracelets et les vêtements de Kokozenn sur internet, ainsi que dans une boutique de créateurs sur Vannes. Le duo propose aussi une gourde isotherme, afin de remplacer au quotidien l’usage des bouteilles plastiques. Et envisage de lancer prochainement une nouvelle opération de financement participatif afin de compléter la gamme textile par un article typiquement breton : la marinière. Toujours en tissu recyclé !

Plus d’infos : https://www.kokozenn.com/




Le Chemin du Don à Emmaüs

Il y a plus de 70 ans, l’abbé Pierre ouvrait sa « trop grande » maison à Autrui et lançait ainsi son mouvement : Emmaüs. Aujourd’hui, l’association est une pionnière de l’économie sociale et solidaire. Meubles, livres, vêtements et autres objets du quotidien transitent par milliers sur ses sites. Ils sont triés puis vendus pour faire vivre les communautés des Compagnons.  Nous les avons rencontrés à Brest pour comprendre le chemin du don à Emmaüs.

Dans la très paisible commune du Relecq-Kerhuon, en périphérie de Brest, des poules nous accueillent à la Communauté locale d’Emmaüs. Un petit village nous fait face où l’effervescence de l’entrepôt central contraste avec le calme des lotissements alentours. Tel est le cadre que les donateurs des environs découvrent en arrivant avec leurs objets.

Claire (50 ans) par exemple vient donner deux sacs-poubelle pleins de vêtements que son fils « a conservé depuis qu’il est tout petit ». « Ça me fait beaucoup de bien d’alléger mon intérieur ! » sourit-elle avant de confier plus sérieusement qu’il ne lui « serait même pas venu à l’idée de les mettre en vente »… « autant que cela profite ». Mais ces habits, comme le reste des dons, n’arriveront pas directement, ou même jamais, dans les salles de vente connues du grand public… c’est tout une chaîne du don qui se forme à chaque donation.

Au dépôt, une vie bouillonnante

Ce chemin commence au dépôt où tous les objets sont redirigés vers les ateliers spécifiques dans lesquels compagnons et bénévoles s’attellent à les trier, avant d’éventuellement les envoyer en magasin. À la Communauté du Relecq-Kerhuon, c’est Saliou (26 ans) qui dirige avec aplomb le premier tri des arrivages. Avec son chariot élévateur, il « fait la réception des donateurs » puis oriente les articles vers les sections du site leur correspondant.

Originaire de Guinée, Saliou dirige le premier tri au dépôt.

« C’est une véritable fourmilière, ça ne s’arrête jamais ! » s’enthousiasme Marie Raoul, encadrante technique et salariée d’Emmaüs qui nous fait le tour de la communauté. Voitures et camionnettes défilent en effet tout au long de la matinée, se mêlant aux véhicules et engins contrôlés par les compagnons. Et malgré tout ce chahut constant, Saliou & Cie parviennent à maintenir un espace de travail bien ordonné. On parcourt les divers rayons sans mal et on s’y retrouve aisément.

Ce qui frappe le plus en entrant dans le Dépôt, c’est certainement la « Montagne de linge », surnom donné par Marie à l’immense amas de vêtements que doit traiter l’équipe dédiée aux textiles. « C’est génial que les gens pensent à nous comme ça » commente-t-elle, « c’est très bien parce qu’on est toujours une référence en termes de dons et donc de recyclage ».

Les dons de vêtements ne manquent jamais !

Un tri primordial

De là, le tri commence. Il s’opère en trois étapes qui sont identiques pour chaque atelier du site. D’abord, on doit bien évidemment vérifier l’état de la marchandise. S’il est correct, direction les deuxièmes mains pour une mise au propre, voir raccommodage, avant d’être en attente pour un envoi en magasin. Mais si un produit n’est pas en condition de vente, il doit alors être mis de côté dans l’optique d’être malgré tout valorisé.

Pour cela des « accords de filières travaillés par Emmaüs France »  sont en place pour aider les Communautés dans leur démarche écologique. Ainsi, nous retrouvons Guyot environnement et son agence affiliée Estève, que nous avions rencontrée lors de l’opération ferrailles du FCCL, qui s’occupent de récupérer ferrailles et gravats. Autre partenariat important : Retritex. Cette « entreprise d’insertion » aide Emmaüs à garder les habits en mauvais état dans le cycle du textile. Ils sont notamment recyclés en fibre isolante ou envoyés vers l’Afrique pour aider les plus démunis.

Un des nombreux conteneurs remplis de vêtements pas en état de vente.

À l’atelier textile nous rencontrons Annick, 61 ans et bénévole à Emmaüs depuis « plus de 5 ans ». Elle s’épanouit au tri des vêtements qui représente « la source de revenu la plus profitable » pour l’association. Engagée de longue date dans l’économie sociale et solidaire, elle estime que « c’est assez égoïste de faire du bénévolat » plaisante-t-elle. « C’est qu’on se sent bien, sinon on ne resterait pas là. Le fait d’être utile, de rencontrer, que ce soit d’autres bénévoles ou des compagnons… On se sent valorisé à savoir qu’on fait une action utile à la société ». Pleine d’entrain, Annick est heureuse de donner de sa personne dans un cadre qui « évolue beaucoup ».

La salle de tri des vêtements est celle qui nécessite le plus de main-d’œuvre. Compagnons et bénévoles y coopèrent avec sérieux et efficacité. Une entraide nécessaire tant la tâche est longue et minutieuse. Marie explique qu’au-delà de la perpétuelle « Montagne de linge », « au niveau du rangement c’est un peu plus complexe parce que rien ne ressemble à rien ». Ensuite, Annick et ses camarades décident vers quelle salle de vente les articles doivent être orientés. La branche Finistère Nord d’Emmaüs a effectivement la chance de disposer de trois surfaces de vente sur son territoire : Brest, Morlaix et Plougastel. « On peut se permettre s’il y a quelque chose qui ne marche pas à un endroit, on peut l’essayer sur un autre… on peut essayer à droite à gauche » se réjouit l’encadrante technique.

Une multitude d’ateliers…

Mais Emmaüs, ce n’est pas seulement les fripes, c’est aussi des meubles, des bibelots, des bicyclettes, de l’électronique… L’association reçoit tout type d’objet, ce qui offre de nombreuses opportunités d’activités aux compagnons. Chacun peut ainsi exprimer ses compétences comme bon lui semble au service de la Communauté, à l’image de Daniel qui est aujourd’hui en charge des jouets après avoir été, à son arrivée, assigné à l’atelier des bibelots. « J’arrive à m’adapter partout » s’enorgueillit-il, « j’ai terminé ma carrière en tant que soignant en psychiatrie, puis l’heure de la retraite a sonné et je ne voulais pas me retrouver seul donc j’ai fait ma valise et je suis venu ici en 2018 ». Un parcours parmi tant d’autres à Emmaüs qui en fait sa richesse.

Daniel, « Notre plus grand enfant ! »

Un véritable archipel d’ateliers se dessine au fil de notre visite toujours guidée par Marie qui nous présente à Nico aux bibelots et instruments, à Gabriel au « petit électro » ou encore à Omar et Alex à l’atelier des vêtements. Mais certains îlots de l’archipel tournent régulièrement au ralenti, faute de bras. À l’atelier vélo, l’habituel « titulaire » du poste est en arrêt maladie et les nouveaux arrivages commencent à s’accumuler à la porte. L’occasion de rappeler qu’Emmaüs a toujours besoin de bénévoles !

… et de profils !

Mais comment faire vivre une telle collectivité ? À l’heure actuelle 41 adultes et 6 enfants, issus de 17 nationalités différentes, vivent sur le site du Relecq-Kerhuon. Avec tant de cultures diverses, il y a de quoi créer de nombreuses divergences au quotidien lorsqu’on partage des lieux de vie importants tel que le réfectoire. Mais ouverture d’esprit, bienveillance et organisation règnent. Marie nous explique ainsi que chaque semaine les « rôles ménagers » (cuisine, service, nettoyage…) sont répartis entre les compagnons de manière à ce que chacun soit impliqué dans la vie collective.

De plus, le cadre offert est des plus agréable : à quelques centaines de mètres, la rade de Brest s’étend donnant une très belle vue et un air vivifiant. Les compagnons sont aussi logés dans un petit village confortable : un ensemble de bungalows encadre un jardin très convivial, en face, le « Château » (une ancienne bâtisse à deux étages)accueille huit personnes et une famille qui auront bientôt la chance de déménager dans la nouvelle « résidence sociale » en construction. Un « gros projet » qui va permettre à la communauté d’ensuite rénover le « Château » explique Marie, heureuse de bientôt pouvoir proposer de meilleures conditions de vie aux compagnons.

Le « Château » trône majestueusement à l’entrée de la Communauté.

La Communauté du Relecq-Kerhuon est l’une des 119 réparties partout en France. Ces sites sont l’essence du mouvement Emmaüs, au sein duquel le don se vit intensément et se décline sous plusieurs formes. Que ce soit en donnant de sa personne, de son temps ou plus simplement un objet, chacun peut contribuer à faire vivre l’idéal de l’abbé Pierre.