Quelques questions autour de l’Economie Sociale et Solidaire. Question 3 : tout ce qui est collaboratif est-il forcément solidaire ?

Quelques questions autour de l’Economie Sociale et Solidaire. Question 3 : tout ce qui est collaboratif est-il forcément solidaire ?
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Question 3 : tout ce qui est collaboratif est-il forcément solidaire ?

En latin « laborare »  en Français « travailler » donne collaborer « travailler ensemble » puis collaboration et plus récemment collaboratif,

En latin « operare », en Français « travailler à » donne coopérer « travailler ensemble » puis coopération et coopératif.

Ainsi donc si les étymologies ont un sens économie collaborative et économie coopérative seraient, en quelque sorte, synonymes. Et pourtant, tous les jours les comportements et les modèles économiques des nouveaux loups garous de la mondialisation viennent contredire cette analyse. Mais la confusion est encore monnaie courante tant l’expression « économie du partage » ou « économie collaborative » a l’air de plaire. Dès lors tout projet qui peu ou prou fait intervenir le client comme acteur partiel du service qu’on lui rend devient collaboratif. Le mal ne serait pas grand si on se limitait à cette petite supercherie sémantique. Mais les choses se corsent lorsque des entrepreneurs en herbe revendiquent d’être « économique, social et écologique » http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/application-ces-morbihannais-veulent-revolutionner-troc-grace-au-smartphone-10-02-2016-25430?utm_source=of-ofe_newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20160211_local_votreNewsletter Application. Ces Morbihannais veulent révolutionner le troc grâce au smartphone

Parler de troc implique un échange non monétaire. Cela existe déjà en dehors de toute application informatique et de nombreuses associations développent des espaces de gratuité ou des armoires à troc où on vient déposer GRATUITEMENT un objet dont on n’a plus l’usage en espérant trouver en échange l’objet magique dont on a tellement besoin. On est ici dans l’économie du don et du contre-don où la réciprocité n’est pas systématique. Rien de tel dans une application dont l’idée de départ serait non pas de donner quelque chose mais d’acquérir quelque chose à moindre coût. Si tel était le modèle économique de cette application, ce ne serait qu’un avatar de plus de cette nouvelle tendance de l’économie conventionnelle à emprunter des valeurs de l’économie sociale et solidaire pour générer de la valeur au sens où l’entendent les économistes libéraux. Mais on commence à y être habitué. J’aimerai pourtant tellement être démenti par un projet de ce type.

 

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Dominique Guizien

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