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Une porte-ouverte à la ferme pour une agriculture plus vertueuse

Ce jeudi, les agriculteurs du Trégor sont invités à participer à une porte-ouverte sur la ferme d’Alan Goaziou, à Ploubezre (22), qui est passé en 4 ans d’un système très intensif à une exploitation basée sur le pâturage d’herbe pour ses vaches. Un événement proposé par les Bassins Versants du Léguer, de la Lieue de Grève et du Jaudy-Guindy-Bizien, avec le Cedapa (Centre d’Etude pour un Développement Agricole plus Autonome).

Dans le cadre des différentes actions d’accompagnement des agriculteurs vers des pratiques plus durables, autonomes et respectueuses de l’environnement, les Bassins Versants du Léguer, de la Lieue de Grève et du Jaudy-Guindy-Bizien invitent, en compagnie du Cedapa, à une porte-ouverte de ferme à Ploubezre, chez Alan Goaziou. Cet agriculteur a un parcours particulier. Il s’installe en 2014 sur la ferme familiale. Il agrandit et intensifie alors l’exploitation que son père conduisait depuis 1979 : il passe de 100 à 160 hectares, dont 70 hectares de maïs dédiés à l’alimentation des 125 vaches. La place laissée au pâturage est à l’époque très peu importante, et le temps de travail élevé. Il vend ainsi 900 000 litres de lait la première année.

Peu de temps après son installation, son père tombe gravement malade d’un cancer lié à l’utilisation des produits phytosanitaires sur la ferme. Alan souhaite alors radicalement changer de système. Il se fait alors accompagné par le Cedapa, visite des fermes herbagères qui ont une surface équivalente à la sienne, ce qui lui donne des idées. Il choisit alors de faire progresser la part des hectares pâturés, de 15 à 35 hectares, et intègre notamment le groupe « Herbe » du Cedapa en 2017. Il diminue sa production de lait de 100 000 litres, ne distribue plus de concentré de mi-avril à mi-août, améliorant de ce fait la santé des vaches et permettant la division des frais vétérinaires par deux. Avec les économies réalisées, il a pu embaucher.

En 4 ans, avec l’appui du Cedapa, l’agriculteur est passé d’une exploitation très intensive basée sur le maïs pour l’alimentation des vaches à une exploitation basée sur le pâturage d’herbe. Il entame également une conversion en agriculture biologique !

Il
invite désormais les agriculteurs du secteur à venir découvrir son
exploitation et son parcours jeudi à Ploubezre, au lieu-dit Guirec,
dès 14h.




Porc sur paille : actions dans le bassin versant de la Rance

La Bretagne les pieds dans l’eau !


La Bretagne, c’est 21 bassins versants en contrat de territoire, soit 21 zones sur lesquelles un ensemble d’affluents se jettent dans la mer au même endroit (grâce au même estuaire, par la même embouchure…). Ces territoires définissent aussi bien souvent des délimitations administratives, en tout cas pour ce qui est de la gestion de l’eau. En Bretagne, l’eau est un élément très surveillé, notamment à cause du phénomène des algues vertes et de la forte activité agricole. Des dispositifs sont mis en place pour lutter contre cela.

Un partenariat avec COEUR Émeraude


EN 2013, l’état d’une majorité des cours d’eau sur le bassin versant de la Rance Aval Faluns était considéré comme médiocre par l’Observatoire de l’Environnement en Bretagne (OEB). Pour améliorer la situation, l’association COEUR Émeraude, et les intercommunalités du territoire doivent mettre en place des actions permettant la reconquête de la qualité des eaux. C’est dans ce contexte que 2 élevages certifiés Porc Durable Cohérence ont été lieux de rencontre pour découvrir les bienfaits environnementaux (et pas que !) du porc sur paille.

 

Un après-midi porte ouverte et certification


En décembre dernier, de nouveaux éleveurs ont adhéré au cahier des charges Porc Durable. Pour cette nouvelle arrivée chez Cohérence, l’association et COEUR Émeraude ont organisé de concert un après-midi porte ouverte lors duquel leur certification a été validée par des citoyens. Découverte des valeurs familiales, du fonctionnement de l’élevage de porcs sur paille, balade au milieu des truies et des porcelets élevés en plein air… Le froid n’aura pas découragé les consommateurs ! Engagés ou curieux, tout le monde a apprécié la sortie, et surtout la dégustation de produits en fin de journée.

Un échange technique pour les professionnels


Une deuxième action a été planifiée, cette fois-ci, à la ferme de la Lande, chez Yannick Denoual, Certifié Porc Durable depuis 2010, et adhérent à la filière Porc Authentique élevé sur Paille depuis 2013. Il a pu mettre ses années d’expérience à profit pour accueillir et animer un échange technique avec plusieurs professionnels. Qu’ils soient déjà dans le milieu porcin ou non, qu’ils fassent du porc sur paille ou non, tous étaient présents pour découvrir le fonctionnement de la ferme, les atouts du porc sur paille, et ses impacts environnementaux. Bientôt un article dans le magazine PorcMag pour en découvrir plus sur cette journée ! Restez connectés !

Vous souhaitez découvrir les avantages environnementaux du porc sur paille ? Rendez-vous sur notre site internet : http://www.porc-sur-paille.org/lefficacite-economique-et-environnementale-de-la-production-de-porcs-sur-paille-en-bretagne/ !




10 jours pour se passer de pesticides !

Ce 20 mars démarre la Semaine pour les Alternatives aux Pesticides. Objectif de l’opération, cordonnée par l’association Génération Futures, et à laquelle participent une quarantaine de partenaires : «  informer sur l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement », « promouvoir les alternatives aux pesticides » et « fédérer un réseau d’acteurs et mobiliser un large public ». Cette année, c’est la biodiversité qui est mise à l’honneur.

De nombreux événements sont ainsi organisés dans le pays, et aussi en Bretagne : Conférences, débats, ateliers de jardinage au naturel, marchés bio, visites d’exploitations, expositions… Les territoires se mobilisent, comme c’est le cas par exemple dans le Trégor, où l’on pourra ainsi assister à l’avant-première du film « Le grain et l’ivraie » de Fernando Solanas, au cinéma Les Baladins à Lannion le 28 mars, à la projection du documentaire « Rivière Léguer, histoire d’une reconquête » à Trégrom le 29 mars, participer à une grand journée autour de la biodiversité à l’Ecocentre du Trégor à Plomeur-Bodou le 31 mars. Jusqu’au 30 mars, à Dol-De-Bretagne (35), on pourra ramener ses produits phytosanitaires à la déchetterie de la Janaie. A Kervignac (56), on pourra admirer des portraits photo de jardiniers, réalisés par la photographe Aude Sirvain, jusqu’au 6 avril.

Tout le programme en Bretagne est disponible sur le site de la Semaine des Alternatives aux Pesticides, et retrouvez également des événements dans l’agenda sur notre site !




« Nous sommes les sentinelles de l’environnement » : Caroline Madec, ostréicultrice à Prat Ar Coum


Caroline Madec représente la cinquième génération d’une famille d’ostréiculteurs établis à Prat Ar Coum (Lannilis, Finistère) depuis 1898. Souhaitant se faire un nom pour elle-même, elle a fait carrière à Paris dans un milieu complètement différent (la communication) avant de revenir travailler sur l’exploitation familiale à l’âge de 25 ans. Elle et sa sœur gèrent l’entreprise avec leurs parents Yvon et Annie, et reprendront le flambeau à leur départ en retraite. Caroline nous parle de son métier, de son interaction avec l’environnement, et de son expérience de femme dans un univers plutôt masculin.

 

Un site unique

Le site où les Madec ont installé leurs parcs est un riche lieu d’échange entre la terre et la mer.

Les deux bras de mer, l’Aber Benoît et l’Aber Wrac’h, remontent loin dans les terres et forment, à l’endroit où ils rejoignent la mer, l’estuaire du pays des Abers. Les bassins à huîtres noirs se détachent en relief sur l’eau, brune vers la terre et bleue vers la mer, le mélange entre les deux éléments clairement visible.

Ce site est exceptionnel à plus d’un titre : « Nous avons à proximité de nos parcs la plus grande forêt d’algues laminaires d’Europe », nous explique Caroline. Ces algues, les matières végétales charriées par les Abers dans le lit desquelles les huîtres « spéciales » sont affinées, et la grande quantité de plancton présent dans la rivière offrent une nourriture de choix à l’huître, la rendant plus charnue tout en lui donnant un goût particulier qui singularise les produits de Caroline, plusieurs fois primés au salon de l’agriculture.

L’isolation des lieux est à la fois un avantage et un inconvénient : « Nous avons 100 hectares de parcs répartis entre les Abers, la rade de Brest et Carantec, et nous manipulons plusieurs tonnes d’huîtres par semaine. Nous ne sommes pas serrés contre les autres exploitations et avons vraiment de l’espace pour bien travailler. En revanche, nous sommes péninsulaires, ce qui complique beaucoup l’organisation logistique. »

L’huître, un filtre naturel

La journée commence à 7h du matin, quand les palettes sont sorties de l’eau purifiée où elles ont passé 48 heures pour nettoyer et affiner les huîtres. Les huîtres, véritables petites pompes des mers, filtrent 10 litres d’eau à l’heure pour se nourrir ; les agents infectieux contenus dans l’eau de la mer peuvent donc se déposer à l’intérieur de leur chair, et la purification est nécessaire pour réduire ce risque. Elles sont ensuite emballées à la demande du client pour garantir leur fraîcheur.

à gauche : huître creuse, à droite : huître plate

Caroline produit des huîtres creuses, et des huîtres plates (aussi appelées belon), espèce beaucoup plus rare qui représente moins de 1% de la production nationale. Des départs quotidiens pour le marché de Rungis (le plus gros marché de produits alimentaires frais au monde) et deux départs par semaine pour l’export, le lundi et le jeudi, permettent d’écouler la production.

L’équipe conditionnement est essentiellement composée de femmes, et seules les plus expérimentées manipulent les précieuses huîtres plates. L’entreprise compte 27 employés, auxquels s’ajoutent des intérimaires en période de fêtes. Marie est une des doyennes, elle a passé l’âge de la retraite mais revient faire des heures de temps à autres.

Une vie d’huître

Avant de passer par le stade final du conditionnement, les huîtres sont cultivées avec soin tout au long de leur vie d’huître.

Le naissain (les larves d’huîtres) est capturé l’été dans la rade de Brest, où il se dépose de façon naturelle sur des coupelles. Au printemps, ces bébés huîtres sont transférés dans des poches (environ 1000 bêtes par poche) qui les protègent des poissons pour qui elles sont un mets de choix.

coupelles à naissain

«Nous n’utilisons pas de tuile chaulée pour capter le naissain car l’extraction des jeunes huîtres pour les mettre en poche est plus traumatisante qu’avec les coupelles», précise Caroline (La tuile est enduite de chaux et de sable et offerte au naissain pour qu’il vienne s’y fixer. Avant d’être transférés dans les poches à huîtres, les bébés doivent être détachés, ndlr). Même avec de telles mesures de protection, la mortalité est de 70% sur les huîtres creuses, plus encore sur les huîtres plates. Une recrudescence des pertes a d’ailleurs pu être observée ces dernières années.

A 18 mois, les huîtres sont sorties des poches, triées et ressemées au fond du parc. Chaque espèce a ses préférences et les huîtres plates sont élevées plutôt dans des eaux profondes, dans des conditions différentes des huîtres creuses.

Lorsqu’elles ont atteint 3 ans, les huîtres sont ramassées en utilisant un système de drague, avant d’être calibrées, purifiées et conditionnées. « La drague n’abîme pas les fonds car nous faisons cela avec des filets spéciaux », indique Caroline. Son entreprise possède une flotte d’une dizaine de bateaux qui sert à l’entretien des parcs.

La controverse des huîtres triploïdes

Caroline cultive des huîtres naturelles, lesquelles produisent des gamètes durant la période de reproduction (de Mai à Août), les fameux mois « sans r » pendant lesquels les huîtres sont hors saison. Durant cette période leur consistance devient «laiteuse», au grand désespoir de certains gourmets. Pour répondre à leur demande, les huîtres triploïdes (aussi dites « quatre saisons ») ont été créées de façon artificielle. Elles possèdent trois paires de chromosomes sexuels (au lieu des deux paires habituelles) et produisent peu ou pas de gamètes, évitant ainsi de devenir laiteuses. De plus, elles grossissent plus vite que les huîtres naturelles car elles n’investissent pas autant d’énergie dans la production de gamètes, ce qui les rend compétitives économiquement. Cependant, elles ont des détracteurs qui leur reprochent de parvenir malgré tout à se reproduire avec les huîtres naturelles et de modifier leur patrimoine génétique. De plus, comme les triploïdes sont un OVM (Organisme Vivant Modifié) et non pas un OGM (elles sont issues de manipulations mais aucun gène étranger n’est introduit), elles ne sont pas soumises aux réglementations d’étiquetage et sont vendues sans distinction des huîtres naturelles, ce qui signifie que le grand public ignore leur existence et les enjeux concernant la biodiversité.

Caroline n’élève pas d’huîtres triploïdes mais en propose pendant l’été en « flux tendu » (achat aux éleveurs et purification puis livraison) afin de satisfaire la demande de ses clients. Elle ne les introduit pas dans les parcs afin d’éviter tout croisement avec les huîtres naturelles. « La diversité génétique des huîtres naturelles leur permet de mieux résister aux maladies », affirme-t-elle. Elle préfère donc éviter l’élevage de triploïdes, malgré l’avantage économique que cela comporte.

Les sentinelles de l’environnement

Pour Caroline, préserver la biodiversité et l’équilibre fragile de l’environnement marin est en effet capital : « Nous sommes les sentinelles de l’environnement ». De fait, les ostréiculteurs sont particulièrement exposés aux aléas de l’environnement marin. L’huître étant un filtre naturel, la qualité de l’eau impacte immédiatement celle du produit, et comme elle est consommée crue, il ne faut prendre aucun risque.

« En 1978, l’Amoco Cadiz s’est échoué près d’ici. La marée noire a été telle que nous n’avons pas pu produire d’huîtres pendant presque dix ans. C’est à cette période que nous avons diversifié notre activité avec le commerce de crustacés. » Cela a été une période très difficile pour l’entreprise familiale. D’une manière générale, les moindres naufrages et rejets industriels impactant la qualité de l’eau, les ostréiculteurs doivent être constamment en alerte.

L’eutrophisation des sols est également un problème car elle génère une prolifération des algues vertes. Même si des mesures drastiques ont été prises pour limiter l’utilisation exagérée d’engrais, les sols sont encore gorgés de nitrates qui continuent à gagner la mer. En conséquence, les algues vertes, dopées aux nutriments, sont en pleine forme et envahissent les lourdes poches à huîtres qui doivent être régulièrement soulevées et retournées pour limiter cette prolifération, tâche pénible que les travailleurs, qui ont parfois de l’eau jusqu’aux aisselles, effectuent à la main. Les autres mesures de contrôle sont l’introduction de bigorneaux brouteurs dans les poches et le hersage des parcs pour éviter de trop grands dépôts d’algues.

L’acidification des océans aussi est une menace. Elle impacte la faune et la flore marines, et les huîtres ne font pas exception, car la calcification de leur coquille devient plus difficile. Pour pallier à cette situation, les coquilles d’huîtres mortes sont utilisées pour désacidifier l’eau des parcs.

Investie de leur mission de protection de la biodiversité, la famille Madec fait partie des rares ostréiculteurs à cultiver les huîtres plates dites belon, l’espèce indigène d’Europe qui a été victime de graves épizooties en 1920 et 1970 et a failli disparaître. Désormais minoritaire et en difficulté à cause entre autres de l’appauvrissement de son patrimoine génétique, elle a été supplantée par l’espèce dite creuse, originaire du Japon, qui a été introduite en France afin de compenser la perte des autres espèces d’huîtres. Les belons demeurent fragiles avec une mortalité très importante, et les ostréiculteurs spécialistes lui apportent tout le soin possible pour éviter sa disparition définitive.

Une femme dans un monde d’hommes

A la question « Comment ça se passe quand on est une femme dans un univers majoritairement masculin ? », Caroline répond avec bonne humeur : « Je ne me prends plus la tête à ce sujet. Je ne sais pas faire autant de choses que mon père, qui peut absolument tout faire sur l’exploitation. Cependant, quand c’est nécessaire, je travaille sur la chaîne à partir de 7h du matin comme tout le monde, et je peux aussi travailler dans les parcs à huîtres ». En effet, Caroline est une grande femme à fort tempérament, à qui soulever et retourner les poches à huîtres ne fait pas peur. « Pour nos activités commerciales, nous sommes souvent conviés à des événements prestigieux », ajoute-t-elle. Tout terrain, elle est aussi à l’aise dans une réception diplomatique que sur un parc à huîtres.

D’une manière générale, Caroline essaye de trouver des solutions naturelles aux problèmes rencontrés au quotidien, et de préserver l’environnement de manière active lorsque son travail le permet. Les ostréiculteurs sont directement en interaction avec l’environnement marin. Ils observent avec attention (et subissent de plein fouet) la moindre évolution de l’environnement, ce qui en font d’efficaces lanceurs d’alerte ainsi que des acteurs locaux pour la protection de la biodiversité.




« Un repos pour tous » : un eco-lieu autosuffisant dans les Monts d’Arrée

Voici un projet complet, porté par un jeune couple : « Un repos pour tous ». Léa et Erwan ont l’envie de transformer leur mode de vie et par la même occasion celui de beaucoup d’autres personnes. Comment ? En créant un lieu autosuffisant en plein centre du Finistère, dans les Monts d’Arrée.

Le projet n’en est qu’à ses prémisses et une cagnotte est lancée pour permettre d’acquérir les terres nécessaires à la réalisation de ce projet. « Nous avons fixé la fourchette de prix les plus bas que nous ayons pu trouver concernant les terrains ». Le couple a donc fixé la cagnotte à 9 000 euros minimum.

Une fois les terres acquises, des maisons y seront construites grâce à des matériaux de récupération, provenant « d’entreprises, de démolisseurs de bâtiment ou de liquidations judiciaires ». Pour qu’elles soient autosuffisantes en énergie, les habitations seront équipées de panneaux solaires, de récupérateurs d’eau de pluie et de puits, d’éoliennes, d’hydroliennes, de systèmes de phyto-épuration et de filtres à sédiments, de tuyaux de chauffage par le sol, de systèmes d’abreuvement en eau de la maison par la pente pour la pression, de chaudières suédoises…

« Partager et faire aimer cette manière de vivre et pour lutter contre une agriculture polluante et des commerces farfelus qui font du profit sur nos dos »

En ce qui concerne l’autosuffisance alimentaire, elle sera atteinte grâce à la création de jardins intelligents, de serres, de laiteries, de piscicultures, de ruches et de vergers, dans un esprit biologique et de permaculture.

Enfin, un projet de reforestation de la région et la sauvegarde de la faune et de la flore sauvage sera mis en place. Pour cela, des terres environnantes seront acquises afin d’y planter des arbres de façon écologique. Les animaux domestiques ne sont pas en reste et auront leur place dans ce projet, puisqu’il est envisagé de créer des refuges pour ceux qui ont été abandonnés.

Si vous souhaitez contribuer financièrement au projet, ça se passe sur la cagnotte Leetchi « Un repos pour tous ».




Une paille pour la planète

Madame Royal s’est illustrée en déclarant que les pailles pour soda étaient un fléau pour la planète et en a demandé l’interdiction, et elle avait raison, même si ce petit geste n’aura pas grande influence sur l’évolution de notre planète. Mais comme dit le colibri « si l’incendie fait rage et s’étend, ce n’est pas ma faute. Moi, j’ai fait mon boulot avec mon petit bec ! »

Ironie de l’histoire, c’est avec une autre paille que d’autres femmes, en Inde sont en train de réussir leur combat contre les effets ravageurs des changements climatiques. Dans ces parties du sous-continent indien, il s’agit de lutter contre les effets de plus en plus dévastateurs du régime des moussons qui, comme tous les phénomènes climatiques est en train de se dérégler. Les moussons sont de plus en plus abondantes provoquant des inondations de plus en plus catastrophiques, ruinant notamment les récoltes et lessivant les sols, suivies de périodes de sécheresse de plus en plus longues et prononcées. Cette conjonction fait que, dans le meilleur des cas, les petits paysans qui ne peuvent pas accéder, seuls ou collectivement, à des techniques sophistiquées d’irrigation ne peuvent espérer qu’une maigre récolte par an.

En effet, les champs engorgés en période de mousson produisent nécessairement moins que des sols correctement drainés. Et pendant la période de sécheresse, les températures sont telles que le sol, argileux en général, prend la consistance de la brique avec à peu près autant de fertilité et de capacité d’absorption des eaux pluviales. Ce dernier point fait que les premières pluies stagnent sur le sol sans y pénétrer, provoquant naturellement un effet d’engorgement qui ira s’accentuant au fur et à mesure que la mousson avance.

La réponse a été aussi simple que l’œuf de Colomb. Puisque l’eau ne peut pénétrer la croûte de sol dur, il faut l’aider à percer celle-ci pour ensuite rejoindre la couche imperméable inférieure qui joue le rôle de nappe aquifère. C’est la fonction de Bhungroo, un dispositif simple combinant un tuyau percé de multiples petits trous, des bacs de décantation pour retenir les sels minéraux, et un système de pompage pour réinjecter l’eau en période sèche. Pour mieux comprendre le dispositif il faut savoir qu’en langue Gujurati, Bhungroo signifie « paille ». Mais mieux qu’une longue explication, ce petit sujet (environ 100 secondes) produit par la BBC en dira plus long sur l’intelligence du dispositif :

« Bhungroo »-An innovation which helped crops grow in dry land.

Ce dispositif est évidemment une sorte de solution miracle pour toutes les zones soumises au régime de la mousson, ce qui englobe quand même une bonne partie du sous-continent indien et de l’Asie du Sud-Est. Mais si on y réfléchit bien, des épisodes pluvieux violents succédant à une période de longue sécheresse marquée, est une situation qui commence à apparaître de façon récurrente tout autour du bassin méditerranéen en même un peu plus au Nord en Europe occidentale. Cela mériterait qu’on s’y arrête un instant. Mais comme le font remarque certains, ce procédé, s’il comprend un dispositif de filtrage pour retenir les sels minéraux , ne permet pas de bloquer toutes les molécules provenant des pesticides ou des engrais, qui, s’ils sont utilisés à outrance, contribuant ainsi à la pollution de la nappe phréatique. Pour être vertueux, un tel dispositif ne peut s’appliquer que dans le cadre d’un modèle de production sans intrant chimique ou d’un usage raisonné. Si , en outre, un Bhungroo était couplé avec une installation photovoltaïque pour actionner les pompes en période sèche, il y aurait là un beau modèle de développement agricole écologique.

Mais me direz-vous, vous parliez des femmes dans la présentation de ce sujet. Où sont-elles dans la mise en œuvre du projet? Pour dire vrai, elles sont au cœur du projet puisque les premières installations au Gujarat ont été réalisées par des femmes regroupées en coopératives de fait de 5 femmes pour une installation de Bhungroo. Elles en assurent la maintenance et contribuent à sa diffusion. C’est d’autant plus de bon cœur qu’elles ont constaté l’effet bénéfique que cela a sur leur revenu (triplement du revenu annuel), sur le volume de récolte et sur la qualité des sols qu’elles cultivent, sans compter que tout ceci leur donne un statut social dont elles étaient jusque là privées.

Pour en savoir plus :

Pour ceux qui veulent comprendre mieux comment ça marche voici une vidéo, en Anglais, un peu longue (15 minutes environ) :

Et le lien vers l’entreprise sociale qui promeut ce produit : https://www.naireetaservices.com/. Cela lui a valu d’être récompensée lors de la COP 24 par la coalition mondiale Women Gender Constituency en recevant un des 9 trophées « solution genre climat » dans la catégorie «solutions techniques » : http://www.wecf.eu/english/articles/2018/12/gjcsAWARD2018.php