Dans les Déferlantes de Lénaïg Jézéquel

Dans le cadre de notre série estivale de « repassage », nous publions à nouveau cet article.

Ondes océaniques soumises au déferlement bien connues en Bretagne, Les Déferlantes sont heureusement arrivées en douceur au début du printemps dernier jusqu’au centre de Morlaix. Elles ont alors pris la forme d’une librairie-café, nichée place de Viarmes, ouverte par une sirène-voyageuse qui a posé ses bagages, Lénaïg Jézéquel. Et prenant ainsi la suite du binôme Tatiana et Romain d’A la Lettre Thé, parti.e.s vers de nouvelles aventures.

Dans le sillage du roman éponyme de Claudie Gallay, Les Déferlantes de Lénaïg sont placées sous le signe de « son attachement viscéral à la nature et la puissance des éléments », comme elle le confiait lors de l’ouverture à nos confrères du Télégramme. Après ses études littéraires et artistiques en graphisme, il y eut pour Lénaïg le temps des voyages, « de la Bretagne à l’Amérique du Sud en passant par l’Australie. » Rien de surprenant à ce que son lieu propose un regard grand ouvert sur le monde à travers un large choix d’ouvrages en littérature étrangère, polar, sciences humaines, bandes dessinées, littérature jeunesse, beaux livres, revues et guides pratiques.

Les thèmes plus particulièrement mis en avant sont les sujets de société tels que la transition écologique et la protection de l’environnement, les féminismes* et genres, les questions de migrations et d’(in)hospitalité, l’exil, la diversité, la défense des droits humains, comme le précise sur son site Livre et Lecture en Bretagne. Elle est également membre de la Fédération des cafés-librairies de Bretagne.

*Des lectures de textes féministes seront faites aux Déferlantes au cours de la soirée du vendredi 26 novembre prochain, en résonance avec la journée de lutte contre les violences faites aux femmes et la semaine de sensibilisation prévue sur Morlaix. Lénaïg invite toutes et tous à lire, à venir écouter, à découvrir, à partager des textes féministes à la librairie. Pour échanger ensemble autour de cette thématique, en partenariat avec l’association La lanterne et la créatrice du podcast Breton.ne.s et féministes. Gratuit/ Ouvert à tou.te.s/ À partir de 18h30.

Les Déferlantes – 9 place de Viarmes, 29600 Morlaix. Tél: 02 56 45 54 06, ouvert du mardi au samedi, de 10 h à 18 h 30. Il est possible également d’y déguster une boisson chaude ou froide, d’acheter du thé Bio, des cartes postales et de la papeterie artisanale.

 

Les deux livres coups de cœur de Lénaïg Jézéquel

RESHKILLS/ Recycler la terre – Lucie Taïeb – La contre allée

Dans ce récit documentaire d’un genre nouveau, l’auteure interroge la représentation et la place des déchets dans nos sociétés contemporaines. En nous racontant l’histoire de Freshkills, Lucie Taïeb questionne nos modes de consommation et ce qui en découle. Pendant près d’un demi-siècle, en plein cœur de New York, cette décharge à ciel ouvert fût l’une des plus grandes du monde, allant jusqu’à traiter 29000 tonnes de déchets par jour. Aujourd’hui ce site, comme d’autres avant lui, a été transformé en un parc verdoyant. Quel monde construisons-nous lorsque nous sortons les déchets de notre champ de vision et que nous confions à d’autres le soin de les faire disparaitre ?

PARMI LES ARBRES – Essai de vie commune – Alexis Jenni – Actes Sud

Dans ce texte à la fois poétique et philosophique, conçu comme une lente balade en forêt, Alexis Jenni nous invite à repenser notre rapport aux arbres. A travers ses expériences personnelles, ponctuées de références scientifiques, il pose la question du respect du vivant, quelle que soit sa forme. Il nous rappelle que les arbres ont leur propre manière d’être vivants et de communiquer, en interdépendance avec leur milieu. Ce nouveau texte paru dans la collection Mondes sauvages des éditons Actes sud est à nouveau une réussite et redonne aux arbres l’importance qu’ils méritent.

 

 

 

 


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Quand la littérature jeunesse raconte des histoires de nature… Regards croisés d’une libraire et d’un éditeur

En amont du Salon du Livre Jeunesse que l’équipe de la Baie des Livres consacre cette année au thème « Grandeur Nature » (notre article : https://www.eco-bretons.info/a-saint-martin-des-champs-la-nature-sinvite-en-grand-dans-les-livres-jeunesse/), le lycée de Suscinio à Morlaix accueille une table-ronde publique, dans la soirée du mercredi 23 novembre, consacrée à « La nature dans les livres jeunesse ». Elle sera animée par la libraire morlaisienne Lénaïg Jézéquel et réunira l’auteur Vincent Villeminot, parrain de cette 11ème édition, l’éditeur Xavier d’Almeida (Pocket Junior), avec une intervention de Laurence Mermet pour Eco-Bretons sur une petite enquête menée auprès des élèves, apprenti.e.s et étudiant.e.s de l’établissement quant à leur rapport à la nature et aux livres qui en parlent. Lénaïg Jézéquel et Xavier d’Almeida ont croisé leur regard averti et livré quelques souvenirs de lecture, en répondant à quelques-unes de nos interrogations sur le sujet.

Lorsque l’anthropologue Philippe Descola et l’auteur-illustrateur Alessandro Pignocchi disent et montrent en quoi « La nature (c’est-à-dire tout ce qui n’est pas nous), ça n’existe pas »*, ils portent notre attention sur l’indispensable évolution de notre rapport au vivant, nous autres humains occidentaux. Nous n’en sommes ni maîtres, ni possesseurs, ni extérieurs à lui. Et Cyril Dion d’ajouter que nous avons besoin de nouveaux imaginaires, «de nouveaux récits qui nous réenchâssent avec le vivant ».

Les livres pour la jeunesse leur emboitent-ils le pas ? Ou bien étaient-ils déjà précurseurs dans ce domaine ?

Lénaïg Jézéquel – Je ne pense pas que la littérature jeunesse ni la littérature en général soit précurseur dans ce domaine, je pense qu’elle s’inscrit dans son époque et qu’elle dit les interrogations et les mutations de notre société. Je pense que les livres ont toujours été des outils pour comprendre le monde en mouvement dans lequel nous vivons. Depuis quelques années, la question écologique prend beaucoup de place et c’est tant mieux, ENFIN! La littérature jeunesse suit donc cette tendance et publie de nombreux ouvrages autour de la nature, docs, BD, romans…

Xavier d’Almeida – Je ne crois pas que la littérature jeunesse soit en avance sur les autres. Les auteurs et les éditeurs ressentent les mouvements du monde et les interrogations de celles et ceux auxquels ils s’adressent. Il est donc logique que la littérature jeunesse traite désormais plus souvent de la nature et des questions écologiques. Les albums jeunesse et les documentaires, en particulier, se sont particulièrement lancés dans cette direction. Il y a une volonté forte de sensibiliser, et de donner aux jeunes lecteurs quelques moyens de se reconnecter à la nature. Parfois de façon un peu maladroite, ou culpabilisante, ce qui est à mon avis la pire des choses. Mais parfois aussi de façon très poétique, délicate et à leur hauteur. Les livres sur les cabanes, sur les promenades en forêt, etc. se sont multipliés, même si bien sûr il en existait déjà beaucoup. La forêt a toujours été un des lieux visités par les auteurs jeunesse, tant elle renferme de mystères et de possibilités de rêver… ou d ‘avoir peur !

En tant qu’éditeur, j’ai un regard parfois quelque peu circonspect sur le sujet. Il me semble que la littérature en général, et la littérature jeunesse en particulier, développe une sorte de schizophrénie sur ces questions. Sur ces thématiques, il n’y a bien sûr rien à redire, toute tentative de se reconnecter à la nature, d’en prendre soin, ou d’alerter, maladroite ou réussie, est louable. En revanche, l’industrie dans son ensemble est peu écologique. Ma fille lisait récemment un documentaire passionnant sur les espèces en voie d’extinction… imprimé en Chine. La plupart des albums à la fabrication complexe, et une immense partie des albums « simples » sont aussi imprimés en Asie et présentent donc un impact carbone énorme, qui à mon sens annule le message qu’ils portent.

Quant aux romans, dans notre époque où les coûts de stockage notamment sont au cœur de l’économie du livre, on pilonne à tout-va avant de réimprimer si besoin, pour un gâchis de papier et d’énergie colossal et absurde. Les labels FSC et autres semblent autant de pansements bien légers pour colmater ces plaies-là.

La littérature jeunesse est une industrie, lourde, et a donc l’impact de toute industrie de cette échelle. La surproduction et le gâchis qui en découlent est un vrai problème. Beaucoup tentent de réduire la production, mais quels romans, quels premiers romans, et quels auteurs doivent être sacrifiés pour limiter le nombre de romans publiés ? Sans parler des pertes d’emploi si une réduction drastique de la production devait se faire ? La littérature n’échappe pas aux questions qui se posent pour tous les secteurs industriels. Et d’une certaine manière, tant mieux, car elle est donc connectée au monde.

De manière plus générale, quelle évolution voyez-vous depuis ces dernières années dans la façon dont les livres jeunesse parlent de la nature ?

Lénaïg Jézéquel – La nature est devenue un sujet à part entière en littérature, essais, docs, j’ai même des rayons spécialisés à la librairie, c’est dire! J’espère juste que ce n’est pas qu’une mode et que cela représente une vraie envie de se reconnecter au vivant et à notre environnement. Cela permet au moins d’abord le sujet dès le plus jeune âge à travers les livres, ce qui est fondamental.

Xavier d’Almeida – La nature est devenue un sujet de livre jeunesse, à l’image du mouvement global de prise de conscience qui traverse une partie de notre société. C’est parfois opportuniste, comme toute mode. Mais on constate aussi que de nombreux auteurs et illustrateurs jouent de plus en plus avec le vivant proche d’eux, essayent de proposer une meilleure connaissance et compréhension du vivant, une vision d’un monde plus harmonieux entre les espèces.

Avez-vous un souvenir d’enfant d’un livre qui vous a particulièrement marqué, en lien avec la nature ?

Lénaïg Jézéquel – Quand j’étais enfant et que je n’étais pas moi-même dans la nature, je dévorais le Club des 5! Le côté aventure sans doute… ? J’étais très fan aussi des copains des bois, copains des champs… qui me donnaient vraiment à vivre et à comprendre mon environnement. Depuis, l’offre en jeunesse s’est énormément développée, et donc forcément aussi les livres sur la nature, et c’est super!

Xavier d’Almeida – Tistou les pouces verts a été une révélation, tant dans la langue, qui se prête parfaitement à l’oralité, que dans les thématiques abordées, très écologiques. J’ai ressenti un immense plaisir en le lisant 30 ans plus tard (et récemment) à mes filles, tant il offre de poésie et provoque une foule de questions. Mais mon gros choc de nature, qui a conditionné une grande partie de mes lectures d’adulte et mon envie m’y perdre régulièrement et de tenter de la lire au mieux fut bien sûr L’appel de la forêt, un livre qui m’a plus que bouleversé.

Quel est votre dernier coup de cœur, parmi les livres jeunesse nature ?

Lénaïg Jézéquel – Là où le feu est l’ours de Corinne Morel-Darleux, l’histoire d’une femme qui entretient une relation fusionnelle avec un bébé ours, et qui, suite à une catastrophe cherche une oasis où fonder une communauté, très beau!

Xavier d’Almeida – Il y en a beaucoup, mais je n’aime pas l’étiquette de « livre nature ». Les messages passent beaucoup mieux quand ils sont inclus dans une histoire, de façon discrète, quand ce n’est pas LE thème principal. Cela vaut pour tous les messages importants. La littérature doit d’abord nous raconter des histoires. En album, j’ai été vraiment secoué par Le jour où le grand chêne est tombé, de Gauthier David et Marie Caudry, qui raconte cette association de toutes les créatures, animales et humaines, domestiques et sauvages, pour redresser le grand chêne qui était leur univers et leur raison d’être. Kiwy Grizzly aussi, du même Gauthier David, dans lequel les enfants vont se perdre en forêt et se transforment en animaux des bois, est aussi remarquable, dans son exploration de la forêt et son humour. Jefferson, de Jean-Claude Mourlevat, nous parle aussi de notre rapport aux animaux et donc à la nature, de façon très fine et finalement assez engagée. J’ai été aussi très secoué par le travail de François Place, et notamment par Les derniers géants, qui évoque bien sûr la disparition d’un paradis caché par la faute d’un européen avide de connaissance…

Mais bien sûr, celui qui m’a le plus secoué récemment, parce qu’au cours de ces nombreuses années de travail commun, il m’a emmené assez loin, c’est le travail de Vincent Villeminot. J’y ai particulièrement aimé cette forêt presque organique qui traverse son œuvre, notamment Nous sommes l’étincelle et Comme des sauvages. Cette forêt qui vous enserre, qui vous accueille, qui vous cache, et que vous ne quittez finalement plus puisqu’elle constitue peu à peu un univers tout entier, continue de page en page comme d’arbre en arbre. Ceux que parcourent les personnages de Nous sommes l’étincelles de leur sécession à leur mort.

* https://www.blast-info.fr/emissions/2022/la-nature-nexiste-pas-avec-alessandro-pignocchi-et-philippe-descola-BrBTCtrDRki1mkYFEii79Q




A Saint-Martin-des-Champs, la nature s’invite en grand… dans les livres jeunesse

« Quand j’étais petit… combien d’entre nous voient surgir des souvenirs de cabanes, de nature et d’insectes ? De fugues dans les bois, de plage, de bruits et d’odeurs ? Et pour nos enfants, ça se passe comment ? Alors que la biodiversité est en danger, faisons la part belle à cette Nature vivace, jungle urbaine ou refuge campagnard, redécouvrons-la en suivant les pages, interrogeons-nous sur comment les livres peuvent l’exprimer… »

C’est par ces mots évocateurs que la dynamique équipe de la Baie des livres nous invite à la 11ème édition de son Salon du livre Jeunesse du Pays de Morlaix qui se déroulera au Roudour de Saint-Martin-des-Champs, le week-end du 26-27 novembre, autour du thème « Grandeur Nature ».

Cette année, elle a donné carte blanche à Vincent Villeminot, auteur habité de nombreux romans pour la jeunesse, qu’il embarque dans ses univers aussi bien fantastiques que d’anticipation. Le Prix du Roman d’Écologie 2020 lui a été décerné pour « Nous sommes l’étincelle », paru aux éditions Pocket jeunesse.

A propos de la vingtaine d’auteur.e.s qu’il a convié.e.s autour de lui (découvrez-les toutes et tous sur le site : http://www.labaiedeslivres.com/), Vincent Villeminot dit joliment: « j’ai essayé de composer ce « plateau » d’amis, d’amies, de collègues, en essayant qu’il y ait des Bretons, de naissance ou d’adoption, en français comme bretonnant, et des gens d’ailleurs… Comme nous allons parler de nature, j’ai voulu que s’y retrouvent des gens qui vivent dans la forêt, la campagne, la ville, au bord de la mer ou d’une rue, pour que leurs livres disent quelque chose de cette profusion de rapports, de contemplations, d’usages, de travail dans et avec la nature. »

Et la Baie des livres de préciser : «ses invités vont plaire à tous : illustrateurs, auteurs, pour les petits mais aussi pour les adultes.nous avons invité bien sûr des brittophones. Artistes, médiathèques, libraires partenaires, bénévoles, jeunes et grand public, tous ont rendez-vous pour les dédicaces, spectacles et animations, pour partager le plaisir de lire, de créer et de rêver. »

Parmi les nombreux partenaires du territoire associés à l’événement, des établissements scolaires trouvent tout naturellement leur place. Le public pourra ainsi découvrir une exposition des créations des écoles sur le thème du salon ou sur l’univers de l’un.e des invité.e.s. Les élèves de la filière sciences et technologies de l’agronomie et du vivant ainsi que les étudiant.e.s de BTS gestion et protection de la nature du lycée agricole de Suscinio seront également de la partie, les premiers végétaliseront un espace du salon tandis que les seconds proposeront le samedi des animations consacrées aux espèces mal-aimées » en différents lieux du salon.

Nous pénétrerons aussi dans une Forêt participative, avec sa « salle branche » d’où surgiront de « grands arbres et petits peuples », par la grâce de l’imagination créative des classes, des auteurs et illustrateurs invité.e.s, tandis que les enfants pourront s’initier à la calligraphie avec l’artiste Mohammed Idali, à partir de leurs mots sur la nature..

En amont du salon, une table-ronde consacrée à la nature dans la littérature jeunesse, ouverte à tout public (lycéens et adultes), se déroulera mercredi 23 novembre (19h45-22 h) dans l’amphithéâtre du lycée Suscinio à Morlaix. Y interviendront : Vincent Villeminot (auteur), Xavier d’Almeida (directeur de collection aux éditions Pocket Jeunesse), Lenaig Jézéquel (libraire indépendante), Laurence Mermet (présidente d’Eco-Bretons/ enseignante d’éducation socioculturelle).

Et pour prendre connaissance du programme foisonnant des deux jours du Salon, c’est par ici :

http://www.labaiedeslivres.com/wp-content/uploads/2022/11/Programme-BDL-2022.pdf

https://www.facebook.com/LaBaieDesLivres




L’altruisme, au cœur de l’écosystème de la permaculture sociale

Plume citoyenne de Anne-Laure Nicolas*, co-fondatrice de l’éco-domaine du Bois du Barde, à Mellionnec dans le Kreiz Breizh. Cet article complète celui que nous avons publié le 23 septembre dernier, intitulé  » Une approche sensible de la Permaculture Humaine ».

La société occidentale d’aujourd’hui

Notre éducation judéo-chrétienne, depuis 2000 ans, a mis en avant un fonctionnement patriarcal, d’anthropocentrisme. Il en découle qu’à l’arrivée, au début de ce 21 ème siècle, nous fonctionnons dans un système de compétition, d’individualité, de refoulement des émotions, de consommation et sûrement encore bien d’autres choses, dans une énergie très dans le “masculin” ou, comme on peut penser en terme taoïste très dans le Yang, pour dégenrer cette énergie et ces façons de faire.

Constats des personnes en transition

Les personnes qui constatent que cette société, ce monde dans lequel elles évoluent, ne leur convient plus, basculent, transitionnent, bifurquent… elles constatent consciemment ou inconsciemment que cela ne correspond plus à leur imaginaire de vie. Elles souhaitent retrouver de l’Humain, de la nature, une place juste au milieu du Tout.

Elles veulent souvent se noyer dans le Nous, refaire du Nous, refaire corps avec les Humains. Sortir de leur individualisme, redire bonjour aux voisins, œuvrer pour quelque chose de plus grand qu’elles, participer aux changements.

Or, elles arrivent, pour certaines – et c’est bien normal – beaucoup avec les mêmes codes de fonctionnement que le monde qu’elles quittent et souhaitent pourtant voir évoluer, où l’Homme cisgenre** domine, où une sorte de compétition est encore présente, sous-jacente aux processus mis en place et qui ancre un faux-semblant de pratique parfois pseudo bienveillante de coopération.

L Altruisme, la considération, le souci de l’Autre, ou quelle attention je porte à l’Autre

La permaculture, dans sa dimension sociale permet, une fois que chacun, chacune a entamé le chemin de la connaissance de son Moi, de trouver une place dans un écosystème qui lui convient. Etre une pièce du puzzle dans le puzzle, oui mais quel puzzle? Dans ce puzzle social où j’essaie de trouver ma place, il y a déjà d’autres morceaux qui y sont. Pour ne pas les abîmer, les froisser, j’y suis attentif. Considérer l’Autre c’est lui donner une existence, de la matière. Un jour en discutant, il y a quelques années avec une personne que nous accueillions, elle m’a dit qu’il y a pire que la Haine, il y a l’ignorance.

Se soucier de l’Autre, c’est aussi faire le choix de sortir de l’altruisme de surface, ce n’est pas demander à une personne comment elle va sans écouter réellement la réponse! C’est entrer en relation, en reliance avec l’Autre être humain devant moi. Sortir du triangle de Karpman***, qui me fait me sentir exister, en me donnant une place parfois de sauveur. La peur, derrière cette prise de conscience et de qui je suis par rapport à mon environnement, c’est de ne plus être Soi au final. Mais c’est justement en ayant un réel ancrage avec qui je suis, que je peux en profondeur me soucier de l’Autre. Tant que mes bases, mon enracinement avec mon Moi, ne sont pas solides, ma reliance à l’Autre reste de surface et je ne peux donc lui donner une place dans mon écosystème, dans le puzzle, je ne le considère pas à sa juste place.

C’est une des reproductions de la société patriarcale occidentale qu’il reste encore dans ce monde en mutation. Pour trouver sa place, c’est un système de jouage de coude, d’Ego mal équilibré, où le masculin est dominant et qui aura forcément raison sur l’Autre.

Considérer, se soucier : des mots qui amènent au même résultat, je laisse une place à l’Autre, je le légitimise dans son essence, dans qui il EST.

La place dans le Tout

Avec les valeurs et les concepts d’éco-psychologie et d’écologie profonde, l’Humain sort de la toute puissance de l’anthropocentrisme. Il reprend une place juste, qui est la sienne au milieu des vivants. Il redevient donc dans l’imaginaire l’égal des autres espèces quelles qu’elles soient. L’altruisme, et sa traduction concrète au travers de l’éducation populaire, permettent le chemin vers la reconsidération de l’Autre en tant que ma propre image, en tant que Moi. Je me vois en lui, comme il me voit en moi. Je me soucie de lui qui a une place identique à la mienne dans cet écosystème dépassant au final celui de l’Humanité. Je peux apprendre de lui, comme il peut apprendre de moi.

L’ Humain, dans ce souci de l’ Autre et de la place qu’il peut lui accorder grâce à son regard et ses attentions, rééquilibre son Ego qui reprend une juste place. Cet équilibre qui vient chercher à l’intérieur de chacun le Yin et le Yang, où comme disait Carl-Gustav Jung l’Anima et l’ Animus dans son concept d’individuation.

*Notre portrait de Anne-Laure Nicolas : https://www.eco-bretons.info/portrait-de-femme-n3-anne-laure-nicolas-domaine-du-bois-du-barde-a-mellionnec-22/

**Cisgenre : Qui concerne une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance

*** Triangle de Karpman : C’est une figure d’analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpan en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre victime, persécuteur et sauveur. La communication est perturbée lorsque les protagonistes adoptent ces rôles plutôt que d’exprimer leurs émotions et leurs idées.




NAEVUS, de Myriam Martinez, où l’impossible séparation du bon grain de l’ivraie

https://www.facebook.com/LaVirguleMorlaix/

http://www.eco-bretons.info/wp-content/uploads/2022/08/itw-myriam-martinez.mp3

 

https://www.youtube.com/watch?v=rR13j2JgZwY&t=41s

https://www.youtube.com/watch?v=l8JYbxxZSfY&t=45s  Soutiens: musée de La briqueterie, Le Bon Accueil, La Drac Bretagne, Les Fonds Régnier pour la Création.

Crédit Photo : Myriam Martinez : https://www.myriammartinez.com/

 


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ACcostage Climatique, la jeunesse sur le pont entre Morlaix et Trébeurden !

Entre le 17 et le 23 juillet prochain, un équipage d’une douzaine de jeunes bénévoles de l’association Avenir Climatique va naviguer en mode bas carbone à la voile et accoster entre Morlaix et Trébeurden pour sensibiliser, à chaque étape, petits et grands de manière concrète, conviviale et ludique aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux. Sera également du voyage, une personne pratiquant la langue des signes (LSF).

Accostage Climatique est un projet créé par des membres de l’association Avenir Climatique – principalement composée d’étudiant.e.s et de jeunes actif.ve.s aux profils variés, qui ont envie d’agir d’une manière concrète et optimiste pour les enjeux cruciaux que sont le climat et l’énergie – avec pour objectif d’allier voyage bas carbone et sensibilisation. Aussi, quoi de plus logique pour l’équipage que de naviguer sur deux bateaux de l’association Bella Ciao & co-navigation porteuse d’un projet de tour de l’Atlantique en voilier, humanitaire, écologique et social (1) : le Bella Ciao et le Petit Prince.

Après a voir sillonné les côtes bretonnes du Nord , il y a trois ans, l’équipage d’Avenir Climatique hisse à nouveau la grand-voile pour un deuxième tour de sensibilisation aux enjeux énergétiques et climatiques ! Pendant 8 jours, tantôt il naviguera, tantôt il proposera à terre des ateliers de réflexion et sensibilisation sur les thèmes du climat, de l’énergie, des mobilités, des nouveaux récits ou des résistances.

Des ateliers sur 3 heures, des stands avec des petits jeux, des ateliers pour enfants ou pour adultes, des bilans carbone sous toutes leurs formes, des fresques de tous types (fresque du climat, fresque des résistances…), des récits de leur voyage, dans des restaurants et bars, éco-lieux, associations locales, sur des bateaux : c’est divers, varié mais toujours proposé avec conviction et joie de partager avec d’autres les sujets qui animent l’équipage… tout ça pour mieux comprendre comment fonctionnent les systèmes dans lesquels nous vivons et passer à l’action pour un monde meilleur ! L’équipage vous attend nombreux.ses, curieux.ses et a hâte de mêler vos récits aux siens !


Le plan de navigation est le suivant :
– Dimanche 17 juillet 2022 : à la Manufacture des tabacs de Morlaix, de 18 h à 20 h.
– Lundi 18  juillet : à la Grange Vadrouille de Plestin-les-Grèves, de 18 h à 21 h.

– Mardi 19 juillet 2022 : au camping du fond de la baie, à Locquirec, de 9 h à 12 h.

– Mercredi 20 juillet : au Café Joa à Trébeurden, à partir de 19h.
– Jeudi 21 juillet 2022 : au club Mickey de Trébeurden, de 10 h à 12 h 30, A l’Ecocentre du Trégor à Pleumeur-Bodou, à partir de 14h.
– Vendredi 22 juillet : au marché nocturne de Plougasnou, à partir de 18 h.

– Samedi 23 juillet 2022 : à la librairie Les Déferlantes à Morlaix, de 16 h 30 à 18 h 30.

https://www.facebook.com/ACcostage-Climatique-105863968840728

https://www.instagram.com/accostageclimatique/

https://avenirclimatique.org/

 

(1) http://www.eco-bretons.info/bella-ciao-and-co-navigation-un-projet-a-la-fois-vert-et-humanitaire/

Crédit Photo : Accostage Climatique.