Sur l’Ile Grande (22), la LPO vole au secours des espèces touchées par la pollution et les tempêtes

Sur l’Ile Grande (22), la LPO vole au secours des espèces touchées par la pollution et les tempêtes
image_pdfimage_print

« Depuis 5 ans, nous recueillons 20 ou 30 oiseaux mazoutés par hiver. En trois semaines, on est déjà à plus du double » déplore Gilles Bentz, responsable de la station ornithologique de l’Ile Grande. Des arrivages fréquents en période de Noël et des tempêtes . Les navires peu scrupuleux profitent de l’agitation des eaux qui dispersent rapidement les traces de pollution pour dégazer. Ainsi, l’avion des douanes a plus de difficultés à les repérer.

 

 

 

«On a eu des hivers catastrophiques mais il faut remonter à une quinzaine d’années pour cela. Depuis 2000, la situation s’est nettement améliorée. Nous récupérions environ 10 fois plus d’oiseaux mazoutés avant l’an 2000 » explique Gilles Bentz. Les raisons ? C’était l’année charnière avec la marée noire de l’Erika suite à laquelle il y a eu une prise de conscience et surtout une volonté politique que cela change. La législation européenne et la surveillance en mer on été renforcées. « Si l’on compare les rapports de pollution officiels avant 2000, il n’y en avait presque pas. Et après, il y en a eu beaucoup plus. C’est l’inverse de ce que l’on constatait tout simplement parce qu’avant, la surveillance était quasi-nulle. Il y a aussi eu des procès avec des condamnations. Avant, il y avait des procès sans condamnation. Désormais, les pollueurs polluent moins chez nous. Mais on ne sait pas ce qu’ils font ailleurs ! » fait savoir Gilles Bentz. Il y a quand même quelques couacs. En 2007, suite à l’échouement du porte-conteneur MSC Napoli sur les côtes anglaises, plus de 400 guillemots mazoutés ont été recueillies sur les côtes bretonnes. « C’était une pollution accidentelle. Notre centre de soin a été créé pour faire face à des pollutions chroniques, mais pas à des marées noires » note le naturaliste.

Premiers pas sur l’herbe fraiche après la période de soins

En marche vers le bassin…

Ces deux Guillemots viennent d’arriver dans la volière. Ils prennent leur marque.

Dans la volière, les baignades un signe de rétablissement

Des Guillemots reprennent des forces dans la volière

La station ornithologique de la LPO sur l’Ille Grande (22)

 

 

En ce jeudi particulièrement venté sur l’Ile Grande, deux macareux et trois guillemots sont prêts à être déposés en volière, dernière étape avant leur remise en liberté. « Un bassin naturel leur permet de reprendre leurs marques. Dès qu’ils se jettent à l’eau, c’est bon signe, cela signifie notamment que leur plumage est de nouveau étanche» explique un bénévole. Katrin, une autre bénévole allemande venue prêter main forte au centre pendant une année, se charge de récupérer des poissons dans le bassin. « Il arrive que les petits poissons avec lesquels nous les nourrissons se retrouvent dans le bassin. Cela graisse l’eau, ce n’est pas bon pour leur pelage. » Quelques minutes plus tard, les bénévoles quittent la volière pour laisser les nouveaux pensionnaires s’habituer au lieu. « D’ici quelques semaines, après s’être assuré qu’ils sont prêts à voler de leurs propres ailes, nous leur rendront leur liberté », se réjouit un bénévole.

 

Comment l’extraction de sable notamment le projet en baie de Lannion peut-il porter préjudice aux différentes espèces d’oiseaux ?

 

Gilles Bentz : On voit deux menaces, pour les oiseaux et la réserve naturelle des Sept Iles, notamment pour les ressources alimentaires car beaucoup d’oiseaux de mer se nourrissent de lançons et cette dune de sable coquiller est le lieu de vie et la nurserie des lançons. C’est un écosystème qui alimente toute une zone de très haute importance pour la biodiversité. Le nuage turbide qui va être soulevé par cette extraction va forcément se déplacer. Les courants qui arrivent dans la baie de Lannion ont tendance a remonter au Nord Est vers la réserve naturelle des Sept Iles. Or, on a déjà constaté que dès le lendemain des campagnes de dragage des coquilles saint-jacques, des dépôts sédimentaires se déposaient sur les fonds rocheux de la réserve naturelle et recouvraient la faune fixée : animaux coloniaux, gorgones, anémones, éponges… qui vivent sur ces fonds et qui en sont la richesse. Une extraction permanente apporterait continuellement des dépôts sur les fonds et anéantirait tout vie. Les conséquences seraient dramatiques car les Sept Iles, tout comme la mer d’Iroise ou les Glénants sont considérés en Bretagne comme des spots de haute diversité marine.

 

Quel regard portez-vous sur les projets de parcs éolien en mer ?

 

Gilles Bentz : Le projet se situe en baie de Saint-Brieuc. Pour les oiseaux, c’est tout proche. Le fou de bassan circule dans un rayon de 100 km, une zone qui inclut ce projet de parc écolien marin. Cela peut être un risque potentiel, sachant qu’il y a très peu de retour d’expérience sur ces champs d’éolien. Les oiseaux ont-ils passer au dessus, en dessous, vont-il savoir les contourner ? On en sait rien. Ceci étant, des études sont menées. Nous avons donné nos avis en signalant quels pouvaient être les risques. On contribue a ce projet et la LPO est favorable aux énergies renouvelables, ce afin de mettre un terme à l’exploitation des ressources fossiles qui posent des problèmes climatiques. Si on ne s’oppose pas aux projets de d’éoliennes, terrestres ou marines, mais on demande le plus d’études possibles pour qu’il y ait le moins d’impact possible sur la faune.

 

 

La réserve naturelle des sept îles et la maison de la réserve. Deux initiatives de la LPO

 

La LPO a créé la réserve naturelle des Sept Iles en 1912, l’année de naissance de l’association. C’est la première action de la LPO pour protéger les spet iles et les Macareux y étaient massacrés. Voilà pourquoi le Macareux est resté l’emblème de la LPO
. En 1984, LPO crée la maison de la réserve avec l’aide du ministère de l’environnement. Celle-ci avait été fortement menacée par les marées noires et certaines colonies d’oiseaux de mer avaient subi des conséquences néfastes suite à ces marée noires. La réserve sert à la fois de maison de la réserve, de base technique pour l’équipe scientifique, de centre d’information pour le public. Et de centre de soin pour les oiseaux mazoutés. L’association départementale de la LPO se situe en Ille et Vilaine son seul centre de soin se situe à l’Ile Grande (22). L‘association volée de piaf à Languidic (56) a également un centre de soin.

Plus d’infos:

http://www.lpo.fr/centres-de-sauvegarde/ile-grande

sept-iles.lpo.fr

http://voleedepiafs.eklablog.com/volee-de-piafs-a64233621

 

Vous avez aimé cet article? Vous pouvez désormais le partager !
Avatar

Estelle Caudal

Défiler vers le haut