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Portrait de femme numéro 12. Maryline Le Goff sème les graines de l’éco-construction et de l’autonomie à Questembert (56)

(Rediff) Rencontre avec Maryline Le Goff, à Questembert dans le Morbihan. Autoconstructrice, Spécialiste de l’éco-construction, elle vit dans un « éco-lieu familial » avec son mari et ses deux filles, qu’elle a créé elle-même, avec jardin vivrier et maison bioclimatique. Elle est également conseillère en éco-habitat et formatrice professionnelle en « bois brûlé », technique très utilisée au Japon pour le bardage des habitations.

Questembert, 7400 habitants dans le Sud Est du Morbihan. C’est dans cette commune, à quelques pas de la Chapelle Sainte-Suzanne, que se sont installés Maryline Le Goff, son compagnon Franck et leurs deux petites filles. Depuis 2014, la famille habite ce que Maryline appelle un « écolieu familial ». « L’idée, c’était de se dire : si tout s’écroule, comment faire pour abriter une famille et la nourrir, avec peu de moyens », explique-t-elle. On y trouve donc une maison bioclimatique économe, en « matériaux bio-sourcés », accompagnée d’un jardin vivrier, « qui nous permet de réduire au maximum nos charges quotidiennes, on est aujourd’hui quasi-autonomes en légumes », souligne Maryline.

Le fruit d’un parcours qui a emmené la jeune femme des études de sociologie à l’éco-construction, et à l’auto-construction. « Après mon bac+6, j’ai travaillé en tant que chargée d’études dans la prospective territoriale, au sein d’une association. C’était un travail de bureau, d’analyse, de communication, de secrétariat », détaille-t-elle. Lorsque son emploi se termine, vient le temps du questionnement. « Je me suis demandée si je voulais continuer dans ce type d’activités ». Ayant pris conscience, de par son activité professionnelle de prospective, des perspectives en terme d’effondrement, de réchauffement climatique, à plus ou moins long terme, Maryline choisit alors de « pouvoir y faire face ».

Avec Franck, ils partent alors tous deux en quête d’un terrain dans le Morbihan, du côté de Theix, siège de l’association où celui-ci travaille alors. C’est à Questembert qu’ils trouveront la perle rare. Maryline y découvre notamment l’association La Marmite, très active dans le développement local, qui va l’épauler dans la « gestion de projets ». Le couple, choisit de vivre dans un mobil-home sur le terrain le temps de construire une maison bioclimatique. Elle sera auto-construite. Maryline se charge alors de la conception, épaulée par des professionnels. Elle part ainsi en stage au sein d’Echopaille, société coopérative spécialisée dans la construction…en paille mais c’est avec Déwi Le Béguec et l’association ECLAT de Nantes qu’elle découvre plusieurs techniques liées à ce type de construction et plus particulièrement une technique adaptée aux auto-constructeurs, avec « de toutes petites sections de bois ». C’est celle-ci qu’elle adoptera pour la construction de la maison, qui fait 99 mètres carrés de surface. « Elle contient pour les fondations 3mètres cubes de béton, tout le reste c’est du bois, de la paille, de la terre, un peu de vitres, un peu de gaines électriques. C’est une maison très économe, qui se chauffe globalement avec le soleil, qui nous fait consommer une stère à une stère et demi de bois par an. », s’enthousiasme-t-elle. Franck l’a rejointe sur la maison après avoir quitté son emploi, et s’occupe désormais du jardin, cultivé notamment grâce à des techniques issues de la permaculture, du maraîchage en sol vivant. «  On fonctionne avec nos deux poules, nos deux canards, notre compost, nos toilettes sèches, on fait nos conserves. On développe tout un savoir aujourd’hui qui nous permet de diminuer nos charges et de vivre finalement confortablement. C’est très rassurant, par rapport à ce qu’on vit actuellement », analyse Maryline, qui avoue néanmoins avoir dû franchir un cap, à savoir changer de niveau de vie. «Ça n’a pas toujours été simple, Ça a été un sacré changement, on a quitté notre vie avec nos deux salaires pour venir s’installer dans un mobil-home ». Le regard des proches a aussi été parfois compliqué à vivre. « Mais maintenant, ils voient que notre modèle marche, et que notre jardin est plein de légumes ! ».

Grâce à toutes les compétences acquises lors de l’élaboration et la mise en œuvre de son projet de maison, Maryline, passionnée par tout ce qui touche à l’habitat, a lancé son entreprise de conseils en éco-habitat. Elle a aussi eu l’occasion de découvrir le bois brûlé, une technique notamment utilisée au Japon pour le bardage des maisons, qu’elle a elle-même utilisée. Incitée par une amie, elle anime alors un premier stage sur le sujet. C’est la révélation. « Je me suis éclatée à faire ça. Alors pourquoi pas d’autres ! ». Elle organise désormais des ateliers-découvertes. « Je vais chez les gens qui ont un projet de bardage bois brûlé, ou alors je les accueille ici par groupe de six ». Certifiée Qualiopi depuis janvier, Maryline reçoit aussi les artisans, architectes ou entreprises voulant se former professionnellement. Les avantages du bois brûlé selon elle ? « Il permet de valoriser un bois qui va être tout simple, par exemple une planche brute. On part d’un matériau peu cher, et on va le traiter pour qu’il dure des décennies, sans entretien. » « On brûle le bois, sans énergie fossile, avec un tout petit brasier. On utilise la force du feu pour le traiter en surface et en profondeur », poursuit la jeune femme ». On obtient ainsi un bois résistant aux insectes, aux champignons, aux assauts de l’eau, du vent, des rayons UV, et qui est durci. Seul l’aspect esthétique peut changer avec le temps. ». C’est ce qu’elle a utilisé pour le bardage de sa maison, qu’elle a réalisé avec l’aide de sa mère. Grâce à son entreprise, ses formations, mais aussi l’association qu’elle est en train de créer, elle souhaite semer à son tour auprès d’autres citoyens et citoyennes les graines d’une plus grande autonomie sur son lieu de vie et dans son quotidien.

Les prochaines dates de ses formations sont à retrouver sur son site internet : https://www.ideedoasis.org/




Portrait de femme n°14. Angélique Rocheteau, les brins et les liens de Penerf

Photo : Sous Un Autre Angle

(Rediff) Rencontre avec Angélique Rocheteau, osiéricultrice et vannière, installée non loin de la rivière de Penerf à Surzur (56), en plein cœur du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan. Elle créé sur-mesure et répare des objets en osier, propose des stages de découverte dans son atelier, et anime des actions dans des écoles. Elle nous raconte son parcours personnel et professionnel, dans lequel la notion de transmission est particulièrement importante.

La bonne humeur, l’enthousiasme, la passion de transmettre, mais aussi la détermination. Voilà ce qui caractérise Angélique Rocheteau. Artisane-vannière mais aussi osiéricultrice, elle s’est lancée en 2017, et s’est installé à Surzur, non loin de la rivière de Penerf, dans un territoire à la riche biodiversité. Un tournant dans son parcours professionnel. « J’ai fait des études de gestion. Mon dernier emploi, c’était au service dépannage d’une société de bâtiment à Vannes !». Pas grand chose à voir avec la plantation de saules et les créations en osier…Et pourtant, l’agriculture fait partie de la vie d’Angélique depuis longtemps. « Mon grand-père était paysan, je m’amusais toute jeune avec des brins d’herbe en mettant la clôture pour les vaches », se souvient-elle. « Mais quand j’étais étudiante, ce n’était pas un secteur qui était valorisé. Mon parcours scolaire a fait que mon installation a été retardée, mais cela m’a permis au final d’acquérir de la maturité pour me lancer plus tard ». La toute récente quadragénaire revendique aussi son « amour de la terre et du végétal » pour expliquer sa transition professionnelle vers la vannerie. « C’était en moi je crois, mais je m’interdisais tout simplement d’y rêver ! ». Alors à côté de son emploi, Angélique se forme, passe des diplômes grâce à la Validation des Acquis de l’Expérience, s’exile temporairement du côté de Nancy pour se former à la vannerie dans la seule école française dédiée. Pas facile quand on est « mariée et maman de trois enfants », souligne-t-elle. Mais elle persévère. Et créé son activité. Aujourd’hui, elle peut vivre de sa passion, même si tout n’a pas été si simple… « Etre vannière, c’est encore connoté. Et puis être une femme, en agriculture, et travailler l’osier, parfois ça fait beaucoup pour certains !Sur certains comportements ou réflexions, notamment dans les réseaux, on a encore des marges de progression ! », affirme-t-elle.

Si son parcours a été plus long que d’autres, cela lui été particulièrement utile pour réfléchir à son projet : l’acquisition et l’installation sur des terres agricoles humides, en plein cœur du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan. Des terrains « qui n’étaient pas même cultivés en agriculture traditionnelle », et sur lesquels elle a pu planter 2500 pieds de saule. « C’est un endroit propice pour la culture de cet arbre, car il n’y a pas besoin d’arroser ici », précise-t-elle. D’autres pieds se développent aussi au camping de la Fontaine du Hallate, à Plougoumelen, où le propriétaire pratique entre autre la phytoextraction, c’est-à-dire l’assainissement des eaux à l’aide de plantes. « L’oseraie, c’est une culture de saule, qui est coupée tous les ans, généralement entre novembre et mars, quand la sève est descendue. C’est à ce moment que le saule devient osier. On sèche ensuite le saule, on le calibre et on le stocke », détaille Angélique.

Dans son atelier en bois, qu’elle a construit l’année dernière, l’osiéricultrice et vannière réalise des créations sur-mesure, et répare des objets en osier que les particuliers peuvent lui apporter. Angélique anime aussi des stages, à destination des adultes et des enfants. Et intervient pour des actions pédagogiques dans des écoles. Des moments qui sont très importants pour elle. « Transmettre, je crois que c’est ça qui m’anime », souligne-t-elle. Une volonté qu’elle attribue à sa rencontre, alors adolescente, avec Michel Le Corno, directeur du lycée Saint-Paul à Vannes, où elle était élève. « J’étais obligée de travailler en parallèle de mes études, j’étais dans une situation vraiment atypique. Et il a toujours été bienveillant avec moi. Ça a changé ma vie », avoue-t-elle.

La transmission, pour Angélique, c’est aussi faire passer des messages sur l’écologie, notamment aux plus petits. « C’est important aussi d’éduquer les enfants. On n’a pas tous la même chance à la naissance, et reconnecter les enfants à la nature grâce à l’école, c’est super. On a aussi ce travail d’éducateur, en collaboration avec les communes et les équipes enseignantes. On travaille plein de valeurs dans ces ateliers ! ». Mais la vannière ne veut pas pour autant être « donneuse de leçons ». «Le but, c’est de trouver chacun à notre niveau des solutions pérennes. Je sensibilise les gens, par exemple au rotin, qui vient de très loin, pour qu’ils puissent faire des choix ». « Il va falloir se secouer et trouver tous des solutions, mais sans opposer les gens. C’est comme ça que pour moi on arrivera à faire bouger les lignes. », ajoute-t-elle.

A son niveau, Angélique Rocheteau essaie de « faire sa part ». Des panneaux photovoltaïques vont bientôt être installés sur son atelier, afin d’être autonome en électricité. Elle utilise des toilettes sèches. Et fait attention à l’utilisation des ressources et la production de déchets dans le cadre de son activité. « Je suis labellisée « Green Morbihan » », explique-t-elle. « Pour l’obtenir, il faut répondre à 64 critères très précis, notamment sur l’eau et l’électricité ». Une démarche logique, quand on est situé dans une zone à la biodiversité remarquable, et qui permet à Angélique, grâce à son « double-métier », d’atteindre l’équilibre parfait, à savoir le lien avec la terre qu’elle travaille et qu’elle aime tant, mais aussi le lien avec les autres. De quoi, pourquoi pas, rebaptiser son activité « Les liens et les brins de Penerf » !




A Brest, Locamusics Records veut faire entendre la voix des femmes dans le rap

A Brest, Lætitia Dagorn, alias Letyss, veut casser l’image de la femme stéréotypée véhiculée par le rap. Avec son projet Locamusics Records, accompagné par l’incubateur du Tag29, elle veut leur donner la possibilité de prendre la parole et leur place et milite pour que cette musique, la plus écoutée actuellement, soit plus inclusive et éthique.

Mettre en avant les femmes et casser l’image qu’en renvoie le milieu du rap, voilà ce qui anime Lætitia Dagorn et son projet Locamusics Records. La trentenaire brestoise, rappeuse sous le nom de Letyss et animatrice culturelle, baigne dans ce milieu depuis ses 19 ans. « Quand j’ai commencé, le rap était encore une musique militante, qui revendiquait l’égalité pour tous et toutes », explique-t-elle. « Mais au fil des années, j’ai l’impression que la situation s’est dégradée. On le voit notamment via les clips ». Durant le confinement, elle décide alors de lancer un sondage en ligne, afin de permettre aux femmes du milieu du rap, et plus largement de la musique, de s’exprimer. « Dans les réponses, elles expliquaient qu’elles ne se retrouvaient pas dans l’industrie musicale du rap », analyse-t-elle. Elle décide alors de créer un accompagnement spécifique, un « bootscamp », baptisé « Women want to be heard ». Sept femmes de 18 à 44 ans vont y participer, et suivre des ateliers, en non-mixité et toutes ensemble. Certaines d’entre elles ont par ailleurs participé au tremplin national« Rappeuz » lors d’une étape de sélection qui s’est déroulée à Brest. « Il y a énormément de femmes talentueuses, mais elles n’osent pas assez et se brident », estime Lætitia. « L’idée, c’est d’être un signal pour toutes les autres, de donner une place à la femme dans sa diversité, et aussi de changer les propos tenus dans le milieu du rap ». On pourra entendre prochainement les participantes sur un titre qu’elles ont enregistré avec la Carène, la salle de musique actuelles de Brest.

 

Les participantes aux ateliers

 

Militer, faire évoluer les mentalités, se battre contre les injustices, c’est aussi ce que veut faire Lætitia à travers son projet, qui est par ailleurs accompagné par l’incubateur du Tag29. Un dispositif qui a permis à la jeune femme de se créer un réseau et de « bénéficier de la force du collectif ». « On est beaucoup à vouloir un monde différent, on est en train de concrétiser nos idées pour cela, et c’est beau ». De quoi lui donner de l’espoir pour le futur, et aussi pour le rap. « La génération qui arrive sera davantage dans la mixité. Et il y aura une nouvelle vague venue des femmes, j’en suis persuadée ! ».

 

Plus d’infos

https://locamusicsrecords.com/

 

 


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Une laverie itinérante de verre bientôt sur les routes du centre Bretagne

Magdalène Jean, de Plumelin (56), veut remettre la consigne de verre au goût du jour en proposant la première laverie-itinérante de Bretagne. Baptisée La Laveuse Trotteuse, elle espère proposer ses services aux producteurs et productrices locaux dans un rayon de 60 kilomètres autour de chez elle, et ainsi créer un réseau, à partir de ce printemps.

La consigne, les plus ancien.nes d’entre nous s’en souviennent. Il s’agissait de payer une petite somme d’argent en plus sur son achat de contenant en verre, qu’on récupérait lorsqu’on ramenait la bouteille ou le bocal. Tombée en désuétude au fil des années au profit du plastique jetable et du recyclage du verre, la consigne commence à faire son retour. Des sociétés comme Bout’A’Bout, dans les Pays de Loire, ou Distro, en Bretagne, développe des solutions, le plus souvent à grande échelle. Pour des volumes plus petits, Magdalène Jean, basée à Plumelin dans le centre Morbihan, a eu une idée : créer une laverie-ambulante qui peut se déplacer directement chez les producteurs locaux. Baptisé « La Laveuse Trotteuse », son projet est né il y a quelques années au détour d’une discussion avec un ami brasseur. « Il m’expliquait qu’il y avait de la demande, mais qu’il n’y avait pas de solutions. On a évoqué alors une laverie ambulante », explique Magdalène. L’ancienne étudiante en BTS GPN (Gestion et Protection de la Nature) du lycée de Suscinio à Morlaix laisse d’abord l’idée en « stand-by », avant d’y repenser plus sérieusement il y a un an et demi.

Concrètement, le camion de La Laveuse Trotteuse agira dans un rayon de 60 kilomètres autour de Plumelin, pour aller directement chez les producteurs qui en feront la demande, « avec une capacité de lavage de 1000 contenants par jour », précise Magdalène. Place aux bouteilles d’un litre ou de 75cl dans un premier temps, avant de s’ouvrir progressivement également aux bocaux. Un service itinérant encore inédit en Bretagne, et qui pourra concerner les brasseurs, les producteurs de jus de pommes, de cidre, de confitures, les maraichers qui transforment leur production, ou encore les apiculteurs. « Je vais travailler en lien avec Distro, mais en intervenant sur une échelle plus petite et très locale. On sera sur des cibles différentes », souligne la jeune entrepreneuse.

Suivie par la Chambre des Métiers, elle a lancé une cagnotte sur le site Leetchi, afin de récolter des fonds lui permettant de débloquer un prêt bancaire. Magdalène organise également des évènements, pour faire connaître son projet, mais aussi pour « créer du lien ». « Au delà de laver le verre et le réutiliser, l’ambition de La Laveuse Trotteuse, c’est aussi de constituer un réseau avec les producteurs, pour pourquoi pas mutualiser des contenants. Faire aussi que les citoyen.ne.s se rencontrent, et aient un moment de partage ! On en a tous et toutes besoin », conclut la jeune morbihannaise.

 

Pour aider Magdalène dans son projet La Laveuse Trotteuse, rendez-vous sur https://www.leetchi.com/c/lalaveusetrotteuse




Portrait de femme N°15. Maurèen Poignonec, le crayon en action

C’est sur l’île de Groix que nous partons à la rencontre de Maurèen Poignonec, illustratrice jeunesse récemment installée en région rennaise et dont la sensibilité artistique se conjugue avec son engagement de militante pour les causes environnementales et sociales .

Crédit photo : Basile Mesré-Barjon

Originaire du Finistère par son père, la Bretagne a toujours été un endroit lui apportant une respiration, une énergie nourrissant sa pratique du dessin et où elle a choisi de s’établir. Comme tous les enfants, elle a toujours dessiné mais « fait partie de ceux qui n’ont jamais arrêté ! ». Encouragée par ses professeurs, elle a poursuivi un parcours de bac L option arts plastiques puis a intégré les ateliers des Beaux Arts de la ville de Paris et y a choisi des ateliers axés sur le dessin et la narration. Un passage furtif par les Beaux Arts de Versailles et les Arts Déco de Strasbourg lui a confirmé que l’enseignement académique ne lui convenait pas. Maurèen nous confie d’ailleurs qu’elle n’aime pas être contrainte et que le choix de l’illustration jeunesse lui offre cette liberté d’imagination tellement chérie…, elle peut dessiner un éléphant énorme, plus haut qu’une maison , sans que cela soit jugé comme incorrect !
Particulièrement sensible au vivant, très proche du monde de l’enfance, elle dessine énormément d’animaux et son univers est rempli de sensibilité, de douceur et de petits détails humoristiques qui la caractérisent si bien !

C’est en 2015 qu’une info, donnée par une ses amies sur la féminisation des poissons dues aux pilules contraceptives, l’a emmenée à une prise de conscience accrue des problématiques environnementales. « Au départ, c’était juste une indignation personnelle… je me suis mise à faire des recherches sur les liens entre nos consommations et les impacts environnements et sociaux… ».Et là, tout s’enchaîne et fait sens pour elle. Le documentaire « The true cost », qui explique l’impact de la mode à petit prix, a été un choc. Une fois informée, c’était difficile de revenir en arrière… Elle était déjà végétarienne mais a commencé par faire encore plus attention à sa consommation, à ses déchets… des petits gestes qui en ont entraîné d’autres et notamment une envie forte de collectif.

C’est en Bretagne, au Quillio, que Maurèen a participé au rassemblement CollapsHill en 2020 avec des intervenant.e.s comme Laure Noualhat, journaliste environnement, autrice engagée, Vincent Mignerot, essayiste ou encore Anne-Laure Nicolas de l’éco- domaine du Bois du Barde, lieu important en Bretagne pour imaginer une autre façon de vivre plus respectueuse du vivant dans toutes ses dimensions. De retour en région parisienne où elle vit à l’époque, elle participe au camp climat d’Alternatiba Paris. Et elle ressent un énorme coup de coeur pour le mouvement, pour son fonctionnement bienveillant, pour ses luttes sur le terrain mais également pour la possibilité offerte d’imaginer des alternatives désirables à notre mode de vie actuel. Elle participe avec eux à des actions comme celle de l’envahissement du tarmac de l’aéroport Roissy- Charles de Gaulle contre l’extension du terminal T4 ou encore récemment, au blocage de l’AG des actionnaires de Total, en assumant les risques juridiques inhérents aux mouvements de désobéissance civile. Elle nous raconte avec amusement son interpellation par la police sur le tarmac où elle a suivi très gentiment, évidement sans violence, le policier pour sa garde à vue. Portée par le collectif, pour
Maurèen, « cela ne fait pas peur de faire quelque chose qui est profondément légitime.Je ne vais rien faire de mal, on fait tout cela pour demain, pour l’avenir de tous et toutes… ». L’engagement militant lui apporte une grande confiance en elle.
Elle a en toute cohérence arrêté de prendre l’avion et a dessiné une petite BD sur Instagram qui s’intitule « Diaboliser l’avion avec délicatesse pour profiter longtemps de notre planète ». Une petite série de dessins pour se questionner, non pas directement sur le climat, mais sur son propre rapport aux voyages, comment elle- même a réussi à le déconstruire et à communiquer dessus sans culpabilisation et avec humour.

 

Maurèen Poignonec évoque la façon dont ses engagements personnels ont pu rentrer en résonance avec son métier d’illustratrice. Elle en a pris conscience il y a deux ans, en travaillant avec le collectif « La rue est à nous » qui fait partie d’Alternatiba. « Je me suis rendu compte que les univers que je dessinais, n’étaient pas du tout ceux que je côtoyais au quotidien. Je ne dessine pas d’univers pollués… je dessine littéralement et inconsciemment un monde que j’ai envie de voir. Parfois, j’ai dessiné des voitures mais c’était écrit, sinon je n’en dessine pas naturellement ! ». Elle adore participer à des projets où elle sait qu’elle pourra dessiner des forêts avec des arbres énormes, dans lesquels elle pourra s’amuser à y cacher pleins de petits animaux, et quand ses projets éditoriaux inclus des villes, elle y rajoute des arceaux à vélo devant chaque maison et des pistes cyclables dès qu’elle le peut ! C’est très important de montrer à voir autre chose aux enfants, « l’imaginaire est fondamental pour penser, rêver le monde de demain », phrase qu’elle emprunte à Rob Hopkins, initiateur des villes en transition et militant environnementaliste britannique. Pour réaliser un futur désirable, il faut pouvoir se l’imaginer et ce changement de paradigme peut tout à fait passer par la littérature jeunesse et par l’art en général, par la liberté de penser qu’ils nous offrent…

En 2021 est paru un livre qui lui tient particulièrement à coeur. « Dix idées reçues sur le climat » .Myriam Dahman, experte climat à l’AFD (Agence Française de Développement) et également autrice jeunesse, sa collègue Charlotte-Fleur Cristofari, experte en politique climat- énergie et Maurèen ont réalisé ensemble cet ouvrage. Ce n’était pas une commande d’éditeur mais un vrai désir de personnes engagées. C’est Glénat, un des éditeurs de Maurèen, qui a répondu favorablement au projet des trois jeunes femmes. Elles ont voulu un livre pour les 12-25 ans qui traite le sujet du climat en faisant à la fois de la vulgarisation scientifique et en donnant des idées d’actions pour agir. Le livre souhaite apporter un double message : d’espoir d’abord, car il n’est jamais trop tard pour agir ; et puis de mobilisation : chacun doit faire sa part. Les dix idées reçues choisies ne l’ont pas été au hasard mais s’inspirent des discours qui retardent l’action climatique. Elles ont été présentées dans un papier de recherche de l’Université de Cambridge en 2020. On peut en citer deux en exemple : « 2 degrés, ça ne change rien » ou encore « c’est triste pour les ours polaires mais ça ne change rien à nos vies ».
Les autrices et illustratrice ont particulièrement fait attention au côté émotionnel, l’impact psychologique n’est pas nié sur des sujets pouvant être graves. L’humour des dessins, la bienveillance et les propositions d’actions montrent que, même si l’état d’urgence climatique est là, la solidarité et l’entraide sont présentes et essentielles. Pour Maurèen, le rôle de l’illustration est justement d’emmener de la légèreté et de l’impertinence au livre.

 

Pour Eco-bretons, Maurèen évoque ce à quoi la notion de transition lui fait penser : « C’est quelque chose que je vois comme nécessairement collectif…la transition ne se fera que lorsque nous serons nombreux et nombreuses à penser à des alternatives… »
Et on ne peut que conseiller les livres de Maurèen Poignonec pour cela ! Ils sont remplis d’attention au vivant, de drôleries, de luttes contre les stéréotypes, de féminisme etc… Pari réussi, on a envie d’y vivre ! Et qui sait si un jour, elle n’alliera pas ses dessins avec sa plume qui est également fort sensible ?
Nous quittons cette jeune femme, venue à vélo de Paris à Groix ( petit passage en train et bateau bien sûr ), impressionnés par le talent, la détermination , la cohérence et la douceur de cette illustratrice à suivre sans hésitation !

 

Pour découvrir le blog de Maurèen : https://poignonecmaureen.blogspot.com/

 


Chronique de lecteur :  » la petite fille jaune tournesol « 

 

 

 » la petite fille jaune tournesol  » est un livre à double lecture.

L’enfant y découvre un monde coloré, poétique et intense. C’est une ode à la vie, au vivant. Le beau y est omniprésent, et la qualité des dessins amène un rendu féérique.

Pour l’adulte, nul jugement, ni morale, juste un questionnement subtilement distillé au fil des pages au travers de cette enfant débordante de vie face à ces gens ternis, de leur uniformité écrasante et de leur flamme éteinte.

Le gris est la couleur d’un ciel qui gronde, d’un avant-orage, d’un soleil caché, d’une flopée de nuages … et de tout plein de choses, mais le gris est aussi transitionnel.
Il ne reste pas, il peut être coloré, comme il peut en tomber de la pluie. Il peut laisser place au beau temps, comme à l’orage.

S’il ne devait me rester qu’un sentiment à la fin de cette lecture, ce serait celui d’une envie de coloriser le monde.

 




A Pontivy (56), un tiers-lieu fait son nid dans les anciennes halles

A Pontivy (56), dans les anciennes halles réhabilitées par la Ville, un tiers-lieu, porté par Julie Gacquière, va voir le jour en juin 2023. Ouvert à tous et à toutes, il comprendra un café-cantine, et mettra en avant les transitions écologiques, sociétales, et sociales.

Un « troisième endroit » qui n’est ni la maison, si là où on travaille. Voilà comment on peut définir ce qu’est un « tiers-lieu ». En Bretagne, on en trouve désormais un peu partout, aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale. Certains existent depuis un moment déjà, comme par exemple Maison Glaz à Gâvres (56), l’Effet Papillon à Baud (56), la Canopée à Janzé (35), l’Hôtel Pasteur à Rennes (35)…et d’autres sont sur le point de voir le jour, comme à Concarneau (29) ou encore à Pontivy (56), où le Tiers-Lieu des Halles devrait ouvrir ses portes en juin 2023. Le projet est mené par Julie Gacquière, qui a répondu à un Appel à Manifestation d’Intérêt (Ami) lancé par la Ville « pour l’occupation du rez-de-chaussée et du premier niveau du bâtiment des Halles, qu’elle a réhabilité ».

Le projet de tiers-lieu de Julie, qui y réfléchissait « depuis un retour de voyage il y a 20 ans », a été retenu, et une convention signée avec l’association qui a été créée.

Le futur tiers-lieu, véritable « lieu de vie et de transition sociétale, environnementale, sociale » comme le définit Julie, a pour objectif « d’être ouvert à tous et à toutes », avec des « espaces modulaires ». « On pourra y trouver des ateliers, participer à des débats, des temps d’échanges. Ce sera un lieu citoyen, qui pourra favoriser la coopération, le tout sur 170 m2 ». Une offre culturelle est également prévue, ainsi qu’un café-cantine, qui a pour ambition de promouvoir une alimentation durable et locale. « Des maraichers et des boulangers pourront venir vendre leurs produits sur place », indique Julie, particulièrement attachée à la notion de circuit court et à la collaboration sur le territoire, comme par exemple avec l’Adess du Centre-Morbihan, l’épicerie participative « La Châtaigne » qui vient d’ouvrir sur Pontivy, les commerçants locaux…

Une quinzaine de bénévoles se sont d’ores et déjà fédérés autour du projet, et vont travailler notamment à l’aménagement du lieu. Début 2023, un financement participatif sera lancé, afin d’aider à la création d’un poste à temps partiel la coordination des différentes activités au sein du tiers-lieu. En attendant, on pourra retrouver Julie et les membres de l’association sur le marché de Noël de Pontivy, les 16, 17 et 18 décembre, avec un stand et des ateliers pour préparer et passer un Noël zéro déchet !

 

Plus d’infos : https://www.facebook.com/Cantinedeshalles

http://www.cantinedeshalles.org/