Du 6 au 22 septembre, Philomène Le Lay, éco-aventurière et artiste itinérante, a parcouru les routes d’Ille-et-Vilaine, de la Loire-Atlantique et du Morbihan, à vélo, accompagnée par Gemma Anglesio. Un tour de Bretagne de 520 kilomètres entrecoupé d’escales dans les écoles pour des ateliers pédagogiques et ludiques de sensibilisation autour de l’arbre et la forêt, et qui s’est terminé par une opération de plantation. Rencontre avec les deux jeunes femmes engagées, et avec Charlie, éco-aventurier lui aussi, qui les a rejoint sur la dernière étape de la tournée, au Faouët (56).
Le rendez-vous est donné ce vendredi après-midi, à l’école primaire Notre-Dame du Sacré Coeur, dans le bourg du Faouët. Située au Nord de Lorient, sur la route qui mène à Carhaix puis Roscoff, la commune est connue pour ses deux chapelles et ses magnifiques halles. Et le cadre sauvage qui l’entoure, notamment la Forêt de Pontcalleck et la Vallée du Scorff.
C’est bientôt l’heure de la sortie des classes. Quelques parents attendent déjà leurs enfants près de l’entrée. A l’intérieur, l’ambiance est calme. Mais méfions-nous des apparences… Au fond d’un couloir, une porte s’ouvre sur une petite salle où l’ambiance est à la bonne humeur. Des élèves de CM1 sont en train de peindre sur une grande toile tendue sur un mur. Une fresque est ainsi en train de prendre vie. On peut y voir un bel écureuil, un chêne, un geai, quelques glands, l’esquisse d’un sanglier… Le résultat d’ateliers à la fois pédagogiques et ludiques animés par Philomène Le Lay, accompagnée de Gemma et Charlie. « On essaie de les faire parler des arbres, de ce qu’ils connaissent sur le sujet », glisse Philomène. C’est autour de ceux-ci que la jeune femme a choisi d’axer son nouveau périple en vélo à travers la Bretagne, et baptisé « (Re)Tour vert le vivant », soutenu par la Fondation de la Mer. Parties de Beignon, non loin de la forêt de Brocéliande, Philomène et Gemma ont ainsi parcouru l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et le Morbihan, à la force des mollets. Le soir venait le temps des bivouacs, ou des nuits chez l’habitant. Une manière d’être « en immersion dans la nature », et de laisser place à l’imprévu. Un tour qui a été ponctué d’escales dans des écoles, afin de sensibiliser les élèves à l’importance des arbres, des forêts, et de leur protection. « Les enfants ont un attrait très naturel pour tout cela, et il faut le cultiver », souligne Philomène.
Celle qui se définit comme « éco-aventurière » a une formation d’artiste, et a voulu mêler ses compétences à sa passion pour le vélo. Une passion qui n’a pourtant pas été évidente. « Quand j’étais petite, mon père me faisait faire beaucoup de vélo. J’étais asthmatique alors c’était très difficile, j’ai complètement arrêté. Par contre, j’ai toujours eu envie de découvrir le monde », se remémore-t-elle. Fascinée par l’Amérique Latine et l’Amazonie, elle rêve d’y partir, sac au dos, comme dans une histoire qu’elle lisait étant petite. Son frère la persuade alors de se remettre à la bicyclette. Les voilà donc partis une semaine en France à vélo, puis un mois au Canada. Le déclic pour Philomène, qui devient « complètement mordue ». Elle part alors au total un an et demi en Amérique Latine, en Océanie (Nouvelle-Zélande, Australie, Tasmanie) en 2021, et en Asie du Sud-Est en 2023. A chaque fois elle sillonne les différents pays à vélo. « Maintenant, j’ai beaucoup de mal à me déplacer autrement », affirme-t-elle ! Tout ce que j’ai pu voir dans la nature, les animaux, en France ou ailleurs, c’est grâce à la lenteur, au calme et au silence procuré par le vélo ».
De ses odyssées en deux roues sont nés trois livres : le premier en solo, sur l’Amérique Latine, le second en duo avec son frère, sur leur voyage en Océanie, et le troisième, toujours à deux, sur l’Asie du Sud-Est.
Philomène a aussi rejoint le collectif Projet Azur en 2021, une association majoritairement féminine créée en 2020 qui organise des éco-aventures sur différents territoires, en mobilité douce, sur plusieurs semaines ou mois, avec un objectif de sensibilisation. Elle a ainsi descendu le cours de la Loire en 2022, à la nage et en vélo, pour alerter sur la protection de la biodiversité.
« Un beau challenge »
L’éco-aventurière a réussi à embarquer Gemma dans son aventure bretonne à la rencontre des plus jeunes. Pas spécialement adepte du vélo, la jeune femme, en service civique, a eu l’occasion de faire se rencontrer sa passion pour la photo et la vidéo, la découverte de l’animation, et sa sensibilité au vivant. « C’était un beau challenge, je suis très contente de l’avoir fait », raconte-elle.
Charlie, qui a participé à cette dernière étape, est lui plus aguerri. C’est durant le premier confinement qu’il a pris conscience « de ce à quoi pourrait ressembler le monde si on continuait à vivre dans cette surconsommation totale ». A l’époque étudiant en ingénierie aéronautique, il regarde des vidéos sur la permaculture, la vie en yourte… et les voyages en vélo, qui provoquent chez lui une remise en question. « Surtout sur mon futur métier et sur l’utilisation de l’avion qui contribue au réchauffement climatique ». Il décide alors de partir six mois en vélo pour un premier tour de France en solitaire, et découvre par la suite « la famille des éco-aventuriers français ». Depuis, il part tous les étés sur les routes, et désire dorénavant se reconvertir en professeur. « Aller sensibiliser dans les écoles, c’est une bonne expérience », estime-t-il. « Ce que j’aime, c’est le fait de voyager, et de parler aux jeunes de valeurs qui me sont chères, comme par exemple la sobriété heureuse ou l’importance de la biodiversité ». Et ainsi planter une petite graine auprès des enfants, qui portera sûrement ses fruits dans le futur.
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