Sur l’île de Batz, des volontaires en service civique plongent dans l’engagement et la presse qui va avec !

Sur l’île de Batz, des volontaires en service civique plongent dans l’engagement et la presse qui va avec !
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Le Résam/réseau d’échanges, de services aux associations du Pays de Morlaix, organise depuis plusieurs années des formations, menées avec des partenaires associatifs à l’attention des volontaires en service civique. Ainsi, pour la quatrième année consécutive, Eco-Bretons a co-animé avec le Résam, une formation dédiée à l’engagement et à la vie associative de façon générale, avec une focale sur l’information engagée et ses supports médiatiques. En utilisant des outils de l’éducation populaire qui continuent de faire leur preuve pour favoriser l’interconnaissance de façon dynamique et un esprit collectif joyeux.

Le service civique est un dispositif d’encouragement à l’engagement de citoyenneté et de soutien public, mis en place en 2010, à destination des jeunes personnes, entre 16 et 25 ans – et jusqu’à 30 ans – qui souhaitent s’impliquer dans des domaines liés à la solidarité, la santé, l’environnement, l’éducation pour toutes et tous.

Dans le cadre de leur mission, effectuée principalement dans le secteur associatif, mais aussi dans des collectivités territoriales ou encore des structures telles que des Ehpad, les volontaires bénéficient de formations choisies parmi celles qui leur sont proposées.

Durant deux jours passés en avril dernier à l’auberge de jeunesse de l’île de Batz, 18 volontaires effectuant leur service civique en Bretagne, dans des structures associatives de solidarité, d’écologie, de spectacles vivants, de radio, ou bien dans des médiathèques, missions locales, Ehpad ou encore pour des communes et intercommunalités, ont ainsi pu se questionner, tant individuellement que collectivement sur les ressorts de leur(s) engagement(s), la façon dont cela se concrétise et s’alimente, notamment par l’information.

S’engager, dans les associations, mais pas que…


Rien de tel, pour favoriser une expression libre créative sur un vaste sujet les concernant, que de déposer sur une longue tablée, de grandes feuilles vierges sur lesquelles les volontaires étaient invité.es à s’exprimer en couleurs par écrit – et sans mots dire – sur  l’engagement des jeunes ! Autour de trois propositions : Les jeunes d’aujourd’hui s’engagent moins ; moins de loisirs et plus d’actions bénévoles ? Je m’engage pour moi-même. Lucidité, humour et profondeur de réflexion furent au rendez-vous !

Il est avéré que l’engagement des jeunes prend d’autres voies que les formes traditionnelles (lire à ce sujet : https://www.jean-jaures.org/publication/les-jeunes-et-lengagement-entre-mutations-freins-et-resilience/ et https://www.probonolab.org/fr/articles/synthese-2023-les-jeunes-et-lengagement), avec évidemment l’usage incontournable des réseaux sociaux qui a profondément modifié les rapports à l’information. Cela se traduit aussi par une quête de sens et de valeurs qui doit désormais s’incarner dans les activités professionnelles exercées.

Pour autant, leur implication en association apparaît croissante – mais sans doute plus volatile -puisque « 46% d’entre elles et eux déclarent avoir fait partie ou participé à au moins une activité d’une associations sportive, culturelle ou encore politique en 2023, contre 43% en 2021 ou 42% en 2020 » (étude pronolab.org).

L’occasion pour Andrea Lauro, animateur chargé des formations au Centre de Ressources du Résam, d’amener les volontaires à mieux connaître les associations : leurs aspects innovants en matière de gouvernance, les différences entre un collectif et une association, etc., grâce à un quizz.

S’informer, quelle « Médiaventure » !

Difficile de ne pas en avoir conscience : s’informer aujourd’hui relève d’un parcours de combattant.e ! Entre flux incessants captant l’attention et provoquant de la fatigue informationnelle, contenus bourrés d’infox que l’on ne prend pas toujours le temps de vérifier ou que l’on ne sait pas décrypter, quand ils ne sont pas de nature à provoquer une forte anxiété. Plus que jamais, mieux s’informer est devenu un enjeu crucial dans un monde dont un futur vivable est présenté comme de plus en plus incertain.Face à ces enjeux, l’équipe d’Eco-Bretons leur a présenté sa ligne éditoriale qui entend offror à ses lectrices et lecteurs une information fiable et positive, montrant l’engagement de nombreuses personnes de la société civile dans des initiatives et actions en faveur d’une transition écologique et solidaire dans notre région. Notre webmédia associatif est ainsi reconnu comme partie prenante d’une « presse pas pareille », que le journal l’Age de Faire a cartographié : https://lagedefaire-lejournal.fr/carte-de-la-presse-pas-pareille/. Autrement dit, une presse engagée sur la base de valeurs partagées autour des solidarités, de l’écologie, de l’économie au service de l’humain et non le contraire, n’hésitant pas lorsqu’elle l’estime nécessaire, à user de sa liberté d’expression pour dénoncer, égratigner, rétablir des faits.

Permaculture informationnelle et arpentage du paysage médiatique

Avant de mettre un pied dans cette presse engagée, il s’agissait déjà de permettre aux volontaires d’examiner leurs rapports à l’information, à ses supports, à ceux et celles qui la produisent. Pour cela, notre binôme de formation – constitué par la journaliste Marie-Emmanuelle Grignon et la plume citoyenne bénévole Laurence Ariouat Mermet – s’est appuyé sur l’excellent kit pédagogique Médiaventure, créé par la journaliste et auteure indépendante Anne-Sophie Novel et la graphiste Natacha Bigan, qui s’accompagne d’un nourrissant petit livre « Mieux s’informer – Je passe à l’acte » (Actes Sud) à la lecture hautement recommandable (https://www.actes-sud.fr/catalogue/sciences-humaines-et-sociales-sciences/mieux-sinformer).

Dans cet ouvrage, Anne-Sophie Novel file très pertinemment la métaphore avec notre régime alimentaire : « L’information est à l’esprit ce que la nourriture est au corps : ses conséquences sur nos émotions, nos pensées, nos actions et nos comportements sont peut-être moins visibles, mais pas moins puissantes. Pour amorcer avec efficacité un changement de régime informationnel, je vous invite à visualiser notre rapport à l’information : oui ; il y a des junk news comme il y a de la junk food, tout comme il y a des aliments sains, frelatés, bios ou génétiquement modifiés ! ».

Au menu de ce copieux buffet proposé par Médiaventure, nous avons déposé sur le plateau-repas collectif, en mode interactif, des entrées en matière, plats de résistance et autres desserts suivants, toujours solides, mais jamais indigestes :

Des médias engagés, participatifs, indépendants : C’est quoi ? Pourquoi ?

Un dernier exercice, effectué par équipe de deux volontaires, leur a permis de découvrir pour certains, et d’explorer notre sélection de quelques supports de presse indépendante/engagée (Silence, L’Age de Faire, Esprit Autonome, la Gazette des Monts d’Arrée, Politis, la Décroissance, Fakir, Alternatives économiques), puis d’en cerner les lignes éditoriales et de restituer les fruits de leurs investigations. Un exercice suivi d’échanges autour de cette presse indépendante, libre, engagée… et donc fragile !

De supports qu’elles et ils retrouvaient pour la plupart, sur la version papier de la très belle et imposante « carte (très) subjective du paysage médiatique français ». L’équipe qui l’a conçue la met en ligne « maintenant librement, car elle fait pour nous partie d’un commun qu’il est possible d’utiliser et de diffuser largement à sa guise : https://lesmediaslemondeetmoi.com/la-carte-tres-subjective-du-paysage-mediatique-francais/. »

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Laurence Ariouat Mermet