Marguerite & Cie, engagée pour « changer les règles »

Marguerite & Cie, engagée pour « changer les règles »
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Des distributeurs de protections menstruelles respectueuses de l’environnement et de la santé, accessibles gratuitement dans des lieux publics, entreprises, et établissements d’enseignement. C’est ce que propose Gaële Le Noane avec « Marguerite & Cie ». L’entreprise, basée à Plobannalec-Lesconil dans le Finistère, labellisée Esus, veut aussi plus largement « lutter contre les inégalités en levant le tabou des règles », et proposer des solutions contre la précarité menstruelle.

 

L’histoire de Marguerite & Cie commence avec une colère. Celle de Gaële le Noane, la fondatrice de l’entreprise. En 2017, alors encore orthophoniste spécialisée en cancérologie, elle découvre l’étude de la Direction Générale de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCRF) sur la composition très chimique des protections menstruelles, serviettes et tampons : perturbateurs endocriniens, plastique responsable de la pollution marine, dioxine et pesticides au menu. «Ca m’a révoltée ! Je ne m’étais jamais penchée sur le sujet, alors que pour l’alimentation par exemple, j’étais passée au bio », retrace la finistérienne. Elle commence alors à chercher d’autres produits plus respectueux de l’environnement et de la santé, qui sont notamment vendus en Biocoop, et tombe sur la marque certifiée Natracare. « Mais, aller en Bicooop, ce n’est pas simple pour tout le monde », fait-elle remarquer. C’est l’occasion pour Gaële de repenser à une remarque qu’elle s’était faite en 2012, concernant les « Box » auxquelles on pouvait s’abonner pour recevoir mensuellement des produits à domicile. « On y trouvait bien des rasoirs, du thé…mais pourquoi pas des protections menstruelles ? ». Dès 2017, elle décide alors de lancer son propre projet de box. « Je ne m’en rendais pas compte de l’ampleur de la tâche! », sourit-elle. « Il a fallu trouver un fournisseur, et Natracare a accepté. C’était une première victoire ! » Ensuite, restait le packaging, et le nom. Ce sera « Marguerite & Cie », en hommage « aux grandes autrices françaises, notamment Yourcenar et Duras, et aussi à Marguerite Durand, une suffragette féministe au parcours incroyable ».

Un brevet déposé en 2019

Dès le 1er janvier 2018, Gaële Le Noane se lance seule dans l’entrepreneuriat, avec la première box menstruelle française, « 100% bio et solidaire ». En effet, pour une boite vendue, une autre était offerte à l’association « Agir pour la Santé des Femmes » (ADSF) qui distribue des kits d’hygiène à des femmes en situation de grande précarité. Mais la chef d’entreprise souhaite alors aller encore plus loin. « Pourquoi est ce que l’accès aux protections menstruelles n’est pas gratuit ? ». L’idée de lancer des distributeurs proposant tampons et serviettes en accès libres lui vient, et un brevet est déposé en 2019. Le système proposé par Marguerite & Cie est simplifié : il n’y a pas de manipulation à effectuer pour la recharge, tout est sécurisé et permet également un gain de temps.

Lever le tabou autour des règles

Le brevet à peine déposé, les demandes affluent déjà. L’Université Rennes 2 et le Crous de Bretagne passent des commandes. Les premiers distributeurs sont fabriqués à Quimper.

Aujourd’hui, on en compte 6000 installés, en France et dans cinq pays européens. « On estime qu’on touche 1 million trois cent mille bénéficiaires » souligne Gaële. Une réponse au problème de la précarité menstruelle, qui touche encore de trop nombreuses personnes. Un pas de plus aussi sur la question de l’égalité femmes-hommes, et du mieux-être au travail. Et pour des protections plus respectueuses de l’environnement et de la santé, car celles proposées par Marguerite & Cie sont à base de coton bio, blanchies sans chlore. On trouve ainsi les distributeurs « classiques », dans les collèges, lycées (avec la Région Bretagne), mairies, lieux publics, gymnases… et également des « capsules » ( appareil de plus petite taille et plus ergonomique) dans plus de 250 entreprises, certaines appartenant à de grands groupes. Marguerite et Cie, qui emploie 13 personnes, est par ailleurs labellisée Esus : tout le conditionnement est réalisé par deux Esat et une entreprise adaptée, basées en Bretagne et en région parisienne. « Cela permet de mailler le territoire, car le modèle logistique est ainsi reproductible ailleurs en France, ce qui permet de limiter l’impact écologique », déclare Gaële, qui souhaite aussi avec son entreprise, au delà de la simple distribution de protections menstruelles, lever le tabou qui règne encore au sujet des règles.  Des ateliers de sensibilisation sont d’ailleurs proposés dans les collèges et lycées. « La situation s’améliore, mais il y a encore, selon des sondages, la moitié de la population qui ne veut pas en parler ! ». Elle avoue d’ailleurs avoir connu quelques moments compliqués lors du développement de son projet, notamment concernant les financements, du fait de la nature même de son activité. Aujourd’hui, la Finistérienne, avec Marguerite & Compagnie, semble néanmoins en voie de « changer les règles ». Et vient de lancer des kits spéciaux pour équiper désormais les hôtels !

 

Plus d’infos : https://margueriteetcie.com

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Marie-Emmanuelle Grignon

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