La laisse de mer, un trésor écologique à protéger

La laisse de mer, un trésor écologique à protéger

La laisse de mer, vous connaissez ? C’est l’accumulation de débris naturels déposés sur les plages par les marées. Un véritable écosystème, composé d’algues, mais aussi de coquillage, mues de crabes, plumes, bois flottés…Menacée par la pollution, le réchauffement climatique, ou le ramassage mécanique, les laisses de mer sont un véritable trésor marin, essentiel à la biodiversité, qu’il convient de protéger. C’est le message qu’a voulu faire passer un groupe d’étudiant.e.s de deuxième année de BTS GPN lors d’une sortie samedi 11 octobre sur la plage de Barnenez, à Plouézoc’h (29). Reportage.

Sur la grève de Barnenez, la mer s’est retirée. Avec un coefficient de 80, elle laisse apparaître désormais les parcs à huître, et le chemin de sable qui permet d’ accéder à l’Ile Sterec, juste en face. Sur les galets, les algues, apportées par la marée, reposent désormais en petit tas. C’est ce qu’on appelle la « laisse de mer ». Et c’est ce que nous allons observer et étudier aujourd’hui, grâce à l’animation proposée en ce samedi après-midi par un groupe de 5 étudiant.e.s en 2e année de BTS Gestion et Protection de la Nature du Lycée Agricole de Suscinio à Morlaix. Ils et elles proposent cette sortie découverte dans le cadre de leur projet tuteuré, réalisé avec l’Ulamir-CPIE. Benjamin Toupin, chargé de projets environnement, mer et littoral au sein de l’association, les encadre.

La petite équipe d’étudiant.e.s participe ainsi au programme « Plages Vivantes ». Proposé par le Museum d’Histoire Naturelle, et co-construit avec de nombreux partenaires, il a pour objectif de « Mieux comprendre le fonctionnement des hauts de plage », notamment des « laisses de mer ». Les laisses de mer sont l’ensemble des débris d’origine végétale et animale déposés sur le haut des plages. Ils contribuent à l’alimentation des plantes du haut du grève et accueillent des oiseaux et des invertébrés, Mais cet habitat écologique est actuellement soumis à de nombreuses pressions et changements (pollution, ramassage des algues, réchauffement climatiques…). Il est donc important de mieux connaître et comprendre ces changements, afin de mieux protéger cet habitat. C’est là l’enjeu du programme « Plages Vivantes », dont la première étape est le protocole « Alamer » (Algues de la Laisse de Mer)

Et justement, nous allons, par groupe de trois, observer la composition de la laisse de mer grâce à ce protocole. Après nous avoir présenté les différentes espèces d’oiseaux pouvant se nourrir dans ce milieu très particulier (huîtrier pie, goéland argenté, mouette rieuse…) , les étudiant.e.s nous distribuent des « clés d’identifications », pour pouvoir reconnaître les différents types d’algues. Cet outil permet de déterminer, grâce à une série de choix successifs portant sur la description et la morphologie, à quelle algue nous avons affaire. Un autre document nous est également remis : il va permettre de noter quelle est la quantité retrouvée pour chaque espèce.

Muni d’un carré d’une surface d’un mètre carré permettant de définir un « quadrat », nous voilà partis à l’assaut de la laisse de mer fraiche. Chaque groupe s’éparpille sur les galets, sur une longueur de 25 mètres, ce qui constitue le « transect ».

Une fois le carré posé et le quadrat défini, place à l’étude. Les mains dans les algues, nous les trions. Et constatons la présence de beaucoup d’algues brunes, qui comportent des flotteurs, plus ou moins grands. En suivant les clés d’identification, nous découvrons qu’il s’agit de fucus vésiculeux, mais aussi de goémon noir. On distingue aussi de la sargasse, du haricot de mer, des ulves, des cladophores…L’amas d’algues, à première vue composé d’algues brunes uniformes, est en fait riche en espèces ! On y trouve aussi de la zostère, qui est n’est pas une algue, mais une herbe marine. « La baie de Morlaix concentre 10% des herbier de zostère à l’échelle nationale, ce qui fait qu’elle est classée en zone Natura 2000 », explique Benjamin Toupin.

Dans notre quadrat, nous observons aussi des puces de mer, et autres insectes. « La laisse est très importante pour la biodiversité », souligne Evan « Elle sert de zone d’habitat et de nourrissage, c’est tout un écosystème ».

Après avoir mis en commun les observations de nos quadrats, et découvert que les algues composant la laisse de mer du secteur sont le fucus vésiculeux et le goëmon noir, place à un jeu de questions-réponses. L’occasion aussi de rappeler les dangers qui menacent les laisses de mer, notamment la pollution, le réchauffement climatique, et le ramassage des algues avec des machines de type « cribleuse », qu’utilisent certaines municipalités pour obtenir une plage « propre  »aux yeux du public, et notamment des touristes l’été. « Protéger les laisses de mer, c’est protéger le patrimoine naturel », ont rappelé Evan, Melan et Anaël. Et c’est grâce à ce type d’action de sensibilisation menés par les étudiant.e.s que l’on prend conscience de manière concrète de l’importance de cette laisse de mer, et que notre regard sur elle pourra changer.


Plus d’infos

https://www.vigienature.fr/fr/plages-vivantes-3485

Marie-Emmanuelle Grignon