Locale, accessible, renouvelable et biodégradable, la paille est un matériau qui a de quoi séduire ! Malgré ses nombreuses qualités techniques et écologiques, elle souffre encore de préjugés, la plupart infondés. On fait le point sur cette technique de construction ancestrale, qui offre de belles promesses pour aujourd’hui et pour demain.
Principes constructifs
La construction paille repose sur l’utilisation de bottes de pailles comprimées et liées. Ces dernières sont généralement issues de déchets agricoles, plus particulièrement de la récolte de céréales.
Les bottes de paille peuvent porter directement le poids de la structure ou être intégrées dans une ossature en bois. Cette seconde méthode est aujourd’hui la plus répandue en France, car elle est compatible avec les standards de construction actuels, et permet de créer un second niveau à l’habitation, ce qui n’est pas le cas lorsque la paille fait directement office de mur porteur.
Depuis peu, certaines entreprises proposent également des caissons remplis de bottes de paille et assemblés sur le chantier, une solution pratique qui nécessite néanmoins des moyens de levage importants.
Comme pour tous autres types de construction, un chantier paille doit respecter plusieurs principes pour assurer la pérennité de l’édifice : gestion des charges structures et de l’étanchéité à l’air, protection contre l’humidité, prise en compte de l’environnement climatique et de l’orientation du site, etc. Un accompagnement par des professionnels formés est recommandé, même pour les auto-constructeurs les plus motivés.
Qualités environnementales et techniques
La paille est une ressource locale, renouvelable et abondante. Son impact sur l’environnement est très faible, puisque sa transformation en bottes nécessite peu d’énergie et qu’elle est entièrement biodégradable, contrairement aux isolations et autres matériaux synthétiques.
Elle offre une grande flexibilité dans la conception des ouvertures et le choix des finitions : enduit, plaque ou bardage.
Elle assure une isolation performante si elle est suffisamment épaisse, avec une résistance thermique avoisinant les 6 m². K/W pour une épaisseur de botte de 45 cm. C’est l’air emprisonné dans la paille compressée qui assure ce rôle d’isolant. Son confort thermique d’été, de même que ses propriétés acoustiques, sont particulièrement intéressants.
La paille, matière naturelle et respirante, contribue à un environnement intérieur sain. Les murs en paille régulent naturellement l’humidité, minimisant ainsi le risque de moisissures et la présence de polluants volatils.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la paille résiste plutôt bien au feu car elle ne contient pas d’oxygène nécessaire à la combustion. Elle doit pour cela être correctement compactée.
Enfin, elle s’inscrit dans une démarche de développement durable et d’économie circulaire, en créant notamment du lien avec les agriculteurs locaux.
.
Coût et réglementation
Un des grands avantages de la paille est son coût : de 2 à 3€ pour une botte de dimension standard (45x30x80 cm). Une aubaine pour les auto-constructeurs ! Pour les autres, il faut savoir que peu d’artisans sont encore formés à la construction paille, et que les coûts de main d’œuvre sont de fait plus élevés. A noter également que, les murs étant plus épais qu’avec une isolation traditionnelle, l’ossature doit être plus importante, ce qui engendre un surcoût pour les matériaux et la main d’œuvre supplémentaire.
La construction paille bénéficie depuis quelques années d’un cadre réglementaire à travers les Règles Professionnelles de Construction en Paille (CP2012), qui définissent les bonnes pratiques à suivre. Cet ensemble de règles, validé par l’Agence Qualité Construction, fait désormais de la construction paille une « technique courante », permettant d’obtenir une assurance décennale aux mêmes conditions qu’une construction traditionnelle. Ses exigences principales portent sur la densité de la paille, la hauteur de la construction, la formation des professionnels et des contrôles qualités rigoureux en phase constructive.
Côté permis de construire, la construction paille est soumise – comme toutes les autres – aux normes de la réglementation environnementale RE2020, qui fixent plusieurs exigences en termes de sobriété énergétique, diminution de l’impact carbone et garantie de confort d’été. Elle possède toutes les qualités pour y répondre haut la main !
Grâce à ses avantages environnementaux, ce mode de construction occupe une place de choix dans le domaine de l’écoconstruction moderne. Il représente également une opportunité prometteuse pour le secteur du bâtiment, dont la filière se structure progressivement autour du RFCP (Réseau Français de la Construction Paille). Le secteur public lui-même s’en empare ! En atteste la toute récente construction de l’ALSH de Lampaul-Guimiliau en Finistère.
Et si le conte des trois petits cochons nous avait induit en erreur ?
Heol est l’agence locale de l’énergie et du climat du Pays de Morlaix. Elle offre un conseil neutre et gratuit sur la construction et la rénovation énergétique, les énergies renouvelables et la transition énergétique. Plus d’information au 02 98 15 18 08 ainsi que sur www.heol-energies.org et les réseaux sociaux.

