Lamballe (22), « Les algues vertes » – Ciné/débat
« C’est l’histoire d’un homme, Thierry Morfoisse, qui faisait son travail et qui en est mort. Le 22 juillet 2009, après un troisième chargement d’algues vertes pourries qu’il transportait, il meurt brutalement à Binic d’un arrêt cardiaque. Or, algues vertes pourries = production d’hydrogène sulfuré. C’est donc ce gaz toxique violent qu’il a transporté en toute ignorance des risques mortels qu’il encourrait. Pressentait-il sa mort quand il a lancé à sa compagne au téléphone ces derniers mots : PUTAIN D’ALGUES ! Nul ne le saura. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il a respiré longtemps cette odeur d’œuf pourri et qui lui pourrissait la vie jusqu’à la perdre…
Cet homme sera devant vous samedi 8 novembre pour vous expliquer comment on meurt à l’hydrogène sulfuré sur des plages où s’échouent des algues vertes. Les pouvoirs publics, administration préfectorale, élu(e)s connaissaient ces risques. S’ils en avaient tenu compte, Thierry Morfoisse ne serait pas mort.
Pourtant 10 ans plutôt, un médecin urgentiste à Lannion, Pierre Philippe avait alerté les services de santé départementaux et régionaux. Il avait eu affaire à Saint-Michel-en-Grève à deux cas d’intoxication grave dont un mortel à ce gaz toxique violent produit par les algues vertes en putréfaction.
D’abord il aurait été équipé d’un détecteur de gaz et d’un masque protecteur. Il aurait conduit son camion et manœuvré de sa cabine isolée sans jamais être au contact des algues pourries. Aujourd’hui toutes ces règles de sécurité sont appliquées dans le ramassage des algues.
Alors que justice soit rendue ! Comme elle l’a été pour un homme mort intoxiqué dans l’estuaire du Gouessant en 2016. Mais la famille de Thierry Morfoisse n’a pas eu droit à pareille reconnaissance. Aidée par un comité de soutien, défendue par l’avocat François Lafforgue, elle n’est pas parvenue à faire admettre aux juges l’évidence : en présence d’hydrogène sulfuré, la mort guette… Et cette justice est arrivée aujourd’hui à son point ultime en Cour de Cassation. Ou elle confirme tous les jugements précédents qui n’ont pas reconnu la mort certaine par intoxication et la responsabilité de son employeur, ou elle casse tous ces jugements et elle ordonne de tout recommencer à zéro. L’audience de la dernière chance se tiendra en troisième semaine de ce mois de novembre.
Voilà pourquoi l’association de Défense des victimes de marées vertes vous attend samedi 8 novembre à la projection du film Algues vertes de Pierre Jolivet à l’issue de laquelle ce médecin courage, Pierre Philippe, vous expliquera pourquoi Thierry Morfoisse n’aurait jamais dû mourir. Votre présence sera aussi un soutien à la famille et un appel aux juges pour que cet homme ne meure pas une deuxième fois, victime d’une terrible injustice.
Elle vous invitera, en collaboration avec Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre et Défense des Victimes des Marées Vertes, à signer le cahier de doléances et à apporter vos témoignages. »

