Comment récupérer l’eau de pluie chez soi, et comment l’utiliser ?

Comment récupérer l’eau de pluie chez soi, et comment l’utiliser ?

Avec le réchauffement climatique, les alertes sécheresse sont de plus en plus nombreuses. Notamment en Bretagne, région que l’on pensait jusqu’alors relativement épargnée. La récupération d’eau de pluie est devenue un enjeu important. Mais comment bien la collecter. ? A quoi peut-elle servir ensuite ? On fait le point.

1. Collecte de l’eau

L’eau de pluie est généralement collectée à partir des toitures, via les gouttières. « L’eau de pluie collectée n’est pas potable, car elle est contaminée chimiquement (pesticides dans la pluie, métaux ou amiante présents sur le toit). Pour cette raison, l’eau collectée peut être utilisée pour l’intérieur ou l’extérieur de votre logement, mais uniquement sous certaines conditions. », peut-on lire sur le site service-public.fr

2. Le système de récupération

Il existe plusieurs types de récupérateurs d’eau de pluie, du plus simple au plus sophistiqué :

  • Récupérateurs aériens (hors-sol) : Ce sont des réservoirs de différentes tailles (de 200 à plus de 1000 litres), souvent en plastique, que l’on place à côté d’une descente de gouttière. Un collecteur de gouttière est installé pour dévier l’eau vers la cuve. Un robinet permet de soutirer l’eau facilement. Certains modèles sont décoratifs pour mieux s’intégrer au jardin.
  • Récupérateurs enterrés : Pour des volumes plus importants (plusieurs milliers de litres), les cuves peuvent être enterrées. Ce système est plus discret et permet de maintenir l’eau à une température plus stable. Il nécessite une pompe immergée pour remonter l’eau.
  • Systèmes intégrés : Certains kits complets incluent une pompe (immergée ou de surface), un coffret de gestion (qui bascule sur le réseau d’eau de ville si la cuve est vide), un flotteur, et des filtres. Des purificateurs UV peuvent également être ajoutés pour traiter l’eau.

3. Filtration

L’eau de pluie, même si elle est relativement propre, contient des impuretés (feuilles, débris, pollen). Il est essentiel d’installer des filtres pour éviter l’encrassement de la cuve et améliorer la qualité de l’eau. Des grilles de protection sur les gouttières sont également recommandées. Un dispositif de filtration inférieur ou égal à 1mm doit être mis en place en amont du stockage pour une utilisation intérieure.

4. Systèmes de distribution

  • Pour l’arrosage extérieur : Un simple robinet sur le récupérateur ou une pompe de surface suffisent.
  • Pour un usage intérieur : Une pompe (immergée ou de surface) est nécessaire pour acheminer l’eau vers les points d’utilisation (WC, machine à laver). Le réseau d’eau de pluie doit être strictement séparé du réseau d’eau potable pour éviter toute contamination.

Quels usages pour l’eau de pluie ?

L’eau de pluie n’est pas potable en France (cf rubrique 1). Son utilisation est donc soumise à des restrictions :

  • Usages extérieurs
    • Arrosage du jardin et du potager…
    • Nettoyage de la voiture, des terrasses, des outils…
  • Usages intérieurs (soumis à réglementation et déclaration) :
    • Alimentation des chasses d’eau des WC.
    • Lavage des sols.
    • Lavage du linge (à condition d’utiliser un dispositif de traitement de l’eau assurant une désinfection).

Il est strictement interdit d’utiliser l’eau de pluie pour la consommation humaine (boire, cuisiner), la toilette (douche, bain) ou encore faire la vaisselle. Par contre, on peut tout à fait consommer les légumes de son potager arrosés grâce à l’eau de pluie.

Il est interdit d’utiliser à l’intérieur de votre logement l’eau de pluie qui a ruisselé sur un toit contenant de l’amiante-ciment ou du plomb.

Réglementation en France

La récupération et l’utilisation de l’eau de pluie sont autorisées en France, mais encadrées par l’arrêté du 21 août 2008 et le décret n°2008-652 du 2 juillet 2008 (consolidé par le décret n°2025-239 du 14 mars 2025).

  • Toiture de collecte : L’eau doit être collectée sur une toiture inaccessible (sans amiante-ciment ni plomb).
  • Séparation des réseaux : Le réseau d’eau de pluie doit être totalement indépendant du réseau d’eau potable. Il est interdit de raccorder directement le réseau d’eau de pluie à celui d’eau potable. Un système de disconnexion par surverse totale est obligatoire pour l’appoint en eau depuis le réseau public.
  • Signalétique : Chaque point d’eau alimenté par l’eau de pluie doit être clairement signalé par une étiquette « eau non potable » avec un pictogramme explicite. Cette signalétique est disponible en magasin de bricolage. Et, « Il est interdit d’installer un robinet distribuant l’eau de pluie dans une pièce où se trouvent des robinets distribuant de l’eau potable (sauf caves, sous-sol et autres pièces annexes comme un garage par exemple) ».
  • Déclaration en mairie : Si vous utilisez l’eau de pluie à l’intérieur de votre logement (WC, lave-linge), une déclaration en mairie est obligatoire, notamment car l’eau de pluie part ensuite dans les installation d’assainissement collectif (tout-à-l’égout). Votre déclaration doit être faite sur papier libre, et doit comporter les informations suivantes :Identification du bâtiment concerné, et évaluation des volumes d’eau utilisés à l’intérieur de votre logement
  • Entretien : L’installation doit être entretenue régulièrement :
    • Tous les 6 mois : vérification de la propreté de l’installation et de la présence de la signalétique « eau non potable ». Vous devez également vérifier l’absence de connexion entre le réseau destiné à la consommation humaine et le réseau de distribution d’eau de pluie.
    • Tous les ans, par vous-même ou une entreprise de votre choix : nettoyage des filtres, et vidange, nettoyage et désinfection de la cuve de stockage. Vérifiez également les vannes et robinet de soutirage. A noter également, l’obligation de tenir à jour un carnet d’entretien sanitaire de l’équipement, avec les informations suivantes : nom et adresse de l’entreprise qui procède à l’entretien le cas échéant, plan détaillé du système de récupération d’eau de pluie, fiches de mise en service, dates des opérations de vérification et d’entretien, Relevé mensuel des index des systèmes d’évaluation des volumes d’eau de pluie utilisés à l’intérieur de votre logement raccordé au réseau de collecte des eaux usées.
  • Redevance d’assainissement : Si l’eau de pluie est utilisée à l’intérieur du logement et rejetée dans le réseau d’assainissement collectif, elle est soumise à la redevance d’assainissement. Un dispositif d’évaluation de la quantité d’eau utilisée à l’intérieur doit être installé.
  • Subventions : Certaines communes ou collectivités proposent des aides financières pour l’installation de récupérateurs d’eau de pluie. Renseignez-vous auprès de votre mairie.

Marie-Emmanuelle Grignon