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Impact des ondes électromagnétiques: à quand le bout du tunnel?

L‘Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire et de l’Alimentation vient de publier un rapport sur les ondes électromagnétiques. Si leur effet sur la santé n’est pas avéré par les recherches du groupe de 16 experts sollicités, le principe de précaution reste de mise. "Le rapport induit toute une série de comportements : l’éloignement des crèches et des écoles des antennes, le danger de l’usage des téléphones mobiles par les enfants… Le danger des ondes reste en question" estime Christian Bucher, secrétaire départemental de groupe EELV. De son côté Rolland Magré, ingénieur au CRIIREM, Le Centre de Recherche et d’ Information Indépendant sur les Rayonnements Électro Magnétiques non ionisants explique :"Nous avons trouvé des contradictions dans le dernier rapport de l’ANSES, notamment en estimant que les ondes ne sont pas nocives mais qu’il faut s’en protéger. Le Criirem prépare une réponse à ce document"

En Bretagne, des efforts sont faits quant à l’exposition aux ondes électromagnétiques des habitants. A Brest Métropole Océane par exemple, des mesures gratuites d’indication du niveau d’exposition sont mises à la disposition des citoyens. "Cela existe aussi dans d’autres villes en France et en Bretagne. Mais le wi-fi reste à la disposition des internautes dans certains espaces publics, et dans les zones rurales, le Conseil Général du Finistère a installé la wiMAX (un standard sans fil à haut débit ndlr) pour couvrir les zones blanches, c’est à dire les espaces où la réception est mauvaise" indique Christian Bucher. Au grand dam de certaines associations environnementales.

Les personnes électro-sensibles sont-elles oubliées?

Selon Claudette Pedel, membre du conseil collégial de l’association AE2D Agir pour un environnement et un développement durable "on note une certaine avancée : en mai 2011, l’OMS a jugé les ondes électromagnétiques nocives. Ceci étant, les normes sont obsolètes car elles prennent en compte uniquement les paramètres thermiques. Or il n’y a pas besoin d’être proche d’une source d’onde pour en ressentir les effets biologiques. Notre priorité est de penser aux personnes électro-sensibles car pour le moment, peu de solutions leur sont proposées." En France, le niveau d’ondes électromagnétiques toléré se situe entre 41 à 61 volt/mètre. En Autriche par exemple, ce taux est de 0,6volt/m. Qu’est-ce qui explique une telle différence ? "L’Autriche a reconnu la nocivité des ondes" estime Claudette Pedel avant d’ajouter : "augmenter le nombre d’antennes permet de réduire la puissance des ondes diffusées. C’est une solution souvent mise en avant, mais lorsqu’il y aura plus d’antennes, qu’est ce qui nous dit que les opérateurs ne seront pas poussés à augmenter la puissance des ondes ? Nous n’avons pas cette garantie."

Un manque de transparence et de démocratie

"Des technologies comme le câblage, la fibre optique, ou encore le CPL (courant porteur en ligne ndlr) sont à privilégier au wi-fi, à la 4G et au wiMAX"  préconise Christian Bucher. Reste que le débat scientifique est complexe : "les informations diffèrent selon les sources, ce qui n’aide pas à la clarté de ce débat. Si des scientifiques de renom alertent les consommateurs de la dangerosité des produits, les opérateurs louvoient et continuent d’installer des antennes" ajoute Christian Bucher qui pointe aussi un "sérieux manque de transparence et de démocratie, lorsque des travaux sur des antennes sont effectués aux portes des citoyens, sans que ceux-ci ne soient mis au courant de la portée des ondes diffusées."

Quant aux élus, leur champ d’action reste limité car il ne peuvent s’opposer à l’implantation d’antennes sur un domaine privé. "Il y a encore du chemin à faire pour parvenir à plus de démocratie et de transparence.  Les personnes électrosensibles ont du mal à être prises en considération par le corps médical qui n’est pas formé à ces problématiques. Les actions des associations sont donc importantes. Il faut aller plus loin dans la démarche en supprimant les bornes wi-fi des espaces publics. Mais la société est contradictoire : les ondes font peur et son nocives, mais l’utilisation de téléphones mobiles ne cesse de croître" déplore Christian Bucher.

 

Un questionnaire pour cerner les personnes électrosensibles…

Le 22 septembre dernier, une trentaine de membres de collectifs ou d’associations bretonnes en lutte contre la propagation des ondes électromagnétiques, se sont réunis à Pontivy (56). Le but ? Partager et échanger autour de cette question : comment stopper la prolifération des antennes de téléphonie mobile et des réseaux wi-fi et wiMAX dans notre environnement dont sont victimes les personnes atteintes d’Electro Hyper Sensibilité? « L’EHS est un syndrome qui se caractérise par des malaises, migraines et pathologies liées aux ondes électromagnétiques », explique Claudette Pedel, membre du conseil collégial d’AE2D. Pour connaître le nombre de personnes touchées par le syndrome d’électro sensibilité, le collectif breton Alerte Onde Bretagne travaille à la mise au point d’un questionnaire qui sera mis à la disposition des citoyens. Affaire à suivre.

Plus d’infos:

www.criirem.org

www.anses.fr

http://www.ae2d.infini.fr/

www.robindestoits.org/

http://www.alerte-ondes22.org/index.php/fr/alerte-ondes-22/dernieres-nouvelles/129-le-combat-pour-une-zone-blanche-en-bretagne

 




« Le solide tissu associatif breton joue un rôle dans le bien-être de ses citoyens »

Le colloque que vous animez à Redon aujourd’hui et demain met en relation les déterminants sociaux et la santé. En quoi ces deux éléments sont-ils liés ?

Eric Breton : depuis les années 50, les professionnels de la santé publique considèrent que les habitudes de vie comme l’addiction, l’activité physique, le tabagisme, l’hygiène…sont directement liées à l’état de santé. Aujourd’hui, on se rend compte que le comportement n’est pas forcément le moteur principal d’une bonne ou mauvaise santé. Les études de l’OMS nous expliquent en effet que ce sont les inégalités sociales qui en sont les facteurs les plus déterminants. Il faut entendre par là, les inégalités de condition d’existence comme l’accès au logement, à l’éducation, à l’emploi, l’isolement, la cohésion sociale…

Autant les comportements dépendent de la volonté de chacun, autant ces déterminismes sociaux ne sont pas liés au bien vouloir des citoyens. Comment exercer une influence sur ces domaines qui sont plutôt entre les mains des politiques?

C’est en effet très difficile d’agir sur ces domaines, non seulement parce qu’ils sont politiques, mais aussi parce qu’ ils sont transversaux. Pour autant, les professionnels de la santé doivent jouer un rôle de sensibilisation, de médiation quant à ces approches. La santé n’est pas forcément une histoire de soin lorsqu’on sait qu’un cancer met parfois 20 ans à se développer. En revanche, les déterminants sociaux sont des facteurs primordiaux et le fait de les rapprocher de notre état de santé est une démarche sensible.

Les professionnels de la santé ont beau jouer un rôle de sensibilisation, cela ne fera pas changer les conditions de logement, de travail ou d’éducation des citoyens…

Justement, des actions plus agressives face à ces déterminants sociaux doivent être menées. Notamment grâce à l’innovation sociale dont les pays Scandinaves se font l’écho. Il s’agit par exemple, d’aider les acteurs scolaires à cerner puis à prendre en charge les élèves en difficultés dès le primaire. Car, même si il ne s’agit que de moyennes à grande échelle, le niveau scolaire est lié à la réussite professionnelle : j’entends par là la pénibilité du travail, liée au bien-être et à la bonne santé.
L’école à un rôle à jouer dans sa transmission de savoir, mais aussi dans l’éveil à des activités comme l’art et la culture. Des éléments qui permettent souvent de développer une bonne santé mentale.

Vous évoquez les pays Scandinaves dont nous devons prendre l’exemple. En quoi se démarquent-ils de la situation française ?

Ces pays ont réussi à créer des niveaux d’égalité plus grands. Prenons l’exemple de l’école. Grâce à des systèmes scolaires intégrés, (c’est à dire qui comportent une structure commune à tous les élèves, sans filière, ndlr) l’égalité des chances à l’école est plus grande. La réussite des élèves dépend moins qu’ailleurs, de l’origine socioculturelle des familles.
La France a beaucoup à apprendre de ces initiatives. Dans ses prérogatives, l’OMS prévoit de développer des actions intersectorielles : les professionnels de la santé, de l’école…doivent communiquer et collaborer. Mais l’école n’est qu’un exemple. Il y a d’autres domaines sur lesquels nous pouvons agir.

Si on prend en compte les conditions d’existence et non uniquement les comportements à risque (tabagisme, sédentarisation, malbouffe…) il y a en effet des efforts à faire. Mais ces efforts sont d’une autre nature : ils constituent le fondement de nos sociétés. Pouvez-vous nous donner quelques perspectives en Bretagne ?

La Bretagne possède une force identitaire. C’est forcément un avantage dans l’affirmation de soi et donc le bien être, l’épanouissement. Mais la réalité froide des chiffres, révèle aussi une Bretagne mal positionnée au niveau sanitaire, avec un fort taux de maladies cardiovasculaires, et des problèmes d’alcoolémie. D’une autre manière, son  solide tissu associatif joue un rôle dans le bien-être de ses citoyens, tout comme celui du Nord-pas-de-Calais, une autre région française performante dans ce domaine. L’innovation sociale est ainsi facilitée dans ces régions, car la mobilisation et la solidarité des populations est forte.

Vous voulez-dire qu’une vie associative, autrement dit une vie sociale intense, où l’on s’implique dans des projets collectifs contribue à notre bonne santé ?

Tout à fait. A titre d’exemple, nous travaillons à la mise au point d’un projet dans le Pays de Redon et de Bretagne Sud, qui vise à mobiliser des citoyens autour d’une réflexion sur la santé et les conditions d’existence. Le but est de réfléchir ensemble sur des solutions pour améliorer ces conditions. Or un tel projet ne peut fonctionner sans un tissu associatif fort. Et c’est le cas à Redon. C’est l’atout de la Bretagne. Elle doit surfer sur cet acquis pour développer une réflexion intersectorielle afin d’améliorer les conditions d’existence des individus. Le bien-être est liée à la bonne santé, qui s’acquiert par un épanouissement dans le travail, la maison, mais aussi avec nos semblables.

 

Plus d’infos:

www.ehesp.fr/2013/07/01/agir-sur-les-determinants-sociaux-de-la-sante-un-appel-a-linnovation-sociale-quels-nouveaux-modes-de-promotion-de-la-sante-des-populations-10-et-11-octobre-2013/

www.ehesp.fr/recherche/les-chaires/chaire-inpes-promotion-de-la-sante-a-ehesp/

ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/revue-francaise-de-pedagogie/INRP_RF150_1.pdf

 




Des concerts très « peace and lobe »

Pourquoi la Mutualité Française Bretagne mène des actions de prévention des risques auditifs auprès du public jeune ?

Il faut savoir que les jeunes d’aujourd’hui risquent d’être plus impactés qu’avant par les musiques amplifiées. En effet, on vit de plus en plus en musique. Une étude a démontré qu’un lycéen de 17 ans sur sept a déjà vu son capital auditif perdre 20 décibels, ce qui correspond à l’audition moyenne d’une personne de 50 ans.
De même, 85% des élèves de lycée utilisent un baladeur tous les jours, et 37% ont déjà déclaré avoir ressenti des phénomènes de type « acouphènes », au contact de musique amplifiée.
On s’aperçoit aussi que ceux qui écoutent le plus longtemps de la musique avec leur baladeur sont aussi ceux qui écoutent le plus fort. Le capital auditif de chacun est fragile et s’érode au fil du temps. Ecouter des sons trop forts entraîne une dégradation prématurée et irréversible.

En quoi consiste l’opération « Peace and Lobe » ?

Nous menons cette action, qui existe dans toute la France, en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé (ARS) et huit structures dédiées aux musiques actuelles en Bretagne, depuis 2006.
L’objectif est de permettre aux jeunes d’être autonomes vis à vis de leur santé auditive. Durant 2 heures, sur le temps scolaire, les jeunes assistent à un vrai spectacle avec le groupe Lugo, de façon ludique.
A 16-17 ans, on n’a pas toujours bien en tête la notion de risque. Il est important que Peace and Lobe ne soit pas une leçon de « morale », sinon cela n’aura pas d’impact. Durant ces concerts pédagogiques, les musiciens évoquent la musique, mais aussi la physiologie de l’oreille, le son, et le fonctionnement et les risques pour l’audition.
Pour cette rentrée 2013, le spectacle sera également ouvert au public. Pour nous, il était important que le sujet des risques auditifs soit discuté en famille. Ce sera le même spectacle, mais qui se déroulera en soirée, notamment à Rennes, Saint-Brieuc et Vannes.

Quels sont les résultats, les retours, suite à Peace and Lobe ?

Il y a beaucoup d’humour dans le spectacle, une mise en scène théâtralisée, les jeunes passent un bon moment. Nous en revoyons certains 6 mois ou 1 an après : on sent que leurs connaissances au sujet des risques auditifs sont en progression, de petites graines sont semées…Mais c’est plus difficile de se prononcer sur l’évolution des comportements.
De façon plus globale, on observe cependant depuis plusieurs années une très forte augmentation de la demande de bouchons d’oreilles, notamment dans les salles de musique actuelles. Mettre des bouchons est un geste qui s’est banalisé ces dernières années.

 

Plus d’infos

www.bretagne.mutualite.fr