Projet Sainbiote : La prescription nature comme nouveau médicament

Rencontre avec Aurélien Fridman, chargé de projet environnement au sein de l’ulamir-CPIE Morlaix Trégor.

Sainbiote comme Santé Interaction Biodiversité Territoire. Ce projet ambitieux a pour objectif de rassembler divers professionnels de santé (psychologue, sage-femme, médecin, maison de santé, centres sociaux…) pour appréhender et accompagner les individus dans une démarche de bien-être par le contact de la nature.

« Comme on peut prescrire des médicaments lorsque que l’on souffre de maladie mentale par exemple, on pourrait prescrire le fait d’aller prendre l’air 20 min par jour durant 2 semaines »

En phase d’expérimentation, ce projet de trois ans entame sa deuxième année. L’heure est à la création de partenariat avec le personnel de santé.

« Il faut casser les frontières […] créer des relations entre le monde de la santé et le monde de l’environnement »

Aux Etats-Unis, des études étrangères, comme « Prescri-Nature » ont déjà démontré le lien fondé entre nature et bien-être . Au Québec (https://www.prescri-nature.ca/) un programme mis en place par la BC Parks Foundation a été créé, accompagnant les personnels de santé dans la délivrance d’ordonnance nature. Basée sur des données chiffrées, les études démontrent un ratio positif entre bien-être mental et physique lors d’excursions nature, même de courtes durées.

En France, ce projet est soutenu par IRESP (Institut pour la recherche en santé publique). Et mis en place par l’association Alliance Santé Planétaire, appuyé par différents médecins français comme le Dr Blandine Mellouet Fort (Rhône-Alpe-Auvergne) ou bien encore Dr Juliette Zimmerman (Haut-de-France) ainsi que le Docteur Eva Kozub Decotte (Occitanie), et également porté par L’union Régionale des CPIE (Centre Permanent d’Initiative à l’Environnement).

Sur notre territoire, trois CPIE sont moteurs dans l’expérimentation : CPIE de Brocéliande, CPIE de Belle-ïle-en-Mer et le CPIE Morlaix-Tégor. Le tout sous la houlette de l’Agence Régionale de Santé, du PRESE Bretagne (Plan Régional Santé), de la Région et de l’Europe.

Au-delà de la recherche partenariale, ce projet souhaite mettre en avant les aspects de sensibilisation grand public comme nous l’explique Aurélien Fridman, chargé de mission du projet au sein du CPIE Morlaix Trégor : « Le but est de créer un catalogue où les personnes pourraient se renseigner pour avoir une prescription nature. Aussi, pour nous les CPIE […] c’est travailler ensemble avec les personnels de santé et de s’auto-former également à la santé, pour apporter une nouvelle dimension et de nouveaux outils à nos actions de sensibilisation… ».

Alors, personnels se sentant concernés par le sujet, n’hésitez pas à contacter le CPIE Morlaix Trégor pour plus d’informations.

Propos recueillis par Sophie Sanchez-Panchout

Je remercie Aurélien Fridman pour le temps accordé à cet entretien.

Contact :

ULAMIR-CPIE MORLAIX TREGOR

02 98 67 51 54

Aurélien Fridman

Aurelien.fridman@ulamir-cpie.bzh


Pour aller plus loin :

A historical and critical analysis of park prescriptions

https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/00222216.2019.1617647

La prescription nature , Blandine Mellouet Fort :

La prescription de nature : motivations et freins à la pratique par les médecins généralistes des Hauts-de-France, Université de Lille

https://pepite.univ-lille.fr/ori-oai-search/notice/view/univ-lille-41793?lightbox=true

La nature comme boussole, Pratique, entretien de Julie Zimmerman

https://pratiques.fr/La-nature-comme-boussole




Le Plan-Climat-Air-Energie-Territorial, un outil au service des collectivités

Obligatoire pour toutes les intercommunalités de plus de 20 000 habitants, le Plan-Climat-Air-Energie-Territorial (PCAET) est un outil de planification, qui permet aux collectivités d’aborder l’ensemble de la problématique climat, air et énergie sur leur territoire.

Il définit des objectifs stratégiques et opérationnels pour atténuer le changement climatique et s’y adapter. Il liste des actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et la dépendance énergétique du territoire, via la réduction des consommations d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Il intègre aussi un volet adaptation au changement climatique sur les court, moyen et long termes. Il est rédigé en cohérence avec les engagements internationaux de la France, qui sont notamment de réduire de 20 % la consommation d’énergie finale*, de 40 % la consommation d’énergie fossile* et de porter à 1/3 la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2030, ou encore d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le PCAET est à la fois un projet de territoire et un outil d’animation de ce projet. La collectivité intervient dans le cadre de ses responsabilités directes et compétences réglementaires (urbanisme, transport, bâtiments publics…) mais aussi en tant qu’animatrice auprès de tous les publics de son territoire. Pour une cohérence d’actions, tous les acteurs doivent y être impliqués  : décideurs, services des collectivités territoriales, acteurs socio-économiques, associations, entreprises, universités, habitants…

Le PCAET comporte généralement :

– un état des lieux de la situation énergétique du territoire : consommations énergétiques et émissions de gaz à effet de serre par secteur, spécificités du territoire, potentiel de développement des énergies renouvelables, qualité de l’air… ;

– une stratégie territoriale, qui s’appuie sur cet état des lieux pour établir des priorités et objectifs ;

– un plan d’actions qui concrétise les orientations définies par la stratégie territoriale et propose des objectifs quantifiés dans le temps ;

– des indicateurs de suivi et d’évaluation à l’échelle du territoire.

Si le changement climatique est global, le PCAET permet de définir et coordonner des actions au niveau local. Il est aussi possible d’y intégrer des actions inter-régionales et/ou de coopération décentralisée.

A noter que si la notion d’obligation ne s’applique qu’aux collectivités de plus de 20 000 habitants, les plus petites collectivités peuvent tout de même s’en emparer de manière volontaire.

* Par rapport à l’année de référence 2012.

L’agence locale de l’énergie et du climat du Pays de Morlaix HEOL œuvre pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Elle offre notamment des conseils neutres et gratuits sur la rénovation thermique, les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Plus d’infos sur 02 98 15 18 08 et www.heol-energies.org .




De jeunes pousses prometteuses dans les jardins de la « Manu » de Morlaix

Rien de vraiment surprenant à ce que des étudiant.es qui entendent dédier leur future vie professionnelle aux soins du vivant se dirigent vers les Jardins de la Manufacture des Tabacs et leur artiste-jardinier, Tiphaine Hameau, dont l’art et la manière les accompagnent avec autant d’attention que celle accordée à toutes les pousses végétales et animales du lieu.

Nous vous invitons à d’abord emboîter le pas de Raphaël, Alan, Léa et Rachel, qui ont effectué tous les quatre leur stage en ces Jardins, dans le cadre de leur formation de BTS – Gestion et protection de la nature (GPN)du lycée d’enseignement général et agricole de Suscinio à Morlaix et de BTS Aménagements Paysagers (AP)du CFA/CFPPA de Kerliver à Hanvec.

Puis nous nous attarderons sur le projet tutoré* qu’une équipe d’étudiant.es de BTS GPN composée de Arthur, Enora, Léa et Louna, a consacré principalement aux insectes de ces Jardins, en croisant leurs regards scientifique et artistique.

Nous les avons rencontré.es entre l’été dernier et cet hiver.

Troisième et dernier volet du triptyque d’articles consacré aux Jardins de la Manufacture des Tabacs de Morlaix, après avoir rencontré Tiphaine Hameau, l’artiste-jardinier qui en a la charge (1er volet : https://www.eco-bretons.info/a-morlaix-lartiste-jardinier-tiphaine-hameau-un-humain-du-sensible-et-du-geste-compagnon-de-la-plante/) ainsi que d’autres artistes qu’il accueille (2ème volet :https://www.eco-bretons.info/a-la-manu-de-morlaix-ce-que-les-artistes-font-aux-jardins-ce-que-les-jardins-font-aux-artistes/).

D’un format plus long que les sujets habituellement proposés, libre à vous d’effectuer cette promenade jardinière en une ou plusieurs étapes de lecture et d’écoute.

Des Beaux-arts aux aménagements paysagersRencontre avec Raphaël

Raphaël effectue actuellement en un an son BTS Aménagements paysagers en écojardinage au CFA/CFPPA de Kerliver à Hanvec. Début novembre 2024, nous l’avons retrouvé aux jardins, consciencieusement affairé autour de plots en béton qui furent jadis des supports à pommiers, et désormais disposés dans de petits carrés où la terre a été recouverte de marc de café, collecté dans les services de Morlaix Communauté.

Une installation dont l’esthétique, qui n’est pas sans rappeler le jardin japonais, entre en résonance avec le parcours de l’étudiant, titulaire d’un Master en Beaux-Arts effectué à Toulouse durant lequel Raphaël a exploré aussi bien la sculpture, que des installations mêlant le son et l’organique.

Ici, quasiment rien n’a été planté, tout est fait avec l’histoire du lieu, en valorisant du marc de café, répulsif efficace auprès des merles qui entendaient participer à l’installation en y faisant des trous ! Les bordures enherbées sont taillées aux ciseaux.

Outre cette mission, Raphaël a pu effectuer des opérations d’entretien, réduites au strict nécessaire, avec notamment du fauchage à la faucille, le dégagement des alignements de pavés permettant de cheminer, autant de gestes qui s’inscrivent dans le temps long, comme le rappelle Tiphaine Hameau.

De ce dernier, l’étudiant a particulièrement apprécié la précision dans ses explications, toujours très pédagogiques. Et aussi les discussions animées durant les repas autour de la biologie animale, des oiseaux…

Allier, parfaire connaissances botaniques et ornithologiquesRencontre avec Alan

Passionné de botanique et d’ornithologie, Alan Larvor, qui est en 2ème année de BTS GPN, a choisi de réaliser son deuxième et dernier stage dans les Jardins, avec un objectif précis qui est de développer ses connaissances et techniques, notamment de valorisation des déchets organiques, indispensables au futur projet qu’il caresse : s’installer en tant que paysan-herboriste.

Parmi les missions que Tiphaine lui a confiées, qu’il juge répétitives et physiquement éprouvantes mais néanmoins incontournables, Alan s’est livré au très laborieux fauchage tardif à la faucille, en veillant à laisser des zones de repos pour la faune et en utilisant les déchets verts pour le paillage et les installations. Il a également procédé à l’arrachage partiel avec retrait des ronces et autres liserons, érables sycomores dont les feuilles sont ciselées avant de pailler élégamment les cheminements au sein des jardins, tout comme celles des renouées. Renouées dont les rameaux séchés poursuivent leur destinée en habillant la dalle de béton à l’entrée des jardins, ou bien en intégrant le bac à compost pour une mutation en terreau ou bien encore en entrant dans la composition du projet artistique d’Alan.

Aux Jardins, Une gestion et protection artistique de la natureInterview croisée de Léa/Rachel

Rachel et Léa, avec les artistes Emmanuelle Huteau/clarinette et Stéphanie Tesson/écrivaine-comédienne au cours de la lecture-promenade musicale Les monologues en plein champ, l’été dernier.

L’appel des Jardins : comment les Jardins de la Manufacture se sont-ils manifesté auprès de vous pour que vous veniez y effectuer votre stage d’étude ?
Léa : Pour être honnête, je n’étais jamais entrée dans les Jardins avant d’envoyer ma candidature de stage. La seule interaction que j’ai eue avec ces derniers a été lors d’une visite scolaire du SEW en début d’année, où j’ai pu apercevoir un bout des Jardins par une fenêtre. Cela a attisé ma curiosité et après un peu de réflexion, j’ai tout simplement envoyé ma lettre de motivation ! J’aime beaucoup découvrir de nouvelles choses, surtout quand elles ne sont pas accessibles. En clair, j’y suis allée plus par instinct qu’autre chose. J’avais envie de faire un stage original, j’adore la botanique. Alors pourquoi pas ?

Rachel : A force de passages et promenades dans Morlaix, je tombais régulièrement nez à nez avec les Jardins, voilés par les grillages et toujours secrets. Je n’y suis jamais entré jusqu’à mon stage. C’est en juin, après avoir eu une déception quant au lieu de mon stage, que j’ai pensé aux Jardins de la Manufacture : en effet, ma meilleure amie Léa s’y trouvait et le lieu suscitait en moi curiosité et attirance. Nous avions eu l’occasion de rencontrer Tiphaine lors de la présentation des projets tutorés et la façon dont il évoquait le lieu m’avait fait hésiter quant au choix que j’allais faire ; finalement, pas de projet tutoré aux côtés des jardins, mais un deuxième essai de stage qui j’espérais s’annonçait être le bon ! Après en avoir discuté avec Léa, Tiphaine a pris contact avec moi et de là est née ma première rencontre avec les Jardins, le 1er juillet. 


● Quelles ont été vos missions respectives durant votre stage ?
Léa : Nous avons participé à la gestion courante des lieux : arrachage de ronces et de jeunes arbres, transformation des “déchets verts” et revalorisation de ces derniers par divers moyens (paillages, remplissage de chemins..). Notre mission passait aussi par la participation aux animations des Jardins : visites classiques ou encore accueil d’évènements artistiques « Station verger », « Monologue en plein champs »*.
Concernant ma mission spécifique, son but était de créer et d’animer une animation sur les espèces végétales invasives, avec des thématiques allant de la gestion de ces dernières jusqu’aux différentes visions et débats qu’elles causent. Le tout était de créer une discussion perpétuelle et d’opter pour des méthodes pédagogiques ludiques et artistiques dans le but de toucher un maximum de personnes.

Rachel : Les Jardins ont besoin de petites mains pour arracher, ciseler, effeuiller, rencontrer les visiteurs et accompagner le lieu. Dès lors, nous avions d’abord des missions de « gestion » qui permettaient d’épauler Tiphaine dans son travail. S’est ajoutée à cela ma mission principale, sur laquelle je me suis penchée durant 6 semaines : la création d’une animation sur l’ethnobotanique, c’est-à-dire plus simplement, sur la symbolique des plantes et les liens qu’elles ont entretenu avec l’humain au fil du temps. Je devais la présenter la dernière semaine de mon stage, et la nourrir de recherches personnelles, d’échanges avec Tiphaine et Léa. 


● Y-a-t-il des choses qui vous ont surprises, déconcertées, parues comme évidentes et attirées dans la démarche de Tiphaine Hameau, notamment le fait de rebaptiser GPAN votre formation GPN, pour Gestion et protection artistique de la nature ?
Léa : J’ai été assez surprise par la somme de travail énorme que l’entretien des Jardins et la répétition perpétuelle de certains gestes à l’aide d’outils manuels, Tiphaine se donne beaucoup de mal pour réaliser un jardin tel qu’il l’envisage, avec une immense rigueur. C’est un travail très sisyphéen, mais qui paye ! Les personnes qui visitent les jardins sont assez impressionnées par l’ambiance des jardins. Il me paraissait évident qu’il est important de recycler les déchets verts au maximum et de les réutiliser au sein du jardin, mais le faire de manière artistique est un parti pris très original et inspirant ! Du coup, je n’ai pas vraiment été surprise que Tiphaine renomme notre mission “Gestion et Protection Artistique de la Nature”, tout simplement parce qu’en venant aux Jardins de la Manu faire son stage, l’art
devient un attribut nécessaire pour pouvoir penser les Jardins. Sans poser un certain regard sur ce qui nous entoure, on ne voit pas grand-chose ici ! On le voit bien quand certaines personnes visitent les jardins et commentent “Il n’y a rien à voir ici” ou encore “Quelle friche !”. La beauté est dans l’œil de celui qui regarde !

Rachel : Oui ! Agréablement surprise. Ce qui m’a particulièrement déconcertée est le fait que tout soit fait à la main, que l’usage de machines est secondaire et que même l’effeuillage ou encore la coupe de rameaux se fassent par nous-mêmes ! Mais ce fut un plaisir : la gestion artistique du lieu a tout de suite résonné avec ma vision des choses et la notion spirituelle que j’offre à la Nature. Tiphaine prend soin des jardins et ce fut à notre tour à Léa et moi de poursuivre cet amour qui leur était donné, par le respect de la démarche de Tiphaine et l’intérêt que nous y avons accordé. 

Ce passage dans les Jardins de la Manufacture a-t-il transformé votre « rapport à la nature », de quelles façons ?
Léa : De manière évidente, mon rapport à la nature a évolué après avoir passé deux mois dans les Jardins. Tiphaine nous a initiées à sa vision de la nature, passant par un éloge de la lenteur et de l’observation. Il était aussi très intéressant de voir à quel
point Tiphaine prenait soin de chaque plante des jardins, un type de végétation qui n’a pourtant rien d’exceptionnel de prime abord !
Donc je dirai que d’être passée par les Jardins de la Manu m’a rendue beaucoup plus attentive à ce qui m’entoure et auquel on ne fait en général plus vraiment attention à force de passer devant tout le temps. J’ai compris que ce n’est pas parce qu’une plante est commune qu’elle n’est est pas pour le moins précieuse !

Rachel : Pas transformé, mais éclairé. En effet, avant de rencontrer Tiphaine et les Jardins, mon rapport à la Nature était proche de celui que j’allais découvrir auprès des lieux. Cependant, il a été éclairé par le regard de Tiphaine et les différentes pratiques et démarches qu’il associe aux jardins. Le mantra des lieux : « Faire le plus avec, le moins possible contre » (citation de Gilles Clément que Tiphaine répétait souvent).  Ainsi, c’est la façon dont les Jardins de la Manufacture ont accompagné mon rapport à la Nature et donné des outils et arguments pour le nourrir, qu’ils l’ont d’une certaine façon transformé. 

● Une ou deux anecdote(s) particulière(s) à partager ?
Léa : Je me rappelle avec nostalgie de toutes les fois où nous étions en train de discuter et Tiphaine nous arrêtait dans notre élan pour attirer l’attention sur un jeu de lumière, un oiseau qui se posait ou encore une musaraigne qui passait au loin. On restait sur le qui-vive en silence pendant quelques minutes parfois, puis la vie reprenait !

Rachel : Nos journées furent des anecdotes à elles seules ! Je plaisante, c’est que nous riions beaucoup tous les trois et que les Jardins regorgent de surprises qui n’ont pas fini de nous amuser ou de nous surprendre. Par exemple, j’ai dû rentrer chez moi avec un manteau attaché autour des hanches, car, après m’être assise sur un muret sur lequel se trouvait d’anciennes attaches de grillage, afin de faire ma mission d’effeuillage, je me suis retrouvée une fesse à l’air, mon pantalon déchiré ! Léa et moi étions en fou rire. 

Autre petite anecdote qui n’en est finalement pas vraiment une : nous avons eu la chance de rencontrer plusieurs artistes et de découvrir un monde artistique encore différent de ceux que nous croisons au théâtre, au cinéma, au musée… Aux Jardins, ce sont des personnalités singulières et sensibles qui viennent rencontrer les lieux et Tiphaine. Nous avons fait la rencontre de Stéphanie Tesson, Emmanuelle Huteau et Olivier Depoix, dans le cadre des « Monologues en plein champ », concert proposé dans les Jardins. De ces rencontres ont ainsi découlé diverses anecdotes, propres aux personnalités de chacun et à la rencontre avec les nôtres : échanges, discussions, aide au spectacle et répétition. En effet, un jour avant le spectacle, Léa et moi avons vécu l’effeuillage d’une façon différente de d’habitude : les musiciens répétaient et Stéphanie incarnait ses personnages juste à côté de nous. Ce fut particulièrement agréable de ressentir les jardins vibrer sous cette musique et rayonner différemment ce jour-là. 

*Parmi les rencontres artistiques au cours de l’été 2024 figuraient Station verger, entresort sonore, manuel, ludique et poétique du collectif Les Aimants et Les monologues en plein champ, lecture-promenade musicale de l’écrivaine-comédienne Stéphanie Tesson accompagnée par Olivier Depoix/accordéon, et Emmanuelle Huteau/clarinette-tuba-chant qui ont enchanté les participant.e.s.

Quand un projet tutoré allie regards scientifique et technique à l’expression créative sensible

Arthur, Léa, Louna, Nonna et Enora ont effectué leur projet tutoré de BTS GPN autour d’un inventaire des insectes et des plantes invasives auprès de Tiphaine Hameau. Ce projet a été l’occasion d’étudier durant huit mois les dynamiques de ces populations dans les Jardins de la Manu et d’y porter un autre regard, notamment artistique, sur quelques mal-aimés ou mal-menés de nos jardins. C’est en s’appuyant sur un livret de 70 pages, rigoureux et soigné, concocté par l’équipe étudiante que celle-ci a présenté fin décembre son projet tutoré devant un jury composé de professionnel.les et d’enseignant.es. Un livret récapitulant le contexte de leur projet avec : ses objectifs, la détermination des méthodes employées, les résultats et leur analyse, les fiches-espèces de trois plantes présentes dans les Jardins (la Grande Berce, la Renouée du Japon, le Buddléia de David, la présentation succincte de quelques insectes hôtes (papillons Moro-Sphinx, Vulcain, Aurore ; Abeilles cotonnière, domestique, charpentière ; cétoine dorée, Oedémère noble, Lepture tacheté). Un livret dans lequel on peut également glaner des citations d’Albert Einstein, Victor Hugo, Henry David Thoreau, Jean-Henri Fabre (humaniste-poète-artiste-éthologue), Baptiste Morizot, Gilles Clément ainsi que des dessins du botaniste Xavier Jaouen.

Parmi leurs objectifs, l’inventaire et les résultats des insectes pollinisateurs (choisis en raison de l’abondance des plantes à fleurs), l’analyse de leurs interactions avec les plantes, le suivi d’orthoptères (sauterelles et criquets) et de coléoptères ainsi que l’élaboration d’une cartographie des différentes parties des Jardins mettant en avant les massifs de plantes inventoriés, font partie des attendus « classiques » d’une formation en gestion et protection de la nature.

Avec un élément important à souligner, à savoir des considérations éthiques quant au respect des êtres vivants du lieu qui on amené l’équipe à mettre en place « un procédé expérimental ayant pour avantage de ne tuer aucun des insectes capturés, même si cela affectait le degré de précision dans leur identification. »

L’équipe a également choisi d’adjoindre à son projet un volet artistique qui a amené ses membres à créer des œuvres en s’appuyant sur leurs savoir-faire respectifs en dessin, vannerie et sculpture pour « donner à voir » les insectes des Jardins tout en respectant leur esprit, avec le choix de matériaux naturels.

Dans ce domaine, l’approche socioculturelle dispensée dans le cadre de leur formation permet à n’en point douter d’allier leur rigueur scientifique et technique à l’expression créative de leur sensibilité, au service de la sensibilisation d’un public plus grand et non spécialiste.

Mission brillamment accomplie puisque le groupe d’étudiant.es a reçu les félicitations du jury, à la fois pour les qualités de présentation de leur exposé, de réalisation du carnet et de leur outil ludico-pédagogique.

Tiphaine Hameau prévoit, au sortir de l’hiver, une restitution publique aux Jardins de la Manu et probablement dans la Galerie du Léon du SEW, avec une exposition des différentes contributions (dessins, sculpture, vannerie…): « L’occasion de célébrer le retour à la vie chantante, bourdonnante dans les Jardins! ».

Dans le prolongement de cet article, nous vous invitons à écouter nos deux entretiens effectués dans les Jardins de la Manu, le premier avec trois des étudiant.es sur leur projet tutoré, le second avec Tiphaine Hameau.

*Le projet tutoré de la formation BTS vise à instruire une réponse à une commande professionnelle de gestion environnementale et de valorisation de la nature. Durant plusieurs mois, il s’agit de rendre autonome les étudiant.es dans leurs investigations de terrain tout au long de leur démarche, accompagné.es par un tutorat commanditaire professionnel/enseignant.es.




L’Arbre, élément essentiel en Bretagne

(Plume citoyenne) Quelles relations et quels liens avec l’arbre, la forêt et le bois voulons-nous aujourd’hui et demain en tant que société ? Pour creuser ce sujet, Fibois Bretagne avait organisé à Saint-Brieuc le 15 novembre un forum pour l’avenir de la forêt bretonne. Une invitation à questionner notre relation en tant que citoyens-consommateurs-utilisateurs et professionnels.

L’arbre, c’est une question politique, économique, écologique, culturelle, humaine mais avant tout, c’est une question de notre relation avec le vivant. « L’arbre est notre assurance-vie » évoque Carole Le Béchec, élue au Conseil régional de Bretagne, présidente de la commission climat, transitions et biodiversité, en début de cette journée autour de l’arbre, la forêt et du bois. Le Plan arbre de la région prévoit de planter, d’ici 2028, 5 millions d’arbres en Bretagne pour répondre aux enjeux de la biodiversité, de la gestion de l’eau et de la tenue des sols. L’idée, c’est de concilier les usages et de réconcilier la société et la filière, car l’arbre et la forêt touchent aux âmes dans un monde où nous sommes de plus en plus déconnectés du vivant.

Le message des intervenants est clair : Il faut réunir tous les acteurs autour de l’arbre. Le besoin de se reconnecter à la nature est aussi important que la bonne valorisation du bois.

Comment concilier les besoins de notre société en matériaux et en loisirs avec les besoins du vivant autre-que-humain ? De plus en plus de citoyens préfèrent ne plus toucher aux forêts sans connaissances de l’utilité et des options de gestion, mais aussi sans questionner notre demande croissante des produits en bois ou l’effet de notre présence en forêt – la biodiversité souffre de la sur-utilisation des bois dans des zones urbaines. De moins en moins de jeunes ont envie de travailler la terre et la forêt ou de s’investir dans les filières qui en dérivent. Aujourd’hui, 23’000 personnes travaillent dans les filières autour de l’arbre en Bretagne, demain nous aurons besoin de plus. Ces problématiques ne sont pas uniques à la Bretagne – on en discute un peu partout en Europe.

Dans le contexte du réchauffement climatique, l’arbre est vu comme la technologie principale pour décarboner l’environnement bâti ainsi que d’autres secteurs industriels. La demande est en pleine croissance, la disponibilité de la ressource précieuse, limitée. Ici comme ailleurs la notion d’économie circulaire et d’usage en cascade est proéminente dans le discours. Comme chez soi, comme dans l’entreprise…

La forêt bretonne se compose au trois quart de feuillus, mais aujourd’hui la valorisation du bois se focalise sur l’utilisation des résineux. Le réchauffement climatique veut aussi dire se poser la question sur l’arbre de demain et apprendre à valoriser le bois de différentes qualités pour des usages à plus long terme. En Bretagne, on se sent encore à l’abri. Loin sont les images de l’est de la France et de l’Allemagne où les forestiers ont du mal à préserver le hêtre ou bien le chêne, l’arbre qui nous servait de symbole de résilience et de robustesse. Mais le climat change aussi en Bretagne et les hommes et les femmes qui travaillent les forêts en ont bien conscience. On commence à expérimenter à petite échelle avec l’introduction de nouvelles essences qui viennent des climats plus proches de ce qu’on attend ici dans l’avenir.

Ainsi, l’arbre et ses filières sont emblématiques du besoin de travailler vers de nouveaux modèles économiques. La spécificité de la Bretagne pourra devenir un atout dans cette quête, propose le géographe Jean Ollivro : Le mode de fonctionnement breton repose sur l’entraide, la coopération et la mutualisation dans une culture individualiste : l’esprit indépendant, la vie en commun. La capacité de travailler ensemble et le principe fondamental de prendre soin de la terre afin qu’elle nous nourrisse sont au cœur de l’identité bretonne. Depuis la nuit des temps, la forêt en Bretagne a été un élément de ressources et de mythes.

Le peuple breton s’est organisé de manière dispersée car il y avait de l’eau partout. La Bretagne, c’était une terre riche et fertile. L’arbre était un élément important et résilient. Statistiquement, la forêt ne couvre que 16% de surface en Bretagne, mais l’arbre est partout. Jean Ollivro et le forestier Hervé Le Bouler nous invitent à honorer l’originalité du territoire si nous voulons trouver de meilleures valorisations pour l’arbre feuillu qui n’a pas les qualités demandées par l’industrie aujourd’hui. L’arbre est depuis toujours omniprésent et fondamental dans tous les aspects de la vie bretonne, que ça soit dans les forêt ou sur des talus au bord des champs. La notion de « Coat » se trouve partout sur le territoire. Autrefois, c’était une source de nourriture, de bois-énergie et aussi du bois d’œuvre. Nous vivions avec la forêt. Aujourd’hui notre société se retourne contre la gestion et les gestionnaires de la forêt. Aujourd’hui l’arbre devient sacré – une vision idéalisée, selon Jean Ollivro, et qui oublie que nous faisons partie de la nature et avons un rôle à jouer dans son évolution. Notion confirmée par les experts forestiers. Comme l’exprime Laurent Le Mercier : il ne faut pas compartimenter nature et homme, c’est un tout dans lequel le travail du forestier s’inscrit. Est évoquée aussi la tendance de notre société à se pencher sur des dogmes au lieu de penser pour nous-mêmes, ce qui nous empêche d’agir avec responsabilité et nuance.

L’invitation au dialogue en forêt autour de ces questions est proposée par plusieurs intervenants. Hervé Le Bouler souligne l’importance de l’ancrage de l’arbre dans les territoires et évoque l’idée des arbres à palabre – de créer des espaces de rencontre autour de l’arbre comme le fait aussi l’association Clim’Action. Un appel à l’action qui vise autant les forestiers que les élus dans les territoires.







Ce week-end à Lorient, les « Journées d’automne de la bio » à l’occasion des 20 ans de l’association Bio Consom’acteurs

(Plume Citoyenne) L’association Bio Consom’acteurs agit pour une alimentation et une agriculture respectueuses de l’humain et de la nature, des fourches et des fourchettes. Elle agit quotidiennement en faveur de l’accessibilité, théorique et matérielle, de l’alimentation Bio, locale, et équitable. Elle organise ce week-end à Lorient les « Journées de la bio » pour fêter ses 20 ans.

On distingue trois axes principaux qui composent l’action de BCA :  

– Informer le grand public des questions liées à la Bio, grâce à notre newsletter mensuelle et étoffée, notre site internet riche et fraîchement relooké, notre activité sur les réseaux sociaux et notre présence sur des événements tout public (salons, festivals, marchés…). BCA a également co-produit un certain nombre d’outils de communication : des infographies, des livrets, des affiches. Pour l’information, tous les supports sont bons !

– Sensibiliser le grand public, en particulier les enfants, aux enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation. Bio Consom’acteurs est une association d’éducation populaire, et croit fermement à l’importance de la conscientisation pour rendre les citoyens et les citoyennes acteur.ices de leur société, de leur santé et de leur planète ! L’éducation populaire est une réponse aux urgences environnementales que nous affrontons, c’est pourquoi BCA intervient dans des écoles, des collèges, des lycées, organise des concours d’éloquence, anime des ateliers…

– Mobiliser la société civile, aux-côtés de collectifs dont nous faisons partie, pour interpeller les politiques, diffuser des pétitions, organiser des assemblées, participer à des évènements militants. De trop nombreuses fois le glas a sonné : réunissons-nous, fédérons-nous, mobilisons-nous !

Au-delà de la stricte alimentation, Bio Consom’acteurs accompagne le changement vers des modes de consommation durables, éthiques et solidaires en phase avec les défis sociaux, environnementaux et économiques d’aujourd’hui et de demain.

Cette année, l’association Bio Consom’acteurs fête ses 20 ans!

En l’honneur de ces 20 années d’actions en faveur d’une alimentation Bio, locale et équitable, nous réunissons une grande partie des acteurs et actrices de la Bio afin de nous fédérer et de massifier ce grand projet que nous portons ensemble : une Bio accessible à toutes et tous. Bio Consom’acteurs organise donc les Journées d’automne de la Bio à la Cité de la Voile à Lorient les 19 et 20 octobre 2024.

Ce week-end a pour ambition d’être un temps politique majeur autour de l’agriculture et de l’alimentation biologiques, regroupant un ensemble d’acteurs associatifs, d’élu·es, de collectivités, de militants et militantes, etc. Le dimanche, nous souhaitons aboutir à l’appel de Lorient, un texte commun qui réaffirmera la nécessité d’une agriculture et d’une alimentation saines, durables et accessibles à toutes et tous. Marc Dufumier et Stéphanie Pageot marrainent et parrainent l’événement.

Nous préparons aussi la publication d’un ouvrage collectif, co-écrit par différentes parties prenantes de la Bio et de ses enjeux. Les différents textes s’articuleront autour de la question suivante :  « Quelle(s) forme(s) peut prendre la défense d’une agriculture et d’une alimentation saine et durable ? ». La maison d’édition Rue de l’échiquier, dont l’histoire est étroitement liée avec nos intérêts écologiques, nous accompagne dans cette aventure littéraire et politique.




Sobriété lumineuse : Devenez sentinelle de la nuit ! – Recensez les éclairages illégaux avec France Nature Environnement Bretagne

(Plume Citoyenne) A l’occasion du Jour de la Nuit, France Nature Environnement Bretagne invite les breton·ne·s à agir ensemble face à la pollution lumineuse et lance pour la troisième année la campagne participative « Sentinelles de la Nuit » du 12 octobre au 30 novembre 2024 afin de recenser les éclairages illégaux et nuisibles.

Les éclairages en pleine nuit occasionnent des perturbations chez certaines espèces vivantes  (perte d’orientation, modification des habitats…), du gaspillage énergétique (alors que la sobriété est le pilier fondateur incontournable pour réussir la transition énergétique) et la perte du ciel étoilé. Pour agir face à cela, France Nature Environnement Bretagne appelle les breton·ne·s à devenir des « Sentinelles de la Nuit ».

Sentinelles de la Nature, un outil pour recenser les éclairages illégaux

La plateforme participative Sentinelles de la Nature permet aux citoyen·ne·s de localiser et signaler sur le territoire des atteintes à l’environnement dans le but de les résorber, à partir d’un site internet (sentinellesdelanature.fr) ou d’une application mobile.

Avec la campagne « Sentinelles de la Nuit », il est possible de recenser les cas de pollution lumineuse, comme par exemple la vitrine d’un commerce éclairée après 1h du matin, alors que la réglementation l’interdit.

La sensibilisation est indispensable, l’application de la loi encore plus

La France dispose d’une des meilleures réglementations de l’Union Européenne sur le sujet (arrêté du 27 décembre 2018). Cependant, il est constaté les défauts d’application de la réglementation, notamment en Bretagne. L’objectif est à nouveau de sensibiliser les acteurs afin de promouvoir la sobriété lumineuse et de faire appliquer la réglementation par les autorités compétentes.

En matière d’éclairage, il faut adopter une sobriété lumineuse, c’est-à-dire de repenser nos éclairages à la baisse en fonction de nos stricts besoins et de leurs impacts sur la biodiversité, en bannissant les éclairages inutiles et néfastes. Bénéfique pour la nature, bénéfique pour les factures, la sobriété lumineuse a tout intérêt à être adoptée par toutes et tous et à toutes les échelles !

«En 2022, lors de notre première maraude nocturne rennaise, nous avions recensé plus de 50 éclairages illégaux. L’année dernière, nous avions constaté un changement de comportement de la part des commerçant·e·s», explique Aurélie Le Goff, alors en charge de l’animation du réseau Sentinelles de la Nature à FNE Bretagne.

Plus d’infos

https://fne-bretagne.bzh/sentinellesdelanuit