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Le feuilleton de l’été « Les mots valises » : démocratie participative (chapitre 4, épisode 1)

Le feuilleton de l’été « les mots valises » chapitre 4 « démocratie participative », épisode 1 quand les mots-valises sont des « malles »à double fond

Pour le dernier mot-valise de l’été, je m’attaque à quelque chose de périlleux, la démocratie, qui plus est participative. Si je m’écoutais, je dirais qu’il s’agit là d’un pléonasme mais ce faisant, je donnerais un avis personnel et , du coup, je ferais preuve d’un manque de rigueur scientifique qui détonnerait dans ce feuilleton qui jusqu’à présent s’est voulu plutôt objectif. S’il est des mots que tout le monde emploie à tout bout de champ, sans forcément qu’on s’accorde sur leur sens, « démocratie » en fait partie, comme « liberté », « bonheur » ou « égalité ». On peut s’en sortir par une boutade, comme l’avait fait Churchill « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. » C’est drôle, c’est tellement britannique mais ça n’apporte rien. J’en reviens donc à mon approche classique par le dictionnaire, qui me dit ceci :

a) Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.

b) État ayant ce type de gouvernement.

c) Système de rapports établis à l’intérieur d’une institution, d’un groupe, etc., où il est tenu compte, aux divers niveaux hiérarchiques, des avis de ceux qui ont à exécuter les tâches commandées.

Il est inutile de s’attarder sur le point b) qui n’apporte rien de concret mais intéressons-nous un instant au point a) et c). La définition a) est explicite dès lors qu’on aura défini ce qu’on entend par souveraineté et elle aurait mérité d’être complétée par ce qu’en disait Abraham Lincoln « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » car en fait il s’agit bien de cela. Et c’est pour cette raison que le point c), que les auteurs du dictionnaire ont cru bon d’ajouter, devient intéressant. En effet, que nous disent-ils ? Primo que la démocratie n’est pas qu’un mode de fonctionnement de la sphère publique puisqu’elle concerne toute forme d’organisations sociales, entreprise, association sans but lucratif ou groupement informel, deuxio qu’il est un système où on demande un avis mais pas où on laisse décider ni agir, et tercio, que dans ces organisations il y a une hiérarchie, des gens qui commandent et des gens qui exécutent. On s’éloigne un peu de la souveraineté populaire. Restons-en là pour le moment et intéressons-nous au qualificatif qui fait de ce mot un mot valise : participatif. Notez que l’adjectif participatif est en soi devenu un mot « passe-partout » puisque non seulement, la démocratie peut être participative, mais le financement peut lui aussi être participatif comme une nouvelle forme d’économie qui peut être soit participative, soit collaborative, selon les auteurs. Le mot a manifestement une charge émotionnelle forte pour avoir autant de succès

Et là, surprise, quand on regarde le dictionnaire, on trouve ceci, dans l’ordre :

1) Qui concerne la participation dans une entreprise.

2) Qui implique une participation active des protagonistes dans une action, une activité.

3) Relatif à la participation, c’est-à-dire l’action de contribuer à quelque chose, d’en faire partie.

Voilà encore l’entreprise qui pointe le bout de son nez, en premier, mais au fait de quoi parle-t-on avec cette « participation dans une entreprise » ? vraisemblablement s’agit-il du mécanisme de répartition d’une partie des bénéfices imposée par le Général de Gaulle au milieu des années 60 et dont les mécanismes ne laissent que peu de marges de décision aux bénéficiaires de ces dites « participation aux bénéfices. C’est donc pour notre démocratie, une fausse piste. Reste les définitions 2) et 3) qui se ressemblent fort ; elles impliquent toutes les deux un apport actif, qu’on suppose positif, à un ensemble dont on fait partie. C’est déjà plus éclairant.

Du coup, on comprend mieux la définition qu’en donnent deux sites qui se sont beaucoup intéressés à cette question :

http://www.participation-et-democratie.fr/it/dico/democratie-participative

La démocratie participative désigne l’ensemble des procédures, instruments et dispositifs qui favorisent l’implication directe des citoyens dans le gouvernement des affaires publiques.

http://www.toupie.org/Dictionnaire/Democratie_participative.htm

La démocratie participative désigne l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision.

Mais dans ces définitions, qu’est-ce qui est important, la démocratie c’est à dire le gouvernement, la prise de décision ou la participation à l’élaboration de la décision et/ou de sa mise en œuvre ? Faut-il alors parler de démocratie participative ou plus simplement de démocratie délibérative ? La première prise dans son sens le plus large implique en effet, une participation à la décision et à sa mise en œuvre alors que la seconde réduit cette participation à l’élaboration d’une décision ou au refus d’une décision prise ailleurs. Dans cette dernière acception, on retrouve la démocratie participative telle que l’avait envisagée Ségolène Royal,et telle que la pratiquent d’ailleurs les partis politiques les plus démocratique lorsqu’ils demandent à leurs militants de prendre part à l’élaboration du programme politique . Dans le premier cas, on retrouve la démocratie active telle qu’elle se pratique dans certaines collectivités qui délèguent à des structures élues (comités de quartier par exemple) une partie du budget de la collectivité pour mettre en œuvre un ou des projets de ces comités. Il serait d’ailleurs intéressant que, dans le cadre de la disparition de la fameuse « réserve parlementaire », les élus de la Nation réfléchissent à un dispositif permettant de remplacer cette aide indispensable à nombre de projets associatifs ou de petites communes, par un dispositif géré localement, en toute transparence par une structure ad hoc élue.

Participatif mot valise lui-même financement participatif, économie participative ?




Forum Nomad’s Land, Habitat léger et du voyager autrement

Une Kerterre ? Une écoquille ? On en entend de plus en plus parler. L’habitat alternatif se développe, Nomad’s Land, forum de l’habitat léger et du voyager autrement, ouvre ses portes pour vous faire découvrir les procédés de fabrication et de mise en œuvre de divers habitats le 15 et 16 septembre à Bazouges-sous-Hédé (35), au nord de Rennes. L’occasion de découvrir les formes d’habitations légères et économiquement accessibles en rencontrant des constructeurs, des artisans, en écoutant les conférences et en partageant vos attentes avec les autres qui se questionnent tout comme vous.

Organisé par le café Bar’zouges/Ce qui nous lie avec le soutien de la ville d’Hédé-Bazouges et BRUDED, le forum met un point d’honneur à structurer une pensée de « l’habitat alternatif » qui doit apporter aux communes rurales en permettant de les repeupler et d’y insuffler une nouvelle dynamique. Cependant le développement de cet autre type d’habitat ne doit pas conduire à un « habitat anarchique ». C’est à dire, comme les organisateurs le rapportent si justement, il s’agit d’apprendre à « s’installer sur une terre, la faire vivre, y vivre, en vivre, sans que cela coûte à la collectivité et à l’environnement.».

Vous retrouverez les exposants : Tiny House, roulotte, écoquille, kerterre, contenair, solaire (électricité, cuisson…) phytoépuration, filtration, toilettes sèches, plants bio, associations. Par ailleurs des conférences auront lieu de 10h à 18h30 sur les différents types d’habitats, les aspects juridiques, la vision sociale de ce type de logement et de nombreux témoignages sur le voyage et l’habitat comme celui en roulotte et voilier à pédale avec Jan Brattinga, à pied avec âne avec Frédéric, en cyclo avec Hubert et Françoise, en woofing avec Benoït, en autostop, à pied (Compostelle), échange de maison, route des SEL.. N’hésitez pas à consulter le programme détaillé du forum qui comprends également des animations toute la journée, des ateliers enfants et familles ainsi qu’un espace pour se restaurer.

Attention le forum ne commence véritablement qu’à partir du samedi 16 septembre, néanmoins le vendredi 15 septembre sera l’occasion de partager des mets et des lectures sur le concept « d’Auberge Espagnole littéraire et gustative » à partir de 20h puis d’écouter des récits de voyages mis en musique à partir de 21h30.

Programme détaillé 
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Climate Chance 2017 Agadir : Plongée centenaire dans l’innovation énergétique

Il y en a qui s’ingénient à réinventer la roue et qui en plus s’en vantent. Quelle perte de temps et d’énergie !

Justement à propos d’énergie, lors du 2° Sommet Climate Chance d’Agadir, on pouvait rencontrer sur le site du comité 21 les animateurs de Paléo-Energétique et découvrir la frise qui illustrait leur démarche.

De quoi s’agit-il ? Comme ils le disent eux-même, il s’agit de recherche participative. Mais au-delà des mots, il s’agit d’abord et avant tout d’un outil de connaissance mis à disposition d’ universitaires qui, souvent, dans le cadre de leur projet de recherche, veulent trouver LE truc qui va sauver le monde et ce faisant, la plupart du temps, ne font que réexplorer une piste qui avait été largement défrichée par leurs aînés, il y a parfois plus d’un siècle.

Pourquoi s’agit-il alors de science collaborative ? La plupart des inventions qu’on retrouve dans la frise ont été signalées par des gens comme vous est moi qui en avaient entendu parler et trouvaient vraiment dommage que ces trouvailles, souvent géniales, soient restées dans l’oubli.

Du coup l’objectif de Paléo-Energétique est double. Le premier est d’inciter des étudiants à revisiter certaines de ces innovations et voir comment, remises au goût du jour, elles pourraient avoir une nouvelle vie et pourquoi pas trouver leur marché. Le second objectif est plus de vulgarisation;il s’agit donc de montrer à un plus large public qu’il ne faut pas se laisser prendre au miroir aux alouettes de ces innovations qui n’en sont parfois pas et que beaucoup de choses ont déjà été testées qui, si elles étaient réellement développées pourraient changer bien des choses dans notre quotidien. C’est dans cet objectif de vulgarisation que la présentation de toutes les inventions est volontairement limitée à 1.500 signes. C’est aussi pour cela que la présentation du site est sous la forme d’une frise qui invite donc à la flânerie.

En flânant, on peut ainsi découvrir

  • le bacille perfringens du Dr Jean Laigret qui transformait les déchets carnés en pétrole brut
  • le camion à hydrogène de Messieurs Hubault et Dubled ou la voiture à hydrogène de Mr Perrier
  • les concentrateurs solaires de Auguste Mouchot ou de Padre Hymalaya
  • le mur à pêche de Montreuil
  • qu’il se fabriquait plus de voitures électriques que voitures thermiques en 1900

Le fait que ces inventions n’aient pas connu le succès interroge. Néanmoins, sans tomber dans un excès de suspicion, on peut penser que des intérêts économiques puissants militaient à l’époque contre leur généralisation. Incidemment, maintenant que le contexte économique a changé, voilà une raison de plus pour aller revisiter cette frise

Pour aller plus loin :

la frise de paléo-energétique https://paleo-energetique.org/

le site des initiateurs du projet : l’association atelier 21 qui’ n’en est pas à son coup d’essai dans la sensibilisation du grand public mais qui utilisent généralement des voies plus ludiques et artistiques https://atelier21.org/

L’association suisse d’où a émergé l’idée ADER http://ader.ch/

le site du comité 21 qui hebergeait la frise à Agadir http://www.comite21.org/




Climate Chance 2017 Agadir : une chance pour la planète

Il y a un an s’est tenu, à Nantes, dans notre région donc, une réunion préparatoire à la COP 22 de Marrakech, qui ne rassemblait que des acteurs non étatiques (Organisations non gouvernementales, collectivités territoriales, entreprises petites et grandes).

Nous ne savions pas alors que s’enclenchait un mouvement de fond.

Un an après, à Agadir dans le Sud du Maroc, sur la côte Atlantique, le deuxième sommet de Climate Chance se réunit du 11 au 13 septembre. Plus de 5.000 personnes sont là, représentant des centaines d’associations, des dizaines d’entreprises et autant de collectivités territoriales .

La multiplicité et la diversité des stands installés dans les allées et le village de tente attenant au Sommet montrent avec force que la Région d’Agadir, pour ne prendre qu’elle, s’est largement mobilisée pour la lutte contre le changement climatique, dans une démarche de transition pragmatique, prenant en compte tous les aspects que cette lutte induit : gestion de l’énergie, gestion de l’eau, de nouveaux modèles de développement agricole, la prise en compte de la problématique du genre dan la gouvernance de ces transitions.

Tout cela a été réaffirmé par les participants à la plénière inaugurale, le président de la Région Souss Massa (Agadir), les ministres marocains de mines, de l’énergie et du développement durable, de l’agriculture, de la pêche, du développement rural, de l’eau et des forêts, la secrétaire exécutive de la Conférence de Nations Unies sur le Réchauffement Climatique, le Président de la COP 22 et le président de Climate Chance.

Tous ont souligné le rôle que les acteurs non étatiques (les ANE) ont joué et continuer à jouer dans la mobilisation planétaire. Ainsi, la secrétaire exécutive de la CNUCC, Patricia Espinosa a témoigné du rôle d’aiguillon qu’avaient joué les ONG en apportant des solutions pratiques et réplicables mais aussi en mettant sur la table de nouvelles interrogations nées des observations qu’elles font sur le terrain. Elle a également témoigné du rôle de contre-poids que jouent les collectivités territoriales quand elles refusent l’inertie de leurs Etats, citant en exemple l’initiative américaine « We are still in » qui regroupent toutes collectivités territoriales des Etats -Unis, Etat comme la Californie mais aussi plus de 300 villes, qui refusent d’admettre que la foucade du Président Trump mette un coup d’arrêt aux dynamiques à l’œuvre sur le territoire américain depuis parfois des décennies.

Comme l’a souligné le président de la COP 22, Mr Mezouar, la COP de Marrakech fut un formidable catalyseur local des énergies et a permis de développer une méthodologie qui s’applique maintenant aux nombreux projets qui émergent dans les différentes régions du Maroc : étape 1, on structure, étape 2, on mobilise, étape 3 on accompagne. Cette approche des choses illustrent bien l’esprit de ce sommet des ANE. L’initiative vient des ONG, des entreprises ou des collectivités territoriales et l’Etat n’est là que pour ce soutien en trois temps, chacun ayant autant d’importance que les autres.

On aurait pu croire que ce sommet des ANE à moins de trois mois de la COP n’était fait que fourbir les arguments qui permettront de faire pression lors des négociations à Bonn en novembre 2017. C’est en partie vrai puisque les organisateurs reconnaissent qu’ils espèrent obtenir de cette COP 23 des engagements concrets et irréversibles. Mais selon le président de Climate Chance, les vrais enjeux ne sont peut-être pas là ; ils sont aussi de faire en sorte que ce rassemblement, qui est probablement le plus grand forum non étatique consacré au changement climatique permettent l’émergence d’initiatives concrètes entre ONG, entreprises et collectivités. Il est aussi de fourbir les arguments pour affronter des partenaires autrement redoutables que les Etats, les bailleurs de fond, dont les logiques échappent largement aux accords passés lors des COP.

C’est peut-être le début d’une maturité institutionnelle de ces acteurs non étatiques.




#7 Portraits d’équipe : Laurence Mermet, secrétaire de l’association

Laurence Mermet est actuellement enseignante dans les lycées agricoles du Finistère, un métier qui lui apporte beaucoup. Femme affirmée, engagée dans ses choix personnels et envers les autres, Laurence a passé la majeure partie de sa carrière à côtoyer des militants écologistes : du côté civil et associatif comme du côté politique. De France Nature Environnement à Greenpeace en passant par le parti des écologistes, Laurence nous parle de son apprentissage, des valeurs qu’elle défend aujourd’hui et de ce en quoi elle croit.

Tu es secrétaire de l’association Eco-bretons, tu as également été présidente, si je ne me trompe pas, peux tu nous parler de ton histoire avec l’association ?

Je suis toujours dans la dynamique du CA de l’association. Mon histoire avec l’association a démarré au tout début, avec ceux qui avaient initialement porté le projet . Ils étaient venus me voir en me faisant part de leur intention et je trouvais que c’était une super idée de créer un média régional dédié au développement durable avec un statut associatif. Ce n’était pas gagné d’avance, mais je leur ai apporté un soutien ponctuel au début, plus fréquent ensuite.

Ton investissement dans des structures liées à l’écologie, à l’environnement, au développement durable, ne date pas d’hier. On peut dire que ça prend une grande place dans ta vie.

Adolescente j’étais déjà pas mal préoccupée par la question animale, nos rapports complexes et hélas de plus en plus insupportables avec les animaux. J’ai été végétarienne quelques années et abonnée à l’« Action zoophile », une petite feuille de chou antivivisectionniste. Je suis de nouveau végétarienne depuis 5/6 ans maintenant. Je constate avec espoir que cette problématique émerge avec force dans notre société depuis quelques années.

Ensuite j’ai fait des études qui m’ont conduite aux métiers de l’information et de la communication et mon premier boulot, c’était dans un groupe pétrochimique, au service communication, j’y avais effectué un stage. Il s’agissait de faire de la comm’ sur la pétrochimie, les produits organochlorés, la belle chimie, magnifique ! A un moment donné, il était question que je sois embauchée, mais ça ne faisait pas sens pour moi.. Il y’a eu un rejet intérieur. Et à ce moment-là, j’ai trouvé un boulot dans les petites annonces de Libé, à l’époque la FFSPN (Fédération française des sociétés pour la protection de la nature) qui par la suite est devenue France Nature Environnement cherchait sa chargée d’information et puis de coordination rédactionnelle de sa revue La lettre du hérisson . J’ai postulé et je suis entrée à la FFSPN. Les locaux étaient situés dans le Jardin des plantes, c’était chouette. Et à partir de ce moment là, ça a été une prise de conscience, j’ai eu l’énorme privilège de travailler en militant. C’est à dire que j’ai pu travailler en cohérence avec des convictions qui a un moment donné se sont révélées très fortes. J’y suis restée 5 ans.

Ensuite je suis devenue attachée de presse à Greenpeace France, au moment de la reprise des essais nucléaires français durant l’été 1995.

Le passage à la vie politique avec les écologistes

Au bout de cinq ans passés avec Greenpeace, qui m’ont à jamais marquée, le cabinet de la ministre Dominique Voynet m’a approchée. Cette dernière entamait sa cinquième année au Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, à l’époque ça s’appelait comme ça, et elle cherchait une nouvelle attachée de presse. Passer de l’autre côté de la barrière après avoir été avec ceux qui exercent un indispensable contre-pouvoir, celui de la société civile, ça a été extrêmement intéressant ; découvrir ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire quand on est un.e politique dans les rouages du pouvoir; comment une ministre écologiste minoritaire au sein d’un gouvernement qui s’affichait de gauche plurielle peut-elle travailler en bonne intelligence avec les associations, les ONG, sachant sa marge de manœuvre extrêmement limitée. Il fallait apprendre à jouer fin sur certaines thématiques, notamment le nucléaire qui était sous la tutelle du ministère de l’industrie. Je suis restée avec elle près d’un an et ensuite elle a passé la main à Yves Cochet qui a pris sa suite en tant que ministre jusqu’aux élections présidentielles où le candidat socialiste Lionel Jospin fut éliminé au 1er tour, le 21 avril 2002.

Ensuite j’ai travaillé à la Mairie de Paris, au service communication de la Direction de la Voirie et des déplacements, pour un élu écologiste. Tout ça était extrêmement intéressant, voir comment un maire socialiste, puisqu’il s’agissait de Bertrand Delanoë, avec une équipe là aussi gauche plurielle dont des écologistes, allait réussir à transformer Paris et notamment verdir la politique des déplacements dans une capitale telle que Paris !

Ça, ça a été toute ma vie parisienne, en train de défendre la cause écologique mais en mode intensif et un peu hors-sol. C’était un métier très très prenant. A un moment donné, ça ne faisait plus sens non plus de défendre ces questions en vivant de cette façon là. L’écologie urbaine bien sûr c’est important mais moi, j’avais envie de devenir rat des champs, plus rat des villes. J’ai donc franchi le pas pour la Bretagne, au fin fond du Finistère, dans le Pays de Morlaix où je me plais tant. Ensuite, j’ai travaillé pour le réseau associatif Cohérence, toujours avec une certaine cohérence !

J’ai également travaillé comme collaboratrice de conseillers régionaux écologistes durant un mandat. J’ai ainsi découvert l’échelon régional, ça aussi c’était instructif. C’est important de comprendre les différentes strates politico-administratives françaises, c’est même incontournable. Voir où sont les freins, comment on peut travailler en bonne intelligence avec notamment les agents de la fonction publique, tous grades confondus. Ils sont incontournables, au service des élus certes mais le pouvoir passe et les fonctionnaires restent. Le pouvoir des fonctionnaires est en fait important, ils connaissent les dossiers et les suivent, ce n’est pas toujours facile d’ailleurs pour eux quand il y a un changement de couleur politique de devoir s’adapter. Il y a parfois des résistances.

« En politique il n’y a que des coups à prendre (…) et en particulier quand on est écologistes »

Ça a été très dur, c’est toujours complexe et si je peux retenir une leçon de mon compagnonnage avec des écologistes politiques c’est d’avoir pu pénétrer dans la complexité des situations, des choses. Devoir satisfaire tout le monde, ce n’est pas possible… donc c’est un monde très particulier, écologiste ou pas. Une certaine idée du bien commun, du service publique, heureusement beaucoup d’élus l’ont. Des limites. Parce que je trouve qu’en politique il n’y a que des coups à prendre, on n’arrive jamais à satisfaire qui que ce soit, en particulier quand on est écologiste… et minoritaire. On doit apprendre à composer, à être en permanence dans le compromis, nos propres militants et sympathisants nous renvoient en plus une image négative « Mais c’est plus du compromis, c’est de la compromission ! ». C’est une marge de manœuvre extrêmement compliquée et je trouve qu’il y a des élu.e.s écologistes de terrain qui ont réussi à faire bouger les choses, sur le bio dans les cantines, sur le mariage gay… quand on voit ce qu’a fait Noël Mamère sur la commune de Bègles, quand on voit ce que fait Damien Carême avec les réfugiés à Grande-Synthe. Là franchement, sur le terrain… ils assurent ! Mais il faut redoubler de force, c’est deux fois plus compliqué que lorsque l’on est issu d’une grande formation politique. Le bipartisme a hélas dominé la vie politique de notre pays durant de longues années.

Tu y crois encore ?

J’en suis sortie désenchantée, désabusée sur la difficulté à assumer notre nature humaine dans toutes ses dimensions, mais je garde du respect pour certain.e.s élu.e.s écologistes parce que je trouve que c’est courageux de s’y coller. Un homme comme Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, qui se bat bec et ongle contre les pesticides, pour sauver les abeilles, entre autres, fait un travail remarquable au Sénat. Donc voilà je garde de l’admiration et de la sympathie.

Aujourd’hui je crois beaucoup plus dans la capacité de la société civile, et du local à se mobiliser. C’est comme ça qu’on arrive à déplacer le curseur, et les politiques suivent…

L’enseignement en lycée agricole : Les jeunes, priorité au projet de vie avant le projet professionnel

J’ai sauté à pieds joints dans l’enseignement, et je suis vraiment contente d’avoir mis les deux pieds dans l’enseignement agricole parce que quand on vit dans une région rurale comme la Bretagne, qui plus est avec des enjeux agricoles énormes, je trouve que c’est une bonne façon de découvrir et faire découvrir les enjeux de notre région, de ses territoires et aussi de mieux connaître et comprendre les jeunes. Le changement que nous voulons voir en ce monde, il part de la pédagogie auprès des jeunes générations. J’ai évidemment une réputation de militante écolo que j’assume et qui irrite parfois certains jeunes issus de milieux agricoles conventionnels mais c’est justement très intéressant de discuter avec eux, leur apprendre à argumenter, accepter des points de vue divergents (idem pour moi !). Tu dois pouvoir justifier pourquoi tu dis ça, pourquoi tu penses ça. C’est important d’avoir une pensée structurée parce que cela offre une liberté d’action et de l’autonomie.

Et je ne suis pas là pour faire du prosélytisme, je distingue parfaitement ma casquette de militante écologiste de ma casquette d’enseignante avec laquelle je dois apprendre aux jeunes à développer une pensée critique par eux même. C’est essentiel. Je suis rassurée de voir qu’il y a quand même une prise de conscience dans les jeunes générations. Certains s’en foutent, ils sont hélas déjà désabusés. En même temps, je trouve que c’est une époque difficile pour la jeunesse, très anxiogène. Nous les adultes, on leur met la pression « et quel métier tu vas faire ?! » et « les études, les études, les études ». Alors évidemment que le projet professionnel c’est quelque chose d’important, mais j’ai encore l’idée un peu désuète que l’école c’est quand même un sanctuaire où on doit aussi les aider dans l’accompagnement d’un projet de vie, avec des désirs, des rêves, des valeurs ! Cela comprend bien sûr le développement d’un projet professionnel. Autant la génération de nos grands-parents pouvait exercer le même métier toute sa vie, c’était possible, depuis le monde a tellement changé et ses mutations s’accélèrent. Alors quelle responsabilité c’est d’accompagner une orientation professionnelle ! Cela existe, des gens qui se sont sentis coincés toute leur vie du fait d’erreurs d’orientation. Il y a aussi parfois des maladresses, malheureusement, au sein du corps enseignant, des collègues qui considèrent qu’une filière pro c’est pour les jeunes qui ne sont pas bons scolairement. Je ne peux pas concevoir qu’on puisse penser ça. Une filière pro ça doit correspondre à quelqu’un qui a envie de rentrer rapidement dans la vie active. Quel que soit leur choix il faut accompagner au mieux ces jeunes gens malgré la pression des adultes. Et en même temps il y a plein de choses encourageantes, toujours.

Des gens qui t’inspirent, des lectures ?

D’abord au-delà de l’écologie, d’une manière plus large il y a Edgar Morin. L’entrée dans sa pensée complexe. Nous avons un mode de fonctionnement complexe, dans un monde complexe et notre nature humaine fait que l’on a besoin de simplifier les choses pour pouvoir les appréhender, pour pouvoir avancer. Au risque de la simplification qui ne rend pas justice à la complexité des situations. C’est pour ça d’ailleurs que je trouve toujours difficile d’arriver à prendre parti complètement pour quelque chose, quelqu’un, un parti, un point de vue…
On fait des choix, il faut certes les assumer à un moment donné de la compréhension que nous avons d’une situation, mais en ne perdant pas de vue que celle-ci est complexe, et moi petit individu, je ne peux absolument pas embrasser la totalité de cette complexité. D’où la nécessité de penser et de faire avec les autres : la belle et difficile aventure de l’intelligence collective !

Intégrer et assumer la lenteur pour mieux comprendre, donc, la complexité des situations. Je le dis notamment aux copains qui ont la dent très dure à l’égard de Nicolas Hulot. Certains lui reprochent son parcours et le fait d’avoir finalement franchi la ligne politique en rejoignant l’équipe gouvernementale de l’actuel président de la République. Il est vrai que moi-même, devant certaines décisions prises, comme par exemple la récente autorisation de tuer des loups, la colère me fait les rejoindre ! Mais je pense qu’il fait ce qu’il peut là où il est. J’aime bien la notion de « faire de son mieux », c’est à dire « je fais ma part du mieux que je peux avec toutes les limites que j’ai et que les structures m’imposent ». C’est tellement facile de plaquer un jugement définitif. La complexité, si on veut lui rendre justice, mérite que l’on prenne du recul, que l’on ne condamne pas péremptoirement l’action d’une personne, comme si d’ailleurs pouvait à elle seule sauver une situation globale. Un Zorro, ça n’existe pas.

La désobéissance civile et la vie en retrait dans les bois de Henry David Thoreau, La voie de la non-violence de Gandhi, celle de Martin Luther King, avec aussi la défense des droits civiques et Vandana Shiva, cette personnalité indienne que je trouve très inspirante. Je prends en ce moment un peu plus le temps de découvrir l’éco-féminisme. Savoir qu’il y a des éco-féministes notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France qui depuis les années 70, ont associé la cause féministe à la cause écologiste qui n’est qu’une seule et même chose, qu’elles ont mis et continuent de mettre la puissance féminine au service de la Vie. Je trouve ça magnifique.

Tu as participé à l’initiative  Vertes de rage , on peut faire un rapprochement avec l’Eco-féminisme.

Oui, alors Vertes de rage, effectivement, c’était au départ une initiative de quelques copines journalistes parisiennes, avec une belle sensibilité à l’écologie. Nous avons éprouvé le besoin de pousser un grand coup de gueule. L’une d’entre nous, Pascale d’Erm, vient d’ailleurs de publier un très beau livre, Sœurs en écologie  dans lequel elle raconte justement l’histoire des éco-féministes à travers le monde. Nous voulions manifester avec force notre inquiétude et faire bouger les choses car nos enfants, petits à l’époque, étaient comme tous les enfants en contact avec des substances chimiques présentes absolument partout dans la vie quotidienne. Nous avons publié une retentissante et éphémère tribune. Nous avions aussi la chance d’avoir accès à certains médias nationaux. Lorsque l’on peut faire passer des messages pour être entendu par une audience la plus large possible, on le fait. C’était une action ponctuelle qui voulait donner plus d’échos à cette grave problématique. Une association comme Générations futures mène, avec d’autres, depuis des années un travail de longue haleine qui porte ses fruits, timidement mais assurément. Il ne faut rien lâcher face aux menaces qui pèsent sur la santé du vivant dont nous faisons partie !

Ta vision de la transition dans ton quotidien, ce dans quoi tu t’évertues à agir

Vers 13 ans, j’avais décidé de devenir végétarienne suite à un incident alimentaire, l’absorption de viande avariée. Aujourd’hui, j’aimerais bien mener ma cohérence alimentaire vers le végétalisme, mais pas le véganisme qui exclut également tout produit d’origine animale parce que je veux pour le moment encore continuer de porter de la soie, de la laine, du cuir, en étant attentive à leur mode de production, mais bon… cela ne me satisfait pas encore. Disons qu’au niveau alimentaire, je suis en transition. C’est un cheminement long, se nourrir, et c’est quelque chose d’extrêmement politique. On le constate dans les choix agro-industriels, là où ça mène la planète, et les traitements que nous animaux humains infligeons aux animaux non humains, ça m’est aujourd’hui insupportable.

Des actions me semblent également essentielles à mener, en particulier auprès des jeunes dont les cerveaux sont de plus en plus soumis à la dispersion et à l’hyper-sollicitation (le fameux temps de cerveau disponible !). On ne le voit que trop bien avec le monde du numérique que je ne condamne pas pour autant. Il y a du meilleur comme du pire. Et ces jeunes sont assaillis d’informations qui arrivent en flux incessants, sans hiérarchisation, avec très peu de capacités à en vérifier l’origine, la validité, la pertinence…Hélas tout les pousse à la dispersion mentale alors qu’il y a une impérieuse nécessité à se mettre dans l’attention, à réduire tous ces flux envahissants. Et là on rejoint le politique, la nécessité du vivre et du faire ensemble pour les biens communs. Nous ne savons que trop combien il est difficile de résister aux pouvoirs financiers qui règnent en maîtres quasi absolus si nous n’y prenons pas garde aujourd’hui. Et ils ont tout intérêt à avoir à faire à des populations qui réfléchissent le moins possible. Il faut donc au contraire être extrêmement vigilant. Nos démocraties sont plus que jamais fragiles sur une terre en proie à des désordres multiples. Il va nous falloir beaucoup, beaucoup d’attention les uns pour les autres… et laisser enfin nos esprits, si créatifs lorsqu’ils sont libres et autonomes, bâtir les utopies pour demain.

Merci !




Ouessant : point d’étape à mi-parcours de la mise en œuvre de la transition énergétique et écologique des îles du Finistère.

Alors que les vents balayent les côtes Ouessantines en ce début septembre, l’heure est au bilan de mi-parcours. Une journée qui fait suite au lancement de «La mise en œuvre de la transition énergétique et écologique des îles du Finistère» le 6 septembre 2016. Ce mardi 5 septembre 2017, les acteurs se sont à nouveau réunis afin d’offrir une visibilité sur l’avancée du projet. Analyse d’un échantillon idéal, un milieu fini aux prises avec les éléments : Ouessant, Molène et les autres îles du Ponant.

Les îles du Ponant – qui signifie îles du « couchant » en référence au soleil – sont actuellement le laboratoire d’expérimentation sur deux plans d’action principaux : le BEL (Boucle Energétique Locale), financé par la région Bretagne à raison de 823 000 euros sur 3 ans et le TEPCV (Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte) financé par l’état pour un montant de 867 000 euros sur 3 ans également. L’association les îles du Ponant en est le maître d’ouvrage.

« Diminuer de 37% des émissions de Co2, sur les trois îles » était l’objectif énoncé par Denis Bredin, le président de l’association, en 2016. Le bilan à ce jour montre une diminution de 16% des émissions totales pour les trois îles (Sein, Ouessant et Molène) dont une diminution de fioul de 386 700 L (l’équivalent de la consommation de l’île de Sein pendant 1 an). Ce résultat est obtenu grâce aux différentes opérations à destination des populations îliennes : la diffusion d’environ 11000 LED contre les ampoules à incandescence des îliens, l’opération de remplacements des appareils de froid énergivores1 auxquels 239 habitants y ont pris part, la rénovation de l’éclairage public et la mise à disposition de kits poules.

(1). CDP2017 « Sur les îles, il est constaté un suréquipement en appareils de froid, notamment en congélateurs. L’opération consiste donc à soutenir financièrement les usagers à remplacer leur appareil de froid énergivore par un appareil A++ ou A+++)

Ouessant, l’hydrolien à l’essai

Denis PALLUEL, Maire de Ouessant, mets l’accent sur le projet PHARE qui consiste à utiliser les trois sources d’énergies exploitables sur l’île à l’aide de panneaux photovoltaïque, d’éoliennes et d’hydroliennes. En effet afin de garantir aux habitants une alimentation électrique suffisante et constante il est nécessaire de transformer et combiner ces trois énergies. Depuis 1 an, les lampadaires à LED ont bien poussé comme les panneaux photovoltaïques sur la salle omnisports (291m²) mais en ce qui concerne l’éolien c’est une autre histoire comme l’explique le maire :

« Tout le monde va dans le même sens pour développer les énergies renouvelables mais après sur le terrain c’est pas aussi simple que ça puisqu’à Ouessant, mais Sein et Molène aussi, on considère ces îles comme des sanctuaires et on ne doit rien faire, mais je ne désespère pas de convaincre qu’une ou deux éoliennes ne vont pas défigurer Ouessant. Le contexte administratif est très compliqué, la réglementation sur les éoliennes dit qu’elles doivent être à 500 mètres des habitations et en même temps dé que vous êtes à 500 mètres vous êtes en espace protégé. Il y a donc une équation difficile à trouver, c’est un appel pour dire « Faut savoir ce que l’on veut », c’est dommage de voir qu’il y a plein de partenaires mobilisés avec nous et qu’on bloque sur cet aspect-là. D’autant plus qu’on ne cherche pas à faire un champ d’éoliennes, ça serait une ou deux et je dirais même, peut être, provisoirement car d’ici 10 ou 15 ans si le parc hydrolien s’amplifie on aura pas forcément de raison de garder ces éoliennes. »

En ce qui concerne l’hydrolien, c’est encore au stade expérimental mais prometteur avec une possibilité de fournir jusqu’à 400MGWh par an sur les 2200MGWh nécessaires pour une autonomie totale en énergies renouvelable. Après avoir passé l’hiver dans le canal du Fromveur, l’hydrolienne D10 de SABELLA est au port de Brest pour quelques opérations d’optimisation de la connectique. Ces modifications permettront de délivrer davantage de puissance à la centrale qui après avoir traité l’énergie brute de l’hydrolienne, la stockera dans ses batteries récemment installées.

Si les tests sont concluants, deux hydroliennes D12 viendront prendre le relais de la « petite » D10 courant 2020. Cette ferme d’hydroliennes baptisée Eussabella pourra fournir jusqu’à 70 % des besoins de l’île de Ouessant.

Molène, les goémoniers 2.0

Le Ledenez vraz (La grande presqu’île en Breton) de molène qui sert de « refuge de mer » et qui abrite quelques habitations de goémoniers réhabilitées pour accueillir les touristes pour 1 à 2 nuit est aujourd’hui complètement autonome en électricité grâce à ses panneaux photovoltaïques (35m²), bien évidemment ce ne sont que quelques habitations, mais elles confortent pour l’avenir comme le précise le maire de Molène, Daniel MASSON :

« On est complètement autonome, on est très surpris, c’est tout bête, c’est tout simple, il y a du soleil ça marche et la nuit on stock. C’est vraiment un truc à tout petite échelle, expérimental peut être, mais ça nous permet d’avoir des petites maisons complètement autonomes, tout ça pour dire qu’on expérimente, ça réussi, après il faut se donner les moyens pour faire autre chose. On a des projets notamment sur du photovoltaïque qui va alimenter un éclairage public à LED par le SDEF » (Syndicat départementale d’énergie et d’équipement du Finistère)

Du fait des lourdeurs administratives qu’implique l’éolien, le maire de Molène souhaite se concentrer dans un premier temps sur le photovoltaïque car pour l’hydrolien c’est techniquement compliqué :

« il n’y a pas assez de fond sur l’île, mais on compte sur nos amis de Ouessant pour nous tirer un petit bout de câble qui ira jusqu’à molène, mais ça c’est à négocier »

L’éolien, une énergie prometteuse pour l’île de sein et pourtant…

Dominique SALVERT, Maire de l’île de Sein se réjouit de la nouvelle centrale photovoltaïque installée sur la toiture de l’écloserie (517m²) qui vient s’additionner à celle déjà existante du centre nautique (46m²), trois autres toitures devraient se voir équipées de panneaux solaire pour atteindre une surface de totale de 1000m2.

Afin de compléter cette solution, il est question d’installer une éolienne avant d’envisager une autre solution si les contraintes administrative et réglementaire ne se dénouent pas comme le signale le maire de Sein :

« Comme le disait mon collègue de Ouessant, les problèmes administratifs et réglementaire sont très importants, on avance petite à petit… C’est dommage car si on avait ces équipements-là, si on l’avait au complet, on serait à 70 % d’autonomie… On ira jusqu’au bout du possible pour l’éolien avant d’envisager d’autres technologies »

L’énergie des habitants également mise à contribution 

L’association les îles du Ponant, les municipalités et les différentes structures partenaires cherchent d’abord à changer le comportement des usagers, sortir du système de consommation à outrance, néanmoins, comme le défend le maire de Molène, les îliens ont déjà des habitudes de consommations liées aux contraintes de leur territoire et savent composer avec :

« Comme toutes les îles on a surtout une grosse consommation pendant les vacances d’hiver (…). C’est en faisant des progrès sur l’isolation des maisons et puis si vous avez froid vous mettez un pull, vous n’êtes pas obligé de mettre à 23° votre maison. Là-dessus on a des comportements îliens plus sensés. On pas eut l’habitude d’avoir extrêmement de confort donc le peu qu’on a est très agréable.»

Des temps de paroles pour informer et discuter avec les populations ont lieu tous les trois mois environ, et mobilisent généralement « une bonne centaine de personne à chaque réunion sur Ouessant, dont quelques-uns devant la porte. ». Un point d’interrogation majeur « Combien cela va-t-il coûter ? ». Mais au final les usagers y trouvent leur compte grâce au PIG(2), programme qui prendra fin en octobre, certains se sont même vu financer jusqu’à 80% des équipement pour réduire la consommation énergétique de leur logement. Madame Richard, habitante de Ouessant, a payé 1000 euros sur les 15000 euros d’investissement total et a pu s’offrir un réfrigérateur moins énergivore, de nouvelles fenêtres, ainsi qu’un régulateur thermique. Les usagers sont accompagnés dans leurs démarches par l’association des îles du Ponant et sont de plus en plus nombreux à le faire. Cependant l’association, regrette que le programme arrive à sa fin car l’émulation avait réussi à prendre. Ils cherchent actuellement un moyen de le prolonger et répondent à d’autres appels à projet, car l’association est « toujours à la recherche de nouveaux programmes ».

Afin d’allier l’économie d’énergie et la production d’électricité d’origine renouvelable pour éviter le gaspillage d’énergie, il est important de pouvoir adapter l’offre (la production d’électricité) à la demande (la consommation des habitants) comme l’explique le directeur délégué d’EDF SEI, Christian GOSSE :

« La variation de la consommation des clients peut varier d’un à dix suivant qu’on soit la nuit, l’hiver ou à noël… il faut pouvoir ajuster l’offre à la demande de nos clients en permanence, à l’instant T, à la seconde voir à la milliseconde. C’est ce qu’on a développé et ce qui est important, c’est 3 choses : le compteur numérique pour avoir un pilotage très serré de sa maîtrise de l’énergie car l’enjeu de toute cette transition c’est aussi que chaque consommateur soit conscient qu’il doit changer son comportement, le deuxième point c’est un stockage tampon, c’est la fameuse batterie, car quand on produit des énergies renouvelables il faut un stockage car lorsque le client n’a pas d’attente, pas de besoin, on la stock, et après quand il va en avoir besoin parce que c’est la soirée, qu’il va faire froid, on va la réinjecter à travers cette batterie. Cette batterie tampon est extrêmement importante pour garantir la gestion des systèmes. Le dernier objet c’est le pilotage, on a créé un système de pilotage qui joue le rôle de chef d’orchestre, il aura pour but d’arbitrer la production d’ENR, l’énergie de l’hydrolienne et la batterie. »

(2) Le PIG (programme d’intérêt général) pour Ouessant qui prendra fin au moi d’Octobre avait permis à 105 personnes de bénéficier d’aide au reconditionnement de leur logement pour des économies d’Energie. D’autres programmes ont financé les actions de l’association des îles du Ponant mais il faut sans cesse continuer à répondre à des appels d’offres au vu de la durée limitée de ces plans d’action (d’une durée relativement courte entre 3 et 5 ans)

. Il existe également d’autres programmes complémentaires comme le LOGIC pou l’île de Sein ;

Nos amis les îliens 

D’autres zones îliennes sont sources d’inspiration pour l’association des îles du Ponant qui appartient à l’ENSI (la fédération des petites îles d’Europe). Comme l’île d’Eigg, cette petite île d’Ecosse, située dans les îles Small, rachetée par ses habitants en 1997, est aujourd’hui complètement autonome en énergies renouvelables. Leur source d’énergie repose principalement sur l’hydroélectricité avec 3 barrages, du photovoltaïque et de l’éolien avec 6 éoliennes (l’île de Ouessant n’en construirait pas plus de deux par îles si la réglementation française vient un jour l’autoriser). Cependant à chaque île ses spécificités, les plans d’autonomies ne sont pas juxtaposables d’une île à l’autre, mais ils sont inspirants. Cet hiver, au mois de décembre, c’est au tour des îles du Ponant d’accueillir des îles lointaines en questionnement énergétique en invitant les îles de la Madeleine pour un voyage d’étude à Ouessant.

Le projet nécessite la coopération des acteurs associatifs, institutionnels, privés et civils qui s’efforcent de mêler leurs compétences avec le plus d’efficacité possible. Pas facile lorsque les lourdeurs administratives entravent leurs efforts comme on peut le constater pour l’éolien sur l’île de Molène et celle de Ouessant. Autre exemple, l’autorisation d’expérimentation sur le plan d’eau qui a mit plus de 20 ans à être accordé.

« Il faut que le législateur intègre le droit à l’expérimentation. Sur l’eau on vient juste de nous l’accorder, c’était 20 ans de bataille (…) il faut que le législateur pense à ouvrir régulièrement les cadres, même si on doit rendre des comptes ensuite. Histoire que le dossier ne prenne pas 20 ans comme celui ci. » répond le conseiller régional André Crocq délégué à la transition énergétique. Puisque les choses sont dites yapluka.

Pour aller plus loin : 


Article – Point d’étape 2016 : http://www.eco-bretons.info/iles-finistere-route-vers-transition-energetique

La fédération des petites îles d’Europe :  http://europeansmallislands.net/fr/

1

Réaction de l’association « île de sein Énergie » sur les actions d’EDF  : http://www.idsenergies.fr

Auteurs : Inès CARADEC et Tanguy COAT