Distro, la coopérative bretonne qui développe le réemploi des bouteilles en verre

La coopérative bretonne Distro travaille au développement du réemploi du verre en Bretagne. Dans la campagne de Grand-Champ, non loin de Vannes, elle trie les bouteilles en verre consignées, qu’elle collecte auprès de distributeurs et producteurs bretons, avant de les envoyer dans deux centres près de Nantes pour être lavées. Depuis 2021, plus de 400 000 bouteilles ont ainsi été réemployées. Distro s’apprête à l’expérimentation nationale lancée par Citeo, qui aura lieu dans trois régions françaises, dont la Bretagne. Rencontre.

Située dans la campagne de Grand-Champ, non loin de Vannes (56), la Ferme de l’Oncle Patate est un lieu atypique. De par son nom, déjà. Mais aussi par ses trois activités. La ferme n’est pas seulement un lieu de production de pommes de terre bio, on y trouve aussi la plateforme de la filière « légumes bio » du Morbihan, et, plus étonnant, la coopérative Distro. Celle-ci y a pris ses quartiers « depuis avril 2024 » raconte Robin Langiano, responsable logistique.

La Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) Distro est née en 2022, après avoir été pendant quelques années une association. Son objectif : développer le retour de la consigne du verre en Bretagne. Elle structure une filière composée « de producteurs, de points de vente, d’imprimeurs, de citoyen.ne.s… », explique Robin. 

Distro gère ainsi la collecte des bouteilles consignées dans une soixantaine de points de distribution (cavistes, réseau Biocoop…), dans le Finistère, les Côtes-d’Armor et le Morbihan. « La collecte se fait également chez certains brasseurs ou cidriers », précise Robin. Dans le hangar de Grand-Champ, elles sont triées et « massifiées », c’est-à-dire stockées par format différent, avant de prendre la route pour deux centres de lavages situés à Clisson et Carquefou en Loire-Atlantique. « La rotation est rapide pour les bouteilles de 75 cl, les plus courantes, mais un peu plus longue pour les bouteilles de vin », analyse le jeune homme. Dans le hangar, des « pallox » sorte de grands casiers, permettent de stocker les bouteilles de bières, de cidre, de vin, de jus…, qui, pour celles du Morbihan, arrivent par casiers, du fait de collectes plus fréquentes. Entre 8000 et 10000 bouteilles transitent ainsi ici chaque mois.

Hormis la collecte et le lavage, Distro accompagne également les producteurs qui souhaitent se lancer dans l’aventure. La coopérative distille des conseils sur le contenant (choix de bouteilles pouvant résister à plusieurs dizaines de cycles) et sur les étiquettes, un enjeu important, car il faut qu’elles puissent se désagréger facilement dans le bain de lavage. Elle travaille pour cela avec des imprimeurs pour trouver la bonne formule.

S’installer à Grand-Champ est un choix intéressant du point de vue logistique, d’après Robin. « Distro collecte les bouteilles chez Biocoop, où sont livrés aussi les légumes via la plateforme de la filière légumes bio. Ceci nous permet de mutualiser les trajets des camions, car les points de livraisons de légumes sont également les points de collectes des bouteilles ». Un avantage économique et environnemental non négligeable pour la coopérative, qui est cohérent avec les valeurs qu’elle porte. « L’économie circulaire et les circuits courts font partie de l’ADN de Distro », affirme Robin. Sans oublier que « l’un des enjeux dans le réemploi est d’optimiser les boucles logistiques. L’objectif in fine est que les bouteilles réemployées reviennent moins cher, ce qui peut être aussi une incitation à y recourir pour le producteur ».

Et de plus en plus de professionnels semblent avoir recours au réemploi. Depuis 2021, ce sont ainsi 400 000 bouteilles qui ont été réemployées grâce à Distro.

A partir de mai, les chiffres devraient s’envoler, du fait du lancement avec Citeo d’une grande expérimentation nationale sur la consigne, dans trois régions de France, dont la Bretagne. Distro se prépare au changement d’échelle. Une activité d’achat groupé de verre neuf réemployable devrait également être lancée dans l’année.

Plus d’infos : https://distro.bzh




Dans les papiers végétaux et cartes du vivant de Laura Conill

Originaire de la région lyonnaise, Laura Conill, est une artiste-designeuse-papetière au sourire radieux, passionnée du vivant, qui s’est établie depuis quelques années en Bretagne, à Morlaix précisément. Cette diplômée en archéologie et philosophie de l’art s’est ensuite tournée vers une pratique plastique en se formant à la Haute école des arts du Rhin. « Dans ce mélange de formations, je trouve une méthodologie commune et hybride entre la recherche de récits, d’inventions d’histoires à partir de fragments et expérimentations, pour proposer d’autres modes de vie possibles », dit-elle.

Laura Conill fait de son récent lieu de vie finistérien, un terrain de découverte, d’expérimentation et de création, entre terre et mer, résolument sous le signe du lien, de là-bas – Indonésie, Vietnam, Mexique, Etats-Unis, Inde… – à ici, dans un esprit low-tech : « ma démarche évolue différemment selon le projet, pour construire des projets incrémentalistes (ndlr : qui se construisent petit à petit, par des ajouts continuels), des toiles d’araignées tissées entre personnes, lieux, matières et techniques. La création engagée est ce qui me fait voyager plusieurs mois en Asie et à Détroit à la recherche de créateur.trices impliquées dans des questions environnementales et sociales, et créer en rentrant en Alsace un collectif, avec trois autres designeuses – Chloé, Morgane et Louna – nommé Bouillons (voir encadré au bas de l’article). »

Laura n’est pas arrivée seule en Bretagne, une autre membre du collectif Bouillons, l’artiste-céramiste Morgane Lozahic à laquelle nous consacrerons également un sujet, s’est établie non loin de Morlaix, à Plougasnou. Parallèlement à leurs projets respectifs, elles travaillent ensemble et toujours avec le collectif Bouillons.

Les projets de Laura Conill se conjuguent toujours en mode collaboratif, avec les habitants humains et non-humains, avec des artistes, des associations : « à travers la coopération et la collaboration avec des métiers différents, mais aussi via le partage de savoir-faire du papier artisanal, de techniques de valorisation des rebuts de matières et du végétal, je crée des objets et des événements qui rassemblent, questionnent et sensibilisent. ».

Cartoletto ou carte-lit, carte qui se lit, carte qui nous relie aux vivants

C’est ainsi qu’en mai 2024, à la faveur d’un appel à projets de la Région Bretagne, « Aide aux jeunes artistes plasticien·ne·s en Bretagne », auquel a répondu l’association Les Moyens du bord, Laura Conill s’est installée en résidence de création aux Chiffonniers de la Joie pour un projet artistique de cartographie géante qui fait actuellement l’objet de l’exposition Cartoletto, jusqu’au 9 mai 2025, à l’espace du Roudour de Saint-Martin-des-Champs.

Sur la page de couverture du petit livret d’accompagnement de l’exposition Cartoletto, concocté par l’artiste et sobrement intitulé Cahier de terrain, s’y déplie dans tous les sens, ce mot italien : «  La carte-lit, de l’italien « carta » : carte, papier, et « letto » : lit. La carte comme une image qui se lit, la carte lue. La carte comme feuille de papier artisanal. Le lit en tamis papetier géant. Le lit comme le point d’ancrage d’un lieu de vie. Le lit de la rivière de Morlaix. »

A l’intérieur de ce Cahier de terrain, « des nourritures livresques et notes de carnet » où se côtoient des extraits d’ouvrages tels que « Le patrimoine culturel de la calligraphie et de l’impression du Gansu » par Yi Xumei, Liu Xiumen ou encore d’archives Archimer « Le microplancton des rivières de Morlaix et de la Penzé » de Gérard Paulmier. Et aussi des citations du philosophe Baptiste Morizot, de l’écrivaine-plasticienne Claudie Hunzinger, de l’écrivaine Juliette Rousseau… des croquis, de la rivière de Morlaix, qui accompagnent la liste des algues et plantes marines et celle des planctons et animalcules de la baie de Morlaix, ainsi qu’un lexique des couleurs végétales des pâtes à papier.

Mais faisons ensemble un petit bond en arrière, jusqu’à la genèse de ce projet.

Collaborer pour créer

Collaborer pour créer, c’est précisément le fil rouge choisi par Les Moyens du bord pour la programmation de ses événements tout au long de cette année 2025, à commencer par l’exposition Cartoletto de Laura Conill. Et cet article lui-même est le fruit d’une collaboration puisque ce sont les mots de l’artiste qui prennent maintenant le relai pour vous relater les coulisses du projet.

Cartoletto s’est imaginé en collaboration avec plusieurs acteurs du territoire pour créer des cartes d’écosystèmes, géographiques et sensibles, des cartes géantes aussi, créées en papier artisanal, qui traduisent l’histoire du lieu et de ses habitant.e.s, du vivant, dans la baie de Morlaix, en mer, et des imaginaires noués autour. « Ces grandes cartes en papier artisanal sont des cartes qui racontent, sensibilisent, informent, traduisent et sentimentent, qu’on ne peut créer qu’à plusieurs mains. »

Parmi ces acteurs : Les Chiffonniers de la joie, comme lieu de création des outils papetiers et des grandes feuilles ; Les Moyens du Bord, pour le lieu d’atelier, l’accompagnement artistique, et pour la teinture végétale du papier avec des plantes locales ; Gladenez, association de préservation du patrimoine de l’île de Batz, comme lien avec les fours à goémons et goémoniers, la récolte de laminaires et de cendres de laminaires ; l’association Traon Nevez, pour la récolte de fibres sur le site ; les deux créateurs de microscopes à plancton à Morlaix, pour l’utilisation de leur microscope afin de lire les cartes à l’eau de mer.

Le projet a été collectif et s’est articulé autour des personnes qui gravitent aux Chiffonniers de la joie. En effet, il s’agissait d’installer un atelier saisonnier de fabrique de papier artisanal, avec les personnes-ressources (équipe, bénévoles, public) et les ressources-matières des Chiffonniers. Cet atelier est une fabrique où les outils papetiers sont à l’échelle du lieu, fabriqués sur place, pour ensuite créer les cartes géantes.

A l’aide de sommiers de lits réassemblés, de grillages, mais aussi de l’atelier bois et métal des Chiffonniers, il s’agit de construire des tamis papetiers géants, et créer des grandes compositions de papier artisanal, ces grandes feuilles de papier recyclé ou végétal qui sont devenues des cartes à lire. Pour créer de telles feuilles, il y a eu tout un processus collaboratif, car la feuille nécessite d’être soulevée et balancée à plusieurs mains, dans une harmonie et une coordination des gestes, qui suit le savoir-faire papetier mais en créant des feuilles de géant.e.s. Il y avait aussi d’autres outils de création liés au papier à construire, comme une pile hollandaise. Les grandes cartes créées sont en lien avec l’écosystème de Morlaix, son contexte, ses lignes du territoires de la mer et de la terre, et ses plantes qui créent les couleurs et les fibres du projet.

Tamis géant utilisé dans le cadre d’un des ateliers de fabrication de papier que Laura anime depuis son arrivée, dans le lavoir du site de Traon-Nevez (Dourduff-en-mer/Plouézoc’h) où elle exposait également quelques-unes de ses créations de papier végétal.

Une exposition mêlant étroitement art et sciences

Il s’agissait de comprendre le territoire ensemble et voir quelles plantes de terre ou de mer locales pouvaient teinter naturellement les pâtes à papier, fabriquer des encres pour l’impression sur les cartes. La recherche prévue était aussi de prélever des échantillons d’eau de mer dans la baie de Morlaix, pour créer des feuilles à l’eau de mer, et collecter dans chaque feuille de papier formée une cartographie minuscule de cet écosystème : les planctons, les micro-plastiques, les algues récoltés : toutes non visibles à l’oeil nu. C’est avec l’organisation Plankton Planet – œuvrant pour une océanographie internationale et citoyenne dédiée au plancton – et les scientifiques de Fairscope que l’artiste a effectué ces échantillonnage d’eau de mer.

Chaque feuille assemblée avec les autres feuilles/échantillons compose ainsi une grande carte de la zone, une grande cartographie merrienne et terrienne, toujours avec les plantes tinctoriales du territoire de la baie de Morlaix. Laura Conill aimerait aussi poursuivre ses recherches entamées avec des personnes de l’île de Batz : faire du papier de laminaires, en lien avec les fours à goémons et la soude de laminaires.

Il y a plusieurs degrés, didactiques, de lecture dans les cartes créées : à parcourir du regard et y voir les détails d’espèces rencontrées, flux de migrations, villes, plantes, par des traits et formes colorées, créées avec une technique d’impression papetière et par l’impression en gravure. L’autre niveau de lecture est possible avec un microscope parcourant toute la carte, et voir la vie minuscule figée dans le papier, enserrée dans ses fibres. Les planctons sont là, visibles, comme un herbier du vivant, avec les débris d’algues, et les poussières de plastique, reflétant ainsi la globalité des prélèvements à cet instant donné.

Les compositions finales sont à parcourir avec ces deux dimensions, comme une grande carte de navigation qui aurait des mystères et trésors cachés à l’intérieur, une carte sensible aussi, qui signifie, montre à un instant T son état, et comment elle peut encore changer. Les grandes compositions sont vouées à changer de lignes de territoire dans quelques années, et donc c’est un travail vivant qui continuera dans le changement des couleurs et le rajout de pâte à papier sur les cartes. Il s’agit donc de sensibiliser par ce prisme art/science aux changements des écosystèmes, à ce qu’on doit protéger autour de nous et ce qui ne doit pas disparaître.

Laura Conill organise des ateliers d’initiation à la technique papetière, pour créer des feuilles de papier artisanal aux couleurs de saison. Par le biais d’une cueillette de plantes locales et de la technique de l’inclusion végétale, des compositions sont ainsi réalisées dans les papiers créés, en jouant sur les couleurs, tailles et épaisseurs des papiers fabriqués.

Et pour celles et ceux qui souhaitent parfaire leurs connaissances et pratiques, elle a publié en juin 2024, un livre intitulé « Faire son papier – recyclé, artisanal, végétal » (ulmer éditeur)

Interview de Laura Conill effectuée à Traon Nevez, l’été dernier :

https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/faire-son-papier-recycle-artisanal-vegetal-979-cl.htm

Bouillons, Un atelier de création engagée pour le vivant

« Nous sommes Bouillons, un atelier de création engagée pour le vivant regroupant quatre designeuses-artistes. Au sein de cet atelier, nous travaillons sur les problématiques écologiques actuelles, qu’elles soient environnementales ou sociales. Nous maîtrisons des compétences

artisanales variées et complémentaires dans cet atelier : le papier artisanal, la teinture naturelle, la céramique, le tissage manuel, la couture et l’illustration. Nous investissons ces savoir-faire dans

des moments de création, de rencontres, de partage et de transmission, que nous mettons en place dans différents cadres et avec des publics variés.

Nous aimons introduire la création dans des secteurs qui ne pensent pas y être destinés, tout comme nous aimons que d’autres univers et métiers s’introduisent dans notre activité. Nous souhaitons mêler nos compétences à celles d’autres personnes d’un écosystème local.

Bouillons est aussi un atelier de production d’objets et d’idées : nous partons des rebuts de matières, mais aussi du vivant, pour créer du beau, et sensibiliser différents publics.»

www.bouillons-atelier.fr 

https://www.facebook.com/bouillons.atelier

Le site de Laura Conill : https://lauraconill.com/

https://www.facebook.com/laura.conill




A voir. Martigné-Ferchaud, la commune bretonne où on préserve le bocage et on replante des haies

Disponible sur la plateforme FranceTv, le documentaire « Le village qui voulait replanter des arbres » de Brigitte Chevet met en lumière la commune de Martigné-Ferchaud, le travail de celle-ci, des agriculteurs, et d’une technicienne bocage, pour planter des haies. Dont celles qui ont disparues lors du remembrement. Un film fort et sensible, sur le rôle important du bocage dans la préservation de l’eau.

Martigné-Ferchaud est une commune agricole du sud de Rennes. Elle fait partie d’un bassin versant où « l’eau est vraiment de mauvaise qualité », de l’aveu même de son maire, Patrick Henry, agriculteur. « Il va falloir vraiment faire des actions fortes pour inverser la tendance. Dès aujourd’hui, il faut planter, il faut améliorer la qualité de l’eau ». Ces propos forts sont extraits du documentaire « Le village qui voulait replanter des arbres », réalisé par Brigitte Chevet, et disponible sur le site de France tv.

Dans ce film, on suit notamment Léa, « technicienne bocage ». Son quotidien : replanter des haies, et rebâtir des talus. Réparer les « conneries » comme le souligne un agriculteur. Celles qui ont été faites pendant le remembrement, il y a 60 ans. Cette grande opération organisée par l’Etat, pour rapprocher les parcelles, au moment du développement de la mécanisation agricole et de la productivité, a entrainé la dispartions des trois-quarts du bocage français. Ce sont ainsi 360 kilomètres de haies qui ont été supprimés à Martigné-Ferchaud. Les arbre.s, les talus, les haies, étaient alors considérés comme inutiles, nuisibles, et le bois avait perdu de sa valeur.

Mais aujourd’hui, on replante. La commune a ainsi décidé de protéger les haies existantes, et d’en créer d’autres. C’est tout le travail de Léa, qui rencontre les agriculteurs du secteur, pour les inciter et les aider dans ces opérations. Elle a ainsi contribué à recréer 15 km de haies dans le secteur. « On veut juste avoir un bocage qui soit fonctionnel, qu’on retrouve une continuité et une densité suffisante. Il faut qu’on arrive à entretenir celui qu’on a », confie-t-elle dans le documentaire.

Brigitte Chevet, dans son documentaire, montre bien les bienfaits du retour à la haie : mieux pour la biodiversité, la retenue de l’eau, la qualité de celle-ci, l’abri du bétail par fortes chaleur…Les agriculteurs le comprennent mieux aujourd’hui, même si la question de l’entretien, des normes environnementales et du coût restent prégnantes, et sont revenues sur le devant de la scène lors des récentes manifestations agricoles. Mais certains viennent désormais spontanément voir la technicienne, pour qui « L’arbre est un couteau suisse. Replanter des couteaux suisses, c’est valorisant ! ».

Le film est à voir ici : https://www.france.tv/documentaires/documentaires-environnement/6920389-le-village-qui-voulait-replanter-des-arbres.html


Consultation sur l’eau, tous et toutes concerné.e.s !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat, qui se déroule jusqu’au 25 mai. Pour cela, direction le site : https://eauloirebretagne.limesurvey.net/ConsultationDuPublic2425




« Sentinelles de la nature » en Bretagne : plus de 300 alertes reçues en 2024

Le dispositif national « Sentinelles de la nature », déployé dans la région par FNE Bretagne, permet aux citoyen.ne.s de signaler les situations d’atteintes à l’environnement. En 2024, plus de 300 alertes ont été reçues. Les plus nombreuses concernant la dégradation du bocage, notamment les destructions de haies protégées et le défrichement. Mais des initiatives positives sont aussi mises en valeur : renaturation de zones humides, entretien de cours d’eau, retour de la biodiversité…

« Sentinelles de la nature » est le nom d’un dispositif porté par les associations membres de France Nature Environnement, pour « informer, aiguiller et accompagner les citoyen.ne.s pour agir sur la protection de la nature ». Le projet est déployé sur tout l’hexagone, la Guyane et Mayotte.

En Bretagne, Sentinelles de la Nature est porté par FNE Bretagne depuis 2022. Ce projet participatif permet « aux citoyen·ne·s de localiser et signaler sur le territoire des atteintes à l’environnement dans le but de les résorber, à partir d’un site internet (sentinellesdelanature.fr) ou d’une application mobile », explique FNE Bretagne, qui vient de publier le bilan du dispositif pour 2024.

Ce sont ainsi « plus de 220 nouvelles personnes qui ont contribué à Sentinelles de la Nature en 2024 ». 328 signalements ont été reçus par les bénévoles et les salariés. Ce qui arrive en tête de ce triste classement : les atteintes au bocage, notamment la destruction de haies protégées et le défrichement, qui représentent 20% des dégradations signalées. A noter aussi « le déversement de substances polluantes et le dépôt de déchets ». « L’année 2024, comme l’année précédente, a été marquée par une importante augmentation des destructions de haies avec arasement de talus » explique Sullyvan Henrio, chargé de l’animation du réseau Sentinelles de la Nature en Bretagne, qui est constitué de 65 millitant.e.s issu.e.s d’associations membres de FNE Bretagne (Eau & Rivières de Bretagne, Bretagne Vivante, VivArmor Nature…). Ils et elles accompagnent les lanceurs et lanceuses d’alerte dans les signalements et dans les démarches à entreprendre.

On peut également signaler sur la plateforme de Sentinelles de la Nature des initiatives « positives ». Douze opérations portées par des citoyen.e.s ou des associations ont ainsi été référencées, comme par exemple les plantations de haies, la protection de la biodiversité, la renaturation de cours d’eau et/ou de zones humides…

Pour effectuer des signalements d’atteinte à l’environnement : https://sentinellesdelanature.fr/Bretagne.11.html




Une « météo » des nappes phréatiques par la Région Bretagne et le BRGM

Lors du Carrefour des Gestions locales de l’eau qui s’est déroulé à Rennes les 22 et 23 janvier, la Région Bretagne et le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) ont lancé conjointement un outil de prévision et de partage des connaissances ouvert à tous, et baptisé MétéEAU Nappes. Il permet, outre le suivi en temps réel des niveaux d’eaux, de réaliser des prévisions à 6 mois en suivant différents scénarios météo.

Tout le monde a encore en mémoire la sécheresse de l’été 2022, durant laquelle des mesures de restriction renforcées ont été prises. Il a fallu aussi puiser dans les réserves pour éviter les coupures d’eau générales. Une situation qui se reproduira à l’avenir, en raison du réchauffement climatique.

Lorsque les niveaux des cours d’eau sont bas, les nappes souterraines, qui représentent plus de quart de la ressource consommée pour l’alimentation en eau potable, participent au soutien des débits des rivières. Afin d’améliorer l’anticipation et le suivi de ces nappes d’eau souterraines, la Région Bretagne s’est associée au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) pour déployer l’outil « MétéEAU Nappes ».

Le BRGM, service géologique national, est un « établissement public de référence dans le domaine des géosciences », explique Pauline Drzewiecki, directrice du BRGM Bretagne. Dans la région, l’établissement gère 52 ouvrages piézométriques (qui mesurent le niveau d’une nappe en un point donné), répartis sur l’ensemble du territoire. Les nappes sont ainsi suivies en continu et en temps réel.

L’outil MétéEAU Nappes permet, outre un suivi en temps réel, de réaliser des prévisions saisonnières sur la base de différents scénarios météorologiques, jusqu’à 6 mois. « Il va être déployé sur 25 points d’eau en Bretagne », précise Pauline Drzewiecki. « Nous avons besoin de nous doter d’outils pour pouvoir anticiper de façon plus précise la situation des eaux souterraines », déclare Delphine Alexandre, vice-présidente de la Région Bretagne, collectivité qui participe financièrement au projet, à hauteur de 80% (sur un total de 270 000 euros).

Le projet MétéEAU Nappes a démarré « il y a une dizaine d’années », explique Bruno Mougin, hydrogéologue au BRGM. La nouveauté ici, pour la Région Bretagne, est la capacité à faire des prédictions jusqu’à 6 mois dans le futur. Concernant les fonctionnalités, l’outil, sous forme de plateforme, comprend une partie cartographie et une partie graphique. « Celle-ci permettra de visualiser la pluviométrie, le niveau des nappes phréatiques et le débit des rivières », précise l’hydrogéologue. Il y aura aussi la possibilité d’afficher un seuil, et ainsi d’anticiper le dépassement ou la non-franchissement de celui-ci.

De quoi pouvoir mieux anticiper les niveaux d’eaux selon divers scénarios météo à 6 mois, et prendre plus rapidement des restrictions d’usage au niveau local, en cas de séchereresse. De même lors de précipitations intenses et de risques d’inondation par remontée de nappe.

Pour en savoir plus : https://www.brgm.fr/fr/site-web/meteeau-nappes


Consultation sur l’eau : Toutes et tous concerné.e.s !

Il est toujours temps de participer à la consultation sur l’eau menée par le Comité de Bassin Loire-Bretagne et l’Etat, qui se déroule jusqu’au 25 mai. Pour cela, direction le site : https://eauloirebretagne.limesurvey.net/ConsultationDuPublic2425




Projet Sainbiote : La prescription nature comme nouveau médicament

Rencontre avec Aurélien Fridman, chargé de projet environnement au sein de l’ulamir-CPIE Morlaix Trégor.

Sainbiote comme Santé Interaction Biodiversité Territoire. Ce projet ambitieux a pour objectif de rassembler divers professionnels de santé (psychologue, sage-femme, médecin, maison de santé, centres sociaux…) pour appréhender et accompagner les individus dans une démarche de bien-être par le contact de la nature.

« Comme on peut prescrire des médicaments lorsque que l’on souffre de maladie mentale par exemple, on pourrait prescrire le fait d’aller prendre l’air 20 min par jour durant 2 semaines »

En phase d’expérimentation, ce projet de trois ans entame sa deuxième année. L’heure est à la création de partenariat avec le personnel de santé.

« Il faut casser les frontières […] créer des relations entre le monde de la santé et le monde de l’environnement »

Aux Etats-Unis, des études étrangères, comme « Prescri-Nature » ont déjà démontré le lien fondé entre nature et bien-être . Au Québec (https://www.prescri-nature.ca/) un programme mis en place par la BC Parks Foundation a été créé, accompagnant les personnels de santé dans la délivrance d’ordonnance nature. Basée sur des données chiffrées, les études démontrent un ratio positif entre bien-être mental et physique lors d’excursions nature, même de courtes durées.

En France, ce projet est soutenu par IRESP (Institut pour la recherche en santé publique). Et mis en place par l’association Alliance Santé Planétaire, appuyé par différents médecins français comme le Dr Blandine Mellouet Fort (Rhône-Alpe-Auvergne) ou bien encore Dr Juliette Zimmerman (Haut-de-France) ainsi que le Docteur Eva Kozub Decotte (Occitanie), et également porté par L’union Régionale des CPIE (Centre Permanent d’Initiative à l’Environnement).

Sur notre territoire, trois CPIE sont moteurs dans l’expérimentation : CPIE de Brocéliande, CPIE de Belle-ïle-en-Mer et le CPIE Morlaix-Tégor. Le tout sous la houlette de l’Agence Régionale de Santé, du PRESE Bretagne (Plan Régional Santé), de la Région et de l’Europe.

Au-delà de la recherche partenariale, ce projet souhaite mettre en avant les aspects de sensibilisation grand public comme nous l’explique Aurélien Fridman, chargé de mission du projet au sein du CPIE Morlaix Trégor : « Le but est de créer un catalogue où les personnes pourraient se renseigner pour avoir une prescription nature. Aussi, pour nous les CPIE […] c’est travailler ensemble avec les personnels de santé et de s’auto-former également à la santé, pour apporter une nouvelle dimension et de nouveaux outils à nos actions de sensibilisation… ».

Alors, personnels se sentant concernés par le sujet, n’hésitez pas à contacter le CPIE Morlaix Trégor pour plus d’informations.

Propos recueillis par Sophie Sanchez-Panchout

Je remercie Aurélien Fridman pour le temps accordé à cet entretien.

Contact :

ULAMIR-CPIE MORLAIX TREGOR

02 98 67 51 54

Aurélien Fridman

Aurelien.fridman@ulamir-cpie.bzh


Pour aller plus loin :

A historical and critical analysis of park prescriptions

https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/00222216.2019.1617647

La prescription nature , Blandine Mellouet Fort :

La prescription de nature : motivations et freins à la pratique par les médecins généralistes des Hauts-de-France, Université de Lille

https://pepite.univ-lille.fr/ori-oai-search/notice/view/univ-lille-41793?lightbox=true

La nature comme boussole, Pratique, entretien de Julie Zimmerman

https://pratiques.fr/La-nature-comme-boussole