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KuB’tivez-vous ! Sélection de février

Capture d’écran Miel bleu, de D. Durocher, C. Joliff et F. Lhotellier (2015).

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le Web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci : surproduction, miel bleu et esthétique de l’abandon.

L’homme a mangé la Terre, de Jean-Robert Viallet (2019 – 98’)

À voir jusqu’au 5 mars 2021.

« Quels sont les évènements historiques marquants, les découvertes scientifiques et technologiques, les choix politiques et industriels qui sont à l’origine d’un tel bouleversement ? ». Tel est le questionnement du journaliste Jean-Robert Viallet (prix Albert Londres 2010) qui l’a amené à réaliser ce film documentaire très dense et édifiant.

En remontant le fil du temps depuis l’aube de la première révolution industrielle au XIXe s., Jean-Robert Viallet met en lumière des passages ombragés de l’Histoire qui nous expliquent comment nous sommes entrés dans une « nouvelle époque géologique », celle de l’Anthropocène. « L’âge de l’homme » celui d’une « révolution géologique d’origine humaine ».

Le réalisateur nous raconte ainsi de quelle manière l’homme, pour ses besoins immédiats, a pillé, déformé, dénaturé, détruit… mangé la Terre en seulement deux siècles. Un temps long au degré de la vie humaine, mais un « tout petit moment sur l’échelle des temps géologiques », les « deux derniers millièmes de seconde » sur l’échelle de la vie de notre planète.

Un documentaire du même acabit que Le Monde selon Amazon, d’Adrien Pinon et Thomas Lafarge, que nous vous avions proposé dans notre précédente sélection. 1h30 de concentré de connaissances, de faits et de réflexions mené d’une main de maître qui se doit d’être visionné pour comprendre ce qui a forgé notre société actuelle. Découvertes et étonnement seront assurément au rendez-vous.

Visionner le documentaire : https://www.kubweb.media/page/homme-a-mange-terre-crise-environnementale-jean-robert-viallet-etoile-scam/.


Miel bleu, de Daphné Durocher, Constance Joliff, Fanny Lhotellier (2015 – 4’)

À voir jusqu’au 27 avril 2021.

Une abeille binoclarde et maladroite ostracisée de sa ruche découvre un liquide bleu mystérieux et brillant d’origine humaine dans la forêt qui lui permet de revenir en grâce dans la cour jaune et noire. Mais les effets hallucinogènes de ce « miel bleu » font rapidement dégénérer le cours de la vie paisible des abeilles.

Ce scénario direct et sans fioriture a fait mouche puisque le court-métrage de Daphné Durocher, Constance Joliff et Fanny Lhotellier a remporté une dizaine de prix et a été nommé pour une multitude d’autres récompenses entre 2015 et 2017… pas mal pour un film de fin d’études ! Le trio a en effet réalisé ce film à l’issu de leur diplôme en cinéma d’animation à l’école George Méliès (Orly, 94) en 2015.

Les animations en 3D sont très réussites, l’univers créé est attachant et les musiques accompagnent avec subtilité les aventures de l’héroïne à lunettes. Le tout forme une production pleine de légèreté et de poésie. Une manière élégante de dénoncer les dérives de certains industriels, et de l’homme en général, qui n’ont que faire des effets des produits qu’ils déversent dans la nature.

Le script est même inspiré de faits réels survenus en 2012 dans le Haut-Rhin (68) où une douzaine d’apiculteurs avaient « récolté un étrange miel bleu » fruit « des résidus de colorants industriels stockés à l’extérieur d’une usine » que leurs abeilles avaient butinés. De quoi causer « l’intoxication des ruches » et donc la mort de « milliers d’abeilles ».

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/miel-bleu-abeilles-daphne-durocher-constance-joliff-fanny-lhotellier/.


Exposition : Archéologie de l’abandon, par Cécile Borne (2019)

À voir jusqu’au 14 avril 2022.

Pour finir cette sélection de février, nous vous proposons cette page pour découvrir la plasticienne, réalisatrice et chorégraphe bretonne Cécile Borne à travers son exposition de 2019 Archéologie à l’abandon. À la Galerie du Faouëdic à Lorient, l’artiste avait exposé du 9 avril au 19 mai 2019 son « monde reconstitué par une esthétique de l’abandon », fruit de vingt ans de récolte de « tissus échoués, chiffons abandonnés par la mer dans le sable, vêtements éliminés venus du large ».

Ses créations donnent « corps à ces matières désaffectées » par un « jeu de métamorphoses » déroutant. KuB nous offre un aperçu de cette exposition à travers trois photos, ainsi qu’une vidéo singulière dans laquelle nous observons un filet de pêche perturbant la calme du monde marin.

Cette page est l’occasion de découvrir une artiste unique et déconcertante qui se doit d’être suivie. Son raisonnement est cohérent et nous sensibilise toujours plus à la sauvegarde de notre planète.

Mais cet avant-goût de son exposition nous laisse sur notre faim. Les fragments offerts par KuB nous permettent de nous en faire qu’une légère idée. Heureusement, la chronique (inclue à la page) Textures étonnantes d’Isabelle Nivet pour Sorties de secours nous en donne une bien meilleure vision.

Consulter cette page : https://www.kubweb.media/page/archeologie-abandon-plastique-plage-plasticienne-cecile-borne/.


Notre sélection de janvier : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-janvier/.

Notre sélection de décembre : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-decembre/.

Notre sélection de novembre : https://www.eco-bretons.info/kub-tivez-vous-selection-de-novembre/.

Plus d’infos :

Miel bleu 2



KuB’tivez-vous ! Sélection de janvier

Capture d’écran Le Monde selon Amazon, d’A. Pinon et T. Lafarge (2019).

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le Web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci : précarité étudiante, Amazon et Monts d’Arrée.

Pascaline et Klara, par Céline Dréan (2012 – 52’)

Le film de Céline Dréan date d’il y a presque 10 ans mais est toujours d’une frappante actualité, notamment en cette période des plus compliquée pour les étudiants. La réalisatrice retourne à l’Université Rennes 2 pour suivre l’année de Pascaline et Klara qui, comme elle avant, sont inscrites dans la filière cinéma.

Amies, confidentes, engagées, féministes et colocataires, les deux jeunes femmes de 22 ans sont toutes deux issues de classes populaires et sont contraintes de travailler à côté de leurs études pour que la précarité n’ait pas raison d’elles. Céline Dréan nous immerge donc dans leur quotidien.

Une année intense et angoissante qui nous permet de mettre des images sur ce qui est une « réalité souvent réduite aux statistiques : celle des étudiants précaires » comme le note judicieusement la réalisatrice. La situation est saisissante lorsqu’on suit Pascaline désespérée toute une journée à la recherche d’un job dans un restaurant rennais… alors qu’elle doit en parallèle rendre un mémoire et trouver un stage.

Klara vit une année moins angoissante de son côté. Elle commence tout juste sa maîtrise de cinéma et a donc encore deux ans pour rendre son mémoire. Elle en profite pour s’engager pleinement dans le féminisme et l’élection présidentielle de 2012 auprès du NPA.

Bien que très inquiétant sur les conditions de vie des étudiants, le film apporte aussi son lot de sourires et d’espoir. Notamment lorsqu’on voit Pascaline, qui rêve de travailler à France Culture, s’épanouir à Radio Campus.

N’hésitez donc pas à voir cette production qui permet de saisir un des enjeux les plus importants de la crise actuelle.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/pascaline-klara-etudiante-rennes-celine-drean/.


Le Monde selon Amazon, d’Adrien Pinon et Thomas Lafarge (2019 – 71’)

(À voir jusqu’au 15 février 2021 !)

« Un monde où une entreprise contrôle la distribution de tous les produits de notre quotidien, les infrastructures de notre économie, mais aussi les données qui permettent de faire la guerre », voilà comment les reporters Adrien Pinon et Thomas Lafarge analysent le projet de Jeff Bezos, le patron d’Amazon. Les deux diplômés en Histoire nous embarquent dans un véritable tour du globe sous l’ombre, clairement menaçante, du GAFA (les géants du Web : Google, Apple et Facebook) le plus imposant du moment.

Numéro 1 mondial du commerce en ligne, Amazon propose aussi « de la vidéo à la demande, de la musique en ligne, des jeux vidéo, du stockage informatique, des assurances et des médicaments ». De quoi s’assurer « un monopole dans le sens traditionnel » selon l’analyste financier américain Allen Gillespie. En surface, cela peut ressembler à un incroyable succès pour l’entreprise qui emploie 566 000 employés et compte 300 millions de clients… mais aujourd’hui elle cause beaucoup de dégâts.

De son berceau Seattle où elle a implanté son siège jusqu’à l’Inde des traditionnels et innombrables commerces de rue, en passant par ses propres entrepôts, Jeff Bezos sème aujourd’hui beaucoup de craintes et de désarroi. Les craintes des petits commerçants qui ne peuvent pas lutter contre les prix cassés du géant et le désarroi de ses propres employés « traités comme des robots ».

Visionner ce documentaire est presque un acte citoyen pour prendre conscience de l’ampleur du phénomène Amazon. Comprendre l’importance de continuer d’acheter ses livres à la librairie du coin, de jeter un œil à la petite boutique de mode de la galerie marchande de sa ville… Résister somme toute, comme le fait Catherine Malbranque à Briac (Finistère) par exemple. N’hésitez donc pas à dégager une petite heure dans votre emploi du temps pour regarder ce Monde selon Amazon.

Accéder au documentaire : https://www.kubweb.media/page/amazon-secret-ecommerce-fondateur-bezos-pinon-lafarge-etoiles-scam/.


Monts d’Arrée. Terres de Lutte, de Xavier Liébaud (2012 – 20’)

Pour finir cette sélection, nous vous proposons une escapade historique et poétique dans les Monts d’Arrée, dans le Finistère. Dans ce documentaire, le réalisateur nantais Xavier Liébard retrace l’histoire de la population de cet ancien massif à l’aide de vidéos des archives de la Cinémathèque de Bretagne.

Xavier Liébard met l’accent sur le paysage et le patrimoine unique de ce « pays difficile ». Terres acides, pluie, vents… les très rudes conditions d’agriculture ont soudé les locaux. Ils n’avaient en effet pas d’autre choix que de s’unir pour défricher les terres au XIXe siècle pour gagner du terrain sur les landes.

De quoi forger « une sorte de pacte identitaire » qui perdure au fil des décennies et qui permet à la population de toujours sortir vainqueur des périodes de trouble. Ainsi, ni l’occupation nazie, ni l’exode rural de l’Après-guerre, ni le projet d’enfouissement des déchets nucléaires de l’ancien réacteur de Brennelis n’ont eu raison des vaillants citoyens des Monts d’Arrée.

Ce court documentaire peut constituer une pause culturelle agréable, bien qu’il soit peu dynamique et entraînant. À voir pour tous les amateurs d’Histoire de notre belle région.

Voir le documentaire : https://www.kubweb.media/page/terres-lutte-monts-arree-archive-cinematheque-xavier-liebard/.


Notre sélection de décembre : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-decembre/.

Notre sélection de novembre : https://www.eco-bretons.info/kub-tivez-vous-selection-de-novembre/.

Plus d’infos :

https://www.eco-bretons.info/wp-content/uploads/2020/11/KuB_KulturBretagne-Baseline-300x261.png



KuB’tivez-vous ! Sélection de décembre

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le Web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet.

Avec mes abeilles, d’Anne Burlot et Glenn Besnard (2016, 52’)

« Je me suis réveillé un jour et j’ai dit je veux être apiculteur », Richard travaillait alors dans l’informatique à Paris après des études de philosophie. Son histoire s’écrit aujourd’hui à Sauzon (Belle-Île-en-Mer) où il s’est « trouvé avec les abeilles ». La journaliste, formée à l’IUT de Lannion, Anne Burlot est allée à sa rencontre et à celles d’Anne-Françoise et de Louis-Joseph.

Son documentaire bourdonne de vie et de plans qui susciteront émerveillement pour les amoureux de la nature et frissons pour les apiphobes. Apiphobe ? Le moine Louis-Joseph a tout pour l’être, étant allergique aux piqûres d’abeilles… mais non, ses ruches sont devenues un « lieu de méditation », de relation avec Dieu pour lui. Illuminé par la série animée Joë chez les  abeilles (1960), il tient aujourd’hui son élevage dans une admiration totale  de ses amies jaunes et noires.

Loin de ce coin de tranquillité, Anne Burlot nous amène avec surprise dans la proche banlieue parisienne, au Pré Saint-Germain (Seine-Saint-Denis) sur la terrasse d’Anne-Françoise, infirmière en hôpital pédiatrique. La rencontre est attendrissante. L’apicultrice amatrice parvient à entretenir ses ruches dans un cadre qui semble pourtant austère et les utilise pour changer le regard que leur portent les enfants en organisant des ateliers éducatifs.

Avec mes abeilles est une belle réussite. Il intrigue et pousse à la réflexion sur notre société en établissant des parallèles éloquents avec ces petites bêtes qui effraient souvent plus qu’elles n’émerveillent. Tant bien même qu’elles pourraient nous servir d’exemples.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/burlot-besnard-avec-mes-abeilles/.


Thermostat 6, de Maya Av-ron, Marion Coudert, Mylène Cominotti et Sytine Dano (2018, 5’)

Ce court métrage animé de quatre élèves de l’école de l’image des Gobelins met en scène un repas (ou plutôt un festin) de famille que tout le monde connaît : la mère et le père, la grande sœur et son petit frère et le grand-père. Le cadre idéal pour dessiner les maux qui tourmentent notre société.

Le couple parental forme un duo de consommateurs déraisonnés n’ayant que faire de l’état de leur maison (la Terre), legs du doyen de la tablé qui ne veut pas qu’on « touche à ses fondations », malgré une fuite d’eau inarrêtable (métaphore du dérèglement climatique) que Diane l’adolescente s’efforce de réparer sans aucun soutien. Le tout sous les yeux d’un petit garçon qui est sur le point de se faire emporter dans « le flot des conséquences des problèmes non réglés des générations précédentes ».

Les dessins sont originaux, réussis et très bien animés. Le scénario est bien senti et fait passer son important message avec légèreté et humour. Ce court métrage est à montrer à petits et grands pour une prise de conscience assurée, si ce n’est pas déjà le cas.

Visionner le court métrage : https://www.kubweb.media/page/thermostat-6-animation-gobelins-avron-cominotti-coudert-dano-climat/.


La rentrée de la transition alimentaire – Bio et local (2019)

Nous vous proposons une page que l’équipe de KuB a produite en partenariat avec le Parc naturel régional (PNR) du Golfe du Morbihan sur la journée table ronde et rencontres « Transition alimentaire – Expériences en cours dans le Golfe du Morbihan ». Un événement qui s’est déroulé le 19 septembre 2019 à la scène de musiques actuelles Echonova, à Vannes.

L’objectif de cette journée était de mettre en lumière les acteurs du mouvement sur le territoire pour proposer des solutions aux consommateurs notamment. KuB était présent et en a ressorti un résumé efficace et dynamique.

La première partie est certainement la plus entraînante : une vidéo dans laquelle les invités du PNR témoignent de leur expérience réussie dans le bio et local. On découvre ainsi l’initiative de la mairie de Vannes qui a recruté un agriculteur fonctionnaire pour cultiver les terres communales afin d’offrir des repas 100% bio et locaux aux cantines de la ville. Ou encore, la démarche du transformateur Loïck de Feraudy (La Marmite bretonne) qui mise sur des conserves d’ingrédients bretons uniquement.

Le deuxième acte de cette table ronde est plus technique donc moins aisée à suivre pour le grand public mais offre une « remise en contexte » solide de Henri Rouillé d’Orfeuil, ingénieur agronome et pilote « Alimentation » de RESOLIS. Une critique ouverte de la dérive « mondialisée » et « agro-industrialisée » de notre système alimentaire, conclue par des propositions sensées pour une « révolution agro-écologique ».

Nous vous conseillons donc cette page de KuB qui vous apportera des clés et des connaissances sur les enjeux de la transition alimentaire, véritable nerf de la lutte pour le climat.

Consulter la page : https://www.kubweb.media/page/rentree-transition-alimentaire-relocalisation-parc-naturel-regional-golfe-morbihan/.


Notre sélection de novembre : https://www.eco-bretons.info/kub-tivez-vous-selection-de-novembre/.

Plus d’infos :

https://www.eco-bretons.info/wp-content/uploads/2020/11/KuB_KulturBretagne-Baseline-300x261.png



KuB’tivez-vous ! Sélection de novembre

Lâcher de goélands par l’équipe de « Volée de piafs » • Crédits : Elvire Simon

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons ce mois-ci trois documents à découvrir gratuitement sur leur site internet.


La terre et le temps, de Mathilde Mignon (2017, 54’)

« La ville de toute façon on ne la domine pas… on n’est pas de force par rapport à ça ». Dans la périphérie de Rennes, il est de plus en plus compliqué pour les femmes et les hommes de la terre d’exister entre les autoroutes et les zones pavillonnaires. Yvonnick, producteur laitier, l’a bien compris et fait avec, lui le « paysan de la ville ».

Mais ce n’est pas le cas de tous ses compères dont la joie de vivre semble s’effriter au fur et à mesure que leurs hectares de terre disparaissent. La réalisatrice Mathilde Mignon (Sept alphabets pour une seule mer) nous immerge dans leur vie, entre les champs et les chantiers… entre la terre et le temps.

Nous rencontrons Christian qui a dû quitter la ferme familiale pour protéger ses vaches du vacarme de l’autoroute, Étienne qui doit louer des FarmBox (garages de stockage) en plus de son élevage porcin pour survivre et la famille d’Yvonne et Denis dont le fils rêve d’aliens menant une rébellion contre les villes pour sauver leur ferme.

Leurs récits nous font prendre conscience de certaines réalités, notamment quand on est citadin. Aujourd’hui, 18 hectares de terres agricoles sont rognés quotidiennement par le bitume et leurs « derniers cow-boys », oppressés par le diktat des bails précaires, vivent sans l’assurance de conserver leur espace l’année suivante.

L’immersion offerte par Mathilde Mignon est émouvante et réussie, à travers des plans bien sentis et une prise de son parfaite. À voir pour comprendre un enjeu important de notre région.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/terre-et-temps-urbanisation-campagne-mathilde-mignon/


Changer le monde, par Inès Léraud (2019, 4×28’)

Quatre podcasts produits par France Culture au travers desquels la journaliste Inès Léraud nous promène en Bretagne dans des villages où les locaux tentent de « changer le cours des choses » par des démarches écologiques et sociales fortes.

Sur la côte morbihannaise, Didier Masci fait prospérer un centre de soin pour la « faune sauvage en détresse », si réputé que l’on fait « 40 bornes » pour y déposer un bébé rat à la patte cassée (épisode 1).

Les animaux, Jean-Yves Ruelloux et Guirec Soudée les chérissent aussi. Alors que Jean-Yves nous prouve qu’amour et bien traitance de son bétail peut rimer avec profit et vie décente pour un éleveur, Guirec est presque tombé amoureux de sa poule Monique pendant son odyssée à la voile autour du monde par les pôles (épisode 3).

Dans les pays finistériens et costarmoricains, les initiatives sociales ne manquent pas non plus. Des jeunes migrants peuvent compter sur la bienveillance et l’accueil des membres des Utopistes en Action et ceux du CAJMA 22 pour s’intégrer à notre société. Comment ? Avec, respectivement, une école alternative où l’on apprend le breton et un réseau de 160 familles d’accueil (épisode 2).

Tout cela nous amène à Trémargat, village dans lequel tout le monde peut investir pour aider les producteurs locaux à conserver et agrandir leurs terres. De quoi accélérer les circuits courts et forger la cohésion collective (épisode 4).

Une série à écouter donc pour une belle dose d’espoir et d’idées pour changer le monde avec les moyens du bord.

Accéder aux podcasts : https://www.kubweb.media/page/changer-monde-activiste-effondrement-ines-leraud/


Exposition BD et Histoire « Bleu Pétrole. Le scandale Amoco »

KuB nous propose un dossier très complet, en coédition avec les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, sur le naufrage du pétrolier libérien Amoco Cadiz sur les roches du Portsall le 16 mars 1978. L’occasion de découvrir ou redécouvrir cette catastrophe qui a marqué toute une génération de Bretons.

Laissez-vous d’abord emporter par la lecture fougueuse des premières pages de la bande dessinée Bleu Pétrole de Gwénola Morizur et Fanny Montgermont (Bamboo Eds, 2018), réalisée par le comédien Pierre-François Lebrun. La gravité et l’intensité de la situation sont d’emblée captées et les quelques dessins aperçus sont remarquables.

Découvrez ensuite onze vignettes de l’ouvrage en introduction de l’exposition « Le scandale Amoco ». Désolation et médiatisation envahissante du drame à travers les belles planches de Mme Montgermont dont l’aquarelle fait ressortir la tristesse de l’histoire.

Chiffres, vidéos, cartes animées et récits de la catastrophe vous plongeront dans ce qui est devenu rapidement l’objet d’un procès dantesque de cinq ans, attisant passion et colère d’une Bretagne unie et soutenue par une vague de bénévoles venue de toute la France.

Le scandale Amoco, quatrième marée noire en Bretagne en dix ans, est un tournant majeur dans l’histoire de la législation maritime mondiale et cette exposition en ligne nous permet d’en comprendre ses multiples enjeux et conséquences. Son édition est cohérente et agréable à parcourir et offre une belle activité culturelle pendant ce confinement.

Visionner la lecture de Bleu Pétrole par Philippe Languille : https://www.kubweb.media/page/bleu-petrole-bd-amoco-cadiz-gwenola-morizur-fanny-montgermont-lecture/

Accéder à l’expo BD et Histoire « Bleu Pétrole. Le scandale Amoco » : https://www.kubweb.media/page/scandale-amoco-cadiz-naufrage-bleu-petrole-exposition-livre/

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Balade à la Gacilly, à la croisée des regards d’Amérique latine

Jusqu’au 31 octobre 2020,La Gacilly (56) vous accueille pour une expérience photographique immersive et déambulatoire à ciel ouvert, présentant le meilleur de la création photo contemporaine. Festival engagé sur les grands enjeux environnementaux de nos sociétés, l’exposition interroge notre relation au monde et à la nature.

La Gacilly, petite cité nichée au coeur du Morbihan, dans la vallée de l’Aff, est un village de caractère de 4 000 habitants, où oeuvrent de nombreux artistes et artisans d’art. Connu comme le berceau d’Yves Rocher, fondateur de la marque du même nom, développée autour des produits de beauté et de soin par les plantes, c’est sous son impulsion qu’est né en 2004, un festival de photographies devenu le plus grand d’Europe : le Festival Photo La Gacilly.

Chaque année, de l’été à l’automne, ce festival présente une exposition en extérieur, avec au coeur, comme le précise son Président Augustre Coudray, « l’homme dans son environnement, celui dont il a hérité et celui dont il est responsable pour les générations à venir ».

« La programmation s’articule sur une double thématique : l’une, géographique, qui met à l’honneur les artistes d’un pays ou d’une région du monde, et l’autre, une problématique environnementale ».

Une véritable invitation à la flânerie, dans les rues, venelles et sentiers, dans un écrin de verdure, où près de 1000 images s’offrent au public. Un voyage en images, qui remplacent les mots…

Cette édition 2020 est dédiée aux journalistes reporters latino. Ils portent leurs regards avisés sur les différents visages de l’Amérique latine, leur terre natale. Des récits en résonance avec l’actualité.

Parmi eux, l’illustre brésilien Sebastiao Sagaldo, et ses photos sur les travailleurs de la mine de Serra Pelada au Brésil, « esthétique d’une servitude moderne »(1986). Une exposition grandiose, de clichés noir et blanc saisissant. Telle une fourmilière, près de 50 000 hommes, s’agglutinent, perchés sur de fragiles échelles en bois, accrochés aux corniches d’une terre creusées à outrance, au dessus d’un trou béant, risquant leurs vies à chaque pas, en quête de précieuses pépites d’or.

Les portraits sont sublimes : ces visages ternis par l’argile, leurs regards profonds communiquent avec force, l’ambiance de ces lieux, de cet enfer aujourd’hui fermé.

Comme l’exprime l’auteur, « La photographie, c’est la mémoire et le miroir de l’histoire ». Cet artiste de renom est à retrouver dans le film documentaire « Le sel de la terre », réalisé par Wim Wenders, qui au début de ce chef d’oeuvre explique : « Un photographe est quelqu’un qui écrit avec la lumière, dessine le monde avec des lumières et des ombres. […] comment aurais-je pu me douter que j’allais découvrir bien plus qu’un photographe ». A découvrir absolument !

© Sebastiao Sagaldo
© Sebastiao Sagaldo

Poursuivons cette exploration brésilienne, à la rencontre de la photojournaliste, Carolina Arantes, née au Brésil et résidant en France. Elle nous dresse le portrait d’Altamira, « la ville de toutes les démesures, une sorte de nouveau Far West attirant tous les aventuriers depuis la construction du méga-barrage de Belo Monte qui a englouti 50 000 hectares de forêt primaire ». Sous son objectif, l’amazonie ravagée par les incendies et ses peuples indiens en résistance. L’acte délétère de « puissants », pillant et s’accaparant les ressources au mépris de l’environnement et des communautés indigènes.

© Carolina Arantes

Même combat pour les 300 leaders indigènes réunis en janvier 2020 au cœur de la forêt, dans l’État du Mato Grosso : « à l’heure où le monde se préoccupe du Poumon Vert de l’Humanité en proie à de terribles incendies, ils savent désormais que le temps de leur survie est compté ».

Basé à Rio de Janeiro, l’auteur Carl de Souza a suivi la révolte de ces communautés qui refusent de mourir.

© Carl De Souza

Un des drames de notre siècle, c’est également le sort de ces peuples qui migrent pour survivre, fuyant la misère, la guerre, la famine, risquant la mort dans leur exil. Pedro Pardo, photographe mexicain, dresse en image la situation à la frontière, un cliché d’un groupe de migrants latino-américains escaladant le mur dressé entre le Mexique et les États-Unis. Honoré d’un World Press Photo en 2019, il n’en finit pas de documenter un pays meurtri qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la violence.

© Pedro Pardo

Enfin, un coup de coeur particulier pour Emmanuel Honorato Vazquez, écrivain et photographe équatorien, décédé à 31 ans et reconnu à titre posthume. « L’oeil oublié des années 20 ». Il laisse une trace à la fois documentaire et artistique de la société de son époque, celle de la fin des années 1910 et du début des années 1920. Son travail aurait pu définitivement sombrer dans l’oubli, mais après un siècle d’obscurité, l’Equatorien retrouve la lumière et une place parmi les grands photographes du XXe siècle. Dans ses clichés, des portraits magnifiques, profonds, dont celui de son épouse, d’une extrême sensibilité.

© Emmanuel Honorato Vazquez

Un aperçu de quelques uns des grands de la photo, à admirer à la Gacilly.

Laissez-vous conter les contrées lointaines, à la rencontre de civilisations éloignées de nos sociétés modernes, aux us et coutumes préservés, habitant en harmonie avec le vivant, …

Des récits de vie qui touchent au coeur, des coups de projecteurs sur la beauté comme la laideur du monde.

Des clichés qui interrogent, choquent, émerveillent, …

Des textes qui enseignent, révèlent et réveillent les consciences.

On comprend mieux pourquoi près de 300 000 visiteurs chaque année, soient séduits par ce merveilleux festival, qui plus est gratuit !




JARDINS DE L’IMAGINAIRE – ÉTATs D’ESPRITs. Dialogue artistique entre un lieu et la photographie

Le photographe morlaisien Gérard Rouxel était au début de cette année en résidence* à l’école publique Cragou-Monts d’Arrée sur la commune du Cloître-Saint-Thégonnec, afin d’initier les élèves du CP au CM2 à sa pratique artistique, en croisant son propre projet artistique avec celui des enfants. Gérard Rouxel, joue avec l’imaginaire que le site de l’Abbaye du Relec peut dégager, il appréhende l’esprit du lieu, par des assemblages numériques de photographies, prises à différents moments de l’année. Les écoliers quant à eux font le portrait imaginaire de leur commune. Subventionné par la DRAC, ce projet donne lieu à une exposition du photographe et des écoliers visible jusqu’au 31 octobre dans le potager de l’Abbaye du Relec, l’un des magnifiques sites de Chemins du Patrimoine en Finistère.

Nous ouvrons nos colonnes en deux temps : aujourd’hui avec les mots du photographe et ceux du paysagiste Gilles Clément qu’il convoque pour présenter son propre travail. Celui des enfants le sera dans un second article à venir tout prochainement.

C’est un processus créatif et une écriture qui s’est imposée sur le lieu de l’abbaye. Une question est arrivée, assez simple et en même temps redoutable « Une écriture photographique peut-elle traduire un dialogue entre un lieu et un photographe ? ». La réponse est arrivée juste après la question ou, peut-être, juste avant.

Bien que la question soit assez précise, ce qui se joue là est beaucoup plus vaste, sûrement plus complexe aussi. Dialoguer avec un lieu, demande de le faire avec l’ensemble des éléments présents, tous les éléments, y compris celui ou ceux que l’on ne voit pas : l’esprit ou/et les esprits du lieu. Il y est question de dialogues, d’échanges entre des êtres et des esprits.
Entamer ce dialogue peu habituel, de vivant à vivant, de matière à matière, d’espace à espace, en reliant tout avec tout. Comment capter sans enfermer, demander la permission, se faire accepter, garder sa place, chacun la sienne ? Être à l’écoute ou converser avec l’esprit des arbres, celui des êtres humains, de l’eau, du vent, des pierres, du héron, du potager, des voix d’Arrée Voce, de la ligne de crête juste au-dessus…
Se laisser embarquer par ces esprits qui font l’esprit du lieu. Être vraiment là, présent, car ils sont joueurs. Sans oublier l’esprit de Chronos, du temps, du temps qui passe ou qui s’éternise. Regarder le temps prendre sa place à chaque instant, instant après instant. Instants collés en transparence les uns avec les autres, créant un autre temps, une autre existence du temps, comme on regarde un nuage, pfttt…, déjà transformé.
Cette écriture ne traduit pas, ne montre pas. Elle transmet sans comprendre, comme un chaos brut de création, comme une expérience de liberté laissée au lecteur de recevoir, ou pas, son envie ou besoin de voir… pour voir.

Claire Prijac, directrice du site de l’Abbaye du Relec et Gérard Rouxel
devant deux de ses tirages photographiques.
Photo : Laurence Mermet

« Le paysage renvoie chacune de ses perspectives aux perspectives intérieures de celui qui le contemple. Le jardin est la démonstration d’une pensée. Le paysage, symptôme culturel, création de l’esprit, ne sera rien sans une image qui lui soit propre, atteinte et gagnée à travers le corps : le jardin. Tout homme, assujetti à sa propre cosmogonie, porte en lui-même un jardin qui traduit le paysage et, au second plan, l’univers entier. Le fait que dans un lieu de culture, contrôlé et circonscrit, cohabitent le visible et l’invisible, oblige à considérer ce lieu, le jardin, comme le territoire spécifique de l’âme où l’artifice, quels que soient les capacités et les résultats, se met au service des visions les plus lointaines. D’où l’impossibilité de réduire ce lieu à des limites physiques. La corrélation entre paysage et jardin nait quand l’homme prend conscience de son propre environnement et trouve les mots pour le définir ». Gilles Clément, les caractéristiques du jardin planétaire.

*Une « résidence d’artiste » désigne l’octroi pour un artiste d’une aide à la création artistique tant financière que logistique sur une durée et un projet donné. Une résidence est soumise à un cahier des charges strict impliquant que 70% du temps de présence de l’artiste soit dévolu à sa création sur le lieu ou le territoire d’accueil et employer 30% à des actions de médiation.
Ici, la structure d’accueil est Chemins du Patrimoine en Finistère (dont l’Abbaye du Relec est un des cinq sites). Le travail photographique de Gérard Rouxel a été mené d’Octobre 2019 à mars 2020 (il devait continuer jusqu’en mai, un virus en a décidé autrement) sur l’ensemble du lieu. Parallèlement les enfants de l’école du Cragou du Cloître-Saint-Thégonnec ont réalisé un «portrait imaginaire» de leur commune, pendant la même période. L’artiste a accompagné les élèves dans leur démarche créative, les laissant choisir ou être choisi par les lieux. L’exposition de leur travail est à voir dans le jardin potager de l’abbaye.

Gérard Rouxel a créé un catalogue de cette exposition, en vente à la boutique de l’Abbaye du Relec. Format 20×20 cm, 36 pages en double et 4 pages de couverture. 22€