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A Plaintel (22), une association prend soin des lavoirs et des fontaines

L’association « Lavoirs et fontaines » travaille depuis 2019 à la restauration et à l’entretien du petit patrimoine bâti lié à l’eau sur la commune de Plaintel. Les bénévoles organisent des chantiers hebdomadaires de maçonnerie, de travaux hydrauliques, d’aménagements paysagers…

Ils et elles mettent tout en œuvre pour préserver la biodiversité des lieux, qui sont importants pour la vie et la reproduction des amphibiens notamment. L’association développe aussi des actions de suivi de la flore aquatique et d’inventaire des populations faunistiques. Reportage audio avec Gilles Camberlein, président de l’association, qui nous emmène sur trois lavoirs de la commune.

 

45. C’est le nombre de lavoirs qu’on trouve sur la commune de Plaintel. Un chiffre qui peut sembler important. « A priori, on pense que c’est beaucoup », explique Gille Camberlein, président de l’association Lavoirs et Fontaines. « Mais je suis de plus en plus persuadé que c’est la situation générale. Il faut faire un travail de prospection ». Avec ses bénévoles, l’association, qui a pu bénéficier au départ du recensement des édifices effectués par la commune, en a déjà restauré 26. Un patrimoine important du point de vue historique, mais aussi primordial pour la préservation de la biodiversité, faune et flore. Insectes aquatiques et amphibiens, espèces protégées, peuplent les lavoirs : tritons palmés, tritons alpestres, crapaud épineux, salamandre…côtoient lentilles d’eau, cresson ou ache des marais. Un véritable écosystème, qui est aussi un excellent support pédagogique, selon Gilles : « C’est un patrimoine qu’on a à portée de mains, qui n’est pas très difficile à restaurer. Et ce sont des zones humides qui sont accessibles, on peut observer sans faire de dégâts. Ce sont des sites formidables. On peut aussi faire un travail de sensibilisation des enfants à la protection de l’eau avec les lavoirs par exemple ».

 

Ecoutez le reportage audio :

Eco-BZH · Association Lavoirs et Fontaines Plaintel

 

 

Plus d’infos

La page Facebook de l’association Lavoirs et Fontaines à Plaintel

 

Pour télécharger le guide édité par l’association : https://www.vivarmor.fr/2024/02/27/un-guide-pour-une-restauration-et-une-gestion-ecologiques-des-lavoirs-et-fontaines-en-bretagne/

 




L’idée sortie. La Fête du Printemps dimanche à Loudéac (22)

Ca y est le printemps pointe le bout de son nez ! L’occasion d’aller faire un tour du côté de Loudéac où se tient dimanche 14 avril la « Fête du Printemps ». Au programme : démonstration, animations, balades, autour de la biodiversité et de l’environnement.

Des animations et des rencontres autour du thème de l’environnement et de la biodiversité, voilà en quoi consiste la Fête du Printemps de Loudéac,qui aura lieu ce dimanche 14 avril à Aquarev, grand parc de 30 hectares qui comprend un étang. Le thème retenu pour cette édition : « Le microcosme – les insectes d’Aquarev ».

Au programme : des stands et expositions : photos de papillons avec Louvafilms, information sur le greffage avec Plantous et Greffous du Cac Sud 22, exposition sur les insectes du jardin avec Le Campus de Merdrignac, un troc de plantes avec Les Mains Vertes de Guerlédan et Les Troqueurs de Lin de La Motte, de la lecture autour des insectes avec la Médiathèque, des jeux en bois avec la Ludothèque, information sur les ruches et vente de miel et de pain d’épices avec Les Butineuses de Loudia, échanges de graines avec Les Incroyables Comestibles, découverte du projet de jardins partagés en centre-Bretagne avec le réseau Cooperaterre…

Des créations paysagères et artistiques seront également à découvrir sur tout le site : modélisation d’insectes réalisée par les élèves de la MFR, décoration et gravures par l’ALSH et le dispositif Tam-Tam..

A noter également, la présence de Charles Guillerot, étudiant en biodiversité et écosystème, en stage à Loudéac, et qui étudie l’impact de l’élodée dense, une plante invasive qui a pris ses quartiers dans l’étang d’Aquarev. Il proposera une animation autour de son travail. Le service environnement de Loudéac Communauté Bretagne Centre sera aussi sur place et animera un échange sur les insectes et les plantes invasives. On pourra également découvrir la flore du parc au détour de deux balades contées. Sans oublier des spectacles de théâtre d’improvisation, des animations musicales, et un « salon de coiffure végétal à ciel ouvert » par la Compagnie Quignon Sur Rue.

Le programme complet et les horaires des différentes animations sont à retrouver sur le site de la Mairie de Loudéac : https://www.ville-loudeac.fr/agenda/fete-du-printemps-2/




L’idée sortie. Le festival Nattur’Armor du 9 au 11 février à Saint-Brieuc

Lassociation VivArmor Nature organise, pour la dix-septième fois , le festival Natur’Armor. Particularité de l’événement : il est itinérant. Cette année, il se déroule à Saint-Brieuc, au Palais des Congrès. Plus de 300 acteurs de la nature seront présents. Au programme : expositions, conférences, films animaliers, animations pour les enfants, sorties nature…

Des requins, des plantes carnivores, des pingouins en Bretagne ? Eh bien oui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces espèces sont bel et bien présentes sur notre territoire. Dès ce vendredi, les visiteurs pourront découvrir l’existence du requin pèlerin (qui ne se nourrit heureusement que de plancton!), de la drosera ou du pingouin torda, et de bien d’autres espèces lors du festival Natur’Armor. Une manifestation, itinérante dans le département des Côtes d’Armor, qui change chaque année de localisation, et dont l’objectif est de faire connaître au maximum la biodiversité de la région Bretagne au grand public, et de faire avancer les connaissances sur le patrimoine naturel, la faune et la flore. C’est d’ailleurs le plus grand événement de ce type dans la région !

Cette année, on retrouvera plus de 300 acteurs bretons de protection de la nature, et plus de 2800m2 d’exposition, sur 70 stands. C’est ainsi que de nombreuses associations naturalistes locales seront présentes : Bretagne Vivante, l’Association pour l’Etude et la Conservation des Sélaciens (Apecs), Eau et Rivières de Bretagne, le Groupe d’Etudes des Invertébrés Armoricains, (Gretia), Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le Groupe Mammalogique Breton…ainsi que des maisons nature et réserves naturelles, des établissement publics, des collectivités, et des photographes naturalistes. Sont programmées également des expositions photos, des conférences (sur les araignées bretonnes, les muscardins et lérots…) des sorties nature le samedi et le dimanche, et une soirée ciné-débat le vendredi 9, avec le film « Vivre avec les loups », au cinéma Club 6. Sans oublier des ateliers pour les enfants. Le tout dans une ambiance qui se veut familiale et intergénérationnelle !

Pratique :

Festival Natur’Armor, du vendredi 9 au dimanche 11 février, de 10h à 18h.

Palais des Congrès et des expositions de Saint-Brieuc

Tarif : moins de 16 ans : gratuit, adulte : 4 euros

Buvette et Restauration bio sur place

Programme détaillé disponible sur le site de l’association Viv’Armor




Des algues vertes à la biorégion : le bassin versant du Gouët

L’Institut Momentum* lance une nouvelle étude de cas : le bassin versant du Gouët dans les Côtes d’Armor en Bretagne

Par Inès Dejardin**

Eaux douces des sources, rivières, fleuves et torrents ou eaux saumâtres des littoraux, mers et océans, ce sont à leurs abords ou en leur sein que naît et se développe toute forme de vie. Qu’il s’agisse de microbes, de champignons, de plantes ou d’animaux, l’eau conditionne d’abord l’existence puis la pérennité de tout être vivant. Si certains peuples en ont gardé une conscience collective aigüe, nul doute que cette dernière s’est étiolée voir appartient désormais aux ancêtres de celles et ceux dont le quotidien est ancré au sein des sociétés thermo-industrielles. Au fur et à mesure que croît l’artificialisation de nos milieux de vie, l’eau s’éloigne de nos horizons communs et nous perdons non seulement la connaissance du fonctionnement de son cycle mais aussi la conscience de la non-abondance de la ressource qu’elle constitue.

Symptôme de la profondeur de cette perte de mémoire : la pollution que par endroit nous lui infligeons, jusqu’à la rendre insalubre, comme si nous allions même jusqu’à oublier qu’elle nous est vitale. Rappeler à notre conscience les liens tant biologiques que géographiques que l’eau établit entre les vivants, c’est rendre indéniables les solidarités et interdépendances qui les relient. C’est également un moyen de rompre avec l’anthropocentrisme exacerbé en donnant à voir depuis un prisme plus écocentré l’articulation de la vie et du vivre-ensemble entre humains, non humains et leur milieu.

Comment retracer les continuités hydrographiques à partir desquelles s’établissent et se façonnent les continuités humaines et écologiques ? Peut-être en pensant les territoires à partir des entités que constituent les bassins versants, réseaux hydrographiques arborescents qui, déployés entre une ligne de partage et de collecte des eaux, relient tous les écoulements à partir desquels l’eau de pluie converge jusqu’aux mers ou océans.

Le bassin versant du Gouët : métonymie de l’Anthropocène

Fleuve côtier de 47 kilomètres de long, le Gouët prend sa source au niveau de la Cime de Kerchouan et achève sa course au Port du Légué. Du Haut-Corlay à Saint-Brieuc tout en longeant ou traversant 14 autres communes situées dans les Côtes d’Armor (22), il façonne avec l’ensemble de ses affluents le bassin-versant du même nom. Quels sont les enjeux qui se nouent sur le territoire de 250km² dessiné par leurs méandres ?

Source du Goët. crédit photo : Inès Dejardin.

Le bassin versant du Gouët appartient au département des Côtes d’Armor qui est lui-même situé en Bretagne. Difficile alors de ne pas supposer qu’il partage les problématiques caractéristiques à cette région, haut lieu du productivisme depuis les années 1960, notamment concernant la question alimentaire. L’agriculture bretonne ? Un modèle agricole à l’intensivité démesurée, traduite par l’immense proportion de systèmes hors-sol – il y avait en 2015 « au moins deux fois plus de cochons que de bretons » (1) –, à l’origine d’une production alimentaire qui permettrait de nourrir 22 millions de personnes pour un territoire qui n’en compte que 3,3 millions (2) mais sur lequel de moins en moins mangent à leur faim – preuve en est l’augmentation de 70 % des volumes distribués par les banques alimentaires bretonnes au cours de ces deux dernières années (3).

C’est aussi l’un des lobbys agro-industriel les « mieux structurés d’Europe » (1), qui rend bien difficile toute remise en cause du système agricole dont les rejets massifs de phosphates et nitrates sont à l’origine du phénomène de marées vertes qui envahissent les plages, sur lesquelles « depuis la fin des années 1980, au moins quarante animaux et trois hommes se sont aventurés […], ont foulé l’estran et y ont trouvé la mort »1. In fine, un enchevêtrement d’enjeux écologiques, de santé publique, de justice sociale et climatique qui se heurtent à une omerta vertigineuse. Sur le périmètre des 32 communes constituant la Communauté d’Agglomération de Saint-Brieuc et au sein duquel est inclus le bassin versant du Gouët, le potentiel de consommation locale en fonction de ce qui y est produit a été calculé : la production de porc pourrait subvenir aux besoins de 5,5 fois plus de personnes (877 000) que celles que l’on y dénombre actuellement (156 652) (4). En effet, 95% de la SAU (Surface Agricole Utilisée) est vouée à l’élevage et près d’1/3 des exploitations adoptent un système hors-sol, qui témoignent d’un affranchissement des contraintes physiques du milieu.

Ce tableau, le bassin versant du Gouët en lui-même n’y échappe pas (grande proportion d’élevages – notamment laitiers – et de systèmes hors-sol). S’y ajoutent des pentes ainsi qu’un débit plus fort que les bassins versants qui le bordent et donc un phénomène de ruissellement accentué. Source pure en amont du bourg de Quintin, le Gouët draine à mesure de ses méandres les effluents agricoles : il contribue ainsi grandement aux marées vertes qui touchent la Baie de Saint-Brieuc une fois ses eaux jetées dans le port du Légué (5).

Un territoire où se nouent des enjeux spécifiques en termes de résilience et de vulnérabilité

Les moyens dont nous subvenons à nos besoins alimentaires sont très révélateurs des rapports qu’en tant que société nous entretenons tant les uns avec les autres qu’avec le vivant non-humain. L’agriculture est tout autant un puissant facteur de transformation et d’occupation des paysages qu’une traduction du rapport que nous entretenons à notre propre milieu de vie. Le modèle agricole précédemment décrit est ainsi à lui seul révélateur des déséquilibres inhérents au capitalisme néo-libéral des sociétés occidentales dans lesquelles il s’inscrit : anthropocentrisme omniprésent et rapport démesuré à la production ainsi qu’à la consommation qui conduisent à l’épuisement des ressources et à la destruction massive des écosystèmes et de la biodiversité qu’ils renferment, au nom de la croissance du PIB et de la compétitivité sur les marchés financiers.

Symptôme du dépassement de la capacité de charge de la planète, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de + 1,1 °C par rapport au début du XXe et parmi les neuf limites planétaires établies par Natacha Gondran et Aurélien Boutaud, le seuil critique de 63 TgN/an (téragrammes ou millions de tonnes) relatif au cycle biogéochimique de l’azote a d’ores et déjà été amplement dépassé puisque l’on atteint aujourd’hui 150 TgN/an (6). La perturbation de ce cycle biogéochimique à échelle mondiale entrave fortement la résilience des écosystèmes à faire face aux effets du changement climatique mais les sociétés thermo-industrielles font preuve d’une réelle inertie vis-à-vis du sujet, comme le traduisent les vives tensions politiques et sociales auxquelles font face les Pays-Bas – deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires – dans le cadre de l’application de leur « Plan azote » (7).

Au-delà du taux de CO2 atmosphérique, ce sont aussi les concentrations de nitrates dans les cours d’eau et les taux d’H2S (hydrogène sulfuré) dégagés par les algues vertes en putréfaction qui inquiètent les habitant.e.s du bassin versant du Gouët. Réel problème de santé publique et signe d’une rétroaction d’ordre anthropocénique, les marées vertes causées par l’agriculture intensive menacent également plusieurs continuités écologiques au sein de la Baie de Saint-Brieuc. Elle abrite la plus grande Réserve Naturelle de Bretagne, reconnue comme zone humide littorale d’intérêt international du point de vue ornithologique du fait de sa localisation sur l’axe de migration Manche-Atlantique : 40 000 oiseaux viennent chaque hiver s’y poser. Au fond de l’Anse d’Yffiniac, des prés salés, écosystèmes intertidaux aussi rares que fragiles qui représentent moins de 0,01% de la surface du globe (8) ; dans l’estuaire du Gouessant, situé lui aussi en zone protégée, des dizaines de milliers de m3 d’algues toxiques accumulés1. Autre continuité écologique, cette fois-ci rompue : celles des salmonidés migrateurs pour qui le barrage de Saint-Barthélemy sur les eaux du Gouët constitue un obstacle infranchissable, et qui voient par ailleurs leur passage contrarié dès l’écluse du port du Légué (9).

En Bretagne, l’agriculture est également responsable de 20% des prélèvements en eau (10), ce qui rappelle qu’au-delà de l’enjeu qualitatif de l’eau existe aussi l’enjeu quantitatif. Le bassin versant du Gouët est inclus dans le SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) de la Baie de Saint-Brieuc et occupe sur ce périmètre – qui compte en tout cinq bassins versants – une place cruciale : environ 70% du total des prélèvements nécessaires à la production d’eau potable ont lieu au niveau de l’une de ses retenues. Par ailleurs, 90% sont effectués au niveau des eaux de surface (11), ce qui s’inscrit dans la tendance que l’on observe à l’échelle de la Bretagne : 77% des prélèvements pour l’eau potable – et 75% des prélèvements en eau brute tous usages confondus contre 17% en moyenne en France – y sont liés (10). C’est que le substrat géologique est principalement constitué de grès, granites et schistes, des roches métamorphiques ou plutoniques globalement peu perméables caractéristiques d’une géologie de socle, peu propice aux eaux souterraines car associée à des aquifères « de fissure » à la capacité de stockage limitée (12). Les précipitations hivernales étant les principales responsables du remplissage des retenues où sont réalisés l’immense majorité des prélèvements, il est aisé de comprendre la haute vulnérabilité de ce territoire au changement climatique notamment concernant l’évolution de son profil pluviométrique. D’après le Haut Conseil Breton pour le Climat (HCBC), le scénario le plus probable serait que l’on assiste à une méditerranéisation du climat breton.  En 2022, l’épisode de sécheresse qui a pris une ampleur phénoménale en Bretagne est allé jusqu’à causer dans les Côtes d’Armor « un risque sérieux de rupture de l’alimentation en eau potable ». À Dinan, ville située 60 kilomètres à l’est de Saint-Brieuc, cela s’est joué à 15 jours près13. Responsable de 40% des émissions de GES en Bretagne (13), l’agriculture est la première touchée par les conséquences de ce à quoi elle est régionalement la première à contribuer. Parce que nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre les canicules, sécheresses ou pandémies pour qu’elle se rappelle à nos esprits, il y a urgence à faire de l’habitabilité de la planète une question sociétale et politiquement centrale.

Réhabiter le bassin versant du Gouët

Comment mettre en lumière les tenants et aboutissants des enjeux qui se nouent sur le bassin versant du Gouët ainsi que leurs multiples intrications ? Quelles stratégies d’adaptation et d’atténuation mettre en place afin de redonner à ce territoire un poids significatif sur sa propre empreinte écologique ? Comment imaginer et coordonner ces stratégies pour, au travers d’elles, redonner pouvoir d’agir et conscience des lieux à celles et ceux qui les habitent ?

 Il s’agit premièrement, par un ensemble de cartographies, de donner à voir tous ces chemins vitaux que l’on ne sait plus tracer, de la terre à nos assiettes et de l’eau à nos robinets. Voici d’ores et déjà une représentation de l’arborescence du réseau hydrographique que façonnent les méandres du Gouët et de ses affluents.

Cartographie des méandres du Gouët et de ses affluents inspirée de l’ouvrage « Les Veines de la Terre, une anthologie des bassins versants » (14).

Puis, la réalisation d’une analyse systémique des principaux flux agricoles et hydriques sur le territoire du bassin versant du Gouët permettra, en les caractérisant et en identifiant le réseau d’acteurs impliqués, de saisir leurs imbrications. Cela contribue à L’enjeu, plus large, qui est  de se doter des moyens de soustraire aux logiques économiques la gestion et la distribution de ressources qui nous sont vitales.

Enfin, dans le sillage de l’étude Biorégion Île-de-France 2050 développée par l’Institut Momentum (15), ce cheminement ne saurait aboutir sans l’esquisse d’un nouvel imaginaire territorial de ce bassin versant au travers du prisme biorégionaliste, qui, en recentrant la réflexion sur le territoire vécu et arpenté, concrétise une métamorphose en action. Cette vision biorégionale nous rappelle à notre condition partagée de terrienn-es et nous renvoie à une question qu’il semble aujourd’hui crucial de se poser, tant physiquement qu’ontologiquement et tant individuellement que collectivement : qu’est-ce qu’habiter la Terre ?

Sources et bibliographie : 

[1]    Inès Léraud et Pierre Van Hove. « Algues vertes, l’histoire interdite ». Éditions Delcourt & La Revue dessinée. Juin 2019. ISBN : 978-2-413-01036-

[2]    Nicolas Legendre. « L’industrie agroalimentaire, un entrelacs de pouvoir et d’argent en terres bretonnes ». Publié dans Le Monde, 28 avril 2023. https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/28/l-industrie-agroalimentaire-un-entrelacs-de-pouvoir-et-d-argent-en-terres-bretonnes_6168020_3225.html

 [3]    Conseil Economique Social et Environnemental Régional (CESER). « Avis du CESER sur le dossier du Conseil régional « Refus de la misère et de la précarité » : La Région prend sa part ». Région Bretagne. Session du 27 mars 2023.

[4]    Chambres d’Agriculture de Bretagne. « L’agriculture de Saint-Brieuc Armor Agglomération – Édition 2019 ». Juin 2019.

[5]    Commission Locale de l’Eau (CLE) du Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE) de la Baie de Saint-Brieuc. « Evaluation environnementale ». Document adopté par la CLE le 6 décembre 2013 et approuvé par arrêté préfectoral le 30 janvier 2014.

[6]    Boutaud, Aurélien, et Natacha Gondran. « IV. Les perturbations des cycles de l’azote, du phosphore et de l’eau douce : une menace pour la résilience des écosystèmes ». Dans : Aurélien Boutaud éd., Les limites planétaires. Repères, 28 mai 2020, 56‑71. Lien vers un séminaire avec Natacha Gondran organisé par l’Institut Momentum à ce sujet : respecter-les-limites-planetaires

[7]    Jean-Pierre Stroobants. « aux Pays-Bas, le « Plan azote » du gouvernement de Mark Rutte devient un test électoral ». Publié dans Le Monde, 15 mars 2023. https://www.lemonde.fr/international/article/2023/03/15/ aux-pays-bas-le-plan-azote-du-gouvernement-de-mark-rutte-devient-un-test electoral_616 5521_3210.html

 [8]    Ponsero A. et Sturbois A. « La Réserve naturelle nationale de la baie de Saint-Brieuc : du développement de la connaissance aux enjeux de conservation ». Réserve Naturelle de la Baie de Saint-Brieuc, 2020.

[9]    Fédération des Côtes d’Armor pour la pêche et la protection du milieu aquatique (FDAAPPMA). « Suivi d’abondance de juvéniles de saumon du Gouët, du Leff, du Trieux, du Jaudy, du Léguer et du Yar en 2018 ». Réalisé dans le cadre du volet « Poissons Migrateurs 2015-2021 ».

[10] Observatoire de l’Environnement en Bretagne (OEB). « Chiffres clés de l’eau en Bretagne – édition 2022 ». Collection Les Données & Analyses de l’Observatoire de l’environnement en Bretagne. Bulletin n°14. Publié le 23 janvier 2023.

[11]  Commission Locale de l’Eau (CLE) du Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE) de la Baie de Saint-Brieuc. « Evaluation environnementale ». Document adopté par la CLE le 6 décembre 2013 et approuvé par arrêté préfectoral le 30 janvier 2014.

[12]  Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) – Système d’Information pour la Gestion des Eaux Souterraines (SIGES) Bretagne. « 187AE01 – Socle métamorphique dans le bassin versant du Gouët de sa source à la mer ». Août 2019.

[13]  Haut Conseil Breton pour le Climat (HCBC). « Le changement climatique en Bretagne – Bulletin 2023. Dossier : 2022, une année annonciatrice du climat futur ? ». n° 1, Avril 2023. ISSN en cours d’obtention.

[14]  Marin Schaffner, Mathias Rollot et François Guerroué. « Les Veines de la Terre. Une anthologie des bassins versants ». Editions Wildproject, février 2021. ISBN : 2381140107

[15]  Agnès Sinaï, Yves Cochet et Benoît Thévard. « Biorégion 2050 : l’Ile-de-France après l’effondrement ». Institut Momentum et Forum Vies Mobiles, Octobre 2019. Cet ouvrage a entraîné la parution par les mêmes auteurs de « Le Grand Paris après l’effondrement. Pistes pour une Île-de-France biorégionale ». Editions Wildproject, août 2020. ISBN : 978-2381140001. Lien vers l’étude.

 

Cet article a été publié le 22 août 2023 sur le site de l’Institut Momentum :

https://institutmomentum.org/le-bioregionalisme-pour-penser-les-issues-de-l-anthropocene

* L’Institut Momentum est un laboratoire d’idées sur les issues de la société industrielle et la décroissance solidaire en réponse au choc social de l’effondrement. L’Institut Momentum, qui réunit des chercheurs, des journalistes, des ingénieurs et des acteurs associatifs, se consacre à répondre au défi de notre époque : Comment organiser la transition vers un monde postcroissant, postfossile et modifié par le climat dans un contexte de changements abrupts ? Comment penser et agir les issues de l’Anthropocène ? Son point de départ se fonde sur une prise de conscience : nous vivons aujourd’hui la fin de la période de la plus grande abondance matérielle jamais connue au cours de l’histoire humaine, une abondance fondée sur des sources temporaires d’énergie concentrée et à bon marché qui a rendu possible tout le reste.

L’Institut Momentum est dirigé par Agnès Sinaï qu’elle a cofondé en 2011. Journaliste et autrice, elle a récemment publié « Réhabiter le monde – Pour une politique des biorégions » dans la collection Antropocène au Seuil.

**Diplômée de l’ENSAT (Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse), Inès Dejardin a achevé son cursus d’ingénieure agronome par la réalisation d’un stage de six mois (avril-septembre 2023) au sein de l’Institut Momentum, avec et pour qui elle a réalisé l’étude qui  a constitué son mémoire de fin d’études : « Une hypothèse biorégionale pour le bassin versant du Gouët en Bretagne« .

 




Un « Bôlieu » pour un tourisme plus vert en Centre-Bretagne

[Rediff] Dans les Côtes-d’Armor, non loin de Guerlédan et de Loudéac, au Quillio, le Bôlieu offre un hébergement touristique davantage en adéquation avec les enjeux environnementaux actuels. Emilie et Stéphane composent avec l’existant pour rénover écologiquement leurs deux gîtes. Un sèche- linge « low tech » est d’ailleurs en train d’être installé, inspiré des anciens séchoirs à peaux et à tabac.

C’est au lieu dit Bolu, rebaptisé « Bôlieu », que se sont installés en 2020 Emilie, Stéphane, leurs deux filles, ainsi que le père d’Emilie. Un changement de vie total, pour le couple, originaire du Sud de Rennes, mais qui revient en Bretagne après 15 ans passés à Oléron. Emilie était responsable d’un service musée et patrimoine, et Stéphane éducateur spécialisé. «Là bas, nous avions restauré notre maison de manière écologique. La ville de Marenne, où nous habitions était aussi engagée dans un Agenda21. Tout ceci nous a amenés peu à peu à interroger notre mode de vie », explique Emilie. Mais le déclic se produit lorsque le couple calcule ses frais réels pour faire sa déclaration d’impôts. « On s’est alors aperçus que chaque année, on faisait l’équivalent du tour de la Terre pour aller au travail ! Ca n’avait aucun sens ! », se remémore la jeune femme. En plus d’un bilan carbone mauvais, les trajets coûtent chers. C’est l’heure du changement. Adeptes des locations de gîtes en groupe et des vacances chez Accueil Paysan, leur envie de se lancer dans un projet d’hébergement touristique mais respectueux de l’environnement mûrit.

Compost et kit zéro déchet

Après avoir passé un an à la recherche d’un lieu en compagnie du papa d’Emilie, la petite troupe découvre le lieu-dit Bolu, sur la commune du Quillio, non loin de Guerlédan et de Loudéac. C’est le coup de foudre pour cet ancien corps de ferme, avec une partie manoir, qui comprend un logement, deux gîtes, ainsi qu’une grange du 19ème siècle. L’ensemble a été rénové, mais « avec du plaquo et du chauffage au fioul », détaille Emilie. Bien loin d’une réhabilitation écologique…Qu’à cela ne tienne, la famille va se lancer dans des travaux, pour « transformer l’ensemble et tendre vers un éco-lieu, tout en s’adaptant à l’existant ». Le manoir, qui date du 17ème, va bénéficier d’enduits chaud-chanvre et de double vitrage, un poêle à bois sera installé. Il deviendra « Le Bômanoir », un gîte qui peut accueillir de 8 à 15 personnes sur 110m2. L’autre espace est baptisé « Le Bôlogis » et peux recevoir lui aussi le même nombre de touristes, Dans chacun des hébergements, des bacs pour le tri sélectif sont à disposition, un composteur, ainsi que des « kits zéro déchet », dans le but de faire découvrir aux locataires/vacanciers comment réduire le volume de leurs ordures, en utilisant par exemple des charlottes en tissu au lieu de l’aluminium, des éponges et de l’essuie-tout lavable…Les produits ménagers utilisés sont écocertifiés. Dans le jardin, on trouve aussi des toilettes sèches, un jardin potager, un verger, une prairie, une piscine traitée au sel, des haies sèches…. « On envisage aussi la récupération d’eau de pluie pour les toilettes au rez-de-chaussée », précise Stéphane.

 

     Les kits zéro déchets disponibles dans les gîtes

 

 

                                                                           Une des chambre du Bômanoir. Crédit photo : Cyril Folliot

 

 

Un séchoir à linge low tech

Le Bôlieu fait actuellement l’objet d’un nouveau chantier : l’installation d’un séchoir à linge. « La gestion du linge, c’est l’une de nos activités principales », soulignent Emilie et Stéphane. « C’est un poste énergétique important. Quand il fait beau, on peut faire sécher dehors, mais sinon c’est compliqué ». Afin de remédier au problème, le couple a choisi de se doter d’un séchoir à linge « low tech », et basse consommation, construit par une entreprise de menuiserie locale. Il est inspiré des séchoir à peaux et à tabacs utilisé autrefois, avec des clayettes en bois de châtaigner non traité, qui permettent de créer un courant d’air traversant qui sèche ainsi le linge. Ce bâtiment réhabilité abrite aussi la chaudière à granulés, qui a remplacé le chauffage au fioul, et la conserverie : Emilie et Stéphane transforment les légumes et fruits du jardin ,ou issus des cultures d’une maraîchère située à 2 km, en confiture, jus, bocaux…Une manière pour eux de tendre également vers plus d’autonomie alimentaire, toujours dans la même démarche de proposer un hébergement touristique plus vertueux.

Le séchoir en bois

 

 

 

 

Plus d’infos

www.lebolieu.fr

 




Dans le Kreiz Breizh, préserver la biodiversité, c’est pas sorcier !

Tous les 28 du mois, l’association Kreiz Breizh Transitions organise un atelier ou une conférence, ouverte à toutes et tous, avec pour but de se rencontrer et « apprendre à faire ensemble ». Le 28 novembre, le rendez-vous était donné à la Brasserie de Guerlédan, pour participer à une « fresque de la biodiversité ». Objectif de la soirée : prendre conscience des enjeux globaux et locaux lié à la biodiversité, et réfléchir à leur intégration dans l’action sur le territoire. Reportage.

Une quinzaine de personnes ont répondu à l’appel, et se sont réunies dans les locaux conviviaux de la Brasserie, créé il y a 3 ans, et qui fabrique sa bière à partir de produits bios et locaux au maximum. On retrouve notamment ici Emilie et Stéphane, qui ont créé l’écogite Le Bôlieu au Quillio, et qui sont venus en voisins, et Quentin Soissons, déjà rencontré lors du précédent reportage sur la Fresque du Climat. C’est lui qui animera d’ailleurs la Fresque de la Biodiversité, en format adapté, qui est proposée en première partie de soirée.

Après un premier exercice de présentation durant lequel chacun.e choisit un « animal ou une plante totem » et explique aux autres quelle est sa vision et son rapport à la biodiversité, le groupe de scinde en deux. Sur chacune des grandes tables est installée une grande feuille blanche. Quentin nous distribue à toutes et tous une carte. Le principe est à peu près le même que celui de la Fresque du Climat. Mais ici, il s’agit de reconstituer un écosystème et de découvrir quelles peuvent être les perturbations sur celui-ci. « Elle est moins linéaire que la Fresque du Climat », précise Quentin. Tour à tour, nous énonçons le contenu de nos cartes, et réfléchissons ensemble à l’ordre dans lequel nous allons les placer sur la table. Plusieurs écosystème sont ainsi à l’étude : la Camargue, la campagne française…

Après cette entrée en matière qui permet de mieux comprendre la notion d’un écosystème et ce qui peut l’impacter, on passe aux réflexions à partir de cinq lots de cartes. A cette étape, on prend conscience de ce qu’est la biodiversité, ce qu’elle apporte, et ce qui la menace et la détruit. On en ressort un peu comme après la Fresque du Climat, avec un sentiment de colère, et de tristesse face à la situation.

Mais on peut agir localement, chacun.e avec ses envies, moyens et compétences. Et quoi de mieux qu’un exemple concret pour nous remettre un peu de baume au cœur ? Hélène Moreau, de l’association Alimentation Bien Commun (ABC), nous présente le travail de la structure et la maquette qui a été réalisée. « ABC a été créé juste après la visite de la Bascule, qui s’était installée dans l’ancienne polyclinique de Pontivy », rembobine Hélène. « On a identifié alors que le local était un levier dont chacun pouvait se saisir pour agir ». Et notamment dans le domaine de l’alimentation, qui « est émetteur en gaz à effet de serre ». Alimentation Bien Commun propose ainsi des action de sensibilisation pour les adultes et les scolaires, autour de l’autonomie alimentaire et d’une alimentation saine et raisonnée. Un jardin pédagogique a été créé aussi par l’association sur la commune de Le Sourn.

Hélène nous détaille maintenant la maquette réalisée par l’association, et qui représente un jardin. « C’est un espace naturel, un écosystème, constitué de différents milieux, un véritable carrefour entre ceux-ci ». On peut y voir par exemple l’herbe, une mare, un potager….et les différents habitats : la mare et les salamandres, les hautes herbes pour les hérissons…Hélène évoque ainsi l’importance de laisser des espaces non tondus dans les jardins afin de laisser la biodiversité s’y installer. « Les déchets verts n’existent pas », affirme-t-elle. Tout peut être réutilisé : en paillage, en haie sèche, au compost, en vannerie…les possibilités sont multiples. La maquette permet à toutes et tous de comprendre comment on peut facilement faciliter l’installation du vivant dans son jardin, et ainsi contribuer à une meilleure préservation de la biodiversité au niveau local.

 

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