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« Et si le père Noël hait thunes … ordures » ou comment fêter Noël autrement ?

« A quoi peut ressembler un joyeux Noël anticapitaliste, zéro thunes et zéro ordures ? » Pour commencer à y répondre, c’est à Quimperlé (29) , le 2 décembre à Ty Pouce, que l’association OzActes propose une soirée sur le thème d’un Noël différent, pour des fêtes simples et solidaires.

Courses aux cadeaux fabriqués au bout du monde, gaspillage alimentaire, poubelles débordant d’emballages, pollution plastique, pollution phytosanitaire…Stop, n’en jetez plus, ça déborde!
Prendre le temps de s’interroger sur le sens profond des fêtes de Noël, peut permettre de remettre en lumière les plaisirs essentiels de cette période. Il est tout à fait possible de se faire du bien en privilégiant les liens humains, aux vivants, plutôt que ceux aux biens matériels. Profiter de ses proches, partager des moments chaleureux, se créer des souvenirs, être respectueux de la planète,
c’est tout le sens qu’OzActes met en valeur dans cet atelier proposé aux bricol’heur.euses. Pour venir fabriquer son sapin alternatif et ses décorations, il suffit d’emmener sa bonne humeur, les outils et matériaux seront fournis ainsi que la ty soupe qui sera proposée par Ty Pouce. Ensemble, il sera possible de réfléchir à une décoration de Noël naturelle et écologique, que l’on conservera sur des années… et bien plus encore car les temps d’échanges sont l’essence même de cette période tournée vers l’attention aux relations.


Comme un petit pied de nez aux côtés obscurs de l’impact des fêtes de Noël sur la planète, les membres d’OzActes cherchent à renverser les choses et cela dans la joie et toujours avec humour.
Une étude du Stockholm Environment Institut a montré en 2007 que nous augmentions significativement notre empreinte carbone lors des fêtes de fin d’année… Pour exemple, sur les 3- 4 jours autour de Noël, on estime l’impact carbone par personne à 650 kg de CO2. Soit presque un tiers de ce que l’on devrait émettre en un an pour maintenir les objectifs climatiques en 2050…


Claire et Aline, toutes deux membres de l’association, ont particulièrement travaillé autour de l’impact du célèbre sapin de Noël dont 18% de ceux achetés en France, sont produits en Bretagne.
Pour le côté obscur de sa culture conventionnelle, il est noté que les sapins sont, au cours de leur croissance, soumis à de très nombreuses pulvérisations de produits phytosanitaires et d’épandage d’engrais qui, ont et auront, sur de nombreuses années, des conséquences sur les sols et sur les eaux.
Un peu moins connu, ils peuvent également nécessiter des hormones de croissance pour leur donner une forme conique. Produits de synthèse dont certains sont soupçonnés d’être cancérigènes… La culture des sapins est une monoculture sur des centaines d’hectares qui anéantit l’équilibre de la biodiversité. L’achat de terres par les entreprises du secteur fait également grimper le prix des terres agricoles au détriment des paysan.nes produisant des cultures alimentaires comme le souligne Claire. « Le résultat de cette culture intensive est une mauvaise santé des écosystèmes, du vivant et donc des humain.es ».
Et même en fin de parcours, les sapins peuvent encore provoquer une pollution de l’air s’ils sont brûlés à l’air libre : selon l’ ADEME, brûler 50 kg de sapins équivaut à rouler 13000 km avec une voiture diesel. Pour OzActes, les opérations de broyage organisées par les collectivités ne sont pas non plus la solution et l’association appelle également à réfléchir sur la racine du problème car les déchetteries débordent de végétaux à composter en fin d’année.


Et si vraiment la présence de sapins naturels vous est nécessaire à Noël, Claire propose quelques conseils judicieux pour le faire le plus respectueusement possible : « Cueillir seulement quelques branches pas trop grosses, avec de bons outils pour ne pas abîmer l’arbre et en veillant à ne pas déséquilibrer sa silhouette. »
Un autre monde est possible, un autre Noël aussi. Et si c’était ce que nous demandions sur notre lettre de vœux adressée au Père Noël … ou plutôt à Gaïa, notre Terre commune ?

 


En pratique :
RDV à Ty Pouce , 4 ruelle des Gorrêts, Quimperlé, le 2 décembre à 18h
02 98 71 67 1




Tara, Observatoire du plancton… Et du plastique

Etudier les plastiques qui arrivent sur nos côtes, voir comment ils vieillissent et quels types de plancton s’y agglomèrent… un observatoire, unique en France, scrute le littoral de Port-Louis, dans le Morbihan. Un travail complémentaire à la mission du bateau d’exploration scientifique lorientais Tara sous de lointaines latitudes.

 

Plastique et plancton - Ramassage de plastiques sur la grande plage de Port-Louis et animation sur le thème "La vie dans une goutte d'eau".
L’équipe scientifique de l’Observatoire du Plancton est composée de deux médiateurs, Roman Portanguen et Jérôme Even, et d’un chargé d’études littorales, Antoine Charpentier. En haut et en bas à gauche, le dernier ramassage de plastiques sur la grande plage de Port-Louis dans le Morbihan, le 28 avril 2022.  En bas, L’Observatoire du Plancton a une mission de vulgarisation et d’éducation. Elle organise des animations à destination du grand public toute l’année.

 

Les deux médiateurs scientifiques et le chargé d’études littorales de l’Observatoire du Plancton, accompagnés de bénévoles, ramassent quatre fois par an depuis quatre ans tous les plastiques qu’ils trouvent sur les plages. L’objectif est de suivre l’évolution de ces déchets et de permettre aux chercheurs de bénéficier de données sur le plastique et ses concentrations. Une démarche à laquelle prend part Tara dans le cadre d’un projet de sciences participatives avec les écoles.

Des études

«Nous faisons le tri en fonction des caractéristiques des plastiques pour, notamment, mettre en évidence le taux des emballages à usage unique, comme les emballages alimentaires ou de produits ménagers. Nous comptons les particules et renseignons nos bases de données pour comprendre ce que l’on retrouve», explique Antoine Charpentier, chargé d’études littorales.

Chaque année, la base de données s’enrichit. «Ces données doivent permettre d’avancer dans la recherche de matériaux de substitution», poursuit Antoine. En janvier 2020, une stagiaire est venue renforcer l’équipe pour travailler sur la colonisation des plastiques en mer par le plancton.

En faisant vieillir différents types de plastique, l’Observatoire souhaite découvrir quel matériau se dégrade une fois que le plancton s’y est aggloméré, et si ce plancton est majoritairement toxique ou non. Le projet est réalisé en collaboration avec les plaisanciers et le laboratoire de recherche de l’Université de Bretagne Sud.

Des prélèvements en rade

Sur commande de Lorient Agglomération et en collaboration avec la Sellor pour le maintien de sa labellisation Ports propresl’Observatoire a aussi augmenté le rythme de ses prélèvement dans la rade à l’entrée du Blavet. «Nous avons huit stations de prélèvement, qui sont échantillonnées chaque mois de mars à décembre avec les plaisanciers, ce qui représente dix journées de prélèvement par an».

Les échantillons sont étudiés par les scientifiques pour caractériser le plancton de la rade, mieux comprendre le fonctionnement et l’évolution des écosystèmes de ses côtes et déterminer s’il y a des variations saisonnières et annuelles.

«Nous recherchons les planctons et les nutriments (nitrates, phosphates et silicates) présents dans l’eau. Des éléments qui permettent par exemple d’expliquer pourquoi nous avons des marées vertes», précise Antoine.

 

D’où viennent ces particules ?

Les analyses au niveau planétaire montrent que l’origine des microplastiques n’est pas seulement due à la peinture des bateaux ou à la fragmentation en mer des gros plastiques sous l’effet des vagues et du soleil.

Une partie de ces déchets arrivent déjà dans les océans sous forme de microplastiques par la voie des fleuves ou par voie aérienne. Elles sont notamment issues du lavage des textiles synthétiques et de l’usage des véhicules (usure des pneus, freinage), dans des proportions inattendues.

L’usure des pneus serait à elle seule responsable du dépôt océanique annuel de 100 000 tonnes de microparticules par voie aérienne (particules fines de moins de 10 microns) et 64 000 tonnes par voie fluviale. Les chiffres proviennent d’une étude de modélisation publiée le 14 juillet 2020 dans la revue Nature Communications.

En juillet 2022, les derniers ramassages à Port-Louis, en haut de plage, ont surtout recensé des matières légères et volumineuses, comme le polystyrène qui, poussées par le vent, finissent bloquées le long des murs qui bordent la plage. On y trouve également des preuves plus directes de la présence humaine (sac plastique, bouteille…).

Dans la laisse de mer, se nichent de nombreux petits plastiques fins à usage unique qui restent collés aux algues, des emballages de petits gâteaux notamment. On y trouve également des matières plastiques vraisemblablement transportées par les algues (tissu, filet…). Plus bas, près de l’eau, il est courant de repérer des morceaux plus lourds comme des bouts de tuyau.

Le prochain ramassage est prévu en novembre 2022 avec la classe science d’une école de Port-Louis. Peu de surprises attendues. Les collectes de l’Observatoire du Plancton «restent sensiblement les mêmes d’une opération à l’autre».

Une simulation scientifique démontre que les déchets plastiques peuvent être réduits de 80 % à l’horizon 2040 en combinant trois actions simples : amélioration de la collecte et de l’élimination des déchets plastiques, amélioration des techniques et des capacités de recyclage et réduction de l’utilisation du plastique, notamment les emballages à usage unique.

 

 

 

La vie dans une goutte d’eau

L’Observatoire du Plancton est une association loi 1901, agréée Jeunesse et Sports. Sa vocation est de rendre accessible à tous la connaissance des milieux aquatiques et de favoriser leur protection durable. Il propose des animations et conférences toute l’année à Port-Louis et développe des animations estivales. Elle propose des sorties nature et des ateliers à destination des scolaires.

Adresse : 1 Bd de la Compagnie des Indes à Port-Louis.
Tél. : 02 97 82 21 40 / Site web : http://observatoire-plancton.fr

 

La Fondation Tara Océan en perpétuelle exploration

 

5 000 miliards de morceaux de plastiques flottent à la surface de nos océans. C’est ce qu’a estimé Tara Océan, la première fondation reconnue d’utilité publique consacrée à l’Océan en France. Sa goélette est rentrée à son port d’attache de Lorient, le 15 octobre dernier, après avoir parcouru 70 000 kilomètres en deux ans.

 

Sur une période de six mois, de mai à novembre 2019, la goélette scientifique Tara a parcouru les quatre façades maritimes européennes et prélevé des échantillons dans neuf des principaux fleuves d’Europe. Il s’agit de la première mission dédiée à la pollution plastique des grands cours d’eau réalisée à cette échelle. Elle a été initiée par la Fondation Tara Océan, en partenariat avec 17 laboratoires de recherche et coordonnée scientifiquement par le CNRS.

 

 

Le 12 décembre 2020, elle a repris la mer pour une expédition de deux ans sur 70 000 km. 21 escales étaient programmées le long des côtes sud-américaines et africaines, jusqu’en Antarctique. Sa mission : analyser le «microbiome» de l’océan, c’est-à-dire l’ensemble des micro-organismes (virus, bactéries, plancton…) qui peuplent l’Atlantique Sud, et comprendre comment ils réagissent au changement climatique et à la pollution. Ces organismes marins minuscules (moins d’un millimètre) constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire et sont essentiels à tout l’écosystème océanique.

 

Un monde invisible qui représente au moins deux tiers de la biomasse des océans

 

Ils «captent notamment le dioxyde de carbone atmosphérique à l’échelle planétaire et produisent en retour l’oxygène que nous respirons chaque jour. Rouage essentiel de la grande machine climatique, le fonctionnement de ce monde invisible reste pour l’heure encore largement méconnu», explique Colomban de Vargas, co-directeur scientifique de la mission, chercheur au CNRS à la station biologique de Roscoff. Ils représentent pourtant «au moins deux tiers de toute la biomasse des océans», soit quatre fois plus que la biomasse cumulée de tous les insectes sur terre.

Les premiers scientifiques ont embarqué en février à Punta Arenas au sud du Chili. La goélette a ensuite longé l’Amérique du Sud jusqu’au canal de Panama, transité par les Antilles françaises, redescendu le long de l’Amazonie, de l’Argentine, puis mis le cap sur la mer de Weddell, en Antarctique. Les scientifiques ont pu étudier le panache du fleuve Amazone, qui «est en train de changer ses caractéristiques à cause de la déforestation et des mines», précise Daniele Ludicone, co-directeur de la mission. Ou encore de prélever des échantillons autour d’icebergs alors qu’ils «s’effondrent de plus en plus à cause du changement climatique». La goélette est rentrée à son port d’attache de Lorient, le 15 octobre 2022, à l’occasion de la Fête de la Science.

 

 

Une base internationale au Pôle Nord

 

15 ans après une première expédition de 500 jours en Arctique, la Fondation Tara Océan se prépare à lancer une nouvelle exploration scientifique au long cours en direction du Pôle Nord. L’Arctique abrite une vie marine unique. La fonte des glaces, sur ce territoire gelé en permanence, est prévue pour 2045. Cette expédition a pour but de renforcer la recherche française et internationale sur ce milieu, parmi les plus extrêmes de notre planète, afin de mieux comprendre l’impact du changement climatique sur la biodiversité et les capacités d’adaptation des espèces endémiques.

Base internationale, la Tara Polar station, sous forme de dôme flottant ovale, devrait se laisser piéger dans les glaces en 2024 ou 2025. Elle embarquera des scientifiques du monde entier, au sein d’un équipage de 12 à 20 personnes pour des missions de 18 mois consécutifs jusqu’en 2045. Climatologues, biologistes, physiciens, glaciologues, océanographes, médecins, mais aussi artistes, journalistes et marins vont s’unir et cohabiter au cœur de Tara Polar Station pour effectuer des observations et mener des expériences sur place, sous des températures oscillant entre -20° et -45° en plein cœur de la nuit polaire en hiver.

 

 

Sources :

  • Entretien avec Antoine Charpentier,
  • «L’Echopépode» n° 28 (août 2020), publié par l’Observatoire du Plancton.
  •  Fondation Tara Océan

 

A lire

Plastique et planton - Le livre bleu de Tara Océan

Le Livre Bleu de Tara – Aux sources de la pollution plastique

téléchargeable ici en version PDF

Et en complément :

L’économie circulaire, une solution aux pollutions plastiques ? (fondationtaraocean.org)

 

 

 

Pour en savoir plus

OCEANS. LE PLASTIQUE, VRAIMENT PAS FANTASTIQUE, une série documentaire en trois parties.

 

[1] LE PLASTIQUE, TUEUR ET PERTURBATEUR EN SERIE

Il y a assez de plastique dans les océans pour faire 400 fois le tour de la Terre. Toutes les 60 secondes, 17 à 20 tonnes de déchets plastiques, soit le poids de 5 éléphants, y sont déversées. C’est un tueur en série et un perturbateur. Il cause chaque année la mort d’un million d’animaux marins et touche plus de 800 espèces. Le plastique est un fléau à éradiquer par les 3 R : réduire, réutiliser, recycler. 175 pays se sont retrouvés au Kenya, à Nairobi, en février 2022, pour ouvrir la voie à un traité international dans le cadre de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement. Un accord juridiquement contraignant est attendu pour 2024.

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[2] DU PLASTIQUE PARTOUT DANS LE MONDE

On produit et on utilise du plastique aux quatre «coins» du globe. Les déchets qui en découlent affluent en quantités variables dans l’Océan en fonction de la plus ou moins bonne gestion locale de leur collecte et de leur traitement. Dimanche 17 septembre 2022, un World Clean Up Day sera organisé un peu partout dans le monde. Qui sont les principaux pollueurs de l’océan par les plastiques et quelles sont les mesures prises à l’échelle du globe pour enrayer cette pollution ? Réponse dans la deuxième partie du dossier documentaire «Plastique, vraiment pas fantastique».

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[3] COMMENT ERADIQUER L’INQUIETANT «7e CONTINENT» ?

Seulement 9% des déchets plastiques sont recyclés dans le monde. Une multitude d’innovations ont vu le jour pour valoriser ces déchets, devenus des ressources précieuses, et pour tenter de les extraire de nos océans. Ils sont traqués jusque dans les fleuves et les rivières ou à la sortie des réseaux d’eaux pluviales. L’économie circulaire ne s’attaque pas à la racine du problème : les plastiques entretiennent la filière polluante des hydrocarbures. Des voix s’élèvent : nous devons changer de paradigmes. Le meilleur déchet plastique, qu’il soit recyclé ou non, même biosourcé, est celui qui ne sera jamais produit.

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Un article écrit par Béatrice Mingam




Bascule Argoat, entre tiers-lieu et éco-lieu des transitions écologiques en Centre Ouest Bretagne (56).

A la suite de la deuxième Edition de son Forum des coopérations, le Réseau Cohérence publie en partenariat avec Eco-bretons une série d’articles sur l’engagement. Chaque article présente une initiative inspirante en Bretagne avec un focus sur sa manière d’accompagner l’engagement dans les transitions : comment sortir de l’entre-soi ; comment toucher de nouvelles personnes ou comment se relier à d’autres initiatives et coopérer ? Des enjeux auxquels nous tentons de répondre au travers de ce dossier. Nous continuons notre présentation avec une initiative du Centre Ouest Bretagne, au cœur de Roi Morvan Communauté : le Tiers-lieu Bascule Argoat. Pour comprendre comment ce lieu à la fois d’habitation, d’accueil et d’expérimentation des transitions écologiques et sociales fonctionne et aborde la question de l’engagement, nous avons interviewé Simon Suire, habitant permanent de Bascule Argoat.

Cohérence : « Pour commencer, pourrais-tu nous en dire un peu plus sur Bascule Argoat ? »

Simon : « Bascule Argoat, c’est un collectif d’une petite quinzaine de personnes, de 24 à 41 ans, qui fonctionne en gouvernance partagée et en auto-gestion [Vous pouvez trouver plus d’informations sur leurs définitions de ces termes par ici : https://argoat.la-bascule.org/notre-mode-de-fonctionnement]. Aujourd’hui nous avons une Raison d’Être posée depuis le début de l’aventure et après deux ans et demi d’existence elle nous paraît trop large et pas assez précise, et nous souhaitons la rafraîchir.

Concrètement Bascule Argoat c’est un grand bâtiment de 800m2 avec un grand jardin de 3500m2 en ruralité, entre Rostrenen et le Faouët. On est plutôt un projet associatif avant d’être un projet d’habitat même si le projet d’habitat est parti intégrante du projet. »

 

 

Cohérence : « Comment parvenez-vous à susciter un engagement à travers vos activités ? »

Simon : « Bascule Argoat suscite l’engagement par deux moyens, tout d’abord sur notre lieu à travers l’accueil et l’expérimentation. Nous expérimentons beaucoup de choses qui sont liées aux transitions et nous ouvrons notre collectif. Concernant l’accueil nous avons une semaine d’accueil par mois qui est dédiée à la découverte de la vie en collectif à Bascule Argoat et de nos outils. Des personnes – que nous ne connaissons pas forcément – nous contactent et peuvent venir découvrir comment on vit, fonctionne, travaille, etc… C’est ce qui selon nous permet de planter des graines en inspirant les personnes. Par exemple pour la gouvernance partagée, cela permet de tester nos modes de fonctionnement et des outils d’intelligence collective car nos réunions sont toutes publiques et ouvertes aux visiteurs et visiteuses qui peuvent y assister (mais pas forcément y participer). Sur l’écologie, concernant notre alimentation ou la question de la sobriété énergétique, on montre également ce qu’il est possible de faire avec peu de moyens et des vertus écologiques, voire sociales ou démocratiques. Ça passe par nos projets dans le jardin, nos projets de bricolage ou de rénovation du bâtiment où tout est axé sur le faire soi-même, les low-techs1 et l’encapacitation individuelle.

Ensuite, nous essayons d’accompagner et de favoriser les transitions écologiques, sociales et démocratiques sur notre territoire. Ça passe par des projets avec les élu-es locaux, on travaille par exemple en ce moment sur le Schéma de Cohérence Territoriale (ScoT) du Centre Ouest Bretagne. On organise des consultations citoyennes sur ce plan qui est un document stratégique d’organisation de territoire sur 20 ans et la communauté de communes doit validé ce projet. C’est un document long et très complet avec du jargon administratif et juridique et donc on organise des séances où on lit ensemble le document, on explicite les termes compliqués, on apprend nous même en le faisant et on anime ces échanges là. L’enjeu est de comprendre le document afin d’avoir les clefs pour pouvoir y réagir.

On participe également à un groupe d’entraide qui fonctionne bien et qui s’est créé peu de temps après notre installation : le « groupe du dimanche ». Ce groupe réunit des personnes, sur un rayon d’une trentaine de km, qui se retrouvent une fois par mois pour échanger leurs besoins, envies et services sur le territoire. Nous participons à ces rencontres et je m’implique notamment dans le groupe de travail de facilitation de ce groupe afin de le dynamiser.

Nous faisons également de l’accueil et la préparation de stages sur le lieu. Pour le moment nous organisons nous même deux types de stage : de low tech et de permaculture. Ces stages nous permettent de transmettre ce qu’on a appris et qui fonctionne, et pas que chez nous mais ce sont des éléments de notre lieu de vie. Grâce au stage, au-delà de l’inspiration par l’exemple, cela nous permet de passer dans une dynamique de transmission de ce qu’on fait et ce qu’on sait. »

Cohérence : « Qu’est-ce qui selon toi marche le mieux pour toucher plus de monde ? »

Simon : « C’est difficile à dire car on a parfois du mal à mesurer l’impact qu’on a. J’ai l’impression que les stages et les immersions via l’accueil ça marche bien. Pour l’accueil il y a des gens qui viennent nous voir pour découvrir un truc et souvent on fait parti d’un circuit de ces personnes qui visitent d’autres éco-lieux alors qu’un stage les gens viennent rechercher un savoir précis avec souvent la volonté de l’appliquer directement. Le point commun de ces deux choses c’est que l’immersion marche vraiment bien pour faire évoluer les personnes, faire changer de posture car même si ce n’est jamais parfait on fait une démonstration par l’exemple. D’être en situation dans un lieu qui a des low tech, qui fonctionne en gouvernance partagée, ça permet de les voir fonctionner, de voir leurs apports et leur richesse. Et ce n’est vraiment pas la même chose que de voir une conférence, lire un article, regarder une vidéo… Ce qui touche vraiment les gens c’est qu’on propose des choses fonctionnelles. Par exemple manger végétarien tous les jours ça paraît inaccessible pour beaucoup de gens. Quand on voit le poids d’un régime alimentaire carné vis-à-vis d’un régime alimentaire végétarien sur les émissions de CO2 individuel il y a un vrai enjeu à montrer qu’on peut manger bien et sain en étant végétarien. C’est quelque chose auquel on est super attachés et on fait attention à proposer quelque chose qui donne envie. C’est plein de couleurs, avec des produits de saison… On mange beaucoup de choses de notre jardin, c’est super inspirant et ça nous réjouit beaucoup (hier soir 75 % de notre assiette venait de notre jardin). Ça nous fait réaliser que ça vaut vraiment le coup de mettre de l’énergie dans le jardin. Concernant les low tech on a de tout : des trucs qui fonctionnent bien et qu’on utilise, des choses qu’on a plutôt en « vitrine » et d’autres qui ne marchent pas forcément. On met en avant ce qui marche bien : la marmite norvégienne qui permet de cuisiner en consommant beaucoup moins d’énergie ; les panneaux solaires« low tech » qui permettent de chauffer l’eau en diminuant notre consommation d’électricité (système hybride chaudière à bois, solaire en low tech & électrique si besoin en complément). Le troisième truc qui marche bien c’est qu’on a des vélos donc on peut proposer aux gens d’aller faire des balades à vélos, on ne réinvente rien mais donner la possibilité ça encourage les gens à aller vers une forme de mobilité douce. On a un petit atelier vélo avec de quoi les réparer.

Et le fait d’avoir des regards extérieurs ça nous aide à avancer. Ces personnes qui viennent nous disent ce qui marche mieux ailleurs quand on propose quelque chose qui ne marche pas très bien (ça nous arrive aussi!). »

Cohérence : « L’accueil est donc au centre du projet Bascule Argoat, comment est-ce que ça fonctionne pour bien accueillir aussi souvent ? »

Simon : « C’est Ce qui facilite l’accueil chez nous c’est notre système de « boussolage » : les visiteur-euses qui viennent à la maison notamment pour les semaines de découverte, on les appelle les «explorateur.ices». Et un-e bon-ne explorateur.ices se doit d’avoir une bonne boussole. Donc chaque personne qui arrive a une « boussole », c’est une personne qui va lui donner le meilleur cap en fonction de son intention. Il y a une première prise de contact au téléphone ou par mail, en amont de la venue, afin de se présenter et de comprendre au mieux l’intention de la personne pour sa venue afin de mieux la guider dans son séjour. Ensuite quand la personne est sur place, sa boussole est son point de contact privilégié vis à vis du groupe (même si les personnes du reste du groupe peuvent être sollicités bien évidemment). La boussole est référente pour certains sujets en particulier, par exemple, si la personne veut étendre son séjour (c’est sa boussole qui va amener la demande au groupe). Pour faciliter les accueils on a aussi des phases ou temps qu’on appelle d’« inclusion » et de « déclusion ». Donc côté inclusion c’est le moment où la boussole explique comment fonctionne la maison, qui y vit, ce qu’il va se passer pendant le séjour. Et pour le temps de déclusion c’est un temps de bilan avec la boussole pour savoir si la personne a nourri ses intentions, ce que la personne a apprécié ou moins bien vécu puis dans ce temps il y a a aussi une discussion autour de la participation consciente. C’est un modèle économique où on rend visible nos charges, nos besoins, nos investissements éventuels par rapport à ce qu’il se passe (combien coûtent le chauffage, la nourriture, les temps d’accueil…). En face de cette présentation les personnes peuvent contribuer de plusieurs manières (en compétences, en partage, temps, argent, etc…). On a mis un espace pour reconnaître la participation non financière des personnes. On a aussi une culture d’affichage pour fluidifier l’accès à l’information pour les personnes en visite : il y a plusieurs endroits où il y a les informations qui sont un peu partout dans la maison. Par exemple en cuisine des éléments pour guider les personnes (ce n’est pas forcément évident de cuisiner pour beaucoup quand on a pas l’habitude), notre raison d’être et intention de lieu sont affichées dans le couloir, il y a le tableau des participations conscientes, les agendas de la semaine et du mois, les différents lieux autour et où sortir, les marchés, les distances à vélos avec les lieux autour et le tableau d’autogestion des tâches (qui permet d’auto-organiser la vie quotidienne avec les tâches telles que la cuisine, ménage, poules…) où les personnes s’inscrivent à leur convenance. »

 

Cohérence : «Comment est-ce que vous vous connectez à d’autres lieux engagés ? »

Simon : « Bascule Argoat fait parti de l’archipel de la Bascule qui est notre communauté associative, c’est un modèle d’organisation inspiré des écrits d’Edouard Glissant.*1 Bascule Argoat est une île dans un archipel de 5 îles de la Bascule. Nous avons une vision commune, cette orientation autour des transitions et de faire bouger les choses en ce sens mais avec des modes d’action différents. Il y a une île du côté de Rennes qui est plus dans une expérimentation de modèle économique et d’entreprenariat alternatif. En Bourgogne il y a un lieu beaucoup plus tourné vers l’accueil, avec beaucoup plus d’espace pour cela. Il y a une autre île itinérante qui fait de la formation sous forme d’éducation populaire. Et l’un des éléments sur lesquels Bascule Argoat participe activement c’est la recherche de nouveaux lieux. Je pense que ce qui marche le mieux c’est de créer des îles, des ports, des points de contact, des lieux de rencontre et d’expérimentation. Je peux pas donner d’exemple très précis mais on a pas mal de pistes de lieux qui pourraient accueillir d’autres îles plus tard. On est également en contact avec d’autres collectifs pour éventuellement former des regroupements mais aussi avec des Mairies, avec des privés. Des personnes ou des groupes qui cherchent des accompagnements pour créer des collectifs, qui cherchent l’inspiration ou des outils et donc on essaye d’alimenter ces dynamiques de lieux (tiers-lieux, éco-lieux…) car on croit beaucoup dans la force de ces lieux comme points de repères, les îles pour trouver des ressources,… Le fonctionnement de l’archipel se fait par un comité avec des représentant-es de chaque île qui se réunit une fois par mois. Cette réunion est la plupart du temps en format « cockpit », pour garder le lien avec un état d’avancement des différents projets. Pour le moment notre objectif commun est de resserrer les liens entre les projets qui sont éloignés géographiquement. On a mis en place une rencontre tous les 3 mois entre les différents projets pour se retrouver, qu’on appelle « les 4 saisons de la Bascule ». Et on essaye d’alterner les lieux, quand on se retrouve c’est festif, se rencontrer, se retrouver… et c’est aussi des ateliers sur comment trouver d’autres lieux, comment dépasser le cercle des convaincus, comment avancer ensemble, homogénéiser nos pratiques… ou des ateliers du sensible et corporel pour se connecter autrement à l’autre. »

1 La Low-Tech est l’ensemble des technologies qui ont pour caractéristiques leur simplicité de mise en œuvre, leur accessibilité (aussi bien technique que matérielle ou financière), leur réparabilité et leur durabilité.

2 https://la-bascule.org/larchipel




L’altruisme, au cœur de l’écosystème de la permaculture sociale

Plume citoyenne de Anne-Laure Nicolas*, co-fondatrice de l’éco-domaine du Bois du Barde, à Mellionnec dans le Kreiz Breizh. Cet article complète celui que nous avons publié le 23 septembre dernier, intitulé  » Une approche sensible de la Permaculture Humaine ».

La société occidentale d’aujourd’hui

Notre éducation judéo-chrétienne, depuis 2000 ans, a mis en avant un fonctionnement patriarcal, d’anthropocentrisme. Il en découle qu’à l’arrivée, au début de ce 21 ème siècle, nous fonctionnons dans un système de compétition, d’individualité, de refoulement des émotions, de consommation et sûrement encore bien d’autres choses, dans une énergie très dans le “masculin” ou, comme on peut penser en terme taoïste très dans le Yang, pour dégenrer cette énergie et ces façons de faire.

Constats des personnes en transition

Les personnes qui constatent que cette société, ce monde dans lequel elles évoluent, ne leur convient plus, basculent, transitionnent, bifurquent… elles constatent consciemment ou inconsciemment que cela ne correspond plus à leur imaginaire de vie. Elles souhaitent retrouver de l’Humain, de la nature, une place juste au milieu du Tout.

Elles veulent souvent se noyer dans le Nous, refaire du Nous, refaire corps avec les Humains. Sortir de leur individualisme, redire bonjour aux voisins, œuvrer pour quelque chose de plus grand qu’elles, participer aux changements.

Or, elles arrivent, pour certaines – et c’est bien normal – beaucoup avec les mêmes codes de fonctionnement que le monde qu’elles quittent et souhaitent pourtant voir évoluer, où l’Homme cisgenre** domine, où une sorte de compétition est encore présente, sous-jacente aux processus mis en place et qui ancre un faux-semblant de pratique parfois pseudo bienveillante de coopération.

L Altruisme, la considération, le souci de l’Autre, ou quelle attention je porte à l’Autre

La permaculture, dans sa dimension sociale permet, une fois que chacun, chacune a entamé le chemin de la connaissance de son Moi, de trouver une place dans un écosystème qui lui convient. Etre une pièce du puzzle dans le puzzle, oui mais quel puzzle? Dans ce puzzle social où j’essaie de trouver ma place, il y a déjà d’autres morceaux qui y sont. Pour ne pas les abîmer, les froisser, j’y suis attentif. Considérer l’Autre c’est lui donner une existence, de la matière. Un jour en discutant, il y a quelques années avec une personne que nous accueillions, elle m’a dit qu’il y a pire que la Haine, il y a l’ignorance.

Se soucier de l’Autre, c’est aussi faire le choix de sortir de l’altruisme de surface, ce n’est pas demander à une personne comment elle va sans écouter réellement la réponse! C’est entrer en relation, en reliance avec l’Autre être humain devant moi. Sortir du triangle de Karpman***, qui me fait me sentir exister, en me donnant une place parfois de sauveur. La peur, derrière cette prise de conscience et de qui je suis par rapport à mon environnement, c’est de ne plus être Soi au final. Mais c’est justement en ayant un réel ancrage avec qui je suis, que je peux en profondeur me soucier de l’Autre. Tant que mes bases, mon enracinement avec mon Moi, ne sont pas solides, ma reliance à l’Autre reste de surface et je ne peux donc lui donner une place dans mon écosystème, dans le puzzle, je ne le considère pas à sa juste place.

C’est une des reproductions de la société patriarcale occidentale qu’il reste encore dans ce monde en mutation. Pour trouver sa place, c’est un système de jouage de coude, d’Ego mal équilibré, où le masculin est dominant et qui aura forcément raison sur l’Autre.

Considérer, se soucier : des mots qui amènent au même résultat, je laisse une place à l’Autre, je le légitimise dans son essence, dans qui il EST.

La place dans le Tout

Avec les valeurs et les concepts d’éco-psychologie et d’écologie profonde, l’Humain sort de la toute puissance de l’anthropocentrisme. Il reprend une place juste, qui est la sienne au milieu des vivants. Il redevient donc dans l’imaginaire l’égal des autres espèces quelles qu’elles soient. L’altruisme, et sa traduction concrète au travers de l’éducation populaire, permettent le chemin vers la reconsidération de l’Autre en tant que ma propre image, en tant que Moi. Je me vois en lui, comme il me voit en moi. Je me soucie de lui qui a une place identique à la mienne dans cet écosystème dépassant au final celui de l’Humanité. Je peux apprendre de lui, comme il peut apprendre de moi.

L’ Humain, dans ce souci de l’ Autre et de la place qu’il peut lui accorder grâce à son regard et ses attentions, rééquilibre son Ego qui reprend une juste place. Cet équilibre qui vient chercher à l’intérieur de chacun le Yin et le Yang, où comme disait Carl-Gustav Jung l’Anima et l’ Animus dans son concept d’individuation.

*Notre portrait de Anne-Laure Nicolas : https://www.eco-bretons.info/portrait-de-femme-n3-anne-laure-nicolas-domaine-du-bois-du-barde-a-mellionnec-22/

**Cisgenre : Qui concerne une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance

*** Triangle de Karpman : C’est une figure d’analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpan en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre victime, persécuteur et sauveur. La communication est perturbée lorsque les protagonistes adoptent ces rôles plutôt que d’exprimer leurs émotions et leurs idées.




Une approche sensible de la Permaculture Humaine

Plume citoyenne – Anne-Laure Nicolas est la co-fondatrice de l’éco-domaine du Bois du Barde, à Mellionnec dans le Kreiz Breizh, qui accueille du 22 au 24 septembre 2022, Les Rencontres des Oasis, grand rassemblement annuel des écolieux français (notre article à ce sujet : https://www.eco-bretons.info/au-bois-du-barde-22-une-journee-de-rencontres-autour-du-monde-dapres-et-des-oasis/).  Ouverte au public, la journée de dimanche 25 septembre devient le Festival Oasis et proposera au cours de l’après-midi, une table-ronde /discussion dédiée à trois notions-clés étroitement liées, pour toute personne en chemin de transition : l’écologie profonde, l’écopsychologie et la permaculture humaine. C’est cette dernière qu’Anne-Laure Nicolas s’attache à cerner en la contextualisant.

Education des enfants, place des adultes

En cette rentrée scolaire 2022, où l’interdiction de l’instruction en famille a été pratiquement actée par le gouvernement français, il est bon de faire un petit rappel de la position et l’évolution de la sacro-sainte institution de l’éducation nationale ainsi que de la disparition progressive de l’éducation populaire ainsi que de ses conséquences.

A l’école depuis plusieurs décennies, nous apprenons à passer le Bac et aller à l’Université pour “faire des études”, avoir un poste prestigieux et avoir le salaire qui va avec. Les moins disciplinés et les moins érudits sont aiguillés sur les “voix de garage” dans les métiers manuels, qui eux sont forcément moins méritants. C’est la quête d’une sécurité de vie financière pour acheter ce dont on a envie et avoir une considération sociale. La plupart des familles poussent dans ce sens, en espérant que la progéniture fera mieux que soi.

L’école n’apprend plus à toucher du doigt qui est l’individu.

La disparition progressive de l’éducation populaire qui te permet de découvrir lors des temps de loisirs en dehors de l’institution scolaire et de la famille, qui tu es et surtout ce que tu aimes, et n’aimes pas ; d’apprendre de tes pairs, des plus jeunes ou des anciens, sans pression, juste avec la notion de plaisir.

Ces deux réalités produites dans le même temps ont amené une partie des humains d’aujourd’hui en France à BASCULER ou TRANSITIONNER par perte de sens.

La recherche de sens

Aujourd’hui, au Bois du Barde, encore plus qu’avant, nous voyons arriver, avec la crise sociétale, des personnes en quête de sens. Elles n’ont plus aucun repère. Elles savent qu’elles ne veulent plus la vie qu’elles ont ou qu’elles sont en train de quitter. Certaines parfois dans la douleur et le déchirement : burn-out, divorce, démission. Toutes ont pris conscience que ce qu’elles vivaient n’était pas ce qu’elles voulaient pour elles, pour leur famille parfois*.

L’exode rural de l’après Seconde Guerre mondiale a déraciné un bon nombre de générations qui aujourd’hui, pour leur bien-être mental, souhaitent revenir à la campagne. Beaucoup veulent revenir à des métiers manuels, sortir du mental et revenir au cœur et au corps de ce qui peut faire sens pour elles en tant qu’individu.

Mes capacités, le puzzle, notion de plaisir

Dans cette quête de sens, la permaculture humaine est un concept définissant nos aspirations les plus profondes. C’est pourquoi nous sommes là aujourd’hui et maintenant. Quelle est ma place dans le puzzle de la vie, comment puis-je contribuer à œuvrer pour mes valeurs et l’éthique que je défends?

Nous pouvons aimer faire plein de choses, mais qu’est-ce qui m’anime vraiment tous les jours dans mon quotidien ? Personnellement j’ai fait un coming-out d’écolo : je n’aime pas le jardinage, je n’aime pas mettre les mains dans la terre ! Je peux le faire, je sais le faire, mais en le faisant, je ne suis pas à ma place, et donc je m’épuise à le faire.

Je suis une conceptrice, j’ai la capacité de voir les projets ou les humains, c’est la vision globale. Quand je réfléchis au montage de projet ou à l’accompagnement d’autres humains, c’est facile pour moi et j’y prends beaucoup de plaisir, cela me nourrit et met mon coeur en joie.

La permaculture humaine est un cheminement de découverte de Soi, sur la route du développement personnel, il y a aujourd’hui beaucoup d’outils de connaissance de Soi, et de techniques. Dans le puzzle de la vie, la découverte de la forme, de la couleur, de la texture de son morceau de puzzle se fait avec le temps, et surtout nous avons le droit à l’erreur. C’est le chemin d’une vie.

Perte des savoirs ancestraux, 8 shields, etc.

Cette recherche de sens est liée indubitablement à la perte de savoirs ancestraux. En effet, notre éducation judéo-chrétienne et l’évolution d’une société patriarcale en parallèle, nous ont coupé de notre lien au Vivant. L’évolution dans le temps de l’anthropocentrisme, nous faisant croire à notre supériorité – liée au mental – à toutes espèces animales, végétales, nous a fait perdre le sens profond de nos vies.

La plupart des peuples premiers et autochtones du monde entier, qui ont gardé un lien avec le Vivant, nous montre que nous, occidentaux, nous sommes en décalage et de facto en mal-être.

Le concept des 8 shields est né de ce besoin, pour permettre une reconnexion à la nature et donc au Moi. Il relie les savoirs ancestraux autochtones du monde entier, voici ses principes :l’écoute attentive, la présence et la créativité ; la Joie et la vitalité de l’enfant; l’engagement; l’empathie et le respect de la nature ; être au service, dans son Don et dans sa Vision; être reconnaissant pour la vie et se sentir pleinement en vie ; incarner l’Amour, la compassion et le Pardon.

Refaire le lien, guidé par ces peuples, leur spiritualité et leur compréhension du monde est un enjeu majeur et nécessaire dans la prise de conscience que chaque individu est une partie du Tout, tout en étant relié au Tout. Nous sommes tous Unique dans notre Universalité.

En complément :

Sur youtube, l’interview  de Anne-Laure NICOLAS sur « Permaculture Humaine, Sociale et Economique Le Bois du Barde : https://www.youtube.com/watch?v=tNv7Fw4xzWk

https://www.annelaure-nicolas.bzh/

https://www.facebook.com/leboisdubarde

* Une chaleureuse recommandation de lecture qui parlera à toute personne en quête de sens : le livre réjouissant d’Eloïse Bossé-Durassier : « Breizh’ilience, où l’art de sauter dans les flaques » dont une bonne partie de l’action se déroule… au Bois du Barde !

https://www.librinova.com/librairie/eloise-bosse-durassier/breizh-ilience





La première centrale photovoltaïque citoyenne des Côtes-d’Armor mise en service

(Plume citoyenne) Du nouveau dans le paysage énergétique des Côtes d’Armor : la SAS Kerwatt vient de mettre en service le 24 août 2022 la première centrale photovoltaïque citoyenne du département sur le magasin Tinatur à Trémuson. Un résultat rendu possible grâce à l’épargne de 130 citoyens qui soutiennent localement, à travers la SAS Kerwatt, le développement des énergies renouvelables.

D’un budget de plus de 80 000 € (H.T.) et d’une puissance de 92,3 kWc, cette centrale solaire va produire chaque année, et pendant plus de 30 ans, environ 100 000 kWh d’électricité décarbonée ; de quoi répondre aux besoins électriques de 60 personnes, hors chauffage. Un premier pas qui en appelle d’autres *.

L’inauguration officielle aura lieu le samedi 24 septembre à 15h00, sur place au magasin TINATUR, 21 rue Eiffel à Trémuson. Les citoyens-souscripteurs ainsi que les élus locaux sont invités : nous aurons la présence du vice-président de l’agglomération en charge de l’énergie et le maire de Trémuson. Nous sommes accueillis sur place par Jean-Yves Thomas, le gérant de TINATUR, qui a mis à disposition sa toiture pour ce projet.

 

Un covoiturage sera organisé au départ de Lannion, rond-point du Boutil. Pour faciliter l’organisation de l’évènement, les intéressés peuvent s’inscrire via le sondage :https://framadate.org/q7oVWiaCFwbrzib7

Contact :

kerwatt.sas@gmail.com, 07 81 28 22 75 (MONFORT Michel pour plus de détails)

* Une autre centrale solaire Kerwatt verra le jour à Lannion prochainement (travaux au mois  d’octobre) ; un projet également rendu possible grâce à l’implication locale de citoyens en faveur des énergies renouvelables.