L’Apecs, Association Pour l’Etude et la Conservation des Sélaciens, a été créée en 1997 à Brest. Son objectif est de développer les connaissances et la sensibilisation à la protection des requins et des raies : requin pèlerin, requin taupe, émissole tachetées, raies bouclés…ces poissons cartilagineux qui peuplent notamment la Manche, la Mer d’Iroise et l’Atlantique. Marquage de spécimens avec des pêcheurs et plaisanciers, appel à observations spontanées des requins pélerins, études…les missions sont nombreuses. Des bénévoles de l’association ont aussi l’occasion d’embarquer avec l’Ifremer sur le navire La Thalassa pour participer à des missions scientifiques, et récolter ainsi de nombreuses données sur ces espèces encore méconnues.
Qu’est ce que l’Apecs ?
Apecs signifie « Association pour l’Etude et la Conservation des Sélaciens ». Fondée en 1997 à Brest par un groupe d’étudiant.e.s, elle a pour objectif de « préserver et mettre en valeur les sélaciens, qu’on appelle aujourd’hui les élasmobranches », explique Eric Stéphan, coordinateur de l’association. Les élasmobranches sont une sous-classe de poissons cartilagineux, à laquelle appartiennent les raies et les requins.
Quelles sont ses missions ?
L’Apecs travaille au développement des connaissances sur les raies et les requins, espèces menacées « Davantage que menaçantes », et qui restent encore relativement mystérieuses. Elle mène ainsi diverses missions sur le sujet : études, mais aussi campagnes de sciences participatives. En recueillant les observations des professionnels de la mer, plongeurs, pêcheurs, promeneurs, ces programmes permettent de « suivre des espèces sur le long terme », souligne Eric Stéphan. C’est le cas par exemple pour le requin pèlerin. Considéré comme le second plus grand poisson du monde après le requin-baleine, il est inoffensif et se nourrit de plancton. D’avril à juin, on peut le trouver dans les eaux bretonnes, plus spécifiquement dans la mer d’Iroise et du côté de Groix ou Belle-Ile-En-Mer. Son aileron peut-être repéré lorsqu’il est près de la surface, afin de se nourrir. « Mais on ne l’observe pas fréquemment, car il est souvent en plongée », précise Eric. Dès 1998, le programme de recensement des observations aléatoires du requin pèlerin a été lancé, au niveau national, après un test en Bretagne. Les données ainsi collectées « contribuent à l’amélioration des connaissances, pour aider à mieux le protéger ». « Cela permet de mieux connaître sa distribution spatiale et temporelle ». Une campagne d’affichage est réalisée tous les deux ans, pour sensibiliser les usagers et usagères de la mer à faire remonter leurs observations.
Certains spécimens de requins pèlerins sont aussi équipés de balises de suivi par satellite, qui permettent de suivre leurs déplacements, lors de campagne de marquage réalisée en Mer d’Iroise et dans le Finistère Sud. Ce projet, baptisé « Pelargos », a démarré en 20215, et a pour objectif de suivre les migrations à grande échelle, mais aussi les déplacements en grande profondeur.
Outre les raies qui bénéficient elles aussi de marquages pour mieux comprendre leur déplacement, L’Apecs s’intéresse aussi de près à l’émissole tachetée. Ce petit requin, présent en Atlantique nord-est et en Méditerranée, est une espèce encore mal connue. « On travaille dessus depuis 4-5 ans », précise le coordinateur de l’Apecs. Considérée comme « quasi-menacée » par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ndlr), elle ne fait l’objet d’aucune mesure de protection (comme tous les requins en France!) et continue d’être pêchée. La question de leur reproduction est aussi intrigante. « C’est un poisson qui est capable de venir très près des côtes. On assiste à des regroupements saisonniers de femelles matures dans la Rade de Brest, au niveau des estuaires de l’Aulne et de l’Elorn ». L’apecs a alors décidé de collaborer avec des pêcheurs et des plaisanciers, qui sont alors formés et équipés de petit kits spéciaux, pour marquer un grand nombre d’émissoles tachetées. Là encore, il s’agit de mieux connaître les déplacements de l’espèce, tout en profitant de l’occasion pour faire de la sensibilisation à sa protection.
Parmi les autres actions de l’Apecs, on peut citer aussi les participations à des campagnes scientifiques menées par l’Ifremer. En effet, l’institut français mène, en automne, des campagnes spécifiques afin de récolter des informations utiles aux futurs quotas de pêche, en Manche, ou encore du Sud du Golfe de Gascogne à la Mer Celtique. Depuis 2007, des bénévoles de l’Apecs embarquent sur le Thalassa, navire océanographique de l’Ifremer, pour collecter des données complémentaires sur les requins et les raies. « On y effectue des mesures, et aussi du marquage », indique Quentin Rochas, bénévole à l’Apecs, qui va partir ainsi durant trois semaines et demie sur le navire, en compagnie de 60 à 80 personnes, dont une trentaine de scientifiques. « Le Thalassa est un navire dédié à l’halieutique, la pêche se fait au chalut, de jour », explique Quentin, qui aura notamment la charge de marquer des émissoles tachetées, des raies bouclées, et des requins ha. Avant d’embarquer, il a bénéficié d’une formation pour appliquer un protocole précis une fois sur le bateau. Une « aventure humaine » pour le jeune homme, pour qui cela sera la première expérience d’embarquement en tant que bénévole de l’Apecs avec l’Ifremer. « Cela va être à la fois un challenge humain et scientifique. Et sur l’ensemble de la campagne, cela va aussi permettre la découverte d’autres espèces ». Une expérience qui se terminera le 1er décembre, et qui permettra une récole de données primordiales pour la connaissance de ces poissons encore méconnus. « Toutes les informations sont importantes pour avoir mettre en place des mesures de gestion », plaident Eric Stephan et Quentin Rochas.
Plus d’informations sur l’Apecs : https://asso-apecs.org
Crédit photos : © Apecs

