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L’Ademe Bretagne explore la consommation responsable

Associations, collectivités et entreprises. Ces trois cercles étaient invités à venir participer à une journée autour de la « Consommation responsable » à l’invitation de l’Ademe Bretagne, qui a eu lieu le 22 mai, sur le très beau site du Lac de Trémelin à Iffendic (35). Comment consommer autrement dans la région ? Sur quels leviers s’appuyer ? Comment se traduit le passage à l’acte ? Qu’est-ce qui le déclenche ? Ces questions ont été abordées tout au long de l’événement, que ce soit en séance plénière ou en « masterclass ». L’occasion aussi pour l’Ademe Bretagne d’annoncer la mise en place de 4 « démonstrateurs » pour consommer autrement.

« Explorons la consommation responsable en Bretagne ». Tel était le thème de la journée proposée par l’Ademe Bretagne le 22 mai, et animée par Nicolas Ulrich, ingénieur économie circulaire à l’Ademe.

Au programme de la journée : des temps pour découvrir ce qu’on entend par « consommation responsable » et comment les citoyen.ne.s peuvent changer leur comportement, ainsi que des témoignages et focus sur des initiatives inspirantes.

La matinée a ainsi démarré par une intervention d’Arthur Gosset, réalisateur, et Mahault Delahaie, « éclaireuse ». Arthur est rennais, ingénieur environnemental de formation. Il a fait partie des « bifurqueurs », ce mouvement d’ingénieur.e.s, notamment en agronomie, qui ont choisi de s’écarter du chemin prévu et de s’engager vers un parcours davantage en adéquation avec leurs valeurs, leur quête de sens, et le respect de l’environnement. Arthur a notamment réalisé le film « Rupture » en 2021, et est l’un des fondateurs du festival Séisme qui se déroule à Rennes en octobre. Mahault est quant à elle l’une des protagonistes du prochain film d’Arthur, baptisé « Les éclaireurs », et qui sortira cet automne. Après avoir travaillé dans l’associatif et l’ESS à Nantes, elle cherche un nouveau travail et se fait embaucher dans une grande enseigne de bricolage. Elle essaie d’y amener du changement, et tente de développer la location d’outils. « Mais je n’avais pas toutes les cartes en mains », regrette-t-elle. C’est une fois partie de l’entreprise que la location s’y est développée. « Avec ce documentaire, on voulait filmer des « insiders ». On se rend compte de toute l’urgence qu’il y a à réinventer le monde du travail, face aux bouleversements écologiques. Il faut de l’anticipation, et savoir embarquer le collectif », a expliqué Arthur.

Circularité, sobriété et réduction des flux

Mais comment, face à ces bouleversements, passer d’un modèle linéaire au fameux modèle en « donuts » ? (https://www.notre-environnement.gouv.fr/rapport-sur-l-etat-de-l-environnement/themes-ree/enjeux-de-societe/objectifs-de-developpement-durable/le-concept-du-donut/article/presentation-du-concept-du-donut) Comment arriver à un modèle de développement qui puisse à la fois éviter le dépassement des limites planétaires et répondre aux besoins ? « En passant par la circularité, la sobriété et la réduction des flux », a détaillé ensuite Pierre Galio, directeur du service « Consommation responsable » à l’Ademe. « Il ne peut y avoir de transition environnementale sans transition sociale, et économique », a-t-il affirmé. Pour une « consommation responsable », il faut s’interroger sur ses besoins : Est ce que je dois passer par un achat de biens pour cela ? Si oui, est ce que je peux passer par de la seconde main ? Si non, je peux m’orienter vers un bien à impact environnemental moindre, en prendre soin, le réparer, l’entretenir, et le donner lorsque je n’en ai plus l’utilité.

« Nous sommes confrontés à une schizophrénie de signaux et d’injonctions », poursuit Pierre Galio. « Il y a une injonction à la consommation, car le PIB est basé sur la consommation intérieure, c’est compliqué d’avoir un message de sobriété ». Mais « il y a quand même une conscientisation de la population française ». Les citoyen.ne.s ont bien conscience que la manière de consommer est nuisible pour l’environnement. Mais le réquisitoire est souvent plus appliqué aux autres qu’à soi-même : Tout le monde est d’accord sur le constat, mais c’est toujours la faute des autres !

« La sobriété est une démarche progressive pour interroger les modèles », explique Pierre Galio. « Pour l’Ademe, c’est une démarche qui questionne les besoins individuels et collectifs. Il faut y répondre en respectant le vivant et les ressources finies ». Elle est aussi « complémentaire à l’efficacité ». « La sobriété est applicable partout, on peut tous et toutes collectivement se questionner », conclut-il.

Pour accompagner les citoyen.ne.s au changement, il faut parler d’eux/elles 

Place ensuite à la découverte d’initiatives inspirantes, en matière de consommation responsable. L’Ademe a notamment présenté un défi qu’elle a organisé : 20 familles témoins ont été recrutées en France pour « désencombrer leur intérieur ». « L’objectif, c’était d’entrer chez les personnes, et les accompagner sur leurs préoccupations du quotidien », commente Emilie Spiesser, référente consommation responsable à l’Ademe. « Cela a permis aux foyers de s’interroger sur leurs besoins et leur consommation ». Le défi a permis aux participant..e.s d’être dans une démarche « enthousiasmante, en étant sur le mieux-vivre, le bien-être ». « Finalement, désencombrer a aussi permis d’aborder d’autres thématiques, notamment l’alimentation », souligne Emilie Spiesser. « C’est aussi une bonne entrée pour parler d’environnement. Pour accompagner les citoyen.nes au changement, il faut parler d’eux/elles ».

Mais comment inscrire les changements de comportement dans la durée ? L’intervention de Julia Terlet, consultante, co-fondatrice de Behaven, a permis de trouver quelques réponses. Depuis plus de 10 ans, elle aide les organisations publiques et privées à surmonter les barrières au changement. Pour elle, il est important de « comprendre ce qui se passe avant et après le passage à l’action », et ne pas penser que seul celui-ci compte. Deuxième écueil : Penser que l’information suffit. « Elle est nécessaire, mais pas suffisante pour inciter au changement », poursuit-elle.

« La question de la transition écologique est un vrai projet de société, et c’est donc aussi une transition culturelle »

Les nouveaux récits tiennent également une place de plus en plus importante. « Nous sommes dans une période de « backlash » écolo. C’est le fait d’une minorité de personnes, mais qui se fait entendre. Il y a une musique qui monte, dans laquelle il faut s’inscrire », pointe Valérie Martin, cheffe de service « Mobilisation citoyenne et médias » à l’Ademe. Mais comment faire ? « L’important, c’est de parler aux personnes de leurs problématiques du quotidien : la santé, l’économie, l’emploi, le pouvoir d’achat, les conflits liés à l’eau, les risques géostratégiques… », affirme-t-elle tout en mettant en avant le fait qu’il est nécessaire « d’inventer, de créer de nouveaux modèles de valeurs, pour pouvoir se projeter dans un futur désirable ». Les nouveaux récits doivent être « encapacitants, donner la capacité de ». « La question de la transition écologique est un vrai projet de société, et c’est donc aussi une transition culturelle ». On peut s’appuyer pour cela sur les « imaginacteurs » : les acteurs culturels, territoriaux, éducatifs… pour « faire récit commun », évoluer nos imaginaires et « imaginer en commun un avenir positif ».

L’après-midi a ensuite été consacrée à approfondir les thématiques abordées le matin, sous forme de « masterclass ». L’Ademe a également présenté son projet d’expérimentation d’une « consommation plus responsable en Bretagne « . Quatre « démonstrateurs » vont être lancés, soit quatre territoires sur lesquels va être proposée une démarche d’accompagnement au changement de comportement. « L’objectif est de faire évoluer les comportements et de faire émerger des offres alternatives pour les biens de consommation courantes », ont expliqué Nicolas Ulrich et Mireille Puren de l’Ademe Bretagne. Collectivités, monde économique, associations, acteurs de l’éducation et de la culture sont invités à coopérer. Avec pour enjeu « la massification et la pérennisation ». Les projets sélectionnés devront « être ambitieux en terme de population concernée », et intégrer les nouveaux récits.

L’appel à projet est ouvert, les dossiers peuvent être déposés jusqu’au 5 septembre.

Plus d’infos

https://www.ademe.fr/direction-regionale/bretagne

https://www.ademe.fr/les-futurs-en-transition

https://comprendre2050.fr

https://accompagner-changements-comportements.ademe.fr

https://communication-responsable.ademe.fr/nouveaux-recits

A lire aussi, sur les nouveaux récits : https://www.eco-bretons.info/les-utopiennes-voyage-contre-leco-anxiete-en-direct-de-2043/

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