« Vers une civilisation de convivialité »

« Vers une civilisation de convivialité »
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« Vers une civilisation de convivialité », n’est ce pas un titre éloquent ? Marc Humbert, professeur d’économie politique à Rennes 1 et co-fondateur du réseau pluridisciplinaire international PEKEA (un savoir politique et éthique sur les activités économiques) est auteur de cet ouvrage paru en janvier dernier. A travers une soixantaine de pages, le professeur explique que le principe fondamental de convivialité est de bien vivre ensemble. Mais comment ? A travers des règles et des lois qui doivent promouvoir cette manière de vivre, mais pas seulement. L’auteur oppose tout d’abord cette nécessité de convivialité à l’efficacité technique et économique. Un « rouleau compresseur » selon lui, qui est pourtant le socle de notre civilisation actuelle. Marc Humbert appelle ainsi à faire un choix entre cette performance technique qui implique la maîtrise et l’exploitation de la nature par l’homme, et une civilisation conviviale où la seule valeur est…La vie ! Il remet en effet au cœur de cette nouvelle civilisation, la reconnaissance du don de la vie avec l’objectif de « vivre bien », de travailler ensemble et de chercher le bonheur collectivement. Il cite volontiers le concept du « buen vivir », développé dans les constitutions de certains états d’Amérique du Sud comme en Bolivie ou en Equateur.

 

Et si la Transition nous menait à une civilisation de convivialité ?

 

Autre chose. Selon Marc Humbert, l’une des fonctions initiales de la religion et de l’art, consiste à réguler la violence. Et ainsi contribuer à instaurer plus de convivialité au sein d’une société. Il note aussi que l’ESS, le commerce équitable, la monnaie locale, les forums sociaux mondiaux et locaux mais aussi les formes associatives et coopératives… sont également tout à fait conformes à l’orientation de convivialité. Les raisons? Leur action « n’est pas motivée par l’objectif d’accumulation du capital et du profit mais par la qualité et l’accessibilité du service rendu aux autres, à la société ». En somme, une civilisation de la convivialité est un art de vivre ensemble, une interaction générale entre les forces multiples, et non une volonté de maîtriser les autres. Exit donc, la course à l’excellence technique et au profit économique.

 

A quoi sert l’activité motivée exclusivement par l’intérêt individuel ?

 

Marc Humbert se réfère a plusieurs personnalités qui, à leur manière, ont ontribué à construire les bases du bien vivre ensemble. Il évoque ainsi Gandhi, Marx, Maurice Godelier, Georges Orwell et la Common Decency, ou encore Paul Ricoeur, Patrick Viveret et Marcel Mauss. Pour l’auteur, entretenir de bons rapports d’humanité permet de se sentir reconnu en tant qu’être humain. La convivialité est ainsi une force de vie, une force du « nous » intrinsèque à la nature. On peut lire page 47 : « Pour partager des ressources, il faut au préalable en avoir créées, dans une logique du travailler ou du « faire vivre ensemble » et non dans une logique de l’activité motivée exclusivement par l’avoir pour soi (à quoi ça sert?) et par l’accumulation qui guident le cheminement sur l’axe technico-économique ». Il écrit ainsi, citant Illich : « Nous serions plus heureux si nous pouvions travailler ensemble et prendre soin des autres ».

 

L’auteur boucle son ouvrage avec l’ébauche d’une Déclaration Universelle d’Interdépendance Généralisée qui vise à « affirmer puis engager des transitions propres à cheminer vers une civilisation conviviale ». A lire en version complète ici :http://lesconvivialistes.fr/declaration-interdependance.pdf

« Vers une civilisation de convivialité » Marc Humbert, Ed Goater, 60p, 10 euros.

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Estelle Caudal

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