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« Ils l’ont fait et ça marche ! Comment l’écologie change déjà la France »

Votre panorama des initiatives positives est large. Vous évoquez une quinzaine de projets dispersés en France : Loos en Gohelle, Strasbourg, Bordeaux, Tramayes, l’Ile Saint-Denis, Nantes, Montreuil, Besançon, Lille, Marseille,…comment les avez-vous choisis ?

Pascale D’Erm: Ces initiatives sont croisées avec des thèmes porteurs : les circuits courts, l’économie sociale et solidaire, l’écologie industrielle, l’éco-habitat… Leur point commun est qu’elles s’inscrivent dans le temps. J’avais en effet besoin de recul pour pouvoir analyser les éléments déclencheurs, les freins, les dynamiques. Ce sont des récits de changement en cours.D’autre part, je voulais mettre en lumière des initiatives à travers différentes échelles. J’ai évoqué à la fois des petites communes comme Tramayes (moins de 1000 habitants) ou encore Loos-en-Gohelle (7000 habitants), mais aussi les grandes villes Lyon, Lille…Je regrette seulement de ne pas avoir pu traiter deux thèmes par manque de recul : les pesticides et la santé environnementale.

 

Vous pointez également les limites de chaque démarche. Souvent, les freins se situent dans la capacité des individus à s’adapter aux changements. La gouvernance est aussi un problème (je pense notamment au projet Darwin à Bordeaux). C’est comme si l’ambition personnelle, l’orgueil, n’avaient plus leur place dans la société en transition qui est en train de s’inventer…

Tout à fait. A ce titre, le maire de L’Île Saint Denis (93), Michel Bourgain m’expliquait que ce qui constitue le plus grand frein, c’est la routine, l’ignorance, et les préjugés. Comme le disait Einstein, « Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome ». Or des techniques existent bel et bien. Nous savons que l’agriculture biologique peut nourrir le monde, la FAO l’a démontré. Nous savons qu’il est nécessaire d’étudier les consommations d’énergie en temps réel des foyers pour réduire la facture…Mais les idées reçues persistent, les routines et les résistances des pouvoirs en place sont fortes. Or, prendre conscience que des solutions existent relève de l’écologie positive. Et c’est aux élus de ces communes et villes en transition de prendre en main cette valeur. Ils en ont d’ailleurs une expertise concrète et sont bénéficiaires de leurs choix.

En conclusion vous expliquez notamment que les initiatives positives présentées ne sont pas paritaires. Est-ce que cela reflète la réalité en France ?

Lorsque j’ai commencé ce projet de livre, je n’étais pas dans une lecture sexiste des sujets. Mon but était de mettre en lumière des initiatives avec un certain niveau de maturité liées à des thèmes porteurs au sein de villes de différentes tailles. Ce n’est qu’une fois les avoir étudiées que je me suis rendue compte qu’elles n’étaient pas paritaires. Et cela reflète malheureusement la réalité : moins de 15% de femmes sont élues aux conseils municipaux en France, 4% des maires sont des femmes…

Votre livre est très enthousiasmant. Il donne envie d’en savoir plus sur les raisons de telles réussites. Qu’est ce qui vous a donné envie de l’écrire ?

Une opportunité : on m’a proposé de rédiger ce livre alors que j’avais une très mauvaise image des élus. Je pensais qu’ils n’y connaissaient rien. J’ai donc considéré cette proposition comme une opportunité d’avoir un autre regard sur la politique. Et au fil des rencontres, j’ai découvert des élus passionnés, enthousiastes, énergiques…Des élus qui restent dans l’ombre mais qui œuvrent depuis longtemps pour des projets qui les animent. Ce sont les meilleurs experts de leur vie, ils sont courageux. J’en suis sortie galvanisée en écrivant cette ode à l’action. Et les élus s’y retrouvent, c’est ma plus grande satisfaction.

« Ils l’ont fait et ça marche! Comment l’écologie change déjà la France » Pascale D’Erm. Ed Les petits matins, 2014. 176pp, 12 euros.

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