1

A Brocéliande, l’avenir se réfléchit avec les citoyens

Pouvez-vous présenter en quelques mots le territoire du Pays de Brocéliande ? Ce qui le caractérise, ses atouts, contraintes…

Aujourd’hui, ce sont 70000 habitants qui vivent sur le territoire du Pays de Brocéliande, motivés par différents atouts : patrimoine, tourisme, économie, culture, services, proximité de Rennes et d’axes routiers principaux, etc…
Demain, avec la période de transition que nous vivons, le territoire aura changé de visage, du fait notamment de l’explosion démographique annoncée (à l’horizon 2040, +25% de croissance démographique prévue, la plus forte des pays bretons) et le vieillissement de la population ; la mutation économique entraînée par le déclin de certains secteurs et la question sous-jacente de la réorientation des emplois et de l’insertion professionnelle, ainsi que le renforcement de l’offre et des services touristiques autour d’une destination de la Bretagne intérieure.

En quoi consiste exactement l’initiative « Brocéliande Terre d’Idées » ? Qui en a eu l’idée ?

Nous avons souhaité nous adresser aux habitants du territoire, via différentes interrogations : dans quel environnement voulez-vous vivre ?… Comment imaginez-vous l’avenir sur le territoire de Brocéliande? … Quelles sont les richesses actuelles du territoire qui permettent de construire votre futur ? …
Ces questions s’adressent aux habitants du Pays de Brocéliande et sont à la base du lancement de Brocéliande Terre d’idées par les structures du Pays, afin de réfléchir à l’avenir de notre territoire en impliquant les habitants dans une démarche participative innovante, en écho aux travaux de prospective territoriale déjà initiés par le Conseil de développement.
Cette manifestation est organisée et relayée par un certains nombre d’ambassadeurs : l’équipe du Pays de Brocéliande, des citoyens, des bénévoles d’associations, mais aussi des membres des instances de Pays, des étudiants…

Quel est son objectif ?

L’objectif, avec cette démarche, est d’imaginer ensemble l’avenir du territoire. Nous voulons partager des idées, des projets existants ou à venir de porteur de projets avec les habitants dans un moment convivial.

Comment cela va se dérouler exactement ? Et sur combien se temps ?

L’opération va se dérouler en deux temps. Le vendredi 4 octobre à partir de 16 h est organisé un moment d’échanges entre les porteurs de projets et les personnes intéressées pour « booster » leur idée (professionnels de l’accompagnement, étudiants, ambassadeurs, etc.).
Le lendemain, le samedi 5 octobre, dès 9h, combinera des temps de travail pour poursuivre l’accompagnement des « porteurs d’idées » et des animations pour imaginer l’avenir de Brocéliande dans une ambiance que nous voulons à la fois conviviale et participative.

A quoi cette opération va-t-elle donner lieu ?

Brocéliande Terre d’Idées va se poursuivre avec plusieurs rencontres, dans les prochains mois, entre les ambassadeurs et les porteurs de projets accompagnés par des étudiants. En effet, dans le cadre de cet événement, des étudiants de diverses écoles rennaises (Ecole des Métiers de l’Environnement, INSA Rennes, IEP Rennes, IAE-IGR, Université Rennes 1, IUT Rennes…) et de Brocéliande sont invités à participer à la réflexion autour des porteurs de projets afin d’apporter leur regard neuf extérieur mais aussi pour faire des projets en lice des sujets d’étude tout au long de leur année scolaire.
Cet événement marquera aussi le lancement d’une réflexion collective pour améliorer l’accompagnement des idées et projets émergents sur le territoire de Brocéliande.

 

Plus d’infos

www.pays-broceliande.com/accueil




Science : « Il faut s’arrêter et réfléchir »

« Il faut s’arrêter et réfléchir » prône ardemment la philosophe belge Isabelle Stengers en référence à Gébé, auteur de la bande dessinée L’an 01, portée à l’écran en 1973 par Jacques Doillon. Quarante ans après la publication de L’an 01, il semble que la célèbre injonction n’ait rien perdu de sa pertinence. « Qu’est-ce que je suis en train de faire ? » Telle est, selon Isabelle Stengers, la question que les scientifiques doivent se poser au nom de la confiance que leur témoigne la population. Historienne des sciences et professeur à l’Université libre de Bruxelles, la philosophe exhorte les chercheurs à s’interroger sur le futur qu’ils sont en train de fabriquer. Elle remet ainsi en cause une science convaincue d’incarner la victoire des lumières sur les ténèbres, à l’image de l’ange terrassant le dragon, représenté sur le blason de son université bruxelloise.

Science rapide et quête de l’excellence

« Le futur redoutable auquel nous sommes confrontés demande tout autre chose » affirme la philosophe dans son ouvrage, Une autre science est possible. L’auteur plaide pour l’avènement de la slow science (science lente), qui prendrait le temps d’installer le débat avec un public « potentiellement intelligent et curieux », à la différence de la science rapide, norme en vigueur soumise à de multiples pressions que sont la quête de l’excellence, la compétition, la course aux brevets et la spéculation.
Les praticiens de ces sciences rapides ont promu un modèle de développement « dont nous savons désormais le caractère insoutenable », précise la philosophe. Ce regard très critique la pousse à s’inscrire dans une urgence vitale de changement, du « fait de l’accumulation de vérités très dérangeantes qui se font jour » à propos du réchauffement climatique, de la pollution, de l’épuisement des ressources, ou encore de « l’empoisonnement de l’environnement et de nos corps ». A ceux qui argueraient de l’absence de la fameuse preuve, Isabelle Stengers rétorque, citant le philosophe américain William James  (1) : « Notre monde appelle l’action, mais cette action doit se passer de certitudes, d’exigence de garantie », car que répondrons-nous à la jeune génération quand elle nous dira : « Vous saviez tout ce qu’il y avait à savoir et vous n’avez rien fait » ? »

La vocation scientifique, que l’on présente aux très jeunes enfants comme la grande aventure au service de l’humanité, reposant sur la curiosité et la découverte des mystères de l’univers, est mensongère, estime Isabelle Stengers.
Elle décrit une réalité bien différente, où « les jeunes chercheurs doivent accepter des conditions de travail sacrificielles et une compétition sans merci ». La profession est décrite comme conçue pour les hommes et discriminatoire pour les femmes : « D’une femme que ses responsabilités familiales handicapent, on dira souvent qu’elle n’avait peut-être pas « l’étoffe » du véritable chercheur. » Sur ce sujet, la philosophe rappelle que l’écrivain et féministe anglaise Virginia Woolf conseillait aux filles d’acquérir des savoirs émancipateurs à l’université, mais de rester aux marges et de fuir « la rivalité agressive, la prostitution intellectuelle, l’attachement à des idéaux abstraits » que demandent ces professions.

Les « grandes questions »,  vecteurs de doute

Le monde scientifique, « qui ne veut rien savoir de ce qui pourrait le faire hésiter », exclut ceux qui insisteraient pour que l’on s’arrête et réfléchisse, martèle la philosophe. Elle raconte qu’étudiante en chimie, elle s’est auto exclue d’un avenir éventuel de chercheuse, s’estimant « perdue pour la recherche » après s’être « laissée intéresser par ce que les scientifiques appellent « de grandes questions », des questions dites « non scientifiques ». Tout ce qui pourrait donner au chercheur du recul par rapport à sa discipline est exclu de sa formation, synonyme de « perte de temps », sinon de vecteur de doute. La philosophe dénonce le rôle d’une grande partie de l’expertise scientifique, qui a pour mission de « faire taire les inquiétudes de l’opinion, de lui faire savoir qu’elle se trompe et qu’elle est incapable de ce jugement objectif qui est le privilège des scientifiques ».

Pour Isabelle Stengers, le dossier des OGM est un exemple très significatif qui montre à quel point certains scientifiques méprisent les nombreux enjeux liés à leurs interventions. Prétendant que les organismes génétiquement modifiés permettraient de résoudre le problème de la faim dans le monde, les biologistes moléculaires ont rejeté les doutes de leurs collègues se référant aux raisons socio-économiques des famines, aux inégalités sociales qui risquent de se creuser ou encore aux conséquences de plantations d’OGM sur des milliers d’hectares. Aujourd’hui, les chercheurs soumis à la loi du marché ont perdu leur autonomie, nous dit encore Isabelle Stengers. Les Etats ont confié aux entreprises la mission de sélectionner ceux qui bénéficieraient de subventions publiques dans les domaines où la compétitivité économique est en jeu. Là où ce n’est pas le cas, c’est-à-dire là où il n’y a ni brevet, ni partenariat en jeu, les pouvoirs politiques ont organisé une « pseudo loi du marché, censée garantir que l’argent public sera utilisé sur le mode optimal que le marché, dit-on, garantit ».

Etre redevable à l’autre

Pour Isabelle Stengers, il ne faut pas rêver d’une science qui aurait une conscience, et se soucierait des conséquences des innovations auxquelles ses recherches participent. Pour Isabelle Stengers, la solution pour « sauver la science » passe par une société « qui forcerait ses chercheurs à ne pas la mépriser », et parviendrait à mettre en place des dispositifs appelés « jury citoyen », « consultation citoyenne » ou encore « convention de citoyens », selon la terminologie de la Fondation Sciences Citoyennes ). Ces espaces de consultation proposent une mise à égalité, refusant les mots d’ordre du type : « Si vous voulez discuter, il faut d’abord sortir de votre ignorance. » Le jury citoyen pose les questions, demande des explications, évalue la pertinence des réponses qui lui sont données pour le problème qui l’occupe, exige des contre-expertises, écoute les objections et organise les confrontations. La fiabilité d’une innovation est mise à l’épreuve en faisant valoir autant le  point de vue objectif ou scientifique que ce qui relè
ve de l’opinion ou de la conviction. « Des gens qu’on ne traite pas comme des ignorants, qui ont le droit de poser des questions, sont remarquables et posent d’excellentes questions. Ils font bafouiller les experts, car la zone d’ignorance de l’expert est parfois très bizarre », s’enthousiasmait Isabelle Stengers sur France Culture, à l’occasion de la sortie de son livre.

 

Une autre science est possible, Manifeste pour un ralentissement des sciences, Isabelle Stengers, Les empêcheurs de penser en rond/La découverte, 2013, 214 pages, 16,50 euros.

 

Plus d’infos

www.lagedefaire-lejournal.fr/




Un Breizh storming géant à Guichen !

Rassemblés autour d’une déclaration commune dévoilée lors du Festival de la Transition à Cluny*, les membres du Collectif pour une Transition Citoyenne lancent un appel à amplifier ce mouvement citoyen. Chacun-e peut faire sa part !

Nouvelles formes de mobilisation : un Forum ouvert.

Cette année, le Salon Ille et Bio à Guichen ouvre un large espace d’intelligence collective, pour que chacun-e d’entre vous puisse participer, échanger et se mettre en route concrètement. Citoyen-ne, élu-e, porteur/porteuse de projet, entrepreneur/entrepreneuse, les acteurs/actrices locaux des Transitions invitent chacun-e d’entre vous à participer à un Forum ouvert, les 11/12/13 octobre 2013, au salon Ille et Bio de Guichen. Pas d’ordre du jour préétabli, c’est vous qui le faites. Venez avec vos expériences, vos motivations et l’envie de répondre à cette question : Des solutions concrètes existent déjà pour rendre possible les transitions en douceur. Mais comment coopérer pour les rendre plus visibles et accessibles ?

Créer et agir ensemble.

A l’issue des ateliers de discussions, des plans d’actions seront construits. Livre blanc, projet de territoire, plan d’action à moyen long terme, scénario de film… nous faisons appel à toutes les créativités !
Autour du Forum Ouvert seront organisés des conférences-débats, des ateliers, des films, des expressions artistiques et aussi des surprises…
Les rues et places du salon feront scène ouverte pour une ambiance festive, avec des
chorales, des musiciens, des artistes de rue…. Un forum ouvert sur l’éducation se tiendra également sur le salon le dimanche.
 

Associations organisatrices :

Cohérence, Culture Bio, la Manufacture de l’Ecologie Réaliste, les Colibris Pays de Rennes et national, le Collectif national pour la transition citoyenne, les Amap d’Armorique, le Printemps de l’éducation, le Collège Montessori, l’Ecole des capucines, Bretagne Durable et Solidaire, Mouvement de la paix 35, ccfd-Terre solidaire, Radio Laser, le Syndicat National des Radios Libres, la Coordination des radios locales et associatives de Bretagne, Bretagne Vivante, l’Institut de Silfiac, Pekea, Galleco 35, CNL, le Cridev, Attac Rennes, l’Association Âge de Faire, le Plan ESSE, les Indignés Saint-Brieuc, REcit Bretagne, PARASOL, Sortir du Nucléaire-Pays de Rennes, Bretagne Cens, Acipa, Eoliennes en Pays de Vilaine, Energie partagée, Cyber@cteurs, La Nature en Ville…

Et d’autres à venir dans les champs de la création d’emplois, l’agriculture citoyenne et territoriale, les résistances OGM et gaz de schiste, l’économie sociale et solidaire, la solidarité internationale, l’économie collaborative, les énergies renouvelables, l’environnement, le commerce équitable, la relocalisation, la sobriété heureuse, le forum social mondial…

Rejoignez-nous !

 

 
Plus d’infos

www.illeetbio.org/

 

Programme disponible sur www.illeetbio.org/wp-content/uploads/2013/07/depliantV5.pdf