Tribune collective. PAC 2023 : suite à l’avis de la Commission européenne, la France doit revoir sa copie !

LA BRETAGNE DEMANDE AU GOUVERNEMENT DE LUI DONNER UNE CHANCE


Le 31 mars dernier, la Commission européenne a demandé à la France d’apporter des compléments à son plan pour la future PAC. Des remarques qui rejoignent largement les critiques formulées par les organisations environnementales, agricoles et de consommateurs réunies au sein de la plateforme « Pour une autre PAC ». Des écueils qui auraient pu être évités si l’on avait laissé les territoires organiser la transition agro-écologique.
Les remarques portent notamment sur la redistribution plus équitable des aides, l’accompagnement de la transition agro-écologique, la baisse des émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage, les moyens pour réduire les pesticides ou encore l’amélioration du bien-être animal.

 

Un gouvernement sourd aux messages de bon sens


Le gouvernement français n’a pas voulu prendre en compte les premières alertes de la Commission européenne qui dès 2020 l’enjoignait de relever le niveau d’ambition : « Le futur plan stratégique relevant de la PAC devrait jouer un rôle important en revoyant à la hausse les ambitions environnementales et climatiques et en relevant ainsi le niveau des exigences minimales et en créant des outils d’incitation appropriés, en complémentarité avec le plan de relance de la France et, en particulier, les mesures de transition agroécologique du pays. »
Le gouvernement français n’a pas non plus pris en compte l’avis de l’Autorité environnementale qui lui recommandait en octobre 2021 : « de rehausser le niveau d’ambition du PSN afin de placer la France sur la trajectoire qu’elle s’est fixée tant en matière de changement climatique que de qualité des eaux et de reconquête de la biodiversité. »

Ou encore celui de la Cour des comptes, qui l’invitait en octobre 2021 à : « mieux valoriser les pratiques agro-environnementale dans la déclinaison de la prochaine PAC ». Pire encore. Alors que la Bretagne disposait d’un bilan encourageant concernant la mobilisation des aides agro-environnementales (MAEC) gérées jusque là, en direct, par le Conseil régional et que ce dernier réclamait le droit de gérer l’ensemble de l’enveloppe PAC, le ministère de l’agriculture a décidé de reprendre la main sur la gestion de ces aides, ne laissant au Conseil régional de Bretagne que des miettes.

Les lacunes qui concernent particulièrement la Bretagne


Pour la Bretagne, première région agricole de France et première région d’élevage, ce document est particulièrement révélateur d’une incapacité à mettre de la cohérence dans les politiques publiques pour engager une véritable transition agricole dans notre région. Ce qu’a souligné fortement le rapport d’évaluation qui portait sur 10 ans de lutte contre les marées vertes, rendu conjointement par la Chambre régionale et la Cour des comptes en juillet 2021. Celui-ci préconisait explicitement dans la prochaine PAC de « prévoir des mesures adaptées à la lutte contre les fuites d’azote, suffisamment incitatives et
accessibles à tous ».

Sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), la Commission pointe « un soutien important au secteur d’élevage mais [le plan] ne fixe aucun résultat à atteindre pour la réduction des émissions du secteur de l’élevage ». Ou encore « l’objectif est faible pour la gestion durable des nutriments malgré le rôle clé joué par le bétail et la fertilisation pour les émissions. ». La réduction des émissions de GES (objectif 2040 de moins 50%) passera par davantage de lien au sol, un développement de la polyculture élevage bien répartie sur les territoires et une nouvelle éducation alimentaire, qu’il serait légitime d’accompagner par des leviers économiques.


Sur la protection de l’eau et la gestion des nutriments, la commission constate que « les moyens proposés ne sont pas à la hauteur de ces enjeux prioritaires ». Elle invite à revoir l’ambition tant des aides du premier pilier (aides directes), que de celles du second pilier (MAEC). Les efforts ne sont actuellement pas suffisants pour atteindre le bon état des eaux en 2027 (objectif de la Directive Cadre sur l’Eau). Les moyens pour la réduction des engrais et celle des pesticides, « ne sont pas à la hauteur ». Elle recommande en particulier de renforcer les pratiques de rotation des cultures.


Sur la gestion quantitative de l’eau, la Commission réclame « une réduction significative de la consommation d’eau en agriculture (incluant le changement de culture ou de variétés, mesures de rétention naturelle de l’eau dans le sol, pratiques alternatives, réutilisation des eaux usées, etc.) en vue d’atteindre les objectifs de la Directive Cadre l’Eau et en vue d’adapter l’agriculture au changement climatique. ». La PAC doit aider à anticiper les inéluctables tensions à venir sur le partage de l’eau.


Sur la protection de la biodiversité, de même, « les moyens proposés par le Plan semblent insuffisants auregard des besoins » et « des actions doivent contribuer à combler les besoins d’amélioration de la gestion des zones Natura 2000 de la biodiversité en général ». A noter que « la France a l’une des plus faibles densités d’éléments paysagers de l’Union européenne »

Sur l’objectif de 18 % de la SAU en agriculture biologique d’ici 2027, la commission a des doutes sur l’atteinte de cet objectif tant les actions pour y parvenir font défauts. Elle demande à la France de renforcer les interventions.


Sur la certification HVE (haute valeur environnementale), dont le cahier des charges est très faible, mais qui se retrouve au même niveau de rémunération que l’agriculture biologique : « La Commission note avec préoccupation que la rémunération de niveau supérieur pour service environnemental dans l’écorégime est la même pour l’agriculture biologique et la certification HVE alors que le cahier des charges de cette certification est beaucoup moins contraignant. La Commission prend note que la
certification HVE est en cours de révision, mais demande à la France de tenir compte du niveau de sa contribution aux objectifs environnementaux par rapport à l’AB et si nécessaire de différencier les niveaux de rémunération ».
La Bretagne ne peut admettre que le label promu par la nouvelle PAC fasse totalement abstraction de l’enjeu nitrate qui est une question majeure pour la région, et mette sur le même plan la HVE et l’agriculture biologique reconnue comme beaucoup plus favorable à l’environnement


Sur la régulation des marchés et le soutien des prix : la plupart des mesures de régulation a disparu à part quelques articles concernant des filières en crise et avec des mesures dont la portée est partielle et limitée (incitation à réduire les volumes de production). Pourtant ces mécanismes seraient bien plus efficaces et moins dispendieux que l’assurance revenu proposée dans le 2ème pilier. Délaisser la problématique des prix agricoles, au niveau européen, aura des conséquences incalculables sur la pérennité de certaines productions et notamment sur l’élevage.


Sur le soutien des actifs agricoles, les enjeux de souveraineté alimentaire et environnementaux ne seront atteints qu’avec des agriculteurs nombreux et bien rémunérés. La répartition des aides publiques de la PAC doit tenir compte de cet objectif. En cela, les dispositifs proposés ont été rendus inefficients : une aide aux petites fermes trop faible, un plafonnement beaucoup trop élevé et un paiement redistributif
maintenu à 10% des aides du 1er pilier alors que le règlement européen permet de monter à 30%. Ces arbitrages doivent être revus afin d’en faire des leviers socialement efficaces.

 

Saisir une chance de voir évoluer notre modèle agricole breton


Si la Bretagne ne peut disposer d’une PAC qui soutient clairement les systèmes les plus vertueux socialement et écologiquement, les agriculteurs bretons se retrouveront pris dans une double injonction contradictoire : à savoir, réduire drastiquement les impacts de leur modèle sur l’environnement (marées vertes, pesticides, ammoniac, GES…), sans y être encouragés, ni par les prix, ni par l’argent de la PAC.
C’est la raison pour laquelle nous, les acteurs de l’environnement et de l’agriculture de Bretagne demandons au gouvernement de se saisir de l’opportunité fournie par la Commission européenne pour proposer une nouvelle ambition pour la future PAC : une véritable stratégie d’accompagnement de la transition agroécologique et climatique pour répondre aux enjeux d’alimentation de qualité pour tous et d’emploi paysans nombreux sur tous les territoires.

 

 

 

Alain Bonnec, Président Eau et rivières de Bretagne

Bénédicte Compois, administratrice URCPIE Bretagne

Marc POUVREAU, co-président Réseau Cohérence

Gwénola Kervingant, Présidente Bretagne Vivante

Fabrice CHARLES, Coprésident FR CIVAM Bretagne

Jean-Marc THOMAS, Porte-parole Confédération Paysanne Bretagne

Marie-Pascale Deleume, Présidente FNE Bretagne

Julien Sauvée, président FRAB Bretagne

 

 

Annexes :


La lettre d’observations de la Commission européenne sur le PSN français


L’avis de l‘Autorité environnementale sur le PSN


Le rapport de la Cour des comptes




Le porc sur paille, une alternative écologiquement responsable

Norbert Lesné est installé à Plélo (22) et élève depuis 2010 des porcs sur paille. Membre de la filière « Porcs authentiques élevés sur paille », initiée par le Réseau Cohérence, il a reçu dans son exploitation une classe de première STAV du Lycée agricole de Suscinio (29) pour présenter son mode de production.

le réseau Cohérence, qui fédère plus d’une centaine d’adhérents (associations, syndicats, particuliers…), accompagne un collectif d’éleveurs de porcs sur paille, labellisés « Porcs Durables ». Une filière a été co-construite, regroupant éleveurs et bouchers, et baptisée « Porcs authentiques élevés sur paille ».

 

Plus d’infos

https://www.porc-authentique.com

 




Avec « Les Bottes d’Anémone », Tiphaine Turluche veut « changer le monde une tige à la fois »

D’ici trois ans, Tiphaine Turluche espère que « N’importe quel breton puisse avoir accès à une fleur française ». Enthousiaste et créative, elle avoue que ce projet lui permet de découvrir progressivement ses « capacités, limites, et potentiel ». Elle entend bien développer son activité, après l’avoir stabilisée dans le Morbihan, dans le grand Ouest. En attendant, elle vient d’acquérir un terrain au Bono, afin de monter une « ferme florale » et de cultiver ses propres fleurs. Un financement participatif est lancé, sur la plateforme Miimosa, afin de récolter 10 000 euros qui serviront à l’achat d’outils, de cuves de récupération d’eau de pluie pour l’arrosage, de filets et clôtures…C’est une nouvelle aventure, en tant que productrice, qui l’attend.

https://miimosa.com/fr/projects/la-ferme-florale-des-bottes-d-anemone

https://lesbottesdanemone.f




« Au delà des clôtures » : « Montrer que la transition vers d’autres systèmes agricoles est possible »

Dans le cadre du festival Alimenterre, le film « Au delà des clôtures » est projeté auprès du grand public et de scolaires. Ce documentaire met en lumière des agriculteurs qui ont choisi de changer leurs pratiques et d’adopter des systèmes plus respectueux de l’environnement et leur garantissant une meilleure autonomie. Rencontre avec Séverine Duchêne, co-réalisatrice du documentaire, et Nicolas Finot, fils d’un des agriculteurs et protagoniste lui aussi du film, tous deux de passage au lycée agricole de Suscinio-Morlaix pour une projection-discussion avec les élèves de 1ère STAV.

Pourquoi avoir voulu réaliser un film documentaire ?

Séverine : Avec Mathieu, le co-réalisateur, nous étions étudiants tous les deux à Agro Paris Tech, en agronomie. Tout au long de nos études, on ne voyait que les systèmes classiques d’élevages. Grâce à des rencontres, nous avons découvert des solutions plus économes et autonomes, comme les systèmes herbagers. Pourquoi ceux-ci ne sont pas plus répandus ? Quels sont les freins à leur mise en place et leur développement ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons voulu faire un film pour aller à la rencontre d’éleveurs qui étaient en transition dans leurs pratiques, et qui soit visible aussi bien par des personnes du monde agricole que des gens plus éloignés.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Séverine : Nous avons fait une année de césure durant nos études pour le réaliser, entre le master 1 et le master 2, en 2020. Nous étions autonomes dans la recherche des témoignages des agriculteurs, sur plusieurs territoires français, qui ont tous répondus à un appel que nous avions lancé sur Facebook. On a aussi été accompagnés par une chef-opéatrice professionnelle, Cassiana. Le tournage a duré un mois et demi, dans trois fermes. Mathieu et moi avons passé 10 jours avec les agriculteurs avant le tournage, pour le préparer.

Quel est l’objectif du film ?

Séverine : Avec « Au delà des clôtures », nous avons voulu mettre en avant d’autres systèmes de production et montrer que la transition vers ceux-ci était possible. Pas forcément facile, mais en tout cas faisable. Le tout en restant le plus neutre possible. Il n’y a pas de voix off, nous voulions laisser les éleveurs parler. Dans les histoires que nous montrons, ils ont du repenser leur façon de produire, de s’organiser, remettre en question leur façon de pratiquer leur activité agricole. Ils étaient à fond dans leur exploitation, et se sont dit à un moment « Peut-être qu’on est allés au bout du système, socialement et économiquement on va dans le mur ». On voulait montrer ces témoignages forts, et courageux, car il en faut du courage pour oser se remettre en cause.

Nicolas et Séverine

Le film présente la mise en place de systèmes herbagers, pas toujours évidents à mettre en place. Qu’est-ce-qui est plus compliqué pour les éleveurs avec ce type de démarche ?

Nicolas : Dans le système classique, on sait chaque jour ce qu’on va donner aux vaches. Avec l’herbe, c’est plus aléatoire, il n’y a de rythme donné, surtout au début. Il faut gérer la pousse, les stocks, les surfaces dont on a besoin, convertir des terres… Ca oblige à tout repenser. Et la transition en herbager entraîne au début plus de dépenses, et une production moindre. Psychologiquement, ça peut être dur pour l’agriculteur, ça peut faire peur. Souvent, le passage à ce type de système se fait à cause d’un élément déclencheur, comme par exemple une crise ou le départ d’un associé, comme c’est le cas pour la ferme de mon père et mon oncle.

Qu’avez-vous retiré de la réalisation et de la participation à ce documentaire ?

Séverine : J’ai beaucoup appris sur de nouvelles pratiques agricoles, sur le côté technique de l’élevage, sur la gestion d’une ferme. Les systèmes herbagers présentent plusieurs intérêts, notamment sur le plan économique, sur l’autonomie, sur la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, le stockage du carbone… J’ai aussi bien sûr découvert le domaine de l’audiovisuel, que je ne connaissais pas. Sans oublier le côté humain qui a été très important : les témoignages ont été très forts, touchants.

Nicolas : J’ai pris conscience du courage qu’il a fallu à mon père et mon oncle pour changer leurs pratiques et passer sur un nouveau système. Je me suis rendu compte que c’était important de garder l’esprit ouvert, de se tenir au courant des différentes évolutions, pour changer de manière positive.


« Au délà des clôtures », trois histoires de changement sur trois territoires

Le documentaire fait la part-belle aux témoignages. On fait connaissance avec Olivier et Patrick, deux frères installés en Haute-Marne, Paul et Margaux, qui élèvent des vaches laitières dans le Maine-et-Loire, et Romain, installé en bio, qui reprend la ferme de son père dans le Finistère. Trois histoires de familles comme on voit beaucoup en milieu agricole. Mais ici, l’accent est mis sur leur cheminement, leur transition vers des systèmes plus autonomes et respectueux des animaux, des hommes et de l’environnement. Ils abordent sans détour leurs doutes, leurs difficultés, mais aussi leur prise de conscience qu’il est possible « de faire autrement ». Sans voix off, c’est leur parole qui est mise à l’honneur. Un film optimiste, joliment réalisé, qui nous fait mieux comprendre comment fonctionne le système classique, ses limites, et ce qu’il est possible de changer pour aller vers du mieux. Du mieux à la fois pour la planète, mais aussi pour les éleveurs.


Les projections :

Vendredi 12 novembre à Quévert (22), bar Kenvad à 20h

Jeudi 18 novembre aux Portes du Coglais (35), Centre Culturel, à 20h

Le mercredi 24 novembre à Chateaubourg (35), cinéma Etoiles à 20h30

Le jeudi 25 novembre, A Acigné (35), cinéma Le Foyer à 20h30

Plus d’infos :https://www.facebook.com/DeTERREmines




Kub’Tivez vous : sélection de décembre

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci : les circuits courts en agriculture !

Mon panier, de Marie-Josée Desbois

La réalisatrice Marie-Josée Desbois, installée dans l’est du Morbihan, nous emmène avec elle à la découverte de producteurs locaux. Des producteurs qu’elle connait bien, du fait de ses achats chez eux, en vente direct ou circuits courts. On retrouve par exemple Dominique, paysan-boulanger, Aude et Yannick, maraichers-bio, Gaëlle et René producteurs de vaches laitières et à viande en bio, Marie-Claude, fromagère….Toutes et tous ont fait le choix d’une agriculture plus autonome, plus respectueuse de l’environnement et de l’humain, et loin du système industriel, dans des exploitations de petites tailles. Ce que ces producteurs et productrices préfèrent, c’est la vente directe, via des Amap ou des marchés. Tout cela leur permet de redonner un nouveau sens à leur travail. Le documentaire met en lumière leur parcours, leur réussite, mais aussi leurs difficultés. Sans oublier leur vision de l’agriculture aujourd’hui.

Un joli film tourné au cœur du Morbihan qui donne à voir une agriculture qui sort des sentiers battus et montre que « faire autrement » est possible, même au sein d’une région ou le modèle agro-industriel est dominant.

A voir sur https://www.kubweb.media/page/mon-panier-circuit-court-maraicher-marie-josee-desbois/




Caravane des droits des paysan.ne.s : une mobilisation pour les paysans et paysannes d’ici et d’ailleurs

Dans le cadre du Festival Alimenterre et du Festisol, la Caravane des droits des paysan.ne.s est et sera présente sur de nombreux événements, notamment en Ille-Et-Vilaine. Coordonnée par la Confédération Paysanne et l’association Amar, elle vise à sensibiliser aux droits des paysan.ne.s et des habitant.e.s des zones rurale, dans l’esprit de la déclaration adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2018, après plus de 15 ans de travail du mouvement international Via Campesina.

Que sont les « droits paysans » ?

L’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan.ne.s et des personnes travaillant en zone rurale », le 17 décembre 2018. « Cela fait suite à un travail de plus de 15 ans de l’organisation internationale Via Campesina », explique Gilles Maréchal, de l’association Amar, qui travaille à créer des liens entre agriculture française et brésilienne. Via Campesina rassemble environ 200 millions de paysan.ne.s de par le monde. Elle « défend l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire comme moyen pour promouvoir la justice sociale et la dignité. Elle s’oppose clairement à l’agriculture industrielle et aux entreprises multinationales qui détruisent les relations sociales et l’environnement », peut-on lire sur le site Internet du mouvement. Les femmes y ont une place prépondérante, Via Campesina défendant leur droits et « l’égalité des genres », et lutte contre toute forme de violence qui leur sont faites.

Les Droits des paysan.ne.s revendiqués par le mouvement incluent « le droit à la vie et à des conditions de vie décentes, le droit à la terre, au territoire, aux semences, à l’information, à la justice et à l’égalité entre les femmes et les hommes. La déclaration votée par les Nations Unies contient 28 articles, pour 24 droits listés. Mais la portée en est limitée, puisqu’il s’agit d’une résolution juridiquement non-contraignante. « La Belgique et la Suisse ont néanmoins intégrées cette déclaration dans leur loi », précise encore Gilles.

En quoi consiste la « Caravane des Droits des Paysan.ne.s » ?

« C’est une initiative française, qui est issue de la volonté de faire en France une campagne d’opinion pour que les Droits des Paysan.ne.s soient pris en compte dans le droit du pays », déclare Gilles Maréchal. Plusieurs organisations se sont alors rassemblées pour monter cette caravane : le comité solidarités paysannes internationales / France Amérique Latine, la Confédération Paysanne, Terre de Liens, les Amis de la Conf’, les Amis du MST, le MRJC (Mouvement rural de la Jeunesse chrétienne), AMAR. La caravane doit parcourir la France en 2021 et 2022, avec des expositions, des films, des intervenants, pour alerter sur la situation des paysan.ne.s du Sud, et faire des liens avec celles et ceux d’ici.

L’opération est aussi déclinée en Bretagne, et animée par AMAR et la Confédération Paysanne, avec de nombreux partenaires tels que le MRJC, Terre de liens, Biocoop, les Civam, la Maison de la Consommation et de l’Environnement à Rennes…  « Notre objectif, c’est de participer à des évènements jusqu’en avril 2022, et de faire un état des lieux à la fin », précise Gilles Maréchal. « Nous coopérons aussi avec des événements tels que le Festival Alimenterre, le Festisol, l’Automne du film brésilien à Rennes… ».

Quel en est le message principal ?

« Nous voulons faire passer le messsage que les droits des paysan.ne.s ne sont pas des revendications corporatistes, mais qu’il faut les considérer comme des outils au service de la société, et avec elle », affirme Gilles Maréchal. « On assiste à des mouvements de reterritorialisation. Mais ce que nous défendons, c’est une reterritorialisation plus internationaliste, ce n’est pas le Nord contre le Sud. Il s’agit plutôt de faire un lien entre les problématiques de ces deux parties du monde. Finalement, les problèmes environnementaux que connait la Bretagne sont liés à ceux que connait le Brésil : par exemple, l’utilisation du soja ici et ses dérives entraine de la déforestation là-bas ».

Où pourra-t-on retrouver la Caravane dans la région ?

On pourra retrouver la Caravane dimanche 21 novembre à la Maison Internationale de Rennes, lors d’une projection-débat du film « Le Festin », dans le cadre du festival Alimenterre.

A l’occasion du Festisol, l’exposition présentée par la Caravane sera à voir à la MJC de Pacé jusqu’au 26 novembre, avec des temps de méditation pour les scolaires. On pourra aussi assiter à un temps de rencontre er de dégustation, le 25 novembre à partir de 17h, en présence de membre du collectif pour une Sécurité Sociale Alimentaire, de producteurs et productrices de l’Amap de Pacé, de membres du Ceser, pour échanger autour de son rapport « l’alimentation en Bretagne à l’horizon 2050 : Quels enjeux de société ? ».

Le 27 novembre à partir de 16h, toujours à Pacé, temps d’échange informel et dégustation de produits avec la Maison Bleue, autour du thème de la sécurité sociale alimentaire, et projection du documentaire « La part des autres ».

La Caravane investit aussi internet avec le 29 novembre à 20h en visio un  échange autour du droit aux semences avec Véronique Chable (INRA) et Jonathan Chabert, et le 6 décembre à 20h en visio toujours, un  échange autour du droit à la terre avec Vincent Jannot de Terre de Liens et Jean-Jacques Lucas, co-gérant du GFA de Brémelin.

Et le 11 décembre, présence de la Caravane et conférence autour de l’accueil de nouveaux paysan.ne.s sur le territoire, au marché de Noël de Saint-Pern (35).

Plus d’infos : https://www.facebook.com/lesdroitspaysanscestnotreavenir