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Balade en campagne vers une amoureuse des livres et de nature…

L’association « Projet échanges et développement » (un espace de vie social agrée par la CAF sur la commune de Plougasnou) propose chaque mois « Une balade pour marcher ensemble à la rencontre de notre territoire et de ses habitants. » C’est ainsi que Solenn Hémart, animatrice pour PED, a préparé un parcours riche par la diversité des actions humaines dont il pouvait témoigner dans cette partie peu connue du territoire de Saint-Jean-du-Doigt, et le pont qui pouvait être fait avec l’une de ces habitantes, Kirsi Kinnunen, traductrice finlandaise qui a plongé ses racines arctiques dans le sol finistérien il y a 14 ans.

Cette proposition de balade attira du monde.. .voilà donc une quinzaine de personnes en route pour deux heures de marche et d’exploration, réalisant une boucle en passant par la campagne et ses fermes de « Kersco », la forêt de Mesquéau pour revenir par « Kermabon » et atterrir chez Kirsi au lieu-dit « La Salle Granet ».

Sur le parcours nous avons croisé des grandes fermes, une zone ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages), la restauration du ruisseau de Pontplaincoat par Morlaix communauté, un poulailler industriel en pleine zone humide, la forêt, le menhir « Traon Bihan » dans l’alignement du château Kerprigent, un lac artificiel entretenu depuis 20 ans par un couple qui nous raconte toutes les espèces qu’il l’habite, puis l’agriculture intensive … Les participants ont échangé sur les informations et expériences que ces paysages leur rappelaient. Les discussions ont beaucoup tourné autour des relations entre biodiversité et activités humaines mais il y eu aussi de jolis échanges plus personnels entre tous…

La boucle se fermera en beauté. Le groupe est accueilli chaleureusement par Kirsi dans un très joli lieu de vie, un vieux corps de ferme en forme d’U, plutôt atypique pour la région, habité de son univers, ses chats, ses poules et ses deux ânes pour la ménagerie et les plantes aromatiques et médicinales à côté des légumes pour le potager… La situation sanitaire obligeant et le soleil radieux le permettant, on décide de rester discuter dans la cour. Kirsi apporte une pile de bandes dessinées finlandaises en français sur la table. « J’en ai traduit environ 70 et je démarche aussi les éditeurs pour la vente des droits. En l’espace de 20 ans, je suis devenue ‘la plaque tournante’ de la BD finlandaise en France ! » rigole-t-elle.

Un bon vin chaud et des biscuits aux épices, préparés à la finlandaise, ont de quoi réchauffer et mettre à l’aise ses hôtes. Les langues se délient, on découvre les BD, on parle d’humour, du métier de traducteur très joliment nommé par Kirsi comme « passeur de culture ». Des questions fusent : « Comment fait-on pour faire entrer la traduction dans la bulle ? » Pas évident car le taux de foisonnement du finnois vers le français multiplie le volume de signes du texte par 1,6 ! « La traduction la plus difficile ? » Ce n’est pas la bande dessinée, quand bien même le dialogue est considéré comme l’un des exercices présentant le plus de défis à une bonne traduction du registre, du style, des idées, de toute la culture derrière les mots… mais les articles du Monde diplomatique, qui sont « mortellement compliqués » ! Le groupe hoche la tête quand Kirsi explique que le finnois est une langue concrète qui a besoin de mots « ancrés dans la réalité tangible » alors que le français grouille de concepts abstraits qui font « juste appel à l’esprit »… On apprend aussi que Kirsi a reçu en 2021 le Prix d’État finlandais de la traduction non seulement pour ses traductions mais pour sa persévérance pour faire connaître la bande dessinée finlandaise en France.

Alors lorsqu’elle se tourne vers les participants afin de savoir un peu d’eux, chacun se présentera à sa façon et naturellement partagera son lien à la Bretagne. Car c’était bien ce qui nous réunissait ici tous, en dehors de l’appétit de la rencontre… Ce fût un beau moment où chacun est reparti réchauffé par le vin chaud et la chaleur humaine !

L’association PED continuera à proposer des balades permettant de se réapproprier son territoire dans la douceur des rencontres, la beauté de notre paysage et les réalités qui le façonnent. En mars, une proposition d’exploration « entre réel et imaginaire vers une autre pointe de Primel » à Plougasnou, menées par « l’institut de Géographie imaginaire » proposé par Elsa et Martin et suivi d’un pique-nique. Contact : 06 51 11 94 20 / projets-echanges-developpement.net