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Femmes, vélo… et liberté !

« Laissez-moi vous dire ce que je pense de la bicyclette. Elle a fait plus pour l’émancipation de la femme que n’importe quelle chose au monde. Je persiste et je me réjouis chaque fois que je vois une femme à vélo ». (Susan Anthony, suffragette américaine, 1896)

Le vélo, comme la voiture, est longtemps resté destiné aux hommes… Le cyclisme professionnel (tel qu’on le découvre dans nos journaux) reste en grande partie masculin et la pratique du vélo semble de manière générale peu adaptée à la morphologie féminine… Et c’est bien connu, une femme ne sait pas changer une roue !

Mais rassurez-vous, il semblerait bien que le vent soit en train de tourner !

Seulement, la pratique du vélo, et qui plus est celle des femmes, n’apparaît pas comme une évidence partout dans le monde. Si celle-ci est plus ou moins bien assimilée sur les continents nord-américain et européen, elle rencontre davantage de freins en Amérique du Sud, Afrique ou encore Asie.

 

Pas qu’une simple pratique de loisir, un besoin vital…

Dans nos contrées, nous assimilons davantage le vélo à une pratique de loisir, voire à une pratique sportive… Dans d’autres, le vélo est une nécessité.

L’ONG World Bicyle Relief a été créée après le tsunami en Asie en 2000, afin de répondre aux besoins de mobilité en situation d’urgence. Dans ce cas, le vélo est apparu comme un formidable moyen de se déplacer, dans des zones souvent très reculées et peu accessibles. L’ONG agit également en Afrique, afin de fournir des vélos aux habitants qui soient adaptés à leur demande : simples et très solides, pouvant transporter jusqu’à 100 kg sur le porte bagage… Le reportage « Des vélos pour la Zambie » (disponible sur internet), montre à quel point ça peut être vital d’avoir un vélo… Shannon Galpin, fondatrice de l’ONG Mountain2Mountain, explique qu’en Afghanistan, le vélo facilite là aussi l’accès à l’éducation, aux soins médicaux. Il est également sécurisant pour les femmes qui arrivent plus vite à l’école ou sur leur lieu de travail.

 

Le vélo, pour se sentir libre…

En Afrique, comme en Asie, la pratique du vélo a longtemps été (et reste souvent) interdite aux femmes. Toujours en Afghanistan, Shannon Galpin travaille avec des hommes afin d’encourager les femmes à utiliser le vélo. Et ça fonctionne beaucoup mieux lorsqu’elles sont accompagnées et soutenues. De nombreuses femmes témoignent du sentiment de liberté qu’elles ont ressenti en faisant du vélo pour la première fois… que ce soit pour se déplacer plus facilement dans leur ville, ou en partant à la découverte d’un territoire, en détruisant peu à peu les barrières, en échangeant sur différentes cultures. Le vélo apparaît comme un formidable instrument de cohésion sociale, de partage et de solidarité.

 

Les femmes à vélo, un indicateur de cyclabilité dans les villes

Un des freins observé pour inciter les femmes à faire du vélo reste la sécurité. En Afrique, comme en Afghanistan ou en Europe, avoir des infrastructures de meilleure qualité encouragent les femmes à monter en selle. À tel point que le partage entre le nombre de femmes et d’hommes qui utilisent le vélo, fournit un bon indicateur de « cyclabilité » d’une ville. Cette théorie a été reprise en septembre 2009 dans l’article “How to Get More Bicyclists on the Road. To boost urban bicycling, figure out what women want” (“Comment mettre davantage de cyclistes en selle ? Pour doper le cyclisme urbain, trouvez ce que veulent les femmes”) paru dans le Scientific American Magazine, qui affirme que « les femmes optent pour des trajets plus longs mais plus sécurisés et plus calmes au détriment de trajets plus courts et potentiellement dangereux ». Et ce, bien plus que les hommes.

 

Pas une revendication, juste une fête !

Cette discussion n’est pas une revendication farouche portée seulement par une poignée de femmes ! Elle suit simplement son cours, au-delà des simples questions de genre, encouragée par les « vélorution » qui agitent aujourd’hui un peu partout les villes et les campagnes. Plus qu’une simple mode, elle affirme le besoin d’un changement de société, et elle tend toujours vers un développement plus durable de nos territoires.

 

[Article extrait de la conférence Femme, vélo et liberté de Velo-city]

 

 

Pour en savoir plus :

 

 

 

 

 

 




« La Loire à vélo, une belle destination pour l’été ! »

« J’ai fait le plus poétique voyage qui soit possible en France ! Aller d’ici au fond de la Bretagne, à la mer, par eau, pas cher, trois ou quatre sous par lieue, en passant par les plus riantes rives du monde ; je sentais mes pensées grandir avec ce fleuve, qui, près de la mer, devient immense… »
Honoré de Balzac

 

En famille, entre amis ou en solo… On croise beaucoup de monde sur la Loire à vélo !

Les 800 km aménagés de Nevers à Saint-Brévin-Les-Pins, avec des itinéraires à la journée ou sur plusieurs jours, font de La Loire à vélo la plus longue véloroute de l’Hexagone. Une chouette destination pour l’été qui démarre !

Pour notre aventure à vélo vers la mer Noire, nous avons emprunté, début juin, le parcours de la côte Atlantique jusqu’à la Bourgogne. Et quelques amis nous ont accompagnés pour pédaler au bord de ce fleuve mythique, pour une ou plusieurs journées…

 

 

Un itinéraire ouvert à tous !

Pas besoin d’être un cycliste chevronné, ni d’être super entraîné pour parcourir cet itinéraire ! À part quelques montées pour admirer des points de vue bien mérités, le parcours est relativement plat, ce qui permet d’enchaîner les kilomètres parfois presque sans se fatiguer ! Et c’est toujours agréable de se surprendre soi-même en voyant la distance parcourue à la fin de la journée.

À n’en pas douter, ce qui motive, ce sont aussi les paysages que nous traversons, entre les bords de Loire, les différents canaux et ponts-canaux, les villages au riche patrimoine, les champs de blé ou de coquelicots qui donnent au voyage un côté champêtre et bucolique… et bien sur les châteaux qui surplombent la Loire et nous ramènent un peu dans l’Histoire.

Au départ de ce périple, certains d’entre nous en connaissaient des portions, d’autres non. Nous n’étions pas tous équipés en conséquence, pour ces quelques jours à vélo, et pas tous entrainés ! Pourtant, tout le monde a trouvé une solution pour rejoindre le groupe sur la route : certains ont emprunté le vélo d’un ami ou d’un proche (le plus approprié semble le vélo tout chemin), d’autres ont loué une remorque pour transporter le matériel (prix de la location : 10 euros par jour). Et aucun d’entre nous n’a éprouvé de grandes difficultés à aller jusqu’au point qu’il s’était fixé… Alors bien sur, on vous dira que le mal de fesse peut vous gâcher la voyage, que cette épreuve est bien trop difficile pour des non initiés, etc. Mais il suffit de tester pour se rendre compte que nulle difficulté n’est insurmontable sur la Loire à vélo ! Et que le détour en vaut définitivement la chandelle.

 

 

La plus longue véloroute de France est également très bien aménagée et indiquée. Il est possible de rater une indication, ou de remarquer un oubli… Mais globalement, vous aurez quelques difficultés à vous perdre en chemin… Sauf si vous le voulez vraiment !

Par contre, dès les premières heures, nous avons mieux compris pourquoi tous les guides de voyage décrivaient la véloroute de Nevers à l’Atlantique… car nous avons parfois eu à affronter un vent contraire qui nous a chauffé les cuisses !

Pour dormir, pas de souci non plus ! Quelques soient vos envies et votre budget, des gîtes, chambres d’hôtes, campings, tapissent les bords de la véloroute. Un autre principe existe également : le site « warmshowers.org » (rappelant celui de « couchsurfing »). Celui-ci recense sur une page internet des personnes susceptibles d’accueillir les cyclorandonneurs, afin de prendre une douche, de planter sa tente dans le jardin, de partager un repas, ou encore de passer la nuit bien au chaud et au sec. Un très bon principe donc, qui affiche une solidarité entre cyclorandonneurs et voyageurs en général, et permet toujours le partage de connaissances, ainsi que de beaux et intenses récits !

 

Pour en savoir plus :




Velo-city 2015 : une clôture sous de bons auspices !

1 550 congressistes venus du monde entier, 7 000 participants à la Vélo-parade, 90 exposants au salon professionnel ! Une réussite, selon les organisateurs !

Le forum s’est terminé par la célèbre plénière, qui a réunit sur le plateau des professionnels de la question du vélo en ville. Ce moment a permis de repréciser différents objectifs et enjeux qui animent « la ville de demain ». Tout en se rappelant quelques rendez-vous importants qui, on l’espère, porteront leurs fruits…

 

Retour sur les différents éléments abordés au cours de cette séance.

 

« C’est futuriste de développer le vélo »

Le vélo revient en force dans nos villes. C’est même tendance de sortir son vélo-pliable à la sortie du tramway !

Aujourd’hui « tous les pays du monde se réveillent et se rendent compte de l’intérêt et de l’aspect futuriste de développer le vélo pour imaginer les villes de demain » précise Carlton Reid, rédacteur de BikeBiz.com (Royaume-Uni). L’urbanisme doit évoluer et sortir du schéma où l’on commence par organiser la ville pour la voiture, puis on ajoute les transports en commun et enfin on pense à la circulation des piétons et des cyclistes.

Le vélo est un indicateur pertinent pour calculer le bonheur intérieur brut ! C’est un outil puissant pour améliorer le cadre de vie dans nos métropoles et il doit être placé au cœur des réflexions.

 

« C’est supernormal de circuler à vélo »

Pour Olivier Mazemon, journaliste et auteur du livre Le pouvoir de la pédale, « il n’y a rien à réinventer dans les politiques cyclables, il faut copier ce que font le Danemark et les Pays-Bas ! ». Là-bas c’est « supernormal » de circuler à vélo, comme le souligne une ministre régionale de la mobilité de Hollande.

Elle précise que lorsque les Pays-bas seront à la présidence du conseil de l’Union Européenne de janvier à juin 2016, la mobilité à vélo sera à la table des discussions.

 

Vers une alliance piétons/cyclistes

Les liens entre piétons et cyclistes sont évidents. Ce n’est pas pour rien que le premier vélo, inventé en 1817, fut nommé « Laufmaschine » (machine à courir).

Certaines associations en France ont décidé de lier les deux problématiques, comme la BAPAV à Brest, qui signifie Brest à pied et à vélo.

Pas d’opposition entre voiture et vélo, mais des complémentarités

Il n’y a pas d’opposition entre propriétaires de voiture et utilisateurs de la bicyclette. « Ce n’est pas un congrès anti-voiture », ont précisé plusieurs intervenants durant la plénière de clôture.

Pour Lake Sagaris, écrivain et urbaniste (Canada/Chili), « aucun trajet de moins de 5 kilomètres ne devrait être motorisé ». De façon schématique, la marche à pied et le vélo sont à privilégier dans les courts déplacements urbains. Ensuite, les transports en commun doivent pouvoir assurer le relais, pour les trajets effectués au centre et/ou en périphérie des villes, suivant les distances et les conditions de chacun. Toujours selon l’auteure, la voiture ne devrait finalement être utilisée qu’en dehors des villes, pour des trajets plus importants. Quelque soit le type (électrique ou non), les voitures prennent la place de la nature en ville (des parcs et jardins), des lieux de sociabilisation (rues et places)…

Le vélo, et les modes de déplacements doux en général, ont le pouvoir de rendre les villes plus agréables à vivre, de limiter l’individualisme pour replacer les rencontres au cœur des milieux urbains, et de tendre vers des villes plus soutenables et plus durables…

 

Et la suite…

Il y a plusieurs niveaux d’actions, du local au national, voire à l’international. En France, Dominique Lebrun, coordonnateur interministériel au développement de l’usage du vélo, l’a redit : « l’indemnité kilométrique pour inciter les salariés à se rendre au travail à vélo passera ».

En décembre 2015, la France accueillera la 21ème conférence internationale sur le défi climatique, nommée COP21. Cette conférence devra marquer une étape décisive dans la négociation du futur accord international pour l’après-2020. L’objectif de cette rencontre est tous les pays, dont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, s’engagent dans un accord universel ambitieux sur le climat. La place du vélo sera bien sûr au centre de nombreuses discussions.

 

Devant tant de belles perspectives et la conviction des membres présents, espérons que ces idées ne resteront pas au stade des réflexions, et qu’elles trouveront bien leur place dans les politiques de demain…

Et rendez-vous à Taipei (Taiwan) pour Velo-City 2016 !

 




Les Boîtes à vélo, essayez les services en roue libre !

Ils sont livreurs, peintres en bâtiments, plombiers, libraires, crêpiers… Ils sont aussi passionnés de vélo… À Nantes, on ne les présente plus. Le collectif Les Boîtes à vélo est partout !

Au début de l’aventure, il y avait quelques entrepreneurs isolés. À force de se croiser à vélo sur leur lieu de travail (la ville), l’envie de se rassembler émerge peu à peu ! « Nos confrères motorisés nous prenaient souvent pour des ovnis, nous avions trouvé en chacun de nous une écoute attentive à nos problèmes de logistique, de déplacement, d’image ». Aujourd’hui encore, ça reste une grande première en Europe. Et ça attire de plus en plus les collectivités et les pouvoirs publics…

 

« Nous pouvons le faire à vélo, alors pourquoi pas vous ? »

Se rassembler en collectif a permis aux entrepreneurs de constituer une « cellule », à la fois d’écoute, de conseils, d’échanges de bons plans. Lorsqu’on lance son entreprise, autant dire que ça aide d’avoir des copains à côté de soi !

Créer le collectif Les Boîtes à vélo a également permis de constituer une entité forte, visible dans la ville (et bien au-delà !). Avant de rassembler, les entrepreneurs peinaient à se faire un peu de communication… Aujourd’hui, ce sont les journalistes et les chaines de télévision qui viennent les voir ! Le collectif est reconnu comme un acteur de changement, qui innove dans le développement des déplacements doux en milieu urbain.

Au-delà des pouvoirs publics, la constitution de ce collectif permet à chacun d’accroître sa notoriété, tout en mutualisant et en complétant les offres proposées auprès des professionnels et particuliers.

À Nantes, c’est une source d’inspiration pour nombre d’entrepreneurs individuels. Ils sont d’ailleurs nombreux à rejoindre le groupe. De 4 il y a tout juste deux ans, ils sont aujourd’hui 23… Et ça ne fait que commencer !

 

L’innovation, au cœur du collectif

Il faut les voir ces vélos ! À deux ou trois roues, cargos ou à carrioles, pouvant transporter jusqu’à 300 kg pour certains, ils sont « bricolés mains » et adaptés à l’activité de chacun. Un des derniers créé peut contenir 80 litres d’eau et laver des vitres à plus de 6 mètres, là où les véhicules motorisés ne peuvent accéder.

Chronovélo, un des membres du collectif, cherche d’ailleurs des fonds via un financement participatif pour la construction de vélos pouvant transporter 400 kg à la force des mollets ! (Si vous voulez les aider, rendez-vous sur leur page : fr.ulule.com/400kg-avelo/)

 

Et ensuite, on fait quoi ?

« Inutile de préciser les avantages, tout le monde sait aujourd’hui que le vélo a un bienfait certain pour l’environnement ! », précise Elie Minguet, peintre sur roulettes.

Aujourd’hui, ils réfléchissent avec Nantes Métropole pour voir plus loin… Et suivre l’exemple de certaines villes européennes (comme Berlin ou Bruxelles), qui aménagent des plateformes de stockage de marchandises aux abords du centre-ville. Après les camions, les vélos transporteurs parcourent les derniers kilomètres à travers les rues étroites du centre. Moins de nuisances sonores, moins de pollution et moins d’embouteillages sont les clés d’une ville agréable à vivre !

 

Pour en savoir plus :

https://lesboitesavelo.wordpress.com/

 




Veloparade à Nantes : record battu !

Près de 7 000 participants pour la plus grande véloparade jamais organisée au monde ! Les organisateurs sont ravis ! Il faut dire que le soleil a bien aidé à chauffer l’ambiance ce mercredi avec encore plus de 26 degrés à 17h30, heure de départ cette vélo-manifestation.

Et qui de mieux à Nantes pour insuffler l’esprit de liberté qui entoure la petite reine que Le Voyage à Nantes, l’organisme culturel de promotion touristique de Nantes Métropole, qui a agrémenté le parcours de 12 km d’animations originales et poétiques (brumisateur géant, soufflerie d’air, tunnel transformé en dancefloor, ravitaillement festif…). Au départ du parcours, un cyclo-village permettait aux participants de gonfler leurs pneus, régler leurs selles et leurs freins et se désaltérer (avec modération !) pour rouler en toute sécurité.

Les bicyclettes les plus extravagantes possibles, tandems, à deux ou trois roues, allongées ou surélevées, bmx, vtt, vtc, monocycles… se sont donc élancées pour deux heures de balades en famille ou entre amis.

 

 

 

 

 

Le seul petit hic de ces deux heures de déambulation fut de passer le centre-ville au ralenti en zigzagant à 2 à l’heure dans des rues pavées : pas très adapté !

Ce rassemblement festif organisé dans le cadre du congrès mondial Velo-city est donc une réussite  et montre bien l’intérêt des nantais pour les vélocipèdes.

Après Séville, Vancouver, Vienne et Adélaïde, c’est Nantes Métropole qui accueille près de 1 500 congressistes jusque vendredi pour un programme chargé de conférences, tables rondes et visites techniques sur les problématiques du vélo urbain. Près de 90 exposants présentent les nombreuses nouveautés aux collectivités de France et d’ailleurs prêtes à franchir le pas de la fin du tout-auto.

 

 

 

 

En savoir plus :

 




Les artisans du Pérou s’engagent pour un commerce plus équitable

Bonjour Justine, pourrais-tu nous présenter ton parcours, qui t’a permis d’arriver à ce poste aujourd’hui ?

En 2011, j’ai réalisé un stage de 4 mois auprès d’artisanes dans la région de Puno, sur les bords du Lac Titicaca. Les vêtements traditionnels tissés par ces femmes étaient d’une grande qualité mais ce travail à la main nécessitait un temps considérable et les plus jeunes se désintéressaient peu à peu de l’artisanat. Nous avons donc monté le projet de financer l’achat de machines à tricoter. Et c’est de retour en France, lorsque j’ai réalisé un service civique dans une association de solidarité internationale, que j’ai pu continuer le projet. J’ai ainsi sollicité un financement de la Ville de Paris… obtenu ! Et maintenant ça marche ! Les femmes en profitent même pour faire leurs propres vêtements, presque plus rapidement et moins cher que d’acheter du synthétique au marché.
Mariée à un péruvien et cherchant à m’installer à Lima, c’est tout naturellement, lorsque la CIAP-Intercrafts cherchait un nouveau directeur il y a un an, que j’ai postulé.

 

Peux-tu nous en dire un peu plus sur la CIAP, Intercrafts et sa vision du commerce équitable ?

La CIAP, c’est une organisation d’artisans qui se développe depuis 1992 afin de promouvoir l’artisanat et l’identité culturelle andine. Ce sont près de 250 artisans, répartis dans 14 associations locales, qui dirigent la structure. La vie démocratique est au cœur du fonctionnement de la CIAP ! Intercrafts est la société exportatrice des produits. La CIAP y est l’actionnaire principal afin que le pouvoir reste aux mains des artisans. L’argent que dégage Intercrafts sert aux activités sociales et de formation que propose la CIAP. Le catalogue d’Intercrafts dépasse cette année les 3 000 références et les produits sont distribués dans 15 pays. La France, avec le réseau de commerce équitable Artisans du Monde, est le deuxième importateur des produits de la CIAP (les Etats-Unis sont en tête).

 

 

Justine Lamarche © Fair Trade Connection

 

 

La consommation dans les pays occidentaux est en berne avec la crise économique, comment cela affecte-t-il la CIAP ?

Depuis 2008, les réseaux spécialisés de commerce équitable et particulièrement l’artisanat sont affectés par la crise. Les gens achètent moins d’objets décoratifs et les associations militantes montées dans les années 70 vieillissent… Les bénévoles et consommateurs sympathisants ne vont pas acheter 15 vases en terre cuite même pour le coté éthique ! Les années de 2005 à 2007 ont été exceptionnelles, dépassant le million de chiffre d’affaire la dernière année. Mais depuis 2008, nous atteignons difficilement les 600 000. Et comme c’est la vente des produits qui permet les actions sociales, les formations et les réunions, elles sont aujourd’hui revues à la baisse. La vie démocratique de l’association a également pris du plomb dans l’aile avec les tensions liées aux finances.

 

Quels sont les solutions que vous mettez en place pour parer à ces difficultés ?

Il a fallu composer avec cette baisse d’activité, revoir un peu les investissements. Nous travaillons sur différents projets avec des designers professionnels et des écoles pour être plus innovant et s’adapter à la demande. Nous venons d’ailleurs de sortir une gamme de céramique transparente, utilitaire plus que décorative, pour la cuisine. Avec ce type de produits nous comptons développer de nouveaux partenariats avec des entreprises conventionnelles mais proches des valeurs du commerce équitable. En Amérique du Sud aussi nous souhaitons sensibiliser les entreprises et consommateurs aux achats responsables. Nous participons notamment au Peru Gift Show où de nombreux acheteurs locaux et internationaux seront présents. Une boutique existe déjà à Puno et nous travaillons à en mettre en place une nouvelle à Lima.

 

Pour conclure, aurais-tu un petit mot à communiquer aux éco-consommateurs bretons ?

Privilégiez l’artisanat traditionnel au HighTech !
Avec le commerce équitable vous vous assurez que la personne qui a fait le produit est payée justement et améliore ses conditions de vie. Les artisans de la CIAP (pour 75% des femmes) ont tous réussi à construire leur maison en dur et tous leurs enfants vont à l’école…
N’hésitez pas à nous contacter pour nous poser vos questions!

 

Retrouvez les produits de la CIAP dans les magasins Artisans du monde de Bretagne, à St-Malo, St-Brieuc, Rennes, Nantes, St-Nazaire et sur internet : www.boutique-artisans-du-monde.com/

Plus d’infos sur CIAP-Intercrafts : www.intercraftsperu.com

 

 

 

Pour soutenir au mieux l’intérêt de ses membres artisans, la CIAP regroupe aujourd’hui plusieurs branches d’activités dont Pachamama pour le développement du tourisme solidaire et la COOPAC (Cooperative d’épargne et de crédit) permettant aux groupes de base d’accéder au crédit.

Nous avons rencontré, Rafael Jahuiro, le directeur de l’agence de Puno (près du lac Titicaca), qui a pu nous présenter le fonctionnement de cette agence d’épargne solidaire. 

La COOPAC a été créée il y une douzaine d’années, afin de combler l’absence d’un système de crédit accessible aux plus démunis. Les artisans, membres de la CIAP, peuvent bénéficier de micro-prêts afin de financer l’achat des matières premières nécessaires à la production de l’artisanat et échapper aux usuriers. Couplés à des formations de gestion, c’est une solution efficace pour promouvoir l’entrepreneuriat social. Elle a récemment ouvert ses portes aux micro-entrepreneurs et particuliers. À l’Agence de Puno, la plus importante du pays, il y a près de 2 000 sociétaires épargnants qui permettent à de nombreuses associations d’artisans ou à des entrepreneurs individuels de bénéficier d’un apport, en moyenne entre 300 et 1000 euros, pour lancer ou relancer leur activité. Tout comme ses consœurs, elle est gérée de manière démocratique par ses membres.