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Jardiner au naturel réduit le poids… des poubelles !

Daniel Rolland nous a ouvert les portes de son jardin mardi 19 novembre, à l’occasion de la semaine européenne de la réduction des déchets. Un atelier « Jardinage au naturel » organisé par le CPIE Morlaix-Trégor, et financé par la SYMED 29. Mais d’ailleurs, quel rapport entre le jardinage, et la réduction des déchets ? « Un quart de nos poubelles est constitué des restes de nos repas et des déchets de nos cuisines. Et 60% du poids total de nos déchets est constitué de nos déchets verts, il faut trouver une solution pour valoriser ces déchets chez soi » explique, en guise d’introduction, Orélie Rosec du CPIE Pays de Morlaix-Trégor.

Par exemple, les restes de tonte, étalés en couche fine sur des pare-terre, peuvent servir de paillage. Tout comme la paille, les feuilles mortes, les chutes de haies et de bois broyées ou encore le BRF (bois raméal fragmenté, un broyage de déchets verts)…Pour Daniel Rolland, « le paillage est la base du jardin au naturel. Il permet d’arroser moins, il évite la repousse des mauvaises herbes. Il protège la terre du froid, des rayons du soleil, il l’enrichit et la prépare. Si bien qu’il n’est plus nécessaire de l’arroser beaucoup, ni de la retourner. Mais d’une manière générale, il faut éviter de trop retourner la terre afin de ne pas bousculer les êtres vivants qui y vivent en profondeur. »

La recette d’un compost réussi

Autre élément essentiel pour jardiner au naturel : le compost. Economique et écologique, il permet de valoriser sur place ses déchets organiques. « Depuis que nous avons un bac à compost dans le jardin, la poubelle de la maison n’est constituée que de pots de yaourts. Cela permet non seulement de réduire nos poubelles, mais aussi les odeurs de la maison. » note Daniel Rolland. Celui-ci doit être constitué d’une moitié d’azote (constituant majoritaire de l’atmosphère terrestre) et l’autre moitié de carbone (l’un des principaux constituants des protéines et de l’ADN). On parle du rapport C/N, (carbone sur azote), un indicateur qui permet de juger du degré d’évolution de la matière organique. « Pour savoir si le compost est réussi ou pas, plusieurs indices nous mettent sur la voie : des mouches ou des mauvaises odeurs indiquent que le compost est trop humide. Il faut alors ajouter des matières sèches » souligne Daniel Rolland.

Plantes et eau, harmonie et récupération des pluies !

Paillage, compost, à cela s’ajoute un récupérateur d’eau de pluie. « J’ai installé une citerne munie d’une pompe derrière le garage. Cela me permet notamment d’arroser mes deux tunnels (serres) ». Et puis, en témoigne le dicton « un bon paillage vaut dix arrosages et trois bon binages ». Du côté des espèces végétales, lesquelles est-il bon d’inviter dans son jardin au naturel ? Tout d’abord, n’hésitez pas à laisser pousser des orties car 140 espèces en profitent à un moment ou à un autre dans l’année.

Du côté des plantes qui désinfectent le sol, la moutarde est un engrais efficace. Et la consoude, riche en azote, phosphore et potasse, active la décomposition du compost et attire les pollinisateur. C’est aussi un excellent complément alimentaire pour les végétariens. Quant aux fleurs, la capucine possède des atouts de taille : elle est jolie, comestible et attire les papillons. Du coup, plantée près des plants de choux, les chenilles boycotteront ceux-ci au profit des capucines. Enfin, d’une manière générale, les ombéllifères (grande famille de 3000 espèces de plantes dont le panais, la carotte, le persil, la fenouille, le cumin…) sont les bienvenues au jardin.

 

Plus d’infos

A lire: "Composts et paillis", Denis Pépin, édition Terre Vivante, 2013.

 

 




Extraction de sable en baie de Lannion : la politique de la CAN ou de l’autruche ?

Le rendez-vous était attendu par les opposants au projet d’extraction de sable en Baie de Lannion qui se sont déplacés en nombre, hier à Bercy. Cette table ronde qui s’est tenue en huit clos n’a pourtant pas répondu aux attentes des élus locaux, comités de pêche et associations qui refusent en bloc ce projet d’extraire chaque année, pendant 20 ans, 400.000 m3 de ce sable coquillier dans la Biae de Lannion (Côtes d’Armor). En effet, à la demande des services de l’Etat, la CAN aurait engagé des études complémentaires qui n’ont été communiquées ni aux élus, ni aux associations, ni aux comités de pêche. « Le ministre, surpris que ces études n’aient pas été diffusées auprès des acteurs concernés, a demandé à ce que ces documents leurs soient rendus disponibles dès que possible, afin que chacun puisse débattre avec le même niveau d’informations » explique Alain Legendre, membre du collectif du Peuple des Dunes.

Du coup, aucune décision n’a été prise, sinon de reporter cette réunion à la fin du mois prochain « Nous sommes dans l’attente d’avoir ces documents car pour l’instant nous n’avons aucune information sur ce qu’ils comportent, si ce n’est qu’une étude sur le lançon dans la baie » déplore Alain Legendre. Le ministre a quant à lui déclaré ne pas vouloir que ce dossier traîne.

Un exposé d’arguments

Cette réunion a tout de même permis a chacune des parties d’exprimer ses arguments. Ainsi, selon Alain Lajeune, la CAN aurait «  minimisé l’impact négatifs, notamment concernant la turbidité et le trait de côte : l’ensablement de la plage en se basant essentiellement sur des modèles mathématiques  et en avançant le fait que seulement 2% de la Baie de Lannion serait concernée par ces extractions ». La CAN précise également que la Baie correspondant aux besoins de sable coquiller destiné à l’amendement agricole breton.

De son côté, le collectif du Peuple des Dunes a estimé que les données de l’enquête publique étaient insuffisantes et à pointé le fait que des domaines n’avaient pas été étudiés. « Ce projet est non seulement dangereux pour la biodiversité marine, mais il représente une menace pour des emplois locaux non délocalisables » estime Alain Legendre. Et le comité de pêche de souligner le garde manger que représente la Baie de Lannion pour ses activités.

Des politiques pour une étude globale

Du côté des élus, Corinne Erhel, députée PS, a fait savoir dans son blog ce matin que « sans être opposée à l’extraction de sable dans son principe, il me parait essentiel d’être extrêmement vigilant sur la localisation envisagée, les volumes extraits, les conditions d’exploitation et les conflits d’usages ». Selon elle, un tel projet voisin de zones Natura 2000 et d’une réserve naturelle (des spet iles, ndlr) doit faire l’objet d’une étude complète. Ainsi, « si l’on peut comprendre les enjeux en matière de développement et d’emplois pour la CAN, il est aussi indispensable de mesurer l’impact pour l’économie et l’emploi locaux d’un tel projet ».

« Nous avons un mois pour prendre connaissance de ces dossiers que nous devrions recevoir dans un court délai, et pour voir si ces études complémentaires répondent aux questions que l’on se pose, a par ailleurs fait savoir Jean-Jacques Monfort, directeur de Lannion agglomération.

La Compagnie armoricaine de navigation, qui appartient au groupe Roullier, a présenté en 2009 une demande d’exploitation des sables coquilliers marins en baie de Lannion. Ce matin, nous avons essayé de la joindre, sans succès pour l’instant.

 

Ils ont répondu présent, hier à Bercy à l’invitation d’Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif…

Représentants de la CAN, conseillers ministériels, la région Bretagne, le président de la communauté d’agglomération de Lannion, les parlementaires Corinne Erhel députée PS, et Yannick Botrel, sénateur, le collectif Peuple des Dunes en Trégor, le comité départemental des pêches des Côtes d’Armor et du Finistère ainsi que le vice-président de la commission environnement du comité régional des pêches

Plus d’infos:

http://lepeupledesdunes.com/IMG/pdf/Dossier_de_presse_Bidal_Peuple_des_Dunes_Tregor.pdf

http://www.corinne-erhel.fr/

http://www.20minutes.fr/planete/1214447-20130827-lannion-montebourg-relance-debat-extraction-sable

 




A Rennes, le Supermarché des créateurs valorise l’artisanat local et solidaire

Il était temps de créer une alternative à ces marchés de Noël où l’on ne trouve pas toujours des produits locaux, ni artisanaux. Voilà qui est fait avec le Supermarché des Créateurs, qui se déroule vendredi 22 de 12h à 21h et samedi 23, de 11h à 19h dans le hall du Crédit Mutuel de Bretagne de Rennes, boulevard de la Tour d’Auvergne. Une initiative du Conseil Général 35 et de cinq partenaires de la création solidaire. Ainsi, Elan créateur, Coopérative d’Activités et d’Emploi, offre une solution pour développer son activité dans une entreprise partagée entre les entrepreneurs. La BGE 35 (Boutique de Gestion pour Entreprendre) se charge de la formation des créateurs. L’ADIE (association pour le droit à l’initiative économique) est en charge du micro-crédit. De son côté, Présol (Pays de Rennes Emplois Solidaires) mise sur l’épargne solidaire. Enfin, le groupe d’investisseurs des Cigales, soutien le projet financièrement. « Depuis plusieurs années, ELAN créateur, organise avec le collectif d’entrepreneurs qu’elle accompagne, des marchés de créateurs dans le centre ville de Rennes. De fil en aiguille, cette initiave a été élargie à cinq structures qui accompagnent des créateurs artisans », explique Maïté Denis, chargée d’accompagnement de la coopérative d’Activité et d’Emploi, Elan Créateur.

Le fruit de compétences transversales

Le Supermarché des créateurs ouvrira ses portes pour la deuxième année consécutive. « Le comité consultatif du Conseil Général a pris en compte le développement et la valorisation des initiatives d’activités sociales et solidaires. Grâce aux partenariats tissés et à une démocratie participative particulièrement dynamique sur le territoire, cet événement a pu voir le jour », note Maîté Denis. Pour l’occasion, le Crédit Mutuel de Bretagne a mis son hall d’exposition à la disposition des artisans. « Le CMB n’est pas identifié comme un espace ouvert à tous publics, c’est l’occasion de démystifier ce lieu. Des étudiants de l’université de Ker lann de la filière ARCU (acceuil relation client et usagers ndlr) ont élaboré une opération de communication reliée à une bonne signalétique » ajoute Maïté Denis . Un événement qui met à contribution des compétences transversales.

Mettre en valeur la force du collectif pour travailler ensemble

Réunis autours de la coopérative d’activité et d’emploi, Elan Créateur, « les artisans sont demandeurs de travailler ensemble » souligne Maïté Denis. « Pour préparer l’évènement, nous avons rassemblé les 30 créateurs et artistes autour de trois groupes thématiques : la commnuication, le partage de l’espace, et enfin l’accueil et l’animation. Le but est de développer une interconnaissance entre les créateurs.» Vendredi et samedi, à Rennes, le public pourra profiter d’oeuvres créées par des artisans locaux dans une logique durable et solidaire. L’occasion de valoriser un savoir-faire, une démarche durable et l’économie sociale et solidaire puisque, cerise sur le gâteau, cet événement permet aux adhérents de la monnaie locale GALLECO de payer avec la devise.
 

Plus d’infos:

http://www.lesupermarchedescreateurs.blogspot.fr/

 




Global Gâchis dénonce le gaspillage alimentaire. Et vous ?

« Global Gâchis » est un documentaire réalisé par Olivier Le Mer écrit par Maha Kharrat et Tristram Stuart, sur une idée de Jean-Marie Michel. Il met en lumière à la fois les dérives de la surconsommation de nos sociétés modernes à travers des exemples révoltants de gaspillage alimentaire. Mais aussi des initiatives encourageantes qui luttent contre ces gaspillages. Cette enquête poignante nous explique comment un miliard de tonnes de nourriture produite à l’échelle mondiale finissent à la poubelle. Olivier Lemaire nous amène sur les routes des continents producteurs, de l’Amérique du Sud à l’Asie, en passant par les continents importateurs, l’Amérique du Nord, et l’Europe afin de comprendre pourquoi, alors que 16 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire en France, et qu’un miliard de personnes sont sous-alimentées dans le monde, le gaspillage d’un foyer français par an s’élève pourtant à 400 euros.

La dictature de la DLC (date limite de consommation)

Du côté des consommateurs, 20 kilos de nourriture sont jetés chaque année par un Français. Et 30% des assiettes servies en cantines scolaires partent à la poubelle… La moitié de ce gaspillage serait lié à un mauvais dosage des quantités. Ne parlons pas de la restauration des établissements de santé : selon le ministère de l’agriculutre, ce sont les hôpitaux qui enregistrent les plus gros chiffres de gaspillage alimentaire. Quant aux supermarchés, ils produiraient en moyenne 560 000 tonnes de déchets alimentaires par an soit, selon les établissements, entre 1500 et 10000 euros de produits alimentaires par semaine. Alors que la date limite de consommation d’un yaourt pourrait être augmentée de 10 jours sans impact sur le consommateur, il n’est pas rare que les supermarchés vident des rayons ces produits 6 jours avant la date limite. Des habitudes motivés par la course à l’offre de produits frais…Et par des règles esthétiques instaurées par la grande distribution. « Tout ce qui ne rentre pas dans la norme, c’est poubelle », explique une maraîchère. La grande distribution institue des règles esthétiques aux produits alimentaires : un concombre qui n’est pas calibré selon des normes, même si il est mangeable, n’est pas commercialisable.

Mieux vaut jetter que donner

Autre chose. Si aucune lois n’interdit de fouiller dans les poubelles, la plupart des grandes surfaces mettent pourtant du bleu de méthylène (et autres produits toxiques) sur les aliments, alors que ceux ci sont encore consommables. Les raisons ? Eviter le vandalisme, et les poursuites en cas d’intoxication alimentaire. Des opération qui permettent aussi de ne pas laisser les clients potentiels se servir gratuitement et éviter une baisse du chiffre d’affaires. Autant faire don de ces denrées à des associations caritatives :un employeur qui fait un don bénéficie d’exonération fiscales. Il déduit 60% de ce don sur son bilan. En France, 10% des invendus seraient donnés à l’aide humanitaire. A l’inverse, laisser des consommateurs se servir dans les poubelles ne rapporte rien…

 

Global Gâchis diffusé à la Salamandre

A l’occasion de la semaine de réduction des déchets, le documentaire « Global Gâchis » sera diffusé mardi 19 novembre à 20h au cinéma de la Salamandre de Morlaix. Juste après la séance, un débat sera organisé avec Monsieur Tarpin, directeur de l’Intermarché de Plourin-Lès-Morlaix, Claude Martel, président de CLCV, et Nicolas Ulrich, en charge des déchets à Morlaix Communauté. Profitez-en, la séance est gratuite.

Plus d’infos:

www.clcv.org

http://www.capatv.com/?p=17695




Energies renouvelables : entre équilibre d’approvisionnement et défi de stockage

Nous ne sommes pas encore en hiver, mais la météo s’est déjà déchaînée sur la Bretagne et son réseau électrique. Christian, la dernière tempête a privé près de 30 000 foyers d’électricité pendant plusieurs jours et nuits. Ce qui nous conduit à penser aux énergies renouvelables : en quoi peuvent-elles nous protéger des blackouts ? « Tout dépendrait de leur équilibre d’approvisionnement sur le réseau électrique » explique Markus Kauber, chargé de communication d’Enercoop Bretagne.

Selon lui, « si on développe, entretient et intègre les énergies renouvelables au réseau déjà existant, alors on augmente la stabilité de celui-ci. Pour mieux comprendre, comparons avec Internet : si un ordinateur tombe en panne, il n’y a pas forcément d’impact sur le réseau car il y a des alternatives : d’autres terminaux peuvent prendre le relais. D’où l’importance de bien développer l’intégration des systèmes » La décentralisation favorise ainsi la stabilité du réseau et limite le risque de panne totale.

Prévoir et agir sur la consommation pour mieux l’adapter à la production

Si l’intégration et l’entretien des énergies renouvelables sont indispensables à l’équilibre du réseau, ils vont de pair avec une bonne gestion des installations et de la production. En effet, pour Markus Kauber « il faut prévoir la production des énergies renouvelables en fonction des conditions météorologiques et ainsi maîtriser la demande selon la production : de cette manière, on introduit ces énergies sans nuire au fonctionnement du réseau ».

A ce titre, Bernard Multon explique dans un article de la revue Technologie, sciences et techniques industrielles*: « les autres voies de stockage de l’énergie sont l’exploitation des prévisions météorologiques, aujourd’hui déjà très performantes, pour la prédiction de la production éolienne et solaire, ainsi que le pilotage de la demande. Ce dernier point est déjà bien connu en France où des systèmes de tarification pertinents (heures creuses) ont été mis en place pour tenter de rendre la consommation d’électricité la plus proche possible des moyens de production nucléaire peu flexibles. Une tarification plus fine, permise par les compteurs dits intelligents, pourra à l’avenir autoriser un pilotage beaucoup plus fin de toutes les charges électriques non prioritaires, qui tolèrent d’être décalées dans le temps ou graduées en puissance. Enfin, la conduite des réseaux et leur instrumentation devra comporter beaucoup plus d’intelligence qu’aujourd’hui pour permettre le fonctionnement d’un système plus complexe. C’est tout cela qui est aujourd’hui largement médiatisé sous l’appellation "smart grids" ».

 

L’auto-consommation : une protection des pannes du réseau ?

Dans le cas d’une totale auto-consommation, les dégâts causés par des tempêtes sur le réseau électrique n’ont pas d’impact à grande échelle sur l’approvisionnement en énergie, puisque celle-ci ne dépend pas du réseau. C’est le cas de la famille Baronnet qui produit sa propre énergie au moyen de panneaux solaires et d’éolienne. Leur maison, située à Moisdon-La-Rivière, est totalement autonome. Mais d’une manière générale, « le stockage de l’énergie est un impératif » rappelle Markus Kauber.

Pour le moment,la solution la plus répandue reste le stockage dans des batteries, mais pas seulement. « Les lacs de pompage-turbinage, comme le projet, inachevé, de STEP (Station de Transfert Energie de Pompage) sur le lac de Guerledan (56) seraient une solution. Deux réservoirs d’eau permettent de pomper l’eau en hauteur lorsque l’on veut stocker. En cas de demande, l’eau est déversée vers le réservoir inférieur et décharge ainsi l’accumulateur. Des systèmes qui assurent le stockage et la stabilité d’approvisionnement énergétique », note Markus Kauber.

Selon Bernard Multon, « cette technologie possède encore un potentiel de développement en France. Des installations de barrages peuvent notamment être aménagées pour devenir réversibles et se transformer en centrales de pompage-turbinage. On peut aussi envisager d’exploiter le dénivelé naturel entre la mer et le haut de falaises, pour construire des STEP. Cela dit, la construction de telles installations n’est pas sans impact. Par exemple, des expropriations peuvent être nécessaires mais l’acceptabilité n’est pas acquise»

En cas de surplus de production d’énergie solaire ou des éoliennes…

…ou d’une manière générale, pour valoriser et pallier toute perte d’énergie, il est important de développer et perfectionner ces technologies de stockage. Reste que pour Bernard Multon, « le stockage de l’énergie est une expression qui nécessite souvent d’être clarifiée. Tout d’abord, il faut bien préciser s’il s’agit d’énergie électrique. Ensuite il existe certains moyens de stockage réversibles et d’autres irréversibles* (CF lexique en fin d’article, ndlr). En ce qui concerne les barrages par exemple, si ceux-ci ne sont pas équipés d’un réservoir inférieur et d’un groupe turbine-générateur capable de fonctionner en pompe-moteur, il sont irréversibles. »

Le stockage d’énergie : un moyen de flexibilité parmi d’autres

Autre moyen de stockage d’énergie électrique? Les batteries électrochimiques, dont 3 technologies sont particulièrement développées en France et dans le monde. Il s’agit des batteries au sodium-sooufre (NaS), au plomb-acide (qui, malgré leur présumée toxicité, sont aujourd’hui bien recyclées et donc peu polluantes) et au lithium. Pour Bernard Multon, « de nombreux moyens de flexibilité, à la fois de production et de consommation existent, et le stockage en est un parmi d’autres, mais sans doute le plus luxueux (cher et très performants). Par exemple, l’effacement diffus constitue une solution très économique pour ajuster la consommation instantanée. Il consiste à agir automatiquement sur des postes de consommation peu sensibles aux interruptions, comme les chauffe-eau ou le chauffage électrique qui peut être coupé pendant quelques dizaines de minutes sans pertes de confort sensible. La régulation rattrape ensuite l’énergie qui n’avait pas été consommée pendant l’interruption, c’est donc un report de consommation. Cette solution permet ainsi de décaler dans le temps la consommation d’énergie et de pallier un déficit instantané de production. »

Pour une transition énergétique douce !

« La méthanation, technique de production de méthane de synthèse renouvelable, est un moyen de consommer l’électricité de façon flexible mais non réversible (le but n’est pas a priori de refaire de l’électricité à partir du gaz). Le méthane ainsi produit peut remplacer le gaz naturel d’origine fossile en profitant des infrastructures et technologies existantes et ainsi constituer une voie de transition aisée. En effet, toute transition énergétique douce est à privilégier car elle a le plus de chance de fonctionner ! » estime Bernard Multon.

Il apparaît ainsi possible de stocker l’électricité sous forme de méthane synthétique. Celui-ci est créé à partir d’une réaction chimique combinant du CO2 issu
des cycles naturels et de l’hydrogène produit via une électrolyse de l’eau obtenue par une électricité renouvelable. Ce méthane synthétique peut être injecté dans les réseaux de gaz (gazomètres* (CF lexique) et conduites de gaz déjà existants ndlr) tout comme le gaz naturel. Cette solution se développe rapidement en Allemagne.

Méthanation et méthanisation: des solutions performantes…

Pour Bernard Multon, « L’idée est ici de produire des combustibles à partir des énergies renouvelables, notamment pour les véhicules terrestres». « La méthanation et la méthanisation (méthane issue de la décomposition de matière organique) sont des solutions dont les capacités de stockage sont très élevées », ajoute Markus Kauber. La méthanisation est d’ailleurs ce que projette de développer la ville de Locminé (56), en vue de produire du biogaz carburant. «Les véhicules électriques à batterie constituent, de la même façon que les installations de méthanation, des charges flexibles car ils peuvent être rechargés intelligemment avec une puissance ajustable dès lors qu’ils sont connectés suffisamment longtemps à une prise » note Bernard Multon.

Vers une meilleure valorisation de notre énergie consommée….

Lors de la production classique d’électricité (via des machines à combustion), beaucoup d’énergie est rejetée sous forme de chaleur dans l’environnement. Or les pertes d’énergies peuvent être valorisées, c’est la cogénération (production simultanée de deux formes d’énergies différentes dans le même processus). Elle est utilisée notamment au sud de Rennes via une chaufferie bois, et de plus en plus d’entreprises y ont recours pour chauffer leurs locaux.

 

*Septembre Octobre 2012, n°87 pp37

 

Lexique:

*Le stockage réversible, qu’est ce que c’est? *Par Bernard Multon:

L’énergie électrique peut se stocker en la transformant en une autre forme d’énergie par exemple chimique (batteries) ou mécanique gravitaire (en pompant de l’eau dans un réservoir en altitude) ou encore en combustible (hydrogène par électrolyse de l’eau). Si la transformation inverse est possible avec un niveau de performances acceptable, on parle de stockage réversible, puisque l’électricité initiale peut être restituée. Lors de telles transformations, il y a des « pertes », c’est-à-dire qu’une partie de l’énergie se transforme en chaleur généralement évacuée dans l’environnement.
Lorsque l’on effectue une double transformation (électricité -> forme intermédiaire, puis forme intermédiaire -> électricité) avec des pertes suffisamment faibles (rendement élevé), on dit que l’on a réalisé un stockage électrique réversible.
Si l’on effectue une seule transformation, par exemple de l’eau qui s’accumule dans un barrage pour produire ensuite de l’électricité ou encore si l’on chauffe de l’eau à partir d’électricité (stockage de chaleur dans un cumulus), on a affaire à un stockage d’énergie irréversible.
Dans certains cas de stockage réversible, par exemple via l’hydrogène, le rendement global sur cycle (stockage puis déstockage) est tellement faible (moins de 30%) que l’on peut s’interroger sur leur niveau de réversibilité.
 

"La méthanation* est un procédé industriel de conversion catalytique du dihydrogène et du monoxyde de carbone en méthane. Il est principalement utilisé dans les sites de synthèse d’ammoniac. Les ingénieurs du scénario négaWatt estiment que ce procédé pourrait permettre, dans un avenir proche, d’utiliser le méthane de synthèse comme vecteur de stockage et de transport de l’énergie d’origine renouvelable, produite de plus en plus massivement. Ainsi, les énergies renouvelables d’abord transformées sous la forme d’électricité pourraient être à nouveau transformées en hydrogène (par électrolyse de l’eau) qui, combiné au dioxyde de carbone résidu de combustion, produirait du méthane de synthèse injectable dans les réseaux de distribution et dispositifs de stockage déjà existants (voir « Power to gas »)".*Wikipédia.

"La méthanisation*par l’ADEME: La méthanisation (encore appelée digestion anaérobie) est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène (réaction en milieu anaérobie, contrairement au compostage qui est une réaction aérobie).

Avantages: valorisation de la matière organique et de l’énergie, diminution de la quantité de déchets organiques, diminution des émissions de gaz à effet de serre, traitement possible des déchets organiques graisseux ou très humides, limitation des émissions d’odeurs.

Contraintes: complémentarité avec l’incinération et/ou avec le stockage en centres de stockages de déchets non dangereux, association avec une phase de compostage pour traiter les déchets ligneux, mise en place d’un traitement des excédents hydriques du process, intégration dans le montage du projet d’une recherche de débouchés pour écouler au mieux aussi bien le produit organique que l’énergie.

Un gazomètre* est un réservoir servant à stocker le gaz de ville ou le gaz naturel à température ambiante et à une pression proche de la pression atmosphérique. (Définition de Wikipédia*).

 
Plus d’infos:

http://www.enercoop-bretagne.fr/

http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_636633/technologie-n-181-septembre-octobre-2012?hlText=bernard+multon

http://www2.ademe.fr

 




Sur la Vilaine, Taranis et Enercoop misent aussi sur la petite hydroélectricité

Quel objectif se donne le réseau Taranis concernant le développement de la petite hydroélectricité?

Lisa Croyère : Taranis est un réseau de porteurs de projets citoyens d’énergies renouvelables : éoliens, photovoltaiques, bois-énergies. Et pour l’instant, un projet micro-hydroélectrique est en cours. Il s’agit d’une installation de production énergétique (d’une puissance inférieure à 10 000 kW, ndlr), transformant l’énergie hydraulique d’un cours d’eau en énergie électrique. Le réseau Taranis a pour objectif de réunir ces porteurs de projets autour de groupes de travail afin qu’ils puissent réfléchir ensemble à différentes questions juridiques par exemple, ou encore comment mobiliser au niveau local, quelle démarche financière…

Lors de la journée Innov’Deiz, vous avez particulièrement évoqué la micro-hydroélectricité. Pour quelle raison ?

Cette année, un groupe de travail s’est réuni trois fois autour du projet micro-hydroélectrique du Moulin de Boël (35). C’est un projet concret mais qui s’essouffle un peu car les démarches en amont sont très longues, les approches juridiques sont complexes, notamment en ce qui concerne le droit à l’eau. Des études d’impact environnementales sont également assez poussées : il faut étudier l’impact des installation sur les poissons migrateurs, sur les cours d’eau…Le moindre impact est pris en compte. En étant à la fois complexe mais concret, ce projet nous semblait particulièrement intéressant et pertinent à évoquer lors de la journée Innov’Deiz, à Rennes.

Quelle puissance d’énergie peut-on produire avec un système de petite hydroélectricté ?

La capacité de production des installations varie en fonction des plusieurs critères: le débit, la hauteur brute, des composantes… En moyenne, cette production est de 640 kw/h. En comparaison, un lave-linge consomme 2kw/h. A l’année, après 7000 heures de production, cela représente 2100 mw/h environ. A noter que 40% du temps de fonctionnement d’une centrale micro-hydroélectrique est en pleine puissance. Quant au prix de revente à ERDF, le tarif varie de 6,25 à 11,23 centimes du kw/h et la durée des contrats est d’en moyenne 20 ans. A titre de comparaison, la revente de l’énergie l’éolienne est de 8,2 centimes kw/h.

Le projet de Gwilen Elektric vise à développer des projets de micro-hydroélectricté sur les bords de la Vilaine. Ce fleuve est-il propice au développement de ces installations?

Nicolas Debray : Oui, car tous les sites de la Vilaine sont équipés d’un seuil. C’est à dire des différences de hauteur, des marches qui ont été construites il y a des années. La Vilaine est d’ailleurs quasiment faite en escaliers et elle possède beaucoup d’écluses. A chaque fois qu’on a un seuil, nous avons la possibilité de créer un système hydroélectrique. L’idée est de profiter de ces aménagements pour les développer. C’est un aménagement très vieux mais la plupart du temps, il suffit d’installer des turbines. Pour l’instant sur la Vilaine, 6 lieux sont identifiés entre Messac et Rennes comme étant susceptibles d’accueillir ces installations, mais un seul espace est pour l’instant initié, il s’agit du Moulin de Boël, à Bruz (35) dans le cadre du projet de Gwilen Elecktric.

Où en est-on dans l’avancée de ce projet au Moulin de Boël ?

Un collectif s’est créé avec des riverains, des collectifs et des associations. Ils se réunissent pour le moment au cours de réunions informelles.

Quelle est la capacité énergétique des petits projets hydroélectriques ?

Grosso modo, ces systèmes permettent la consommation de 20 à 50 foyers. En production d’énergie, c’est l’équivalent d’un parc photovoltaïque d’une centaine de mètres carrés. Mais du point de vue de la mise au point, des études d’impact, l’installation d’un système hydroélectrique s’apparente davantage aux projets éoliens.

L’énergie hydroélectrique est-elle propre ?

L’énergie propre n’existe pas : pour développer des systèmes hydroélectriques, il faut des turbines, des installations en béton qui ne sont pas sans impact sur l’environnement. En revanche, c’est une énergie produite en continu et qui ne nécessite pas de carburants fossiles. C’est une énergie renouvelable basée sur l’exploitation de flux naturels d’énergie. Tout en prenant en compte les contraintes écologiques, il faut se concentrer pour trouver des solutions au développement de ces projets. La politique d’aujourd’hui est de rendre tout compliqué par des études longues. En tant que promoteurs et défenseurs des projets micro-hydroélectriques, nous souhaitons identifier les cours d’eau qui rendent possible le développement de ces systèmes. En Bretagne, il est temps que la région se positionne favorablement au développement des projets citoyens d’énergies renouvelables.

Qu’est-ce qu’une petite centrale hydroélectrique (PCH) ? par l’ADEME :

Une PCH se définit comme une installation de production énergétique, d’une puissance inférieure à 10 000 kW, transformant l’énergie hydraulique d’un cours d’eau en énergie électrique.

Les deux facteurs essentiels de la récupération d’énergie disponible sont la hauteur de chute et le débit d’eau, qui dépendent du site et qui doivent faire l’objet d’études préalables pour déterminer le projet d’aménagement.

Plus d’infos:

www.eolien-citoyen.fr/accueiltaranis.html

http://www.enercoop-bretagne.fr/?page_id=456