1

Régine Quéva : « Je suis une passeuse de savoir »

Passionnée de nature, autodidacte et bricoleuse, Régine a écrit environ 140 livres qui vont de la vulgarisation scientifique au manuel de fabrication de cosmétiques chez soi. Dans ce portrait, elle parle de nature, d’algues, d’édition, et de son expérience de femme transmetteuse de savoir.

Régine est une femme active et touche-à-tout qui, pour combattre les méfaits de certains produits industriels sur l’environnement, s’est retroussé les manches et a commencé à expérimenter afin de produire le maximum de choses chez elle, avec des ingrédients naturels : cosmétiques, produits alimentaires, produits d’entretien… Elle a suivi des formations et a accumulé du savoir, avant de commencer à écrire des manuels pédagogiques et à organiser elle-même des formations.

L’objectif des ateliers sur la confection de produits d’entretien et de cosmétiques qu’elle propose depuis 7 ans est, comme elle le dit, d’ « apprendre à comprendre comment sont faits les produits, ce qui nous entoure, ce qu’on achète. Il s’agit aussi de comprendre comment se passer de produits toxiques et comment être autonomes ».

Elle est invitée par les collectivités comme les villes de Plourin, Saint-Martin-des-Champs, Quimper… afin d’enseigner au personnel de ménage comment fabriquer les produits dont ils se servent dans leur travail (lessive, produits d’entretien des sols et des surfaces) selon ses recettes, lesquelles ont été testées et approuvés par le laboratoire indépendant Labocéa, et coûtent de 3 à 10 fois moins cher que les produits du commerce.

Encourager la consommation alimentaire d’algues

Elle propose également des ateliers ouverts au grand public. Le prochain en date sera organisé par la médiathèque de Plourin, il durera une journée et comportera une formation, le matin, sur les produits cosmétiques, et l’après-midi sur les produits ménagers.

Elle tente également d’encourager la consommation alimentaire d’algues, qui sont des produits locaux et sains. « Les Bretons sont traditionnellement des consommateurs de porc et de pommes de terre plus que d’algues, observe-t-elle. Il y a d’autres pays comme le Japon ou la Corée où elles font partie de la gastronomie quotidienne, pourtant ».

Malgré une extraordinaire richesse du patrimoine algal breton, les algues consommées traditionnellement en Bretagne sont peu nombreuses. Régine cite le haricot de mer, consommé comme un haricot vert, et le pioka (chondrus crispus), qui sert de gélifiant pour faire des flans. « Les Irlandais ont un peu plus cette culture gastronomique de l’algue que nous. On peut parfois voir notamment des chips d’algues servies en accompagnement de l’apéritif, ajoute-t-elle. Peut-être que c’est durant la famine qu’ils ont goûté les algues et compris qu’elles sont comestibles. Les Bretons n’ont pas fait la même démarche ».

Le dernier opus de Régine, «Algues gourmandes » édité chez Flammarion, est un recueil de recettes d’algues co-écrit avec chef Catherine Le Joncour, qui tient un restaurant spécialisé dans la cuisine aux algues à Plestin-les-Grèves.

Ce livre a été édité par la maison d’édition de Régine. En effet, elle a travaillé dans l’édition durant 10 ans, et elle a fondé « Récréation édition » afin d’éditer celles de ses œuvres qui ont été refusés par ses éditeurs habituels, dont son « Guide des algues de l’Estran », petit guide des algues comestibles présenté sous forme de dépliant, qui est aujourd’hui son plus gros succès (plusieurs milliers d’exemplaires vendus, la quatrième édition est actuellement en vente).

Cette expérience l’a conduite à faire quelques observations sur l’éducation données aux enfants. « J’ai remarqué une inquiétante tendance à la ségrégation des enfants par sexe, explique-t-elle. On a lancé beaucoup de publications s’adressant aux enfants suivant leur sexe, avec en particulier une profusion de publications débordant de rose pour les petites filles ». Pratique qui conforte les enfants dans les rôles traditionnellement alloués aux hommes et aux femmes. « Je suis une femme qui s’adresse aux femmes, ajoute-t-elle. Le public de mes ateliers est composé à 90% de femmes. Cela prouve bien que les femmes sont toujours les responsables de l’alimentation, des cosmétiques et du nettoyage dans le foyer. J’aimerais beaucoup voir augmenter la proportion d’hommes. Ce serait un beau gage de parité ! »

Pour aller plus loin :

www.reginequeva.fr




COP Bretagne : quels enjeux? Entretien avec Laurent Labeyrie

«  Cette COP Bretagne est une grosse ambition pour la région »

 

Laurent Labeyrie est géochimiste, paléo-océanographe, membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et coprésident de l’association « Clim’action Bretagne Sud ». Il nous confie ses impressions concernant la COP (Conférence des Parties) Bretagne.

 

Eco-Bretons : Quelle était votre impression en sortant de la COP ?

Laurent Labeyrie : Cette COP Bretagne est une grosse ambition pour la région et a donc suscité espoirs et regrets. Il ne faut pas s’arrêter en 2018, le vrai challenge se présentera en 2030. Le message doit être : Attention, 2018 est la date du premier texte mais pas de la fin de l’exercice.

 

EB : Pourquoi une COP régionale ?

L.L. : L’échelle nationale n’est pas adaptée car l’impact du changement climatique n’est pas le même suivant les régions. Même au sein de la Bretagne, le changement ne sera pas le même en Bretagne Nord, Centre et au Sud.

Autre exemple, la région péri-méditerranéenne qui sera soumise, entre autres, à des problèmes de sécheresse (les scénarios optimistes prévoient une augmentation de 2 à 2,5°C d’ici 2070, ndlr), et à des problèmes humains liés aux mouvements migratoires provoqués par le changement climatique dans les pays alentour. Ceci alors que, d’une manière générale, la façade Atlantique sera moins impactée par le changement climatique.

 

EB : Pensez-vous que tous les acteurs étaient bien représentés ? Les industriels aussi ?

L.L. : L’industrie française est en train de rater le virage économique (lié à la transition environnementale, ndlr). L’économie bretonne continue à s’appuyer sur de grosses industries conventionnelles. Il n’y a pas assez d’initiatives pour soutenir les PME et les financer.

 

EB : Quelles sont vos impressions sur la table ronde à laquelle vous avez participé ?

L.L. : Les gens sont conscients du problème mais ne partagent pas forcément la même vision sur les moyens d’agir. Le problème de la Bretagne est l’aménagement du littoral et l’agriculture, au sujet desquels les positions des divers acteurs sont tranchées et parfois contradictoires.

 

EB : Quelle est l’étape suivante ?

L.L. : Les acteurs sont venus par curiosité, mais les grands choix économiques sont déjà faits. Le travail à long terme est important, et beaucoup de participants, particulièrement les politiques, sont susceptibles de ne penser qu’en court terme.

Il s’agit dont de continuer à informer, rassembler, innover, afin de mitiger les impacts du changement climatique sur la région, et s’ouvrir aux opportunités offertes par la transition.

 

EB : Quel sera l’impact des changements climatiques en Bretagne ?

L.L. : Il n’y aura pas d’impact dramatique, contrairement au Sud et aux milieux continentaux. Par contre, il y aura une exacerbation des problèmes actuels : des tempêtes de plus en plus fréquentes et violentes (autour de 220 km/h), des pics de froid autour de -15/-20°C (ils seront très rares, mais restent possibles, bien que moins fréquents que dans l’Est de la France et en Allemagne), des coups de chaud autour de 40°C, des sécheresses, la montée des mers.

Ces problèmes sont gérables si l’agriculture réduit ses besoins en eau pendant l’été, si les villes aménagent plus d’espaces verts, si les zones de cultures sont situées plus à proximité des centres pour éviter le transport…

D’une manière générale, la Bretagne a cette chance de subir un impact plus modéré que d’autres régions, ce qui permet d’investir les moyens dans l’adaptation au changement et non dans la gestion de catastrophes.

En ce qui concerne la montée du niveau des mers, elle risque d’aller jusqu’à un mètre en moyenne (sans compter les surcotes de tempête) avant la fin du siècle. Les villes côtières doivent donc réfléchir localement à l’adaptation de leurs structures en zones dangereuses et ne pas délivrer de permis de construire pour des zones à moins de 80 cm au-dessus du niveau de haute mer.

Il y a encore des municipalités qui ne prennent pas en compte ces directives et pensent installer des digues. Cette solution est chère et peu fiable puisqu’elles sont susceptibles de céder ; de plus elles demandent de très grosses dépenses de fonctionnement et entretien. La concertation locale est importante pour éviter les drames comme celui de la Faute-Sur-Mer. Je suis pour que les citoyens puissent poursuivre les élus qui n’ont pas pris les bonnes décisions, car ils ont toutes les informations pour le faire.

 

Pour aller plus loin :

 

Présentation de la COP régionale Bretagne

L’événement a eu lieu à Saint-Malo le jeudi 9 mars. Il a démarré par une table ronde et s’est poursuivi l’après-midi par des ateliers sur six thématiques différentes. De nombreux acteurs locaux étaient réunis lors de cet événement baptisé Carrefour des Transitions. Il faisait suite aux quatre conférences environnementales co-présidées par l’Etat et la Région. Les spécialistes ont échangé librement afin de dresser un tableau de la situation actuelle et réfléchir à des solutions à court et long terme. « Comme la COP21, qui avait réuni les acteurs du climat pour un accord historique entre 195 États, la COP régionale a pour ambition d’associer, en Bretagne, toutes les parties prenantes, de la transition écologique et énergétique », explique le site de l’événement.

Concrètement, le but est d’ouvrir un cahier des engagements, accessible aux Bretonnes et aux Bretons, qui proposera des actions, réalisable par tout un chacun. Un comité scientifique suivra l’ensemble de la démarche. Un événement citoyen est aussi envisagé fin 2018.




Pétition pour sauver le centre de Perharidy (Roscoff, Finistère)

La réforme du financement des soins de suite et de réadaptation (SSR) spécialisés qui doit s’appliquer à partir de mars 2017, fait peser sur le centre de Perharidy la menace d’une baisse drastique de ses dotations, qui pourrait aboutir à sa fermeture.

Les habitants et les élus du Finistère nord sont très inquiets des menaces que cette réforme fait peser sur Perharidy, et à travers lui, sur le système de santé du Finistère, sur l’activité et l’emploi dans le pays de Morlaix.

Ils soutiennent sans réserve la direction, les administrateurs et les 600 professionnels qui travaillent chaque jour à Perharidy au service des malades.

Ils demandent une révision des modalités de financement des SSR, qui offre aux établissements concernés des assurances durables quant à leur financement.

S’il est indispensable de rechercher des économies pour garantir la viabilité financière du système de santé, cette politique ne peut aboutir à la fermeture d’établissements de pointe, qui rendent un service considérable à la population !

La pétition est disponible ici




KM for Change, l’appli de course solidaire

Vous aimez courir ? Vous aimeriez aimer courir mais vous manquez de motivation ? Si cela peut vous encourager, sachez que désormais votre course peut générer des dons. Animée par une équipe de bénévoles, Km for Change est une application française qui permet de reverser au projet associatif de votre choix une somme fixe (au moins 10 centimes d’euro) par km couru grâce à des entreprises mécènes.

Comment ça marche ?

Km for Change propose à tous ceux qui aiment courir de le faire pour une bonne cause, sans les contraintes liées aux courses organisées. L’application est gratuite et ne nécessite aucune dépense ; les seules obligations qu’elle impose sont les suivantes : évoluer à une vitesse située entre 6 km/h (confort) et 20 km/h (champion), activer le GPS, et avoir un accès au web pour envoyer les résultats de la course, ce qui permet de convertir la distance parcourue en don.

Pour le reste, aucune obligation de performance, on court où on veut, quand on veut. Il faut juste se rappeler de lancer l’appli avant de courir, sinon on regrette. (L’application ne fonctionne pas encore sur les montres connectées. )

Les entreprises qui souhaitent devenir mécènes ainsi que les associations qui souhaitent devenir bénéficiaires du programme peuvent entrer en contact avec l’équipe ici.

100% des dons vont aux associations

100% des dons des entreprises mécènes récoltés grâce à la course des utilisateurs sont reversés à l’association caritative sélectionnée par ces derniers. Les données des coureurs ne sont ni vendues ni partagées et elles sont uniquement utilisées pour améliorer l’application. L’équipe de Km for Change est composée exclusivement de bénévoles et est scindée en deux parties : la communication à Paris, et la technique à Rennes. L’équipe parisienne gère les partenariats avec mécènes et associations. L’équipe rennaise est composée actuellement de 3 à 4 développeurs dont Pierre Duchêne, qui nous explique : «Nous n’avons pas souvent l’occasion de travailler sur des projets solidaires comme Km for Change. L’équipe comportait 5 ou 6 développeurs au début, et la masse de travail était plus importante ; maintenant nous sommes plus en phase de stabilisation». Le développement de l’application est financé par les dons (vous pouvez participer ici) et les goodies vendus sur le site web (Tshirts etc).

Projets futurs : et courir devient un acte solidaire

Km for Change connaît un grand succès et l’équipe a des projets pour aller plus loin et pérenniser son activité dans le service aux entreprises et l’animation de communauté.

En effet, depuis peu il est possible de courir en entreprise : vous pouvez contacter l’équipe via le formulaire sur leur site ou l’application, et ils se feront fort d’organiser un suivi détaillé des performances des coureurs. Cette activité est très appréciée pour créer du lien au sein des équipes. La somme reversée aux associations est souvent plus importante que si l’on court seul, car en règle générale les entreprises donnent de 20 centimes à 5 euros par km !

Comme le dit Florent Morel, fondateur du projet : « notre slogan est ‘et courir devient un acte solidaire’ car nous souhaitons fédérer et rassembler les gens de bonne volonté en aidant les coureurs à passer de la course performance à la course qui a un sens. Cela montre qu’on peut avoir une action solidaire sans sortir son porte-monnaie. »

Alors on n’hésite plus, on met les baskets : une petite foulée pour vous c’est des sous pour les doudous (et beaucoup d’autres projets formidables).




La recette : houmous aux algues

 

Vers Mars, la saison des algues commence.

Vous pouvez les récolter vous-mêmes tout en profitant de l’occasion pour fatiguer les enfants et le chien (si vous en avez) en les faisant courir sur la plage. Il vous suffit pour la récolte d’une paire de ciseaux et d’un seau, et il est recommandé de choisir une période de grandes marées.

La prochaine grande marée ayant lieu Lundi 27 février, nous vous proposons donc une délicieuse recette de houmous aux algues, création de Régine Quéva.

Les algues entrent dans la composition de nombreux additifs alimentaires et sont largement consommées en gastronomie dans certains pays comme le Japon. Le concept des algues en cuisine est encore un peu récent en France mais de fait elles peuvent être accommodées et consommées comme des légumes. Gratuites (quand on a la chance de pouvoir les récolter soi-même), saines (elle sont bourrées d’antioxydants et de diverses vitamines), et goûteuses (quand elles sont bien préparées – Régine est là pour vous expliquer), leur popularité ne cesse d’augmenter.

Breiz’houmous

Le houmous est un recette du Proche Orient composée essentiellement de pois chiches, de purée de sésame (tahina), d’ail, de jus de citron et d’huile d’olive. 

Naturellement riche en protéines végétales, cette recette dans laquelle on ajoutera des algues sera encore plus nourrissante. 

On y ajoute pour l’assaisonnement et selon les goûts :

De la crème fraîche, du cumin, et au moment de servir de la coriandre ou du paprika 

Ingrédients pour obtenir un pot de 100 g environ :

Une petite boite de pois chiches cuits, 1/2 jus de citron, une gousse d’ail, environ 50 g d’algues fraîches, une cuillère à soupe d’huile, une cuillère à soupe de tahina (purée de sésame)

Rincer les algues fraîches (à l’eau de mer de préférence), les laver et couper finement. Rincer les pois chiches et les égoutter. Éplucher l’ail. Placer tous les ingrédients dans un mixer et ajouter de l’huile, de la crème fraîche, du citron jusqu’à obtention d’une consistance onctueuse.

Ce houmous se conserve au frais une semaine environ.

Il peut être servi sur du pain légèrement grillé, dans des tomates cerises, sur une endive ou tel quel en entrée…

Les algues peuvent être achetées en vrac ou cueillies par vos soin. Pour cette recette, Régine recommande un mélange d’algues rouges, vertes et brunes contenant un maximum de 20% d’algues brunes car elles contiennent une forte quantité d’alginate, qui donne une texture gluante pas forcément du goût des consommateurs européens.

Régine Quéva est une spécialiste de l’utilisation des algues, en cuisine comme en cosmétique. Elle propose des sorties cueillettes suivies d’une leçon de cuisine pour vous apprendre à récolter et accommoder vos algues. Pour plus d’informations, vous pouvez accéder à son site.

Elle publiera prochainement en collaboration avec chef Catherine Le Joncour un livre de recettes d’algues aux éditions Flammarion.