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A Saint-Grégoire (35), Fourmi, une micro-conserverie low tech unique en France

Près de Rennes, Manon Robert et Quentin Feutren ont fondé la micro-conserverie Fourmi. Depuis son ouverture officielle en juillet, l’entreprise valorise les surplus de légumes issus de maraîchers biologiques locaux, en élaborant diverses recettes végétales telles que des tartinades, pickles, chutneys et ketchups. Le tout dans une démarche low tech, avec notamment l’utilisation d’un concentrateur solaire et d’un rocket stove pour la pasteurisation.

La Fouinardière, à Saint-Grégoire, est un lieu-dit particulièrement dynamique. On y trouve le local professionnel de Biozh, distributeur de bières locales et de spiritueux, et les Vergers de l’Ille, ferme biologique locale, qui produit du cidre, du jus de pommes et aussi depuis quelques années des fleurs. La dernière structure arrivée dans cet écosystème fertile est la micro-conserverie Fourmi.

Un projet lancé par Manon Robert et Quentin Feutren, qui a « germé et mûri pendant la crise sanitaire », précise le couple. Un changement de trajectoire professionnelle également, puisque Manon travaillait auparavant dans le tourisme durable, et Quentin dans la géologie appliqué au bâtiment. Tous deux avaient besoin de plus de sens dans leur métier. « J’avais envie de créer mon propre projet, et que mon métier ait un impact plus positif sur l’environnement », explique Manon. « J’étais en situation de dissonance : j’allais à vélo au boulot, et en même temps je travaillais dans le béton », déclare Quentin.

Pendant le confinement, le couple profite du temps disponible pour faire ses propres conserves. Et s’interroge également sur la fragilité du système alimentaire, la résilience et l’autonomie de celui-ci en cas de crise. « Qu’est-ce qu’on pouvait faire pour soutenir le système alimentaire local ? », se sont interrogé les deux trentenaires. Les conserves apparaissent alors comme un « super outil pour préserver la durée de vie des aliments ». Elles permettent aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire, en permettant aux producteurs la transformation de leur surplus. Et les bocaux en verre sont recyclables à l’infini.

Tous les ingrédients semblent alors réunis pour créer une micro-conserverie. L’idée est lancée. Dès 2021, Quentin commence à travailler dans le domaine agro-alimentaire, « utile pour maîtriser le langage et savoir de quoi on parle ». Manon part en stage dans des conserveries artisanales et solidaires. Pendant 18 mois, place également à l’expérimentation. Car la micro-conserverie s’inscrit aussi dans une démarche low tech : la pasteurisation des bocaux s’effectue grâce à un concentrateur solaire et un rocket stove Avec le soutien de la Région Bretagne, de la communauté de la French Le Pool, et de deux maraîchers volontaires, Brice Tandille à Mouazé et La Ferme des Écrannes à Saint-Aubin-d’Aubigné, les recettes et les outils sont créés, notamment le fameux concentrateur solaire, auto-construit.

Une trentaine de recettes et des outils low tech

Le principe de la pasteurisation grâce au solaire est simple : 45 lames de miroir de 3 millimètres d’épaisseur sont concentrées sur un point fixe, qui est dirigé sur un deuxième miroir qui va concentrer le rayonnement, et qui est placé sous une marmite remplie d’eau. Une fois que l’eau bout, on plonge les pots dedans, grâce à un bras télescopique. Et la pasteurisation se fait. « On a besoin d’une demie-journée de soleil minimum », précise Manon. Le cas échéant, le rocket stove, foyer à bois très utilisé dans la low tech, prend le relais.

Le laboratoire dans lequel Manon et Quentin cuisinent est également atypique : il a été conçu par le couple, et aménagé par une entreprise spécialisée. Il est aussi mobile.

Grâce à un catalogue d’une trentaine de recettes, Fourmi peut transformer le surplus de légumes des producteurs en pestos, chutney, ketchup, tartinades, pickles…Choux, radis, tomates, courgettes, blettes…sont ainsi valorisés. Des recettes végétales, sans ajout de produit animal :ni miel, ni fromage ni crème. « On utilise de la levure maltée, ou des oléagineux » détaille Manon. Les bocaux sont ensuite récupérés par le producteur, qui fait la vente lui-même, à la ferme ou sur les marchés. « Ce que nous proposons, c’est de la prestation de service, pour les producteurs du secteur, dans un rayon de 40 kilomètres autour de Rennes ».

La micro-conserverie s’adresse aussi au grand public, avec la mise en place d’ateliers et de stages d’initiation à la fabrication de conserves. L’objectif est aussi de « rediffuser un savoir-faire qui a presque disparu », explique le couple. Ils imaginent également des formules à destination des associations qui travaillent avec un public en situation de fragilité alimentaire.

Pour en savoir plus sur cette micro-conserverie unique en France, direction le site internet, là aussi réalisé le plus sobrement possible : https://conserverie-fourmi.fr

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