Comment concilier passion et transition écologique ? l’exemple de Sports pour Tous Bretagne

Comment concilier passion et transition écologique ? l’exemple de Sports pour Tous Bretagne

La Fédération nationale Sports pour tous, association loi 1901, a pour objectif de rendre la pratique physique et sportive accessible au plus grand nombre, quel que soit l’âge, la condition physique, le niveau…et ce sans notion de compétition, en mettant à l’honneur l’inclusion et le bien-être. En Bretagne, le Comité Régional est engagé depuis plusieurs années dans des actions internes et externes en faveur de la transition écologique. Explications avec Karine Borges, responsable du Pôle Territorial et RH, qui a initié depuis 2019 une dynamique éco-responsable au sein de la structure régionale.

En quoi consiste Sports Pour Tous ?

Sports Pour Tous est une fédération nationale, sous forme d’association loi 1901. La déclinaison bretonne est le Comité Régional Sports pour Tous. Quatre comités départementaux existent également. L’objectif de l’association est de promouvoir l’activité physique pour tout un chacun, à tout âge, des bébés jusqu’aux centenaires.

Nous accompagnons un peu plus de 230 clubs, ce qui représente 24 000 licencié.e.s. Les sports sont très diversifiés : cela va des activités gymniques, qui représentent une majorité des clubs, aux activités de pleine nature, sports de loisirs type randonnées, badminton, kinball…Nous proposons aussi des formations pour les éducateurs sportifs.

L’idée, avec Sports Pour tous, est de promouvoir la pratique sportive et la rendre accessible à toutes et tous, avec une attention particulière portée à la lutte contre la sédentarité des jeunes, aux actions éco-citoyennes, à l’insertion, aux plus de 60 ans et à l’évènementiel.

Quelles mesures sont mises en œuvre par votre organisation pour soutenir la transition écologique ?

La démarche se développe autour de trois axes :

  • En interne, avec la mise en place d’une démarche RSO (Responsabilité sociétale des organisations). Depuis 2022 une charte a été signée avec le COSF, le Comité Olympique et Sportif Français. Nous surveillons nos déplacements, nos achats et l’impact de nos événements. Les salariés et les membres élus du Conseil d’Administration ont été informés sur ce sujet. De plus, en collaboration avec un collègue, nous avons suivi une formation de sensibilisation organisée par « Climate Workout ». Cette animation visait à comprendre les enjeux climatiques ainsi que l’impact des activités sportives sur le climat. Elle pourra ensuite être déployée dans certains événements.
  • Auprès des structures adhérentes, qui sont accompagnées sur le sujet. Les éducateurs et éducatrices que l’on forme sont sensibilisé.e.s. Cela leur permet après d’essaimer dans les clubs où ils vont intervenir.

Concernant ceux-ci, plusieurs actions sont mises en place pour sensibiliser un public plus large que leurs adhérent.e.s. Des opération de ramassage de déchets « Je marche je ramasse » sont ainsi organisées. Des collectes solidaires de basket sont aussi mises en place. Celles qui sont en bon état sont distribuées auprès d’associations partenaires, et celles qui sont usagées sont envoyées auprès d’entreprises de recyclage. Les semelles sont ainsi ensuite intégrées dans la conception de terrains multisports urbains ou d’aires de jeux pour enfants. Les vêtements de sport sont collectés et distribués localement à des associations telles que la Croix Rouge et Vannes Partage dans le Morbihan, pour les réfugiés du Pays de Brest dans le Finistère, les Restos du Cœur en Côtes-d’Armor, et l’association Entourage en Ille-Et-Vilaine. Cela permet de connaître immédiatement la destination et les bénéficiaires de la collecte. Nous participons à l’économie circulaire locale. Le Comité Régional soutient et accompagne toutes ces actions. Nous avons créé des outils pour cela.

  • En parallèle, des actions de sensibilisation sont créées pour le grand public. Pour les enfants, il existe le « Road Tour » : un tour de France organisé par la fédération nationale, les comités régionaux et les clubs partenaires. Ici, 150 à 200 scolaires ont pu être sensibilisés aux transitions écologiques grâce à un atelier baptisé « Les gardiens de la planète », associant sport et enjeux environnementaux.

Quels sont les éléments les plus complexes à changer dans votre secteur et votre organisation pour la transition écologique ?

La gestion des déplacements professionnels représente l’un des aspects les plus complexes à optimiser. C’est ce qui pèse le plus dans le bilan carbone du comité régional. On essaie de limiter au maximum notre empreinte, mais parfois le recours à la visioconférence n’est pas possible. Nous encourageons activement le covoiturage et l’utilisation des transports en commun, bien que cela ne soit pas toujours possible partout en Bretagne. Par ailleurs, nous sommes actuellement en train d’évaluer nos émissions de gaz à effet de serre. Au cours des cinq dernières années, des progrès considérables ont été réalisés, notamment avec une plus grande acceptation des visioconférences depuis la crise du Covid.

Nous menons également un travail autour de l’impact du numérique, avec une sensibilisation au niveau national. Les pratiques commencent à changer : boites mails triées et vidées, moins de pièces jointes envoyées, recours aux outils collaboratifs, aux logiciels libres..

Ce sont de petits gestes, mais ils permettent d’embarquer un maximum de monde dans la démarche. Il ne faut pas imposer, mais être dans la proposition.

Du côté des événements sportifs, certains comportements évoluent également : on évite le suremballage, les t-shirts, désormais en coton bio, ne sont pas distribués systématiquement à chaque fois. Sur les ateliers pour enfants « Gardiens de la planète », les récompenses sont maintenant des médailles en bois, fabriquées en France. L’idée, c’est de pouvoir mettre en place de « petites » choses pour arriver à changer petit à petit, et ensemble. C’est notre objectif. Le fonctionnement associatif est pour cela extrêmement intéressant, on a des collaborateurs et collaboratrices convaincu.e.s, et des bénévoles et membres du conseil d’administration très ouverts sur la question des transitions écologiques. On avance en commun avec la fédération nationale, notamment grâce à la commission « éco-responsable » dont je fais partie. On expérimente beaucoup. Les pratiques changent, y compris dans l’associatif sportif.

Marie-Emmanuelle Grignon