L’algue, l’or vert de la Bretagne ? Encore faut-il que l’or dure !

L’algue, l’or vert de la Bretagne ? Encore faut-il que l’or dure !
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A 1 ou 2% d’algues dans la boisson, cela reste quand même anecdotique et de l’aveu même de ces entrepreneurs, si on allait au-delà, cela ne serait pas buvable. En d’autres termes, le produit trop fortement dosé serait dégueulasse. Du coup, on ne voit pas l’intérêt autre que marketing (ça va avec les spa, la thalasso, etc.…)

On aurait pu s’arrêter là si un autre article n’avait pas aussi attiré mon attention : Algues. L’or vert de la Bretagne

 

Ah oui ! C’est vrai, comment aurais-je pu oublier que les algues en Bretagne, c’est aussi les « algues vertes » et que celles-ci sont une vraie malédiction pour le tourisme local et accessoirement aussi pour les riverains. Mais que nenni, grâce au projet ULVANS : « Première mondiale » à Plouénan

L’ulve est peut-être devenue une bénédiction pour la Bretagne. Je dis peut-être car il semblerait que l’usine en question rencontre quelques difficultés à s’approvisionner (un comble !) mais aussi à transformer cette « manne » en produits négociables. Mais soyons indulgent ! Il s’agit d’une « première mondiale » et comme toute expérimentation, elle peut connaître des ratées.

Mais au fait, puisque l’article du Télégramme en date du 15 septembre 2014  fait référence à une manifestation qui s’appelle Breizh Algae Tour (curieux nom, mélange latino-celto-britannique) de quoi s’agit-il. Manifestement il s’agit d’un grand raout universitaro-industriel où on retrouve à la manœuvre une entreprise, OLMIX, dont il était déjà question dans le projet ULVANS Conférences EN DIRECT le 15 Septembre à www.breizhalgae.fr : Les algues et la nutrition : une nouvelle approche de la santé

Mais là c’est du sérieux. On est loin de nos « smoothies à l’iode » de tout à l’heure. On parle de quelque chose de bon pour nous, notre santé ! Voici donc une démarche vertueuse. Voici un produit qui vient de la mer et qui est donc aussi sain que la mer peut être restée saine et qui va contribuer à améliorer la santé de nos contemporains et des générations futures. En quelque sorte, il s’agit là d’une démarche vertueuse, très « développement durable ». C’est sûrement vrai, puisque même les amis de Pierre Rabhi, les « Colibris » en parlent de manière plutôt neutre. Bon pour la santé, bon pour l’économie, mais est-ce bon pour l’environnement ? Voire. En effet, puisque OLMIX est en train de devenir un « géant de la filière des algues » regardons d’un peu près ce qui se passe de leur côté.

Et bien justement du côté d’Olmix, on se développe géographiquement. Oh ! Certes, on ne va pas bien loin puisque qu’on quitte la Bretagne pour aller en Vendée : Innovation. Le géant de l’algue Olmix bientôt en Vendée

 

Et ce qu’on lit là n’est peut-être pas fait pour rassurer. En effet que disent les élus vendéens, si ce n’est qu’ils sont prêts à parier sur un développement à grande échelle de cette collecte d’algues rouges. Certes les gisements sont importants mais ils ne sont peut-être pas intarissables. Ce serait contradictoire avec l’idée même de développement durable puisque justement ce modèle ne pourrait pas durer et ce n’est pas une vue de l’esprit. En effet tant qu’à parler d’algues rouges, on pourrait aussi parler d’une autre algue rouge qui a fait et fait encore la fortune d’un pays, le Maroc, mais il convient de rappeler les infortunes de cette algue :

Au Maroc, le combat pour la survie de «l’or rouge» de l’agar-agar

 

Notez bien qu’on en est arrivé là avec des gens qui exploiter les gisements, à la seule force de leurs poumons alors qu’en Vendée on parle de quasi-chalutiers de 27 mètres de long. Il faudra beaucoup de discipline pour éviter de tuer les anses aux algues d’or

Bon alors, me direz-vous ? Que faire ? On ne peut quand même pas laisser passer une telle occasion de mettre sur le marché des produits bons pour la santé humaine et la santé animale.

Vous avez mille fois raisons. Reste donc l’alternative à la cueillette, qui s’appelle la culture. Et oui cultiver des algues comme on cultive du fourrage. Et oui, justement « comme on cultive du fourrage » et c’est là que s’ouvre un nouveau débat sur « quelle aquaculture ? » comme il y a un débat sur « quelle agriculture ? »

Or justement un projet d’aquaculture d’algues a permis récemment de poser la question. Cela se passe sur la côte Sud aux limites du Finistère et du Morbihan. Un collectif s’est mis en place pour s’opposer à ce projet avec surtout des arguments de conflits d’usage comme c’est souvent le cas dès qu’un projet se met en place sur le littoral. http://www.dailymotion.com/video/x21roaq_port-de-doelan-29-400-manifestants-contre-la-culture-d-algues_news

Comme le fait remarquer le seul commentaire sur cette vidéo, les arguments paraissent un peu faibles. Heureusement, des associations dont le sérieux n’est plus à remettre en doute sont intervenues sur ce dossier http://bretagnevivante-quimperle.over-blog.com/article-cultures-d-algues-a-doelan-position-de-bv-et-erb-123900111.html

Ce n’est pas l’activité en elle-même qui est en cause, c’est la taille du projet qui est en cause et son impact possible sur l’environnement immédiat. Ce qui est en cause, c’est l’immaturité, au sens premier du terme, de projets de ce type. Ce qui est en cause, c’est l’absence de vision à long terme.

En d’autres termes qu’il s’agisse de collecte ou de culture, ce qu’il faut éviter, c’est de tuer la poule aux œufs d’or. Pour que la filière prospère, il faut que l’or dure !

Le débat sur les aquacultures en Bretagne ne fait que commencer, mais il faudra le mener vite et bien avant de s’y lancer à grande échelle.

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Dominique Guizien

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