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Morlaix (29). Faites Noël :le salon malin, responsable et solidaire.

Samedi 7 décembre se
tiendra le salon Faites Noel aux Chiffonniers de la Joie (74 route de Callac),
de 14h à 18h.

110 tonnes. C’est le nombre de déchets supplémentaires que
traitent les incinérateurs de Brest et de Carhaix la semaine de Noel.

C’est en partant de ce constat que Morlaix Communauté (https://www.morlaix-communaute.bzh/) et Les Chiffonniers de la Joie (http://chiffonniersdelajoie.e-monsite.com/) ont décidé d’organiser pour la 4ème année consécutive Faites Noel.

Ce salon qui se déroulera à la ressourcerie des Chiffonniers
de la Joie, a pour vocation de sensibiliser à cette consommation excessive
d’emballages (entre autres) et d’inviter chacun à réduire ses déchets, de façon
ludique.

Le faire soi-même à
l’honneur

Cette année une quinzaine d’ateliers ouverts à tous vous seront proposés. Ainsi vous pourrez apprendre à réaliser des furoshiki (papiers cadeaux en tissus) et des cartes de vœux avec l’association Au fil du Queffleuth et de la Penzé (http://aufilduqueffleuthetdelapenze.over-blog.com/), des cadres photos avec Don Bosco (https://www.donbosco.asso.fr/) ou encore des bougeoirs  en bois de récup avec Le Repair (https://www.facebook.com/lerepairrecyclerie/). Morlaix Communauté proposera un jeu pour tout savoir sur le tri des déchets.

Parce que le zéro déchet c’est aussi le zéro gaspillage, vous pourrez apprendre à faire vos chocolats avec Hêtre et Lavoir (https://www.gralon.net/mairies-france/finistere/association-l–hetre-et-lavoir-plouneour-menez_W293003212.htm), des gourmandises 100% végétales avec Graines de vie et des tartares d’algues avec Tounn Nature (http://entrepreneurs.cae22.coop/-tounn-richard-.html). Cap Santé (http://www.capsante.net/wordpress/?page_id=357) vous proposera d’apprendre à reconnaitre les plantes sèches.

Et parce que l’hiver arrive, Be Cosmétics (https://www.becosmetics.fr/) vous montreront comment fabriquer vos baumes à lèvres, tandis que Zéro Déchet Trégor (https://www.zerodechet-tregor.com/) vous donneront la recette d’un baume pour le corps !

Et si avec tous ces ateliers vous n’avez toujours pas trouvé d’idées cadeaux, l’ULAMIR CPIE (http://www.ulamir.com/) vous propose de découvrir les cadeaux dématérialisés.

Et les enfants dans
tout ça ?

Pas de panique, le Kabaret des Simples (https://www.facebook.com/kabaretdessimples/) et En Vrac à l’Ouest (https://www.letelegramme.fr/finistere/garlan/l-association-en-vrac-a-l-ouest-veut-sensibiliser-au-zero-dechet-02-12-2019-12447511.php) n’ont pas oubliés les plus jeunes ! Un atelier zéro déchets est prévu spécialement pour les enfants, ainsi qu’une fabrication de jeux buissonniers (à partir de branches, de plantes, etc). Tout les autres ateliers seront également ouverts aux enfants.

Une collecte de jouets a également été organisée au
préalable avec les éco-écoles du territoire pour être redistribués le jour J. Vous
êtes invités à déposer les jouets dont vous ne plus samedi.

Quant à Éco-Bretons nous proposerons un quizz spécial Noël zéro déchets ainsi qu’un atelier porteur de parole… !

A demain !




Eté breton 2017 : La playlist festo & écolo

Le mois de juillet vient d’être lancé, les festivals bretons vont pouvoir se déchainer. Festivals de musique du monde, électro, reggae, de rock, de pop, de musiques inclassables, de chants de marins, à taille humaine ou pas, chacun y trouve son compte. Cet été Eco-bretons a eu envie d’élaborer une petite sélection musicale des artistes engagés, dans une veine écologique surtout, qui passeraient par chez nous cet été. Histoire qu’à la question de société « Et twa t’écoutes qui comme artiste engagé ensmoment ? », vous soyez en mesure d’assurer.

                   Festival du BOUT DU MONDE – 4 au 6 août 2017

> DANAKIL

Danakil écume les festivals bretons depuis quelques années. Vous êtes presque certains de les voir programmés au festival Insolent chaque année. Peut être parce que le reggae trouve ici son public. Ce groupe de reggae d’origine parisienne a vu le jour au début des années 2000 et tisse un album aux paroles engagées tous les deux ans. Prolifique ! Ils aiment le rythme, ils aiment décrier l’actualité, dénoncer les injustices : leur plume s’occupe de la société, des politiques, des discriminations, des inquiétudes de notre société et maudit le capitalisme. Leur dernier album (le huitième) Rue Raisonne a vu le jour en 2016, la première chanson Echosystème parle d’une planète malmenée qui elle seule aura le dernier mot.

Echosysteme (Rue Raisonne – 2016)

> 

KENY ARKANA

Keny Arkana est une flamme vive. Le rap est pour elle le langage de la sincérité et elle en use pour décrier les injustices qu’elle observe au quotidien.

Sa conscience pour l’avenir de la planète s’exprime de manière constante. Keny Arkana s’excuse des douleurs créées par l’égoïsme des sociétés consuméristes et individualistes. Elle s’adresse à la terre directement, la « Pacha Mama », c’est à dire la terre mère et lui offre sa voix.

Terre Mère
 (Désobéissance -2008)

> TRYO

Ils traitent des sujets grave sur un ton léger. Leur album »vent debout » est une nouvelle fois une fable de l’humanité. Mais l’effet de surprise est passé, peut-être commencez vous à être un peu lassé.

Waston (Vent Débout – 2016)

         Festival des VIEILLES CHARRUES 2017

 du 13 au 16 juillet 2017

> MANU CHAO

Il fera l’ouverture des Vieilles Charrues jeudi soir, on ne parle plus de l’engagement de Manu Chao, il suffit d’écouter.

Les petites planètes (Sibérie m’était contée – 2004)

> MIDNIGHT OIL

Midnight Oil est un groupe australien engagé dans l’anti nucléaire
 et l’anti militarisme.  
 Leurs textes traitent des sujets environnementaux mondiaux : déforestation, pluies acides, catastrophes écologiques
. Le groupe a souvent traduit son engagement en actes en allant jouer sur les réserves aborigènes ou devant le siège de la compagnie Pétrolière Exxon rendue responsable de la marée noire causée par le naufrage de l’Exxon Valdez, un pétrolier, sur les côtes de l’Alaska en 1989.

Beds are burning (Diesel and dust – 1987) : chanson qui réclame la restitution des leurs terres natales aux aborigènes

> CAMILLE

Elle sort un nouvel album en 2017 qui récolte déjà les félicitation. « OUï » un mélange du mot oui et du verbe « ouir ». Elle tricote malicieusement ses chansons à la manière d’une araignée bricoleuse. On notera donc la malice de l’artiste quand elle utilise les barres chocolatées pour nous parler d’une planète en danger. A vos oreilles avec la chanson « TWIX »

Twix (Ouï-2017)

> La FEMME

Ça ne nous parle pas vraiment d’écologie, ça parle plutôt d’amour, de timing un peu mauvais et d’un brin de galère. Mais si on s’arrêtait au titre on pourrait presque y croire.

Où va le monde ? Mystère (2016)

                        Festival NOTRE DAME DES LANDES – 8 au 9 juillet 2017

> DIDIER SUPER
ou Olivier Haudegond de son prénom qui écrit des chansons à texte à l’humour très second degré voire grinçant. Il réussit à nous déculpabiliser d’oser penser des choses sans les dire à voix haute, comme dans cette chanson sur la fin du monde : « On va tous crever, on va tous crever, mais parfois c’est mieux de parler d’autre chose. ».

On va tous crever (2009)

C’est une liste non exhaustive des plus grands rendez-vous de l’été qui vous aidera peut-être (ou pas du tout) à vous sentir festivalier engagé.




Mobilisation générale contre le Covid19 en Bretagne !

Ici, vous trouverez quelques initiatives dans la lutte contre le Covid19 qui ont retenu notre attention…Cette sélection n’est pas exhaustive, nous vous invitons à nous faire remonter les informations de votre territoire !

Dans les Côtes-d’Armor

L’hopital Yves-Le-Foll de Saint Brieuc lance un appel à la création de masques et propose un tuto

Avis
aux passionné.es de couture ! L’hopital de Saint-Brieuc a
lancé il y a quelques jours un appel à la confection de masques,
afin d’équiper le personnel non soignant de masques en tissu. On
peut les déposer à l’hopital, du lundi au vendredi, entre 10h et
16h, aux points de filtrage mis en place. (Il faut cocher sur son
attestation dérogatoire la case « aide aux personnes
vulnérables »). Un tuto est également mis à disposition sur
le site de l’hopital, pour fabriquer les masques en tissu.

Infos et tuto sur https://www.ch-stbrieuc.fr/Tutoriel-masques-en-tissu

Le collectif Transition Saint-Brieuc lance une action citoyenne de sécurisation alimentaire locale

Le collectif Transition Saint Brieuc invite les habitants du territoire à se mobiliser pour assurer l’autonomie alimentaire. Chacun est invité à planter dans son jardin des arbustes, légumes, arbres fruitiers, pour « pallier à l’éventualité d’une rupture partielle ou totale des chaînes de transport et d’alimentation. », peut-on lire sur la page Facebook de la Brasserie des Alternatives, qui relaie l’initiative. Un groupe facebook privé vient d’ouvrir sur le sujet : https://www.facebook.com/groups/264216501262742

Dans
le Finistère

L’association Goupil fournit des ordinateurs aux élèves

L’association morlaisienne Goupil, que nous avons déjà présentée dans cet article, prête des ordinateurs aux élèves du secteur qui en ont besoin pour suivre les cours à distance. Plus d’infos et contact : http://www.goupil-ere.org/

Les citoyens se mobilisent partout dans le Finistère

Des
groupes de citoyens se mobilisent pour venir en aide aux habitants
qui en besoin pendant le confinement. Courses, entraide morale,
diffusion d’information, aide aux plus démunis…les actions sont
variées, quelque soit la taille de la commune, que ce soit à Brest,
Morlaix, Plouegat-Guerrand, Plouigneau, le Guilvinnec… Là encore,
le réseau social Facebook est utilisé.

La
page Covid
Entraide Morlaix

Le
groupe Solidarité
Coronavirus Brest

Le
groupe spécial
quartier de Recouvrance à Brest

Le
groupe Solidaires
à Plouigneau

Le
groupe Solidarité
Coronavirus Guilvinec

Le groupe Entraide à Plouegat-Guerrand

Dans
l’Ille-Et-Vilaine

Une carte collaborative pour recenser les lieux encore ouverts à Redon

Des bénévoles du pays de Redon ont créé une carte collaborative sur OpenStreetMap, baptisée « Ca reste ouvert ». Elle permet de rencenser les lieux encore ouverts en ville pendant le confinement. Elle est accessible ici : https://www.caresteouvert.fr/@47.650616,-2.082795,15.69/place/n4225591292

Une distillerie fabrique du gel hydroalcoolique

La
distillerie Awen Nature, basée à la Bouexière non loin de Rennes,
et dont on vous avait déjà parlé dans un article ici, s’est
lancée dans la production de gel hydrolalcoolique. Au lieux des
habituels spiritueux, Julien Fanny fabrique du gel en suivant la
recette fournie par l’OMS. Il est ensuite offert aux Ehpad
notamment.

Pour
plus d’infos, la page Facebook d’Awen Nature :
https://www.facebook.com/awennature/

En
Loire-Atlantique

« Où acheter durable, solidaire et confiné sur la métropole nantaise ? » avec le magazine carto-graphique Les Autres Possibles

Nos confrères du magazine carto-graphique Les Autres Possibles, bimestriel édité d’habitude en format papier, se transforme exceptionnellement en webzine durant cette période particulière. Ils propose un article présentant une sélection de commerces encore ouverts sur la métropole nantaise, où l’on peut acheter local, en vrac, commander des paniers…Une mine de bon plans. Et on peut en profiter pour découvrir leurs autres articles ! A voir sur https://lesautrespossibles.fr/

Dans
le Morbihan

Malgré le confinement, l’entraide alimentaire continue

Des associations morbihannaises se mobilisent durant cette période particulière afin de fournir une aide alimentaire aux personnes qui en ont besoin. C’est le cas des Cuisiniers Solidaires, qui agissent sur Vannes et alentours depuis 2015 pour lutter contre le gaspillage alimentaire, en cuisinant notamment en groupe des repas à base de produits invendus. Elle a aussi pour objectif de recréer du lien social dans les quartiers prioritaires, grâce à la cuisine. Actuellement, les bénévoles de l’association et les deux salariés distribuent des paniers de fruits et légumes frais aux plus démunis.

Plus
d’infos :
https://www.facebook.com/groups/lescuisinierssolidaires/

L’association Les Robins des Bennes, qui gère une recyclerie à Ambon, redistribue elle des denrées alimentaires collectées auprès de la grande distribution. Les habitants du secteur susceptibles d’en bénéficier sont invités à contacter l’association par sa page Facebook : https://www.facebook.com/Les-Robins-des-Bennes-recyclerie-189358777839103/

Du théâtre par téléphone !

La
compagnie « Les Arts Paisibles » de Melrand propose, à
défaut de jouer sur les planches en live, du théâtre par
téléphone ! Le mode d’emploi est simple : il suffit de
se rendre sur le site de la compagnie, de réserver un créneau via
le Doodle mis à disposition, puis confirmer par email ou sms à la
compagnie son choix, accompagné de son nom et du numéro de
téléphone sur lequel appeler. Sketch, lecture, chant…sont au
programme.

Pour réserver son créneau, rendez-vous sur le site de la compagnie : http://www.lesartspaisibles.net/

Un
peu partout dans la région…

Les producteurs et les commerces locaux s’organisent

On
peut continuer à acheter local et à soutenir les commerçants et
producteurs ! La plupart ont mis en place des solutions qui
permettent un accueil optimisé : prise de commande par internet
ou téléphone, système de « drive », horaires
aménagés…Certains marchés sont également ouverts par
dérogation.


encore, la cartographie collaborative est un outil très utilisé. On
peut citer les cartes :

Mangeons
local : https://www.mangeons-local.bzh/

Bon
Plan Bio : https://bonplanbio.fr/

Les monnaies locales sont également d’excellents relais : elles mettent en avant régulièrement les commerçants de leurs réseaux, que ce soit via leur site ou leur page Facebook.

Les « Makers » fabriquent des visières pour les soignants

Les
« Makers », ces spécialistes de l’impression3D et du
« faire soi-même », se sont lancés, à travers toute la
France, dans la conception et la fabrication de visières de
protection en plastique à destination des soignants. Les FabLabs et
Makers bretons sont mobilisés. Une
plateforme spécifique a été mise en lien sur ce sujet par Bretagne
Developpement Innovation, afin de mettre en lien offre et demande :
https://www.bdi.fr/fr/publications/covid-19-entreprises-unies-en-bretagne/

Le
lycée Jeanne d’Arc-Saint Ivy de Pontivy s’est également lancé :
quelques membres du personnel fabriquent des visières grâce à
l’imprimante 3D du lycée, expliquent nos confrères de Pontivy
Journal :
https://actu.fr/bretagne/pontivy_56178/coronavirus-pontivy-lycee-fabrique-visieres-protection-sur-imprimante-3d_32728594.html

Plus
d’infos :
https://www.bdi.fr/fr/covid-19-un-reseau-dacteurs-bretons-pour-repondre-aux-besoins-dimpression-3d/

Ou http://www.labfab.fr/blog/

A noter aussi…

La
liste des groupes d’entraide sur les réseaux sociaux :
https://covidentraide.gogocarto.fr




De Plounéour-Ménez à Huelgoat, ce que les chauves-souris nous disent…

Avant de nous rendre dans ces deux communes du Finistère, sur les pourtours des Monts d’Arrée, qui s’apprêtent à accueillir chacune un événement aux portes de la nuit, d’abord Plounéour-Ménez, le vendredi 6 mai 2022 puis Huelgoat, le samedi 21 mai 2022, destinés à permettre aux petits et aux grands de découvrir cet animal fascinant qu’est la chauve-souris sur lequel bien des mythes et croyances persistent encore, prenons d’emblée de la hauteur.

1 600 mètres, c’est celle récemment observée d’un vol de chauve-souris – le Molosse de Cestoni au poids imposant de 40g qui utilise comme tous ses congénères chiroptères les courants ascendants. A cette altitude, nous devrions d’ores et déjà avoir une vision d’ensemble sur ce qui nous agite et nous inquiète de plus en plus, nous autres terriennes et terriens humains, à savoir le déclin inquiétant des populations de chauve-souris (1) tandis que 68% des animaux vertébrés sauvages ont disparu au cours des cinquante dernières années (chiffres UICN).

Est-ce la montée en puissance d’une prise de conscience, face à la baisse très inquiétante de la biodiversité à travers le monde qui nous amène à interroger nos relations occidentales aux autres espèces, et ce faisant, à mieux les connaître et les comprendre ?

Des disciplines scientifiques comme l’éthologie – qui étudie les comportements des espèces animales dans leur milieu naturel (humains compris) et gagne à être mieux connue et enseignée partout – nous y aident fortement. Mais comment enrayer la disparition croissante de ces trésors inestimables du vivant ? Moultes réponses ont été apportées par les plus conscient.e.s du danger, depuis le début du siècle dernier. Force est de constater hélas les limites de leur efficacité face aux implacables faits qui nous accablent.

Nouveaux récits, nouveaux imaginaires pour se connecter à l’ensemble du vivant et mieux le respecter

Des personnalités engagées telles que Cyril Dion et Pablo Servigne évoquent avec pertinence la nécessité de nous ouvrir à de nouveaux récits, de nouveaux imaginaires, en y intégrant ceux de peuples plus lointains ayant une autre vision et un autre rapport à la nature, et permettant de nous (re)connecter avec nos sagesses anciennes d’ici.

Pour ce faire, nous pouvons maintenant nous prévaloir d’être richement outillé.e.s et stimulé.e.s par les apports des sciences sociales contemporaines – en particulier l’anthropologie – sur la connaissance de nos rapports jusqu’à présent dualistes, compliqués… et disons-le clairement, insoutenables entre nature et culture, comparés à ceux d’autres peuples à travers le monde.

Ainsi, l’anthropologue Philippe Descola, avec ses travaux de recherche menés depuis plusieurs décennies, notamment en Amazonie – et dans son sillage, des philosophes comme Vinciane Despret et Baptiste Morizot ou encore l’anthropologue Nasstaja Martin, le chercheur-philosophe devenu dessinateur, Alessandro Pignocchi – pour n’en citer que quelques-un.e.s – bouleversent notre compréhension de notre rapport aux autres vivants, et même, au-delà du sacro-saint rationalisme cartésien, nos perceptions sensorielles (celles de la chauve-souris sont au demeurant exceptionnelles!) et émotionnelles, capteurs pourtant essentiels pour opérer nos mutations en renversant nos représentations et visions.

Avec leurs collègues des sciences naturelles, ils et elles sont relayé.e.s par d’excellentes maisons d’édition et revues en ligne : Actes Sud/collection Mondes Sauvages (2), WildProject (3), revue Terrestres (4), pour n’en citer que quelques-unes.

Du côté de ces derniers, chercheuses et chercheurs de tous poils se passionnent à juste titre pour l’étude de cette espèce fabuleuse qu’est la chauve-souris (4), un animal qui – excusez du peu – vole avec ses mains, voit avec ses oreilles, observe le monde environnant la tête en bas (5) et est doté du gène de la parole !

De quoi attiser depuis des siècles la curiosité humaine qui eut recours aux arts pour exprimer déjà son imagination foisonnante à l’endroit de nos amies chiroptères. « Symbole de la cécité métaphysique de l’homme pour Aristote et Averroès à sa suite, [la chauve-souris] est pourtant liée à la création artistique par la version ovidienne du mythe des Minyades, fileuses et conteuses impénitentes métamorphosées par Dionysos », nous dit le site fabula, dans un article intitulé « Mythologie de la chauve-souris dans la littérature et dans l’art » (6).

 

A Plounéour-Menez, avec la Cie Mycélium : quand « Batman est un chaman »

Les arts justement, en particulier ceux d’aujourd’hui, bien vivants : les arts de la rue. Ne sont-ils pas les grands défricheurs et percolateurs de ces nouveaux récits et imaginaires ? Ainsi, la compagnie d’arts de rue Mycélium (7) née de la rencontre d’un écologue, Gabriel Soulard, et d’une comédienne, Albane Danflous, dans une lointaine forêt normande… Elle se présente comme créant pour les espaces publics, des spectacles de théâtre de rue et de chemin questionnant avec humour et engagement nos liens à nos environnements naturels et urbains.

Nous lui laissons le soin de présenter elle-même sa dernière création pour laquelle elle était en résidence, à La Manufacture des tabacs de Morlaix, en octobre 2021, dans le cadre d’un partenariat avec les étudiant.e.s en BTS Gestion et protection de la nature du lycée de Suscinio qui ont mené avec elle une « Concertation déconcertante » sur la Trame noire ( en vue de protéger de la pollution lumineuse la biodiversité nocturne dont fait partie la chauve-souris) pour Morlaix Communauté, au titre de sa politique culturelle et de sa politique biodiversité, en lien avec l’Ulamir-CPIE du Pays de Morlaix-Trégor et Le Fourneau, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public (8), avec le soutien de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et de la Région Bretagne. Un projet d’envergure stimulant les imaginaires qui a fait l’objet d’un précédent article de notre part : http://www.eco-bretons.info/la-compagnie-mycelium-et-les-etudiants-du-lycee-de-suscinio-ouvrent-les-portes-de-la-nuit-noire-morlaisienne/

Ainsi parle la Cie Mycélium : « Entre science joyeuse, textes poétiques et musique électronique, La «Symphonie des chauves-souris» convie le public (9) à la fois à une veillée initiatique et une expérience réelle de contact avec d’autres espèces, l’invitant à prendre conscience de la beauté d’autres manières d’exister. L’équipe dispose d’une bat-box (un micro-récepteur) qui transforme les ultrasons émis par les chauves-souris en sons audibles pour l’oreille humaine, et un système qui transforme les paroles, les chants et la musique en ultrasons pour les chauves-souris. Un récepteur, un émetteur, des fréquences de part et d’autres : le dialogue peut s’instaurer, la symphonie commencer… ».

« A Plounéour-Ménez, pas moins de 9 espèces de chauve-souris ont été recensées par le Groupe Mammalogique Breton/GMB (10), faisant de la commune la première de l’agglomération en nombre d’espèces connues, Morlaix Communauté en comptant 15 espèces, le Finistère 19 et la région 21. Donc, sans parler d’effectifs, inconnus et non mesurables, la commune abrite près de la moitié des espèces connues dans la région et près de 20 % des espèces reproductrices connues dans la région », précise Benjamin Urien, responsable Cellule espaces naturels – biodiversité de Morlaix Communauté.

L’an dernier, grâce à l’action volontariste de son maire, Sébastien Marie, la commune est devenue Refuge pour les chauves-souris, en signant une convention avec le Groupe Mammalogique Breton. Elle fait désormais partie des 87 communes et établissements scolaires bretons engagés dans la démarche (11). « La commune s’engage à réfléchir en amont à la réalisation de travaux sur les bâtiments publics ou le patrimoine, afin de garder une place dans les futurs aménagements pour servir de refuge aux chauves-souris. C’est une petite pierre pour la conservation de la biodiversité en général », confiait-il à notre confrère de Ouest-France, le 13 août 2021 (12).

Alors, Barbastelle d’Europe, Grand Rhinolophe, Murin à moustaches, Murin de Daubenton (reproducteur), Murin de Natterer (reproducteur), Oreillard roux, Oreillard gris, Pipistrelle commune (reproducteur) et Sérotine commune (reproducteur) vont-elles moduler leurs vocalisations pour une symphonie… peut-être même concertante avec nous ? Ce serait drôlement bat ! Rendez-vous vendredi 6 mai, à 21h21 pour le découvrir.

A Huelgoat, on rallume les étoiles et on écoute les chauves-souris

De leur côté, Julien Chauveau, animateur scientifique itinérant basé en Centre Finistère qui a créé La Terre A Ciel ouvert (13) et Cathy Warembourg (RIPARIA studio) se sont associés pour proposer dans le cadre de la Fête de la nature du 21 mai prochain à Huelgoat, de rallumer les étoiles pour sensibiliser le public à la pollution lumineuse et aussi mieux se mettre à l’écoute des chauves-souris, d’entendre des légendes nocturnes tout en découvrant le ciel étoilé.

Julien Chauveau nous en dit davantage :

Gageons que, nous ouvrant bien davantage au sensible, aux émotions, à l’accueil de nos créativités sous toutes leurs formes, nous serons en mesure d’intégrer bien différemment la connaissance des interdépendances entre toutes les espèces et, à l’instar de Baptiste Morizot, « d’autres manières d’être vivants ».

Aux mystères de la création de la chauve-souris, l’imagination et la sagesse du grand écrivain et ethnologue malien, Amadou Hampaté Bah, proposaient dans un conte (14) une alliance magique entre un renard et un oiselet : « … de cette union hybride naquit un être entièrement nouveau : la chauve-souris aux ailes membraneuses, l’être volant aux dents pointues mais qui allaite son poussin. Et voilà pourquoi la chauve-souris est mammifère parmi les oiseaux, et oiseau parmi les mammifères. Ici finit le conte… Mais pour qui réfléchit, il apparaîtra résumé tout entier par trois mots : espoir, compassion, amour. A ces trois vertus on doit ici d’abord le salut d’une vie, ensuite la victoire remportée sur une nature sauvage, enfin l’union de deux êtres différents pour en créer un troisième. »

 

(1) https://www.vigienature.fr/fr/actualites/populations-chauves-souris-francaises-declin-3681

(2) https://www.actes-sud.fr/recherche/catalogue/collection/1899

(3) https://wildproject.org/

(4) https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/21/la-chauve-souris-un-super-mammifere_6016358_1650684.html

(5) https://www.sfepm.org/presentation-des-chauves-souris.html

(6) https://www.fabula.org/actualites/mythologie-de-la-chauve-souris-dans-la-litterature-et-dans-l-art_15191.php

(7) https://www.ciemycelium.com/

(8) https://www.lefourneau.com/2021-2022-concertation-deconcertante-en-pays-de-morlaix

(9)La cie Mycélium invite le public à découvrir sa dernière création, « La Symphonie des chauves-souris » qui se déroulera vendredi 6 mai 2022, à 21 h 21, devant le pôle culturel communal de l’ancienne poste qui sera inauguré pour l’occasion, près de l’église de Plounéour-Ménez (Finistère).

(10) https://gmb.bzh/une-biologie-originale/

(11) https://gmb.bzh/les-refuges-pour-les-chauves-souris/

(12) https://www.ouest-france.fr/bretagne/plouneour-menez-29410/la-commune-devient-refuge-pour-les-chauves-souris-088a6892-a2bf-4270-abb5-f427db680f27

(13) https://www.laterreacielouvert.com/

(14) Amadou HAMPÂTÉ BÂ, « L’origine de la chauve-souris », extrait du recueil « Il n’y a pas de petite querelle, Nouveaux contes de la savane », 2002 – (Texte intégral) recueillis par Alpha amadou Hampate BA.

 


 

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Nous sommes un webmédia associatif, basé à Morlaix qui met en avant les actrices et les acteurs des transitions écologiques nécessitant évidemment des transitions sociales, culturelles et solidaires dans nos territoires de Bretagne. Outre, notre site d’information, alimenté par notre journaliste-salariée et par des plumes citoyennes bénévoles, nous menons ponctuellement des actions de sensibilisation aux transitions et de formation aux médias citoyens avec des interventions auprès d’associations et d’établissements scolaires.
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Saint-Martin-Des-Champs : Retour sur le Printemps des Transitions

A l’approche du Printemps, la nature se réveille. Les arbres bourgeonnent, les fleurs pointent le bout de leurs pétales, les oiseaux chantent. Une belle occasion aussi pour découvrir toutes les initiatives en matière de transition écologique qui essaiment du côté de Morlaix, pour ensuite passer à l’action. C’était l’objectif du « Printemps des Transitions » qui s’est déroulé le dimanche 24 mars, au Roudour de Saint-Martin-Des-Champs, à l’initiative de l’association En Vrac à L’Ouest, avec le soutien de Morlaix Communauté. Reportage.

Dans les allées de la grande salle du Roudour à Saint-Martin-Des-Champs, on discute, on rit, on déambule en famille au gré des nombreux stands. Ici, on apprend comment fabriquer sa lessive maison, là-bas on peut découvrir un jeu sur l’eau, un peu plus loin, c’est une grande maquette en carton représentant un bateau sur lequel se conjuguent autonomies alimentaire et énergétique, réalisé par les élèves du lycée de Suscinio avec l’artiste Charles Vergnolle, qui attire le regard… Bienvenue à la première édition du Printemps des Transitions, qui s’est déroulée le dimanche 24 mars, à l’initiative de l’association En Vrac à l’Ouest, et de Morlaix Communauté. Au programme de cette journée, qui a rassemblé pas moins de 700 visiteuses et visiteurs, et une vingtaine de structures locales agissant en faveur de la transition écologique : des ateliers, des conférences, des expos, des jeux…

Dès 10h, le public arrive. Les animations démarrent, ainsi que la première conférence de la journée, qui a pour thème l’organisation de la gestion de l’eau sur le territoire. C’est Guy Pennec, président de la Commission Locale de l’Eau Léon-Trégor, qui l’anime. Il explique que celle-ci « est le parlement local de l’eau, qui pilote le Sage (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux). C’est aussi l’occasion de faire un focus sur An Dour (1), la régie publique de l’eau créée par Morlaix Communauté début 2024. « Une innovation unique en France », déclare l’élu, car An Dour a en charge les actions liées à la fois au grand et au petit cycle de l’eau : par exemple eau potable, assainissement, mais aussi lutte contre les pollutions et protection de la biodiversité.

Une fois les questions du public terminées, direction les différents stands qui se situent dans l’espace à côté. L’Apav (2) est là, et va proposer une « vélorution » qui ne va pas tarder à s’élancer pour quelques kilomètres. Le fameux Vhélio est également disponible dehors, pour des séances de test. Un peu loin, la monnaie locale Le Buzuk (3) propose sur son stand des informations sur son fonctionnement, et invite le public à s’interroger sur « ce qui nous manquerait le plus si on n’avait plus la possibilité de le faire ». « Danser », « Observer la nature », « la convivialité » figurent parmi les réponses proposées.

Le Gase de la Baie (4) est également présent. Ce « Groupement Achat Service Epicerie », dont le concept est né à Rochefort-En-Terre dans le Morbihan en 2008, fonctionne sous statut associatif. « L’idée, c’est d’acheter ensemble des produits d’épicerie, en gros volume, ce qui nous permet de bénéficier de prix attractifs lié au circuit-court », détaille Nadège, bénévole de l’association. Une trentaine de foyers du secteur y adhèrent, et chacun.e y consacre deux heures par semaine. On trouve dans le Gase 76 références de produits secs et non périssables : des pâtes, du riz, des légumineuses, de la farine, du café… issus de producteurs locaux ou du grossiste Terra Libra. Une bonne façon de « remettre des valeurs dans son alimentation », souligne Nadège.

L’alimentation, il en est aussi question sur l’espace dédié à l’Ulamir-Cpie (5), qui fête par ailleurs ses 50 ans cette année. La structure y présente notamment le bilan de son projet expérimental de « Paniers suspendus », auquel ont été associés deux CCAS (Morlaix et Lanmeur) et cinq producteurs bio : 14 paniers ont pu être distribués à 37 bénéficiaires, qui ont pu ainsi bénéficier d’une alimentation saine et locale.

Thomas Bassoulet, animateur environnement, présentant aussi sur le stand le jeu « simul’eau ». Développé par l’Union Nationale des CPIE, il permet de mieux comprendre comment l’aménagement du territoire peut impacter la qualité et la quantité de la ressource en eau. Thomas était également à la recherche de volontaires pour participer à « L’Observatoire Citoyen de la Pluviométrie en Pays de Morlaix ». « Il s’agit d’installer un pluviomètre, fourni, sur chaque commune du territoire, dans les jardins, afin de mesurer sur la durée la quantité de précipitations », précise-t-il. Les participant.e.s pourront également bénéficier d’ateliers et de visites de site, en lien avec l’opération, qui est financée par l’Agence de l’Eau-Loire-Bretagne.

Au même moment, sur le stand du Repair (6), la recyclerie de matériaux du Pays de Morlaix, on peut s’essayer au « vélo mixeur », pour réaliser un jus ou un smoothie à la force des pédales ! Un peu loin, il était possible d’apporter de petits appareils ménagers, jouets, matériels informatique ou textile pour participer à un atelier « Repar’action » avec Aller Vert et le centre social Ti An Holl (7).

 

Du côté d’Heol, l’Agence Locale de l’Energie du Pays de Morlaix (8), Nolwenn Ragel est sur le pont pour accueillir le public désirant décrypter ses factures d’énergie. Tandis que du côté des bénévoles d’En Vrac à l’Ouest, on s’active pour proposer différents ateliers, comme par exemple la fabrication de Bee Wrap avec Nadège ou de poudre pour lave-vaisselle.

Après une intervention de Phlippe Munier, jardinier bien connu des auditeurs et auditrices de France Bleu, sur l’utilisation des déchets verts au jardin, suivie d’une conférence sur les énergies renouvelables citoyennes, place à la clôture de la journée. C’est Nicolas Ulrich, bien connu sur le territoire, désormais Manageur de la Transition écologique à l’Ademe Bretagne, qui s’en charge. Il présente les quatre scénarios développés par l’Ademe afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (9). Le public, nombreux, est invité à participer et à se positionner sur celui qu’il pense être le plus atteignable. De quoi donner de l’espoir et l’envie de s’engager pour un futur désirable, partout au niveau local pour infléchir le niveau global.

(1) https://www.andour.bzh/

(2) https://www.facebook.com/APAVMorlaix

(3) https://www.facebook.com/BuzukMorlaix

(4) https://gasieresdelabaie.wordpress.com/

(5) https://www.facebook.com/cpie.paysdemorlaixtregor

(6) https://www.facebook.com/lerepairrecyclerie

(7) https://www.facebook.com/TianOllPlourin

(8) https://www.heol-energies.org/

(9) https://www.ademe.fr/les-futurs-en-transition/les-scenarios/

 




A Brest, plongée dans les bleus de l’océan, entre requins menacés et requins bien affairés

En apparence seulement, quelques kilomètres séparent le Centre national de culture scientifique Océanopolis et son bassin des requins (entre autres), près du port de plaisance brestois du Moulin blanc, des Ateliers des Capucins, qui abritent notamment 70.8 (pourcentage de mer sur la terre), la galerie des innovations maritimes (on n’arrête pas le progrès, n’est-ce-pas…). Mais la tenue il y a quelques jours du One Ocean Summit, premier Sommet mondial autour de la protection des océans qui s’est déroulé du mercredi 9 au vendredi 11 février dernier, a notamment montré qu’un autre océan séparait ces deux lieux emblématiques brestois, peuplé de requins de natures bien différentes.

A Océanopolis, le jeudi 10 février dernier, l’unique rencontre publique citoyenne ouvrait presque le ban du Sommet. Présentée comme une conférence participative « sous forme de débats mis en scène autour d’un thème capital : “La gouvernance de la haute mer et la protection de sa biodiversité : rendez-vous à New-York”, elle était ainsi présentée : « Grâce à un dispositif ludique original, vous pourrez vous pronocer en direct sur des sujets réels de gouvernance internationale tels que négociés actuellement à l’ONU. Entre discours politiques et plaidoyers, les experts du sujet essayeront de vous convaincre du bien-fondé de leur action. Pour quelle position allez-vous voter ? ». (voir l’article de Marie-Emmanuelle Grignon :https://www.eco-bretons.info/a-oceanopolis-le-public-donne-son-avis-sur-la-protection-de-la-haute-mer/ ).

Quelques jours auparavant (du 4 au 6 février), à l’Université de Bretagne Occidentale, c’est aux Soulèvements de la Mer qu’était convié le public par un collectif d’associations, sous la forme d’un Contre-Sommet : trois jours de séminaire et de rencontres, très riches, comme le rapporte le magazine Kaizen dans son bel article (1), avec des intervenant.e.s  pas dupes des vrais enjeux de ce Sommet mondial prétendûment destiné à « protéger, explorer, exploiter » les océans, c’est-à-dire « parcelliser et privatiser la mer, au nom de l’écologie et de l’économie bleue, et où désormais, banquiers, fonds spéculatifs et industriels promettent de protéger l’océan … avec leurs méthodes. »

 

Economie bleue : un insoutenable Blue-washing pour les protecteurs des océans

Aux Capucins se jouait une tout autre partition… dans le grand bain des gros poissons et requins d’une autre nature. L’entrée uniquement sur accréditation et le nombre de représentants des forces de l’ordre présents dans le quartier et autour du bâtiment, donnaient le ton : the only place to be pour les délégations des 83 pays participants, institutions internationales, collectivités territoriales bretonnes, quelques ONG et fondations et bien sûr des représentants du monde économique maritime et de la finance. Tout ce beau monde participant à des forums et ateliers, dans et en marge desquels il s’agissait de concilier le « business as usual », sous ses nouveaux apparats de blue-washing, à des engagements communs en faveur de la préservation des océans. Des océans menacés de façon abyssale par l’acidification dûe au réchauffement climatique, la perte de biodiversité causée par la surpêche, l’exploitation des fonds marins dont Bretagne Vivante rappelle les enjeux :  » Ils regorgent de ressources minérales (nickel, or, thallium, cobalt, manganèse, argent, lithium, zinc…) et la demande mondiale pour celles-ci ne devrait cesser de croître dans les 20 prochaines années. Annoncé en octobre 2021, le plan France Relance prévoit ainsi 310 M€ dédiés à l’exploration des fonds marins et de ses ressources minérales. Il est ainsi indispensable de s’interroger sur les impacts de l’exploitation des écosystèmes et les habitats profonds (au-delà de 200 milles nautiques, ils représentent environ 66% de la surface de la planète). Loin d’être désertiques comme on l’a longtemps imaginé, ils abritent divers écosystèmes ayant une biodiversité fragile et encore très méconnue. » (2).

En point d’orgue du Sommet, le «Segment à haut niveau » du vendredi 11 février, accueillait une quarantaine de chefs d’État et de gouvernements, de représentants des Nations Unies, de l’Union Européenne et de dirigeants des poids lourds du transport maritime par conteneurs (plus de 80 % des échanges de marchandises, en volume, et plus de 70 % de leur valeur, sont transportés par mer à bord des navires et traités par les ports maritimes du monde entier). Il s’agissait désormais d’acter les résultats de ces ballets aquatiques en eaux bien troubles pour la société civile et ses représentants : avec certes des engagements et promesses, mais surtout trop peu de décisions concrètes selon les ONG (3) et des sujets qui fâchent soigneusement évités, tels que la surpêche, la protection des grands fonds marins des exploitations minières aux conséquences irréversibles (2). Rappelons que, comme l’évoque plus bas dans notre entretien, le conseiller stratégique Rémi Parmentier, la France n’a à ce jour, toujours pas signé l’appel à moratoire contre l’extraction minière en eaux profondes prôné par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021,  appel signé par 81 pays et agences gouvernementales ainsi que 600 scientifiques.

Insoutenable exercice d’équilibriste mondial, dans les règles du jeu actuelles, que de s’accorder à résoudre l’équation activités économiques en croissance bleue et protection forte des océans, pourtant vital ? Et puis, comme des chants de sirènes trop lointains pour être entendus et surtout écoutés, les voix des « petits » peuples de la mer, humains et non humains ne sont certainement pas en voie d’extinction. En amont (4), tout au long puis à l’issue de ce Sommet mondial, des représentants de la société civile parmi lesquels l’association Pleine mer (5), Greenpeace, Bloom (6), Robin des bois (7), bien décidés à ne pas y participer, se sont activés dans la rue, les réseaux sociaux, les médias pour alerter l’opinion publique et tenter de peser plus fortement sur les décideurs, en dénonçant notamment «40 ans de meetings internationaux et une situation environnementale qui ne fait qu’empirer », à l’instar des COP climatiques. Ici, un rassemblement public contre le déni océanique « Don’t look down », là un Carnaval de l’océan… des contre-manifestations relayées par RKB que vous pouvez (ré)écouter : http://www.rkb.bzh/emissions/abadennou/one-ocean-summit-plusieurs-contre-manifestations-prevues-a-brest-le-point-sur-ce-sommet-avec-lassociation-pleine-mer/?fbclid=IwAR3xI1TV6FSOKj1Xs0pDtL1aNCd1TLWfT6EPwodOsKil8AEpJVLsN-vLwoo

 Paroles d’un conseiller stratégique et d’un océanographe

Impossible de repartir des Capucins, transformés pour la circonstance en îlot artificiel peuplé de récifs arborant moultes bannières à la gloire de la protection des océans, sans avoir recueilli quelques témoignages de participants. En voici deux, Le premier à lire, le second à écouter. Deux questions simples leur ont été posées : qui êtes-vous et qu’attendez vous de ce Sommet ?

Paroles d’un conseiller stratégique, Rémi Parmentier, co-directeur de Varda Group, qui oeuvre depuis des décennies pour des ONG et des décideurs internationaux (9).

« Je passe ma vie de sommet en sommet, comme un montagnard… mais des sommets politiques.  Je suis conseiller stratégique dans le domaine de l’environnement et spécialement dans le domaine de la gouvernance et de la protection de l’océan. J’ai été invité à participer à ce sommet en particulier sur la nature de la protection des océans et ce qu’elle devrait recouvrir. Il y a actuellement une campagne internationale, connue sous le nom de 30 par 30, c’est-à-dire protéger 30% des océans d’ici l’année 2030 (10), et mon message c’est « réfléchissons aussi sur les 70% restants» ! Ma proposition qui reviendrait à ce que la protection de l’océan soit la norme et non l’exception, qu’elle se fasse par le renversement de ce que l’on appelle la force de la preuve. En plus de créer des aires marines protégées, on créé des aires marines exploitables, et par définition tout ce qui ne serait pas aire marine exploitable serait protégé. Donc, la protection comme norme et non comme exception.

Actuellement, les défenseurs de l’océan doivent se battre pendant des années pour prouver, démontrer, convaincre que la protection d’une fraction de l’océan est possible et nécessaire. Et ce sont des discussions qui n’arrêtent pas… Ce que je propose, c’est que ce soient les usagers de l’océan, les industriels, les grandes compagnies de pêche, etc. qui, elles, doivent prouver que leurs propositions, leurs activités ne causent pas de dommages irréversibles à l’environnement, et que des mesures d’atténuation soient en place avant d’entreprendre des activités qui ont une empreinte écologique importante sur l’environnement. C’est ça, le renversement de la force de la preuve : que ce soit ceux qui veulent exploiter les ressources de l’océan qui doivent faire la démonstration et non pas ceux qui veulent protéger l’océan. Il devrait y avoir un consensus là-dessus car l’océan, c’est la base de la vie sur notre planète.

Ce Sommet devrait être l’occasion que les défenseurs des océans soient écoutés par les pouvoirs publics français et internationaux. Et il y a un dossier très chaud qui a émergé cette année, c’est celui des projets d’exploitation minière dans les grands fonds sous-marins. Le Président de la République a fait quelques couacs dernièrement, en déclarant que la France devrait être un leader dans l’exploitation des ressources minières sous la mer, pour ensuite rétropédaler en parlant d’exploration seulement, « parce que c’est important pour les voitures électriques ». Il ne s’agit donc pas simplement d’exploration ! Mais ce qui est intéressant, c’est que le fabriquant automobile Renault a déclaré que sous aucun prétexte il n’utiliserait des ressources minières issus des fonds marins (11). J’espère que cela peut être un encouragement pour le Président de la République pour qu’il se joigne à l’effort de beaucoup des 81 pays et agences gouvernementales qui ont demandé, à l’occasion du Congrès de L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021 à Marseille, un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. On risque de détruire des écosystèmes vulnérables et des espèces dont on n’a même pas la connaissance. »

Paroles audios d’un océanographe ardent défenseur des requins (les vrais, les menacés), François Sarano a accepté d’être l’un des « Ambassadeurs de l’océan » lors de ce Sommet pour tenter de faire entendre « la Voix de l’océan ».

Plongeur avec l’équipe du commandant Cousteau et créateur de l’association Longitude 181, la voix de l’océan. Son dernier livre, « Au nom des requins », vient de sortir aux éditions Actes Sud, dans la magnifique collection Mondes sauvages. François Sarano est également l’auteur d’une tribune, «Cessons nos agressions pour sauver les océans », parue dans Libé : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/cessons-nos-agressions-pour-sauver-les-oceans-20220209_OPJN3II5WZACTPU555MWEHUL4U/?redirected=1,et co-signataire d’une autre tribune, «« Nous attendons du One Ocean Summit des avancées significatives pour la santé de
l’océan mondial », publiée dans Le Monde :https://www.longitude181.org/wp-content/uploads/2022/02/Tribune-ONG-Le-Monde-One-Ocean-Summit.pdf

Il était l’invité de l’émission CO2 mon amour que Denis Cheissoux a consacrée à la beauté des milieux marins : https://www.franceinter.fr/emissions/co2-mon-amour/co2-mon-amour-du-dimanche-13-fevrier-2022

Captation audio :

 

 

(1)A l’UBO de Brest, avaient lieu durant deux jours « Les Soulèvements de la mer : le Contre-Sommet du One Ocean Summit » : https://kaizen-magazine.com/article/les-soulevements-de-la-mer-le-contre-sommet-du-one-ocean-summit/?fbclid=IwAR1BXk4wro9lRD6nzSjyiekvTOeZhgYJGYdBIdwkPcZFlc4Yk4TCz96LS1M

(2) « Zoom sur les enjeux de conservation des fonds marins » par Bretagne Vivante : https://www.bretagne-vivante.org/Actualites/One-Ocean-Summit-Zoom-sur-les-enjeux-de-conservation-des-fonds-marins

(3) Les Engagements officiels de Brest pour l’océan : https://uicn.fr/one-ocean-summit-le-bilan/ Et la réaction de Greenpeace : One Ocean Summit : la montagne qui accouche d’une sourishttps://www.greenpeace.fr/espace-presse/one-ocean-summit-la-montagne-qui-accouche- : dune-souris/

(4) « One Ocean Summit – Zoom sur les enjeux de conservation des fonds marins, par Bretagne Vivante :  https://www.bretagne-vivante.org/Actualites/One-Ocean-Summit-Zoom-sur-les-enjeux-de-conservation-des-fonds-marins

ET Pétition de Greenpeace contre lexploitation minière en eaux : profondes https://www.greenpeace.fr/petition-exploitation-miniere-eaux-profondes/#/petition-exploitation-miniere-eaux-profondes/merci-pour-votre-signature

(5) https://associationpleinemer.com/

(6) https://bloomassociation.org/one-ocean-summit-lettre-ouverte-au-president-de-la-republique-emmanuel-macron/?fbclid=IwAR2DpLEbErJY2_pGovjk58H8lrYzfRaFv3A0EqIdxJBbGBSZlkNBUWiPZ3s

(7) https://robindesbois.org/calmez-vous-madame-la-mer-ca-va-bien-se-passer/

(8) https://www.longitude181.org/

(9)(http://www.vardagroup.org/bio/remi-parmentier et https://sdg.iisd.org/commentary/guest-articles/brest-wishes-for-the-ocean-in-2022/?fbclid=IwAR0FAk19o91mY0C1XM1ATJ8C_GyPwR6imeVCNZooyQRAQ2ENOt9Q8x4-xs8

(10)Parmi les engagements pris officiellement lors du Sommet : « 84 pays portent l’objectif de protéger 30% des terres et des mers du monde d’ici à 2030. ».

(11) https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/renault-soutient-un-moratoire-sur-l-exploitation-miniere-en-eaux-profondes-2002660.php