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Kergrist 2030 : des propositions concrètes pour un futur souhaitable

Après une première séance visant à mieux comprendre les grands enjeux sociaux-écologiques de notre époque, cette deuxième séance a permis aux habitants de se projeter dans un futur souhaitable et d’en tirer des propositions concrètes pour leur commune.

 

Dimanche 26 Février dernier avait lieu le deuxième acte de la démarche Kergrist 2030. Cette initiative, proposée par Bertrand Coupet et soutenue par la municipalité, vise à inviter Kergristoises et Kergristois à contribuer à construire la commune de demain, en intégrant les grands enjeux sociaux-écologiques de notre époque (déclin de la biodiversité, inégalités, pollutions, emploi, dérèglement climatique, convivialité, vivre ensemble…)

Animée par Julien Fortel, cette deuxième séance a permis à 18 participants d’embarquer pour un « voyage en 2030 glorieuses ». Cet atelier, conçu par Julien Vidal, invite chaque participant à se projeter dans un futur proche où ses aspirations individuelles se sont réalisées et où la société s’est profondément transformée pour répondre à ces aspirations. La conversation entre les participants mets ainsi résolument l’accent sur tout ce que le futur a d’enthousiasmant à nous offrir, à contre-courant des discours anxiogènes sur l’avenir.

« Il ne s’agit pas de fuir la réalité du présent, ou d’occulter les défis et les menaces du futur, mais bien de choisir de porter notre attention sur tout ce que nous avons à gagner, plutôt que sur ce que nous risquons de perdre. Cet état d’esprit me semble plus susceptible de donner envie de s’investir, en mettant la joie et l’optimisme au cœur de la démarche. » Julien Fortel, facilitateur de Kergrist 2030

Après avoir exploré ce futur désirable, les participants ont pu découvrir de nombreuses initiatives qui contribuent dès aujourd’hui à transformer nos différents secteurs d’activité : agriculture et alimentation, mobilité, logement, biodiversité, cohésion sociale, éducation, santé…

La dernière partie de l’atelier a quant à elle permis aux participants de formuler des propositions concrètes pour leur commune : partage et réparation des outils et appareils entre habitants, accompagnement de l’habitat léger, tendre vers zéro logement vacant sur la commune…

« Nous avons étudié l’ensemble des propositions en conseil municipal et, pour chacune d’entre elles, une réponse détaillée sera faite aux participants afin d’aiguiller et d’accompagner les habitants désireux de s’impliquer, le cas échéant, dans leur mise en œuvre. » Arnaud David, adjoint en charge de l’environnement et de l’urbanisme.

Un bien bel exemple de participation citoyenne, ingrédient indispensable à la prise en compte des grands défis de notre époque, qui devrait très certainement inspirer d’autres communes à l’avenir.

« J’avoue que je rêvais d’une participation plus importante des habitants de Kergrist dans la démarche. Mais je comprends que ce genre de proposition n’embarque pas les foules, chacun ayant déjà fort à faire avec les différentes activités de son quotidien. Je suis particulièrement reconnaissant vis-à-vis de l’équipe municipale qui m’a soutenu et accompagné pour que cette proposition puisse voir le jour. Nous avons pu formuler des propositions très concrètes en seulement 2 réunions, c’est une vraie réussite ! Place à la mise en œuvre maintenant, tous les Kergristoises et Kergristois sont les bienvenus pour contribuer à la suite de l’aventure ! » Bertrand Coupet, habitant et initiateur de la démarche Kergrist 2030.




A Callac (22), D2, « La maison pour tous et la maison vers tous »

(Plume citoyenne) A la suite de la deuxième Edition de son Forum des coopérations, le Réseau Cohérence publie en partenariat avec Eco-bretons une série d’articles sur l’engagement. Chaque article présente une initiative inspirante en Bretagne avec un focus sur sa manière d’accompagner l’engagement dans les transitions : comment sortir de l’entre-soi ; comment toucher de nouvelles personnes ou comment se relier à d’autres initiatives et coopérer ? Des enjeux auxquels nous tentons de répondre au travers de ce dossier. Nous finissons notre tour des initiatives avec une association, D2 (pour « Dynamique et développement »), développement de l’animation de la vie sociale en milieu rural sur le bassin de vie de Callac, dans le sud-ouest des Côtes d’Armor. Pour comprendre comment cette initiative fait pour mettre en place des actions qui répondent aux besoins des habitant-es, nous avons interviewé Sylvie Montaland, salariée de l’association.

 

Peux-tu nous présenter l’association ?

Sylvie : Je résume généralement l’association par une phrase simple qui est « la maison pour tous et la maison vers tous », qui peut résumer autant l’association que le local qui est un point d’ancrage de nos activités et qui est situé sur l’espace Kan an Dour, à Callac. C’est un espace ouvert à tou-tes : cet aire constitué d’un étang, avec des halles et des tables de pique-nique. C’est là que se trouve notre local, ouvert également à tou-tes et c’est le cœur de notre posture : ici nous accueillons tout le monde, quelque soit son âge, son genre, sa religion… c’est un espace où tout le monde va pouvoir trouver sa place et c’est ça qui permet une réelle mixité sociale et à faire ensemble. Nous avons une action qui rayonne sur le bassin de vie de Callac, soit 15 communes.

 

Comment est née cette initiative ?

Sylvie : On a fait un diagnostic sur le territoire pendant plus d’un an, en rencontrant les habitant-es, les élu-es, structures et institutions qui agissent sur le territoire. Suite à ces nombreux échanges nous avons organisé un temps de restitution à Kan an Dour dans l’idée de présenter et de construire la suite ensemble, avec les personnes présentes : qu’est-ce que l’on fait à partir de tout ça ? Quels sont les besoins et freins identifiés, quelles sont les forces vives ? A partir de là trois axes ont été définis : 1/ Créer une maison pour tous et maison vers tous, un lieu du faire ensemble ; 2/ la question de l’accès au services ; 3/ La valorisation du territoire : il y a plein de gens ici avec des envies, des compétences. Comment est-ce qu’on met ça en valeur, on met du positif sur le territoire et on valorise ce qu’il s’y passe (et il se passe plein de choses ici!) et ses habitant-es. On s’appuie toujours sur ce qu’il existe déjà et on oriente, car nous n’avons pas pour mission de répondre directement aux besoins.

 

En juin 2021 l’association organise un théâtre-forum animé par la troupe « Si les sardines avaient des ailes ». Cet atelier a permis de faire ressortir les atouts et fragilités du territoire avec plus de 80 acteurs présents à l’événement.

Comment est-ce que vos activités font que des personnes s’engagent ?

Sylvie : Nous sommes au cœur de la question de la rencontre, du faire ensemble et du vivre ensemble : on dynamise le territoire avec ses forces vives, nous n’inventons rien en partant de ce qui existe déjà et en étant facilitatrices et facilitateurs de démarches. Comme par exemple dans la logistique d’un projet, premièrement on fournit un lieu où les gens se rencontrent et peuvent construire ensemble des projets et on aide également à amener ce qui est nécessaire à sa réalisation. Tout cela n’existe que s’il y a une relation de confiance, et c’est notre posture vis-à-vis de l’accueil qui permet cela, en accueillant tout le monde de façon inconditionnelle et en partant des besoins, on peut être sûr que chacun-e trouve sa place, quelque soient les différences. Nous avons le projet d’avoir une « maison vers tous » et de trouver des fonds pour acheter une « tiny house »1 et développer notre activité sur d’autres communes alentour afin d’accueillir dans un espace mobile et neutre, ouvert à tou-tes.

Cet espace où l’activité de l’association se passe est très important : il y a beaucoup de circulation autour, c’est un lieu de passage pour des personnes qui se baladent autour de l’étang, avec des familles qui emmènent leurs enfants jouer au City Park, plein de gens viennent se balader ici même des personnes qui habitent au-delà de Callac. Et le local que l’on utilise a une histoire : ça a été une classe dans laquelle des gens ont été scolarisés, le local des chasseurs, un bar lorsqu’il y avait encore la foire aux veaux. Donc c’est un lieu avec une histoire multiple et ça reste un lieu neutre.

Nous avons construit le programme des activités de l’été dernier avec tout le monde, afin d’avoir des propositions qui correspondent à un maximum de monde. Une fois que les besoins ont été exprimés on a rendu tout cela possible avec les habitant-es. Par exemple il y a avait l’envie de faire une sortie dans un parc de loisirs en Bretagne, c’est assez conséquent en terme de budget du coup certaines personnes ont proposé de faire des ventes de gâteaux et de crêtes. Nous avons acheté une caravane que les gens ont repeint et aménagé, elle a été ouverte tous les mercredis de l’été pour vendre de la nourriture. Cette caravane a du coup servi à d’autres événements où nous avons été invités sur le bassin de vie comme pour le marché à Carnoët, il y avait des spectacles et animations proposés par l’association Nature de Belle-Île-en-Terre ou des animations à Bullat et les habitant-es ont proposé la caravane pour faire le goûter.

 

Réception de la caravane en juin 2022 qui sera ensuite repeinte et aménagée  par les habitant-es avant d’être utilisée sur diverses activités au cours de l’été

 

Comment est-ce que vous permettez à tout le monde de participer à la coordination ?

Sylvie : Nous avons différentes commissions et un Conseil d’Administration (CA) composé de 15 personnes de 16 ans à 77 ans de tout le territoire, ce CA est donc assez représentatif de la mixité de public du territoire. Certaines Commissions sont plus permanentes que d’autres comme la Commission famille ou la commission gouvernance. Mais la plupart des Commissions ne sont pas fixes, elles se créent en fonction des besoins puis portées par le CA et les habitant-es : nous avons récemment créer une Commission travaux, le temps de la rénovation de notre local. Nous faisons une invitation des habitant-es à y participer et une fois que des projets / envies / besoins sont annoncés on réfléchit ensemble à comment est-ce que c’est possible ? On voit que lorsqu’on laisse la place aux gens ils ont plein de compétences et d’envies… Ça structure et en même temps ça reste ouvert entre celles et ceux qui proposent, portent et profitent. Les Commissions servent à structurer l’action et les 3 salariées sont animatrices et animent ces temps-là.

CA de l’Association Décembre 2022

 

 

Comment est-ce que vous faites tâches d’huile ? Comment est-ce que vous vous agrandissez, vous touchez plus de monde… ?

Sylvie : Le fait qu’on soit ouvert-es à tou-tes avec de l’accueil inconditionnel est pour moi le facteur de réussite. Ce n’est pas un espace d’entre soi et identifié comme réservé à tel type de public. C’est un espace de bienveillance, plein de personnes différentes se retrouvent sur un objectif commun et donc ça va de soit qu’il faut faire des compromis pour s’entendre. Dans les espaces privés ces personnes peuvent avoir des positions différentes mais elles se rencontrent dans un espace de dialogue bienveillant où chacun-e peut s’exprimer et éventuellement remettre en question son avis, c’est inhérent au fonctionnement de ce groupe. Nous permettons ça avec cette posture d’accueil inconditionnel. Ça fabrique le respect et l’écoute de l’autre et de la différence. Nous avons beaucoup de retours et d’expressions sur le fait qu’à D2 on se sent, on est écouté et entendu, ce fonctionnement possible le fait que chacun-e puisse s’exprimer et qu’on considère sa parole, d’où il viennent, d’où qu’il soit.

 

Rendez-vous est donné tous les samedis matins de 10h30 à 12h30 pour partager un moment et faire ensemble au gré des envies

 

 

Peux-tu nous illustrer cela en exemple de projets que vous avez portés les plus inspirants ?

Sylvie : Tout d’abord il y a le nombre de personnes et la mixité du public qui se retrouvent le samedi matin. Tous les samedis matins de 10h30 à 12h30 le local est ouvert et comme pour le reste plein de personnes différentes s’y retrouvent. Mais ce qu’il s’y passe ça dépend de qui est là. Par exemple au moment de l’été on a passé 4 séances à peindre la caravane mais il y a aussi des gens qui passent prendre un café et d’autres qui construisent le mobilier palettes. Il va y avoir des chantiers collectifs et participatifs pour les travaux. Les samedis matins vont sans doutent être mobilisés pour la préparation du carnaval début 2023.

Ça nous ait arrivé de proposer un barbecue et qu’en fait on a une cinquantaine de personnes sans s’y attendre et du coup on se rend compte que le fait qu’on ait prévu pour 30 ou 100 ne change rien car les habitant-es s’organisent (s’il manque des tables, dix minutes après des tables débarquent). Quand on a voulu monter le mobilier en palette, nous n’avions pas forcément le matériel et tout a été ramené par les habitant-es (le matériel, les outils…) et ce sont eux qui ont décidé des plans. Nous avons juste ouvert la porte du local et offert le café. Ce n’était pas une proposition sortie de nulle part donc ils se sont auto-organisés pour le faire et s’il y a des besoins on achète pour compléter si c’est nécessaire. Par exemple je suis allée chercher les premières palettes puis tout le monde s’est mis à en récupérer au final il y en avait presque trop. On est plutôt débordées par l’énergie des habitants que par le manque de personnes, on a passé notre été à courir derrière eux pour les suivre dans la course joyeuse des activités tout l’été dernier.

La prochaine grande activité prévue c’est le Carnaval intercommunal qui est une proposition des habitant-es. Nous sommes dans la préparation de cet événement qui concerne tout le bassin de vie et embarque dans son élan plein de structures, c’est prévu le dimanche 2 avril.

A ce jour, l’ensemble des communes participe à ce projet, certaines ce sont regroupées pour mutualiser leurs énergies. Des groupes se sont constitués et se retrouve le mercredi ou le samedi dans souvent dans un hangar prêté par un habitant, un ancien garage… C’est une dynamique fantastique, parents, enfants, grands-parents, personnes isolées s’active pour construire ensemble un char, des costumes.

« Dimanche 2 avril 2023, une pesée du carnaval sera faite sur la balance de Kan an Dour, avec un concours pour deviner son poids, sur le modèle de pesée de la bourriche.

Un concours décalé des chars offrira l’opportunité aux vainqueurs de remporter le prix du carnaval, un totem en bois ou en métal qui sera remis en jeu chaque année. Pinata géante, jongleurs, flashmob, reportage photo, scène ouverte, restauration… Les idées ne manquent pas pour faire de cette journée du 2 avril un grand moment festif » 

 

 

 

 

1Littéralement « minuscule maison » ou « micro-maison » : petite maison en bois sur remorque, donc déplaçable.

Elles sont conçues de manière à être autonome et permettre un mode de vie écologique tout en étant très fonctionnelle avec toutes les commodités de base.




Quand « toilettes sèches » rime avec innovation et initiative collective.

(Plume citoyenne) Nous sommes élèves en 2nde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne. Cette année, nous allons participer à un projet pédagogique mettant en lien plusieurs acteurs de notre territoire. En effet, nous allons réaliser des éléments de coffrage pour la mise en place de toilettes sèches à L’Ôôôberge, l’habitat participatif de notre commune. Au-delà de la fabrication de ces ouvrages, ce projet sera pour nous l’occasion de faire connaissance avec les différents acteurs et partenaires impliqués dans cette initiative. Nous documenterons ici nos avancées et nos rencontres via une série d’articles.

Article de Lucas, élève de 2nde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne.

 

L’Ôôôberge est un habitat participatif de 23 logements situé à Dol-de-Bretagne et construit par les résidents et par Emeraude habitation, l’Office Public de l’Habitat du Pays de Saint-Malo Agglomération. Ce projet basé sur le voisinage collectif et l’idée de « vivre ensemble, chacun chez soi » a permis aux résidents de penser coopérativement leur logement et leurs espaces communs. Dès le début, ils ont souhaité réfléchir à la question de l’assainissement afin de trouver des alternatives au tout-à-l’égout. En installant des toilettes sèches dans leurs habitations, les résidents de L’Ôôôberge ont ainsi poursuivi de façon logique leur démarche collective et écologique.

Dans un premier temps, ils ont d’abord réfléchi tous ensemble à l’équipement le plus adapté aux exigences de chacun et aux contraintes techniques de l’habitat collectif. Les résidents souhaitaient que les toilettes sèches ressemblent le plus possible aux toilettes à eau, qu’il n’y ait pas d’odeurs, qu’ils soient faciles à nettoyer, que les excréments ne soient pas visibles et que l’installation soit accessible aux personnes à mobilité réduite. Tout cela en facilitant le mode d’évacuation. Mais ce que les habitants avaient surtout à cœur, c’était de penser l’ensemble de la filière d’assainissement : de la fabrication des toilettes à la valorisation des déchets en passant par l’usage quotidien de l’installation.

Un système ingénieux pensé collectivement

Le système retenu est celui développé par l’entreprise Ecodemeo. C’est un système avec séparateur fonctionnant donc sans eau et sans sciure. Un tapis roulant entraîne les matières fécales vers un bac de collecte situé à l’arrière des toilettes. L’urine, quant à elle, coule par gravité vers l’avant du tapis pour ensuite descendre dans trois cuves de 5m3 enterrées dans le jardin. Ainsi, l’urine et les matières fécales peuvent être traitées distinctivement. Afin d’en faciliter l’usage, le tapis roulant fonctionne grâce à un moteur électrique de 12 volts, le même moteur que celui utilisé pour les essuie-glaces d’une voiture. Ce fonctionnement rappelle le principe de la chasse d’eau : en appuyant sur un bouton les excréments disparaissent. La VMC des habitations est connectée au bac de collecte situé à l’arrière des toilettes afin d’aspirer les mauvaises odeurs et d’assécher les matières fécales. Ce bac a d’ailleurs été pensé pour éviter les manipulations inutiles, pour préserver l’intimité de chacun grâce à son couvercle et aussi pour sécuriser le travail de collecte du maître composteur (poids du bac, pénibilité, risques professionnels…). Il permet de recueillir les matières fécales d’un foyer de quatre personnes générées sur un mois. Le maître composteur de l’association Compost’tout, récolte donc le contenu des bacs 1 fois par mois. En évitant l’ajout de sciure, ce système facilite le travail du maître composteur et réduit les contraintes et les manipulations pour les usagers.

Nous avons été agréablement surpris par ce système qui a fait évoluer positivement notre regard sur les toilettes sèches car oui, nous avions tous des aprioris. Le fonctionnement est ingénieux et respecte les souhaits des habitants tout en dépassant les contraintes techniques. Nous sommes admiratifs du fait que les résidents de L’Ôôôberge se soient regroupés pour réfléchir ensemble à ce système afin qu’il puisse convenir à tous.

Notre découverte du système de toilettes sèches avec séparateur

Source des photos : Lycée Alphonse Pellé

Le système installé dans une habitation

Source des photos : L’Ôôôberge, Expérimentation d’un assainissement cyclique sans eau, au sein d’un projet d’habitat participatif social, 2022, disponible en ligne : http://www.loooberge.org/?AssainissementEcologique

Schémas du système de toilettes sèches avec séparateur

Source de l’image : L’Ôôôberge, Expérimentation d’un assainissement cyclique sans eau, au sein d’un projet d’habitat participatif social, 2022, disponible en ligne : http://www.loooberge.org/?AssainissementEcologique




Assainissement : changeons notre regard et reconsidérons nos déchets.

(Plume Citoyenne) Nous sommes élèves en Seconde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne. Cette année, nous allons participer à un projet pédagogique mettant en lien plusieurs acteurs de notre territoire. En effet, nous allons réaliser des éléments de coffrage pour la mise en place de toilettes sèches à L’Ôôôberge, l’habitat participatif de notre commune. Au-delà de la fabrication de ces ouvrages, ce projet sera pour nous l’occasion de faire connaissance avec les différents acteurs et partenaires impliqués dans cette initiative. Nous documenterons ici nos avancées et nos rencontres via une série d’articles.

Premier article par Guillaume et Mathis, élèves de seconde Bac Pro Technicien Menuisier Agenceur au lycée Alphonse Pellé de Dol-de-Bretagne, accompagnés de Rachel Guitton, professeure documentaliste.

Vendredi 18 Novembre 2022, nous avons rencontré des habitants de l’Ôôôberge. Irène, Samuel et les deux François, qui nous ont accueilli dans l’espace commun. Cette rencontre fut l’occasion pour nous de découvrir le projet et l’histoire de cet habitat participatif et surtout d’en apprendre davantage sur l’assainissement et ses problématiques actuelles.

 

Les toilettes à eau, une révolution devenue un non-sens écologique

Les toilettes à eau que nous utilisons aujourd’hui ont été inventées au XIXe siècle et ont pour principe de fonctionnement, le tout-à-l’égout. A l’époque, puis tout au long du XXe siècle, ce système d’assainissement était considéré comme un véritable progrès ayant permis d’éradiquer des maladies et des épidémies comme celle du choléra. Or, nous découvrons aujourd’hui que ce système est un non-sens écologique notamment parce qu’il fonctionne avec de l’eau potable.

Très pratiques, les toilettes à eau ont l’avantage d’être faciles à utiliser, il suffit de tirer la chasse d’eau pour faire disparaître nos excréments. C’est confortable, hygiénique et ça préserve l’intimité. Mais ce système demande une logistique complexe et une consommation énergétique importante. L’usage des toilettes à eau souille 150 litres d’eau potable par personne et par jour1. Et les installations pour dépolluer et épurer l’eau sont coûteuses en énergie car concrètement, il s’agit tout de même de dépolluer environ 13 millions de mètres cubes d’eaux usées par jour ! Cette action de dépollution est compliquée et il persiste malgré tout une pollution résiduelle qui est évacuée dans les océans, dans la mer et dans nos rivières. Et puis, évidemment, les toilettes à eau représentent un coût financier pour les usagers (prix de l’eau potable, abonnement au réseau, impôts…).

Cependant, les toilettes à eau et le tout-à-l’égout restent dans l’imaginaire collectif un progrès essentiel qui a apporté beaucoup de confort à toutes les classes sociales. Pour bon nombre de personnes, il est impossible d’envisager une autre solution d’assainissement, les toilettes sèches étant alors perçues comme un retour en arrière.

Les toilettes sèches, bien plus qu’un enjeu écologique

Aujourd’hui, il est grand temps de repenser le modèle de nos toilettes et de se pencher plus attentivement sur le concept des toilettes sèches. En effet, grâce aux échanges avec les résidents, nous avons découvert que les enjeux de l’utilisation des toilettes sèches sont multiples et touchent différents champs de notre société.

Grâce à Samuel, nous avons découvert qu’en utilisant le tout-à-l’égout comme assainissement principal, nous perdions des ressources tout en générant des déchets. En effet, nos excréments et notre urine contiennent des nutriments (azote, potassium, phosphate…) très utiles en agriculture comme engrais et fertilisant. Ils deviennent alors des ressources naturelles indispensables pour nos sols. Il y a donc derrière la généralisation de l’assainissement écologique un enjeu agricole : prendre soin de nos terres, nourrir nos sols de façon écologique plutôt que de le faire avec des engrais chimiques polluants.

Ces derniers temps, l’épidémie de Covid-19 et, sur notre territoire, les épidémies de gastro dans les parcs à huîtres nous ont montré que le traitement de l’eau via les stations d’épuration et de potabilisation n’est pas efficace et arrive à saturation. De plus, l’épisode de sécheresse de 2022, nous a fait prendre conscience que l’eau potable est une richesse à préserver et qu’il devient donc illogique de la souiller et de gaspiller en tirant la chasse d’eau de nos toilettes. Nous sommes donc face à un enjeu de citoyen et à un enjeu de santé publique.

Et puis bien sûr, derrière la question de l’assainissement se cachent aussi des enjeux économiques, politiques et sociaux (être accessible à tous, culturellement, socialement, techniquement et financièrement).

Après cette matinée passée aux côtés des habitants de L’Ôôôberge, nous nous sommes rendus compte que développer l’usage des toilettes sèches, c’est s’engager dans une démarche de prévention des sols et dans une démarche de réduction de nos pollutions domestiques. C’est aussi réduire les risques sanitaires et considérer nos excréments non plus comme des déchets qu’il faut s’empresser de faire disparaître mais plutôt comme des ressources naturelles. Il reste cependant des freins importants à lever pour la généralisation de cet assainissement, notamment celui du tabou autour de nos excréments et celui des préjugés autour des toilettes sèches (odeurs, manque d’hygiène, retour en arrière…).

Dans un prochain article, Lucas vous présentera le système retenu et développé par les habitants de L’Ôôôberge pour équiper cet habitat collectif en toilettes sèches.

 

 

Pour aller plus loin : L’Ôôôberge, habitant.e.s du monde et aussi d’ici, Habitat participatif à Dol-de-Bretagne : http://www.loooberge.org/?PagePrincipale

Source des images proposées : Illustrations tirées de l’exposition Terr’eau 2016, graphisme Julien Revenu, https://www.terreau.org/Exposition-Terr-Eau-2016.html

 

1 Fabien Ginisty, Chiottes sèches à tous les étages, L’âge de faire, n°138, février 2019




MOTHERLOAD , la révolution du vélo-cargo

(Plume citoyenne) Le dimanche 22 janvier, c’est à Morlaix (29), que l’association APAV (A Pied A Vélo en pays de Morlaix ) organise un ciné-débat autour du film-documentaire « Motherload » de la réalisatrice Liz Canning. En partenariat avec La Salamandre, le cinéma du collectif SEW, il sera projeté à 15h30. La volonté de l’association est d’amener le public à se questionner sur les alternatives à la voiture individuelle, notamment la marche et le vélo, et à imaginer d’autres formes de mobilité, plus émancipatrices, conviviales et durables.

C’est en 2008, suite à la naissance de ses jumeaux, que la californienne Liz Canning s’est résolu à troquer son vélo contre une voiture censée être plus adaptée à son nouvel usage familial. Mais cette cycliste joyeuse et convaincue a vite déchanté…
Elle s’est rendue compte que ce nouveau véhicule ne lui convenait pas, qu’il n’était pas en accord avec son mode de vie, ses valeurs et même qu’il la rendait malheureuse !
Mais comment faire sans voiture pour continuer ses déplacements avec Rocko et Stormy, ses jumeaux qui grandissaient ?
Après quelques recherches Internet, elle découvre l’existence du vélo-cargo et d’une riche communauté américaine réunie au sein du Cargo bike Movement.
Enthousiasmée par ce mode de vie, Liz décide de réaliser un documentaire participatif sur ce mode de transport, qu’elle juge comme aussi révolutionnaire que ne fût au 19 ème siècle, celui de son ancêtre, la bicyclette. Dès 2011, elle commence à recueillir à travers le monde, du Danemark au Ghana, en passant par l’Australie, des centaines de témoignages d’utilisateurs et d’utilisatrices de vélo-cargos. Le résultat est sans appel, ils sont tous et toutes uniment convaincu.es, la vélorution du vélo- cargo est en marche !
Sorti en 2019, « Motherload » fait le tour de nombreux festivals dans le monde et remporte plusieurs prix, notamment un prix spécial du jury au célèbre festival américain de Sundance.

 

En Bretagne également, les vélo-cargos sont de plus en plus nombreux sur les routes.
Tristan, Émilie et Julien, respectivement menuisier, assistante maternelle et infirmier, utilisent le vélo-cargo dans leurs déplacements, professionnels pour les deux premiers et familiaux pour le troisième. Ils nous livrent quelques mots symboles de ce que cela leur a apporté : « liberté, efficacité, lien social, agilité, environnement respecté, activité physique, transmission de valeurs aux enfants, plaisir et combat… ». Des propriétaires visiblement enthousiasmés et qui ont renoncé à une voiture dans leur foyer . Et qui sont aussi devenus des militants actifs dans des associations de promotion du vélo au quotidien.

 

 

 

Au cœur de la Manufacture des tabacs de Morlaix, l’APAV proposera un temps d’échanges, de débats et de rencontres entre le public et des propriétaires passionnés de vélo-cargos. Vous aurez même la possibilité d’essayer différents modèles (longtail, biporteur …) dans le sublime écrin de la cour du SEW car nul doute que ce documentaire solaire, ode à la liberté retrouvée, vous aura donné envie de remiser votre voiture contre une bicyclette. « Motherload, kid tested, planet approved » !

 

Pour en savoir + :

site officiel : http://motherloadmovie.com/
FB : https://www.facebook.com/MOTHERLOADmovie2/
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCQg6vIR05Ng5i2pHk_1dM6A




Programme Plages Vivantes, une nouvelle approche pour préserver nos plages qui bordent notre Bretagne

(Plume citoyenne) Comment concilier la préservation des habitats du littoral tels que la laisse de mer et les activités humaines en maintenant une logique à la fois économique et respectueuse de l’environnement ?

Plages vivantes” est un programme de sciences participatives mené par la station biologique de Concarneau en lien avec le Muséum d’Histoire Naturelle pour inviter tout un chacun.e à observer la biodiversité des hauts de plages dans la «laisse de mer».  Pour beaucoup de touristes, une belle plage est d’un blanc immaculé, vierge de toutes algues. Pourtant ces paquets d’algues laissés par la mer à marée haute témoignent d’une plage bien vivante. 

Les observer permettra aux scientifiques de mieux analyser l’intérêt de ceux-ci et de mieux caractériser ce qui composent ces laisses. De plus, cela pourrait offrir une meilleure compréhension et des prédictions plus justes des effets des changements globaux et locaux qui ont un impact sur ce milieu. 

Les laisses de mer ne riment ni avec « sales » ni avec « laisser-aller ».

En effet, la laisse de mer est un écosystème à part entière, elle interfère dans la chaîne alimentaire de nombreuses espèces.  Il ne faut donc pas confondre algues vertes et laisses de mer ! Les apports massifs d’algues vertes sont le résultat d’un excès d’azote et de phosphore provoqué par les activités humaines, agricoles et non agricoles. Contrairement aux laisses de mer, elles n’ont aucun intérêt écologique et dégradent les écosystèmes côtiers. Leurs impacts visuels et olfactifs, préjudiciables au tourisme, conduisent très fréquemment les services municipaux à les évacuer.

Suivis naturalistes réalisés par les étudiant.es du lycée agricole de Suscinio, en Gestion et Protection de la Nature

Durant l’année 2022 – 2023, un groupe de 5 élèves en  BTS Gestion et Protection de la Nature ont réalisé un projet tutoré au côté de Géraldine Gabillet, chargée de mission environnement au CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement). Ce CPIE souhaite mieux connaître la qualité écologique des plages et du littoral du Pays de Morlaix. Particulièrement, il souhaite observer et étudier l’impact du nettoyage des plages ainsi que des activités de loisirs sur les espèces végétales et animales. Par conséquent, deux suivis naturalistes sur cinq plages différentes du littoral du Pays de Morlaix ont été réalisés. Ces suivis ont permis de récolter des données,  en vue de les enregistrer sur la base de données des sciences participatives. Les différents  protocoles ont été effectués sur  deux saisons différentes afin d’avoir des résultats comparables selon les périodes de l’année. Le premier protocole, ALAMER, permet grâce à des clés de déterminations simplifiées, de reconnaître les différentes espèces d’algues qui ont été déposées par la marée. Grâce à la participation d’un maximum de personnes (touristes, locaux etc…), les scientifiques sauront  dans quelle mesure les espèces d’algues de la laisse de mer sont différentes d’une plage à l’autre ou au cours des saisons. 

Le protocole dit OLAMER,  est encore expérimental et complémentaire du protocole précédent. Il est dédié aux oiseaux du littoral et plus spécifiquement de l’estran et sa laisse de mer qui constituent des habitats essentiels pour l’alimentation de nombreuses espèces d’oiseaux. Pour finir le protocole OSPARITO, est un programme ludique à destination d’élèves de cycles 2 et 3 pour étudier et s’approprier la problématique de la pollution marine. 

A travers un protocole scientifique développé autour de l’univers de l’enquête policière, les élèves participeront à la collecte de données scientifiques sur les déchets aquatiques. Néanmoins, ce protocole peut être décliné et simplifié: une simple collecte de déchets incitant chacun.e à en faire autant au quotidien. Finalement les résultats de ces protocoles apporteront des informations sur l’état de conservation des plages. En comparant les différents résultats, diverses interprétations seront émises. En comparant aussi ces données à des systèmes de références, elles faciliteront et contribueront à la prise de décisions des communes et autres collectivités locales. C’est pourquoi son évolution est fortement corrélée avec les activités humaines. Il est donc important et nécessaire de valoriser cet habitat pour répondre au changement climatique. 

Pour conclure le projet tutoré, les étudiants de Suscinio ont proposé à une école primaire de la ville Santec une animation autour des protocoles afin de sensibiliser les futures générations à l’importance de l’environnement et tout ce qui nous entoure en général.

 

 

Liens des protocoles : 

https://www.plages-vivantes.fr/alamer/edito/le-protocole-olamer

https://osparito.surfrider.eu/participer-au-projet/