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KuB’tivez-vous ! Sélection de mars – Spécial festival Pêcheurs du monde

Capture d’écran Women in fisheries : our stories, d’Alex Smalley (2020)

À l’occasion de la 13e édition du festival Pêcheurs du monde de Lorient, nous vous proposons ce mois-ci une sélection spécialement dédiée à l’évènement qui est actuellement organisé en ligne sur le site de notre partenaire KuB. Nous vous avons donc choisi 3 documents parmi les 22 films de la sélection officielle 2021. Ils sont tous à voir jusqu’au mardi 6 avril.

Fish & Men, de Darby Duffin et Adam Jones (2019 – 85’)

« Le poisson est pêché sur toute la planète, congelé à bord de chalutiers-usines, expédié en Chine, décongelé, transformé, re-congelé et on le renvoie chez nous dans les restaurants et les supermarchés… et personne n’en sait rien ». Rich, pêcheur à Gloucester, dresse ce terrible constat en introduction du film-enquête des deux producteurs américains Darby Duffin et Adam Jones. Les deux compères se plongent dans la « crise de la morue » et de la pêcherie en général aux États-Unis à travers l’étude du cas de la ville portuaire de Gloucester, dans le golfe du Maine, sur la côte Nord-Est du pays.

Dans le Massachusetts, la situation des femmes et hommes de la mer est critique : 5000 emplois et 830 bateaux ont été perdus depuis la fin des fastes années 1970. Mais pourquoi ? Surpêche, pêche industrielle, problème des prises accessoires (poissons rejetés directement à la mer bien que morts ou mourants), conflit pêcheurs-scientifiques et goûts simples et peu aventureux du consommateur sont les pistes mises en lumière dans ce documentaire.

Les deux enquêteurs rencontrent donc de nombreux hommes et femmes, acteurs ou observateurs de cette terrible crise pour en comprendre les enjeux et trouver des solutions. Au-delà du gros travail de terrain effectué, MM. Duffin et Jones reconstituent avec justesse l’histoire de la pêche à travers le prisme de Gloucester « le port de pêche emblématique » des États-Unis.

Le documentaire est conséquent mais parvient à constamment éveiller notre intérêt. Il met en lumière une facette des États-Unis qui fait rarement l’actualité dans nos médias. En bref, un film phare de ce festival Pêcheurs du monde.

Regarder ce film : https://www.kubweb.media/page/fish-and-men/.


Notre mer de déchets, de Anca Ulea et Morade Azzouz (2020 – 26’)

« Ce matin la chasse a été pas trop mal hein ! On a ramassé deux ballons, du polystyrène comme d’habitude, des bouts de plastique, des canettes… » résume l’un des bénévoles de l’association Opération mer propre qui œuvre ce jour-là sur la plage de la Brague à Antibes (Alpes-Maritimes). Malgré la lassitude et la tâche toujours aussi importante à laquelle il fait fasse, il continue de nettoyer avec conviction comme les fondateurs Joko Peltier et Laurent Lombard. Sur terre et dans l’eau, les deux hommes se sont donné pour mission « de retrouver la Méditerranée [qu’ils ont] connue 15-20 ans en arrière ».

Comme eux, ils sont nombreux à arpenter les côtes et les étendues turquoises de la mer la plus polluée d’Europe (chiffres Ifremer) pour la nettoyer. Les journalistes Anca Ulea et Morade Azzouz sont partis à leur rencontre, à Antibes, en Corse et à Grau-du-Roi, après le premier confinement de 2020. L’occasion de faire un point sur la situation critique de la pollution plastique dans cette zone. Aujourd’hui, 200 000 tonnes de plastiques sont déversées dans les eaux méditerranéennes chaque année. Et la conjoncture pourrait s’aggraver avec les « nouveaux déchets » liés à la crise sanitaire (masques, gants en latex…).

Mais ce documentaire n’a pas pour unique portée d’éveiller les consciences, il aspire aussi à donner espoir en montrant que des actions concrètes sont menées et qu’il est possible de faire partie de ce mouvement.

Voir ce documentaire : https://www.kubweb.media/page/notre-mer-de-dechets/.


Women in fisheries : our stories, d’Alex Smalley (2020 – 10’)

Dans le secteur de la pêche, la gente féminine est encore largement sous-représentée. Que ce soit au Royaume-Uni ou en France, les chiffres tournent autour de 30% de femmes engagées dans cette industrie. Mais un vent nouveau souffle sur la Grande-Bretagne où nous amène le réalisateur britannique Alex Smalley (université d’Exeter). Dans les Cornouailles, à Devon et à Pittenweem, il a rencontré, en 2020 après le premier confinement, quatre femmes qui sont aujourd’hui fières de leur réussite dans un domaine pour lequel certaines ne se destinaient même pas.

Kerensa, Emma, Sam et Elaine sont les quatre personnalités qui illuminent ce film de leur entrain et de leurs succès. Elaine s’épanouit pleinement en tant que marine-pêcheuse alors qu’à l’origine elle ne faisait que remplacer temporairement un compagnon de son mari. Elle dirige aujourd’hui son propre chalutier d’une main de maître. Aussi, Sam vit de son « rêve impossible » en étant aujourd’hui cheffe de l’autorité de conservation et des pêcheries côtières des Cornouailles, là où elle a grandi. Sur ces mêmes côtes, Kerensa prospère dans la négociation et la livraison de crustacés. Enfin, Emma s’enorgueillit des sept bateaux et de l’usine de transformation du poisson qu’elle dirige à travers ses deux sociétés dédiées aux crabes.

Ce court documentaire est d’une belle efficacité, authentique et porteur d’espoir. Il prouve l’importance des femmes dans l’industrie de la pêche en mettant en avant des profils variés et pertinents. De quoi changer certaines mentalités et pourquoi pas éveiller de nouvelles vocations.

Visionner ce documentaire : https://www.kubweb.media/page/women-fisheries-our-stories/.


Notre sélection de février : http://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-fevrier/.

Notre sélection de janvier : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-janvier/.

Notre sélection de décembre : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-decembre/.




L’association RespectOcean a un nouveau site internet pour mettre ses actions en valeur

RespectOcean, le réseau des acteurs engagés pour un développement économique durable en faveur de la protection des océans, a un tout nouveau site internet, pour permettre une navigation plus fluide.

Initiée en 2013 par Raphaëla le Gouvello, l’association RespectOcean promeut une « économie bleue plus durable », c’est-à-dire une activité économique liée aux océans, aux mers et aux zones côtières respectueuse de l’environnement. L’association s’emploie à fédérer et représenter tous les acteurs qui s’engagent pour ce développement économique plus durable.

« Il devient impératif de protéger, préserver et restaurer la santé des océans ».

L’association agit sur plusieurs points et mène plusieurs actions, dont l’identification et la promotion des bonnes pratiques et innovations des membres de l’association, la co-rédaction, révision et acceptation d’une charte commune d’engagement de tous ses membres, un accompagnement de ces derniers dans leur cheminement vers un développement durable, par une mise en réseau, des actions de concertation ainsi que des conférences.

Pour mettre en valeur toutes ses actions et faire vivre et animer le réseau de RespectOcean, l’association a un tout nouveau site internet. Mis en ligne le 22 janvier 2019, il a été entièrement refondu et modernisé afin de permettre une « navigation plus fluide, ergonomique et repensée afin que le site soit lisible sur un grand nombre de plateformes ».

Retrouvez-le ICI.




Un plaidoyer pour les pêcheurs, du Nord au Sud


CASI2014 Daniele Le Sauce Collectif Pêche et… par ecobretons

 

 

 

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Les ONG saluent l’engagement de la flotte d’Intermarché

Hier matin, à l’issue de plusieurs semaines de discussions, la Scapêche, BLOOM, un membre de la Deep Sea Conservation Coalition (une coalition de plus de 70 ONG) et le WWF France ont trouvé un accord, résultat d’un réel compromis : alors que le Parlement européen avait proposé une interdiction du chalutage profond au­‐delà de 600 mètres de profondeur, la Scapêche s’engage à arrêter, d’ici début 2015, de pêcher avec des chaluts de fond au-­delà de 800 mètres de profondeur.

D’autre part, la flotte d’Intermarché propose aux ONG de partager ses données de capture et de positionnement des navires (logbooks électroniques et données satellite) et d’entamer une collaboration à long terme avec elles. BLOOM, la DSCC et le WWF France accueillent favorablement cette décision de la flotte de pêche des Mousquetaires.
« L’engagement de la Scapêche prouve qu’ils ont entendu la demande des citoyens de cesser les pratiques de pêche destructrices en grande profondeur » réagissait Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM.

« C’est une bonne nouvelle pour la biodiversité, même si 800 mètres est encore trop profond par rapport à la vulnérabilité des espèces et des milieux océaniques à ces profondeurs, mais c’est un effort concret de la part de la Scapêche qui va vraiment dans
le bon sens. Nous espérons que le dialogue que nous avons rétabli nous permettra de travailler ensemble vers des objectifs plus ambitieux encore d’ici quelques années
» déclarait Philippe Germa, directeur général du WWF France. Le Conseil des ministres
européens de la pêche, qui a bloqué pendant un an et demi toute discussion sur le règlement pêche profonde, vient enfin d’ouvrir ce dossier. « Le fait que la première flotte française de pêche fraîche puisse s’engager à cesser le chalutage de fond au-­ delà de 800 mètres sans mettre en péril leur activité devrait rassurer la sphère politique, particulièrement inquiète de la préservation des emplois, et lui permettre de porter une position ambitieuse de la France en faveur de la protection de la biodiversité marine » commentait Claire Nouvian. “Nous attendons désormais des États membres de l’UE impliqués dans les négociations au Conseil qu’ils reconnaissent cette décision comme le signal clair qu’un règlement ambitieux pour l’encadrement de la pêche en eaux profondes est possible et réalisable, y compris une élimination du chalutage de fond en profondeur » déclarait Matthew Gianni, conseiller politique de la Deep Sea Conservation Coalition.

Les 28 Etats membres de l’UE doivent fournir par écrit leur position officielle sur le règlement pêche profonde d’ici le 14 février
2014. La Conférence environnementale de septembre dernier a acté que la position française serait rédigée en concertation avec les parties prenantes. Les ONG se tiennent prêtes pour poursuivre le dialogue.




Chalutier hybride : Les pêcheurs sortent la tête de l’eau

 La goutte d’eau qui fait couler le bateau

 Le projet Fish2éco-energy, ou l’expression du ras le bol d’un secteur délaissé qui décide de reprendre les choses en main. Tel est le sentiment de Thierrry Leprêtre, patron de pêche du projet Fish2éco-energy. Il explique, dans un communiqué : « si jusque 2008, les charges liées au carburant représentaient 20% à 25% du chiffre d’affaire, elles dépassent aujourd’hui les 40% ». Conséquences directes, les salaires des équipages se voient amputés, pour les « chanceux » qui réussissent tant bien que mal à faire perdurer leur activité, qui ne mettent pas pied à terre définitivement.

La pêche artisanale est dans le creux de la vague, et rien ne semble indiquer une quelconque avancée. Certes, les navires évoluent, on peut citer des innovations telles que l’allègement des navires, la conception des coques ou bien les logiciels embarqués, mais cela ne suffit nullement à palier les dépenses en carburant qui se comptent en milliers d’euros (un navire de 25 mètres consomme 10 tonnes de gazole par semaine, soit de 7000 à 9000 euros !) Alors lorsque s’effondrent les prix du poissons et que les quotas de pêche se voient diminuer, cela ne fait que précipiter le naufrage. On comprend mieux la frustration d’un secteur dénigré par l’innovation.

S’attaquer aux causes du problême

 Foucauld Desjonquères, qui contrôle et suit la mise au point de la motorisation hybride sur la Frégate, indique à son tour « pour répondre aux premières urgences, le projet Fish2EcoEnergy s’est fixé comme objectif de départ de baisser les charges liées à la motorisation avec une économie immédiate de 35 à 40% sur le coût du carburant. Concernant l’impact environnemental, la diminution des émissions de CO2 escomptée est fixée à 80%. »

Pour relever le défi, la frégate à été équipée d’une génératrice de 450kw. Alimentée au gazole, elle va laisser place au gaz naturel dès 2014. Des résultats directs, pour un projet évolutif. Jacques Bigot (Président de France Pêche Durable et Responsable) nous annonce que « le chalutier hybride pourra évoluer dans le temps. Il fonctionnera tout d’abord avec 75% de gaz naturel, et demain au moyen de piles combustibles, de l’éolien ? Dès 2014, le gaz sera complémentaire au fuel. Avec le gaz naturel, notre impact carbone est réduit de 90% par rapport au fuel. Il nous témoigne également que l’utilisation du gaz comme alternative au gazole est possible grâce à une «convention signée auprès de GRDF pour une installation de gaz naturel sur le port de Boulogne-sur-Mer qui deviendra un « port vert »

Economie oui , mais pas que…

Car outre l’aspect financier, comme nous l’indique Jacques Bigot, il faut aussi « répondre aux exigences environnementales de plus en plus pointues ». C’est donc également dans un soucis de préservation de l’environnement que le projet a pris le large. Les équipements de pêche, notamment le chalut, ont bénéficier d’améliorations. Il nous confie que « du côté des pertes de poisson, nous faisons en sorte d’instaurer des techniques de pêches alternatives via un programme de formation et communication auprès des pêcheurs. Le but est de rentabiliser l’activité sans pêcher plus, mais autrement. Toute une pédagogie est à développer auprès des professionnels de la mer ». Selon Eric Guyniec, Président de la coopérative maritime lorientaise, « les économies de carburant liées à l’utilisation des seuls nouveaux engins de pêche, évaluées à 15%, permettraient d’améliorer la trésorerie des entreprises. »

Guillaume Loth, jeune ingénieur chargé d’optimiser le rendements de chaluts, précise que « les innovations sur les chaluts permettent de conjuguer meilleure qualité de poisson et économies de carburant. Ces économies viennent s’ajouter à celles réalisées par la propulsion hybride. »

Redonner de l’espoir à tout un secteur

Le projet Fish2EcoEnergy se veut donc révolutionnaire,mais aussi nécessaire et exemplaire, selon le président de FPD&R, « la mission de notre association est, non seulement d’insuffler un nouveau souffle à la pêche française, mais aussi de se démarquer d’une attitude  »victimaire » dont souffre souvent les marins ». Il nous assure également que l’hybridation d’un navire est loin d’être utopiste : « pour les marins qui souhaiteront investir dans un chalutier hybride, il n’y aura pas de surcoût sinon en ce qui concerne la motorisation. Le moteur électrique alimenté par la génératrice fuel-gaz sera amortit sous trois ans. Et l’entretien est très inférieur à celui nécessaire pour les moteurs lambda. »

Né d’une initiative contestataire, ce projet concret de navire hybride ouvre les portes du possible. Il se propose de relancer la pêche artisanale en prenant en compte les contraintes, qu’elles soient économiques ou environnementales. Un coup de maître de la part d’un réseau, qui tourne une page de l’histoire nautique.

Un leurre pour adoucir le débat ?

Toutefois, « il ne faut pas se tromper de combat » nous témoigne François Chartier, responsable des campagnes pêches à Greenpeace « Ce projet de chalutier hybride est intéressant si il peut réduire son impact carbone par rapport aux chalutiers existants, grands consommateurs en carburants. Ceci dit, à l’heure du débat sur la pêche en eau profonde: ce chalutier ne réduit pas son impact causé sur les fonds marins. »

France Pêche Durable et Responsable assure, quant à elle, que le nouveau chalut est « sélectif et réducteur de trainée, entraînant une réduction de l’impact sur les ressources »

Le débat sur la pêche en eaux profondes étant engagé, il appartient maintenant aux politiques de trancher. Le projet d’hybridation d’un navire est une révolution technologique, mais son utilisation en tant que chalutier ne fait pas l’unanimité. Affaire à suivre.

 

Plus d’infos :

Site de France Pêche Durable et Responsable :

http://www.francepechedurable.eu/