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Bâtiment durable : le plan breton sur les rails

Pouvez-vous nous présenter ce qu’est le « plan batiment durable breton » ?

 

En Bretagne, la rénovation énergétique des bâtiments publics et privés est un enjeu important, car le secteur du bâtiment représente près de la moitié des consommations énergétiques de la région, et 23% des émissions de gaz à effet de serre. C’est aussi une filière économique source d’emplois pour la Bretagne. Le « plan bâtiment durable breton », démarche collective engagée avec les acteurs du secteur, permet d’apporter une réponse à ces deux enjeux, à savoir le défi de la transition énergétique et le soutien à la filière du batîment, sans oublier la question de la préservation du foncier.

 
 
Moins d’un an après le lancement de la démarche en avril 2013, où en est-on aujourd’hui ?

 

Huit groupes de travail se sont constitués. Les échanges ont permis de déterminer quatre grands chantiers : accélérer la rénovation énergétique, accompagner les mutations de la filière bâtiment, promouvoir une commande publique exemplaire, valoriser les ressources locales et financières des territoires. Nous allons par exemple mettre en place un appel à projet avec l’Ademe pour développer des projets du même type que « virvolt’ ma maison » dans le Pays de Saint Brieuc, mais étendus sur tout le territoire breton. Il s’agit d’impulser la mise en place de « guichets uniques » où l’on trouverait des conseils pour les particuliers, des infos sur les modes de financements, et de la mise en relation avec des artisans formés spécialement en rénovation durable.

Nous voulons également étendre les dispositifs de formation pour les artisans, et leurs formateurs, qu’ils soient justement reconnus garants en terme de rénovation durable et aient un label.

Il faut qu’il y ait une coordination, un travail en commun entre les différents acteurs et corps de métier, afin de déployer des formes de coopération sur tout le territoire, et ceci afin d’avoir des bâtiments performants énergétiquement.

 

 
Quelle importance a aujourd’hui, pour la Région, le secteur du logement, et du batîment, dans la démarche de transition énergétique ?

 

Le bâtiment est un secteur important sur lequel il faut agir, car il est un levier intéressant sur lequel on peut intervenir pour diminuer la production de gaz à effet de serre. Il permet aussi une transition de l’économie bretonne vers une économie plus respectueuse. Le secteur du bâtiment représente pas moins de 80 000 emplois en Bretagne.

Il est aussi lié à la question des ressources foncières, enjeu important pour la région. Il faut rénover ou reconstruire en prenant en compte les notions de redensification des centre bourgs et centre-villes, en évitant l’étalement urbain. L’Etablissement Foncier Public de Bretagne mène notamment actuellement en ce sens des expériences de revitalisation des bourgs, à Mellé (35) et Josselin (56).

Il s’agit de développer, avec tous ces projets, expériences et démarches, de nouvelles manières de construire, rénover, et habiter en Bretagne.

 
Plus d’infos

www.bretagne.fr/internet/jcms/prod_207175/ou-en-est-le-plan-batiment-durable-breton?lg=fr




Eco-quartier de Tréduder : « On apporte de la vie »

Quelle différence y a-t-il entre habiter dans une maison traditionnelle et habiter dans un éco-quartier ?

Bien souvent, dans un lotissement traditionnel les habitants ne se connaissent pas, même s’il peut se créer, au bout d’un certain temps, des liens d’amitiés et d’entraide. Dans un éco-quartier, cette l’idée de partage est primordiale. S’il y a des parties communes (jardin, espace jeux, bâtiments technique…), cet espace partagé conduit à des décisions conjointes ce qui est le cas ici. Ce qui est aussi fédérateur. D’autre part, on ne pense pas les habitations individuellement au départ mais dans une harmonie des formes, des couleurs, ou même des plantations. Dès la construction (si les habitations sont en auto-construction) l’entraide est présente par le biais des coups de mains réciproques, le prêt de matériel, l’achat de matériaux en commun, un espace jeux commun, plutôt que chacun ait une balançoire chez soi et un bac à sable, il peut aussi être intéressant d’avoir cet espace en commun, en limitant les frais, l’entretien, et surtout cette démarche fait plaisir aux enfants qui peuvent jouer ensemble.

Vous pointez les avantages à vivre dans un éco-quartier, mais n’y a-t-il pas aussi des inconvénients à la démarche ?

Vivre dans un éco-quartier ne peut évidemment se faire qu’avec des personnes déjà sensibilisées à cette forme d’échange. A mon sens, une personne trop individualiste y trouverait difficilement sa place et pourrait même y être source de conflits.
Dans la vie de tous les jours, comme on connait un peu la vie et les problèmes de chacun, on reste disponible sans s’imposer. On peut trouver chez ses voisins-amis ce qui nous manque, mais on ne va pas débarquer s’il a de la visite ou si on sait qu’il fait la sieste. L’avantage de vivre en éco-quartier se traduit aussi par les échanges possibles comme la garde d’enfants, les courses, le covoiturage, les légumes, les repas et le potager commun. Voire même nourrir le chat ou arroser les plantes pendant une absence. Cela fait trois ans maintenant que je vis de cette manière et je n’y vois que des avantages ! En ce qui concerne les inconvénients, je n’en ai pas encore trouvés qui soient assez significatifs pour être données. Je parlerais plutôt des obligations que cela implique et qu’il faut accepter au départ, comme le partage de l’entretien des parties communes : plantations, phyto-épuration, espace jeux, chemin d’accès, éventuellement bâtiment-laverie, congélateur ou éolienne…et des frais s’y rattachant qui sont de toutes façons moins onéreux à diviser à plusieurs.

Maison du voisin d’Annie Bozec à Treduder. © AR_BD

 

Avez-vous eu le sentiment d’être parfois considéré comme des marginaux ?

On a eu le sentiment d’être des extra-terrestres au départ, mais notre implication dans la vie de la commune comme les commissions communales, les fêtes, ainsi que l’ouverture de nos maisons aux visites nous a fait accepter par la majorité de la commune. On apporte de la vie. Ce qui n’est pas toujours le cas des habitants des maisons secondaires. Cette façon de vivre engendre une façon de manger, de se déplacer, de se soigner plus proche de la nature et de l’indépendance par rapport aux systèmes en place. Nous sommes dans l’ensemble impliqués dans la vie associative locale et souvent engagés politiquement. Une forme de citoyenneté découlant l’une de l’autre.

 

Plus d’infos

L’éco-lotissement de Kerdudal est privé. Les éco-batisseurs peuvent cependant accueillir les visiteurs sur rendez-vous.
Contact: Mr Herrou, 02 96 35 60 85.

Lien vers l’article : mieux vivre sans se ruiner

 

Nous ne vivons pas ensemble

On apporte de la vie

Un mode de vie plus soutenable

St Nolff voit vert

L’impossible éco quartier

Mieux vivre sans se ruiner

Quimper se lance dans les éco quartiers

 




Mal-logement en Bretagne : des indicateurs au rouge

Pouvez-vous nous donner quelques éléments sur la situation économique et sociale en Bretagne ?

 

La Bretagne est une région qui a une démographie particulièrement dynamique, qui attire du monde. La population a ainsi augmenté de 10% sur 10 ans. Parmi ces arrivées, on note la présence de jeunes cadres aux alentours de Rennes, ainsi que des retraités sur le littoral sud.

Dans le même temps, on peut faire quelques constats : après avoir été à l’abri quelques temps, le taux de chômage de la région rattrappe la moyenne nationale. Le nombre de demandeurs d’emploi bretons a ainsi augmenté de 16% entre 2012 et 2013. On note aussi une augmentation de la précarité, notamment du nombre de bénéficiaires du RSA, qui a progressé de 6,4% en 2012. Nous sommes au-dessus de la moyenne nationale.

Quelle est la situation globale concernant le mal-logement en Bretagne ?

 

La situation économique n’étant guère brillante, nous sommes entrés dans une dynamique de crise plutôt négative.

La situation de l’hébergement d’urgence en Bretagne est particulièrement critique. Nous n’avons pas de chiffres précis sur le nombre de personnes à la rue, mais nous savons par exemple que la Croix Roige a doublé le nombre de ses contacts auprès de ces personnes l’année dernière. C’est une évolution qui semble importante, surtout en deux ans. Il y a aussi une explosion de la demande dans les structures liées à l’hébergement, notamment concernant les familles et les jeunes. Une explosion qui a du mal à trouver une réponse. On sait ainsi que plus de 80% des demandes d’hébergement d’urgence dans le Morbihan en septembre 2013 n’ont pas trouvé de réponses. Le recours aux nuitées à l’hôtel est pratiqué couramment par les pouvoirs publics: il est en forte hausse. Cette solution est coûteuse et ne règle pas le problème. La situation est préoccupante sur ce point.

La création de logements sociaux en Bretagne est en augmentation de 1,65 % sur un an. Ce qui est bon signe, c’est qu’on commence à construire des logements plus petits, moins chers et mieux adaptés. Par contre, les demandes sont encore trop souvent insatisfaites. On a compté 53 000 demandes par an. En 2013, seulement 23 300 ont été attribuées. Il en manque 30 000, c’est un déficit relativement important. Des communes, qui ne respectent pas les 20% de logements sociaux obligatoires, ont également un effort à faire.

La situation des locataires s’est par ailleurs considérablement dégradée. Leurs ressources sont de plus en plus faibles, beaucoup n’ont aujourd’hui que le RSA, le logement pèse énormément dans les budgets.

Dans le parc privé, on constate que la production de logements est en recul de 6% sur un an. Les difficultés financières, combinées au durcissement des conditions bancaires, expliquent cela. Même chose chez les investisseurs institutionnels, qui se lancent moins dans les constructions. Mais dans le même temps, du côté des résidences secondaires, la situation est plutôt bonne, notamment dans les zones littorales sud.

L’habitat des gens du voyage est aussi à prendre en compte. Il manque des places et des aires d’hébergement, notamment dans le Finistère et le Morbihan. Leurs aspirations, différentes selon les personnes, ne sont pas assez prises en compte, par les municipalités notamment.

Et concernant « l’habitat indigne ? »

 

C’est une préoccupation essentielle dans la région. On estime en gros qu’il y aurait 70 000 logements insalubres en Bretagne. Il y a des incitations financières, notamment pour la rénovation. C’est pertinent lorsqu’il n’y a pas de gros travaux à faire. Mais lorsque les travaux sont plus importants, ces incitations sont insuffisantes, les propriétaires-bailleurs notamment ne les réalisent pas. En Bretagne, nous n’atteignons que 9% des objectifs fixés dans ce domaine.

Cela s’explique aussi du fait qu’il y ait un manque de personnel dans les services de l’état dédiés à ce domaine. Il y a peu d’arrêtés préfectoraux concernant l’insalubrité. L’action publique est encore trop faible dans ce domaine. Les Caisses d’Allocations Familiales pourraient aussi être plus présentes sur ce terrain, à l’image de ce que réalise celle d’Ille-Et-Vilaine qui contôle la décence de certains logements. Il faut mettre des moyens, et des outils.

Y-a-t-il des disparités concernant ces problèmes de mal-logement, et d’habitat indigne, sur le territoire breton ?

 

Saint-Brieuc et Lorient sont deux villes où l’on note une concentration plus remarquable de fragilités. La part de logements sociaux dépasse par exemple les 25% à Saint-Brieuc. Dans des agglomérations comme Brest, Vannes, ou Rennes, la concentration est moindre, il y a plus de mixité.

On note aussi qu’en milieu rural, le « mal-logement » est plus important. Il ya beaucoup de personnes âgées, isolées, aux ressources limitées, qui sont très attachées à leurs habitations, et qui ne vont pas voir les travailleurs sociaux pour demander de l’aide, car ce n’est pas dans leur culture. Des jeunes arrivent en zone rurale également, car ils ne peuvent pas rester en ville. Bien souvent ils investissent à la campagne, veulent faire des travaux. Certains calculent mal leur coup, et se retrouvent en difficulté financière, donc ne peuvent pas continuer ces travaux, notamment si leurs revenus diminuent. On voit des familles vivre alors dans une seule pièce, ou dans un mobil-home à côté de la maison.

En ville, le problème est différent. Il y a une inadéquation entre ressources financières et le coût du logement, notamment chez les jeunes, qui veulent habiter au centre-ville. Certains vont alors accepter des conditions de vie particulièrement précaires, dans des caves ou combles aménagés par exemple. On observe le même phénomène chez les travailleurs saisonniers venus sur le littoral.

Beaucoup de crédits sont mis sur les villes, alors qu’il y en a également besoin en zone rurale, notamment dans le Centre-Bretagne, qui semble un peu oublié. On risque de voir arriver une région à deux vitesses.

Avez-vous formulé des propositions suite à ce rapport ?

Nous avons émis quelques préconisations, comme par exemple la création et le renforcement des passerelles entre hébergement et logement, grâce à l’action d’associations qui pourraient sous-louer des logements par exemple. Cela permettrait de fluidifier les parcours résidentiels.

Il faudrait aussi davantage de production de logements sociaux, de plus petite taille, et à loyers abordables, et inciter les communes à remplir leurs obligations en
la matière.

Il serait nécessaire aussi de renforcer le volet coercitif dans la lutte contre l’habitat indigne, en donnant plus de moyens aux services de l’Etat chargés de le combattre. Sans oublier de porter des efforts envers l’hébergement des gens du voyage.

 

Plus d’infos

www.fondation-abbe-pierre.fr/




A Moisdon-la-Rivière (44), la maison autonome donne des idées…

Ils ont choisi l’autonomie énergétique il y a 17 ans. Pour y parvenir, Brigitte et Patrick Baronnet ont installé 6 m2 de photopiles sur le toit de leur maison à Moisdon-la-Rivière (44). Et une éolienne de 4m60 de diamètre qui culmine à 18m de haut dans leur jardin. A cela s’ajoutent des récupérateurs d’eau de pluie, des ouvertures au sud, des isolants naturels, un banc thermique…Une bonne dose d’ingéniosité et une réelle prise en main de leur consommation. « Nous consommons environ 1,3 kw/h d’énergie par personne et par jour. Il faut prendre conscience de ce que signifie un watt et aller régulièrement voir le compteur avec ses enfants » explique Patrick Baronnet, fier d’avoir « coupé le cordon ombilical avec EDF ». Il en va de même pour l’eau qui sert uniquement à l’alimentation, la douche et au lavage des vêtements. « Les toilettes sèches, pour certains, c’est une corvée. Pour nous, c’est un plaisir parce que ça a du sens » affirme Patrick. Et pour l’alimentation, outre les légumes sortis tout droit de la terre du jardin enrichie au compost, les Baronnet s’approvisionnent chez les producteurs bio du coin. « Changer son alimentation, c’est le premier acte politique que l’on puisse faire » note Patrick.

3 E, 3 piliers

Ce couple, devenu célèbre pour son engagement environnemental, poursuit la visite de sa maison dite des « 3 E ». Qu’est ce que c’est ? « Écologique, économique, entr’aide. C’est une maison où l’on retrouve les trois piliers du développement durable, en somme. Paille, laine de mouton, terre crue, chanvre, énergie solaire…les ressources locales sont immenses. Le coût énergétique est faible si il y a une proximité : le projet est cohérent  lorsqu’on prend en compte les ressources qu’il y a autour. Il faut créer du sens, une harmonie, une localisation de l’économie et ainsi repenser l’aménagement du territoire » estime Patrick avant de lâcher : « Faire son jardin, sa maison, être autonome est un acte hautement politique. Plus on travaille, plus on consomme, et plus on a besoin d’argent. L’autonomie passe par le changement de soi ». Des mots qui raisonnent dans les esprits des 30 visiteurs. « C’est facile à dire ! » dénoncent certains, regards tantôt admiratifs, tantôt curieux, envers ce Patrick Baronnet pour qui tout semble si simple. Il rétorque :« l’autonomie, par définition n’existe pas. Elle n’est pas possible, c’est une question de degrés, de nuances. On est dépendant de l’air, de l’eau, de la lumière, de la nourriture. L’homme n’est pas libre, mais libérable. Lorsqu’on a compris cela, l’environnement fait intrinsèquement partie de nous mêmes. Reste à choisir ses dépendances ».

La créativité est liée au bonheur

Il sait parler Patrick. Et il en a vu de toutes les couleurs, sur les plateaux télé, quand une journaliste le prenait pour un marginal. « Les 14 et 15 juin 1997, nous avons organisé un éco-festival à la maison. C’était l’un des premiers en France. Nous prévoyions de recevoir qu’une centaine de personnes. Et finalement plus de 5 000 individus ont franchi le pas de notre jardin. Un marginal fédère-t-il autant de monde autour de lui ? Autre chose, 80% des ressources de notre planète sont consommées par 20% des êtres humains. Alors que 20% des hommes consomment 80% des ressources naturelles. J’ai fait le choix de consommer comme les 80% d’êtres humains. Aujourd’hui, je vous pose à nouveau la question : est-ce moi, le marginal ? »

Une aventure vers l’autonomie…

La visite se poursuit dans un zome, une construction qui porte le nom d’une forme géométrique composée de losanges. Chez les Baronnet, le zome est constitué de 12 côtés, entièrement construits à partir de matériaux naturels, et peut accueillir plusieurs dizaines de personnes. Et le débat reprend. Économie, éducation, créativité, politique…Cela pourrait durer des heures, tant chacun a des questions à poser. Mais il est déjà temps de s’en retourner. Alors, avant de partir, certains emportent un ou plusieurs livres ou DVD signés des Baronnet, histoire de faire partager cette belle aventure pour l’autonomie, avec ceux qui souhaitent se lancer. Et puis, comme Greg Bradel disait, « on est puissant si on en a la conviction ».

 

Quelques conseils de Patrick et Brigitte…

-Quel est le secret de l’éolien ? Il faut qu’elle se mette en route avec un vent faible. Lors de votre achat, demandez sa courbe de puissance en fonction du vent : l’éolienne doit être sensible à la moindre brise. Si elle commence à émettre de la puissance à partir de 6 km/h de vent, c’est bien !

-Pour stocker l’énergie, les batteries sont essentielles. Pourquoi ne pas opter pour les batteries solaires ? Elles ont une espérance de vie de 35 à 40 ans.

-Adapter sa maison aux standards permet de réduire les coûts des matériaux…

-Faites capter la lumière du soleil par des briques de terre crue : elles diffusent la chaleur accumulée lorsque la température baisse.

-Pour purifier l’eau, n’hésitez pas à utiliser la pouzzolane, une pierre volcanique.

-Si vous désirez créer un banc thermique, incorporez des bouteilles de verre et une plaque de schiste noire pour attirer et conserver la chaleur.

 
Plus d’infos:

http://www.heol2.org/

http://www.nature-et-culture.org/




A Moisdon-la-Rivière (44), la maison autonome donne des idées…

Ils ont choisi l’autonomie énergétique il y a 17 ans. Pour y parvenir, Brigitte et Patrick Baronnet ont installé 6 m2 de photopiles sur le toit de leur maison à Moisdon-la-Rivière (44). Et une éolienne de 4m60 de diamètre qui culmine à 18m de haut dans leur jardin. A cela s’ajoutent des récupérateurs d’eau de pluie, des ouvertures au sud, des isolants naturels, un banc thermique…Une bonne dose d’ingéniosité et une réelle prise en main de leur consommation. « Nous consommons environ 1,3 kw/h d’énergie par personne et par jour. Il faut prendre conscience de ce que signifie un watt et aller régulièrement voir le compteur avec ses enfants » explique Patrick Baronnet, fier d’avoir « coupé le cordon ombilical avec EDF ». Il en va de même pour l’eau qui sert uniquement à l’alimentation, la douche et au lavage des vêtements. « Les toilettes sèches, pour certains, c’est une corvée. Pour nous, c’est un plaisir parce que ça a du sens » affirme Patrick. Et pour l’alimentation, outre les légumes sortis tout droit de la terre du jardin enrichie au compost, les Baronnet s’approvisionnent chez les producteurs bio du coin. « Changer son alimentation, c’est le premier acte politique que l’on puisse faire » note Patrick.

3 E, 3 piliers

Ce couple, devenu célèbre pour son engagement environnemental, poursuit la visite de sa maison dite des « 3 E ». Qu’est ce que c’est ? « Écologique, économique, entr’aide. C’est une maison où l’on retrouve les trois piliers du développement durable, en somme. Paille, laine de mouton, terre crue, chanvre, énergie solaire…les ressources locales sont immenses. Le coût énergétique est faible si il y a une proximité : le projet est cohérent  lorsqu’on prend en compte les ressources qu’il y a autour. Il faut créer du sens, une harmonie, une localisation de l’économie et ainsi repenser l’aménagement du territoire » estime Patrick avant de lâcher : « Faire son jardin, sa maison, être autonome est un acte hautement politique. Plus on travaille, plus on consomme, et plus on a besoin d’argent. L’autonomie passe par le changement de soi ». Des mots qui raisonnent dans les esprits des 30 visiteurs. « C’est facile à dire ! » dénoncent certains, regards tantôt admiratifs, tantôt curieux, envers ce Patrick Baronnet pour qui tout semble si simple. Il rétorque :« l’autonomie, par définition n’existe pas. Elle n’est pas possible, c’est une question de degrés, de nuances. On est dépendant de l’air, de l’eau, de la lumière, de la nourriture. L’homme n’est pas libre, mais libérable. Lorsqu’on a compris cela, l’environnement fait intrinsèquement partie de nous mêmes. Reste à choisir ses dépendances ».

La créativité est liée au bonheur

Il sait parler Patrick. Et il en a vu de toutes les couleurs, sur les plateaux télé, quand une journaliste le prenait pour un marginal. « Les 14 et 15 juin 1997, nous avons organisé un éco-festival à la maison. C’était l’un des premiers en France. Nous prévoyions de recevoir qu’une centaine de personnes. Et finalement plus de 5 000 individus ont franchi le pas de notre jardin. Un marginal fédère-t-il autant de monde autour de lui ? Autre chose, 80% des ressources de notre planète sont consommées par 20% des êtres humains. Alors que 20% des hommes consomment 80% des ressources naturelles. J’ai fait le choix de consommer comme les 80% d’êtres humains. Aujourd’hui, je vous pose à nouveau la question : est-ce moi, le marginal ? »

Une aventure vers l’autonomie…

La visite se poursuit dans un zome, une construction qui porte le nom d’une forme géométrique composée de losanges. Chez les Baronnet, le zome est constitué de 12 côtés, entièrement construits à partir de matériaux naturels, et peut accueillir plusieurs dizaines de personnes. Et le débat reprend. Économie, éducation, créativité, politique…Cela pourrait durer des heures, tant chacun a des questions à poser. Mais il est déjà temps de s’en retourner. Alors, avant de partir, certains emportent un ou plusieurs livres ou DVD signés des Baronnet, histoire de faire partager cette belle aventure pour l’autonomie, avec ceux qui souhaitent se lancer. Et puis, comme Greg Bradel disait, « on est puissant si on en a la conviction ».

 

Quelques conseils de Patrick et Brigitte…

-Quel est le secret de l’éolien ? Il faut qu’elle se mette en route avec un vent faible. Lors de votre achat, demandez sa courbe de puissance en fonction du vent : l’éolienne doit être sensible à la moindre brise. Si elle commence à émettre de la puissance à partir de 6 km/h de vent, c’est bien !

-Pour stocker l’énergie, les batteries sont essentielles. Pourquoi ne pas opter pour les batteries solaires ? Elles ont une espérance de vie de 35 à 40 ans.

-Adapter sa maison aux standards permet de réduire les coûts des matériaux…

-Faites capter la lumière du soleil par des briques de terre crue : elles diffusent la chaleur accumulée lorsque la température baisse.

-Pour purifier l’eau, n’hésitez pas à utiliser la pouzzolane, une pierre volcanique.

-Si vous désirez créer un banc thermique, incorporez des bouteilles de verre et une plaque de schiste noire pour attirer et conserver la chaleur.

 
Plus d’infos:

http://www.heol2.org/

http://www.nature-et-culture.org/




A Moisdon-la-Rivière (44), la maison autonome donne des idées…

Ils ont choisi l’autonomie énergétique il y a 17 ans. Pour y parvenir, Brigitte et Patrick Baronnet ont installé 6 m2 de photopiles sur le toit de leur maison à Moisdon-la-Rivière (44). Et une éolienne de 4m60 de diamètre qui culmine à 18m de haut dans leur jardin. A cela s’ajoutent des récupérateurs d’eau de pluie, des ouvertures au sud, des isolants naturels, un banc thermique…Une bonne dose d’ingéniosité et une réelle prise en main de leur consommation. « Nous consommons environ 1,3 kw/h d’énergie par personne et par jour. Il faut prendre conscience de ce que signifie un watt et aller régulièrement voir le compteur avec ses enfants » explique Patrick Baronnet, fier d’avoir « coupé le cordon ombilical avec EDF ». Il en va de même pour l’eau qui sert uniquement à l’alimentation, la douche et au lavage des vêtements. « Les toilettes sèches, pour certains, c’est une corvée. Pour nous, c’est un plaisir parce que ça a du sens » affirme Patrick. Et pour l’alimentation, outre les légumes sortis tout droit de la terre du jardin enrichie au compost, les Baronnet s’approvisionnent chez les producteurs bio du coin. « Changer son alimentation, c’est le premier acte politique que l’on puisse faire » note Patrick.

3 E, 3 piliers

Ce couple, devenu célèbre pour son engagement environnemental, poursuit la visite de sa maison dite des « 3 E ». Qu’est ce que c’est ? « Écologique, économique, entr’aide. C’est une maison où l’on retrouve les trois piliers du développement durable, en somme. Paille, laine de mouton, terre crue, chanvre, énergie solaire…les ressources locales sont immenses. Le coût énergétique est faible si il y a une proximité : le projet est cohérent  lorsqu’on prend en compte les ressources qu’il y a autour. Il faut créer du sens, une harmonie, une localisation de l’économie et ainsi repenser l’aménagement du territoire » estime Patrick avant de lâcher : « Faire son jardin, sa maison, être autonome est un acte hautement politique. Plus on travaille, plus on consomme, et plus on a besoin d’argent. L’autonomie passe par le changement de soi ». Des mots qui raisonnent dans les esprits des 30 visiteurs. « C’est facile à dire ! » dénoncent certains, regards tantôt admiratifs, tantôt curieux, envers ce Patrick Baronnet pour qui tout semble si simple. Il rétorque :« l’autonomie, par définition n’existe pas. Elle n’est pas possible, c’est une question de degrés, de nuances. On est dépendant de l’air, de l’eau, de la lumière, de la nourriture. L’homme n’est pas libre, mais libérable. Lorsqu’on a compris cela, l’environnement fait intrinsèquement partie de nous mêmes. Reste à choisir ses dépendances ».

La créativité est liée au bonheur

Il sait parler Patrick. Et il en a vu de toutes les couleurs, sur les plateaux télé, quand une journaliste le prenait pour un marginal. « Les 14 et 15 juin 1997, nous avons organisé un éco-festival à la maison. C’était l’un des premiers en France. Nous prévoyions de recevoir qu’une centaine de personnes. Et finalement plus de 5 000 individus ont franchi le pas de notre jardin. Un marginal fédère-t-il autant de monde autour de lui ? Autre chose, 80% des ressources de notre planète sont consommées par 20% des êtres humains. Alors que 20% des hommes consomment 80% des ressources naturelles. J’ai fait le choix de consommer comme les 80% d’êtres humains. Aujourd’hui, je vous pose à nouveau la question : est-ce moi, le marginal ? »

Une aventure vers l’autonomie…

La visite se poursuit dans un zome, une construction qui porte le nom d’une forme géométrique composée de losanges. Chez les Baronnet, le zome est constitué de 12 côtés, entièrement construits à partir de matériaux naturels, et peut accueillir plusieurs dizaines de personnes. Et le débat reprend. Économie, éducation, créativité, politique…Cela pourrait durer des heures, tant chacun a des questions à poser. Mais il est déjà temps de s’en retourner. Alors, avant de partir, certains emportent un ou plusieurs livres ou DVD signés des Baronnet, histoire de faire partager cette belle aventure pour l’autonomie, avec ceux qui souhaitent se lancer. Et puis, comme Greg Bradel disait, « on est puissant si on en a la conviction ».

 

Quelques conseils de Patrick et Brigitte…

-Quel est le secret de l’éolien ? Il faut qu’elle se mette en route avec un vent faible. Lors de votre achat, demandez sa courbe de puissance en fonction du vent : l’éolienne doit être sensible à la moindre brise. Si elle commence à émettre de la puissance à partir de 6 km/h de vent, c’est bien !

-Pour stocker l’énergie, les batteries sont essentielles. Pourquoi ne pas opter pour les batteries solaires ? Elles ont une espérance de vie de 35 à 40 ans.

-Adapter sa maison aux standards permet de réduire les coûts des matériaux…

-Faites capter la lumière du soleil par des briques de terre crue : elles diffusent la chaleur accumulée lorsque la température baisse.

-Pour purifier l’eau, n’hésitez pas à utiliser la pouzzolane, une pierre volcanique.

-Si vous désirez créer un banc thermique, incorporez des bouteilles de verre et une plaque de schiste noire pour attirer et conserver la chaleur.

 
Plus d’infos:

http://www.heol2.org/

http://www.nature-et-culture.org/