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Sur l’Ile Callot, on tente de freiner l’invasion des Griffes de sorcière

La Griffe de sorcière est l’une des plantes invasives qui concerne la Bretagne. Elle est source de menace pour la flore locale. Afin de freiner son expansion, des chantiers d’arrachage sont organisés, comme cela a été le cas les 5 et 6 octobre sur l’Ile Callot à Carantec (29), à l’initiative de Morlaix Communauté, du Département du Finistère, de la Mairie de Carantec et du Conservatoire Botanique de Brest. Deux classes de BTS Gestion et Protection de la Nature du lycée agricole de Suscinio de Morlaix y ont participé.

Carprobotus Edilis, ou bien Carpobrotus acinaciformis. Plus communément, « Griffe de sorcière ». Cette plante grasse et rampante au nom un peu étrange est originaire d’Afrique du Sud. Elle a été introduite en Europe dès 1680, dans des jardins de Leyden en Hollande. Avec sa forme originale et ses jolies fleurs roses pourpres ou jaunes, elle a du succès auprès des jardiniers. Mais au fil du temps, la Griffe de sorcière est devenue une plante invasive. Elle prolifère sur le littoral breton, sur les espaces dunaires et les falaises notamment, ce qui constitue une menace pour la biodiversité locale, en prenant la place et en « étouffant » les espèces endémiques. Les collectivités confrontées au problème essaient de trouver alors des réponses. C’est le cas par exemple de Morlaix Communauté, confrontée à une colonie importante de Griffes de sorcière sur l’Ile Callot, à Carantec. Depuis 2018, une opération d’arrachage est ainsi organisée chaque année avec la mairie, le Conseil Départemental du Finistère, le Conservatoire Botanique National de Brest et le lycée agricole de Suscinio. « L’année dernière, 18 tonnes de plantes avaient été arrachées », précise Benjamin Urien, du service biodiversité de Morlaix Communauté. Les deux classes de BTS Gestion et Protection de la Nature (GPN) du lycée de Suscinio, ont participé au chantier durant deux jours, les 5 et 6 octobre. « C’est une application de ce qu’on peut voir en cours, notamment en génie écologique », explique Suzanne, l’une des participantes. « En plus, cela peut être valorisé pour valider notre BTS ». Les plants de Griffes arrachés sont par la suite acheminés jusqu’à des bennes, avec une charrette tractée par un cheval, pour ensuite être compostés en déchetterie. «  Et les étudiants vont aussi planter des oyats, dans les espaces sensibles à l’érosion, car ils permettent de mieux maintenir en place les dunes», développe Benjamin Urien. Pour cette session 2022, ce sont ainsi 15 tonnes de plantes qui ont été arrachées de l’ïle Callot.

 

Ailleurs en Bretagne, les espèces exotiques envahissantes posent aussi problème

Hormis les Griffes de sorcière, d’autres plantes posent également problème dans la région. L’Observatoire de l’Environnement en Bretagne estimait en 2019 que sur 645 espèces non indigènes, 67 sont considérées comme « invasives avérées » et 53 comme « invasives potentielles ».

Certaines sont directement sorties des jardins et colonisent de nombreux milieux (bords de routes, littoral…) comme par exemple le Rhododendron, le Laurier-sauce, l’Herbe de la pampa, le Buddleia (arbre à papillons), le Cotonéaster… Certains secteurs de Bretagne sont concernés particulièrement par une plante : le Baccharis dans la ria d’Etel dans le Morbihan, la Jussie, le Myriophylle ou l’Elodée dans le bassin de la Vilaine, la Griffe de sorcière sur les côtes du Finistère…Des opérations d’arrachage sont régulièrement menées sur ses zones.

Certaines plantes, en plus du fait qu’elles constituent une menace pour la biodiversité locale, représentent également un danger pour l’homme. C’est le cas de l’Ambroisie, très allergène, de la Berce du caucase qui peut causer des brûlures au troisième degré lors d’un contact avec la sève combiné à la lumière, ou encore du Datura, plante toxique qui renferme des alcaloïdes et qui, si on la consomme entraîne hallucinations et intoxications.

Plus d’infos : https://bretagne-environnement.fr/liste-plantes-vasculaires-invasives-bretagne




Petit à petit, la transition énergétique sur les îles fait son nid

Depuis maintenant 10 ans, trois îles bretonnes de la mer d’Iroise, Sein, Molène et Ouessant, ont lancé des actions en faveur de la transition énergétique. Ces trois territoires, non raccordés au réseau électrique continental, visent l’autonomie en électricité grâce aux énergies renouvelables, dès 2030. Un projet qui avance pas à pas au gré des expérimentations et de la législation.

Sur l’île de Sein, le soleil brille encore ardemment en ce mardi de fin septembre. De bon augure pour les installations photovoltaïques, qui se sont développées sur les toits des bâtiments publics ou des logements, et qui représentent aujourd’hui 990 m2 pour une production annuelle d’environ 170 MW/h. En effet, cela fait maintenant 10 ans que Sein, à l’instar de ses voisines Molène et Ouessant, est engagée dans des actions de transition énergétique. Les trois îles ne sont pas connectées au réseau électrique du continent, et voyaient jusqu’ici leur production d’énergie se faire par des centrales à fioul. Un fonctionnement au très mauvais bilan carbone, mais aussi onéreux, car les coûts de production et de maintenance sont supérieurs sur ces territoires. Pression touristique, vulnérabilité face aux changement climatique, amenuisement des ressources…sont également des enjeux importants et obligent les îles à réfléchir à leur nécessaire transition. « Sein, Ouessant et Molène sont les territoires sur lesquels l’insularité se fait le plus sentir », explique Denis Palluel, maire de Ouessant. « Cela nous oblige à être inventif, il faut aller au delà du côté « vitrine » », complète-t-il.

Depuis une dizaine d’années, ces trois îles ont donc mis en place des actions d’économie d’énergie, de maîtrise de la demande d’électricité, et de développement des énergies renouvelables. Concernant la maîtrise de la consommation électrique, « La PPE (Programmation pluriannuelle de l’Energie), dont la première échéance est fixée à 2023, approche. Elle fixe différents objectifs », explique Emilie Gauter, chargée de mission énergie au sein de l’Association des Iles du Ponant (association qui regroupe les îles de Chausey, Bréhat, Batz, Ouessant, Molène, Sein, Saint-Nicolas-des-Glénan, Groix, Belle-Ile, Houat, Hoedic, Ile d’Arz, Ile aux Moines, Ile d’Yeu, Ile d’Aix, ndlr). «  En terme d’économie d’énergie, ils sont atteints, et même dépassés, pour Ouessant et Molène. Et Sein devrait suivre la même voie l’année prochaine. », précise-t-elle. Deux programmes de rénovation énergétique du résidentiel et du tertiaire, des opérations de remplacement des ampoules par des LED ou d’appareils de froid énergivores, ont notamment été menés ces dernières années. « La rénovation de l’habitat, ce n’est pas ce qu’il y a de plus spectaculaire, mais ça marche », soutient Denis Palluel. Attention cependant à « l’effet rebond » : avec la réhabilitation de l’habitat, beaucoup sont passés au chauffage électrique, via notamment des pompes à chaleur, ce qui pèse sur la production d’électrique. « Mais sans les actions menées les dernières années, les consommations des îles auraient sans doute régulièrement augmenté », affirme l’Association des Iles du Ponant.

Sein, Ouessant et Molène ont de l’ambition : dès l’année prochaine, elles ont pour objectif d’atteindre les 30% d’énergies renouvelables dans leur production électrique, et les 100% en 2030. Si sur Molène elles sont pour le moment peu développées, sur Sein le photovoltaïque solaire s’est bien implanté, notamment sur le centre nautique, l’écloserie, la gare maritime, la caserne des pompiers, et la mairie. Et une éolienne de 250W devrait être installée sur l’île avant la fin de l’année 2023, ce qui permettrait d’atteindre 60% d’énergie renouvelable annuel.

Sur Ouessant également, les panneaux photovoltaïques sont nombreux à orner les toitures. « On commence à avoir des résultats significatifs, mais ce n’est pas si simple que ça, avec les nombreuses contraintes administratives. », regrette le maire Denis Palluel, qui aimerait bien voir les délais se raccourcir pour l’installation de ce type d’équipement. La fameuse hydrolienne, qui a été remise à l’eau au printemps par Sabella, est toujours en phase d’expérimentation. « Ce n’est pas un long fleuve tranquille », avoue le maire. « On a eu des moments de découragement, mais la persévérance paie ». Sur Molène, la moins bien dotée en énergie verte, un projet de centrale photovoltaïque est dans les tuyaux, sur l’impluvium, qui fournit l’île en eau potable. A terme, l’installation de cette « ferme solaire » devrait couvrir 66% des besoins de l’île en électricité.  « La difficulté, c’est qu’il a fallu montrer que l’eau qui ruisselle sur les panneaux solaires peut être destinée à la consommation », déclare Didier Destalle, le maire de Molène. « En plus c’est une zone classée, il a fallu faire des modifications dans la destination du terrain ». Lui aussi souligne « Le mille-feuille administratif » qui « repousse la mise en place de ce type de projet ». Même si il y a du mieux depuis la modification législative de la loi Elan, en 2018, qui a permis des dérogations à la loi littorale pour mettre en place ce type d’installation. Pas à pas, les îles de la mer d’Iroise expérimentent. Et les solutions créés donnent même des idées à d’autres territoires insulaires, comme par exemple les Iles-de-la-Madeleine (archipel situé dans le Golfe du Saint-Laurent, au Canada).

 

Plus d’infos : https://www.iles-du-ponant.com/

 




Une soirée « ciné-débat » autour des Scop à Morlaix

Autour de la table : Emilie Cariou-Menes, de l’Adess Pays de Morlaix, François Kerfourn, auteur, et Jean-François Oulhen, de l’Urscop

Le Pôle ESS du Pays de Morlaix, L’Union Régionale des Sociétés Coopératives et Participatives de l’Ouest et le Club des anciens coopérateurs organisent le jeudi 29 septembre à 20h00 au cinéma La Salamandre à Morlaix un ciné-débat autour du film « Scoper » suivi de témoignages sur des scops finistériennes. A noter également, la présentation du livre « La démocratie nous réussit, histoire des Scops de l’Ouest de 1884 à nos jours », écrit par François Kerfourn et Régis Tillay.

Une Scop est une Société Cooperative et Participative, sous forme de SA, SARL ou SAS. C’est la seule coopérative « dont les membres associés sont les salariés », peut-on lire sur le site de la Confédération Générale des Scop. Parmi les grands principes qui régissent ce type d’organisation, on peut citer l’exercice du pouvoir de façon démocratique (un associé = une voix) et un partage des profits qui est équitable : une part pour tou.te.s les salarié.e.s, sous forme de participation ou d’intéressement, une part pour tou.te.s les associé.e.s, sous forme de dividende, et une part pour les réserves de l’entreprise.

Le fonctionnement d’une Scop est au cœur du film documentaire « Scoper », réalisé par Valérie Billaudeau, enseignante chercheure à l’Université d’Angers-Laboratoire Espaces et Société-UMR CNRS 6590. On y découvre la Sadel, qui est au départ une coopérative de consommation créée en 1955, en Anjou, afin de défendre les valeurs de l’école publique et la laïcité. Elle permet aux instituteurs d’acheter des fournitures scolaires. Aujourd’hui implantée sur toute la France, la coopérative est devenue un des fers de lance de la distribution de livres et de fournitures. Les fondateurs et dirigeants, en 2018, décide de transmettre l’outil aux salarié.e.s en transformant la Sadel en Scop. Elle se regroupe également avec une autre entreprise coopérative, la NLU, en Bourgogne. Aujourd’hui, la Scop, baptisée « SavoirPlus », regroupe plus de 200 salarié.e.s, dont 87% sont associé. Doutes, enthousiasme, réussites et coups de gueules rythment l’aventure des « scopeurs et scopeuses », dont on retrouve les témoignages tout au long du documentaire, qui donne l’envie de « scoper » !

La réalisatrice sera présente au cinéma La Salamandre à Morlaix, jeudi 29 septembre, pour une soirée ciné-débat autour du thème des Scop. Au programme également, la présentation de l’ouvrage « La démocratie nous réussit, histoire des Scop de l’Ouest de 1884 à nos jours », de François Kerfourn et Régis Tillay. Anne-Gaëlle Dauphin, de l’Acacia, coopérative spécialisée dans les maisons et extensions bois à Landeda, Bertrand Le Cop, d’Apallooza, scop agence de conseil en communication à Plouigneau, et Corinne Le Coz de la scop de peinture La Laborieuse à Morlaix, viendront également témoigner de leurs expériences.

 

Pratique :

A 20h, jeudi 30 septembre, cinéma La Salamandre à Morlaix (au Sew, à la Manufacture des Tabacs)

Entrée : 6 euros pour les adultes, 4 euros pour les moins de 14 ans.




Economie circulaire et insertion avec « Envie » à Brest

A Brest, le magasin-atelier de réparation et de vente d’électroménager d’occasion Envie a ouvert ses portes. La deuxième boutique bretonne pour ce réseau présent sur tout le territoire national, et qui est avant tout une entreprise d’insertion. Des portes ouvertes sont organisées vendredi 9 et samedi 10 septembre.

C’est à Brest, dans la zone d’activité de l’Eau Blanche, le groupe coopératif Ressources T-Envie a ouvert son deuxième magasin en Bretagne. Ce sont en fait trois nouvelles entreprises qu’on trouvera sur place : Envie Transport, Envie Electroménager et Envie Autonomie, le tout dans l’ancienne usine SDMO, sur une surface de 4000m2. « Envie est une fédération nationale qui compte actuellement 52 magasins en France », explique Sophie Courbarien, chargée de communication chez Ressources-T Envie, Scic bretonne qui regroupe quatre entreprises d’insertion par l’activité économique : Envie 35, Envie 2E Recyclage BretagneEnvie Transport Bretagne et Trocabi. « Notre objectif est de travailler à la réinsertion par l’emploi de personnes qui en sont éloignées : bénéficiaires du RSA, chômeurs ou chômeuses longue durée, migrants… », poursuit-elle. Le tout couplé à une démarche d’économie circulaire : en collectant des appareils électroménager en déchetterie ou auprès de distributeurs partenaires, en en remettant une partie en état en changeant des pièces et/ou en réparant, et les revendant ensuite à des prix accessibles. « Nous considérons que le gaspillage est une hérésie au vue de l’urgence climatique », assure Ludovic Blot, directeur général de Ressources T-Envie.

Sur le site brestois, on trouvera ainsi un magasin de vente d’électroménager de seconde main, sur 300 m2, à des prix de 40 à 70% moins cher que du neuf, et un atelier de réparation.

Envie Transport, activité de collecte, de regroupement et de tri des déchets D3E (Déchets d’Equipement Electriques et Electronique) est également présente, et opérationnelle depuis février. Et décembre devrait voir l’ouverture de Envie Autonomie, une autre activité d’Envie, consacrée au reconditionnement et vente d’aides techniques et équipements médicaux (fauteuils roulants électrique ou manuels, déambulateurs, lits médicalisés…). « Nous les récupérons auprès des Ehpad et des particuliers, et nous leur redonnons une seconde vie. Ils ont ensuite vendus, sous garantie, à destination des particuliers, sur prescriptions médicales », détaille Ludovic Blot. Une fillère qui répond à des enjeux « d’accessibilité, et d’augmentation des besoins, qui sont de plus en plus élevés ».

En attendant, Envie Brest, qui embauche pour le moment 16 salarié.e.s dont 10 en insertion, organise une opération « portes ouvertes » les 9 et 10 septembre. Au programme : visite des ateliers, grande loterie, atelier « fresque des possibles » avec Le Lieu Dit le vendredi 9 à 17h30 (incriptions obligatoires), et Repair Café le samedi 10 à partir de 14h, en partenariat avec la recyclerie Un Peu d’R.

Pour plus d’infos : http://www.ressources-t.org/

 


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A Concarneau, La Konk Creative lance un appel aux dons pour son futur tiers-lieu

La Konk Creative, tiers-lieu culturel mais aussi espace de coworking, atelier partagé, salon de thé et espace d’exposition, va ouvrir ses portes en Concarneau. Afin d’aider à l’équipement et à l’ameublement du bâtiment, un financement participatif a été lancé.

« Faire soi-même », mais aussi « Faire ensemble », tels sont les deux mots d’ordre de la Konk Creative, projet de tiers-lieu culturel qui va ouvrir ses portes prochainement à Concarneau, dans le quartier du Passage-Lanviec. Un projet né sous l’impulsion d’un collectif de citoyennes et de citoyens habitant l’agglomération, regroupés depuis 2019 dans une association de préfiguration. On trouvera dans le bâtiment, qui a été acheté en 2020 et dont la rénovation a débutée l’année dernière, plusieurs espaces : un atelier autour du « DIY » avec du matériel, une zone de coworking (travail partagé), un espace expo-vente autour de l’artisanat d’art avec des créatrices et créateurs locaux, et un salon de thé qui servira des produits bios et issus de circuits courts. « L’essence de la Konk Créative, c’est le partage et la transmission de savoir-faire autour des loisirs créatifs. L’idée est donc de réunir une communauté faite d’un côté de passionnés désireux d’échanger autour de leur passion avec, de l’autre côté, des amateurs souhaitant découvrir de nouvelles pratiques. », peut-on lire sur le site internet de l’association, qui est aussi complétée désormais par une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) baptisée « La Coop Creative », composée d’une quarantaine d’associé.e.s, qui exploitera le futur tiers-lieux, et d’une SCI pour la gestion du batiment.

Afin d’équiper le lieu en matériel pour l’atelier partagé, meubler le salon de thé, l’espace de coworking, les salles de réunion, et acquérir des matérieux pour le mobilier et la décoration, un financement participatif a été lancé sur la plateforme bretonne Kengo. Objectif : 10 000 euros. En contrepartie de leurs contributions, les donateurs pourront recevoir des objets fabriqués par la Konk Creative : carnet fabriqué à base de papier de récup’, bourse en chute de tissu, sac en voile de bateau recyclée…dans l’esprit du « faire soi-même » et « upcycling » qui caractérisent bien le projet.

 

Pour participer, direction la plateforme Kengo : https://kengo.bzh/projet/3940/equipons-la-konk-creative




NAEVUS, de Myriam Martinez, où l’impossible séparation du bon grain de l’ivraie

Plongée dans l’univers artistique  et le parcours de Myriam Martinez, plasticienne installée dans le Trégor finistérien, qui présente actuellement à La Virgule de Morlaix (jusqu’au 24 septembre), avec la complicité de l’artiste sonore Iomai : NAEVUS, sa dernière installation… d’une étrange et inquiétante beauté. Texte suivi d’un entretien audio.

Les œuvres céramiques de Myriam Martinez portent le sceau de rencontres à la fois fortes et fragiles. Des œuvres tantôt claires et collectives, comme l’installation sonore en porcelaine suspendue, TAMBOUR D’EAU*, qu’elle a réalisée avec les résident.e.s de l’établissement médico-social Saint Michel à Plougouvest. C’était entre 2020 et 2021, dans le cadre du dispositif « Jumelage solidaire – L’art dans la chapelle » de l’association morlaisienne Les Moyens du Bord, soutenu par la DRAC Bretagne (Direction Régionale des Affaires Culturelles), l’ARS (Agence Régionale de Santé) et du dispositif Culture Solidaire du Conseil départemental du Finistère. Une expérience humainement intense, en plein confinement sanitaire qui lui a permis de prendre le temps – auquel elle tient tant – de la rencontre avec les personnes, avec le lieu, et avec en point d’orgue une inauguration musicale sous la forme d’un concert improvisé par Myriam, à la flûte traversière et Christelle Le Faou, « chamane à la vielle à roue », dans la chapelle de la résidence.

Et puis des œuvres tantôt sombres et personnelles, telle que l’installation NAEVUS**. Présentée une première fois au cours de l’automne 2021 à la Galerie parisienne Grès, NAEVUS est, là aussi, le fruit hybride de rencontres fortes : avec en premier lieu, la proposition du musée de la Briqueterie, à Langueux dans les Côtes d’Armor, ainsi que le Centre d’art sonore Le Bon accueil – l’installation ayant été conçue et finalisée avec l’artiste sonore Iomai, binôme de Myriam au sein de leur collectif MIOM. Avec le lieu même, un atelier du musée qui se situe face à la mer dans un contexte très beau et très sauvage, mais marqué par la présence envahissante d’algues vertes. Avec enfin, un ouvrage qui l’a beaucoup portée au cours de sa résidence : celui de William Hope Hodgson, « La chose et les algues », relatant des histoires hallucinées de mer et d’hommes, entre fantastique et épouvante.

En un hiver de tempête, depuis ces entrelacs de rencontres et des profondeurs de la création toujours mystérieuses, sont venues à Myriam des idées de restes archéologiques humains, de matières en décomposition, de résidus se démultipliant jusqu’à l’envahissement, ainsi que l’envie de travailler sur des textures d’accumulation avec un rendu d’émail donnant un aspect mouillé, vivant. Celle aussi de ne pas aborder frontalement la problématique des algues vertes, mais de la rendre bien présente, en l’inscrivant dans les désordres croissants de l’anthropocène, avec sa langue d’artiste. Ainsi, dans une mise en condition la mettant « dans un état particulier de travail», Myriam a créé en mode intensif, durant 2/3 mois, 12 heures par jour non-stop, beaucoup de pièces, « toutes sorties dans une même direction».

Dans la présentation écrite de l’oeuvre, elle précise : « NAEVUS signifie en latin grain de beauté et maladie de la peau à la fois, la frontière entre les deux me permet de donner couleur à mes sculptures noires, dans leur expression. Les sculptures en grès noir sont point par point émaillées, ce qui donne l’aspect d’un épiderme visqueux et vivant. NAEVUS impose un paysage maritime qui survit au passage d’une vague, qui laisse derrière elle les restes d’une archéologie du vivant. Un retour à l’état de mollusque marin, qui pourtant est à notre origine. NAEVUS comme un point de Beauté qui demeurera après notre passage. »

L’exposition NAEVUS est visible jusqu’au 24 septembre prochain, à La Virgule, tiers-lieu culturel de la Ville de Morlaix (9, rue de Paris) : https://www.facebook.com/LaVirguleMorlaix/

Dans l’entretien audio qui suit, Myriam Martinez nous livre des éléments de son parcours artistique pluriel, de son installation en Bretagne après Perpignan puis Paris, de son goût à faire avec d’autres qui ne vivent pas dans les mêmes conditions que nous, de son regard d’artiste, empreint à la fois d’une belle étrangeté et d’une sourde inquiétude.

 

 

 

* Vidéo de l’installation TAMBOUR D’EAU : https://www.youtube.com/watch?v=rR13j2JgZwY&t=41s

** Vidéo de l’installation NAEVUS :https://www.youtube.com/watch?v=l8JYbxxZSfY&t=45s  Soutiens: musée de La briqueterie, Le Bon Accueil, La Drac Bretagne, Les Fonds Régnier pour la Création.

Crédit Photo : Myriam Martinez : https://www.myriammartinez.com/

 


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