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Allo le monde, Ici Bazar !

Reportage et interview réalisés par Marie-Emmanuelle Grignon et Laurence Mermet.

C’est au Mélar’dit, le bistrot-épicerie « et pas que.. .» que tiennent Margot Neyton et Florian Jehanno à Locmélar tout près des Monts d’Arrée, que nous rencontrons Cécile Gavlak et Alexis Voelin, les deux fondateurs de Ici Bazar, revue trimestrielle itinérante vraiment pas comme les autres. Ils y sont alors en plein reportage-immersion pour leur prochain numéro dont la sortie est prévue en avril 2022.

Cécile et Alexis font connaissance en 2008 à Genève en Suisse, au sein de la rédaction d’un journal régional. En 2015, ils décident de tout quitter pour partir en camion sur les routes. Au fil de leurs riches rencontres vient l’irrépressible envie de prendre à nouveau la plume et l’appareil photo pour réaliser des reportages, d’abord diffusés sur un blog auprès de leurs proches. Un thème s’impose à eux : le travail. Parcours professionnels, changements de carrières, passions, transmissions, sens du travail surtout, d’autres manières de travailler… sont quelques unes des thématiques qu’ils abordent en allant « à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent pour mettre ce qu’ils font en adéquation avec ce qu’il sont ». Ainsi naît la revue « Ici Bazar, un autre monde du travail », « de manière très spontanée ». Dès janvier 2018 avec le second numéro, elle devient trimestrielle. L’une de ses particularités, outre sa ligne éditoriale, est son itinérance : grâce au camion aménagé dans lequel le couple vit et oeuvre. La rédaction se fait sur la route, et les reportages, que ce soit en Bretagne avec laquelle Cécile et Alexis ont un lien particulier*, en France, en Suisse ou ailleurs, se déroulent en immersion durant dix jours. Et depuis septembre, la revue a intégré le dispositif Tag56, incubateur de l’économie sociale et solidaire à Lorient, afin de consolider son développement et d’étoffer son offre.

Une autre manière de faire du journalisme – narratif – et de voir le monde. C’est ce que Cécile et Alexis nous présentent lors d’un entretien audio que nous vous invitons à écouter. Il a été réalisé au Mélar’dit dont nous vous parlerons aussi prochainement.

* Le siège de l’association Ici Bazar est à Séné dans le Morbihan et la revue est imprimée chez Cloître, dans le Finistère. Plusieurs numéros sont le fruit de reportages en Bretagne dont le dernier paru, « Au souffle du troupeau, avec Marie-Eve et Pierre-Etienne Rault, éleveurs à Bubry dans le Morbihan ».

Photos : Le Mélar’dit et Ici Bazar.

Pour en savoir plus :

Le site de la revue Ici Bazar

https://www.facebook.com/revueicibazar

Le site du Melar Dit




A Morlaix, Le Buzuk passe au numérique

Depuis le 13 novembre, le Buzuk, la monnaie locale complémentaire du Pays de Morlaix, peut s’utiliser en version numérique, en complément ou à place du paiement en billets, grâce à une application gratuite pour smartphone. Un nouveau défi pour la monnaie qui fête ses 5 ans.

Depuis octobre 2016, on peut régler ses achats dans le Pays de Morlaix avec des billets de Buzuk, dans les commerces qui l’acceptent. Désormais, on peut utiliser également la monnaie locale complémentaire en version numérique ! Une nouvelle aventure pour l’équipe de bénévoles de l’association et pour son salarié, Nicolas Makeiew. Le Buzuk est devenue ainsi la deuxième monnaie locale bretonne à se lancer, après l’Héol à Brest-Landerneau. Cela fait plusieurs années que le lancement du paiement numérique était en gestation. « On est partis du constat que d’autres monnaies étaient passées au numérique, et cela avait permis de développer leur réseau », déclare Nicolas. D’autant que les paiements par espèces sont en perte de vitesse, au profit de ceux effectués par carte bancaire. « Notamment chez les jeunes », note le chargé de développement. « On espère ainsi que l’utilisation de la monnaie locale sera facilitée, pour ce type de public ». Les professionnels acceptant le Buzuk étaient également demandeurs. « Certains accumulaient les billets de monnaie locale, et cela devenait compliqué pour eux de payer leurs fournisseurs avec tout ce liquide. Et le numérique leur apporte aussi une sécurité en plus, et davantage de fluidité dans les échanges monétaires, car les virements sont désormais possibles », précise Nicolas. Le système qu’utilise la devise locale morlaisienne est celui qu’ont choisi une dizaine de monnaies en France, dont le célèbre Eusko au Pays Basque.

Concrètement, comment le Buzuk numérique fonctionne ? Il faut tout d’abord se créer un compte, via le site internet de la monnaie locale, et ne pas oublier d’adhérer à l’association. Ensuite, on doit définir un montant de change automatique mensuel, c’est-à-dire la somme en euros qui sera convertie en Buzuk chaque mois, et qui sera disponible sur le compte numérique. Pour utiliser la monnaie locale chez les professionnels qui l’acceptent, il faut alors installer l’application Buzuk (qui est gratuite) sur son smartphone, et pour payer, flasher le QRCode qui est disponible près de la caisse. « Le virement se fait alors instantanément sur le compte du commerçant, qui peut d’ailleurs suivre la transaction en direct »,souligne Nicolas. Une phase de test auprès de 30 prestataires, débutée en juin, a précédée le lancement officiel. Et les retours semblent positifs. Selon Nicolas, « Ce qui plait beaucoup aux commerçants, c’est le côté instantané de la transaction ». Reste maintenant à transformer l’essai auprès des utilisateurs du Buzuk. « Le plus gros défi, c’est d’avoir un nombre croissant de fidèles, tout va dépendre de notre capacité à fédérer ». Pour rassurer les plus frileux ou réfractaires à l’utilisation du Buzuk numérique, les billets sont et seront toujours en circulation. Car tout le monde n’est pas équipé de smartphone ou à l’aise avec ces nouvelles technologies, et d’autres tout simplement préfèrent utiliser les billets de la monnaie locale. Pour les personnes intéressées par le numérique, l’équipe du Buzuk sera présente sur le marché de Morlaix le samedi, jusqu’au 11 décembre, pour renseigner et procéder aux créations de comptes. Des animations sont aussi organisées, comme par exemple ce samedi 27, dans le cadre du week-end de collecte nationale des banques alimentaires. On pourra déposer au stand des fruits, légumes, produits frais ou secs, ou encore d’hygiène, qui seront ensuite redistribués à Roul’Paniers, l’épicerie sociale ambulante morlaisienne.

Plus d’infos : https://www.buzuk.bzh




En Bretagne, l’édition du Mois de l’ESS 2021 est lancée

C’est parti pour le mois de l’Economie Sociale et Solidaire ! Comme tous les ans, novembre lui est dédié. De nombreuses manifestations sont organisées un peu partout dans la région à cette occasion.

« L’économie sociale et solidaire n’est pas un secteur d’activité, mais une façon de faire et d’entreprendre qui rassemblent des organisations alliant performances, démocratie et utilité sociale ». Telle est l’ESS définie par la Cress (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire) de Bretagne. Elle repose sur des principes forts : une utilité collective ou sociale, un fonctionnement démocratique, et un modèle économique spécifique (pas d’actionnaires à rémunérer, les excédents sont prioritairement destinées au développement de l’activité).

Dans la région, l’ESS est un secteur fort puisqu’elle représente près de 15% des emplois bretons. Elle est même la première région de France pour la place de l’ESS dans l’économie, avec la présence de nombreuses associations, coopératives, mutuelles et fondations.

Durant tous le mois de novembre, l’ESS est à l’honneur, dans toute la France, avec « le mois de l’économie sociale et solidaire ». En Bretagne, 240 manifestations sont ainsi organisées, afin de sensibiliser le grand public à cette économie plus respectueuse de l’humain, et de montrer la diversité des acteurs de l’ESS dans la région. Cette année, le mois de l’ESS est partenaire du Festisol et du festival Alimenterre, deux autres temps forts de Novembre qui permettent ainsi de lier solidarité et transitions écologiques, économiques et sociales.

Dans les Côtes d’Armor, on pourra ainsi participer à une réunion d ‘information sur les opportunités d’emploi dans l’ESS au Pôle Emploi de Guingamp le 9 novembre à partir de 9h30, à un « apéro-papote » autour de la résillence du modèle de l’économie sociale et solidaire à Saint-Brieuc à la Biocoop La Gambille le 30 novembre dès 12h15, à une réunion d’information sur la création d’un groupement d’employeurs non fiscalisé en Centre-Bretagne, à la Maison de l’Emploi de Loudéac le 23 novembre à partir de 18h30.

Dans le Finistère, on pourra visiter Valouest, une structure de l’économie circulaire qui propose un service de collecte et recyclage des menuiseries extérieures en fin de vie, à Landerneau le 9 novembre. A Morlaix, l’association Luska organisera un groupe de parole de parents « Chantier parentalité », au centre social Carré d’As, le 20 novembre à partir de 10h. A Botmeur, on pourra randonner sous la lune, entre les crêtes de l’Arrée et les marais du Yeun-Elez, le 20 novembre.

En Ille-Et-Vilaine, on pourra assister tous les samedis à des « cafés-découverte » de la Breizhicoop, l’épicerie coopérative et participative de Rennes. A Guipry-Messac, un « café-installation » autour de la transmission agricole est proposé le 23 novembre, tandis que le même jour, une projection du film « Premier de cordée » est organisée à Saint-Méen-Le-Grand.

Dans le Morbihan, une braderie solidaire sera mise en place le 28 novembre à Kervignac, dans les locaux de Book Hémisphères. A Auray, une conférence sur l’écologie en Bretagne sera donnée le 18 novembre. Et à La-Roche-Bernard, on pourra découvrir le café associatif Le Pisse-Mémé, lors d’un café-atelier le 23 novembre.

Tout le programme du mois de l’ESS en Bretagne est disponible sur le site https://www.ess-bretagne.org/mois-de-less-2021-plus-de-230-evenements-en-bretagne-




Le Chemin du Don à Emmaüs

Il y a plus de 70 ans, l’abbé Pierre ouvrait sa « trop grande » maison à Autrui et lançait ainsi son mouvement : Emmaüs. Aujourd’hui, l’association est une pionnière de l’économie sociale et solidaire. Meubles, livres, vêtements et autres objets du quotidien transitent par milliers sur ses sites. Ils sont triés puis vendus pour faire vivre les communautés des Compagnons.  Nous les avons rencontrés à Brest pour comprendre le chemin du don à Emmaüs.

Dans la très paisible commune du Relecq-Kerhuon, en périphérie de Brest, des poules nous accueillent à la Communauté locale d’Emmaüs. Un petit village nous fait face où l’effervescence de l’entrepôt central contraste avec le calme des lotissements alentours. Tel est le cadre que les donateurs des environs découvrent en arrivant avec leurs objets.

Claire (50 ans) par exemple vient donner deux sacs-poubelle pleins de vêtements que son fils « a conservé depuis qu’il est tout petit ». « Ça me fait beaucoup de bien d’alléger mon intérieur ! » sourit-elle avant de confier plus sérieusement qu’il ne lui « serait même pas venu à l’idée de les mettre en vente »… « autant que cela profite ». Mais ces habits, comme le reste des dons, n’arriveront pas directement, ou même jamais, dans les salles de vente connues du grand public… c’est tout une chaîne du don qui se forme à chaque donation.

Au dépôt, une vie bouillonnante

Ce chemin commence au dépôt où tous les objets sont redirigés vers les ateliers spécifiques dans lesquels compagnons et bénévoles s’attellent à les trier, avant d’éventuellement les envoyer en magasin. À la Communauté du Relecq-Kerhuon, c’est Saliou (26 ans) qui dirige avec aplomb le premier tri des arrivages. Avec son chariot élévateur, il « fait la réception des donateurs » puis oriente les articles vers les sections du site leur correspondant.

Originaire de Guinée, Saliou dirige le premier tri au dépôt.

« C’est une véritable fourmilière, ça ne s’arrête jamais ! » s’enthousiasme Marie Raoul, encadrante technique et salariée d’Emmaüs qui nous fait le tour de la communauté. Voitures et camionnettes défilent en effet tout au long de la matinée, se mêlant aux véhicules et engins contrôlés par les compagnons. Et malgré tout ce chahut constant, Saliou & Cie parviennent à maintenir un espace de travail bien ordonné. On parcourt les divers rayons sans mal et on s’y retrouve aisément.

Ce qui frappe le plus en entrant dans le Dépôt, c’est certainement la « Montagne de linge », surnom donné par Marie à l’immense amas de vêtements que doit traiter l’équipe dédiée aux textiles. « C’est génial que les gens pensent à nous comme ça » commente-t-elle, « c’est très bien parce qu’on est toujours une référence en termes de dons et donc de recyclage ».

Les dons de vêtements ne manquent jamais !

Un tri primordial

De là, le tri commence. Il s’opère en trois étapes qui sont identiques pour chaque atelier du site. D’abord, on doit bien évidemment vérifier l’état de la marchandise. S’il est correct, direction les deuxièmes mains pour une mise au propre, voir raccommodage, avant d’être en attente pour un envoi en magasin. Mais si un produit n’est pas en condition de vente, il doit alors être mis de côté dans l’optique d’être malgré tout valorisé.

Pour cela des « accords de filières travaillés par Emmaüs France »  sont en place pour aider les Communautés dans leur démarche écologique. Ainsi, nous retrouvons Guyot environnement et son agence affiliée Estève, que nous avions rencontrée lors de l’opération ferrailles du FCCL, qui s’occupent de récupérer ferrailles et gravats. Autre partenariat important : Retritex. Cette « entreprise d’insertion » aide Emmaüs à garder les habits en mauvais état dans le cycle du textile. Ils sont notamment recyclés en fibre isolante ou envoyés vers l’Afrique pour aider les plus démunis.

Un des nombreux conteneurs remplis de vêtements pas en état de vente.

À l’atelier textile nous rencontrons Annick, 61 ans et bénévole à Emmaüs depuis « plus de 5 ans ». Elle s’épanouit au tri des vêtements qui représente « la source de revenu la plus profitable » pour l’association. Engagée de longue date dans l’économie sociale et solidaire, elle estime que « c’est assez égoïste de faire du bénévolat » plaisante-t-elle. « C’est qu’on se sent bien, sinon on ne resterait pas là. Le fait d’être utile, de rencontrer, que ce soit d’autres bénévoles ou des compagnons… On se sent valorisé à savoir qu’on fait une action utile à la société ». Pleine d’entrain, Annick est heureuse de donner de sa personne dans un cadre qui « évolue beaucoup ».

La salle de tri des vêtements est celle qui nécessite le plus de main-d’œuvre. Compagnons et bénévoles y coopèrent avec sérieux et efficacité. Une entraide nécessaire tant la tâche est longue et minutieuse. Marie explique qu’au-delà de la perpétuelle « Montagne de linge », « au niveau du rangement c’est un peu plus complexe parce que rien ne ressemble à rien ». Ensuite, Annick et ses camarades décident vers quelle salle de vente les articles doivent être orientés. La branche Finistère Nord d’Emmaüs a effectivement la chance de disposer de trois surfaces de vente sur son territoire : Brest, Morlaix et Plougastel. « On peut se permettre s’il y a quelque chose qui ne marche pas à un endroit, on peut l’essayer sur un autre… on peut essayer à droite à gauche » se réjouit l’encadrante technique.

Une multitude d’ateliers…

Mais Emmaüs, ce n’est pas seulement les fripes, c’est aussi des meubles, des bibelots, des bicyclettes, de l’électronique… L’association reçoit tout type d’objet, ce qui offre de nombreuses opportunités d’activités aux compagnons. Chacun peut ainsi exprimer ses compétences comme bon lui semble au service de la Communauté, à l’image de Daniel qui est aujourd’hui en charge des jouets après avoir été, à son arrivée, assigné à l’atelier des bibelots. « J’arrive à m’adapter partout » s’enorgueillit-il, « j’ai terminé ma carrière en tant que soignant en psychiatrie, puis l’heure de la retraite a sonné et je ne voulais pas me retrouver seul donc j’ai fait ma valise et je suis venu ici en 2018 ». Un parcours parmi tant d’autres à Emmaüs qui en fait sa richesse.

Daniel, « Notre plus grand enfant ! »

Un véritable archipel d’ateliers se dessine au fil de notre visite toujours guidée par Marie qui nous présente à Nico aux bibelots et instruments, à Gabriel au « petit électro » ou encore à Omar et Alex à l’atelier des vêtements. Mais certains îlots de l’archipel tournent régulièrement au ralenti, faute de bras. À l’atelier vélo, l’habituel « titulaire » du poste est en arrêt maladie et les nouveaux arrivages commencent à s’accumuler à la porte. L’occasion de rappeler qu’Emmaüs a toujours besoin de bénévoles !

… et de profils !

Mais comment faire vivre une telle collectivité ? À l’heure actuelle 41 adultes et 6 enfants, issus de 17 nationalités différentes, vivent sur le site du Relecq-Kerhuon. Avec tant de cultures diverses, il y a de quoi créer de nombreuses divergences au quotidien lorsqu’on partage des lieux de vie importants tel que le réfectoire. Mais ouverture d’esprit, bienveillance et organisation règnent. Marie nous explique ainsi que chaque semaine les « rôles ménagers » (cuisine, service, nettoyage…) sont répartis entre les compagnons de manière à ce que chacun soit impliqué dans la vie collective.

De plus, le cadre offert est des plus agréable : à quelques centaines de mètres, la rade de Brest s’étend donnant une très belle vue et un air vivifiant. Les compagnons sont aussi logés dans un petit village confortable : un ensemble de bungalows encadre un jardin très convivial, en face, le « Château » (une ancienne bâtisse à deux étages)accueille huit personnes et une famille qui auront bientôt la chance de déménager dans la nouvelle « résidence sociale » en construction. Un « gros projet » qui va permettre à la communauté d’ensuite rénover le « Château » explique Marie, heureuse de bientôt pouvoir proposer de meilleures conditions de vie aux compagnons.

Le « Château » trône majestueusement à l’entrée de la Communauté.

La Communauté du Relecq-Kerhuon est l’une des 119 réparties partout en France. Ces sites sont l’essence du mouvement Emmaüs, au sein duquel le don se vit intensément et se décline sous plusieurs formes. Que ce soit en donnant de sa personne, de son temps ou plus simplement un objet, chacun peut contribuer à faire vivre l’idéal de l’abbé Pierre.




Avec le « 3% asso », le Buzuk aide les associations de son territoire

La monnaie locale de Morlaix, le Buzuk, a mis en place un système vertueux permettant d’aider le tissu associatif local : Le « 3% asso ». Lorsqu’un utilisateur convertit ses euros en Buzuks, il choisir une association à soutenir, qui bénéficiera alors de 3% des sommes échangées par an. L’association morlaisienne En Vrac à l’Ouest est la première à bénéficier du dispositif.

Lancée en 2016, la monnaie locale complémentaire et citoyenne « Le Buzuk » s’utilise sur le Pays de Morlaix (Léon, Trégor, Monts d’Arrée), sous la forme de billets de 1, 2, 5, 10 et 20 Buzuks. Un Buzuk vaut un Euro. Les utilisateurs (qui sont obligatoirement des adhérents) peuvent échanger leurs Euros en Buzuks dans des « comptoirs de changes » répartis un peu partout sur le territoire, mais aussi sur les stands Buzuk sur les marchés ou lors d’événement. Une fois des Buzuks en poche, le citoyen peut alors procéder à ses achats dans des prestataires du réseau.

Depuis l’an dernier, la monnaie locale a lancé le système du « 3 % associatif ». Un dispostif qui permet de soutenir les associations du territoire. Le principe est simple : les adhérents ont la possibilité de parrainer une association du territoire, « qu’elle soit adhérente ou non, et de tout type », précise Lucie Knappek, salariée du Buzuk. Si 20 parrains sont comptabilisés, l’association recevra 3 % des Buzuks échangés par an par les parrains. Exemple : si un utilisateur convertit 100 euros, il recevra 100 Buzuks. Ses 100 Euros seront placés à la coop financière de la Nef pour soutenir des projets solidaires, il pourra dépenser ses 100 Buzuks chez les prestataires du réseau, et l’association qu’il parraine recevra alors 3 Buzuks. Ainsi, si une association a 20 parrains qui échangent 150 Euros par mois en Buzuks, elle recevra sur une année plus de 1080 Buzuks, qu’elle pourra dépenser dans le réseau. Ce parrainage, inspiré par ce qui fait dans le Pays Basque avec la monnaie locale l’Eusko, est financé par la commission de 4 % que les prestataires paient si ils convertissent leurs Buzuks en Euros.

C’est ainsi que l’association En Vrac à l’Ouest, qui promeut le zéro déchet sur le territoire morlaisien, vient de recevoir un chèque de 982 buzuks, grâce à 22 parrainages. « L’idée, c’est que l’association qui reçoit les fonds réinvestisse à nouveau avec la monnaie locale dans l’économie du territoire », souligne Lucie. Un cercle vertueux bien utile pour faire vivre les commerçants locaux, mais aussi les associations, dont beaucoup ont été durement touchées par la crise sanitaire.

Plus d’infos :

https://www.buzuk.bzh/le-buzuk/le-buzuk-soutient-les-assos




« Je n’avais jamais entendu parler du Service Civique », table-ronde avec Maëlle, Sylvano et Théo à Crozon

Lors du nettoyage de la plage de Kerloc’h. De gauche à droite : Théo, Sylvano et Maëlle.

Jeudi 24 juin, à l’occasion de notre avant dernière journée sur la presqu’île de Crozon avec Carré d’As, j’ai échangé avec trois de mes camarades à propos du Service Civique et de notre séjour. Tous trois issus d’associations différentes, ils m’ont offert une interview pleine de fraicheur et de pertinence.

Le « casting » :

  • Maëlle : 21 ans, Morlaix Animation Jeunesse (MAJ).
  • Sylvano : 19 ans, Carré d’As.
  • Théo : 25 ans, ULAMIR-CPIE.

Salut ! Pour commencer parlons de vos engagements : quelles étaient vos missions ? Dans quelle structure étiez-vous engagés ?…

Théo : Mon Service Civique s’est déroulé à ULAMIR-CPIE à Lanmeur. J’étais chargé de mission “animation sur l’environnement”. Donc avec ma tutrice on s’est beaucoup déplacé dans les écoles du canton où l’on mettait en place des animations en lien avec tout ce qui a attrait à la préservation de l’environnement, donc un peu comme ce que l’on a réalisé lors du nettoyage de plage. On a beaucoup travaillé sur des aires marines éducatives, donc observer la faune, la flore, les identifier et répertorier. Ça a duré 6 mois.

Maëlle : Moi mon Service Civique c’était au pôle gare EVC (Espace de Vie Sociale) de MAJ où mes missions étaient de suivre et aider ma tutrice. Donc je contactais les familles pour les prévenir qu’on faisait une permanence le vendredi et les inscrire aux activités qu’on proposait. Je suis très polyvalente, je n’avais pas vraiment de mission spécifique, j’aidais à toutes les activités : cuisine, création d’objets… Je me chargeais aussi de tout ce qui est papier : fiche de présence et d’inscription. J’ai commencé en novembre et je finis le 30 juin.

Sylvano : Moi j’étais en Service Civique à Carré d’As à Morlaix, j’étais avec Wilbert et Patrice. Nous c’était vraiment polyvalent, on pouvait choisir nos missions. Le mardi c’était plutôt un temps de regroupement où l’on faisait un point sur la dernière semaine et sur nos ressentis. J’étais beaucoup en binôme avec Maéva, quasiment tout le temps. Le mercredi nous étions tous les deux à la Ferme des enfants, moi le matin jusqu’à 15h et elle l’après-midi de 11h à 18h. Après le jeudi nous allions faire l’aide au devoir tous les deux le soir à MAJ. On a commencé en octobre. On a présenté aussi la précarité alimentaire chez les jeunes au cours des Assises départementales en novembre 2020.

Que vous ont apporté vos engagements ?

Théo : Ça m’a permis de mieux connaître le milieu et l’environnement car je ne suis pas d’ici. De plus m’impliquer dans l’associatif et de découvrir le réseau. Cela m’a aussi appris comment rédiger des courriers officiels. J’ai pris plus d’initiatives. Et j’ai un peu aidé les collègues de ma tutrice. J’ai pu découvrir le milieu marin de la baie de Morlaix, ce qui est très instructif.

Maëlle : La première chose que cela m’a apporté c’est de combler une année sabbatique. J’ai pu faire mon BAFA car on me l’a proposé. Ça m’a permis de devenir très autonome et de comprendre la société, de travailler dans une structure associative, de comprendre tous les engagements qu’il y a, etc.

Sylvano : Ça m’a apporté beaucoup d’autonomie parce qu’avant j’étais à la Garantie Jeunes. Pendant 6 mois on devait développer notre projet professionnel mais à cause de la pandémie ça a été quelque peu gâché. J’ai pu découvrir le milieu associatif, je n’avais jamais fait de ma vie des missions avec des partenaires. J’ai donc appris du monde du travail. J’ai pris des initiatives. Par exemple avec Maéva nous avons monté des projets : pendant la semaine de la petite enfance, pendant 1 mois, tous les mercredis et jeudis, on changeait de thème, ce qui nous poussait à aller plus loin dans nos recherches de livres. Le fait d’être un peu rémunéré c’est aussi une sorte d’autonomie dans le sens où je n’avais plus à me demander “comment vais-je payer ça ?”. Cela m’a vraiment aidé à avancer dans mes petits projets personnels.

Ça m’a permis de devenir très autonome et de comprendre la société.

Maëlle à propos de son engagement

Maëlle et Sylvano, vous m’avez dit que cela vous avait apporté de l’autonomie… est-ce qu’avant vous aviez déjà eu des expériences professionnelles ?

Maëlle : Moi j’avais travaillé dans un hôtel, en tant que femme de ménage, et avec mes études (accompagnement sur les services à la personne) j’ai fait plein de stages dans des EPHAD, des hôpitaux, des écoles primaires…

Sylvano : Moi j’étais en alternance dans 2 entreprises en horticulture : les plus grosses Roué Pépinières à Garlan et à Plouganou. J’étais en production et aussi en cours à Plabennec.

Théo : J’ai 25 ans et j’ai pas mal baroudé ! Dans l’animation, en classes découverte… j’ai commencé par deux années où j’étais animateur périscolaire au sein d’une collectivité et je faisais aussi des heures de ménage car j’ai un CAP Petite enfance. C’est l’animation qui m’a fait entrer dans l’autonomie car il faut suivre, il faut mettre en place des activités.

Est-ce que vous avez aimé vous engager ?

Sylvano : J’ai bien aimé m’engager auprès de structures et plusieurs personnes parce que je sentais que j’étais en peu redevable envers eux car ils m’accueillaient. Donc je ne m’engageais pas uniquement car j’avais un contrat mais parce que je devais aussi prendre du temps, être actif, je devais prendre des initiatives. Ce Service Civique m’a poussé à aller plus loin, même si je n’ai pas peur d’aller vers les gens.

Maëlle : Oui ça m’a plu, sachant que je vais à MAJ depuis que je suis toute petite. Donc quand j’ai eu l’opportunité, je me suis dit que c’était le moment de les remercier pour tout ce qu’ils m’ont apporté avant ce Service Civique. Et même je trouve que c’est une belle chance quand on ne sait pas trop quoi faire ou bien où aller. C’est un engagement qui nous servira plus tard.

Théo : Je les remercierai car ils m’ont accueilli alors que je viens de loin (Toulouse) et l’ambiance était bonne. Un peu comme ce que mes deux camarades ont dit !

Ce Service Civique m’a poussé à aller plus loin.

Sylvano sur son expérience

Rebondissons sur ce qu’a dit Maëlle : que pensez-vous du Service Civique en lui-même ?

Maëlle : Je pense que quand tu ne sais pas quoi faire, c’est un bon tremplin pour un futur proche. Et comme tu l’as dit Sylvano, l’aspect financier aide. Tu commences à rentrer dans une vie active, même si plus tard tu reprends les études ou fais complètement autre chose. Ça peut convenir à tout le monde !

Théo : Oui exactement !

Sylvano : Quelqu’un qui a Bac+3, des grosses études et qui se dit qu’il a envie de voir autre chose… Mais il faut vraiment de la motivation ! C’est un engagement auprès de quelqu’un, mais aussi avec nous-même ! Sauf que n’est pas tout le monde malgré tout qui va se lever et aller aider les autres. Donc pas forcément pour tous…

Pensez-vous que certaines choses pourraient être améliorer dans les Service Civique ?

Sylvano : Le renseignement ! (Maëlle et Théo approuvent unanimement) Avant que j’aille en mission locale, je n’avais jamais entendu parler du Service Civique de ma vie, alors que c’est quelque chose d’important. Ça te pousse dans la vie active, c’est un pilier important pour certaines personnes ! Et le fait qu’on ne t’en parle pas, je trouve ça nul. C’est quelque chose d’important, ça peut être un bon tremplin dans ta vie et c’est une chance d’avoir ça. Plus en parler ce serait bien mieux parce qu’aujourd’hui c’est un peu “c’est bien, faites-le” mais on nous dit pas trop qu’il y a ça.

Théo : J’allais dire la rémunération ! (Rires) Non mais je rejoins clairement mes deux camarades. Comme eux, je n’en ai pas entendu beaucoup parler quand j’étais scolarisé.

Ça te pousse dans la vie active, c’est un pilier important pour certaines personnes !

Sylvano à propos du Service Civique

Pensez-vous continuer à vous engager dans le cadre associatif ou autre après ?

Théo : Oui, peut-être dans le culturel, pas forcément dans l’environnement. J’avais déjà un peu cette envie avant.

Maëlle : Moi je vais continuer à MAJ. J’y suis engagée, je compte y rester !

Nous sommes donc à la fin de notre projet “D’une mer à l’autre”, comment l’avez-vous vécu de l’annonce à aujourd’hui ?

Sylvano : Cela a été plein de rebondissements ! De base c’était l’année dernière qu’ils devaient partir à la Réunion mais ça a été annulé à cause du coronavirus. Ensuite on nous a dit qu’on irait “probablement” à la Réunion. Puis ça a été annulé et donc au final on est allé à Crozon. Mais c’est tout aussi bien, je n’avais jamais été dans ce coin-là et je trouve que c’est très joli et que ça change de Morlaix ! Même si ce n’est pas la Réunion “l’île paradisiaque”, ça me plaît d’être ici et je suis avec des gens gentils et sympas !

Maëlle : Moi je suis d’accord avec toi Sylvano ! Je suis contente d’être là et pourtant j’étais un peu réticente face au projet parce que je devais venir seule. Même pour le celui de base parce que je ne connaissais personne et donc je me disais “mince, je vais partir loin avec des gens que je ne connais pas… si ça ne se passe pas bien, comment est-ce que ça va se passer pour moi ?”. Mais au final, je ne regrette pas d’avoir continué.

Théo : C’est très bien, c’est très vrai ce que tu dis Maëlle ! Parce que ça s’est senti, au début tu étais plus réservée et là ça va hyper bien ! Moi je m’étais un peu préparé car ils nous avaient répété que ce n’était pas sûr pour la Réunion. Même si je suis très déçu… c’était bien qu’on puisse quand même partir. Et finalement c’est bien qu’on ne soit pas tant que ça car si on avait un peu plus nombreux peut-être que cela aurait été moins bien. J’ai trouvé que quand on était plus, on avait du mal à s’organiser, notamment au niveau de la prise de parole. Je l’ai beaucoup ressenti quand on discutait sur Discord pour organiser les activités. J’ai remarqué que certains avaient du mal à exprimer ce qu’ils voulaient faire.

C’était bien qu’on puisse quand même partir.

Théo sur le changement de destination

Avez-vous bien aimé le principe qu’il y ait plusieurs jeunes de différentes associations invités dans le projet ?

Théo : Complètement ! On a pu découvrir ce qu’ils faisaient dans leur structure et c’est très intéressant !

Sylvano : Ça apporte de la fraicheur, on est neuf mois avec toujours les mêmes personnes et partir avec des nouveaux ça change la chose !

Théo : On apprend à se connaître !

Qu’avez-vous aimé et moins apprécié au cours de cette semaine ?

Théo : Le baptême de plongée était excellent ! Je n’avais jamais fait ça. C’est vrai qu’au début j’étais un peu en galère, je n’arrivais pas trop à marcher… mais ça aide beaucoup à contrôler sa respiration, même si je n’ai pas vu beaucoup de poissons. Sinon le kayak je n’ai pas trop aimé ! Ça tanguait pas mal ! Dans mes souvenirs ce n’était pas comme ça, c’était plus tranquille ! Et en plus je suis allé plusieurs fois dans les rochers, ce n’était pas très agréable ! (Rires)

Sylvano : Moi j’ai adoré le kayak ! C’était la première que j’en faisais, tout comme le reste des activités nautiques. La plongée j’ai adorée aussi, j’ai vu plein de poissons !

Maëlle : Moi la chose que j’ai le moins apprécié c’était la plongée parce que je n’ai pas réussi et en plus la météo était mauvaise. Et le truc que j’ai le plus aimé… bah j’ai tout aimé ! Surtout la visite d’hier de toute la presqu’île, le kayak aussi et les jeux de société !

Sylvano : C’était trop bien !