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Avec la Volumerie, les expos se réutilisent et ont une nouvelle vie

Dans le cadre de notre série estivale de « repassage », nous publions à nouveau cet article.

A Broons, dans les Côtes d’Armor, la Volumerie, agence-atelier de scénographie, réutilise des anciennes expositions pour créer de nouveaux aménagements pour des espaces culturels et pour des commerces « à forte identité ». Une démarche d’économie circulaire unique en France.

Dans la campagne costarmoricaine, entre Rennes et Loudéac, sur une petite route de la commune de Broons, un grand hangar rénové avec du bois attire l’attention de l’automobiliste venu s’aventurer jusque là, au lieu dit La Mare Pechard. C’est là que sont installés les 200 mètres carrés de l’atelier de la Volumerie. Cette agence de scénographie conçoit mais fabrique également des « aménagements pour des espaces culturels et pour des commerces à forte identité », explique Alexandra Legros, désigner-scénographe de formation, co-fondatrice et directrice de l’entreprise. La Volumerie, entreprise de six salarié.e.s qui existe depuis 6 ans, a ses bureaux à Rennes, dans des bureaux partagés avec des travailleurs indépendants, et son atelier ici à Brons, depuis septembre 2017. Une installation en campagne qui permet d’avoir de l’espace pour fabriquer des éléments de mise en scène d’exposition ou d’événementiel, en éco-conception.

Mais la particularité de la Volumerie, c’est de réutiliser des matériaux issus d’anciennes expositions. «Nos matières premières sont dans les bennes des musées ! Il faut savoir que dans le cas des expositions temporaires, une fois finies, les éléments vont soit être stockés dans un coin et oubliés là, soit être jetés », précise Alexandra. « Nous, on les récupère, et on garde tout ce qui est bois, métal, panneaux graphiques imprimés…dans le but de le réutiliser. Si ce n’est pas possible, on donne ou on vend à prix solidaire ». Si la Volumerie est reconnue pour son expertise en tant que scénographe, c’est la seule agence en France a faire ainsi de la récupération. Une aubaine pour les musées. « Notre but, c’est aussi de leur faciliter la vie », souligne Alexandra, qui ajoute aussi que son entreprise récupère « les boites de transport des œuvres, qui sont en bois ». Et les gisements sont importants. En guise de test logistique, une exposition temporaire du Musée de la Banque de France a ainsi fini ses jours auprès de la Volumerie « Il a fallu trois semi-remorques pour la transporter, ce qui représente l’équivalent de 110 mètres carrés au sol ! », dévoile Alexandra.

Suite au démantèlement des expos, les matériaux collectés sont ensuite stockés dans le hangar de la Volumerie, qui les réutilise alors pour de nouveaux projets (une trentaine par an) fabriqués par les deux menuisiers de l’équipe. Ce sont eux également qui sont présents pour guider les adhérents à l’association dans leur utilisation des machines. Car le hangar de la Volumerie est ouvert au public, qui est invité à y venir bricoler. Dans le même esprit, un FabLab est également en place. « Notre objectif, c’est aussi de créer une dynamique locale, d’ouvrir le lieu au public, de le faire venir ici », assure Alexandra, qui gère aussi un dépôt de la « Ruche qui dit Oui », qui permet aux consommateurs de venir chercher leur panier dans le hangar. Celui-ci devrait par ailleurs s’agrandir prochainement, car la place commence à manquer ! A venir, un espace complémentaire de 500 mètres carrés, permettant le démantèlement et le stockage d’encore plus de matériaux. Et l’embauche de menusiers supplémentaires pour compléter l’équipe…

 

Plus d’infos : www.lavolumerie.fr




ACcostage Climatique, la jeunesse sur le pont entre Morlaix et Trébeurden !

Entre le 17 et le 23 juillet prochain, un équipage d’une douzaine de jeunes bénévoles de l’association Avenir Climatique va naviguer en mode bas carbone à la voile et accoster entre Morlaix et Trébeurden pour sensibiliser, à chaque étape, petits et grands de manière concrète, conviviale et ludique aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux. Sera également du voyage, une personne pratiquant la langue des signes (LSF).

Accostage Climatique est un projet créé par des membres de l’association Avenir Climatique – principalement composée d’étudiant.e.s et de jeunes actif.ve.s aux profils variés, qui ont envie d’agir d’une manière concrète et optimiste pour les enjeux cruciaux que sont le climat et l’énergie – avec pour objectif d’allier voyage bas carbone et sensibilisation. Aussi, quoi de plus logique pour l’équipage que de naviguer sur deux bateaux de l’association Bella Ciao & co-navigation porteuse d’un projet de tour de l’Atlantique en voilier, humanitaire, écologique et social (1) : le Bella Ciao et le Petit Prince.

Après a voir sillonné les côtes bretonnes du Nord , il y a trois ans, l’équipage d’Avenir Climatique hisse à nouveau la grand-voile pour un deuxième tour de sensibilisation aux enjeux énergétiques et climatiques ! Pendant 8 jours, tantôt il naviguera, tantôt il proposera à terre des ateliers de réflexion et sensibilisation sur les thèmes du climat, de l’énergie, des mobilités, des nouveaux récits ou des résistances.

Des ateliers sur 3 heures, des stands avec des petits jeux, des ateliers pour enfants ou pour adultes, des bilans carbone sous toutes leurs formes, des fresques de tous types (fresque du climat, fresque des résistances…), des récits de leur voyage, dans des restaurants et bars, éco-lieux, associations locales, sur des bateaux : c’est divers, varié mais toujours proposé avec conviction et joie de partager avec d’autres les sujets qui animent l’équipage… tout ça pour mieux comprendre comment fonctionnent les systèmes dans lesquels nous vivons et passer à l’action pour un monde meilleur ! L’équipage vous attend nombreux.ses, curieux.ses et a hâte de mêler vos récits aux siens !


Le plan de navigation est le suivant :
– Dimanche 17 juillet 2022 : à la Manufacture des tabacs de Morlaix, de 18 h à 20 h.
– Lundi 18  juillet : à la Grange Vadrouille de Plestin-les-Grèves, de 18 h à 21 h.

– Mardi 19 juillet 2022 : au camping du fond de la baie, à Locquirec, de 9 h à 12 h.

– Mercredi 20 juillet : au Café Joa à Trébeurden, à partir de 19h.
– Jeudi 21 juillet 2022 : au club Mickey de Trébeurden, de 10 h à 12 h 30, A l’Ecocentre du Trégor à Pleumeur-Bodou, à partir de 14h.
– Vendredi 22 juillet : au marché nocturne de Plougasnou, à partir de 18 h.

– Samedi 23 juillet 2022 : à la librairie Les Déferlantes à Morlaix, de 16 h 30 à 18 h 30.

https://www.facebook.com/ACcostage-Climatique-105863968840728

https://www.instagram.com/accostageclimatique/

https://avenirclimatique.org/

 

(1) http://www.eco-bretons.info/bella-ciao-and-co-navigation-un-projet-a-la-fois-vert-et-humanitaire/

Crédit Photo : Accostage Climatique.




Quand l’eau des lavoirs vibre avec Shumann

Article écrit avec La Toute Première Fois

Que fait-on de l’eau ? Cette interrogation que l’actualité fait surgir de façon récurrente et désormais inquiétante tant cet élément vital est de plus en plus malmené par les activités humaines, nous est cette fois-ci formulée par un binôme d’artistes, La Toute Première Fois. Emilie Maréchal et Sylvain Descazot, sollicitent nos imaginaires dans le cadre d’une performance au sein de l’exposition « Glaz » où l’association de promotion de l’art et des artistes contemporains Les Moyens du Bord,  propose jusqu’au 5 novembre prochain à Morlaix, dans la très belle et multiséculaire Maison Pénanault, une sélection d’oeuvres de son artothèque*.

Et au travers de leur performance qui accorde une importante particulière à sa dimension collective, les deux artistes nous permettent, mine de rien, de renouer concrètement et symboliquement avec des rituels païens très anciens de guérison que pratiquaient nos ancêtres pour se connecter aux puissants éléments du vivant. 

Laissons Emilie Maréchal et Sylvain Descazot nous en dire davantage sous leur plume et voix numériques :

« Autour des lavoirs la vie sociale féminine des lavandières s’organisait, La Toute Première Fois interroge savoirs d’antan et matières. Ici l’eau est ambivalente : on peut la voir, s’y mirer, s’y perdre dans la noyade, mais aussi la boire. L’eau nous lie au passé et au futur par ce qu’elle a de constant et de cyclique. Cet élément physique inscrit les mémoires et métamorphoses. L’eau, par son parcours souterrain, se charge des ondes électromagnétiques diffusées par les objets et supports techniques que l’homme a mis en place et les garde en mémoire. Cette accumulation de fréquences déséquilibre sa structure fondamentale et modifie son harmonie.

Avec l’installation « Que fait-on de l’eau ? » La Toute Première Fois soumet les eaux de 3 lavoirs morlaisiens (Collobert, rue de Ropars et Pouliet) aux résonances de Schumann, les ondes originelles que produit la terre. Les résonances de Schumann sont un ensemble de pics spectraux dans le domaine d’extrêmement basse fréquence (3 à 30 Hz) du champ magnétique terrestre, observées la première fois dans les années 1960. Ces résonances globales sont présentes dans la cavité formée par la surface de la Terre et l’ionosphère qui fonctionne comme un guide d’onde. La principale a une longueur d’onde égale à la circonférence de la planète et une fréquence de 7,8 Hz. Sont présentes, en plus de cette onde fondamentale, des harmoniques à 14,3 Hz, 20,8 Hz, 27,3 Hz et 33,8 Hz.

Au-delà du prisme scientifique, cette installation traduit l’envie de redonner à cette matière sa valeur primaire et questionner la place de cet élément mal traité et pourtant essentiel à notre survie. Nous avons souhaité que cette installation soit le fruit d’une action collective. Ainsi, durant toute la durée de l’exposition, chacun·e est invité·e à déposer, dans l’emplacement de son choix, un bol contenant une eau d’un lavoir, quel qu’il soit. Ce bol doit être en porcelaine ou verre (pour une meilleure conduction du son) et son diamètre ne pas excéder 15 centimètres. Un carnet répertoriant les dates de dépôt et provenance des eaux est également à compléter par chaque participant·e (NDLR : jusqu’au 5 novembre 2022). »

Interview audio d’Emilie Maréchal et Sylvain Descazot :

«  »La Toute Première Fois est un binôme : Émilie Maréchal, vivant à Bruxelles est metteure en scène et comédienne, Sylvain Descazot, habitant en Bretagne, est designer. Ils cherchent, depuis plus de deux ans, à construire un propos commun. Ce dernier se développe autour d’axes de recherches plastiques, performatives et d’objets. Ils définissent des thèmes et fascinations communes afin de croiser leurs disciplines, apprendre de l’autre. Cette mise en travail commune est déjà en soit une expérience et un défi.

L’attrait de Sylvain Descazot est d’étudier la nature : partir se promener, déambuler, se perdre et revenir avec des intuitions formelles, des rêveries contemplatives, qui sont toujours les premiers temps de la mise en place de ses recherches. En parlant de zones, régions, lieux de manière subjective et sensible, il cherche à révéler l’image poétique de la matière et magnifier ce qui, par les valeurs et vertus sociales, se trouve marginalisé ou rejeté.

L’attrait d’Émilie Maréchal est l’Homme. À travers l’écriture, elle met en scène et joue pour faire marcher les gens, les activer, les bousculer. La prise de conscience, le vertige, ne sont possibles que dans le saisissement, dans le choc presque, dans une recherche formelle et esthétique rigoureuse. C’est en comprenant sa nature archaïque, que l’homme s’élève.

Le binôme s’est alors rendu compte que malgré leurs « sujets d’études » différents, ils partagent des intérêts, qui sont l’archaïsme (l’essentialité de toute construction et l’histoire commune de l’humanité), le communautaire et le rituel (un savoir partagé et une action commune reliant à un environnement), le «faire» et l’immersion (la connaissance de la matière et l’«être» en expérience). Par des formes et volumes simples où la matière pauvre est sublimée, par l’inscription d’un protocole et la sublimation des corps, ils développent des bases d’expérimentations communes pour créer et dialoguer. L’acte de création se situe à la jonction de l’objet ou du volume dessiné, de l’expérience physique et de la production de formes performatives. »

 

*https://morlaix-communaute.bzh/layout/set/print/Visiter-Sortir/La-Maison-Penanault/Exposition-Glaz

Les Moyens du Bord et le binôme La Toute Première Fois proposent de partager et croiser les regards sur la matière eau, à travers une installation et un cycle d’ateliers, tout au long de l’exposition.

  • Samedi 21 mai, 14h>18h : “Excusez-moi de vous demander pardon” – Le pardon du lavoir – Procession en extérieur
  • Samedi 23 juillet, 14h>18h : Lavandière de nuit – Atelier sérigraphie
  • Journées européennes du patrimoine : Madame Propic – Nettoyage d’un lavoir

Réservations auprès des Moyens du Bord : 02 98 88 25 62 – lesmoyensdubord.mdb@gmail.com




DIY : Une table basse sans prétention

Bricoleuses et bricoleurs, munissez-vous d’un peu de vis, d’une palette, d’un serre-joint, d’une scie à bois et à métaux. C’est tout ce qu’il vous faudra pour fabriquer facilement votre table basse.

Durée : 1h30 à 2h00

Difficulté : Débutant

Matériel :

  • Une palette ( ici 120×80)
  • 16 vis à bois :
    • Longueur : 2 fois l’épaisseur des planches
    • Diamètre : 2,5mm (Ni trop petit pour la solidité de l’ensemble et pas trop gros pour ne pas fendre le bois)

Outils :

  • Une scie à métaux
  • Une scie à bois (une scie sauteuse pour une coupe plus propre)
  • Une perçeuse
  • Un serre-joint
  • Un foret de diamètre inférieur au diamètre de vos vis
  • Un foret de diamètre légèrement supérieur a celui de vos vis

C’est parti !

  • Commencez par retirer les 3 planches inférieures de la palette et mettez-les de cotés. Utilisez une scie à métaux pour scier les clous qui font la jonction.
    Contrairement à l’utilisation du pied de biche cette méthode permet de ne pas endommager la palette.

 

 

  • Réalisez la même opération pour retirer les 6 cubes en bois.
    A mettre de côté également !

 

  • Si nécessaire, coupez l’excédent de planche à chaque coin afin d’obtenir une surface lisse et sans rebord.

 

 

  • Mesurez l’épaisseur du plateau de votre futur table basse.

 

 

 

  • Pour réaliser les pieds de la table basse, reprenez les 3 planches que vous avez mises de côté et tracez vos découpes sur deux d’entre elles.
    • Épaisseur de la palette mesurée précédemment
    • Milieu de la planche
    • Contour des pieds de la table basse
    • Cotation 1 = « Épaisseur de la planche »/ 2
    • Cotation 2 = « Largeur planche » / 4
    • Cotation 3 = « Épaisseur planche » /2
    • Perçages aux cotations 1 et 2
    • Perçages aux cotations 1 et 3

 

  • Procéder à la découpe en s’assurant d’avoir bien fixé votre planche à l’aide d’un serre-joint.
  • Réalisez le perçage à l’aide du foret légèrement supérieur au diamètre de vos vis.

 

 

 

  • Nous obtenons donc 8 planches découpées, positionnez-les sur chaque coin afin de reporter vos perçages sur le champ du plateau.

  • Répétez l’opération aux quatre coins, vissez vos pieds  et c’est terminé ! vous pouvez apprécier votre nouvelle table basse ou desserte, c’est vous qui voyez !




Julie sensibilise les enfants à la protection des océans

La costarmoricaine Julie Lostanlen, designer graphique, illustratrice freelance mais aussi surfeuse, a créé son premier livre pour les tout-petits. Objectif : les sensibiliser sans dramatiser à la pollution des océans, grâce à Iris, un pingouin surfeuse et globe-trotteuse.

Iris est un pingouin surfeuse et globe-trotteuse. Elle part avec son ami Tourto le crabe à la découverte de spots de surf, un peu partout sur la planète. Durant leur périple, les deux amis vont faire de nombreuses rencontres, mais vont également prendre conscience de la pollution des océans, à cause notamment du plastique…

Voilà résumé en quelques mots le livre pour enfants « Iris la surfeuse globe-trotteuse », imaginé et conçu par Julie Lostanlen. La jeune costarmoricaine, designer graphique et illustratrice freelance depuis 2 ans, en a eu l’idée suite à la naissance de sa nièce, qui porte le même prénom que l’héroïne du livre. « Je me sentais un peu impuissante, malgré ma conscience écologique, face aux dégradations de l’environnement. Ma nièce Iris est née au début du premier confinement, et j’ai voulu trouver un moyen de la sensibiliser à la protection de la nature, via quelque chose qui lierait le surf et l’illustration », explique-t-elle. Ainsi naît le projet d’un livre, qui intéresse, au fil des discussions, de plus en plus de monde. Julie décide alors de lancer une campagne de financement participatif, qui est un succès, et parvient à auto-éditer son ouvrage à 300 exemplaires. Il est imprimé sur du papier 100 % recyclé, dans une entreprise de travail adapté à Quimper.

Surfeuse depuis 14 ans, Julie a vu au fil des années la pollution des mers par le plastique s’accentuer. « En surfant, on la voit. On a toujours vu des bidons en plastiques dans l’eau après des tempêtes. Mais aujourd’hui, il y a de plus en plus de microplastique, dans le sable par exemple ». Elle a été particulièrement marquée par la situation lors d’un voyage au Maroc, où une décharge « se déversait littéralement dans l’océan ». Grâce à son livre aux jolies couleurs, Julie espère ainsi aider à sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge, de manière pédagogique, sans dramatiser et sans culpabiliser, en présentant les faits. « Iris la surfeuse globe-trotteuse » aura peut-être une suite, qui sera quant à elle consacrée aux solutions pour lutter contre le fléau de la pollution plastique.

Plus d’infos

www.lost-graphic-design.com/livre/




A Brest, plongée dans les bleus de l’océan, entre requins menacés et requins bien affairés

En apparence seulement, quelques kilomètres séparent le Centre national de culture scientifique Océanopolis et son bassin des requins (entre autres), près du port de plaisance brestois du Moulin blanc, des Ateliers des Capucins, qui abritent notamment 70.8 (pourcentage de mer sur la terre), la galerie des innovations maritimes (on n’arrête pas le progrès, n’est-ce-pas…). Mais la tenue il y a quelques jours du One Ocean Summit, premier Sommet mondial autour de la protection des océans qui s’est déroulé du mercredi 9 au vendredi 11 février dernier, a notamment montré qu’un autre océan séparait ces deux lieux emblématiques brestois, peuplé de requins de natures bien différentes.

A Océanopolis, le jeudi 10 février dernier, l’unique rencontre publique citoyenne ouvrait presque le ban du Sommet. Présentée comme une conférence participative « sous forme de débats mis en scène autour d’un thème capital : “La gouvernance de la haute mer et la protection de sa biodiversité : rendez-vous à New-York”, elle était ainsi présentée : « Grâce à un dispositif ludique original, vous pourrez vous pronocer en direct sur des sujets réels de gouvernance internationale tels que négociés actuellement à l’ONU. Entre discours politiques et plaidoyers, les experts du sujet essayeront de vous convaincre du bien-fondé de leur action. Pour quelle position allez-vous voter ? ». (voir l’article de Marie-Emmanuelle Grignon :https://www.eco-bretons.info/a-oceanopolis-le-public-donne-son-avis-sur-la-protection-de-la-haute-mer/ ).

Quelques jours auparavant (du 4 au 6 février), à l’Université de Bretagne Occidentale, c’est aux Soulèvements de la Mer qu’était convié le public par un collectif d’associations, sous la forme d’un Contre-Sommet : trois jours de séminaire et de rencontres, très riches, comme le rapporte le magazine Kaizen dans son bel article (1), avec des intervenant.e.s  pas dupes des vrais enjeux de ce Sommet mondial prétendûment destiné à « protéger, explorer, exploiter » les océans, c’est-à-dire « parcelliser et privatiser la mer, au nom de l’écologie et de l’économie bleue, et où désormais, banquiers, fonds spéculatifs et industriels promettent de protéger l’océan … avec leurs méthodes. »

 

Economie bleue : un insoutenable Blue-washing pour les protecteurs des océans

Aux Capucins se jouait une tout autre partition… dans le grand bain des gros poissons et requins d’une autre nature. L’entrée uniquement sur accréditation et le nombre de représentants des forces de l’ordre présents dans le quartier et autour du bâtiment, donnaient le ton : the only place to be pour les délégations des 83 pays participants, institutions internationales, collectivités territoriales bretonnes, quelques ONG et fondations et bien sûr des représentants du monde économique maritime et de la finance. Tout ce beau monde participant à des forums et ateliers, dans et en marge desquels il s’agissait de concilier le « business as usual », sous ses nouveaux apparats de blue-washing, à des engagements communs en faveur de la préservation des océans. Des océans menacés de façon abyssale par l’acidification dûe au réchauffement climatique, la perte de biodiversité causée par la surpêche, l’exploitation des fonds marins dont Bretagne Vivante rappelle les enjeux :  » Ils regorgent de ressources minérales (nickel, or, thallium, cobalt, manganèse, argent, lithium, zinc…) et la demande mondiale pour celles-ci ne devrait cesser de croître dans les 20 prochaines années. Annoncé en octobre 2021, le plan France Relance prévoit ainsi 310 M€ dédiés à l’exploration des fonds marins et de ses ressources minérales. Il est ainsi indispensable de s’interroger sur les impacts de l’exploitation des écosystèmes et les habitats profonds (au-delà de 200 milles nautiques, ils représentent environ 66% de la surface de la planète). Loin d’être désertiques comme on l’a longtemps imaginé, ils abritent divers écosystèmes ayant une biodiversité fragile et encore très méconnue. » (2).

En point d’orgue du Sommet, le «Segment à haut niveau » du vendredi 11 février, accueillait une quarantaine de chefs d’État et de gouvernements, de représentants des Nations Unies, de l’Union Européenne et de dirigeants des poids lourds du transport maritime par conteneurs (plus de 80 % des échanges de marchandises, en volume, et plus de 70 % de leur valeur, sont transportés par mer à bord des navires et traités par les ports maritimes du monde entier). Il s’agissait désormais d’acter les résultats de ces ballets aquatiques en eaux bien troubles pour la société civile et ses représentants : avec certes des engagements et promesses, mais surtout trop peu de décisions concrètes selon les ONG (3) et des sujets qui fâchent soigneusement évités, tels que la surpêche, la protection des grands fonds marins des exploitations minières aux conséquences irréversibles (2). Rappelons que, comme l’évoque plus bas dans notre entretien, le conseiller stratégique Rémi Parmentier, la France n’a à ce jour, toujours pas signé l’appel à moratoire contre l’extraction minière en eaux profondes prôné par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021,  appel signé par 81 pays et agences gouvernementales ainsi que 600 scientifiques.

Insoutenable exercice d’équilibriste mondial, dans les règles du jeu actuelles, que de s’accorder à résoudre l’équation activités économiques en croissance bleue et protection forte des océans, pourtant vital ? Et puis, comme des chants de sirènes trop lointains pour être entendus et surtout écoutés, les voix des « petits » peuples de la mer, humains et non humains ne sont certainement pas en voie d’extinction. En amont (4), tout au long puis à l’issue de ce Sommet mondial, des représentants de la société civile parmi lesquels l’association Pleine mer (5), Greenpeace, Bloom (6), Robin des bois (7), bien décidés à ne pas y participer, se sont activés dans la rue, les réseaux sociaux, les médias pour alerter l’opinion publique et tenter de peser plus fortement sur les décideurs, en dénonçant notamment «40 ans de meetings internationaux et une situation environnementale qui ne fait qu’empirer », à l’instar des COP climatiques. Ici, un rassemblement public contre le déni océanique « Don’t look down », là un Carnaval de l’océan… des contre-manifestations relayées par RKB que vous pouvez (ré)écouter : http://www.rkb.bzh/emissions/abadennou/one-ocean-summit-plusieurs-contre-manifestations-prevues-a-brest-le-point-sur-ce-sommet-avec-lassociation-pleine-mer/?fbclid=IwAR3xI1TV6FSOKj1Xs0pDtL1aNCd1TLWfT6EPwodOsKil8AEpJVLsN-vLwoo

 Paroles d’un conseiller stratégique et d’un océanographe

Impossible de repartir des Capucins, transformés pour la circonstance en îlot artificiel peuplé de récifs arborant moultes bannières à la gloire de la protection des océans, sans avoir recueilli quelques témoignages de participants. En voici deux, Le premier à lire, le second à écouter. Deux questions simples leur ont été posées : qui êtes-vous et qu’attendez vous de ce Sommet ?

Paroles d’un conseiller stratégique, Rémi Parmentier, co-directeur de Varda Group, qui oeuvre depuis des décennies pour des ONG et des décideurs internationaux (9).

« Je passe ma vie de sommet en sommet, comme un montagnard… mais des sommets politiques.  Je suis conseiller stratégique dans le domaine de l’environnement et spécialement dans le domaine de la gouvernance et de la protection de l’océan. J’ai été invité à participer à ce sommet en particulier sur la nature de la protection des océans et ce qu’elle devrait recouvrir. Il y a actuellement une campagne internationale, connue sous le nom de 30 par 30, c’est-à-dire protéger 30% des océans d’ici l’année 2030 (10), et mon message c’est « réfléchissons aussi sur les 70% restants» ! Ma proposition qui reviendrait à ce que la protection de l’océan soit la norme et non l’exception, qu’elle se fasse par le renversement de ce que l’on appelle la force de la preuve. En plus de créer des aires marines protégées, on créé des aires marines exploitables, et par définition tout ce qui ne serait pas aire marine exploitable serait protégé. Donc, la protection comme norme et non comme exception.

Actuellement, les défenseurs de l’océan doivent se battre pendant des années pour prouver, démontrer, convaincre que la protection d’une fraction de l’océan est possible et nécessaire. Et ce sont des discussions qui n’arrêtent pas… Ce que je propose, c’est que ce soient les usagers de l’océan, les industriels, les grandes compagnies de pêche, etc. qui, elles, doivent prouver que leurs propositions, leurs activités ne causent pas de dommages irréversibles à l’environnement, et que des mesures d’atténuation soient en place avant d’entreprendre des activités qui ont une empreinte écologique importante sur l’environnement. C’est ça, le renversement de la force de la preuve : que ce soit ceux qui veulent exploiter les ressources de l’océan qui doivent faire la démonstration et non pas ceux qui veulent protéger l’océan. Il devrait y avoir un consensus là-dessus car l’océan, c’est la base de la vie sur notre planète.

Ce Sommet devrait être l’occasion que les défenseurs des océans soient écoutés par les pouvoirs publics français et internationaux. Et il y a un dossier très chaud qui a émergé cette année, c’est celui des projets d’exploitation minière dans les grands fonds sous-marins. Le Président de la République a fait quelques couacs dernièrement, en déclarant que la France devrait être un leader dans l’exploitation des ressources minières sous la mer, pour ensuite rétropédaler en parlant d’exploration seulement, « parce que c’est important pour les voitures électriques ». Il ne s’agit donc pas simplement d’exploration ! Mais ce qui est intéressant, c’est que le fabriquant automobile Renault a déclaré que sous aucun prétexte il n’utiliserait des ressources minières issus des fonds marins (11). J’espère que cela peut être un encouragement pour le Président de la République pour qu’il se joigne à l’effort de beaucoup des 81 pays et agences gouvernementales qui ont demandé, à l’occasion du Congrès de L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) en septembre 2021 à Marseille, un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. On risque de détruire des écosystèmes vulnérables et des espèces dont on n’a même pas la connaissance. »

Paroles audios d’un océanographe ardent défenseur des requins (les vrais, les menacés), François Sarano a accepté d’être l’un des « Ambassadeurs de l’océan » lors de ce Sommet pour tenter de faire entendre « la Voix de l’océan ».

Plongeur avec l’équipe du commandant Cousteau et créateur de l’association Longitude 181, la voix de l’océan. Son dernier livre, « Au nom des requins », vient de sortir aux éditions Actes Sud, dans la magnifique collection Mondes sauvages. François Sarano est également l’auteur d’une tribune, «Cessons nos agressions pour sauver les océans », parue dans Libé : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/cessons-nos-agressions-pour-sauver-les-oceans-20220209_OPJN3II5WZACTPU555MWEHUL4U/?redirected=1,et co-signataire d’une autre tribune, «« Nous attendons du One Ocean Summit des avancées significatives pour la santé de
l’océan mondial », publiée dans Le Monde :https://www.longitude181.org/wp-content/uploads/2022/02/Tribune-ONG-Le-Monde-One-Ocean-Summit.pdf

Il était l’invité de l’émission CO2 mon amour que Denis Cheissoux a consacrée à la beauté des milieux marins : https://www.franceinter.fr/emissions/co2-mon-amour/co2-mon-amour-du-dimanche-13-fevrier-2022

Captation audio :

 

 

(1)A l’UBO de Brest, avaient lieu durant deux jours « Les Soulèvements de la mer : le Contre-Sommet du One Ocean Summit » : https://kaizen-magazine.com/article/les-soulevements-de-la-mer-le-contre-sommet-du-one-ocean-summit/?fbclid=IwAR1BXk4wro9lRD6nzSjyiekvTOeZhgYJGYdBIdwkPcZFlc4Yk4TCz96LS1M

(2) « Zoom sur les enjeux de conservation des fonds marins » par Bretagne Vivante : https://www.bretagne-vivante.org/Actualites/One-Ocean-Summit-Zoom-sur-les-enjeux-de-conservation-des-fonds-marins

(3) Les Engagements officiels de Brest pour l’océan : https://uicn.fr/one-ocean-summit-le-bilan/ Et la réaction de Greenpeace : One Ocean Summit : la montagne qui accouche d’une sourishttps://www.greenpeace.fr/espace-presse/one-ocean-summit-la-montagne-qui-accouche- : dune-souris/

(4) « One Ocean Summit – Zoom sur les enjeux de conservation des fonds marins, par Bretagne Vivante :  https://www.bretagne-vivante.org/Actualites/One-Ocean-Summit-Zoom-sur-les-enjeux-de-conservation-des-fonds-marins

ET Pétition de Greenpeace contre lexploitation minière en eaux : profondes https://www.greenpeace.fr/petition-exploitation-miniere-eaux-profondes/#/petition-exploitation-miniere-eaux-profondes/merci-pour-votre-signature

(5) https://associationpleinemer.com/

(6) https://bloomassociation.org/one-ocean-summit-lettre-ouverte-au-president-de-la-republique-emmanuel-macron/?fbclid=IwAR2DpLEbErJY2_pGovjk58H8lrYzfRaFv3A0EqIdxJBbGBSZlkNBUWiPZ3s

(7) https://robindesbois.org/calmez-vous-madame-la-mer-ca-va-bien-se-passer/

(8) https://www.longitude181.org/

(9)(http://www.vardagroup.org/bio/remi-parmentier et https://sdg.iisd.org/commentary/guest-articles/brest-wishes-for-the-ocean-in-2022/?fbclid=IwAR0FAk19o91mY0C1XM1ATJ8C_GyPwR6imeVCNZooyQRAQ2ENOt9Q8x4-xs8

(10)Parmi les engagements pris officiellement lors du Sommet : « 84 pays portent l’objectif de protéger 30% des terres et des mers du monde d’ici à 2030. ».

(11) https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/renault-soutient-un-moratoire-sur-l-exploitation-miniere-en-eaux-profondes-2002660.php