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Avec « Les Bottes d’Anémone », Tiphaine Turluche veut « changer le monde une tige à la fois »

A Vannes, Tiphaine Turluche a créé son atelier de création florale, « Les Bottes d’Anémone », après une première vie professionnelle dans le domaine de la voile. Elle propose des fleurs 100% françaises, et de saison. Le tout dans une démarche zéro déchet. Elle se lance également dans la culture, avec une ferme florale.

 

A 33 ans, la bretonne Tiphaine Turluche a déjà eu une vie professionnelle bien remplie. Passionnée de voile, de surf, et de sports nautiques en général depuis son enfance, elle décide dans un premier temps de faire carrière dans ce domaine. C’est ainsi qu’après une prépa école de commerce, elle trouve un emploi dans le milieu de l’événementiel et de la voile. Une aventure qui durera 10 ans. « J’ai travaillé avec Ellen Mac Arthur, sur des projets internationaux, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande », précise Tiphaine. Elle devient par la suite directrice d’une équipe française, ce qui l’amène à gagner une course. « C’ était mon but », se remémore la jeune femme. « Je me suis alors dit : qu’est ce que je peux bien faire désormais ? ». Ayant posé ses valises au Bono (56), au bord du Golfe du Morbihan, elle décide de quitter le milieu qui l’a tant fait rêver. Car installée dans sa maison, rénovée, avec un jardin, Tiphaine a envie de s’ancrer dans la vie locale, et de se rapprocher du vivant. Après la mer, la terre, et toutes ces plantes qu’elle voit pousser autour d’elle. C’est en quelque sorte le déclic. « J’ai toujours adoré les fleurs, avoir un bouquet chez moi. J’ai aussi un souvenir très fort : un rosier jaune, sur le pas de la porte de ma grand-mère. Cela m’a marqué ».

Tiphaine effectue alors un virage à 180 degrés et se lance donc dans son projet, baptisé « Les Bottes d’Anémone ». En pleine pandémie (« j’étais finalement au bon endroit au bon moment, le milieu de la voile était à l’arrêt »), elle se forme au métier de fleuriste. Et son entreprise naît officiellement le 1er août 2020, avec pour mot d’ordre « Changer le monde une tige à la fois ». Car la jeune femme veut aussi exercer son métier en cohérence avec ses valeurs, et proposer avant tout des fleurs françaises, et même bretonnes quand c’est possible. « Il faut savoir que 9 fleurs sur 10 sont importées », explique-t-elle. « Les expéditions se font par avions, dans des containers réfrigérés. Pour la culture, les serres sont chauffées. Les impacts sur l’environnement sont énormes ». Son souhait : proposer des fleurs locales et de saison. « On m’a dit que ce n’était possible, mais j’ai voulu essayer ». La bretonne a eu raison de persévérer, puisque son pari est aujourd’hui réussi : De mi-février à mi-novembre, elle propose des fleurs issues du grand Ouest, et du Var pour la période hivernale.

Une démarche la plus écologique possible

Elle a aussi choisi de s’installer dans un atelier à Vannes, et d’embaucher une chargée de communication en alternance, car, pour elle, « C’est important de communiquer pour convaincre ». Tiphaine propose aujourd’hui des bouquets sur-mesure et sur commandes, des créations florales, ainsi que des abonnements, à destination des entreprises et des particuliers, afin d’avoir un bouquet chaque semaine, livré à vélo. Tout le travail se fait dans une démarche la plus écologique possible. « Je me suis formée volontairement chez des fleuristes spécialistes du zéro déchet », souligne la jeune femme, qui utilise ainsi des tampons à encre végétale, du papier ensemencé de graines pour les cartes, de la ficelle en jute de jardin, et récupère et réutilise les vases chez les professionnels. Elle est également formée pour ne pas utiliser de la « mousse florale », en plastique à usage unique, dans les compositions de mariages. Les mariés sont d’ailleurs incités à repartir avec leurs fleurs, ou d’offrir les bouquets à des organismes tels que les Ehpad. Même les déchets végétaux trouvent une deuxième vie aux Bottes d’Anémone : « Je les valorise, sous forme de bouquets séchés, ou alors sous forme de confettis. Les toutes dernières qui restent partent au compost ». Les fournisseurs de Tiphaine sont également incités à entrer dans le mouvement. « Les producteurs du sud sont en train de tester des choses, au niveau des emballages et des élastiques notamment ».

D’ici trois ans, Tiphaine Turluche espère que « N’importe quel breton puisse avoir accès à une fleur française ». Enthousiaste et créative, elle avoue que ce projet lui permet de découvrir progressivement ses « capacités, limites, et potentiel ». Elle entend bien développer son activité, après l’avoir stabilisée dans le Morbihan, dans le grand Ouest. En attendant, elle vient d’acquérir un terrain au Bono, afin de monter une « ferme florale » et de cultiver ses propres fleurs. Un financement participatif est lancé, sur la plateforme Miimosa, afin de récolter 10 000 euros qui serviront à l’achat d’outils, de cuves de récupération d’eau de pluie pour l’arrosage, de filets et clôtures…C’est une nouvelle aventure, en tant que productrice, qui l’attend.

Le financement participatif des Bottes d’Anémone : https://miimosa.com/fr/projects/la-ferme-florale-des-bottes-d-anemone

Le site des Bottes d’Anémone : https://lesbottesdanemone.f




« Au delà des clôtures » : « Montrer que la transition vers d’autres systèmes agricoles est possible »

Dans le cadre du festival Alimenterre, le film « Au delà des clôtures » est projeté auprès du grand public et de scolaires. Ce documentaire met en lumière des agriculteurs qui ont choisi de changer leurs pratiques et d’adopter des systèmes plus respectueux de l’environnement et leur garantissant une meilleure autonomie. Rencontre avec Séverine Duchêne, co-réalisatrice du documentaire, et Nicolas Finot, fils d’un des agriculteurs et protagoniste lui aussi du film, tous deux de passage au lycée agricole de Suscinio-Morlaix pour une projection-discussion avec les élèves de 1ère STAV.

Pourquoi avoir voulu réaliser un film documentaire ?

Séverine : Avec Mathieu, le co-réalisateur, nous étions étudiants tous les deux à Agro Paris Tech, en agronomie. Tout au long de nos études, on ne voyait que les systèmes classiques d’élevages. Grâce à des rencontres, nous avons découvert des solutions plus économes et autonomes, comme les systèmes herbagers. Pourquoi ceux-ci ne sont pas plus répandus ? Quels sont les freins à leur mise en place et leur développement ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons voulu faire un film pour aller à la rencontre d’éleveurs qui étaient en transition dans leurs pratiques, et qui soit visible aussi bien par des personnes du monde agricole que des gens plus éloignés.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Séverine : Nous avons fait une année de césure durant nos études pour le réaliser, entre le master 1 et le master 2, en 2020. Nous étions autonomes dans la recherche des témoignages des agriculteurs, sur plusieurs territoires français, qui ont tous répondus à un appel que nous avions lancé sur Facebook. On a aussi été accompagnés par une chef-opéatrice professionnelle, Cassiana. Le tournage a duré un mois et demi, dans trois fermes. Mathieu et moi avons passé 10 jours avec les agriculteurs avant le tournage, pour le préparer.

Quel est l’objectif du film ?

Séverine : Avec « Au delà des clôtures », nous avons voulu mettre en avant d’autres systèmes de production et montrer que la transition vers ceux-ci était possible. Pas forcément facile, mais en tout cas faisable. Le tout en restant le plus neutre possible. Il n’y a pas de voix off, nous voulions laisser les éleveurs parler. Dans les histoires que nous montrons, ils ont du repenser leur façon de produire, de s’organiser, remettre en question leur façon de pratiquer leur activité agricole. Ils étaient à fond dans leur exploitation, et se sont dit à un moment « Peut-être qu’on est allés au bout du système, socialement et économiquement on va dans le mur ». On voulait montrer ces témoignages forts, et courageux, car il en faut du courage pour oser se remettre en cause.

Nicolas et Séverine

Le film présente la mise en place de systèmes herbagers, pas toujours évidents à mettre en place. Qu’est-ce-qui est plus compliqué pour les éleveurs avec ce type de démarche ?

Nicolas : Dans le système classique, on sait chaque jour ce qu’on va donner aux vaches. Avec l’herbe, c’est plus aléatoire, il n’y a de rythme donné, surtout au début. Il faut gérer la pousse, les stocks, les surfaces dont on a besoin, convertir des terres… Ca oblige à tout repenser. Et la transition en herbager entraîne au début plus de dépenses, et une production moindre. Psychologiquement, ça peut être dur pour l’agriculteur, ça peut faire peur. Souvent, le passage à ce type de système se fait à cause d’un élément déclencheur, comme par exemple une crise ou le départ d’un associé, comme c’est le cas pour la ferme de mon père et mon oncle.

Qu’avez-vous retiré de la réalisation et de la participation à ce documentaire ?

Séverine : J’ai beaucoup appris sur de nouvelles pratiques agricoles, sur le côté technique de l’élevage, sur la gestion d’une ferme. Les systèmes herbagers présentent plusieurs intérêts, notamment sur le plan économique, sur l’autonomie, sur la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, le stockage du carbone… J’ai aussi bien sûr découvert le domaine de l’audiovisuel, que je ne connaissais pas. Sans oublier le côté humain qui a été très important : les témoignages ont été très forts, touchants.

Nicolas : J’ai pris conscience du courage qu’il a fallu à mon père et mon oncle pour changer leurs pratiques et passer sur un nouveau système. Je me suis rendu compte que c’était important de garder l’esprit ouvert, de se tenir au courant des différentes évolutions, pour changer de manière positive.


« Au délà des clôtures », trois histoires de changement sur trois territoires

Le documentaire fait la part-belle aux témoignages. On fait connaissance avec Olivier et Patrick, deux frères installés en Haute-Marne, Paul et Margaux, qui élèvent des vaches laitières dans le Maine-et-Loire, et Romain, installé en bio, qui reprend la ferme de son père dans le Finistère. Trois histoires de familles comme on voit beaucoup en milieu agricole. Mais ici, l’accent est mis sur leur cheminement, leur transition vers des systèmes plus autonomes et respectueux des animaux, des hommes et de l’environnement. Ils abordent sans détour leurs doutes, leurs difficultés, mais aussi leur prise de conscience qu’il est possible « de faire autrement ». Sans voix off, c’est leur parole qui est mise à l’honneur. Un film optimiste, joliment réalisé, qui nous fait mieux comprendre comment fonctionne le système classique, ses limites, et ce qu’il est possible de changer pour aller vers du mieux. Du mieux à la fois pour la planète, mais aussi pour les éleveurs.


Les projections :

Vendredi 12 novembre à Quévert (22), bar Kenvad à 20h

Jeudi 18 novembre aux Portes du Coglais (35), Centre Culturel, à 20h

Le mercredi 24 novembre à Chateaubourg (35), cinéma Etoiles à 20h30

Le jeudi 25 novembre, A Acigné (35), cinéma Le Foyer à 20h30

Plus d’infos :https://www.facebook.com/DeTERREmines




Kub’Tivez vous : sélection de décembre

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci : les circuits courts en agriculture !

Mon panier, de Marie-Josée Desbois

La réalisatrice Marie-Josée Desbois, installée dans l’est du Morbihan, nous emmène avec elle à la découverte de producteurs locaux. Des producteurs qu’elle connait bien, du fait de ses achats chez eux, en vente direct ou circuits courts. On retrouve par exemple Dominique, paysan-boulanger, Aude et Yannick, maraichers-bio, Gaëlle et René producteurs de vaches laitières et à viande en bio, Marie-Claude, fromagère….Toutes et tous ont fait le choix d’une agriculture plus autonome, plus respectueuse de l’environnement et de l’humain, et loin du système industriel, dans des exploitations de petites tailles. Ce que ces producteurs et productrices préfèrent, c’est la vente directe, via des Amap ou des marchés. Tout cela leur permet de redonner un nouveau sens à leur travail. Le documentaire met en lumière leur parcours, leur réussite, mais aussi leurs difficultés. Sans oublier leur vision de l’agriculture aujourd’hui.

Un joli film tourné au cœur du Morbihan qui donne à voir une agriculture qui sort des sentiers battus et montre que « faire autrement » est possible, même au sein d’une région ou le modèle agro-industriel est dominant.

A voir sur https://www.kubweb.media/page/mon-panier-circuit-court-maraicher-marie-josee-desbois/




Caravane des droits des paysan.ne.s : une mobilisation pour les paysans et paysannes d’ici et d’ailleurs

Dans le cadre du Festival Alimenterre et du Festisol, la Caravane des droits des paysan.ne.s est et sera présente sur de nombreux événements, notamment en Ille-Et-Vilaine. Coordonnée par la Confédération Paysanne et l’association Amar, elle vise à sensibiliser aux droits des paysan.ne.s et des habitant.e.s des zones rurale, dans l’esprit de la déclaration adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2018, après plus de 15 ans de travail du mouvement international Via Campesina.

Que sont les « droits paysans » ?

L’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan.ne.s et des personnes travaillant en zone rurale », le 17 décembre 2018. « Cela fait suite à un travail de plus de 15 ans de l’organisation internationale Via Campesina », explique Gilles Maréchal, de l’association Amar, qui travaille à créer des liens entre agriculture française et brésilienne. Via Campesina rassemble environ 200 millions de paysan.ne.s de par le monde. Elle « défend l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire comme moyen pour promouvoir la justice sociale et la dignité. Elle s’oppose clairement à l’agriculture industrielle et aux entreprises multinationales qui détruisent les relations sociales et l’environnement », peut-on lire sur le site Internet du mouvement. Les femmes y ont une place prépondérante, Via Campesina défendant leur droits et « l’égalité des genres », et lutte contre toute forme de violence qui leur sont faites.

Les Droits des paysan.ne.s revendiqués par le mouvement incluent « le droit à la vie et à des conditions de vie décentes, le droit à la terre, au territoire, aux semences, à l’information, à la justice et à l’égalité entre les femmes et les hommes. La déclaration votée par les Nations Unies contient 28 articles, pour 24 droits listés. Mais la portée en est limitée, puisqu’il s’agit d’une résolution juridiquement non-contraignante. « La Belgique et la Suisse ont néanmoins intégrées cette déclaration dans leur loi », précise encore Gilles.

En quoi consiste la « Caravane des Droits des Paysan.ne.s » ?

« C’est une initiative française, qui est issue de la volonté de faire en France une campagne d’opinion pour que les Droits des Paysan.ne.s soient pris en compte dans le droit du pays », déclare Gilles Maréchal. Plusieurs organisations se sont alors rassemblées pour monter cette caravane : le comité solidarités paysannes internationales / France Amérique Latine, la Confédération Paysanne, Terre de Liens, les Amis de la Conf’, les Amis du MST, le MRJC (Mouvement rural de la Jeunesse chrétienne), AMAR. La caravane doit parcourir la France en 2021 et 2022, avec des expositions, des films, des intervenants, pour alerter sur la situation des paysan.ne.s du Sud, et faire des liens avec celles et ceux d’ici.

L’opération est aussi déclinée en Bretagne, et animée par AMAR et la Confédération Paysanne, avec de nombreux partenaires tels que le MRJC, Terre de liens, Biocoop, les Civam, la Maison de la Consommation et de l’Environnement à Rennes…  « Notre objectif, c’est de participer à des évènements jusqu’en avril 2022, et de faire un état des lieux à la fin », précise Gilles Maréchal. « Nous coopérons aussi avec des événements tels que le Festival Alimenterre, le Festisol, l’Automne du film brésilien à Rennes… ».

Quel en est le message principal ?

« Nous voulons faire passer le messsage que les droits des paysan.ne.s ne sont pas des revendications corporatistes, mais qu’il faut les considérer comme des outils au service de la société, et avec elle », affirme Gilles Maréchal. « On assiste à des mouvements de reterritorialisation. Mais ce que nous défendons, c’est une reterritorialisation plus internationaliste, ce n’est pas le Nord contre le Sud. Il s’agit plutôt de faire un lien entre les problématiques de ces deux parties du monde. Finalement, les problèmes environnementaux que connait la Bretagne sont liés à ceux que connait le Brésil : par exemple, l’utilisation du soja ici et ses dérives entraine de la déforestation là-bas ».

Où pourra-t-on retrouver la Caravane dans la région ?

On pourra retrouver la Caravane dimanche 21 novembre à la Maison Internationale de Rennes, lors d’une projection-débat du film « Le Festin », dans le cadre du festival Alimenterre.

A l’occasion du Festisol, l’exposition présentée par la Caravane sera à voir à la MJC de Pacé jusqu’au 26 novembre, avec des temps de méditation pour les scolaires. On pourra aussi assiter à un temps de rencontre er de dégustation, le 25 novembre à partir de 17h, en présence de membre du collectif pour une Sécurité Sociale Alimentaire, de producteurs et productrices de l’Amap de Pacé, de membres du Ceser, pour échanger autour de son rapport « l’alimentation en Bretagne à l’horizon 2050 : Quels enjeux de société ? ».

Le 27 novembre à partir de 16h, toujours à Pacé, temps d’échange informel et dégustation de produits avec la Maison Bleue, autour du thème de la sécurité sociale alimentaire, et projection du documentaire « La part des autres ».

La Caravane investit aussi internet avec le 29 novembre à 20h en visio un  échange autour du droit aux semences avec Véronique Chable (INRA) et Jonathan Chabert, et le 6 décembre à 20h en visio toujours, un  échange autour du droit à la terre avec Vincent Jannot de Terre de Liens et Jean-Jacques Lucas, co-gérant du GFA de Brémelin.

Et le 11 décembre, présence de la Caravane et conférence autour de l’accueil de nouveaux paysan.ne.s sur le territoire, au marché de Noël de Saint-Pern (35).

Plus d’infos : https://www.facebook.com/lesdroitspaysanscestnotreavenir




Au cœur du quartier rennais du Blosne, Le Potager des Cultures cultive des légumes et du lien social

A Rennes, dans le quartier du Blosne, l’association Les Cols Verts travaille à faire découvrir l’agriculture urbaine et l’alimentation durable aux habitants, via la micro-ferme Le Potager des Cultures. Samedi, dans le cadre du festival Alimenterre, une visite et une projection du film  « Sur le Champ » y sont organisées.

Derrière le Centre Culturel du Triangle dans le quartier du Blosne au Sud de Rennes se trouve un lieu qui apporte verdure et biodiversité au cœur d’une zone urbaine : le Potager des Cultures. Ici poussent fenouil, artichaut, mâche, persil et autres légumes et plantes aromatiques, dans de grands bacs en bois. Cette micro-ferme urbaine existe depuis septembre 2019, à l’initiative de l’association Les Cols Verts, de Rennes, antenne locale du collectif national du même nom. « Le Potager des Cultures est également issu du budget participatif de la Ville de Rennes », rappelle Aline, l’une des deux maraîchères salariée de l’association. L’objectif, avec la micro-ferme urbaine, est « d’avoir avant tout un outils d’animation, plus que de production. On retrouve la volonté de produire des légumes sur le projet de maraichage qui est en cours sur un terrain d’1,2 hectares à Chantepie », explique-t-elle. Sans oublier la création de lien entre et avec les habitant.e.s, partie prenante du projet.

Sur le terrain attenant au Triangle, des bénévoles peuvent venir jardiner, et apprendre les techniques de base, le tout sans utilisation de produits phytosanitaires. « On cultive selon une logique permacole », précise Aline. « Dans les bacs, qu’on a été obligés de mettre en place du fait d’une pollution des terres, on utilise par exemple la technique des lasagnes : on dispose une couche de bois mort, de la tonte d’herbe, du compost, du fumier, des feuilles mortes, et une couche de 30 centimètres de terre végétale ». Ce qui est produit ici est donné à 95% à l’épicerie sociale du quartier, et pour les 5% restant, vendu au supermarché Breizhcoop, au restaurant La Grenouille à Grande Bouche, ou encore auprès des habitants quand il y a des surplus. Outre les cultures, le jardin « accueille également des groupes scolaires ou extrascolaires, des centres sociaux… », indique Malo, l’un des animateur du lieu. « Et on organise des ateliers régulièrement, comme par exemple des balades botaniques pour découvrir les plantes aromatiques et médicinales, des cueillettes ». « Le but, c’est d’aider les urbains à comprendre le végétal qui les entoure, et pour cela l’observation est très importante », commente-il.

Ouvert à tous, le Potager des Cultures est aussi le cadre d’événements, comme ce sera le cas ce samedi, dans le cadre du festival Alimenterre, en partenariat avec l’association Xylm. Au programme, une visite du lieu dès 14h, avec des ateliers de jardinage pour les parents et les enfants, et une projection du film « Sur le Champ » à partir de 16h. Un débat suivra et clôturera la journée à partir de 18h. L’entrée est libre.

Plus d’infos : https://www.facebook.com/colsvertsrennes/




Préservons le bocage pour une meilleure qualité de l’eau

Le bocage, à la fois « témoin du passé et héritage du futur », mérite bien un 23ème colloque, qui plus est, organisé par Eau et Rivières de Bretagne, avec le soutien de la Région Bretagne et de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Au cours de cette journée spéciale* qui se déroulera vendredi 19 novembre prochain à l’IUT de Lannion (Côtes d’Armor), on parlera de la valorisation des multiples services rendus par les haies, de l’évaluation du programme régional Breizh bocage, de l’aspect biodiversité en lien avec l’aménagement du territoire et des outils développés récemment qui permettront d’assurer à l’avenir une gestion durable des haies.

Le remembrement a historiquement transformé le paysage agricole, justifié par la nécessité de s’adapter aux pratiques modernes pour une production augmentée. Au fil du temps, la suppression des talus et des haies, l’artificialisation et le drainage des terres entre autres, s’avèrent dommageables pour la qualité de l’eau et pour toute une diversité d’espèces liées à ces milieux.

Le bocage et l’eau en Bretagne

Si à l’origine le bocage désignait plutôt un bois, un bosquet, aujourd’hui il est définit comme un paysage rural, façonné de parcelles agricoles entourées de haies, formations linéaires boisées souvent surélevées d’un talus, à l’opposé du paysage de champs ouverts ou openfield. Ce réseau de haies forme alors un maillage bocager plus ou moins connecté à d’autres milieux naturels à l’image de la notion de trame verte et bleue.

Depuis le siècle dernier, les épisodes de remembrement ainsi que l’imperméabilisation de terres agricoles ont effacé du paysage près des deux tiers des haies en France. En Bretagne le constat est le même avec 324 000 km implantés en 1950 pour 114 500 km en 2015, soit une perte équivalente à 72 fois le périmètre de la France

Malgré des moyens publics et privés déployés depuis presque trois décennies pour replanter des haies, le constat dressé en 2021 révèle un solde d’évolution du linéaire de haies négatif : 11 500 km disparaissent encore en France, pour seulement 3 500 km replantées chaque année. Ce constat négatif est aussi valable sur le territoire breton qui bénéficie pourtant du programme de replantation Breizh bocage depuis 2007.

Les haies bocagères sont encore trop souvent considérées comme une contrainte pour l’agriculture malgré la connaissance avérée des multiples rôles écologiques, ou services écosystémiques, que ces aménagements assurent pour les sociétés humaines : culturels (paysage, loisirs, santé…), approvisionnement (alimentation, matières premières renouvelables…), régulation (air, climat, eau, pollinisation, lutte biologique…) etsoutien (formation des sols, cycle des nutriments, stockage de carbone…).

Un réseau bocager fonctionnel assure en quelque sorte un effet condensateur dans le cycle de l’eau : modification et ralentissement des écoulements, réserve de la ressource avec restitution différée… C’est un système performant pour lutter contre l’érosion des terres, enjeu fort dans de nombreux secteurs bretons, qui a comme conséquence, entre autres, le colmatage des rivières. Les haies jouent aussi un rôle de filtre pour un certain nombre d’éléments mis en cause dans la qualité de l’eau (nitrates, pesticides…).

En 2021, Eau et Rivières affiche sa volonté de promouvoir la préservation du bocage à travers son projet soutenu par l’OFB « engagé·e·s pour la haie », et un colloque entièrement dédié.

2021 c’est aussi l’année de révision de la PAC, avec l’espoir d’une meilleure rémunération des haies gérées durablement par le monde agricole, sans oublier la promesse du plan de relance gouvernemental de planter en France plus de 7000 km de haies en 2 ans.

En outre, il n’est plus possible d’ignorer les effets déjà ressentis du dérèglement climatique : effondrement de la biodiversité, épisodes destructeurs de précipitations intenses, variations extrêmes des températures impactant les productions… Le bocage, s’il est dans un état fonctionnel, peut modérer les impacts du réchauffement climatique.

La destruction n’est pas gratuite, elle a un coût, c’est pourquoi la protection du bocage existant ainsi que sa reconstruction doit devenir une priorité !

Lucille Inizan, Plume citoyenne

* Programme du colloque « Le Bocage, héritage du passé, témoin du futur », Vendredi 19 Novembre 2021, à Lannion :

Retrouvez le programme sur le site d’Eau et rivières de Bretagne : https://www.eau-et-rivieres.org/colloque-bocage

Informations pratiques : Cet événement est ouvert à tous. Inscription et passe sanitaire obligatoires.