1

Balade à la Gacilly, à la croisée des regards d’Amérique latine

Jusqu’au 31 octobre 2020,La Gacilly (56) vous accueille pour une expérience photographique immersive et déambulatoire à ciel ouvert, présentant le meilleur de la création photo contemporaine. Festival engagé sur les grands enjeux environnementaux de nos sociétés, l’exposition interroge notre relation au monde et à la nature.

La Gacilly, petite cité nichée au coeur du Morbihan, dans la vallée de l’Aff, est un village de caractère de 4 000 habitants, où oeuvrent de nombreux artistes et artisans d’art. Connu comme le berceau d’Yves Rocher, fondateur de la marque du même nom, développée autour des produits de beauté et de soin par les plantes, c’est sous son impulsion qu’est né en 2004, un festival de photographies devenu le plus grand d’Europe : le Festival Photo La Gacilly.

Chaque année, de l’été à l’automne, ce festival présente une exposition en extérieur, avec au coeur, comme le précise son Président Augustre Coudray, « l’homme dans son environnement, celui dont il a hérité et celui dont il est responsable pour les générations à venir ».

« La programmation s’articule sur une double thématique : l’une, géographique, qui met à l’honneur les artistes d’un pays ou d’une région du monde, et l’autre, une problématique environnementale ».

Une véritable invitation à la flânerie, dans les rues, venelles et sentiers, dans un écrin de verdure, où près de 1000 images s’offrent au public. Un voyage en images, qui remplacent les mots…

Cette édition 2020 est dédiée aux journalistes reporters latino. Ils portent leurs regards avisés sur les différents visages de l’Amérique latine, leur terre natale. Des récits en résonance avec l’actualité.

Parmi eux, l’illustre brésilien Sebastiao Sagaldo, et ses photos sur les travailleurs de la mine de Serra Pelada au Brésil, « esthétique d’une servitude moderne »(1986). Une exposition grandiose, de clichés noir et blanc saisissant. Telle une fourmilière, près de 50 000 hommes, s’agglutinent, perchés sur de fragiles échelles en bois, accrochés aux corniches d’une terre creusées à outrance, au dessus d’un trou béant, risquant leurs vies à chaque pas, en quête de précieuses pépites d’or.

Les portraits sont sublimes : ces visages ternis par l’argile, leurs regards profonds communiquent avec force, l’ambiance de ces lieux, de cet enfer aujourd’hui fermé.

Comme l’exprime l’auteur, « La photographie, c’est la mémoire et le miroir de l’histoire ». Cet artiste de renom est à retrouver dans le film documentaire « Le sel de la terre », réalisé par Wim Wenders, qui au début de ce chef d’oeuvre explique : « Un photographe est quelqu’un qui écrit avec la lumière, dessine le monde avec des lumières et des ombres. […] comment aurais-je pu me douter que j’allais découvrir bien plus qu’un photographe ». A découvrir absolument !

© Sebastiao Sagaldo
© Sebastiao Sagaldo

Poursuivons cette exploration brésilienne, à la rencontre de la photojournaliste, Carolina Arantes, née au Brésil et résidant en France. Elle nous dresse le portrait d’Altamira, « la ville de toutes les démesures, une sorte de nouveau Far West attirant tous les aventuriers depuis la construction du méga-barrage de Belo Monte qui a englouti 50 000 hectares de forêt primaire ». Sous son objectif, l’amazonie ravagée par les incendies et ses peuples indiens en résistance. L’acte délétère de « puissants », pillant et s’accaparant les ressources au mépris de l’environnement et des communautés indigènes.

© Carolina Arantes

Même combat pour les 300 leaders indigènes réunis en janvier 2020 au cœur de la forêt, dans l’État du Mato Grosso : « à l’heure où le monde se préoccupe du Poumon Vert de l’Humanité en proie à de terribles incendies, ils savent désormais que le temps de leur survie est compté ».

Basé à Rio de Janeiro, l’auteur Carl de Souza a suivi la révolte de ces communautés qui refusent de mourir.

© Carl De Souza

Un des drames de notre siècle, c’est également le sort de ces peuples qui migrent pour survivre, fuyant la misère, la guerre, la famine, risquant la mort dans leur exil. Pedro Pardo, photographe mexicain, dresse en image la situation à la frontière, un cliché d’un groupe de migrants latino-américains escaladant le mur dressé entre le Mexique et les États-Unis. Honoré d’un World Press Photo en 2019, il n’en finit pas de documenter un pays meurtri qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la violence.

© Pedro Pardo

Enfin, un coup de coeur particulier pour Emmanuel Honorato Vazquez, écrivain et photographe équatorien, décédé à 31 ans et reconnu à titre posthume. « L’oeil oublié des années 20 ». Il laisse une trace à la fois documentaire et artistique de la société de son époque, celle de la fin des années 1910 et du début des années 1920. Son travail aurait pu définitivement sombrer dans l’oubli, mais après un siècle d’obscurité, l’Equatorien retrouve la lumière et une place parmi les grands photographes du XXe siècle. Dans ses clichés, des portraits magnifiques, profonds, dont celui de son épouse, d’une extrême sensibilité.

© Emmanuel Honorato Vazquez

Un aperçu de quelques uns des grands de la photo, à admirer à la Gacilly.

Laissez-vous conter les contrées lointaines, à la rencontre de civilisations éloignées de nos sociétés modernes, aux us et coutumes préservés, habitant en harmonie avec le vivant, …

Des récits de vie qui touchent au coeur, des coups de projecteurs sur la beauté comme la laideur du monde.

Des clichés qui interrogent, choquent, émerveillent, …

Des textes qui enseignent, révèlent et réveillent les consciences.

On comprend mieux pourquoi près de 300 000 visiteurs chaque année, soient séduits par ce merveilleux festival, qui plus est gratuit !