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Mélanie Mardelay, la cuisine végane au cœur… et au bout des doigts !

C’est à l’occasion du veganuary, le plus grand mouvement mondial végan*, encourageant depuis 2014 à manger végan tout au long du mois de janvier, qu’Eco- Bretons part à la rencontre de Mélanie Mardelay, cheffe culinaire de la région de Dinan (22). Mélanie y élabore ses recettes végétales qu’elle transmet avec passion, pédagogie et humour. Et c’est en toute sincérité et simplicité qu’elle nous parle de son parcours de transition professionnelle qui lui a permis d’accorder ses convictions éthiques, environnementales et sociales avec sa passion de la cuisine.

 

Bonjour Mélanie, vous êtes une autrice et cheffe cuisinière de référence dans le milieu végan, pourriez-vous nous raconter votre parcours et quel a été le déclencheur de votre passage à l’alimentation végétale ?


J’ai créé mon blog en 2014, à l’époque j’étais traiteur, très fraîchement végane et j’avais envie de partager mes recettes pour le quotidien, pour contrebalancer la cuisine plus élaborée que je proposais dans mon travail. C’était un peu mon carnet de bord.
J’ai commencé à me questionner en 2013, grâce à mon travail justement. Je proposais des menus de fêtes essentiellement pour des mariages et, bien que travaillant avec des produits bios, locaux, je trouvais que j’utilisais quand même pas mal de produits animaux (il s’agissait davantage d’une réflexion logistique à cette époque que éthique). Un week- end où j’avais une grosse commande de desserts, et que je cassais des dizaines d’œufs à la main, je me suis demandée ce qu’il en était des plus grosses entreprises en restauration : si moi, petite boite, j’avais déjà autant d’œufs à casser, comment se fournissait les autres ? Et comment arrivait-on à les fournir, surtout ! J’ai commencé à me renseigner sur l’élevage de poules et j’ai mis les pieds dans un système dont je n’avais absolument aucune idée avant : les couveuses et le sort réservés aux mâles, les immenses bâtiments fermés, le traitement et la fin des animaux pourtant élevés aux normes bios. Ça a été une claque énorme pour moi qui ne m’étais jamais questionnée dessus (pourtant fille d’éleveur en plein air) et mettant le bio en haut du panier en termes d’éthique de vie.

À partir de là, j’ai déroulé une pelote de laine. Si j’avais déjà arrêté de manger du foie gras un ou deux ans auparavant, je suis devenue pendant plusieurs mois végétarienne puis végétalienne le temps de tout réapprendre et de pouvoir aligner mon travail avec mes nouvelles valeurs. Fin 2019, j’ai arrêté mon activité de traiteur pour me consacrer à mon blog et à mes livres et j’en vis depuis.

 


Sur votre blog « Le cul de poule » et sur les réseaux sociaux ( melanie.leculdepoule sur Instagram), en plus de l’humour, on sent chez vous une attention particulière à ne pas culpabiliser vos lecteur.rice.s, ne pas être parfait.e en cuisine, y aller progressivement…Le désir de transmission est prégnant et non imbibé d’injonctions à la perfection écologique…
Y êtes-vous attentive dans votre façon de transmettre vos convictions ? Vous parlez également de féminisme, de charge mentale etc…


J’y suis très attentive aujourd’hui, mais j’étais bien plus rentre dedans au début. Quand on ouvre enfin les yeux, on est en colère contre le monde et contre soi, on a envie que tout aille vite et on ne comprend pas que plus de gens ne sont pas déjà engagés dans une transition alimentaire. Si j’ai toujours partagé avec humour et passion je pense que je manquais de nuances au tout début, j’étais très vindicative. Aujourd’hui, je suis toujours très droite dans mes bottes mais j’ai appris à modérer mon discours afin de toucher plus de gens. J’ai appris à prendre en compte les freins des un.es et des autres et à comprendre qu’il est indispensable que chacun.e aille à son rythme et qu’on avance bien plus facilement quand on est soutenu.e que quand on est jugé.e.
Et adopter un mode de vie végan, donc pour les animaux, c’est aussi, irrémédiablement, investir et relier de nombreux combats idéologiques. On ne peut pas être féministe et manger des produits issus de l’exploitation des femelles par exemple**. Quant à la charge mentale, elle est déjà omniprésente chez les femmes, mais quand vient s’ajouter un changement d’alimentation pour le foyer, ça devient carrément colossal. Donc oui, ce sont des sujets qui me tiennent énormément à cœur car être vegan est un choix politique et on ne peut pas se contenter de présenter ses casseroles sans englober tous ces sujets.

Vous plaisantez souvent que cuisine végétale ne veut pas dire cuisine régime ! Le plaisir reste au centre de votre cuisine et en même temps vous faites très attention à l’équilibre alimentaire. Pas question de carences en protéines, en fer, en calcium ou autre dans vos recettes, vous maîtrisez vraiment cela ! Vous êtes- vous formée à la nutrition et en quoi cela vous semble important ?


Si la nutrition m’a toujours intéressée, j’ai été obligée de m’y pencher un peu plus en ayant des enfants car évidemment, rien n’est fait pour nous aider donc il fallait à l’époque chercher par soi-même. Heureusement aujourd’hui on trouve des ressources scientifiques fiables et en français (ONAV, vegan pratique). Je ne pense pas que ce soit un prérequis pour devenir végan, clairement. Combien de personnes mangeant de la viande se soucient de leur équilibre alimentaire ? On ne leur demande rien, or on exige des personnes végétaliennes une connaissance parfaite afin de prouver que c’est viable et qu’elles ne se mettent pas en danger. Les preuves existent mais ne sont pas du tout véhiculées en France, bien au contraire.
Donc c’est plus par défaut et pour rassurer les gens que je me suis formée sur le tas et surtout que je travaille avec une diététicienne nutritionniste sur de nombreux ouvrages qui traitent de la nutrition. Mon métier, ça reste la cuisine.

 


Selon vous, quelles peuvent être les raisons en France, en Bretagne terre d’élevage, pour que l’alimentation végétale provoque autant de crispations, de réflexions souvent ironiques ou agressives ? Quels sont vos conseils pour y faire face et emmener un peu plus de
compréhension sur ce choix alimentaire ?


Indiscutablement le patrimoine culinaire français qui peine à se renouveler et à se moderniser et les lobbies agro alimentaires qui pèsent de façon colossale dans toutes les décisions liées à une amélioration des conditions de vie des animaux, à la santé des humains, et à l’environnement de manière générale. Tant que des politiques ne s’empareront pas davantage de ces sujets afin de faire bouger les lignes au niveau législatif, on ne peut que continuer de sensibiliser l’opinion publique, montrer qu’une autre voie est possible. On ne convainc pas, on amène à réfléchir et on propose des alternatives. Personne n’aime s’entendre dire que ce qu’il fait est mal ou qu’aujourd’hui, on peut faire autrement. Il faut sortir du jugement des comportements individuels pour proposer un autre choix de société. Il faut que l’on puisse s’identifier à un mode de vie pour l’embrasser et aujourd’hui, les alimentations végétales peinent à se faire une place à cause de ces lobbies qui se gavent littéralement au détriment du vivant. Mais on avance.
Je nous vois un peu comme un tracteur, lent mais bien solide, plus que comme une voiture de course.

 


Une question m’intrigue quand je vous écoute sur les RS notamment sur Instagram…Bien que ce soit évidement au cœur de votre choix de vie, vous parlez finalement assez peu d’antispécisme, de votre rapport aux animaux…Le côté émotionnel engendré par l’exploitation animale laisse la place à la joie, le partage, le plaisir de se nourrir sans souffrance animale. Est-ce un choix conscient de ne pas l’évoquer frontalement ?


C’est une bonne question. C’est un vrai choix que de l’aborder comme ça oui. Comme je le mentionnais, au début j’étais assez vindicative et j’ai passé beaucoup de temps à essayer de mettre les gens face à leur contradiction. Je partagerai volontiers tout ce qui me tombait sous la main afin de montrer mes “preuves”. Et je me suis fatiguée, j’étais tout le temps en colère. Je n’avais pas envie de devenir une personne aigrie alors j’ai décidé de me consacrer à ce que je savais faire, mon cœur de métier : la transmission et l’apprentissage de la cuisine. Ça ne m’empêche nullement de proposer de longs articles (les RS c’est quand même très limité et ce n’est absolument pas là que se trouve l’essentiel de mon travail…) sur comment devenir végan, pourquoi, les dessous de l’élevage. Je traite également de ces sujets dans mes webzine dont le dernier en date sur le végétarisme et les dessous des produits laitiers. J’ai réalisé plusieurs vidéos sur mon parcours, sur le choix moral que c’est de devenir vegan et comment le vivre au quotidien vis à vis des animaux.
En résumé, quand on défend une cause, on ne peut pas être à tous les échelons pour faire changer les choses, c’est absolument impossible. Moi je ne me situe pas au début comme élément déclencheur. Mais je suis là quand les gens décident de creuser et de s’y mettre en cuisine. C’est comme si on reprochait aux personnes qui écrivent des livres sur le spécisme ou qui réalisent des podcast sur la condition animale de ne pas proposer en même temps des recettes de cuisine. Chacun sa zone de combat et c’est ensemble qu’on fait avancer les choses, je ne suis qu’un maillon.

 

Au-delà de l’alimentation, qu’est-ce que le véganisme a apporté dans votre vie, dans vos rapports au monde ?


Une vraie connexion avec le vivant, ce qui m’entoure, que j’avais très peu avant. Bien qu’ayant vécu toute ma vie à la campagne, entourée d’animaux, la dissonance cognitive était très forte, tout ça c’était un peu acquis pour moi, je ne le remettais pas en cause.

Aujourd’hui je suis bien plus consciente que tout est lié. Rien de spirituel là-dedans : nous sommes des animaux, qui vivons dans un environnement que nous ne respectons pas. Ça ne peut pas durer. On ne peut pas se comporter comme des dieux vivants en crachant sur ceux qui nous entourent, animaux, humains, nature et se regarder dans la glace en espérant que rien ne change.



 

 

 


Votre deuxième livre  » Dépenser moins, manger mieux » sort ce mois de janvier aux Éditions La Plage, comment l’avez-vous conçu et si vous deviez donner un seul argument pour se mettre à la cuisine végétale, quel serait-il ?


Je l’ai conçu comme une boîte à outils afin qu’il soit transposable dans un maximum de cuisines. Je ne crois pas à une seule méthode d’organisation en cuisine, je voulais que, quelle que soit la composition du foyer, les gens puissent se l’approprier et s’investir dans la qualité de leur assiette en préservant leur portefeuille. Le budget est un élément central de nos repas, quel que soit notre régime alimentaire, nous sommes quand même une majorité à y prêter attention et à vouloir mieux manger.
Mon argument est que la cuisine végétale est vraiment très facile. Ce qui est dur, c’est de s’y mettre dans la tête et dans l’organisation. Mais la cuisine végétale du quotidien en soi est réellement très facile et à la portée de tout le monde.

 


Eco- Bretons étant un média engagé dans les transitions écologiques, pouvez-vous nous dire ce que la notion de « transition écologique » vous évoque et comment est-elle ancrée chez vous en Bretagne ?


C’est un changement et je trouve que le terme transition englobe bien toutes les étapes par lesquelles on doit nécessairement passer. Les brûler ne va aider personne, ni les animaux, ni l’environnement ni les humains… On est encore au stade de l’information en Bretagne avec tous les freins pour y accéder que nous avons vu. On doit réfléchir collectivement à une autre façon de traiter le vivant et je ne pense pas qu’il y ait une solution qui fasse l’unanimité. Cependant, actuellement ce sont les intérêts d’une minorité qui décident pour la majorité et ce n’est pas tenable. Je trouve formidable toutes les alternatives qui se font à l’échelle d’un territoire, aussi petit soit-il. On a tendance à parler pour la France, mais on voit bien que les décisions majeures ne viendront pas d’en haut en premier lieu. La Bretagne est emprisonnée dans sa façon de faire, dans un élevage intensif et toutes les catastrophes qui en découlent, le monde de l’élevage et de l’agriculture n’a que très peu de marge de manœuvre. J’espère qu’un jour on arrivera à trouver une solution pour arrêter ces exploitations qui broient autant les animaux que les humains.

 


« Si, quand vous pensez à la crise climatique ou à la violence de notre système alimentaire, vous vous sentez impuissant•e et vous vous dites « J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose » : vous pouvez. ». Ces mots de Joaquin Phoenix, célèbre acteur américain et un des parrains du veganuary, résonnent avec ceux de Mélanie Mardelay. Alors n’hésitez pas à découvrir ses recettes savoureuses dans ses livres ou sur son blog !


Pour découvrir :
blog Le cul de poule
Instagram
webzine Le coup de fouet 

Définitions :


*Véganisme : Être végan est un mode de vie basé sur le refus de toute forme d’exploitation animale, la Vegan Society le définit ainsi : « « Une philosophie et façon de vivre qui cherche à exclure – dans la mesure du possible – toute forme d’exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s’habiller, ou pour tout autre but, et par extension, faire la promotion du
développement et l’usage d’alternatives sans exploitation animale, pour le bénéfice des humains, des animaux et de l’environnement. En matière diététique, il désigne la pratique de se passer de tous les produits dérivés en tout ou partie d’animaux. »


Végétarisme : Le végétarisme est une pratique alimentaire qui exclut la consommation de chair animale.

 


Pour aller plus loin :


** Chercheuse en philosophie, Myriam Bahaffou s’intéresse à l’analogie historique entre l’exploitation des animaux et l’exploitation des femmes. Article du journal Usbek et Rica

– podcast « Comme un poisson dans l’eau »




Des pas dansés vers un futur positif et désirable

EMPREINTE…d’autres chemins. C’est un spectacle, un conte dansé, que nous proposent le jeudi 2 novembre les compagnies Esprit danse et l’Arbre danseuse à Moëlan sur mer (29). En symbiose avec les associations Ozactes et Bretagne Vivante, une balade botanique et un atelier « nos vies bas carbone » seront proposés en prélude au spectacle. Parce que même sous et au dessus du bitume mortifère , le vivant s’exprime et résiste… Mais laissons les mots d’Ozactes nous emporter à la découverte de cette journée de déambulation poétique, sensible et politique, une journée sur Gaïa…


« Dans un monde saturé d’informations, de flux en tout genre, dans un monde en accélération constante, en auto-dévoration permanente, où peindre la vie en moche semble être le credo (dodu) du genre humain.

Ozactes propose donc de s’en aller ailleurs pour quelques instants partagés de contemplation de la beauté. Un spectacle dansé. C’est important. C’est important car cela permet de remettre la beauté au centre. Cela permet de remettre aussi au centre la dimension organique de nos existences: rythme, mouvements, suspension, accélérations, pénétration parfois fugace d’un instant unique, vibration, tensions, relâchement…


Ouvrez vos sens. Laissez entrez ce réel organique, laissez vous surprendre, tâtez de l’émotion, sondez la profondeur subtile et sensible de l’existence. La sensibilité, peut elle être un prélude à un changement de regard, de positions, de choix, La sensibilité peut elle être une première marche vers des lendemains meilleurs ?
Esprit danse : des amies de longues dates restées ensemble. Liées par des histoires et une passion commune pour la danse. Elles sont bénévoles mais elles travaillent beaucoup. Pour la beauté de la vie. Elles viennent de loin. »

 

 


En pratique :
Rendez-vous à L’Ellipse à Moëlan sur mer jeudi 2 novembre 2023, spectacle et repas à prix libre
* 16h30 balade autour des plantes spontanées avec Bretagne Vivante
* 18h atelier « nos vies bas carbone » avec Ozactes autour de notre empreinte CO2 et de notre empreinte en eau
* 19h30 spectacle de danse Empreinte
*21h-23h échanges, musique, à boire et à manger à prix libre pour prolonger la soirée




Portrait de femme n°16. Louise Roussel, la vélorutionnaire pour toutes… et bien plus encore !

« Quand vous voyez passer un cycliste, ne vous fiez pas à son allure inoffensive. A sa façon, il est en train de changer le monde ». Ces mots de Didier Tronchet, tirés de son petit traité de vélosophie, pourraient parfaitement s’appliquer à Louise Roussel. Mais le monde auquel Louise aspire, c’est celui où toutes les femmes ont accès au plaisir de rouler à vélo, vélo vu comme un fabuleux outil d’empowerment et de prise de confiance. C’est à Lorient (56) que nous la rencontrons pour évoquer son parcours et sa volonté de faire découvrir à toutes, la liberté, l’autonomie et l’émancipation que peuvent offrir le vélo. Et si Louise est devenue une des porte- voix de toute une génération de femmes cyclistes, nous découvrons que son engagement est bien plus vaste…

La première fois que nous avons rencontré Louise, c’était à l’occasion de la projection de son film-documentaire autour des femmes et du vélo, « Les échappées », co-réalisé avec sa compagne, Océane Le Pape et c’était déjà à Lorient. Cette ville est devenue depuis, son port d’attache, son point d’ancrage. Il n’a pas été choisi au hasard car la Bretagne et son énergie régénératrice, l’ont déjà sauvée d’un burn-out il y a une dizaine d’années. La beauté de la nature environnante, sa richesse culturelle et associative ont fait de Lorient le choix final des deux trentenaires.
Née dans les Flandres, fille de paysans, le vélo a été présent dans sa vie d’enfant comme un moyen courant de déplacements, de loisirs à la campagne, lui permettant de suivre facilement son grand frère. Mais alors que lui partait déjà seul à vélo vers 8 ans, les premiers souvenirs de Louise à vélo en solitaire se situent plutôt vers ses 12-13 ans… Une première différence entre les filles et les garçons qu’elle remarque aujourd’hui . Pas spécialement sportive, le vélo est relégué dans un coin de sa vie jusqu’au début de sa vingtaine où, pour accompagner son frère, elle décide de faire Amsterdam-Lille en pédalant. Par manque d’argent, le vélo leur semble un moyen accessible de voyager. Elle avoue en rigolant que cette première expérience fût horrible ! Débutants complets dans le voyage à vélo, sacs à dos… sur le dos… trop chargés, Google Maps se révélant le guide le plus foireux qui soit, l’aventure fût épique et reste un souvenir mémorable à raconter ! Et aussi décomplexant pour tous et toutes ! Mais le déclic est là, le sentiment de puissance et de liberté retrouvée, d’avoir réussi à faire cela « seulement avec son corps » lui font aimer et continuer le vélo. L’année suivante, elle part seule jusqu’à Budapest et depuis, n’arrête plus de rouler. Son vélo est devenu son moyen de transport principal et elle prend un malin plaisir à démontrer par l’exemple, qu’elle peut tout faire à vélo, comme arriver à des mariages à l’autre bout de la France ! Ne prenant plus l’avion, il lui permet également de faire des longues distances en Europe.

Louise se rend vite compte que les femmes sont peu représentées dans le milieu du vélo. Pourtant elles existent mais sont souvent invisibilisées… Les comportements sexistes sont légion, les remarques récurrentes sur le physique, sur les équipements vestimentaires, sont accompagnés d’un manque de place laissée aux femmes dans les fédérations, dans les ateliers de mécanique et même dès la conception des vélos, dans les entreprises du secteur… Comment changer cela ? Louise a toujours écrit, plus jeune elle a été correspondante de presse, a fait des études de communication… Son attachement à transmettre, à mettre en valeur les autres va pouvoir s’exprimer dans le domaine des femmes et du vélo. Ouvrir le champs des possibles, créer une communauté d’entraide sont des valeurs fondatrices pour elle. Encouragée par Océane, qui relisait les portraits qu’elle écrivait pour raconter les initiatives créées dans sa ville lors du confinement, l’idée d’un livre a germé.

Un livre et un road-movie pour visibiliser les femmes cyclistes

Ce sera « Le guide du vélo au féminin, à vos cycles ! »( Tana Editions ) en 2021, livre écrit comme un objet-manifeste, « un récit féministe, joyeux et poétique qui propose de découvrir des femmes, de leur 1er coup de pédale à la grande aventure, d’apprivoiser la technique grâce aux fiches pratiques et de prendre la route ». Sur la couverture, on y retrouve les mots « liberté, émancipation et autonomie ». Ce livre, écrit pendant le confinement, Louise et Océane ont eu envie de le faire vivre sur les routes de France, en allant à la rencontre de celles qui roulent, travaillent et luttent pour ouvrir la voie par le biais du vélo. Elles ont rencontré près de 200 femmes, certaines présentes dans le livre, et ont réalisé « Les échappées », road-movie sur ce périple de 3000 km à travers l’hexagone. On y retrouve des femmes comme Swanee Ravonison, artisane cadreuse à Nevers, une des seules en France à fabriquer entièrement des vélos dans son atelier PaRiaH, ou encore Gaëlle Bojko qui a parcouru 900 km sur la glace du lac Baïkal. On y rencontre des femmes de tout âge, de tous milieux sociaux et c’est un vrai choix politique que les deux jeunes femmes ont opéré dans leur désir de visibiliser les femmes cyclistes. Louise nous explique qu’il peut être très facile de rester dans les schémas habituels et de ne présenter toujours et encore que les mêmes profils… Elle jette pourtant en toute humilité, un regard critique sur le fait qu’elles n’ont pas représenté de femmes en situation de handicap visible ou de femmes trans, en regrettant de ne pas être aller jusqu’au bout de leur démarche d’inclusivité. Mais ce tour de France et la centaine de projections du documentaire lui permettent de continuer son travail de réflexion. Elle aurait maintenant choisi de ne pas intituler son livre avec le terme « au féminin » car le mot lui semble trop connoté, comme une injonction à être féminine. C’est un livre pour toutes les femmes, qu’elles soient féminines ou pas, peu importe !
Le livre et le documentaire ont permis d’emmener le sujet du féminisme dans des espaces, comme des clubs de cyclotourisme par exemple, où il n’était jamais évoqué, mais également dans des assos féministes où le sujet du vélo, du sport en général, pouvait sembler « pas assez noble pour certains espaces intellectuels ». La rencontre et le dialogue entre deux mondes qui se méconnaissent parfois, est tout l’intérêt de la démarche.


Femme engagée, militante, Louise l’était bien avant sa rencontre avec le vélo. Sa sensibilité au monde qui l’entoure, à l’écologie, aux inégalités et dominations, lui ont fait très tôt participer à de multiples initiatives, en cherchant où s’impliquer pour être utile. Louise évoque avec simplicité la création de l’association lilloise, Vai ma poule, qu’elle a co-créée en 2018 avec des amies. Elle accueillait déjà régulièrement des personnes réfugiées, en demande d’asile, pour dîner simplement chez elle et l’idée de rouler ensemble leur est venue en regardant les vélos qu’elle entreposait dans son petit appartement… Vai ma poule était née comme une évidence… Le vélo , pour faire du lien, pour se faire du bien, pour découvrir un nouveau territoire de vie… et aussi pour « pouvoir s’identifier en tant que cycliste, pouvoir se sentir comme tout le monde, pour permettre de prendre une place dans la société et de se sentir légitime de le faire ».

On ressent chez Louise une vision globale du monde, ses observations sont fines et sensibles, réfléchies et tendent vers le vivre-ensemble, le commun, dans le respect des différences, dans l’entraide et le partage. Dans son nouveau territoire de vie qu’est la Bretagne, elle évoque déjà le
problème de l’accès au logement en citant le livre « Habiter une ville touristique » du collectif Droit à la ville Douarnenez ou encore la réalité du milieu agricole en citant celui d’Aurélie Olivier, « Mon corps de ferme ». L’aspect politique des choses l’intéresse, dans son ancienne région, elle a déjà fait partie d’une liste électorale aux dernières élections municipales, et elle voit la politique comme pouvant permettre de réellement transformer la vie des gens. Pour le moment, elle découvre la région lorientaise et ses dynamiques, en s’y impliquant déjà dans sa vie professionnelle et associative, comme par exemple en animant des ateliers d’autoréparation chez Syklett en mixité choisie.

« La joie est un acte de résistance »

Eco-bretons étant un média engagé dans la transition écologique, nous demandons à Louise ce que cette notion lui évoque: «C’est comment passer du monde d’avant au monde d’après» , sans vouloir être dans une phrase-clichée s’exclame-t’elle aussitôt! « Nous sommes dans un monde qui ne peut plus fonctionner parce qu’il consomme trop de tout, trop d’énergie, trop de vêtements… Nous avions l’impression de pouvoir continuer comme cela, de prendre l’avion tous les week-end, d’acheter de tout, tout le temps… Mais nous savons que cela n’est plus possible alors comment fait-on? ». Après une phase angoissante, c’est l’excitation de réussir ce monde nouveau qui l’emporte, l’enthousiasme de tout ré-inventer qui prévaut, joie et colère mêlées comme moteur d’actions. Une phrase prononcée par l’ancienne ministre belge, Sarah Schlitz l’a particulièrement touchée : « La joie est un acte de résistance ».

Et le vélo dans tout çà ? La réponse semble évidente sur l’empreinte carbone, moins de CO2 à l’usage comme à la fabrication, moins de pollution visuelle et sonore, moins de bétonisation de l’espace public, désengorgement des villes, amélioration de la santé physique et mentale… Et encore et toujours, Louise évoque et revendique le caractère populaire du vélo. Elle peste contre la mode du vélo «nouveau golf», qui ne serait réservé qu’aux plus nantis. Le vélo est et doit rester populaire et accessible à tous et toutes, un vecteur de lien social et d’égalité… Pas d’écologie sans justice sociale somme toute…

Louise Roussel est en mouvement, elle avance déterminée et attentive au monde. Elle semble aller vite mais sa vitesse est à échelle humaine pour ne laisser personne de côté. Les projets foisonnent et Louise qui avait pourtant dit « j’arrête de parler vélo ! », évoque en souriant malicieusement, la préparation d’un podcast sur deux femmes préparant le Paris-Brest-Paris, épreuve mythique de cyclotourisme car elle adore le côté désuet que peut refléter cette épreuve et aime son côté accessible. La création d’un « festival du voyage féministe et populaire » est aussi d’actualité avec Océane : projections, rencontres, podcasts, bivouac collectif… sont dans les projets des deux femmes. Avec toujours l’idée d’inclure le plus possible tous les publics, par des journées avec des scolaires, dans les quartiers de Lorient, à imaginer « comment voyager en restant chez soi », des ateliers de balisage de randonnées ou de lectures de cartes… « Voyage féministe » parce que oui, les femmes voyageuses, exploratrices ont été nombreuses et une idée suggérée par une de ses amies, la réalisatrice du film « Women don’t cycle », Manon Brulard, a fait naître le désir d’un marathon d’élaboration de fiches Wikipédia sur ces femmes. Et cela pour les rendre visibles parmi les 80% de fiches masculines !

Transmettre, partager, inspirer et s’il ne fallait retenir qu’un seul conseil de Louise, ce serait celui « d’oser, d’essayer… au pire, cela ne te plaira pas ! ». Mots en résonance avec ceux de Lael Wilcox, icône mondiale du bikepacking, cycliste de longue distance : « Tu ne sais pas
que tu peux faire quelque chose jusqu’à ce que tu essaies. »

Recommandations de Louise :
* livre : « Les femmes aussi sont du voyage, l’émancipation par le départ » par Lucie Azema (Editions Flammarion ). Parce qu’Ulysse parcourt le monde et Pénélope reste immobile… et si cela changeait ?
*livre : « A vélo en famille » par Jeanne Lepoix et Camille Boiardi-Franchi ( Tana Editions).

*vidéos : celles de The Adventure Syndicate, la Resolution Race. Quatre femmes en vélo-cargos qui relient Edimbourg à Copenhague dans une aventure drôle et pleine de sens et qui montre « dans quelle mesure la détermination collective, la collaboration et la bienveillance peuvent nous porter dans la course pour sauver notre planète » http://theadventuresyndicate.com/resolution-race
A noter, rencontre avec Louise Roussel et Océane Le Pape au café-librairie Boucan
de Pont Aven (29) le vendredi 12 mai à 18h30 : Projection du film documentaire « Les échappées » à prix libre suivi d’un échange autour du film et du livre « Le guide du vélo au féminin ». Réservation fortement conseillée auprès d’Anne et Mathilde de Boucan au 0950917953 ou 0609203580. https://www.facebook.com/boucanpontaven/
 



Discuter, inspirer, et fêter l’autogestion

La 7ème édition de la fête de l’autogestion va se dérouler le samedi 1er juillet à Quimperlé (29) et aura pour thème « l’emprise du capitalisme dans les médias ». Organisé par la CNT 29 (Confédération Nationale du Travail) en collaboration avec l’association inclusive et solidaire, Ty Pouce, la journée permettra à toustes de réfléchir ensemble aux diverses dominations existantes
dans la presse et plus largement dans la société.

C’est sur les bords de l’Ellé, au café et ferme urbaine de Ty Pouce, lieu bienveillant d’expérimentations en tout genre, que nous rencontrons des membres du STAF 29, comité sud- finistérien de la CNT. Issu du syndicalisme révolutionnaire, le syndicat interprofessionnel revendique l’autogestion comme moyen d’abolir le capitalisme par l’établissement d’une autonomie de pensée, de production et d’organisation non hiérarchisée. Il est présent dans les luttes sociales de défense des salarié.es, dans la défense des personnes immigrées, dans les luttes anti-patriarcales ou encore aux côtés d’associations de luttes écologistes et organise également des moments festifs pour faire connaître et populariser l’autogestion : « La fête de l’autogestion est l’occasion de réunir les organisations et les individus soucieux de lutter contre le système d’oppression et de domination ».


Cette année, la CNT 29 a retenu le thème des médias et le programme sera riche d’échanges. De la musique et du théâtre se succéderont autour de deux temps forts : Un débat avec Nils Solari d’ACRIMED (Action Critique Media), association d’intérêt général pour un observatoire des médias, qui viendra exposer l’organisation des médias en France, leurs financements et la place des tutelles publiques comme privées. Il esquissera également des idées de modèles pour préserver l’indépendance de la presse, du pouvoir économique et politique. Une table- ronde réunissant des acteurs participants à des médias indépendants sera également organisée ( citons les médias CQFD mensuel critique et d’expérimentations sociales, les Mutins de Pangée coopérative audiovisuelle…). Nul doute que les échanges permettront de mieux connaître, voir de découvrir de nouveaux médias…


Tout au long de la journée, un village associatif sera présent réunissant éditeurs, associations, groupes politiques ( L’Atelier Paysan, LDH Quimperlé, L’Artère, Babellium…) et permettra de nourrir encore un peu plus la réflexion tout comme Ty Pouce qui nourrira également les corps, en proposant buvette et restauration sur place.
Dans la continuité de la fête de l’autogestion, une soirée de soutien aux luttes écologistes est organisée à partir de 20h par les associations et organisations Ty Pouce, PARESSE, l’Union Syndicale Solidaires, Ozactes et la CNT avec des concerts à prix libre.

 

 

 

 

En pratique:
* Fête de l’autogestion de 12h à 20h entrée à prix libre
plus d’infos sur https://www.cnt-f.org/staf/
* Soirée de soutien aux luttes écologistes 20h concerts à prix libre à Ty Pouce, 4 ruelle des gorrêts QUIMPERLE (29)

Buvette et restauration sur place




Portrait de femme N°15. Maurèen Poignonec, le crayon en action

C’est sur l’île de Groix que nous partons à la rencontre de Maurèen Poignonec, illustratrice jeunesse récemment installée en région rennaise et dont la sensibilité artistique se conjugue avec son engagement de militante pour les causes environnementales et sociales .

Crédit photo : Basile Mesré-Barjon

Originaire du Finistère par son père, la Bretagne a toujours été un endroit lui apportant une respiration, une énergie nourrissant sa pratique du dessin et où elle a choisi de s’établir. Comme tous les enfants, elle a toujours dessiné mais « fait partie de ceux qui n’ont jamais arrêté ! ». Encouragée par ses professeurs, elle a poursuivi un parcours de bac L option arts plastiques puis a intégré les ateliers des Beaux Arts de la ville de Paris et y a choisi des ateliers axés sur le dessin et la narration. Un passage furtif par les Beaux Arts de Versailles et les Arts Déco de Strasbourg lui a confirmé que l’enseignement académique ne lui convenait pas. Maurèen nous confie d’ailleurs qu’elle n’aime pas être contrainte et que le choix de l’illustration jeunesse lui offre cette liberté d’imagination tellement chérie…, elle peut dessiner un éléphant énorme, plus haut qu’une maison , sans que cela soit jugé comme incorrect !
Particulièrement sensible au vivant, très proche du monde de l’enfance, elle dessine énormément d’animaux et son univers est rempli de sensibilité, de douceur et de petits détails humoristiques qui la caractérisent si bien !

C’est en 2015 qu’une info, donnée par une ses amies sur la féminisation des poissons dues aux pilules contraceptives, l’a emmenée à une prise de conscience accrue des problématiques environnementales. « Au départ, c’était juste une indignation personnelle… je me suis mise à faire des recherches sur les liens entre nos consommations et les impacts environnements et sociaux… ».Et là, tout s’enchaîne et fait sens pour elle. Le documentaire « The true cost », qui explique l’impact de la mode à petit prix, a été un choc. Une fois informée, c’était difficile de revenir en arrière… Elle était déjà végétarienne mais a commencé par faire encore plus attention à sa consommation, à ses déchets… des petits gestes qui en ont entraîné d’autres et notamment une envie forte de collectif.

C’est en Bretagne, au Quillio, que Maurèen a participé au rassemblement CollapsHill en 2020 avec des intervenant.e.s comme Laure Noualhat, journaliste environnement, autrice engagée, Vincent Mignerot, essayiste ou encore Anne-Laure Nicolas de l’éco- domaine du Bois du Barde, lieu important en Bretagne pour imaginer une autre façon de vivre plus respectueuse du vivant dans toutes ses dimensions. De retour en région parisienne où elle vit à l’époque, elle participe au camp climat d’Alternatiba Paris. Et elle ressent un énorme coup de coeur pour le mouvement, pour son fonctionnement bienveillant, pour ses luttes sur le terrain mais également pour la possibilité offerte d’imaginer des alternatives désirables à notre mode de vie actuel. Elle participe avec eux à des actions comme celle de l’envahissement du tarmac de l’aéroport Roissy- Charles de Gaulle contre l’extension du terminal T4 ou encore récemment, au blocage de l’AG des actionnaires de Total, en assumant les risques juridiques inhérents aux mouvements de désobéissance civile. Elle nous raconte avec amusement son interpellation par la police sur le tarmac où elle a suivi très gentiment, évidement sans violence, le policier pour sa garde à vue. Portée par le collectif, pour
Maurèen, « cela ne fait pas peur de faire quelque chose qui est profondément légitime.Je ne vais rien faire de mal, on fait tout cela pour demain, pour l’avenir de tous et toutes… ». L’engagement militant lui apporte une grande confiance en elle.
Elle a en toute cohérence arrêté de prendre l’avion et a dessiné une petite BD sur Instagram qui s’intitule « Diaboliser l’avion avec délicatesse pour profiter longtemps de notre planète ». Une petite série de dessins pour se questionner, non pas directement sur le climat, mais sur son propre rapport aux voyages, comment elle- même a réussi à le déconstruire et à communiquer dessus sans culpabilisation et avec humour.

 

Maurèen Poignonec évoque la façon dont ses engagements personnels ont pu rentrer en résonance avec son métier d’illustratrice. Elle en a pris conscience il y a deux ans, en travaillant avec le collectif « La rue est à nous » qui fait partie d’Alternatiba. « Je me suis rendu compte que les univers que je dessinais, n’étaient pas du tout ceux que je côtoyais au quotidien. Je ne dessine pas d’univers pollués… je dessine littéralement et inconsciemment un monde que j’ai envie de voir. Parfois, j’ai dessiné des voitures mais c’était écrit, sinon je n’en dessine pas naturellement ! ». Elle adore participer à des projets où elle sait qu’elle pourra dessiner des forêts avec des arbres énormes, dans lesquels elle pourra s’amuser à y cacher pleins de petits animaux, et quand ses projets éditoriaux inclus des villes, elle y rajoute des arceaux à vélo devant chaque maison et des pistes cyclables dès qu’elle le peut ! C’est très important de montrer à voir autre chose aux enfants, « l’imaginaire est fondamental pour penser, rêver le monde de demain », phrase qu’elle emprunte à Rob Hopkins, initiateur des villes en transition et militant environnementaliste britannique. Pour réaliser un futur désirable, il faut pouvoir se l’imaginer et ce changement de paradigme peut tout à fait passer par la littérature jeunesse et par l’art en général, par la liberté de penser qu’ils nous offrent…

En 2021 est paru un livre qui lui tient particulièrement à coeur. « Dix idées reçues sur le climat » .Myriam Dahman, experte climat à l’AFD (Agence Française de Développement) et également autrice jeunesse, sa collègue Charlotte-Fleur Cristofari, experte en politique climat- énergie et Maurèen ont réalisé ensemble cet ouvrage. Ce n’était pas une commande d’éditeur mais un vrai désir de personnes engagées. C’est Glénat, un des éditeurs de Maurèen, qui a répondu favorablement au projet des trois jeunes femmes. Elles ont voulu un livre pour les 12-25 ans qui traite le sujet du climat en faisant à la fois de la vulgarisation scientifique et en donnant des idées d’actions pour agir. Le livre souhaite apporter un double message : d’espoir d’abord, car il n’est jamais trop tard pour agir ; et puis de mobilisation : chacun doit faire sa part. Les dix idées reçues choisies ne l’ont pas été au hasard mais s’inspirent des discours qui retardent l’action climatique. Elles ont été présentées dans un papier de recherche de l’Université de Cambridge en 2020. On peut en citer deux en exemple : « 2 degrés, ça ne change rien » ou encore « c’est triste pour les ours polaires mais ça ne change rien à nos vies ».
Les autrices et illustratrice ont particulièrement fait attention au côté émotionnel, l’impact psychologique n’est pas nié sur des sujets pouvant être graves. L’humour des dessins, la bienveillance et les propositions d’actions montrent que, même si l’état d’urgence climatique est là, la solidarité et l’entraide sont présentes et essentielles. Pour Maurèen, le rôle de l’illustration est justement d’emmener de la légèreté et de l’impertinence au livre.

 

Pour Eco-bretons, Maurèen évoque ce à quoi la notion de transition lui fait penser : « C’est quelque chose que je vois comme nécessairement collectif…la transition ne se fera que lorsque nous serons nombreux et nombreuses à penser à des alternatives… »
Et on ne peut que conseiller les livres de Maurèen Poignonec pour cela ! Ils sont remplis d’attention au vivant, de drôleries, de luttes contre les stéréotypes, de féminisme etc… Pari réussi, on a envie d’y vivre ! Et qui sait si un jour, elle n’alliera pas ses dessins avec sa plume qui est également fort sensible ?
Nous quittons cette jeune femme, venue à vélo de Paris à Groix ( petit passage en train et bateau bien sûr ), impressionnés par le talent, la détermination , la cohérence et la douceur de cette illustratrice à suivre sans hésitation !

 

Pour découvrir le blog de Maurèen : https://poignonecmaureen.blogspot.com/

 


Chronique de lecteur :  » la petite fille jaune tournesol « 

 

 

 » la petite fille jaune tournesol  » est un livre à double lecture.

L’enfant y découvre un monde coloré, poétique et intense. C’est une ode à la vie, au vivant. Le beau y est omniprésent, et la qualité des dessins amène un rendu féérique.

Pour l’adulte, nul jugement, ni morale, juste un questionnement subtilement distillé au fil des pages au travers de cette enfant débordante de vie face à ces gens ternis, de leur uniformité écrasante et de leur flamme éteinte.

Le gris est la couleur d’un ciel qui gronde, d’un avant-orage, d’un soleil caché, d’une flopée de nuages … et de tout plein de choses, mais le gris est aussi transitionnel.
Il ne reste pas, il peut être coloré, comme il peut en tomber de la pluie. Il peut laisser place au beau temps, comme à l’orage.

S’il ne devait me rester qu’un sentiment à la fin de cette lecture, ce serait celui d’une envie de coloriser le monde.

 




MOTHERLOAD , la révolution du vélo-cargo

(Plume citoyenne) Le dimanche 22 janvier, c’est à Morlaix (29), que l’association APAV (A Pied A Vélo en pays de Morlaix ) organise un ciné-débat autour du film-documentaire « Motherload » de la réalisatrice Liz Canning. En partenariat avec La Salamandre, le cinéma du collectif SEW, il sera projeté à 15h30. La volonté de l’association est d’amener le public à se questionner sur les alternatives à la voiture individuelle, notamment la marche et le vélo, et à imaginer d’autres formes de mobilité, plus émancipatrices, conviviales et durables.

C’est en 2008, suite à la naissance de ses jumeaux, que la californienne Liz Canning s’est résolu à troquer son vélo contre une voiture censée être plus adaptée à son nouvel usage familial. Mais cette cycliste joyeuse et convaincue a vite déchanté…
Elle s’est rendue compte que ce nouveau véhicule ne lui convenait pas, qu’il n’était pas en accord avec son mode de vie, ses valeurs et même qu’il la rendait malheureuse !
Mais comment faire sans voiture pour continuer ses déplacements avec Rocko et Stormy, ses jumeaux qui grandissaient ?
Après quelques recherches Internet, elle découvre l’existence du vélo-cargo et d’une riche communauté américaine réunie au sein du Cargo bike Movement.
Enthousiasmée par ce mode de vie, Liz décide de réaliser un documentaire participatif sur ce mode de transport, qu’elle juge comme aussi révolutionnaire que ne fût au 19 ème siècle, celui de son ancêtre, la bicyclette. Dès 2011, elle commence à recueillir à travers le monde, du Danemark au Ghana, en passant par l’Australie, des centaines de témoignages d’utilisateurs et d’utilisatrices de vélo-cargos. Le résultat est sans appel, ils sont tous et toutes uniment convaincu.es, la vélorution du vélo- cargo est en marche !
Sorti en 2019, « Motherload » fait le tour de nombreux festivals dans le monde et remporte plusieurs prix, notamment un prix spécial du jury au célèbre festival américain de Sundance.

 

En Bretagne également, les vélo-cargos sont de plus en plus nombreux sur les routes.
Tristan, Émilie et Julien, respectivement menuisier, assistante maternelle et infirmier, utilisent le vélo-cargo dans leurs déplacements, professionnels pour les deux premiers et familiaux pour le troisième. Ils nous livrent quelques mots symboles de ce que cela leur a apporté : « liberté, efficacité, lien social, agilité, environnement respecté, activité physique, transmission de valeurs aux enfants, plaisir et combat… ». Des propriétaires visiblement enthousiasmés et qui ont renoncé à une voiture dans leur foyer . Et qui sont aussi devenus des militants actifs dans des associations de promotion du vélo au quotidien.

 

 

 

Au cœur de la Manufacture des tabacs de Morlaix, l’APAV proposera un temps d’échanges, de débats et de rencontres entre le public et des propriétaires passionnés de vélo-cargos. Vous aurez même la possibilité d’essayer différents modèles (longtail, biporteur …) dans le sublime écrin de la cour du SEW car nul doute que ce documentaire solaire, ode à la liberté retrouvée, vous aura donné envie de remiser votre voiture contre une bicyclette. « Motherload, kid tested, planet approved » !

 

Pour en savoir + :

site officiel : http://motherloadmovie.com/
FB : https://www.facebook.com/MOTHERLOADmovie2/
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCQg6vIR05Ng5i2pHk_1dM6A