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Pour que la vie ne manque pas de sel, le vent nous le portera !

Brest, Camaret, Audierne, Concarneau, Lorient, Belle-Île, Yeu, Pornic, Noirmoutier, Nantes, le Crouesty, Lorient, Concarneau, Roscoff, Morlaix, l’Aber Wrac’h, Camaret, Brest, Plougastel et Landerneau, autant d’escales où sont chargées et livrées plus d’une vingtaine de tonnes de produits tels que des vins, du sel, des produits de la ferme, des conserves de légumes, de poissons de fruits de mer, ou de porc, des cidres, du safran, du miel, des tisanes, des confitures, des algues, des bières, des pâtes ou des pommes de terre. Selon un cahier des charges précis, quelque 700 milles sont ainsi parcourus, en une quinzaine d’escales, pour livrer 150 références de produits locaux et bios bretons à des partenaires distributeurs, de la Vendée au Trégor.

« La saline de La Galopinière a été la première au milieu des années 90 à faire revivre la grande aventure de la saliculture dans le marais breton », indique Stéphane Guichen qui a ouvert son atelier-boutique voici un an aux écluses de Morlaix (1). « Travaillée dans le respect des traditions et de l’environnement elle offre le meilleur d’une nature exceptionnellement préservée. En choisissant de produire et de transporter du sel sans émission de co², Ty an Holen se veut aussi l’ambassadeur d’un mode de vie plus durable et d’une consommation plus responsable. », poursuit-il.

Des valeurs partagées par Guillaume Legrand avec TOWT – Transport à la voile qui travaille à une meilleure connaissance de ce mode de transport, propre et durable (2). En effet, le trajet, accompli sans pétrole, ne contracte pas la dette environnementale que les transports classiques creusent chaque jour. Towt – Transport à la voile entend ainsi proposer une réponse concrète et immédiate.

Livraison et vente directe de sel, mercredi 9 juillet aux écluses du port de Morlaix

Le sel Ty an Holen arrivera à Morlaix à bord de la gabare Notre-Dame-de-Rumengol  mercredi 9 juillet prochain, aux alentours de 16h-16h30. Dix tonnes qui auront fait le tour de la Bretagne à la voile depuis Pornic (44) afin que leur empreinte carbone ne soit pas supérieure à celle des tomates du jardin sur lesquelles elles finiront !

Stéphane Guichen et l’équipage invitent  le public à venir accueillir le bateau aux écluses du port de Morlaix et à les aider à débarquer le sel en participant à une mini-chaîne humaine. Chaque participant se verra restituer sous forme d’un sac de bon sel gris l’ensemble des minéraux qu’il aura transpiré pendant l’opération.  « Il sera également possible de venir en bateau accompagner l’énorme gabare dans sa remontée de la baie et de la rivière de Morlaix. Ou amener des instruments de musique. Ou une bilig. Ou les quatre, c’est-à-dire avec une bouteille bien entendu ! », précise Stéphane Guichen. « Pour celles et ceux qui voudraient faire leur réserve à cette occasion (conserves, bains, cochons, biquettes, restaurants, boulange, fromage…) le sel sera proposé au prix de 1.10€ le kilo / sac de 25-30kg ».
 

Il ne tient qu’à nous tous d’aider à pérenniser cette ligne nord-sud-sud-nord Bretagne à la voile (3ème édition en 2 ans) pour engager notre région sur la voie de la transition énergétique.

(1)http://www.nordbretagne.fr/Ty-an-Holen-Dans-le-marais-salant-de-Stephane-Guichen_a2134.html
(2)http://www.towt.eu/par-la-seule-force-du-vent-de-nantes-a-morlaix/

 

 

Transportant du temps de son activité de gabare : bois, oignons, fraises, sel et vin, Notre-Dame-de-Rumengol, ce travailleur de la mer, est un témoin de sa mission première au 21ème siècle. Propriété de l’association An Test, le bateau transmet une culture, un patrimoine. Une souscription spéciale (1), pour la restauration du bateau est lancée auprès du grand public et des entreprises.

 

Ce transport à la voile est organisé par TOWT avec le soutien du Conseil Régional de Bretagne, dans le cadre du dispositif de modernisation de l’offre des voiliers de Bretagne.

 

  1. http://www.fondation-patrimoine.org/fr/bretagne-6/tous-les-projets-335/detail-bateau-notre-dame-de-rumengol-14483



2ème plan climat-énergie territorial 2014-18 du Conseil général du Finistère. Beaucoup de bruit pour rien !


Le bilan de la « consultation »rend compte de nombreuses remarques d’associations et de personnes individuelles concernant la centrale de Landivisiau (pages 16,17,18). Nous donnons ci-dessous les réponses du Conseil Général (page 24 du rapport).


III.1.3.2. Les observations relatives au projet de centrale à cycle combiné gaz de
Landivisiau :

De nombreuses contributions ont porté sur le projet de centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau. Huit des vingt contributions reçues portaient sur ce sujet. Ces différentes observations peuvent être regroupées sous les thématiques suivantes :

a) Les contributions :

- L’absence de transparence : la position des collectivités locales est perçue comme peu claire et comme favorable au projet. Certains contributeurs manifestent également des inquiétudes sur d’éventuelles indemnités promises à l’opérateur en cas d’abandon du projet.

- L’annonce de la réalisation de la centrale en 2016  : plusieurs contributions signalent une incohérence à annoncer la mise en service de cette centrale pour l’automne 2016 alors même que l’enquête publique n’a pas encore eu lieu et que les étapes de consultations et d’enquête publique sont des étapes majeures qui peuvent remettre en cause le projet.

- Les rejets de fumée de la centrale : certains contributeurs dont le groupement des agriculteurs biologiques s’inquiètent de l’impact qu’aura le panache de fumée. La durée de fonctionnement évaluée entre 2000 et 6000 heures par an est rappelée et interroge directement la question de l’effet sur les cultures. Le type même d’équipement est contesté car consommateur d’énergie fossile, générateur de gaz à effet de serre et d’un rendement énergétique jugé contestable.

- Le choix technologique : certains contributeurs contestent le fait que la centrale soit moins polluante que les turbines à combustion (Tac) utilisées actuellement. Ils indiquent que la centrale dégagerait entre 3,2 à 56,7 fois plus que les turbines au fioul de Brennilis et de Dirinon réunies. Ils concluent donc que le Finistère augmenterait ainsi ses émissions entre 208 500 tonnes et 895 900 tonnes de CO2/an, soit entre 3 et 13,8 % de CO2 en plus et non en moins.

Sur les questions techniques toujours, le collectif Gaspare est en désaccord avec le fait que les turbines à combustion soient appelées à être arrêtées à l’horizon 2015.

La durée de fonctionnement de la centrale compte-tenu des pics de froid est également contestée. L’utilisation prévue de la centrale est comprise entre 2000 et 6000 heures par an ce qui représente entre 83 et 250 jours par an : ce n’est pas conforme aux pics de froid en Bretagne.

- Le financement du projet : Les contributions sur le sujet portent, d’une part, sur la question de l’affection d’une partie de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) pour le projet et sur le positionnement de ces financements sur de la production et non sur des actions de réduction de la consommation. Ainsi, certains contributeurs contestent le financement public du projet centrale via la CSPE en indiquant que l’opérateur retenu pourrait toucher jusqu’à 40 M€ par an pendant 20 ans. Ils demandent à ce que les conditions d’utilisation de la CSPE soient rappelées dans le texte final du PCET

D’autre part, ces contributions sollicitent l’utilisation des financements publics pour développer des actions de réduction de la consommation et de production d’énergie renouvelable. Ils proposent de redéployer les financements prévus pour ce projet au profit d’investissements dans des politiques volontaristes de réduction des consommations.

Enfin, certaines contributions proposent des nouveaux mécanismes de taxation et de financements (taxation progressive des comportements générateurs de gaz à effet de serre, aide à l’isolation des bâtiments, aide à la production locale et à la recherche d’autonomie d’énergie).

Des contributeurs signalent que des centrales à gaz sont à l’arrêt : la centrale de Montoir de Bretagne est mise sous cocon, la centrale de Toul est à vendre alors qu’elle a été inaugurée en juin 2013. Selon ces contributeurs, ces centrales au gaz ne sont plus rentables.

Les conditions de concertation et le recours à la commission nationale du débat public (CNDP) : des contributeurs sollicitent du conseil général du Finistère une saisine de la commission nationale de débat public (CNDP).

b) Les réponses :

Sans préjuger de l’intérêt de ces contributions, il est nécessaire de rappeler que le Conseil général n’a pas compétence en matière de politique énergétique : l’appel d’offres qui a abouti à retenir le projet de centrale à cycle combiné gaz a été rédigé et piloté par les services de l’Etat.

Le Conseil général n’a pas été consulté dans ce cadre.

Le Conseil général n’a adopté aucun avis sur le projet.

S’agissant de la formulation utilisée dans le 1er document du PCET, le Conseil général prend acte des observations émises quant à l’absence de certitude, à ce stade de la procédure, sur la réalisation effective de la centrale. Les corrections nécessaires seront donc dans les documents définitifs. Dans les phrases concernées, les verbes exprimés au futur seront donc remplacés par les mêmes verbes au conditionnel.

S’agissant des éléments techniques, le Conseil général renvoie les contributeurs vers les documents publiés par l’Etat et la Région dans le cadre du pacte électrique breton.

L’ensemble des données relatives à l’état des lieux y sont présentées.

Enfin, concernant les aspects financiers, le Conseil général rappelle qu’il n’est pas compétent pour agir, tant sur les choix d’affectation de la CSPE que sur les autres financements associés au projet de centrale à Landivisiau.

Sur les modalités de concertation, le Conseil général est intervenu auprès des services de l’Etat pour que la population locale et finistérienne soit le plus largement possible associée aux étapes du projet. Il a notamment demandé au Préfet la création d’une Commission Locale de d’Information et de Suivi. En revanche, le Conseil général ne peut influer sur la décision de la Commission Nationale du Débat Public.


Notre commentaire :

Le Conseil général n’a adopté aucun avis sur le projet ?

N’est-ce pas son président qui déclarait en avril 2011 au sujet d’une centrale électrique à gaz dans le Finistère : « Cette centrale d’appoint se justifie, parce que les deux autres options n
e seront pas opérationnelles immédiatement. Et parce que les énergies renouvelables sont intermittentes. Elles ne vont pas produire au moment où nous en aurons besoin. Et nous ne sommes pas encore très équipés pour stocker l’énergie. C’est un tout cohérent »
.

N’est-ce pas lui qui confirmait, en février 2012, qu’il était favorable à une centrale électrique à gaz dans le Finistère mais « Qu’il aurait préféré Brennilis »  ?

Si, donc, le Conseil Général du Finistère et son Président n’ont rien à dire au sujet de la Centrale à Gaz de Landivisiau, qu’il se taisent vraiment et surtout qu’ils ne prétendent pas avoir élaboré un véritable « plan climat-énergie » pour le Finistère.

http://seaus.free.fr/




Prenez vos « Plumes citoyennes » pour témoigner d’initiatives bretonnes de transition écologique

« Un peu partout dans le monde, les gens s’entretuent, c’est pas gai. D’autres s’entrevivent, j’irai les retrouver. »

Aujourd’hui, à l’instar de l’ami Jacques Prévert, des personnes se bougent, en Bretagne comme ailleurs, décidant d’être actrices du changement qu’elles souhaitent voir en ce monde pour qu’il devienne enfin plus écologique, plus solidaire, plus désirable.

C’est pourquoi il nous tient à cœur d’accentuer la dimension participative de nos éditions en encourageant l’expression de « Plumes citoyennes ». Vous avez ainsi pu lire tout récemment certains articles portant cette mention, à côté de la signature de l’auteur.

Alors, si vous avez connaissance d’initiatives de transition écologique quelque part en Bretagne et l’envie forte de la faire partager à nos lecteurs, prenez votre plus belle plume citoyenne et lancez-vous ! Nous ferons en sorte de vous accompagner, pour ceux et celles qui le souhaitent, dans cette nouvelle aventure d’écriture eco-bretonne !

Et si l’envie de vous impliquer vous prend, ne vous privez pas de nous rejoindre ! Nous tiendrons le samedi 7 juin prochain notre Assemblée Générale annuelle à Plourin-lès-Morlaix, à laquelle vous êtes chaleureusement convié-e.




Le Breton Denez L'Hostis à la présidence de France Nature Environnement

40 ans d’engagement pour l’environnement

Originaire de Bretagne, âgé de  67 ans, Denez L’Hostis est engagé dans les associations de protection de la nature depuis plus de quarante ans. Responsable du réseau Mer, océans et littoraux de France Nature Environnement, il a derrière lui un parcours professionnel varié, tourné vers la mer et l’environnement. Ce diplômé de l’ESSEC (1970) a débuté comme chercheur à l’INRA et à l’Ifremer, avant de diriger une importante organisation de pêcheurs puis le Port-Musée de Douarnenez et la Cité de la Mer à Cherbourg. Il s’implique également depuis les années 70 pour le développement des énergies renouvelables, notamment de l’énergie éolienne. Vice-président de la communauté d’agglomération et conseiller municipal de Quimper entre 2008 et 2014, il a renoncé à tout mandat d’élu et quitté Europe Ecologie Les Verts. 

 

Dans la continuité de l’action de Bruno Genty

Le nouveau président de France Nature Environnement compte inscrire ses pas dans ceux de son prédécesseur, Bruno Genty, qui a présidé l’association de mars 2010 à avril 2014. Denez L’Hostis salue le travail accompli par l’équipe précédente. « Bruno Genty entouré d’une équipe très motivée, a beaucoup fait pour la notoriété de la fédération. Avec la campagne d’affichage dénonçant les excès  de l’agriculture intensive et les dangers des algues vertes, menée en février 2011, France Nature Environnement a su provoquer un réel débat. Et nous avons organisé en 2012 le seul événement de la campagne présidentielle dédié à l’environnement. Enfin, parce que France Nature Environnement  est une fédération, son équipe a œuvré pour que de plus en plus d’associations membres prennent  le logo et le nom de France Nature Environnement. C’est un progrès important.« 

 

Ses ambitions pour France Nature Environnement

« Elargir le travail et l’implication de France Nature Environnement à l’échelle européenne et  euro-méditerranéenne », « peser davantage dans les débats de société, notamment sur la thématique santé », « dialoguer toujours plus avec l’ensemble de la société civile, au-delà des seuls cercles  écologistes » : voici quelques-uns des projets du nouveau président de FNE « tout en restant  concentrés sur nos priorités. » « La COP21, conférence des parties sur le climat organisée à Paris fin  2015, sera  notamment une opportunité pour la fédération de témoigner d’une  approche qui n’est  pas qu’hexagonale. »  « Etre capable de contester comme de proposer : c’est la philosophie de FNE depuis 1968,  c’est aussi la mienne depuis plusieurs décennies », explique enfin Denez L’Hostis.  

 

Une arrivée dans un contexte politique tourmenté

Son élection coïncide avec l’arrivée de Ségolène Royal à la tête du ministère de l’Ecologie. Denez L’Hostis souhaite que ce changement soit favorable à l’environnement et à l’action citoyenne. « J’écouterai le discours de politique générale, prévu mardi, avec la plus grande attention. J’attends le passage aux actes du gouvernement. La transition écologique doit devenir un véritable projet de société. C’est ce que je défendrai tout au long de mon mandat.« , a-t-il commenté.

 

http://www.fne.asso.fr/fr/




Les Chemins creux de Françoise Pacé, ou l’art de garder la chambre…

 « Découvrir de nouveaux paysages modifie la perception d’un peintre. Et son travail en est profondément transformé. Lorsque j’ai découvert les chemins creux, une autre approche de l’espace et de la lumière s’est imposée par l’irruption d’un premier plan qui implique le corps et redonne la couleur… », explique Françoise Pacé dans une conversation avec Catherine Deknuydt retranscrite sur un panneau. « Cette chambre de la terre qu’est le chemin creux, abrite l’air entre feuillage et rocher. Creusé par l’homme à la lisière des terres cultivées, comme le corps ce chemin est un monde à lui tout seul, en même temps qu’il tient l’équilibre entre espaces aériens et socles anciens – socles qui sont plus particulièrement ici ceux du massif armoricain. », poursuit-elle.

« Le chemin creux constitue un  lieu-lien qui répond pour la double exigence du corps et du chemin… Comme le passage qui fut le premier, celui de notre naissance, première chambre que celle de la terre-mère. Et seuil aussi – celui de la vie qui se donne dans le visible, mais encore et peut-être surtout celui de « l’être du dedans » dont nous parle Bachelard. Marcher, respirer, méditer se vivent dans le même mouvement, espace du monde et frontières intérieures tiennent dans un seul regard quand nous nous engageons sur un chemin… Une rêverie que nous nous offrons à même le corps, un déplacement qui nous donne à voir le paysage en même temps qu’il nous invite à découvrir qui nous sommes. »

Ainsi, la lecture du paysage et des traces de l’activité humaine sur ce dernier permet de comprendre l’évolution d’un territoire comme celui des Monts d’Arrée. En invitant Françoise Pacé, l’écomusée souhaite présenter une nouvelle lecture de son territoire.

 

Deux ateliers pour petits et grands en compagnie de l’artiste

Vendredi 2 mai et Samedi 3 mai 2014

Découverte de la pratique plastique sur le terrain en compagnie de Françoise Pacé qui propose deux balades dessinées, l’une à destination des enfants, l’autre à faire en famille, une activité qui lui est familière puisqu’elle intervient très souvent en milieu scolaire avec la DRAC. Elle propose de ressentir le paysage, de le capter avec tous ses sens, et essaie d’apprendre aux enfants à vraiment regarder. Elle leur donne ensuite des outils et quelques techniques pour traduire ce regard. Pour les enfants à partir de 8 ans.

 Ecomusée des Monts d’Arrée. – Moulins de Kerouat, 29450 Commana

Contacts : 02 98 68 85 51 ; contact@ecomuses-monts-arree.org

francoise-pace.com

 

(1) En partenariat avec le musée de l’école rurale en Bretagne, le musée de l’ancienne abbaye de Landévennec et le musée départemental breton, l’opération « L’art au naturel » est soutenue par le Conseil Général du Finistère.

http://www.artaunaturel.fr/

 

 




Fukushima 3 ans après : partir, revenir ?

Sur le plan de la contamination, la catastrophe est loin d’être réparée, elle est aussi loin d’être sous contrôle. Les efforts de décontamination ont été importants pourtant ils sont largement insuffisants. 59% des maisons des 58 communes contaminées ont été décontaminées. Et l’opérateur TEPCO reconnaît lui-même qu’il couvre uniquement un tiers des besoins de traitement de l’eau contaminée, ceux-ci estimés par l’entreprise étant très probablement inférieurs aux besoins réels de décontamination.

Il y a encore 267 000 réfugiés, dont 100 000 vivent dans des logements préfabriqués. Les autorités régionales de Fukushima recensent encore 136 000 réfugiés dont la vie reste difficile. De nombreuses familles sont disloquées. Quand elles vivaient à plusieurs générations sous un même toit, elles n’ont pas trouvé à se reloger ensemble. La recherche d’un nouvel emploi a aussi conduit à des séparations. Les personnes les plus fragiles payent un lourd tribut : le nombre de décès officiellement liés à l’évacuation à Fukushima est maintenant de 1 656. C’est beaucoup comparé aux deux autres provinces touchées par le tsunami : l’évacuation des côtes a entraîné 434 décès à Iwaté et 879 à Miyagi. 90% des personnes décédées à cause du stress et des mauvaises conditions de vie avaient plus de 66 ans.

Le gouvernement japonais s’apprête, pour la première fois, à lever l’ordre d’évacuer dans le hameau de Miyakoji à Tamura à partir du 1er avril 2014. Il y avait 358 âmes (117 familles) avant la catastrophe et les travaux de décontamination sont officiellement terminés depuis juin 2013. Les habitants peuvent rentrer pour réparer leur maison, et même dormir sur place s’ils le souhaitent.

 

La décontamination n’a eu lieu qu’à proximité des habitations et lieux de vie

Dès que l’on s’éloigne un peu de ces îlots où le gouvernement souhaite que les populations reviennent s’installer, les niveaux de radioactivité restent élevés. Le gouvernement a pourtant dépensé des sommes folles à cette fin. Dans les territoires évacués, ce sont les majors du BTP, sans aucune expérience spécifique, qui ont remporté les marchés et qui sous-traitent le travail. Au plus bas du millefeuille de la sous-traitance, les salaires ont été ponctionnés à chaque niveau et les conditions de travail sont souvent déplorables. Outre l’embauche de SDF qui a défrayé la chronique, le ministère du travail a relevé des infractions à la législation du travail dans 40% des cas.

La pénurie de main d’œuvre n’arrange pas les choses. Il n’y a pas de solution pour les déchets radioactifs engendrés qui s’accumulent partout dans des sacs en plastique en attendant mieux. Des entreprises ont été prises sur le fait alors qu’elles rejetaient des déchets dans les rivières ou un peu plus loin dans la forêt. Cela étant, même en travaillant correctement, force est de constater que, comme autour de Tchernobyl, la décontamination à grande ampleur est simplement impossible. Il y a 70% de montagne et de forêt dans la province de Fukushima.

 

Les habitants sont partagés quant à leur retour à Miyakoji

Certains espèrent que les entreprises du bâtiment seront moins hésitantes à venir y travailler. D’autres sont contents pour l’agriculture : trois familles ont repris les cultures et espèrent que cette décision leur permettra de lutter contre les « rumeurs néfastes ». D’autres, surtout avec des enfants, demandent une décontamination plus poussée. Lors d’un retour en famille, un habitant a expliqué que ses enfants sont allés jouer dans des zones non décontaminées, sans le savoir. Il demande donc que les parents soient consultés et leur point de vue pris en compte avant de lever l’ordre d’évacuer. En vain. Sa décision est prise, il ne rentrera pas. L’expérience conduite dans ce hameau aura valeur de test. Six autres communes devraient suivre cette année.

Les populations vivant dans les territoires contaminés s’organisent pour survivre. On fait venir la nourriture de loin, on mesure la radioactivité, on fait contrôler la thyroïde par des laboratoires indépendants nouvellement créés… Le laboratoire Chikurin que le laboratoire français indépendant ACRO a soutenu est bien parti. La demande d’analyse ne diminue pas. Il a contrôlé récemment des vêtements et a trouvé un T-shirt de Fukushima avec 65 Bq/kg en césium après lavage. Il y avait 93 Bq/kg dans des vêtements de sport, toujours après lavage. La demande pour les analyses d’urine reste forte.

La population japonaise a perdu confiance dans la parole des autorités

Les dernières statistiques sur les cancers de la thyroïde chez les enfants inquiètent. Il y a 75 cas diagnostiqués, dont 33 confirmés après intervention chirurgicale, sur 254 000 enfants contrôlés. Au total, 375 000 enfants ont droit à une échographie de la thyroïde pour dépistage. Il y a déjà beaucoup plus de cas de cancer de la thyroïde que ce à quoi on s’attendait. Les autorités maintiennent qu’elles ne pensent pas que ce soit lié à la catastrophe nucléaire, avec toujours le même argument : à Tchernobyl, l’apparition des cancers est apparue 4 à 5 ans après la catastrophe. Mais il n’y avait pas eu un tel dépistage systématique et la découverte des cancers y a été plus tardive. Personne ne croit ces affirmations qui se veulent rassurantes. Et si ce n’est pas la catastrophe nucléaire qui est en cause, pourquoi le gouvernement n’étend-il pas le dépistage à tout le pays ?

Une mobilisation citoyenne qui ne faiblit pas mais ne trouve pas sa traduction politique

Un rapport d’une commission parlementaire indépendante a mis en évidence l’incompétence de l’opérateur TEPCO et des autorités japonaises, ainsi que leurs nombreuses dissimulations sur l’accident qui ont été révélées. Désormais, la population japonaise ne croit plus à cette prétendue sûreté nucléaire. Et certain-es n’hésitent plus à descendre dans la rue pour réclamer l’arrêt de toutes les centrales. La mobilisation citoyenne a atteint une ampleur inédite (jusqu’à 170 000 personnes) au cours de l’été 2012, lorsque le gouvernement, alors que plus aucun réacteur ne fonctionnait depuis le 5 mai, a voulu imposer le redémarrage des deux réacteurs de la centrale d’Ooi. Et diverses actions se poursuivent, comme le rassemblement hebdomadaire devant le cabinet du Premier ministre ou la vigie, de nuit comme de jour, devant le ministère de l’Économie, ou encore la pétition « Adieu au nucléaire » lancée entre autres par Kenzaburo Oé, le prix Nobel de littérature, qui a recueilli plus de 8,2 millions de signatures.

C’est ce refus du nucléaire exprimé par plus de 80 % de la population qui a contraint le précédent gouvernement à annoncer la sortie du nucléaire pour la décennie 2030. Depuis 2011, avec des économies d’électricité efficaces et une légère augmentation des importations de gaz, le Japon, dont 28% de l’électricité était d’origine nucléaire, a pu s’en passer presque entièrement. Et comme chacun le constate, l’économie japonaise ne s’est pas effondrée pour autant.

Mais la puissante oligarchie nucléaire japonaise, soutenue par le lobby international (dont l’AIEA), garde le bras long dans les milieux politico-administratifs, économiques et médiatiques. Lors des élections législatives en décembre dernier où la question du nucléaire
a été écartée de l’enjeu électoral, l’opinion antinucléaire n’a pas pu trouver un débouché politique. Le système électoral aidant, le PLD, le parti qui avait introduit et promu le nucléaire au Japon, a obtenu la majorité absolue. Le nouveau gouvernement du Premier ministre Abé a d’emblée remis en cause le « nucléaire zéro » et envisage la relance de la filière nucléaire. Les difficultés des victimes de Fukushima à faire entendre leurs revendications risquent d’augmenter dans une société malmenée où domine de plus en plus l’envie de retourner à une vie « ordinaire » qui incite la majorité des citoyen-ne-s à l’oubli et au déni d’une réalité trop douloureuse.

Cet article a été rédigé à partir des éléments de l’ACRO, Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l’Ouest et du réseau Sortir du nucléaire

 

Quelle mobilisation citoyenne au Japon depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima ?

Questions à Kolin Kobayashi, journaliste indépendant, écrivain et vidéaste, il vit et travaille en région parisienne depuis 1970. Secrétaire général de «Echo-Echanges ONG France-Japon» (association loi 1901), et conseiller de la Greencoop (coopérative de consommateurs au Japon, depuis 2001), il est connu et reconnu comme spécialiste de la situation de Fukushima Daiichi et de son contexte politique et social et intervient régulièrement dans de nombreux colloques et rencontres sur ce sujet, en France comme à l’étranger. Il travaille de manière plus générale sur plusieurs questions liées à la citoyenneté, aux droits humains fondamentaux et à la démocratie. Kolin Kobayachi était la semaine dernière à Quimper, Brest et Lanmeur pour une série de conférences.

Kolin Kabayashi

 

« Une partie de la jeunesse japonaise a été extrêmement bouleversée par l’accident de Fukushima. Mes neveux et nièces par exemple, qui auparavant ne s’intéressaient absolument pas à ces questions sociales et politiques, sont allés manifester devant la diète (NDLR : parlement) et la résidence du Premier ministre. Ils essayent de capter des informations pertinentes sur le net et participent maintenant à un collectif de jeunes Japonais suffisamment conscients et qui pensent nécessaire de se solidariser pour changer la société.

A côté de cela, nous avons vu émerger des laboratoires indépendants de mesure de la radioactivité, créés par et pour la population japonaise de Fukushima, avec l’aide de quelques personnalités. Tout comme en France, le laboratoire indépendant CRII-RAD avait apporté des mesures de la radioactivité après le passage du nuage de Tchernobyl que les autorités ne pouvaient plus contester, au Japon, le laboratoire citoyen de mesures de la radioactivité autour de Fukushima (C.R.M.S.), avec l’aide logistique de la CRII-RAD, dispose maintenant d’équipement sérieux lui permettant d’effectuer des mesures indépendantes face à des mesures officielles très souvent minimisées; Ainsi, face à la manipulation volontaire des chiffres par les autorités japonaises, les laboratoires citoyens vont chaque semaine directement sur le terrain avec leurs compteurs geiger et contrôlent les denrées alimentaires puis rendent publiques les résultats. Il y a désormais une dizaine de laboratoires citoyens et cela pèse un poids certain. »

 

Plus d’infos

http://echoechanges-echoechanges.blogspot.com/

http://www.greencoop.or.jp/