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Transformer sa ville avec les vergers partagés

Les fruits poussent dans les rues ! A l’instar de plusieurs communes de Bretagne, un verger partagé vient de naître à deux pas du centre-ville de Baud dans le Morbihan. Les bénévoles de l’association Dans l’Ensemble l’ont inauguré le 20 mars dernier, une première dans cette commune. Un article issu du magazine Kaizen

Les premiers fruitiers sont plantés, il n’y a plus qu’à patienter ! Dans le verger partagé de Baud, les bénévoles de l’association Dans l’Ensemble se sont retrouvés pour planter les premiers arbres fruitiers. Après l’ouverture d’une recyclerie et d’un tiers-lieu en 2017, ils n’avaient jamais cessé de cultiver l’idée d’un verger partagé accessible à tous.

Huit arbres ont déjà pris racine : un pommier court pendu gris, un néflier d’Allemagne, un pommier Sans Pareil de Peasgood, un prunier Thames Cross, un pommier Astrakan rouge, un cognassier géant de Vranja, un pommier An Aotrou ou encore un pommier Germaine de Brasparts.

« Ces arbres et fruits n’appartiennent à personne, ils sont à tout le monde ! Si quelqu’un décide de se les approprier en cueillant tous les fruits pour lui, évidemment, c’est déposséder les autres. Mais en même temps ce n’est pas grave : chacun est l’autre d’un autre. C’est le principe même de ce type de projet. », explique Virginie Letort, coordinatrice de l’association.

Bien droits sur leur tuteur, les arbres donneront leurs premiers fruits d’ici trois ans. Des plants de fraises et framboises ont aussi eu le droit à une place sur le terrain. « Nous avons acheté les plants grâce à notre subvention, et la mairie prête ce terrain de 2 500 mètres carrés. On aimerait en faire un verger plus grand, et pourquoi pas un espace commun comme un petit parc », ajoute la coordinatrice.

L’ambition du projet est de transformer la ville en commune nourricière où planter et récolter un peu partout en ville serait possible ! Mais pour l’instant, peu d’habitants se sont emparés de l’initiative récente.

Fruits et confitures

L’avantage principal du verger partagé ? Il nécessite peu d’entretien ! L’association n’en est pas à son premier coup d’essai : elle avait contribué au projet des Incroyables Comestibles qui installent des bacs de plantations un peu partout en ville. Ces bacs, demandant plus de soins de la part des habitants et des bénévoles, ont finalement été retirés dans la commune. Faute d’entretien suffisant. Le verger quant à lui, n’a pas besoin d’arrosage et les arbres sont plus résistants.

Pommes, nèfles, prunes, coings, fruits rouges…, de nombreuses variétés seront disponibles. « Si les gens ne cueillent pas les fruits, nous nous en chargerons ! Nous en ferons des compotes et confitures ici au tiers-lieu. Elles seront vendues à prix libre, toujours dans l’état d’esprit de l’association », précise Morgan, en service civique depuis septembre 2020.

Même si le verger n’en est qu’à ses débuts, un autre petit jardin se tient tout près de l’entrée de la recyclerie. On y trouve des plantes aromatiques, baies de goji, tulipes, etc. où quelques amateurs, bénévoles ou badauds, viennent se servir ou en prendre soin à leur manière.

Lien social et fabrique de territoire

Dans l’Ensemble regorge encore de projets malgré les conditions sanitaires actuelles. En 2020, l’association est devenue lauréate du programme Fabrique de Territoire. « L’Etat a considéré que les tiers-lieu sont des outils intéressants pour le territoire. Il s’est rendu compte qu’il fallait structurer ces outils, les professionnaliser et identifier des têtes de réseau », remarque Virginie. Un prix qui leur permet de toucher une subvention pendant trois ans. De quoi propulser toutes leurs initiatives et de faire du verger un vrai espace nourricier.

Bénévole, Odile vient à notre rencontre : « Nos arbres ont l’air en bonne santé ! J’ai vu des fleurs ce matin sur l’une de nos plantations. Je les surveille avec attention. » Très investie dans l’association, elle confectionne elle-même certains objets qu’elle propose à la recyclerie. Constatant que la vie associative est menacée par les multiples restrictions sanitaires, elle se désole de voir la recyclerie de l’association vide. « D’ordinaire, c’est si vivant. Parfois, les gens viennent pour chiner des objets, regarder ce qu’il s’y passe ou prendre un thé à prix libre. Parfois, certains y viennent simplement pour parler. Les gens se sentent plus seuls qu’on peut le penser, et ici ils trouvent un vrai lien social. Cela fait du bien à tout le monde », confie Odile avec émotion.

Avec la création de ce verger, l’association espère aller encore plus loin dans l’esprit « éconologique » (écologique, économique et logique) et fédérer autour de leurs valeurs de partage, de résilience et de convivialité.