1

Eolien, géothermie, etc… il en faut pour tous les goûts (coûts ?) !

http://www.letelegramme.fr/finistere/j-p-le-gorgeu-a-contre-courant-06-08-2014-10287410.php

Essayons calmement de répondre à ce monsieur qui manifestement fait une petite fixation contre les pales blanches.

Commençons par rétablir quelques vérités dues, non à son fait, mais à celui du journaliste que nous aiderons ainsi à mieux se documenter :

1° Il n’est  pas tout à fait vrai de dire que « il fait partie d’un groupe d’une dizaine de particuliers qui ont fait condamner l’Etat français pour ses pratiques d’achat obligatoire à prix imposé, assimilable à une subvention proscrite par les règles européennes »

Certes, la France a été condamnée pour ses pratiques tarifaires parce qu’elle était considérée comme une aide d’Etat

http://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2013-12/cp130163fr.pdf

Mais ce que condamne la cour de justice de l’Union Européenne, ce n’est pas l’aide en elle-même mais le fait qu’elle n’ait pas été déclarée comme aide d’Etat, ce qui n’est pas tout à fait la même chose

http://energiesdelamer.blogspot.fr/2013/12/la-cour-de-justice-condamne-les-tarifs.html

Quant à la dizaine de particuliers, il s’agit en fait d’une puissante fédération d’associations qui, à en croire la qualité de son site ne semble pas manquer de moyens

http://www.ventdecolere.org/

2° Je ne suis pas sûr que cela serve l’image de Monsieur  Le Gorgeu de rappeler qu’il a rejoint dès 2006 une association s’appelant « Sauvons le climat ». En effet, le nom de cette association peut faire illusion, mais n’allez pas croire que ce soit là une réunion de grands défenseurs de l’environnement. Il suffit pour s’en convaincre d’aller jeter un œil sur la page de présentation du site de cette organisation

http://www.sauvonsleclimat.org/qui-sommes-nous.html

On retrouve dans les différentes instances tout le gratin de la nucléarocratie industrielle, scientifique et parlementaire, pour qui tout ce qui représente une alternative au « tout-nucléaire » est vécu comme l’ennemi à abattre.

Voici pour ce qui est de rétablir quelques vérités primaires.

Venons en maintenant au fond de l’article et commençons par le principal cheval de bataille du monsieur, les coûts. En matière de coûts, publics notamment, je ne connais pas de meilleurs orfèvres que la Cour des Comptes. Or que nous dit la Cour ? Dans un rapport devenu fameux, elle dit ceci http://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Le-cout-de-production-de-l-electricite-nucleaire

Mais comme je veux vous épargner la peine de lire in extenso ce rapport, voici quelques commentaires qui ont accompagné sa sortie

Le Monde, journal de référence : http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/05/27/facture-du-nucleaire-l-alerte-de-la-cour-des-comptes_4426678_3234.html

Les Echos, journal économique de référence http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0203525675416-nucleaire-le-cout-de-production-a-progresse-de-20-6-depuis-2010-674005.php

Puis les réseaux militants

http://www.sortirdunucleaire.org/Couts-du-nucleaire

Tous sont d’accord pour dire que le nucléaire N’EST PAS une électricité bon marché. La zone d’ombre concerne l’avenir, c’est-à-dire aussi bien les nouvelles générations de centrales que le démantèlement. Pour les premières, les exemples de Flamanville et de la centrale finlandaise ne poussent pas à l’optimisme. Quant au démantèlement, il suffit d’observer les difficultés que rencontre EDF pour démanteler une toute petite centrale comme celle de Brennilis pour imaginer ce que va coûter en grandeur réelle le démantèlement des dizaines de réacteurs arrivés en fin de vie. Je me garderai bien d’avancer un chiffre en la matière car personne ne sait, hélas, ce que cela va coûter et c’est bien ce qui est inquiétant.

Deuxième cheval de bataille, l’intermittence de la source. Certes, on ne peut pas souhaiter que le vent souffle en permanence à force 3 à 5 pour assurer la continuité de la ressource mais je voudrais juste signaler à Monsieur Le Gorgeu qu’il y a juste un an, la centrale de Fessenheim tombait en panne et que si on avait fait un relevé de production le 2 juillet 2013, on aurait constaté que sur 900 MW installés, la production de ce jour avait été de 0 Kw. Par décence, je ne parle même pas de Fukushima.

La meilleure réponse à l’intermittence, ce n’est justement pas l’exclusion d’une source mais la combinaison de toutes les sources possibles : éolienne bien sûr, photovoltaïque, biomasse, hydrolienne et..géothermie. Mais toutes ces sources ne sont utilisables avec le même bonheur partout. Il faut donc faire des choix judicieux : la Bretagne, terre de vents, est peut-être plus indiquée pour l’énergie éolienne que pour le photovoltaïque car ce n’est pas tous les ans qu’elle présente un bilan d’ensoleillement à faire pâlir les Catalans. Quant à l’intérêt de la géothermie en, Bretagne ou ailleurs en France, je ne suis pas suffisamment frotté de sciences pour avoir un avis pertinent mais mon bon sens me dit qu’il ne faudrait pas se fonder sur la performance de la géothermie islandaise pour bâtir des châteaux en Espagne dessous nos pieds.

Vous avez peut-être remarqué que dans mes propos, je ne cite ni le fuel, ni le gaz, encore moins le gaz de schiste. C’est que pour moi, il s’agit là des vrais fausses solutions du passé.

A cet égard, je me rallie à l’opinion de mon excellent camarade Gérard Borvon qui dans un communiqué s’étonne que cet excellent défenseur du climat que prétend être Monsieur Le Gorgeu ne s’insurge pas contre le projet de centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau qui est le véritable point noir du pacte électrique breton car il contribue fortement à la production de gaz à effet de serre (Imaginez 450 MW crachant à longueur d’année). En outre puisqu’on parle de coûts cachés, on aura du mal à cacher ce coût exorbitant pour la collectivité : une subvention de 40 M€ versée TOUS les ans pendant 20 ans à l’opérateur de la centrale qu’elle fonctionne ou pas ! Si vous trouvez que ce projet est délirant, Monsi
eur Gorgeu, rejoignez-nous ! C’est avec plaisir que nous accueillerons ce nouveau renfort !

Enfin, dernier point à évoquer. Monsieur Le Gorgeu se demande où sont passé les ingénieurs des Mines. La réponse est pourtant à côté de lui : ils sont nombreux dans les instances de  « Sauvons le climat ! » et peut-être même dans « Vent de colère » mais s’il pensait à leurs activités professionnelles, qu’il aille donc regarder l’organigramme de la Direction Générale de l’Energie et du Climat : ils y règnent en maîtres du haut en bas de la hiérarchie. Ceci explique peut-être cela et s’ils ne s’intéressent pas à la géothermie, c’est peut-être parce que cela fait longtemps qu’ils ne s’intéressent plus à ce qui se passe sous terre.

Le vrai conflit n’est donc pas entre éolien et géothermie mais entre sources renouvelables et sources fossiles (ce nom, « fossiles » suffit déjà à qualifier la qualité de la source). Or le nucléaire fonctionne à partir d’uranium qui sauf preuve du contraire est un minerai, donc fossile.




Le « crowdfunding » est-il un mode de « financement participatif » ?

La salade de patates à 35 000 dollars vous étonne? Vous n’avez encore rien vu

Si vous avez lu cet article jusqu’au bout, vous aurez constaté que la dérive n’a pas été longue à se mettre en place et le joyeux plaisantin qui a vendu pour 35.000 dollars l’idée d’une salade de pomme de terre dont la recette n’existe pas n’est pas le seul dans ce cas et tous n’ont pas forcément sa démarche subversive et démystificatrice. Il n’y a pas grand-chose de participatif dans cette démarche, si ce n’est l’espoir de participer à de futurs bénéfices, comme n’importe quel actionnaire.

Mais alors pourquoi cet engouement dans le monde de l’économie solidaire , des mouvements alternatifs et les groupes en transition pour ce système  et pourquoi cette traduction par « financement participatif » qui ressemble encore moins à « crowdfunding » que « développement durable » n’est la traduction fidèle de « sustainable development » ? Il est vraisemblable que cela tient aux origines de la démarche où, effectivement, les mouvements alternatifs etats-uniens n’ont souvent trouvé que cette solution pour financer des projets à but non lucratif que le système bancaire traditionnel refusait.

Cela tient aussi au fait que la tradition a perduré sur certains sites du contre-don qui est une forme de rémunération non directement monétaire qui donne l’impression de réellement participer au projet.

Il y a aussi le fait que les sites francophones tiennent pour l’instant mieux le cap éthique initial. C’est évidemment le cas d’Ulule où les projets de la sphère de l’économie solidaire et/ou responsable sont légions:  http://fr.ulule.com/
 

Cela dit, il sera intéressant de voir ce qui va se passer quand le projet ci-dessous va arriver à son échéance

http://fr.ulule.com/les-tisanes-d-anais/

Anaïs, qui a bénéficié d’une excellente couverture médiatique, par ailleurs méritée, mais là n’est pas la question, à 4 jours de l’échéance a déjà couvert 4.5 fois son besoin de financement. Comment Ulule et elle vont-ils gérer un tel succès ? La réponse apportée a cette question nous en dira surement plus sur la signification du mot « participatif »

On peut dire la même chose de KissKissBankBank

http://www.kisskissbankbank.com/

qui peut fort bien se trouver dans une situation analogue avec ce projet

http://www.kisskissbankbank.com/les-amoureux-au-ban-public-ont-le-coeur-serre?ref=selection

Avoir atteint son objectif à 36 jours de l’échéance donne des perspectives également intéressantes. Même question et donc même attente que pour Ulule et le projet d’Anaïs

Et puis, il y a les petits sites un peu spécialisés. J’ai un petit faible pour celui-ci

https://basejaune.com/a-propos

Là, aucun doute, c’est pas pour la thune qu’il collecte de la thune. Vu les projets soutenus, on se demande même s’il ne serait pas normal que les apports de fonds ainsi collectés soient déductibles des impôts tant ils semblent répondre à l’intérêt général et ainsi pallier les défaillances des finances publiques exsangues




Le nucléaire, pas cher ?

Les écologistes n’arrêtent pas de le répéter, mais ils ne sont pas les seuls : nous entrons dans une ère de l’énergie chère. Les gens de mauvaise foi et par ailleurs nucléocrates ou nucléolâtres mettent en cause le coût exorbitant auquel on rachète l’électricité d’origines renouvelables et présentent l’électricité d’origine nucléaire comme notre garantie anti-inflation. En l’état actuel des tarifs de rachat, ils n’auraient pas tort, si les tarifs pratiqués respectaient la vérité des coûts. Là aussi, les écologistes n’arrêtent pas de le répéter, et ils étaient jusqu’à naguère bien seuls, que le coût du nucléaire est sous-évalué. La Cour des Comptes, qui n’est pas peuplée de petits bonshommes verts mais plutôt de « gens bien » en costume anthracite et cravate et sachant compter, dit maintenant la même chose et en donne même la cause. http://www.ouest-france.fr/energie-nos-centrales-vieillissantes-plombent-la-facture-delectricite-2576597

 

Énergie. Nos centrales vieillissantes plombent la facture d’électricité

Au moment de choisir la stratégie énergétique de la France, voilà un élément d’appréciation que ne peuvent ignorer ni la ministre de l’environnement et de l’énergie, ni le Président de la République, lui-même issu de la Cour des Comptes.

L’évolution du coût de production a commencé il ya déjà quelques années

http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/nucleaire-cout-production-bondi-21-27-05-2014-147174

 

Nucléaire. Le coût de production a bondi de 21%

Et cela devrait continuer dans les années à venir

http://www.lagazettedescommunes.com/235937/lenergie-nucleaire-sera-de-plus-en-plus-chere-en-france-previent-la-cour-des-comptes/?utm_source=quotidien&utm_medium=Email&utm_campaign=28-05-2014-quotidien

 

L’énergie nucléaire sera de plus en plus chère en France, prévient la Cour des comptes

Il viendra bien un moment où les courbes de coût vont se croiser puisque dans le même temps l’électricité d’origine renouvelable coûte de moins en moins cher à produire car elle bénéficie à plein d’innovations technologiques liées à la montée en puissance de technologies émergentes.

Ce jour-là certains regretteront de ne pas avoir fait les bons choix d’investissement quand cela était possible. Ils le regretteront d’autant plus que d’autres sont en train de faire ces choix en Europe et compte tenu de l’importance du facteur énergie dans le fonctionnement de nos économies, c’est  en fait de la compétitivité de la France dans les années à venir dont il s’agit aussi. Alors que la France mise encore largement sur le nucléaire, les 27 autres pays européens misent maintenant de plus en plus sur les énergies renouvelables (avec plus ou moins de bonheur du point de vue écologique d’ailleurs).

 

Une première : Les énergies renouvelables dominent les sources de production d’électricité

Certes, cela a été possible parce que la consommation d’énergie a stagné et que cette stagnation est au moins autant due au ralentissement économique et à la baisse du pouvoir d’achat des ménages qu’à une politique volontariste d’économie d’énergie. Compte de l’évolution des courbes (voir graphique de l’article des « énergies de la mer »), il vaut quand même mieux être de ce côté-ci de l’Atlantique. Le réveil post-gaz de schiste risque d’être dur en Amérique du Nord

Cela prouve également qu’il va falloir passer à la vitesse supérieure en matière de sobriété énergique et malheureusement nous n’en prenons pas le chemin comme semble le dire une association de défense des consommateurs

http://www.lagazettedescommunes.com/235916/renovation-thermique-lufc-que-choisir-demande-une-refonte-des-aides/?utm_source=quotidien&utm_medium=Email&utm_campaign=28-05-2014-quotidien

 

 
Rénovation thermique : l’UFC-Que Choisir demande une refonte des aides

 

Ça en fait des choses à trancher, rapidement, dans le cadre de la stratégie nationale de l’énergie. Bon courage, madame la ministre !




Economie collaborative= business ?

En effet, dans « économie collaborative » il y a « économie » ET « collaboration ». Economie, ça, tout le monde peut comprendre mais reste posée cette question lancinante qu’ont tous les non-économistes : « mais à quoi sert l’économie si elle n’est pas d’abord au service du mieux-être de la plus grande majorité ? » .Reste « collaboration » mais collaboration de qui avec qui ? Collaborer, c’est étymologiquement « travailler avec ». Mais qui travaille avec qui dans ces modèles ? Ceux qui contribuent à la production du service participent aussi aux décisions concernant ce service ? Ceux qui bénéficient du services participent aussi aux décisions concernant ce services ? Vous noterez que j’ai utilisé deux périphrases pour ne pas employer les termes de « salariés » et de « clients » car si j’ai bien compris le sens de ce mouvement de transition, ces deux concepts, issus directement de l’économie capitaliste de marché, ne devrait pas avoir cours dans cette « économie collaborative »

Ne serait-il pas préférable de parler d’ « économie coopérative » qui veut dire « faire avec » ou d’ « économie participative » ?

Ces considérations ne sont pas que des préciosités linguistiques. En effet, parler d’ « économie de la collaboration » a finalement un sens de plus en plus précis. C’est du moins la conclusion que j’en tire en lisant cet article paru dans « Les Echos » : http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/idees-de-business/quand-l-economie-collaborative-reinvente-de-nouveaux-business-62952.php?xtor=EPR-1500-[LEE_quotidienne]-20140506-[s=461370_n=6_c=_]-1681742[_SDV]@1

IDÉES DE BUSINESS

Quand l’économie collaborative réinvente de nouveaux business

En lisant l’article jusqu’au bout, on arrive assez rapidement à la conclusion que certaines de ces initiatives ne sont qu’une façon un peu maline de « faire des affaires » en jouant à la fois sur une pulsion sociale de « recréer du lien » et une contrainte économique « réduire les coûts pour préserver du pouvoir d’achat ».

Certes, il faut saluer comme il convient certaines de ces initiatives mais il faut garder à l’esprit que toute initiative humaine peut avoir deux destinées à l’opposée l’une de l’autre.

Ainsi en est-il par exemple d’un des ressorts les plus spectaculaires de l’économie collaborative », le crowdfunding. Un avatar récent nous montre qu’il existe toujours des petits malins pour détourner vers le pire ce qui peut aller vers le meilleur

http://www.journaldunet.com/web-tech/expert/56942/rachat-d-oculus—facebook-scie-la-branche-du-crowdfunding.shtml

Rachat d’Oculus : Facebook scie la branche du crowdfunding

Cela dit quand on regarde un peu en arrière, on constate que l’ancêtre du crowdfunding, c’est…..la Bourse. En effet celles-ci se sont créées un peu partout en Europe et en Amérique du Nord, parce qu’il y avait des porteurs d’idées novatrices qui n’avaient pas d’argent et des gens qui avaient de l’argent qui cherchaient à l’utiliser. La différence vient vraisemblablement du projet de société qui sous-tend le geste de financer. Ce qui est vrai du crowdfunding l’est aussi de toutes les autres manifestations de l’ « économie collaborative ».

C’est pourquoi, s’il n’est pas vraiment « coopérative » et « participative », l’économie collaborative ne sera jamais qu’une façon un peu futée de faire du business.

 




NDDL : Rien ne justifie un tel déchaînement de violence !

Il s’agissait bien d’une fête populaire avec ses masques, ses fanfares, ses sonneurs, ses danseurs de gavotte mais aussi avec son défilé de chars d’un style un peu particulier, les 520 tracteurs que conduisaient un bon millier de paysans (deux par tracteur en moyenne) venus témoigner de façon très visible que la profession paysanne refusait de voir sacrifier plus de 2.000 hectares.

Certes, ils étaient en colère tous ces gens mais ils étaient pacifiques et plutôt bon enfant. En un mot, cela ressemblait à d’autres manifestations auxquelles j’avais pu participer en 40 ans. En prime, nous avions tous eu une belle émotion à l’entrée de Nantes quand notre bus avait dépassé une des colonnes de tracteurs : cent tracteurs (je les ai comptés) avançant à la queue-leu leu à 20 km/h, ça se remarque et chacun d’eux nous saluait comme pour nous remercier d’être venu les soutenir.

C’est pourquoi, nous avons tous été écœurés, dégouttés, ulcérés et finalement atterrés de voir apparaître, au fur et à mesure que notre cortège avançait, des slogans violents, des tags imbéciles sur les murs, la chaussée et les vitrines dont le seul but semblait être de souiller tout ce qui pouvait l’être. Le passage devant les bureaux de Vinci ont fini de nous alerter : un saccage d’une rare violence dont on a du mal à comprendre l’utilité même symbolique. 100 mètres plus loin, les yeux commencent  à piquer et la gorge à s’irriter. Ceux qui refluent nous le confirment : les gaz lacrymogènes sont de sortie. Il n’est pas encore 16h00 mais pour nous, la manif’, c’est fini. On sent en effet que la fête est en train de mal tourner d’autant qu’on vient d’apprendre qu’une pelleteuse est en flamme. La suite, nous l’apprendrons par la radio du bus en rentrant

Rien ne justifiait un tel déchaînement de violence. D’ailleurs, rien ne justifie la moindre violence dans une manifestation, pas plus quand on défend une certaine conception de la famille que lorsqu’on veut dire son opposition à un impôt qui déplait ou que comme ici on veut dire aux pouvoirs en place qu’on en a assez de ces projets aussi inutiles que coûteux.

Nous les avons bien aperçus, par petits groupes, ces gens en noir qui manifestement  n’avaient pas l’air de vouloir faire la fête. A la limite, on se demandait ce qu’ils faisaient là puisqu’ils n’arboraient aucune des revendications des autres manifestants. Mais comme ils n’étaient pas nombreux (j’en ai vu au plus qu’une dizaine à la fois mais c’est vrai qu’ils se ressemblent tous avec leur tenue uniforme), on n’y a pas trop prêté attention au moment du rassemblement initial de la manifestation. Pour la première fois, je rencontrais ce qu’on appelle le Black block. Je ne devais pas être le seul manifestement. Et pourtant, il est bien connu parait-il des forces de l’ordre comme la fin des années 60 et au début des années 70, il y avait déjà eu « les casseurs ».

Peut-être avons-nous été naïfs de croire que notre pacifisme aurait raison de ces pulsions violentes. C’est en fait l’inverse qui s’est passé : ce radicalisme véhément a presque réussi à gâcher notre action.

En effet, même si les médias ne retiennent que les photos d’un sensationnalisme un peu douteux, les décideurs politiques se souviendront aussi que deux cortèges d’un peu plus de 20.000 chacun ont défilé dans Nantes un samedi de février 2014 pour dire haut et fort « Il est encore temps d’arrêter ce projet d’aéroport que rien ne justifie si ce n’est la mégalomanie de quelques barons locaux et l’avidité d’une entreprise qui ne vit que de la commande publique, donc de nos impôts. »

Mais notre message ne sera finalement audible que si nous disons aussi haut et aussi fort que nous dénonçons le vandalisme qui s’est déchainé dans le centre de Nantes, qu’il n’est pas dans notre culture politique, qu’il ne correspond en rien avec notre philosophie.

S’il le faut nous reviendrons manifester pour dire que « décidément, nous ne voulons plus de ces projets inutiles, nuisibles et ruineux » mais nous le ferons en prenant bien soin d’éliminer de nos rangs tous ceux qui pensent que la violence est un moyen d’action politique dans une démocratie.

Il est donc temps d’arrêter de voulo+ir faire rimer pacifisme et naïveté.